Point de vue : Anastasie
— Allez les filles, bougez-vous ! lança Idriss en tapant dans ses mains.
— Il est quelle heure, papa ? demanda Naomie en courant vers sa chambre.
— Il est presque neuf heures. Vous devez être à l’aéroport dans moins de trente minutes !
Jade redescendit avec un petit sac à dos.
— Maman, tu veux que je prenne ta trousse de toilette aussi ?
Je hochai la tête, encore sous le choc. Tout allait trop vite. Mon cœur battait à cent à l’heure. Je regardai encore une fois l’enveloppe contenant les billets, posée sur la table, comme si elle allait s’envoler.
Je me levai enfin.
— D’accord. Je vais m’habiller. Idriss, tu peux aller charger les valises ?
— C’est déjà fait. J’ai mis deux sacs dans le coffre, il reste juste ta valise. Dépêche-toi, mon amour.
Je passai dans la chambre, m’habillai rapidement, le regard vide. Enfilai un pantalon noir, un chemisier beige. Rien d’extravagant. Je maquillai à peine mes cernes. L’émotion faisait déjà le reste.
— C’est bon ! On est prêtes ! cria Naomie depuis le bas de l’escalier.
— Tout le monde en voiture ! lança Idriss.
Je descendis, mon sac à main sur l’épaule. Idriss m’ouvrit la portière comme toujours. Un geste tendre, habituel. Mais cette fois, je ne savais plus s’il était sincère… ou bien rodé.
Dans la voiture, la radio jouait à peine, volume au minimum.
— Papa, t’es sûr que tout est prêt là-bas ? demanda Jade.
— Oui, mon ange. J’ai même fait livrer quelques meubles pour votre arrivée. Vous aurez un chauffeur qui vous attendra à l’aéroport.
— Et toi ? demandai-je sans détour.
— Je vous rejoins dans deux semaines. Je dois d’abord boucler mes contrats ici. Mais je vous appelle tous les jours. Et je vous enverrai l’argent nécessaire.
— Tu jures ? souffla Naomie, presque fragile.
Idriss se retourna un instant vers elle, la main sur son cœur.
— Je le jure sur Dieu. Vous êtes mes trésors. Jamais je ne vous laisserai.
Je restai silencieuse, la gorge nouée.
— Et après ? demandai-je doucement. Tu vas revenir ici encore ? Tu vas continuer ta double vie ?
Il ne répondit pas tout de suite. Puis, d’une voix calme :
— Là-bas, je veux me reconstruire. Avec vous. Loin des complications.
Je détournai le regard vers la fenêtre. Le mot "complications" sonnait comme une gifle envers l’autre femme. Myriam. La légitime. Moi, je n’avais que son amour en partage.
À l’aéroport, les au revoir furent brefs mais intenses.
— Fais attention à toi, Idriss, dis-je en le serrant dans mes bras.
— Toi aussi. Je t’appelle dès que l’avion atterrit.
Il embrassa les filles une dernière fois. Puis nous passâmes les contrôles, les battements de cœur plus forts que jamais.
Trente minutes plus tard, l’avion décolla.
Et Idriss, resté seul sur le trottoir de l’aéroport, regardait déjà sa montre.
Il avait encore une femme à rejoindre. Et d'autres mensonges à gérer.
---
Souhaites-tu que la scène suivante montre Myriam découvrant une preuve (comme un reçu de l’agence de voyage, ou un appel manqué suspect) ? Ou préfères-
tu retrouver Aïshe, qui commence à douter du départ qui tarde à se concrétiser ?
Point de vue : Idriss
13h45 – Le hall de l'entreprise bourdonnait d'activité.
— Monsieur Idriss, interpella Sophie, sa secrétaire, en se levant de son bureau. Les représentants de GlobalTech sont arrivés et attendent dans la salle de conférence.
Il hocha la tête, ajustant sa cravate.
— Parfait, Sophie. Avez-vous préparé les dossiers que je vous ai demandés ?
— Bien sûr, ils sont sur la table, avec les projections actualisées.
— Excellent. Assurez-vous que personne ne nous dérange pendant la réunion.
— Bien entendu, Monsieur.
— Idriss, toujours un plaisir de vous voir, lança Lefevre avec un sourire.
— Le plaisir est partagé, Jean. J'espère que vous n'avez pas trop souffert du trafic en venant.
— Oh, vous savez comment est la circulation en ville. Mais parlons affaires.
Pause café – 16h30
— Allô, Idriss ? répondit-elle, sa voix douce apaisant instantanément ses tensions.
— Ma chérie, je voulais juste entendre ta voix. Comment se passe ta journée ?
— Rien de spécial. Je pensais à notre voyage...
Il soupira, passant une main sur son visage.
— Je sais, Aïshe. Écoute, j'ai une réunion importante en ce moment. On en parle ce soir, d'accord ?
— D'accord. Ne tarde pas trop.
— Je ferai de mon mieux. À plus tard.
18h30 – La réunion touchait à sa fin.
— Idriss, commença Lefevre, nous sommes satisfaits des termes. Mais nous aimerions une garantie supplémentaire concernant les délais de livraison.
Idriss, reprenant son masque professionnel, répondit avec assurance :
— Jean, notre réputation parle pour nous. Cependant, pour vous rassurer, nous pouvons inclure une clause pénale en cas de retard.
Lefevre échangea un regard avec Madame Dubois, puis acquiesça.
— Cela nous convient. Signons donc.
— À une prochaine collabor
ation fructueuse, lança-t-il en guise d'au revoir.
Point de vue : Aïshe
La pendule murale indiquait 18h45 lorsque j'entendis le bruit familier de la voiture d'Idriss se garer devant la maison. Mon cœur s'emballa légèrement, partagé entre la joie de le revoir et l'ombre persistante de notre voyage sans cesse reporté.
Je me dirigeai vers la porte, l'ouvris avant même qu'il n'ait le temps de frapper. Là, devant moi, se tenait Idriss, visiblement fatigué mais arborant ce sourire qui avait toujours su apaiser mes inquiétudes.
— Bonsoir, mon amour, dis-je en lui offrant un baiser tendre sur la joue. Tu dois être épuisé. Tu veux te rafraîchir avant de manger, ou préfères-tu passer directement à table ?
Il entra, posant sa mallette près du canapé, et soupira en défaisant le premier bouton de sa chemise.
— Juste manger, si ça ne te dérange pas. La journée a été longue, et je n'ai pas eu une minute à moi.
Je hochai la tête, masquant ma déception. J'avais préparé son plat préféré, espérant que cela allégerait l'atmosphère.
— D'accord, installe-toi. Je sers le dîner.
Pendant que je disposais les plats sur la table, le silence entre nous était palpable, chargé de non-dits. Une fois assis face à face, je pris une profonde inspiration et décidai d'aborder le sujet qui me pesait.
— Idriss, commençai-je doucement, cela fait plusieurs fois que notre départ est repoussé. Tu m'avais dit que tout était prêt. Que se passe-t-il ?
Il posa sa fourchette, me regardant droit dans les yeux, une lueur de tristesse mêlée de fatigue.
— Aïshe, je sais que c'est difficile pour toi. Pour nous. Il marqua une pause, cherchant ses mots. Cette réunion aujourd'hui était cruciale. Des contrats importants étaient en jeu, et je ne pouvais pas me permettre de partir sans les avoir finalisés.
Je baissai les yeux, jouant nerveusement avec le bord de ma serviette.
— Mais tu avais promis... murmurai-je.
Il tendit la main, couvrant la mienne avec chaleur.
— Je sais, et je tiens toujours à cette promesse. Mais comprends-moi, partir maintenant mettrait en péril tout ce que j'ai construit professionnellement. Il serra doucement ma main. Et puis, comment pourrais-je envisager de vivre loin de toi ? L'idée même de te savoir là-bas sans moi est insupportable.
Les larmes me montèrent aux yeux, mélange de frustration et d'amour profond pour cet homme qui, malgré tout, restait le centre de mon univers.
— Alors, que faisons-nous ? demandai-je, la voix tremblante.
Il se leva, contourna la table pour venir s'agenouiller à côté de moi, prenant mon visage entre ses mains.
— Nous attendons un peu, le temps que je stabilise la situation ici. Ensuite, nous partirons ensemble, comme prévu. Je te le promets.
Je fermai les yeux, laissant une larme solitaire tracer son chemin sur ma joue.
— D'accord, Idriss. Je te fais confiance. Mais ne me laisse pas trop attendre.
Il essuya délicatement ma larme du bout des doigts, déposant un baiser sur mon front.
— Jamais je ne te ferais attendre plus que nécessaire. Tu es ma vie, Aïshe.
Cette nuit-là, blottie contre lui, je tentai de chasser mes doutes, m'accrochant à ses paroles et à l'espoir d'un avenir commun
Point de vue : MyriamLe silence régnait dans la maison, à peine troublé par le tic-tac de l’horloge du salon. Myriam, assise sur le canapé, feuilletait distraitement un magazine quand elle entendit le bruit familier du portail. Elle posa le magazine et se leva.La porte s’ouvrit. Idriss entra, légèrement fatigué, sa veste sur le bras.— Myriam, mon amour… comment tu vas ?Elle sourit et s’approcha de lui.— Je vais bien, mon mari. Et toi, tu as l’air épuisé. Installe-toi, je t’apporte de l’eau.— Merci, mon cœur.Idriss s’assit dans son fauteuil préféré. Myriam revint avec un verre d’eau fraîche.— Je t’ai déjà préparé la table. Le dîner est prêt.Mais Idriss secoua doucement la tête.— Non, mon ange. Je suis plein. J’ai mangé à la cantine de l’entreprise. Juste envie de prendre une douche et me reposer un peu devant Bein Sports.Myriam s’assit en face de lui.— Et les filles ? Ça fait trois jours que tu rentres tard. Tu ne les vois même plus.Idriss soupira, frottant son front.— Je
Idriss était de nouveau au volant. Le soleil commençait à frapper fort sur le pare-brise, et la radio diffusait une musique douce en fond. Il roulait d’un air concentré, les pensées chargées : "Il faut que tout soit prêt. Je dois finir en une semaine ce qui était prévu sur un mois… Sinon je ne verrai jamais le Canada."Il gara la voiture dans le parking souterrain de l’immeuble de son entreprise, attrapa sa mallette, ajusta sa chemise et prit l’ascenseur. Une fois arrivé à son étage, il fut accueilli par sa fidèle secrétaire, Madame Lucie, assise derrière son bureau, tapotant sur son clavier.— Bonjour, Monsieur Idriss !— Bonjour Lucie. Bien réveillée ?— Comme toujours. Je vous ai imprimé votre programme de la semaine, il est sur votre bureau.— Parfait. Mais justement, j’allais te parler du programme. Il s’approcha un peu, baissa la voix. Je veux qu’on compresse tout. Les réunions, les déplacements, les rendez-vous… Tout ce qui était prévu sur 4 semaines, on l’exécute en une seule.
Point de vue : IdrissLe bureau était silencieux, à peine troublé par le bruit d’un ventilateur qui ronronnait faiblement. Idriss fixait son agenda ouvert sur son bureau. Une date encerclée en rouge : “Vol Canada – J-3”. Il soupira longuement, se massa les tempes, puis saisit son téléphone.Il composa rapidement un numéro. Au bout de deux sonneries, une voix douce répondit. Lucie :— « Bureau du Directeur, bonjour ? » Idriss :— « Lucie, c’est moi. Tu peux m’annuler tous les rendez-vous à partir de vendredi soir. » Lucie (surprise) :— « Tous ? Même celui avec les représentants de Cotonex ? » Idriss :— « Surtout celui-là. Je pars en mission à l’étranger. » Lucie :— « Très bien, Monsieur. Combien de jours dois-je prévoir ? » Idriss (hésitant) :— « Je ne sais pas encore. Peut-être deux semaines… Peut-être plus. » Lucie :— « D’accord. Je bloque votre agenda jusqu’à nouvel ordre. Je vous envoie un récap tout à l’heure. »Idriss :— « Parfait. Merci, Lucie. Et… garde ça discret,
Point de vue : MyriamIl est 6h30 du matin. La lumière dorée du jour s'infiltre doucement par les rideaux. Myriam termine de boutonner la chemise d’Idriss pendant qu’il vérifie ses documents de voyage. Myriam (d’une voix douce) :— « Tu es sûr d’avoir tout pris ? Ton passeport, ton billet, ta trousse de toilette ? » Idriss (en souriant) :— « Oui, mon cœur. Tu es pire que ma secrétaire. »Elle rit doucement, puis ajuste la cravate d’Idriss. Ses gestes sont tendres, précis. Myriam :— « Tu m’as dit deux semaines, c’est bien ça ? » Idriss (la regardant dans les yeux) :— « Deux semaines, peut-être moins… Tout dépend des négociations. Mais je t’appellerai chaque soir. »Myriam :— « Promis ? » Idriss (lui prenant les mains) :— « Promis. Et dès que je reviens, on planifie enfin nos vacances. Toi et moi, sans boulot, sans appels. Juste nous. » Myriam :— « Tu sais, la maison est vide sans toi. Les enfants le sentent aussi. »Idriss (la serrant dans ses bras) :— « Je sais… Mais tout
Dans un coin paisible de la ville, vivait une femme nommée Myriam, douce, discrète, aimante. Depuis plus de trente ans, elle partageait sa vie avec Idriss, son mari. Un homme de 57 ans, travailleur, toujours bien habillé, respecté de tous.Ils formaient ce que beaucoup appelaient « un couple exemplaire ».Ils avaient trois enfants. Leur fils aîné, Malik, âgé de 28 ans, travaillait à l’étranger. Les deux autres, Leïla et Samiya, vivaient encore à la maison, étudiantes et complices de leur mère.Myriam menait une vie simple, rythmée par la routine, les prières, la cuisine… et l’attente d’Idriss chaque soir.Je regardais l’horloge du salon pour la troisième fois en moins de dix minutes. Il était 21h12. Idriss était en retard.Je n’étais pas de nature méfiante… mais ce soir, je ne sais pas pourquoi, quelque chose me mettait mal à l’aise.J’entendais enfin la clé tourner dans la serrure.— Salam alaykoum, lança-t-il d’une voix fatiguée.— Wa alaykoum salam, répondis-je en me levant du cana
Point de vue : AnastasieDe l’autre côté de la ville, loin de la maison tranquille de Myriam, une autre femme s’affairait dans sa cuisine.Anastasie, la deuxième femme d’Idriss, alignait les couverts sur la table avec la précision d’une routine bien établie. Comme chaque soir, elle préparait le dîner pour quatre : elle-même, ses deux filles, et Idriss.— Naomie ! Jade ! Venez mettre les serviettes ! lança-t-elle.Naomie, l’aînée de 17 ans, sortit de sa chambre, l’air fatiguée. Elle rentrait du travail, encore en uniforme de l’entreprise où elle faisait un stage.Jade, sa petite sœur de 14 ans, descendit avec un livre dans les mains.— Tu peux poser ça cinq minutes, Jade ?— C’est pour demain, maman… C’est le bac blanc.— Je sais, mon cœur. Mais le dîner, c’est sacré. Tu sais comment est ton père.Elles s’activèrent autour de la table, pendant qu’Anastasie retirait la marmite du feu. Un bon riz au gras, sa spécialité. Elle voulait que tout soit parfait. Idriss aimait que tout soit prêt
Point de vue : MyriamJe m’étais réveillée plus tôt que d’habitude, sans vraiment savoir pourquoi. Le silence de la maison m’avait semblé anormal. Comme si l’air était plus lourd.Je descendis à la cuisine pour préparer le petit déjeuner. Je savais qu’Idriss avait une réunion importante. Il me l’avait dit la veille. Je voulais qu’il parte le ventre plein, comme toujours.Du café noir bien fort, des œufs brouillés, un peu de pain grillé, du beurre, du miel. Je pris soin de tout disposer joliment sur la table.Pendant ce temps, à l’étage, j’entendais sa voix. Il parlait au téléphone, à voix basse, dans notre chambre. Curieuse sans être indiscrète, je montai les marches lentement, sans bruit.La porte était entrouverte.— Oui, trois billets. Confirmation reçue ?Un silence. Puis sa voix reprit, ferme :— D’accord. 8h demain matin. Assurez-vous que tout est prêt.Mon cœur se serra. Trois billets ? Pour qui ? Et pourquoi un vol aussi tôt ?Je poussai doucement la porte.— Idriss ? dis-je d
Point de vue : MyriamJe m’étais réveillée plus tôt que d’habitude, sans vraiment savoir pourquoi. Le silence de la maison m’avait semblé anormal. Comme si l’air était plus lourd.Je descendis à la cuisine pour préparer le petit déjeuner. Je savais qu’Idriss avait une réunion importante. Il me l’avait dit la veille. Je voulais qu’il parte le ventre plein, comme toujours.Du café noir bien fort, des œufs brouillés, un peu de pain grillé, du beurre, du miel. Je pris soin de tout disposer joliment sur la table.Pendant ce temps, à l’étage, j’entendais sa voix. Il parlait au téléphone, à voix basse, dans notre chambre. Curieuse sans être indiscrète, je montai les marches lentement, sans bruit.La porte était entrouverte.— Oui, trois billets. Confirmation reçue ?Un silence. Puis sa voix reprit, ferme :— D’accord. 8h demain matin. Assurez-vous que tout est prêt.Mon cœur se serra. Trois billets ? Pour qui ? Et pourquoi un vol aussi tôt ?Je poussai doucement la porte.— Idriss ? dis-je d
Point de vue : MyriamIl est 6h30 du matin. La lumière dorée du jour s'infiltre doucement par les rideaux. Myriam termine de boutonner la chemise d’Idriss pendant qu’il vérifie ses documents de voyage. Myriam (d’une voix douce) :— « Tu es sûr d’avoir tout pris ? Ton passeport, ton billet, ta trousse de toilette ? » Idriss (en souriant) :— « Oui, mon cœur. Tu es pire que ma secrétaire. »Elle rit doucement, puis ajuste la cravate d’Idriss. Ses gestes sont tendres, précis. Myriam :— « Tu m’as dit deux semaines, c’est bien ça ? » Idriss (la regardant dans les yeux) :— « Deux semaines, peut-être moins… Tout dépend des négociations. Mais je t’appellerai chaque soir. »Myriam :— « Promis ? » Idriss (lui prenant les mains) :— « Promis. Et dès que je reviens, on planifie enfin nos vacances. Toi et moi, sans boulot, sans appels. Juste nous. » Myriam :— « Tu sais, la maison est vide sans toi. Les enfants le sentent aussi. »Idriss (la serrant dans ses bras) :— « Je sais… Mais tout
Point de vue : IdrissLe bureau était silencieux, à peine troublé par le bruit d’un ventilateur qui ronronnait faiblement. Idriss fixait son agenda ouvert sur son bureau. Une date encerclée en rouge : “Vol Canada – J-3”. Il soupira longuement, se massa les tempes, puis saisit son téléphone.Il composa rapidement un numéro. Au bout de deux sonneries, une voix douce répondit. Lucie :— « Bureau du Directeur, bonjour ? » Idriss :— « Lucie, c’est moi. Tu peux m’annuler tous les rendez-vous à partir de vendredi soir. » Lucie (surprise) :— « Tous ? Même celui avec les représentants de Cotonex ? » Idriss :— « Surtout celui-là. Je pars en mission à l’étranger. » Lucie :— « Très bien, Monsieur. Combien de jours dois-je prévoir ? » Idriss (hésitant) :— « Je ne sais pas encore. Peut-être deux semaines… Peut-être plus. » Lucie :— « D’accord. Je bloque votre agenda jusqu’à nouvel ordre. Je vous envoie un récap tout à l’heure. »Idriss :— « Parfait. Merci, Lucie. Et… garde ça discret,
Idriss était de nouveau au volant. Le soleil commençait à frapper fort sur le pare-brise, et la radio diffusait une musique douce en fond. Il roulait d’un air concentré, les pensées chargées : "Il faut que tout soit prêt. Je dois finir en une semaine ce qui était prévu sur un mois… Sinon je ne verrai jamais le Canada."Il gara la voiture dans le parking souterrain de l’immeuble de son entreprise, attrapa sa mallette, ajusta sa chemise et prit l’ascenseur. Une fois arrivé à son étage, il fut accueilli par sa fidèle secrétaire, Madame Lucie, assise derrière son bureau, tapotant sur son clavier.— Bonjour, Monsieur Idriss !— Bonjour Lucie. Bien réveillée ?— Comme toujours. Je vous ai imprimé votre programme de la semaine, il est sur votre bureau.— Parfait. Mais justement, j’allais te parler du programme. Il s’approcha un peu, baissa la voix. Je veux qu’on compresse tout. Les réunions, les déplacements, les rendez-vous… Tout ce qui était prévu sur 4 semaines, on l’exécute en une seule.
Point de vue : MyriamLe silence régnait dans la maison, à peine troublé par le tic-tac de l’horloge du salon. Myriam, assise sur le canapé, feuilletait distraitement un magazine quand elle entendit le bruit familier du portail. Elle posa le magazine et se leva.La porte s’ouvrit. Idriss entra, légèrement fatigué, sa veste sur le bras.— Myriam, mon amour… comment tu vas ?Elle sourit et s’approcha de lui.— Je vais bien, mon mari. Et toi, tu as l’air épuisé. Installe-toi, je t’apporte de l’eau.— Merci, mon cœur.Idriss s’assit dans son fauteuil préféré. Myriam revint avec un verre d’eau fraîche.— Je t’ai déjà préparé la table. Le dîner est prêt.Mais Idriss secoua doucement la tête.— Non, mon ange. Je suis plein. J’ai mangé à la cantine de l’entreprise. Juste envie de prendre une douche et me reposer un peu devant Bein Sports.Myriam s’assit en face de lui.— Et les filles ? Ça fait trois jours que tu rentres tard. Tu ne les vois même plus.Idriss soupira, frottant son front.— Je
Point de vue : Anastasie— Allez les filles, bougez-vous ! lança Idriss en tapant dans ses mains.— Il est quelle heure, papa ? demanda Naomie en courant vers sa chambre.— Il est presque neuf heures. Vous devez être à l’aéroport dans moins de trente minutes !Jade redescendit avec un petit sac à dos.— Maman, tu veux que je prenne ta trousse de toilette aussi ?Je hochai la tête, encore sous le choc. Tout allait trop vite. Mon cœur battait à cent à l’heure. Je regardai encore une fois l’enveloppe contenant les billets, posée sur la table, comme si elle allait s’envoler.Je me levai enfin.— D’accord. Je vais m’habiller. Idriss, tu peux aller charger les valises ?— C’est déjà fait. J’ai mis deux sacs dans le coffre, il reste juste ta valise. Dépêche-toi, mon amour.Je passai dans la chambre, m’habillai rapidement, le regard vide. Enfilai un pantalon noir, un chemisier beige. Rien d’extravagant. Je maquillai à peine mes cernes. L’émotion faisait déjà le reste.— C’est bon ! On est prê
Point de vue : MyriamJe m’étais réveillée plus tôt que d’habitude, sans vraiment savoir pourquoi. Le silence de la maison m’avait semblé anormal. Comme si l’air était plus lourd.Je descendis à la cuisine pour préparer le petit déjeuner. Je savais qu’Idriss avait une réunion importante. Il me l’avait dit la veille. Je voulais qu’il parte le ventre plein, comme toujours.Du café noir bien fort, des œufs brouillés, un peu de pain grillé, du beurre, du miel. Je pris soin de tout disposer joliment sur la table.Pendant ce temps, à l’étage, j’entendais sa voix. Il parlait au téléphone, à voix basse, dans notre chambre. Curieuse sans être indiscrète, je montai les marches lentement, sans bruit.La porte était entrouverte.— Oui, trois billets. Confirmation reçue ?Un silence. Puis sa voix reprit, ferme :— D’accord. 8h demain matin. Assurez-vous que tout est prêt.Mon cœur se serra. Trois billets ? Pour qui ? Et pourquoi un vol aussi tôt ?Je poussai doucement la porte.— Idriss ? dis-je d
Point de vue : MyriamJe m’étais réveillée plus tôt que d’habitude, sans vraiment savoir pourquoi. Le silence de la maison m’avait semblé anormal. Comme si l’air était plus lourd.Je descendis à la cuisine pour préparer le petit déjeuner. Je savais qu’Idriss avait une réunion importante. Il me l’avait dit la veille. Je voulais qu’il parte le ventre plein, comme toujours.Du café noir bien fort, des œufs brouillés, un peu de pain grillé, du beurre, du miel. Je pris soin de tout disposer joliment sur la table.Pendant ce temps, à l’étage, j’entendais sa voix. Il parlait au téléphone, à voix basse, dans notre chambre. Curieuse sans être indiscrète, je montai les marches lentement, sans bruit.La porte était entrouverte.— Oui, trois billets. Confirmation reçue ?Un silence. Puis sa voix reprit, ferme :— D’accord. 8h demain matin. Assurez-vous que tout est prêt.Mon cœur se serra. Trois billets ? Pour qui ? Et pourquoi un vol aussi tôt ?Je poussai doucement la porte.— Idriss ? dis-je d
Point de vue : AnastasieDe l’autre côté de la ville, loin de la maison tranquille de Myriam, une autre femme s’affairait dans sa cuisine.Anastasie, la deuxième femme d’Idriss, alignait les couverts sur la table avec la précision d’une routine bien établie. Comme chaque soir, elle préparait le dîner pour quatre : elle-même, ses deux filles, et Idriss.— Naomie ! Jade ! Venez mettre les serviettes ! lança-t-elle.Naomie, l’aînée de 17 ans, sortit de sa chambre, l’air fatiguée. Elle rentrait du travail, encore en uniforme de l’entreprise où elle faisait un stage.Jade, sa petite sœur de 14 ans, descendit avec un livre dans les mains.— Tu peux poser ça cinq minutes, Jade ?— C’est pour demain, maman… C’est le bac blanc.— Je sais, mon cœur. Mais le dîner, c’est sacré. Tu sais comment est ton père.Elles s’activèrent autour de la table, pendant qu’Anastasie retirait la marmite du feu. Un bon riz au gras, sa spécialité. Elle voulait que tout soit parfait. Idriss aimait que tout soit prêt
Dans un coin paisible de la ville, vivait une femme nommée Myriam, douce, discrète, aimante. Depuis plus de trente ans, elle partageait sa vie avec Idriss, son mari. Un homme de 57 ans, travailleur, toujours bien habillé, respecté de tous.Ils formaient ce que beaucoup appelaient « un couple exemplaire ».Ils avaient trois enfants. Leur fils aîné, Malik, âgé de 28 ans, travaillait à l’étranger. Les deux autres, Leïla et Samiya, vivaient encore à la maison, étudiantes et complices de leur mère.Myriam menait une vie simple, rythmée par la routine, les prières, la cuisine… et l’attente d’Idriss chaque soir.Je regardais l’horloge du salon pour la troisième fois en moins de dix minutes. Il était 21h12. Idriss était en retard.Je n’étais pas de nature méfiante… mais ce soir, je ne sais pas pourquoi, quelque chose me mettait mal à l’aise.J’entendais enfin la clé tourner dans la serrure.— Salam alaykoum, lança-t-il d’une voix fatiguée.— Wa alaykoum salam, répondis-je en me levant du cana