CHAPITRE
2Allée dans les toilettes pour se passer de l’eau au visage et rincer la bouche, Akpénè ressort dans la chambre reprendre le lit. Mais elle ne se couche plus. Elle s’assoit, adossée au chevet, les pieds par terre.
Le jour, déjà, se prépare à petites lumières pour bientôt, commencer par chasser les brumes et les ombres du ciel sans lune. L’heure se tend vers les quatre. Akpénè émet un léger bâillement comme si le sommeil l’engourdissait encore. Cependant, elle n’en a pas connu de bon. Elle n'a fait que rêvasser, et est plutôt en proie à la fatigue. Une grande fatigue. Qu’elle soit physique ou mentale. Avec toutes ses préoccupations morales.Elle tourne fixer son mari. Avec hésitation, elle lève la main pour l’appeler. Ce dernier, émet de légers grognements avec quelques mouvements, puis, retourne dans son calme. Elle insiste pour qu’il se réveille ; ce qui semble être fait. « Houm ! Il y a quoi ? » lui demande-t-il, mi ensommeillé, mi éveillé.-J‘aimerais discuter avec toi, s’il te plaît ! Il faut alors que tu te réveilles.-Tu me laisses dormir, femme !-Il urge que l’on parle. Nous devons discuter, je t’en prie !-C’est quoi le problème avec toi pour ne pas avoir de paix dans ma propre maison, dormir tranquillement la nuit ? Qu’est-ce que tu me veux-tu, femme ? finit-il par la gronder en se redressant subitement, nerveux.-Qu’est-ce qui nous arrive, mon cher mari ? Regarde comme nous sommes devenus. Quel tort ai-je commis autant ?-Je vois. Tu es décidée à m’être de l’insomnie dans cette maison. Et je vais te la laisser. Je t’ai déjà mille et une fois fait observer que si je te suis insupportable, la sortie t’est grandement libre.Akpénè baisse la tête à ces mots « avilissants » de son mari. Tenant le front d'une main, elle essuie des larmes de ses doigts, sanglotant.-Merde ! J’en ai marre de tes gamineries sous ce toit ! De tes pleurnicheries ! Tu me lasses ! Je te laisse la chambre. Et je pars trouver un endroit où je pourrais encore dormir tranquillement cette nuit ! lui laisse entendre celui-ci.Il se lève et sort de la chambre pour le salon, la laissant. Il y a les veilleuses allumées. Mais, à peine il s'allonge dans le sofa, qu'il la voit encore.Akpénè se met sur ses genoux aux pieds de son mari qu'elle a donc suivi. Il lève les yeux la regarder avec un certain mépris et étonné.
« Pardonne-moi pour tout ce que je t'aurais fait de si mal pour que nous en arrivions là, mon mari. Je suis et je demeure ta femme, autant que tu demeures mon époux et mon homme unique. Cette situation devient de trop. Elle ne nous arrange en rien, elle ne nous arrangera en rien ! », le supplie-t-elle.-Akpénè, si tu n'as pas sommeil, moi, si ! Et si tu n'as pas sommeil, ne cherche pas à ce que je sois comme toi !-Nous sommes un couple et nous sommes un. Et je n'ai pas d'insomnie. J'ai mal pour nous. Pour l'avenir de ce toit. Pour ta petite fille qui souffre de cette situation.-Nous y sommes. Tu l'impliques dans tes histoires biscornues, tu l'inities à tes désobligeances et tu penses vraiment la prendre pour me faire du chantage émotionnel !-Comment pourrais-tu dire de telles choses sur ta propre enfant ? Une petite enfant, innocente, qui doit porter des torts que je t'aurais causés ? C’est ton enfant !Le mari l'ignore pour ne piper mot. Soudainement, elle sent la main de sa fille se poser sur son épaule pour tourner la tête la regarder.Sitsopé s'est réveillée pour sortir de sa chambre en écoutant ses parents. C’est alors qu’elle tombe sur sa maman sur les genoux. « Maman ! » l'appelle-t-elle.Son papa porte sur elle son attention en l'écoutant puis repose sa tête sans y prendre garde.-Oui, mon bébé ! répond Akpénè qui se retourne complètement à l’enfant pour l'étreindre, toujours sur ses genoux. Tu es réveillée si tôt aujourd'hui, Sitsopé !-Tu pleures sur moi, maman, lui faire savoir plutôt la fillette en sentant ses larmes couler sur elle.Elle tressaute en la laissant instinctivement. Reniflant, elle essuie les larmes du dos de ses mains. Puis, en essuie pour l'enfant aussi tendrement de ses pouces en lui prenant les tempes. « Ne pleure plus, mon enfant. Et je suis désolée d'avoir pleuré sur toi. Je ne l'ai pas fait exprès, chérie ! » lui dit-elle en adoucissant son visage avec un petit sourire, et continuant de lui caresser ses joues plus que lui essuyer ses pleurs.- Toi, aussi, tu ne pleures plus à cause de papa, maman. Je suis là pour toi. Je n'aime pas te voir triste, je t'en prie ! Akpénè va jeter du regard à son mari. Dans le sofa, sans s'émouvoir, Amézado dort plutôt ; du sommeil de tigre. De toute aise possible. Se retournant à l'enfant, avec la même tendresse, elle lui dit :-Je ne pleure pas à cause de papa. Et je le sais, tu es là pour moi, mon ange gardien. Tu es mon refuge à moi. Maintenant, retournons au lit. Il reste encore qu'il fasse bien jour. Et tu dois dormir un peu en attendant d'aller à l'école !Elle lui donne de bises sur les joues et se lève. Lui tenant la main, elle se retourne une fois de plus regarder son mari avant de la mener dans sa chambre. Et les deux y reprennent le lit, et la petite qui la veut serrer à elle.Monsieur KPOMEGBE, de son petit nom Ehli, sort de la chambre au salon. Comme à son habitude, il se rend chez sa sœur. Il y va, pour son fils qui, des mois déjà, est sous la chaleur accueillante de sa tante ; ne pouvant pas lui avoir du temps, et pis, s’occuper de lui convenablement lui-même. Mais aussi, il ne veut pas de domestique sous son toit pour en prendre. Seule la femme de ménage passe de temps à autre lui faire des entretiens dans la maison. Le repas, quelques rares fois.
Il va donc prendre la clef de sa voiture sur la table, fourre son potable dans la poche du pantalon. Il sort, lorsque, arrivé à la porte, il a cette fringale de revoir la photo de sa feue femme Enyovi au mur. Il se retourne. Il la voit. Et c'est comme elle lui souriait. Lui souriait, de ce sourire qui le condamnait, épanouissait son cœur. Elle était toute sa joie, toute sa fierté, et ce, depuis qu'ils avaient commencé de se fréquenter au lycée pour finir ensemble l'université et autres ; et de se marier.Il retourne sur ses pas. Et, lentement, va à la photo qu'il fixe sans cillement jusqu'au mur qui le stoppe.Son cœur s'alourdit. Ses yeux s'imbibent de larmes. Il ferme les paupières pour les rouvrir, et les laisse couler. Il n'a pas de forces de les contenir. Il revoit tous leurs bons moments : les rires joyeux de cette partie de lui perdue dans cette maison, leurs amusements, leur complicité. Elle était affectueuse. Elle était compréhensive. Enyovi était une compagne.Et il se rappelle encore de cet après-midi, seuls dans le salon sans leur enfant. Elle le fixait avec insistance. -Aurais-je fait quelque chose de noir pour que me fixe ma fascinante épouse de la sorte ? lui demanda-t-il.Elle lui plaqua comme réponse, ce sourire, si beau, dont elle seule avait le secret, pour lui procurer quiétude au cœur.-Tu me fais encore quelle magie, mon ange ? continue-t-il.-Tu es un homme formidable. Je suis si heureuse de t'avoir connu, de t'avoir dit oui, pour mener ma vie avec toi jusqu'ici.-Parce que tu es une femme merveilleuse aussi, de laquelle je ne pourrais jamais me passer depuis que tu as décidé de m'offrir tout ce que tu as de beau en toi pour que je te découvre. Tu es une musique qu'aucun talent ne saura chanter à sa juste valeur. Merci d'être ma femme. Merci de m'avoir dit ce « oui ! » magnifique. Et jusqu'ici comme tu venais de le dire, n'est pas notre point d'arriver.-Qu'en savons-nous, mon bel homme ?-Parce que je ne risquerais jamais de te perdre. Parce que toi et moi sommes pour le dernier soupir.Elle pouffe de rire.-Ça ne te passe jamais par la tête que je pourrais un jour partir et à jamais ? Voyager et ne plus jamais revenir ?-Pourquoi devrais-je penser une telle folie ? Même fou, je ne la penserais pas. Un amour comme le tien ne trahit pas. Et une femme comme toi, on se bat pour continuer de la mériter que de gaspiller un instant du précieux temps pour lui avoir du superflu.-Et les circonstances de la vie, qu'en dis-tu, mon doux mari ?Elle parlait, ses yeux étaient prédateurs autant que sa voix enchanteresse, cristalline et son visage qui éclatait la joie de vivre et l'amour.-J'ai confiance en ma femme et je suis plus tranquille qu'un étang que rien ne trouble. Je vais alors comme un ruisseau majestueux, déterminé, qui ne se soucie guère de savoir si, sur son passage, il butait contre des pierres ; des rochers, des mottes de terre ; des arbres à travers la forêt, élargissant son cours, pour arriver au grand fleuve, chantant de joies, offrant de tressauts inédits, laissant de zéphyr souffler le long de sa berge aux mille délices. Tout ce que j'ai à faire, c'est de vivre la beauté de la vie, le charme de la vie ; avec toi. Je n'ai pas peur, un seul instant de temps, de te perdre, crois-moi !Elle lui fit un visage fier avec des gamineries. Il était très heureux, lui présenta le sien heureux. Elle lui redit :-Je réaffirme que tu es formidable et je te confirme que tu es mon dernier homme dans cette vie actuelle.-En as-tu besoin, avant que je ne le sache ?-Avec toi, j'ai connu un bonheur factuel dans un monde plutôt factice. Tu m'as offert des rêves. Qu'ils sont beaux ! Merci pour tout ton amour !-Viens là, dans mes bras, ma Fée des Bois !Elle y alla, s'adosser à son buste, entre ses jambes, leurs pieds dans le salon. Il posa les mains sur sa poitrine à son tour et lui effleurait les seins affectueusement.-De ces rêves, je t'en offrirai toute ma vie pour que tout ton bonheur soit mien, tant tu leur trouves de valeur pour en être épanouie. C'est mon devoir de t'aimer, de te rendre heureuse, pour tout l'honneur que tu me fais !Elle soupira et lui confia :-Mon prochain voyage que je prépare ne sera pas comme les autres. Il risque d'être long. J'imagine juste vos endurances de mon absence. Quand j'y pense, ça me fait de la peine pour mes beaux trésors que vous m'êtes.-C'est vrai que chaque absence de toi nous est un calvaire. Jamais, on n'arrive à s'y habituer. Mais, on tient toujours… Et on va tenir celui-ci aussi. Deux jours, trois jours, une semaine [...] de plus ! On va les endurer, mon amour. Sois relaxe !-Et j'ai confiance en toi, que notre petit Trésor ne sera pas, un seul instant, négligé. Tu lui offriras tout soin.-Vous deux êtes ce que j'ai de plus précieux et je ne saurai négliger aucun d'entre vous un instant !-Vous deux êtes ce que j'ai de plus cher. Et je suis fière de toi…Ce fut encore un après-midi magistral. Enyovi allait au Mali, au Sénégal, en Guinée Conakry payer des perles et de basins riches faits de motifs expressifs qu'elle distribuait au pays. Elle était commerçante.Durant les deux semaines ayant suivi cet après-midi, ils vécurent de moments encore fascinants. Tout pouvait témoigner de leur bien-être. Avec leur fils. Enyovi leur semait la joie de vivre en continue ; des drôleries, de la tendresse. Car, disait-elle, ils se manqueraient de trop pendant son voyage, et il fallait profiter de cet intervalle de temps qui restait avant le vol.A trois jours du fameux voyage, ce soir après le dîner, ils passèrent encore le reste du temps dans le salon. Ils causèrent, ils racontèrent des histoires jusqu'à ce que le sommeil ne vînt. Et pour aller au lit, Enyovi prit leur enfant. Elle l'étreignit aussi longtemps, le couvrit de plusieurs baisers avant de l’emmener dans sa chambre. Elle revint ensuite au séjour et lui dit :-Je voudrais que tu me portes. J'ai envie d'aller au lit dans tes bras cette nuit sans que mes pieds ne touchent le sol, mon précieux mari !Il la regardait ébahi.-Pourrais-tu me faire cet honneur ce soir ?-Le veux-tu accompagné de quelle berceuse, mon amour ?-Mais, tu as une voix biscornue, toi ! [Rires...]-Ô ! C'est moi, cet oiseau rock qui subjugue toujours par son vol inimitable ! Mets comme d’habitude ton mari à tes épreuves, et apprécie une fois de plus de quoi il est tout le temps capable.-Tu as toujours d'arcs dans le carquois. Tu ferais bien orateur. Maintenant, lève-toi et soulève-moi !-Aux plaisirs de mon épouse !Il se leva et la souleva d'un geste. Il l'embrassa dans d’éclat de rire et la porta jusqu'au lit, fredonnant une berceuse de sa voix cassée. Une fois au lit, elle resta coller à lui et lui demanda de lui faire l'amour. Ce fut leur dernier [...], car elle ne se réveillera plus jamais de son sommeil : le matin, il réveilla sa femme qui restait toujours allongée au lit ; elle n'avait plus de souffle à émettre. Coup fatal. C'était son voyage duquel elle ne pouvait plus revenir.CHAPITRE3Akpénè n'expose jamais ses problèmes de couple à quiconque. Même pas à sa daronne. Elle a toujours cet instinct-là, de la « bonne épouse » qui n'exhibe pas son toit à l'extérieur. Pis, à sa famille, comme si, jetant son mari en pâture et s'exposer soi-même, pour ne jamais le faire. Sauf, bien évidemment, à une seule personne : Enyovi, à laquelle, elle pouvait se confier encore des fois lorsqu’elle sentait le besoin de s'épancher avec le changement brusque de son mari qui la prenait en plein visage ; bien qu'elle soit de nature renfermée.Enyovi était la meilleure amie d'Akpénè. Les deux femmes pouvaient se filer leurs secrets sans aucune crainte, ce, depuis les bancs. Akpénè est l’amie, la meilleure, de jeunesse de monsieur KPOMEGBE Ehli aussi. Grâce à elle d&rsqu
Akpénè se réveille sous des chatouillements de main sentie sur elle, mais ne voit pas son mari à ses côtés comme elle pouvait l'imaginer [...]Suite à de « disputes » la veille pour de vétilles, elle a dû prendre des cachets. Ceci, pour éviter des maux de tête et l'insomnie à force de se fourvoyer dans sa mélancolie. Cette autre nuit, elle ne voulait aucun de ces malaises outre mesure. Apparemment, les produits ont fait effets. Elle en a pris en quantité suffisante. Elle ne pouvait pas se passer de son amertume malgré elle. Ce faisant, le marchand de sable a mis du temps à passer. Même avec les comprimés. Toutefois, il a fini par être là et à jouer son rôle : lui jeter du sable aux yeux. Et à ce que l’on peut juger, sous la force de sa consommation, il lui en a jeté abondamment, au point de ne pas se
Akpénè sort ouvrir le portail. Devant elle, se tient Ehli. Un accueil de bienvenue, Ehli appuie la commande à sa voiture, et les deux rentrent.« Tonton ! » exulte Sitsopé devant la télé, à la vue de leur visiteur à leur arrivée au salon. Elle se lève pour aller se jeter dans ses bras, toute joviale.-Ma petite chérie ! lui répond celui-ci aussi.Il la soulève à son arrivée à lui, cachant son abîme dans un sourire de façade, pour ne pas atténuer sa bonne humeur.-Comment ça va, jolie princesse de tonton ? lui demande-t-il.-Ça va très bien, tonton. Et Selom ? Pourquoi il n'est pas là ?Selom il s'appelle, le petit garçon d'Ehli. Et d'après lui, demande Sitsopé. Toujours masquant son désarroi, bien que pincé encore plus au cœur par la demande, E
CHAPITRE6Elle était belle, heureuse, sa vie, pleine de promesses quand tu la rencontrais. En ma compagnie. Quand je lui parlais pour toi pour que tu trouvasses faveur à ses yeux. Jeunes lycéens, nous fûmes tous. Elle a fini par s’ouvrir à toi ; elle t’a dit oui. J’ai eu droit de lire un sourire gai sur ton visage ce jour quand je t’apportais son message agréable à ton cœur et à tes sens. Tu étais heureux, qu’elle acceptât d’aller avec toi. J’étais fier pour toi. Fier pour nous, car par elle, ses soins, j’avais gagné son amie en sa compagnie pour me plaire. Et toi mon ami, par mes soins minutieux, tu venais de la gagner aussi, elle, ma meilleure amie d’alors. Elle finit aussi amoureuse. Tout était mis en œuvre pour qu’elle n’eût pas d’autre choix. Et, elle a dû sacrifier des princip
CHAPITRE7Restaurant chic au bord du boulevard du Mono. Il sonne à peu près 19 heures. Le cadre est doux, sensuel. De lumières tamisées comme toujours. Amézado et Massogblé y sont, pour un dîner romantique dans un besoin de casser encore un peu la routine ce soir. Le temps que l’on leur serve leurs mets, ils s’occupent en sirotant du jus de fruits.Repas servis quelques instants après, regards libidineux, sourires enchanteurs, Amézado et Massogblé causent agréablement et consomment calmement. La partie, pour eux, est bien plaisante.Dehors, les va-et-vient des véhiculent sont continuels encore à cette heure. Et les bruits de leurs moteurs, et de leurs klaxons, absorbent le calme vespéral qui devrait commencer par régner. Cependant, ils ne parviennent pas à dompter les « vacarmes » des vagues ma
CHAPITRE8Akpénè ne songe pas un seul instant au petit déjeuner à préparer. Pourtant, elle devrait en emporter à la clinique aussi comme chaque matin. La nuit passée dans la chambre de sa fille, elle saute du lit, réveille aussitôt la petite pour se rendre directement dans les toilettes à deux.Sous la douche, la main d'Akpénè arrive à sa joue droite. Elle la retire d’un réflexe en y sentant de la douleur : la gifle de la veille a été conséquente. Mais, elle s'était privée de pleurer à ce coup. Elle avait juste décidé de dormir, de faire comme si de rien n'était pour ne pas charger encore plus, ses esprits déjà trop offusqués.Elle essuie la mousse du visage. Au lavabo, elle se met à apprécier devant le miroir, la joue victime qu'elle tâte de la main et se re
CHAPITRE9La pluie a fait ce qu'elle pouvait et est retournée dans les nuages il y a environ une heure. Mais, elle laisse le temps humide comme à chacun de ses passages les soirs en envoyant les humains dans les logis. Les bêtes qui en ont aussi. Dehors, où quelques rares personnes sont encore, les feuilles des arbres et quelques autres éléments de la nature ruissellent toujours de pluie et d'humidité. Les lampes distillent la beauté de la fraîche nuit dans leurs éclairages éblouissants sur les poteaux.Akpénè va coucher Sitsopé. En nuisette, elle revient au living pour aller à la cuisine chercher un verre d'eau. A sa sortie, elle va éteindre son portatif puis, reprendre le chemin de la chambre aux côtés de la petite. Son mari est dans le salon, le cœur amer au cœur de la mésintelligence qui ne veut pas se briser. La table s'es
CHAPITRE10Akpénè arrive toute éplorée à l’hôpital. Descendue très agitée de sa moto, les pieds mis à l’intérieur, qu’elle voit Akossiwa et leur tante en larmes à l’attente. Sa belle-sœur à leurs côtés, pareille. De toute lamentation, les trois femmes l’accueillent, le ciel semblant écraser leur tête. C’est donc réel, la mauvaise nouvelle de l’appel de sa sœur : leur maman, a poussé le dernier soupir. La peine s’intensifie, les cœurs plus pressés, les yeux sont plus larmoyants. Et, difficile est-il, voire impossible d’exprimer les douleurs à gorge déployée pour pleurer leur désormais chère regrettée, car dans un centre de santé, elles sont. Les yeux sur elles sont consolateurs et compatissants. La maman est toujours dans so
CHAPITRE 64Retour de l’hôpitalCe soir, le ciel affiche un air beau, jovial et souriant: un croissant de lune est peint sur son visage, donnant un coup de pied enchanteur dans sa monotonie lugubre, lassante, telle une étincelle qui scintille au fond des ténèbres affreuses pour allumer l’espoir. 19 heures sont déjà bien absorbées par les heures suivantes. Ce, est le moment choisi par Amézado pour rentrer chez lui après des semaines à l’hôpital afin que son retour ne soit connu vraiment par le voisinage qu’au lever du jour; un retour nocturnement clandestin programmé.La porte de son séjour s’ouvre. La lumière de la torche creuse du trou dans l’épaisse obscurité qu’y siège céans pour la dissiper. Lorsque le living-room s’éclaire enfin vivement sous le coup de ma
CHAPITRE 65Les larmes d’une épouseEncore une journée qui trouve sa trêve dans une joie effective pour Akpénè et Ehli. Ils sont si fiers d’eux. L’opération des yeux du sieur LIASSIDJI est d’un éclat de succès et les remplit d’enjouement, de satisfaction absolue. L’homme recouvre sa vue et redécouvre de nouveau la lumière qui éblouit la nature et toute la beauté qui jaillit de tout ce qui la compose. Quelle fierté pour ce couple d’avoir offert encore la vue à cet homme et surtout de lui redonner de l’espoir. Comme ils l’ont pris sur eux de lui apporter le leur, ils ont financé intégralement son opération. Aujourd’hui, la bande est enlevée sur les yeux et LIASSIDI a pu poser avec enchantement un visage sur ces bienfaiteurs de nulle part que la fortune lui a envoyés.
CHAPITRE 63Un pari gagnéDepuis le manque d’harmonie et de leur hilarité qui siège chez elle à la maison, Sitsopé n’a plus d’entrain, elle n’a plus de sourire, elle n’a maintenant que ça, et rien que ça: être tristement recroquevillée sur soi tout le temps, cette humeur qui lui colle la peau pour la transporter jusqu’aux cours aussi. Même aux heures de pause, elle ne s’y intéresse pas pour sortir. Camarades et professeurs remarquent bien que des jours déjà, elle n’est plus la même personne, mais elle ne laisse ouverture sur elle a personne.Au fond de sa classe, à la pause de ce midi avant la reprise des cours pour la continuité de cette journée, elle se tient une fois de plus, toujours repliée sur soi, le front posé sur la table.Elle est la seule à y &e
CHAPITRE 62La révoltePour parler à ses enfants de leur père, Akpénè initie avec Ehli ce soir, après le dîner, une partie de jeux, d’histoires drôles et de devinettes.Toute la famille, y compris Selom, est bien réunie sous la houlette divertissante du chef de la maison. Ils se piquent, ils se frappent, ils se taquinent…, et ils rient aux éclats. C’est toute une bonne humeur ce soir dans le salon autour de la table.Enfin, Ehli juge le moment propice de passer à l’action. Discrètement, il va pincer Akpénè. Celle-ci comprenant son geste, d’abord, déglutit puis, son élan ralentit systématiquement. Elle va le regarder dans les yeux et il lui hoche la tête. Elle prend un soupir comme si elle avait peur avant d’aller:-«Euh… ma chérie!&ra
CHAPITRE 61Amézado ouvre les yeux. Un peu de vie semble regagner ses muscles des heures après, un profond sommeil, sous les produits qui lui sont administrés à son arrivée à l’hôpital pour le stabiliser. Il se met à distinguer les choses autour de soi et voit sa sœur assise à ses côtés dans un état angoissé, puis se rend compte être dans une salle d’hôpital. Il perçoit la bouteille du sérum au-dessus de ses pieds à la tige d’accrochage au lit et se rend compte de la perfusion à son bras gauche. Il soupire langoureusement. Et d’une voix faible, il appelle la sœur:«Mawupemo!»Mawupemo s’éveille: «fogan!», s’émeut-elle, «tu es réveillé?».Tell
CHAPITRE 60Un soupçon avéréC’est au week-end de cette semaine, précisément le dimanche, dans la matinée, que le couple Akpénè - Ehli se retrouve au village d’Akpénè pour rattraper leur programme manqué à cause des imprévus et des pas auprès du sieur LIASSIDJI pour l’opération de ses yeux à laquelle ils tiennent fervemment. Ils vont devant la famille d’Akpénè, pour leur annoncer leur relation ainsi que leur projet de se marier. Toute la famille est jovialement présente, les tantes, les oncles, pour les accueillir, sans aucune idée du dessous effectif de cette rencontre. Et ils n’en reviennent pas lorsqu’Ehli ouvre la parole sur le sujet pour les ébahir… Tous en restent médusés dans l’instant et cela leur sonne comme une blague, sauf M
Chapitre 59UNE JOURNEE NOIREPas la moindre concentration qui lui vienne devant sa machine. Son partenariat avec dame EWILO révoqué, Amézado retrouve fadement le chemin de son bureau, pour s’absorber dans le travail afin de ne pas mourir de chagrin en restant chambré chez lui. Mais il ne parvient pas à rassembler ses esprits pour s’attacher à quoi que vaille. Toutes ses pensées font des tours incessants sur Akpénè et sa nouvelle relation. Il n’en revient toujours pas, ça lui sonne du creux. Il sent le besoin de s’évader, partir ailleurs, loin de tout, à essayer d’oublier. Cependant, cela ne pourrait pas être une solution: un changement géographique pour lui opérer une telle magie. Le vide, son vide profond qu’il ressent, est tout au fond de lui, dans son âme, dans ses esprits, pour le suivre partout o&ugr
Chapitre58AssociéesAdidogome. Sur la voix attenante à Rue la Pampa, à quelques pas du carrefour Agbémadon.-Arrête, s’il te plaît, mon amour!La belle bagnole, ne pouvant pas déjà filer même si le conducteur le voulait si bien, ceci, à cause de la voix si redoutable, s’immobilise de côté à la demande brusque de la dame.-Un souci? demande-t-il.-Tu as pu remarquer ce que je viens de frôler de regard, chéri? demande la femme.-Non, mon amour. De quoi s’agit-il?-Regarde derrière!Quinze heures sont dépassées de quelques minutes. La pluie qui a coulé sur Tokoin Novissi est complètement ignorée ici. Le soleil continue de s’imposer dans les cieux. A cette heure. Le couple, dans la voiture immobilisée,
Chapitre 57 Cinq jours après le retour d’Amézado de la clinique. Et son humeur est plus aigre à chaque lever du soleil qui, naturellement, émerveille, éblouit tout ce qui se meut sur la terre. Du fiel règne en autocrate dans son âme. Cinq jours qu’il retourne, acrimonieusement, dans son pauvre cœurpétri : «c’est maintenant que Akpénè s’est engagée dans une nouvelle relation! Akpénè, mon Akpénè! C’est maintenant qu’elle le fait alors qu’elle s’était préservéedepuis tout ce temps! C’est maintenant où, n’en pouvant plus, je me forge enfin ce courage de l’aborder et tenter de recoller nos morceaux, ramper même à ses pieds si c’était nécessaire, que mon Akpénè s’est engagée dans une nouvelle relation! Et elle n’a trouvé personne d’autre que celui qui m’était un frère sang?» Son espoir d’essayer de redevenir soi, est définitivement perdu, au bout de ses turpitudes, pense-t-il, les larmes tenant compa