Gabriel de MontreuilLe vent est doux, presque timide, mais il porte avec lui une promesse que je ne peux ignorer. L’horizon devant nous s’étend à l’infini, et la mer, calme en surface mais profonde et agitée en dessous, semble murmurée des secrets anciens. Aïda se tient à mes côtés, ses yeux scrutant l’espace ouvert devant nous. Nous sommes partis à la recherche de quelque chose, et je sens au fond de moi que la mer elle-même nous guide. Mais vers où, exactement ? Vers quoi ?— Gabriel, dit-elle, sa voix presque une caresse dans le vent, penses-tu que nous trouverons ce que nous cherchons ?Je tourne la tête pour la regarder. Il y a une lueur de doute dans ses yeux, un mélange de peur et d’espoir qui me rappelle qu’elle porte, elle aussi, son propre fardeau. Ce voyage, cette quête, ce n’est pas seulement le mien. C’est le nôtre, et chacun de nous doit trouver sa propre réponse.— Je ne sais pas, Aïda, je réponds en toute honnêteté. Mais je sais que nous devons continuer. Peut-être qu
Gabriel de MontreuilLe silence est pesant. Nous pénétrons dans les entrailles du navire, où l’air est humide, vieux, comme un souffle oublié par le temps. Aïda marche à mes côtés, ses pas aussi légers que les miens, mais je sens la tension palpable dans son corps. Elle sait, tout comme moi, que ce lieu n’est pas seulement un vaisseau, mais une porte vers quelque chose d’autre, quelque chose que nous n’avons pas encore compris.Les planches de bois craquent sous nos pieds, et l’odeur du sel, mélangée à celle du vieux cuir et du bois pourri, envahit mes narines. Autour de nous, des ombres se forment, se déforment, dansent au rythme des faiblesses de la lumière de nos torches. Les murs sont couverts de mousse, et chaque recoin semble abriter une histoire oubliée. Ce navire a vécu, souffert, et, peut-être, est-il le témoin d’une époque révolue.Aïda se tourne vers moi, son visage marqué par une intense concentration. Ses yeux cherchent, scrutent, comme si elle espérait découvrir un indic
Gabriel de MontreuilLa brise du matin s'élève, légère et froide. Le soleil n'a pas encore percé l'horizon, et tout autour de nous, la mer semble infinie, mais insondable. Le silence de la mer après la tempête est presque plus lourd que le tumulte qui l’a précédé. Le navire glisse lentement, ses voiles gonflées, mais la tranquillité qui nous entoure contraste profondément avec ce que nous avons découvert. La mer nous a révélés quelque chose d'insondable, quelque chose que nous n'avions pas anticipé.Aïda se tient à mes côtés, son regard fixé sur le livre que nous avons découvert. Il est posé devant nous, sur le pont, ouvert à la dernière page. Elle a passé des heures à étudier chaque mot, chaque symbole, chaque lettre. Je vois l'incertitude dans ses yeux, mais aussi une étrange fascination, une inquiétude qui se mêle à une soif de vérité. Elle ne me dit rien, mais je la sens plus distante que jamais, comme si elle pressentait que nous ne revenons pas en arrière.— Gabriel, dit-elle en
Gabriel de MontreuilLa mer, vaste et indomptable, se déploie devant nous, son horizon sans fin où le ciel et l'eau semblent se confondre. Le vent a pris de la force, faisant gémir les voiles, et les vagues frappent le navire avec une violence que j'ai rarement ressentie. Mais nous n'avons pas le temps de nous laisser intimider. La tempête qui s'annonce n'est pas celle de la mer, mais celle des hommes. L’Empire arrive, et cette fois, il ne viendra pas seulement chercher nos têtes, mais bien l'âme de ce que nous sommes.À mes côtés, Aïda reste silencieuse, son regard fixé sur l'horizon, mais je sais que son esprit travaille. Elle sent, tout comme moi, que quelque chose d'encore plus grand que cette simple bataille se prépare. Les vagues grondent, les cieux s'assombrissent, et dans la lumière pâle du matin, une silhouette sombre émerge lentement. Le vaisseau amiral de l’Empire.Je sens un frisson parcourir mon échine. Ce navire, ce monstre de bois et de fer, n’a rien de naturel. Il semb
Gabriel de MontreuilLes vagues déchaînées frappent le flanc de notre navire avec une furie inouïe, mais je tiens fermement le gouvernail, mes mains glissant sur le bois lisse comme si la mer elle-même m’avait choisi. La bataille fait rage autour de nous, le bruit des canons, des épées s’entrechoquant et des cris des hommes se mêlant à la tempête qui se déploie. Le vaisseau amiral de l’Empire est toujours là, plus menaçant que jamais, mais je ne fléchis pas. Cette fois, la mer est de notre côté.Aïda, tout à mes côtés, se bat avec une détermination sans égale. Elle est un tourbillon de fer et de feu, son épée frappant avec la précision d’un faucon qui fond sur sa proie. Je la vois au milieu de la mêlée, son regard empli de cette passion que je connais bien, cette soif de victoire qui fait d’elle une force de la nature. Elle me jette un regard rapide, une lueur d’encouragement dans les yeux, et son sourire, celui que je chéris plus que tout, est un phare dans cette obscurité.Les homme
Gabriel de MontreuilL’air est saturé de l’odeur âpre du feu et de la poudre, et les vagues grondent avec une intensité particulière, comme si elles aussi anticipaient l’issue de ce combat. Le vaisseau amiral de l’Empire, désormais à portée de nos canons, déploie ses voiles avec une majesté inquiétante, une force imposante qui se dresse devant nous comme une montagne. Mais rien, rien ne pourrait m’effrayer maintenant. Cette bataille est la nôtre.Le choc des épées, le fracas des canons, tout se mêle dans un tourbillon chaotique, et au milieu de ce vacarme, je sens la présence d’Aïda près de moi, son regard brillant d’une intensité qui me guide à travers le tumulte. Chaque coup porté est une danse parfaite entre nous, chaque mouvement exécuté dans un silence tacite, une communion parfaite entre deux âmes unies par le même désir : la victoire.Je me fraye un chemin à travers les soldats ennemis, mes yeux fixés sur le capitaine du vaisseau amiral, l’homme qui mène cette guerre contre nou
Gabriel de MontreuilLe vaisseau ennemi, désormais englouti dans le tourbillon de sa propre défaite, s’effondre lentement dans les eaux tumultueuses. Il y a des éclats d’acier et des cris, des voix qui s’éteignent dans l’immensité de la mer. Mais pour moi, tout cela semble étranger, presque irréel. Le seul bruit qui résonne dans mes oreilles, c’est le souffle d’Aïda à mes côtés, son regard à la fois fier et apaisé.La bataille s’achève enfin. L’Empire est en déroute, et nos ennemis fuient, leur vaisseau amiral réduite en ruines. Mais à quoi bon célébrer la victoire lorsque la guerre a laissé tant de cicatrices ? La mer nous a offert sa clémence, mais nous savons tous deux, Aïda et moi, que ce n’est pas la fin. Nous sommes fatigués, épuisés, et pourtant, l’horizon semble toujours aussi infini, aussi indomptable.Les hommes s’affairent sur le pont, nettoyant les armes, réparant les voiles, et pourtant, je reste là, immobile, les yeux fixés sur l’horizon. Ce n’est pas la mer qui me troub
Gabriel de MontreuilLes voiles de notre navire se gonflent sous l'impulsion d’un vent inattendu. Un vent qui ne semble ni hostile ni amical, mais porteur de quelque chose de nouveau. À l’horizon, la mer s'étend à perte de vue, une étendue d'eau infinie et mystérieuse, comme un livre ouvert sur de nouvelles aventures. Pourtant, en moi, le poids des années passées se fait toujours sentir. Chaque victoire, chaque perte, chaque tempête traversée a laissé une marque indélébile. Et aujourd'hui, un sentiment étrange me serre la gorge : l'incertitude.Aïda se tient près de moi, ses yeux fixés sur la mer, mais son esprit est ailleurs. Elle est mon reflet, une âme qui, elle aussi, porte le fardeau de la guerre et de l’amour. Je sais qu’elle se pose les mêmes questions que moi. Que faire de tout ce qui vient après la fin des batailles ? Après la dernière bataille gagnée, après les derniers sabres frappant la chair des ennemis ?Le vaisseau déchire l’eau avec une grâce nouvelle, un souffle diffé
Gabriel de MontreuilAïda s’accroche à la vie.Elle respire difficilement, allongée sur le pont du Pavillon Noir, son sang s’infiltrant entre les planches de bois comme une promesse maudite. Ses yeux sont mi-clos, sa peau, plus pâle que je ne l’ai jamais vue.Je presse ma main contre la plaie, ignorant le chaos qui nous entoure.— Tiens bon, Aïda. Tu m’entends ?Sa main tremble, se referme sur mon bras.— Gabriel…Sa voix est un souffle. Faible. Trop faible.M’Bala s’agenouille à côté de moi, son visage d’ordinaire impassible déformé par l’angoisse.— Il faut la descendre à la cabine. Vite.J’acquiesce, incapable de parler.Je la soulève avec précaution. Son corps est léger contre le mien, mais je sens la chaleur de son sang qui s’imprègne dans ma chemise. Je descends d’un pas rapide l’escalier menant à ma cabine, Diego à mes trousses, son bras toujours serré contre ses côtes blessées.À peine la pose-t-on sur la couchette qu’un cri résonne sur le pont.— L’ennemi revient !Je me fige
Gabriel de MontreuilJe serre la sphère dans ma main. Elle pulse, chaude contre ma paume, comme un cœur qui bat au rythme de la tempête à venir.— Au bateau ! crié-je.Aïda passe devant, Diego s’appuie sur M’Bala, les mâchoires crispées sous la douleur, mais il ne ralentit pas. Il sait que s’arrêter, c’est mourir.Nous dévalons la pente rocailleuse qui mène à la crique où nous avons laissé nos canots. Derrière nous, les premiers coups de semonce retentissent.— Ils tirent du large ! hurle Aïda.Je lève les yeux .Une lueur s’élève dans le ciel nocturne.Un boulet enflammé.Il fend l’air avec un sifflement sinistre avant de s’écraser sur la plage, soulevant une gerbe de sable et de roche.Trop près. Beaucoup trop près.— Plus vite !Nos canots sont là, amarrés sous les hautes falaises, bercés par une mer agitée. Nos hommes nous attendent, armes en main. Lorsque nous bondissons à bord, les rames plongent immédiatement dans l’eau noire, propulsant nos frêles esquifs vers la haute mer.Et
Gabriel de MontreuilLe coup de feu éclate.Le commandant espagnol, toujours posté à l’entrée de la crypte, nous observe avec un sourire cruel. Autour de lui, ses hommes s’engouffrent dans la salle, fusils braqués.— Fin de la route, capitaine Montreuil.Il recharge calmement son pistolet, sûr de lui, sûr de sa victoire.Mais il ignore une chose.Nous avons la sphère.Et ce temple est vivant.Je serre l’orbe dans ma main, et dès que mes doigts effleurent les symboles gravés sur sa surface, une onde étrange pulse à travers mes veines.Les murs vibrent.Les fresques illuminées par la lueur des torches s’animent, comme si les figures sculptées s’éveillaient d’un long sommeil.Puis, dans un grondement sourd, la pierre sous nos pieds commence à se fissurer.L’instant d’après, une explosion d’énergie jaillit du cœur de la sphère.Un vent violent balaye la crypte, projetant poussière et éclats de pierre dans toutes les directions.Le commandant espagnol recule d’un pas, pris de court.— Que
Gabriel de MontreuilIls sont là.Aïda, Diego et M’Bala se placent à mes côtés, leurs armes prêtes. Nous échangeons un regard. Il n’y a pas besoin de mots. Nous savons tous ce qui nous attend.Puis la première silhouette émerge de l’obscurité.Un soldat espagnol, fusil en main, la cuirasse poussiéreuse mais l’œil alerte.Derrière lui, d’autres apparaissent, une colonne disciplinée, armée jusqu’aux dents.Et au milieu d’eux, une silhouette plus imposante, drapée dans un manteau noir.Le commandant en charge.Il fait un pas en avant, nous observant comme un prédateur jaugeant ses proies.Puis il sourit.— Gabriel de Montreuil…Sa voix est calme, posée, et pourtant, elle me glace le sang.— L’Empire sait qui tu es. Nous suivons tes traces depuis longtemps. Et aujourd’hui, nous mettons enfin la main sur ce que tu cherchais.Je serre les dents, mon sabre fermement tenu dans ma main.— Si vous êtes venus chercher un trésor, vous vous êtes trompés d’endroit, lancé-je d’une voix glaciale.L’h
Gabriel de MontreuilJe m’approche à mon tour. Les motifs aztèques s’entrelacent avec des inscriptions en espagnol, comme si deux mondes s’étaient affrontés ici. Je lis à voix basse :"Là où dorment les rois, seule la clé ouvrira le passage."Je serre le médaillon dans ma main. Mon père a suivi ces mêmes indices. Il a tenu ce même médaillon. Mais lui… n’est jamais revenu.— On continue, dis-je en avançant.Le couloir s’enfonce dans les entrailles du temple, serpentant entre des colonnes massives et des alcôves remplies de statues de guerriers figés dans la pierre.Puis nous arrivons devant une immense porte de pierre, barrée par une barre de métal rongée par le temps.Je m’approche et examine le centre de la porte.Là, gravé en relief, se trouve le même œil que sur mon médaillon.Je prends une profonde inspiration et pose le bijou contre l’empreinte.Un grondement sourd résonne dans le temple.La pierre tremble.Puis la porte s’ouvre lentement, révélant une salle gigantesque.---Aïda
Gabriel de MontreuilDepuis que nous avons quitté le San Telmo, une tension sourde s’est installée à bord du Pavillon Noir. L’équipage murmure, certains parlent de malédiction, d’autres de trésor interdit. Mais moi, je garde les yeux rivés sur l’horizon. Je serre le médaillon dans ma main comme si ce simple objet pouvait répondre à toutes mes questions.L’inconnu qui nous a guidés jusqu’ici n’a pas cherché à nous suivre. Il s’est contenté de nous indiquer une direction, quelques coordonnées approximatives, avant de disparaître dans la nuit comme un spectre.Mon père est venu ici. Il a suivi cette même route, il a tenu ce même médaillon… et il a disparu.Je ne ferai pas la même erreur.— Gabriel, dit Aïda en s’approchant.Elle se tient droite, les bras croisés, mais je vois l’inquiétude danser dans ses yeux sombres.— L’équipage murmure, continue-t-elle. Certains disent que nous naviguons vers un piège. D’autres veulent savoir ce qu’on cherche exactement.Je soupire.— Qu’est-ce que tu
Gabriel de MontreuilJe referme le journal de mon père d’un geste sec. Mon cœur bat trop vite, mes pensées s’entrechoquent. Cet homme, ce spectre du passé qui se tient devant moi, sait quelque chose. Il en sait bien plus qu’il ne le laisse paraître.— Ce journal s’arrête brutalement, dis-je en levant les yeux vers lui. Mon père a écrit qu’il allait descendre dans les profondeurs du San Telmo. Alors dis-moi : où est-il allé ? Qu’a-t-il découvert ?L’inconnu me fixe sans ciller. Pendant un instant, j’ai l’impression qu’il savoure mon impatience.— Il a trouvé ce qu’il cherchait, finit-il par dire.— Et c’était quoi ?Il ne répond pas immédiatement. Son regard glisse vers le fond de la pièce, vers une seconde porte, plus discrète, à moitié dissimulée derrière un rideau de toile déchirée.— Si tu veux connaître la vérité, tu dois voir par toi-même.Je serre les dents. Cet homme joue avec moi, et je déteste ça. Mais je ne peux pas ignorer ce qu’il insinue.Je me tourne vers Aïda. Son expre
Gabriel de MontreuilLes mots de l’homme résonnent en moi comme un coup de canon en pleine tempête.— Ton père est déjà venu ici.Je reste figé, mon sabre encore levé, mon souffle court. Autour de moi, mes compagnons sont en alerte, mais personne ne parle. Même Aïda, pourtant si prompte à réagir, semble suspendue à cette révélation.— Tu mens, dis-je d’une voix plus rauque que je ne le voudrais.L’homme sourit, lentement, comme s’il savourait mon trouble.— Pourquoi mentirais-je ? murmure-t-il.Il fait un pas en avant. Je ne recule pas.— Il y a bien des années, ton père a cherché le San Telmo. Il a cru qu’il trouverait ici… quelque chose.Je serre les dents, mon esprit s’emballe. Mon père… ce nom que je n’ai entendu que dans les souvenirs de ma mère, dans les murmures du passé. Il a disparu en mer quand j’étais encore un enfant. Depuis, il n’était plus qu’une ombre, un fantôme emporté par les vagues.Et maintenant, cet inconnu prétend qu’il est venu ici avant moi ?Je veux des répons
Gabriel de MontreuilLe Pavillon Noir fend les vagues, sa coque grinçant sous la pression des vents nocturnes. La brume s’accroche à la mer comme une écharpe funèbre, étouffant tout bruit au-delà du claquement des voiles et du bruissement de l’eau contre le bois. L’équipage est silencieux. L’histoire du San Telmo s’est répandue parmi les hommes, et je sens la crainte s’insinuer comme un poison dans leurs veines.Aïda s’approche de moi, ses yeux sombres fixés sur l’horizon invisible.— Miguel ne plaisante pas avec ces choses-là, dit-elle d’une voix basse.Je ne réponds pas tout de suite. Son souffle est chaud contre le vent glacial.— Ce n’est qu’un navire, murmuré-je enfin.— Un navire qui ne devrait pas exister.Je tourne la tête vers elle. Aïda n’est pas du genre à croire aux légendes. Mais ce soir, une ombre traverse son regard.— Tu as peur ?Elle me fusille du regard.— Je n’ai pas peur des navires fantômes. J’ai peur de ce que l’Empire cherche vraiment.Je hoche lentement la têt