CHAPITRE
10Akpénè arrive toute éplorée à l’hôpital. Descendue très agitée de sa moto, les pieds mis à l’intérieur, qu’elle voit Akossiwa et leur tante en larmes à l’attente. Sa belle-sœur à leurs côtés, pareille. De toute lamentation, les trois femmes l’accueillent, le ciel semblant écraser leur tête. C’est donc réel, la mauvaise nouvelle de l’appel de sa sœur : leur maman, a poussé le dernier soupir. La peine s’intensifie, les cœurs plus pressés, les yeux sont plus larmoyants. Et, difficile est-il, voire impossible d’exprimer les douleurs à gorge déployée pour pleurer leur désormais chère regrettée, car dans un centre de santé, elles sont. Les yeux sur elles sont consolateurs et compatissants. La maman est toujours dans so
CHAPITRE11Au fil des jours qui s'enchaînent, et que l'on s'éloigne de ceux funestes, le visage d'Akpénè s'éclaircit, laissant tomber et à leurs rythmes les rides des afflictions. La reprise de la marche de la vie se refait, lestement certes, mais sûrement. Petit à petit, le sourire se fait distinguer de nouveau même si le cœur porte encore le deuil se décelant dans tout ce qui s'efforce à être affiché de gai à l'extérieur. Déjà trois mois s'écoulent [...]Mais aussi, à sa seule charge, Akpénè a désormais sa sœur, même si grande fille déjà elle est, et leur petit frère Miwôdzi. Alors même que, sa rétribution en fin de mois s'amincit pour ses prêts faits dans l'hospitalisation de sa maman. La petite boutique qui occupait la maman et servait à son ac
CHAPITRE12Amézado fait dans la conception et pilotage de projets, démarche immobilière. Son cabinet donne sur la voie de Ségbé à Adidogome, non loin du 7ème arrondissement. Il a à son actif trois employés : deux assistants et une secrétaire. Le cadre fait de deux pièces, lui pourvoit son bureau personnel. Les assistants et la secrétaire occupent ensemble la première pièce plutôt spacieuse, mais chacun avec son bureau.Ce n'est pas un cadre imposant mais qui respire quotidiennement pour lui permettre un train de vie au-delà de la moyenne et mettre carrément sa petite famille à l'abri du besoin ; créer sa propre petite bourgeoisie. Il n'a vraiment pas à se plaindre de rien si ce n'est la convoitise et l'insatisfaction du genre humain. Et ces derniers temps, il connaît encore d'entrées considérables.Ehli
CHAPITRE13La magnifique bagnole va au parking du personnel administratif de l'hôtel. Ehli n'y prête pas attention. À cet instant, la jeune fille à son service lui dit :-Un instant, s'il vous plaît, monsieur !Elle le quitte instantanément, à son « okay » d'acquiescement, pour suivre la bagnole. Et, il s'occupe encore à balayer plutôt de regard contemplatif, le cadre autour de lui.La voiture est déjà serrée, le moteur arrêté. Ceinture de sécurité détachée, la jeune fille ne l'atteint même pas avant que la portière du chauffeur ne s'ouvre. Descend du volant, une jeune femme. Ehli la reconnaît du coup à son regard qui tombe brusquement sur elle pour prêter plus son attention. Fafali. Il n'en croit pas. Soit, serait-il en train de rêver. Il en reste baba : la Fafali qu'elle a prise ce soi
CHAPITRE14Petit à petit, l'heure avance. Dans la vaste étendue crépusculaire, le soleil a perdu toutes ses traces. Les lampes de la ville ont déjà eu à étouffer carrément les dernières lueurs du jour devenues de plus en plus faibles à chaque seconde épuisée. L'air se rafraîchit encore plus et est sensuel sur les peaux. Mais l'ambiance prend une teinte veule au bord de la belle piscine pour les deux amis.« Elle était ma vie, Fafali ! Elle était tout pour moi. Elle était toutes les promesses ! » Cette parole résonne fort en boucle dans la tête de Fafali. Un instant, elle semble perdre la parole, éprise de sentiments admiratifs et compassionnels. Embrassant l'ami, elle se dit en son fond : "quel bel homme, amoureux, et quel bel amour, de rêves ! Elle devrait être si heureuse, si aimée, ta femme. Elle avait tellement de la chance à laquelle la triste fortune a trouvé bon de l'arracher prématurément, condamnant un tel homme fort sympathique et agréable que tu es à la soli
CHAPITRE15Juste le déjeuner fini, ils se lèvent pour s'en aller. Ils descendent et arrivent au dehors. Ehli accompagne Fafali à sa voiture et lui ouvre la portière.-Mais dis-moi, ça m'a même échappé. Où est ton chauffeur pour que tu conduises encore toi-même ce midi ? demande-t-il.Il garde sa main sur la portière ouverte, lui empêchant la montée.-Il est là, mon chéri. Il ne me conduit pas tout le temps. Il est des fois assigné à d'autres courses.-Ah, d'accord !-Attends, je ne pense pas que tu aimerais me voir venir à toi conduite ou accompagnée !-Et pourquoi pas ?-Non, tu n'es pas sérieux !-Bien sûr que je le suis. Pourquoi tu ne devrais pas ?Fafali le regarde hébètement, il la fixe avec hésitation. Le soleil dans le ciel ne leur vient
CHAPITRE16Akouto fait de la lessive cet après-midi et va - un seau en plastique à moitié plein de linges à exposer pour le séchage. Leur portail s’ouvre. Elle laisse l'échapper d'un réflexe le seau, poussant un perçant cri de joie et court toute euphorique. Elle va à Ehli, Amézado et Selom qui franchissent le seuil de la maison. Sa trajectoire clairement portée sur Ehli, celui-ci lui ouvre les bras. Elle y achève vigoureusement sa course en se jetant à son cou telle une gamine. Elle a 20 révolus. Un bel instant d'exaltation dans les bras du "beau-frère" elle fait avant de le laisser pour prendre son neveu et le soulever avec la même ferveur, la même hyperesthésie.Sa maman dans la chambre, ayant entendu son cri, sort. Surprise, sentiments de grande joie, émerveillement. Belle-mère et gendre, mémé et petit-fil
CHAPITRE17Ehli rentre de sa journée. La voiture mise au garage, il va, comme d'habitude chaque soir, tout gai pour rejoindre sa petite famille à l'intérieur. Mais très vite, il se désenchante. Au premier pas dans le salon, il tombe sur sa femme Enyovi, assise à la table à manger dans un silence absolu. Elle est d’un visage rechigné, ne témoignant aucune étincelle de contentement, une main au menton, l’autre sur sa cuisse. Comme toujours, il n'aime jamais la voir dans un pareil état, son humeur joviale change aussi.-Mon amour ! l'appelle-t-il.Indolemment, il l'approche pour s'enquérir de ce qui semble ne pas aller. Il arrive à elle et se rabaisse pour d'abord lui plaquer son bisou affectueux. Enyovi refuse en éloignant sa tête.-Qu'est-ce qui ne va pas, mon amour ? Quel est le souci, s'il te plaît ? Et où est notre enfant ? lu
CHAPITRE18Ehli projette loin, d’une montée d’adrénaline, la fameuse chemise. Un papier en son sein prend l’air pour aller se poser aussi ailleurs. Il se hâte dans le bedroom avec cette rage-là et va au lit. Son portable est sur le chevet de lit. Il l’y a oublié lorsque sa belle-sœur l’avait appelé avoir fini, et il l’a rejointe dans la chambre pour poser le portable là, et l’aider à arranger de nouveau le dressing. Puis, ça lui a complètement échappé de le reprendre ou de revenir le chercher par la suite. Le portable sur du vibreur, impossible de se rendre compte de tous les appels manqués.Il tire la couette ainsi que le drap avec férocité et les jette. Avec la même passion, il soulève et retourne le matelas dans le lit. Elle y est vraiment, la poche sur le matelas, avec la fermeture à glissi&e
CHAPITRE 64Retour de l’hôpitalCe soir, le ciel affiche un air beau, jovial et souriant: un croissant de lune est peint sur son visage, donnant un coup de pied enchanteur dans sa monotonie lugubre, lassante, telle une étincelle qui scintille au fond des ténèbres affreuses pour allumer l’espoir. 19 heures sont déjà bien absorbées par les heures suivantes. Ce, est le moment choisi par Amézado pour rentrer chez lui après des semaines à l’hôpital afin que son retour ne soit connu vraiment par le voisinage qu’au lever du jour; un retour nocturnement clandestin programmé.La porte de son séjour s’ouvre. La lumière de la torche creuse du trou dans l’épaisse obscurité qu’y siège céans pour la dissiper. Lorsque le living-room s’éclaire enfin vivement sous le coup de ma
CHAPITRE 65Les larmes d’une épouseEncore une journée qui trouve sa trêve dans une joie effective pour Akpénè et Ehli. Ils sont si fiers d’eux. L’opération des yeux du sieur LIASSIDJI est d’un éclat de succès et les remplit d’enjouement, de satisfaction absolue. L’homme recouvre sa vue et redécouvre de nouveau la lumière qui éblouit la nature et toute la beauté qui jaillit de tout ce qui la compose. Quelle fierté pour ce couple d’avoir offert encore la vue à cet homme et surtout de lui redonner de l’espoir. Comme ils l’ont pris sur eux de lui apporter le leur, ils ont financé intégralement son opération. Aujourd’hui, la bande est enlevée sur les yeux et LIASSIDI a pu poser avec enchantement un visage sur ces bienfaiteurs de nulle part que la fortune lui a envoyés.
CHAPITRE 63Un pari gagnéDepuis le manque d’harmonie et de leur hilarité qui siège chez elle à la maison, Sitsopé n’a plus d’entrain, elle n’a plus de sourire, elle n’a maintenant que ça, et rien que ça: être tristement recroquevillée sur soi tout le temps, cette humeur qui lui colle la peau pour la transporter jusqu’aux cours aussi. Même aux heures de pause, elle ne s’y intéresse pas pour sortir. Camarades et professeurs remarquent bien que des jours déjà, elle n’est plus la même personne, mais elle ne laisse ouverture sur elle a personne.Au fond de sa classe, à la pause de ce midi avant la reprise des cours pour la continuité de cette journée, elle se tient une fois de plus, toujours repliée sur soi, le front posé sur la table.Elle est la seule à y &e
CHAPITRE 62La révoltePour parler à ses enfants de leur père, Akpénè initie avec Ehli ce soir, après le dîner, une partie de jeux, d’histoires drôles et de devinettes.Toute la famille, y compris Selom, est bien réunie sous la houlette divertissante du chef de la maison. Ils se piquent, ils se frappent, ils se taquinent…, et ils rient aux éclats. C’est toute une bonne humeur ce soir dans le salon autour de la table.Enfin, Ehli juge le moment propice de passer à l’action. Discrètement, il va pincer Akpénè. Celle-ci comprenant son geste, d’abord, déglutit puis, son élan ralentit systématiquement. Elle va le regarder dans les yeux et il lui hoche la tête. Elle prend un soupir comme si elle avait peur avant d’aller:-«Euh… ma chérie!&ra
CHAPITRE 61Amézado ouvre les yeux. Un peu de vie semble regagner ses muscles des heures après, un profond sommeil, sous les produits qui lui sont administrés à son arrivée à l’hôpital pour le stabiliser. Il se met à distinguer les choses autour de soi et voit sa sœur assise à ses côtés dans un état angoissé, puis se rend compte être dans une salle d’hôpital. Il perçoit la bouteille du sérum au-dessus de ses pieds à la tige d’accrochage au lit et se rend compte de la perfusion à son bras gauche. Il soupire langoureusement. Et d’une voix faible, il appelle la sœur:«Mawupemo!»Mawupemo s’éveille: «fogan!», s’émeut-elle, «tu es réveillé?».Tell
CHAPITRE 60Un soupçon avéréC’est au week-end de cette semaine, précisément le dimanche, dans la matinée, que le couple Akpénè - Ehli se retrouve au village d’Akpénè pour rattraper leur programme manqué à cause des imprévus et des pas auprès du sieur LIASSIDJI pour l’opération de ses yeux à laquelle ils tiennent fervemment. Ils vont devant la famille d’Akpénè, pour leur annoncer leur relation ainsi que leur projet de se marier. Toute la famille est jovialement présente, les tantes, les oncles, pour les accueillir, sans aucune idée du dessous effectif de cette rencontre. Et ils n’en reviennent pas lorsqu’Ehli ouvre la parole sur le sujet pour les ébahir… Tous en restent médusés dans l’instant et cela leur sonne comme une blague, sauf M
Chapitre 59UNE JOURNEE NOIREPas la moindre concentration qui lui vienne devant sa machine. Son partenariat avec dame EWILO révoqué, Amézado retrouve fadement le chemin de son bureau, pour s’absorber dans le travail afin de ne pas mourir de chagrin en restant chambré chez lui. Mais il ne parvient pas à rassembler ses esprits pour s’attacher à quoi que vaille. Toutes ses pensées font des tours incessants sur Akpénè et sa nouvelle relation. Il n’en revient toujours pas, ça lui sonne du creux. Il sent le besoin de s’évader, partir ailleurs, loin de tout, à essayer d’oublier. Cependant, cela ne pourrait pas être une solution: un changement géographique pour lui opérer une telle magie. Le vide, son vide profond qu’il ressent, est tout au fond de lui, dans son âme, dans ses esprits, pour le suivre partout o&ugr
Chapitre58AssociéesAdidogome. Sur la voix attenante à Rue la Pampa, à quelques pas du carrefour Agbémadon.-Arrête, s’il te plaît, mon amour!La belle bagnole, ne pouvant pas déjà filer même si le conducteur le voulait si bien, ceci, à cause de la voix si redoutable, s’immobilise de côté à la demande brusque de la dame.-Un souci? demande-t-il.-Tu as pu remarquer ce que je viens de frôler de regard, chéri? demande la femme.-Non, mon amour. De quoi s’agit-il?-Regarde derrière!Quinze heures sont dépassées de quelques minutes. La pluie qui a coulé sur Tokoin Novissi est complètement ignorée ici. Le soleil continue de s’imposer dans les cieux. A cette heure. Le couple, dans la voiture immobilisée,
Chapitre 57 Cinq jours après le retour d’Amézado de la clinique. Et son humeur est plus aigre à chaque lever du soleil qui, naturellement, émerveille, éblouit tout ce qui se meut sur la terre. Du fiel règne en autocrate dans son âme. Cinq jours qu’il retourne, acrimonieusement, dans son pauvre cœurpétri : «c’est maintenant que Akpénè s’est engagée dans une nouvelle relation! Akpénè, mon Akpénè! C’est maintenant qu’elle le fait alors qu’elle s’était préservéedepuis tout ce temps! C’est maintenant où, n’en pouvant plus, je me forge enfin ce courage de l’aborder et tenter de recoller nos morceaux, ramper même à ses pieds si c’était nécessaire, que mon Akpénè s’est engagée dans une nouvelle relation! Et elle n’a trouvé personne d’autre que celui qui m’était un frère sang?» Son espoir d’essayer de redevenir soi, est définitivement perdu, au bout de ses turpitudes, pense-t-il, les larmes tenant compa