Séance tenante, j'ai décidé de prier pour Pauline. Contrairement aux visionnaires de l'église du christianisme céleste, je n'ai pas pris de disposition particulière. Pas de bâillon. Pas de lien. Je ne lui ai même pas imposé les mains. J'ai fait comme j'en avais l'habitude. C'est à dire que je lui ai simplement demandé de se tenir debout, à peu près à un mètre de distance de moi, les mains levées. Docilement, Pauline a obéit. Elle a fermé les yeux et s'est disposée. J'ai alors élévé la voix pour invoquer la puissance de l'Eternel. J'ai demandé à ce dernier de rompre tous les liens qui liaient son enfant et par l'autorité dans le nom de Jésus, j'ai ordonné à l'esprit du mal de quitter Pauline.
Honte à moi, c'est avec sceptisisme que je prononçais tous ces mots. Je priais sa
Il m'en a fallu du temps pour me remettre de ma surprise. Au lieu de réagir sur le coup, j'ai perdu de précieuses minutes à observer le démon, incrédule, les yeux exorbités. J'étais tellement décontenancé. Pas seleument par son apparition soudaine, mais également par son apparence. Pour m'affronter, cet ange déchu avait choisi de se présenter sous son meilleur jour. Il s'était mis sur son trente et un. Alors que moi le serviteur du Dieu tout puissant j'étais vêtu d'un maillot de corps troué et d'un vieux pantalon jogging, l'acolyte du père du mensonge était élégant dans un impéccable costume. Il avait même une cravate ! Ainsi apprêté, il avait plus l'air d'un homme d'affaires que d'un esprit malin.Ce constat m'a dérouté sur le moment. Mais après réflexion, je n'ai rien trouvé d'
Près de la fenêtre, Xavier se tenait en retrait. Un verre de vin à la main, il savourait discrètement son apéritif. Dans quelques minutes, le repas n’allait pas tarder à être servis. En attendant, il patientait. Pour s’occuper, il se plaisait à jauger chacun des invités. À ’ap
Dans l'immense salle de réception du palais du gouverneur Reste, Agnès Le Bourgeois déambulait. Vêtue d'une élégante mais vielle robe en mousseline, elle semblait flotter. Le buste droit et la tête haute, elle se déplaçait avec une grâce toute calculée. Parmi les convives, elle errait d'un groupe de personnes à l'autre. Discrètement mais attentivement, elle scrutait chaque visage. A la voir ainsi, elle intriguait, piquait au vif la curiosité de certains admirateurs. Donnant l'impression de s'être égarée, elle semblait chercher à se retrouver. Il n'en n'était rien. Ce que cherchait Agnès, ce n'était pas son chemin, mais plutôt quelqu'un. Agnès cherchait son père. Ensemble, ils s'étaient rendus à la réception. La jeune femme avait beaucoup insisté à cet effet. Non que cet évén
À la véranda de l'imposante villa qui supplantait tout le domaine, une silhouette se percevait dans l'obscurité de la nuit. En avançant de plus près, Xavier reconnu sans difficulté Eba, la fille du contremaître. De qui d'autre aurait-il pût s'agir ? Qui d'autre aurait-il pût perdre son temps à l'attendre jusqu'à une heure aussi tardive ? Seule la jeune fille avait cette patience. Elle seule également parmi tous les employés du domaine avait l'autorisation de se tenir sur le porche de la demeure. Elle seule avait également reçut son autorisation pour bien d'autres privilèges. A la jeune fille à laquelle il s'était pris d'affection, Xavier ne pouvait rien refuser. En l'observant se lever prestement et courir à sa rencontre, le jeune maître sourit. Il savait qu'elle allait s'enquérir du déroulement des évènements de la soir&
Quand Eba poussa doucement la porte en bois, la jeune fille eût une surprise. Ils étaient là, ses deux parents qu'elle croyait couché depuis fort longtemps. Ils étaient toujours debout et avaient même de la visite. Dans la pièce exiguë qui servait à la nombreuse famille de salle de séjour, son père recevait un inconnu. Jeune, la peau aussi noir que la sienne, ce dernier semblait bien étrange avec sa chemise blanche soigneusement fourrée dans son pantalon beige. Face à son père, lui et ce dernier se tenaient tranquillement assis autour de la table. Debout près d'eux, Effoua sa mère faisait le service. Soigneusement, celle-ci s'appliquait à remplir les deux verres des hommes de «coutoutou». Partout dans la minuscule pièce, l'odeur forte et entêtante de cet alcool artisanale flottait dans l'air. Grisés par le breuvage enivrant, les de
Dans son boudoir, Xavier était installé confortablement. Ses longues jambes posées l'une sur l'autre sur le guéridon centrale, il fumait en silence un cigare, un verre de cognac à la main. Perdu dans ses pensées, il savourait le doux nectar lorsque N'wozan , son domestique signala sa présence.—Tu peux entrer N'wozan , fit-il à l'intention du domestique.—Pardonnez de vous déranger mais, monsieur a de la visite, annonça poliment le serviteur.Intrigué, Xavier haussa un sourcil interrogateur avant de se redresser. Qui cela pouvait-il bien être ? Qui pouvait oser le déranger à une heure pareille ? pensa t-il en reposant son verre sur la petite table.—Kouamé votre frère il est arrivé dans la soirée, crut bon d'ajouter N'wozanface au regard interrogateur du jeune maître, il vous attend en bas.A l'a
Dans la cuisine située à l'arrière de la vaste demeure de Xavier qui faisait face à l'immense jardin, Effoua s'activait. Le nez dans les marmites, la femme du contremaître préparait le déjeuner pour le propriétaire du domaine et son demi frère. A ses côtés, Eba lui donnait un coup de main. Du moins, c'était ce qu'elle essayait de laisser paraître. Distraire, la fille d'Ezan avait la tête ailleurs. Ses yeux, elle les gardait rivés sur le jardin. Adossée à l'une des fenêtres, elle l'observait. Discrètement, Eba épiait Kouamé, le mystérieux frère de Xavier. A l'ombre du géant acacia, le jeune homme se tenait tranquillement assis. Un livre entre les mains, il semblait plongé dans sa lecture. Qu'est-ce qu'il pouvait bien lire ? se demandait Eba intriguée. Elle aurait bien voulu savoir. Curieuse,
A l'heure du déjeuner, Xavier était là. Il était de retour de ses plantations. Toute la journée, le propriétaire du domaine l'avait passé sous le soleil. Sur la supervision du vieux Ezan, il avait inspecté le travail de ses manœuvres. A présent, il était éreinté. A grosses gouttes, il suait. Il faisait tellement chaud. Tout de suite, il sentit le besoin de respirer l'air frais du jardin. Sans surprise, il y retrouva son demi frère. Ce dernier n'avait pas bougé. Là où Xavier l'avait laissé plus tôt dans la matinée, Kouamé était toujours assis. Un vrai paresseux, pensa t-il avec dédain. Bien qu'il aurait voulu se passer de cette formalité, Xavier s'obligea à échanger quelques mots avec lui. Sans entrain donc, il le rejoignit en bas du géant acacia où ce dernier était install&
Il m'en a fallu du temps pour me remettre de ma surprise. Au lieu de réagir sur le coup, j'ai perdu de précieuses minutes à observer le démon, incrédule, les yeux exorbités. J'étais tellement décontenancé. Pas seleument par son apparition soudaine, mais également par son apparence. Pour m'affronter, cet ange déchu avait choisi de se présenter sous son meilleur jour. Il s'était mis sur son trente et un. Alors que moi le serviteur du Dieu tout puissant j'étais vêtu d'un maillot de corps troué et d'un vieux pantalon jogging, l'acolyte du père du mensonge était élégant dans un impéccable costume. Il avait même une cravate ! Ainsi apprêté, il avait plus l'air d'un homme d'affaires que d'un esprit malin.Ce constat m'a dérouté sur le moment. Mais après réflexion, je n'ai rien trouvé d'
Séance tenante, j'ai décidé de prier pour Pauline. Contrairement aux visionnaires de l'église du christianisme céleste, je n'ai pas pris de disposition particulière. Pas de bâillon. Pas de lien. Je ne lui ai même pas imposé les mains. J'ai fait comme j'en avais l'habitude. C'est à dire que je lui ai simplement demandé de se tenir debout, à peu près à un mètre de distance de moi, les mains levées. Docilement, Pauline a obéit. Elle a fermé les yeux et s'est disposée. J'ai alors élévé la voix pour invoquer la puissance de l'Eternel. J'ai demandé à ce dernier de rompre tous les liens qui liaient son enfant et par l'autorité dans le nom de Jésus, j'ai ordonné à l'esprit du mal de quitter Pauline.Honte à moi, c'est avec sceptisisme que je prononçais tous ces mots. Je priais sa
Quand je lui ai posé la question, Pauline n'a pas su quoi me répondre.— Je ne sais pas, a t-elle lâché confuse. Je vous jure que je ne m'en souviens pas.Je n'ai pas pu m'empêcher de la regarder bizarrement. Comment ça elle ne s'en souvenait pas ? Ce n'était pas logique. Elle devait forcément me mentir. J'ai même cru à un instant qu'elle se foutait de moi. Alors, je l'ai pressé. Au moyen d'un discours moralisateur, je l'ai sommé de me dire la vérité. Mais la jeune dame restait campée sur sa position.— C'est vrai pasteur. Je ne me souviens pas. Je vous l'ai dit. A partir du moment où j'ai vu les portes se refermer, c'est le trou noir....Ce n'est que bien plus tard dans la matinée que Pauline revint à elle. Et elle ne se retrouva pas couchée dans un lit quelque part à l'abris bien en
Conduite par l'homme de Dieu, Pauline pénétra dans le temple de l'église du christianisme céleste. Celle-ci était petite et vide. Il n'y avait aucun siège. Dans un coin,les chaises en plastique avaient été empilées. La salle comportant des piliers avait les murs peint en bleu. La décoration de l'église du christianisme céleste semblait être copiée sur celle de l'église catholique à des limites près. Pauline s'y croyait avec l'estrade tout au fond où trônait l'autel et une grande croix représentant le Christ crucifié, à l'exception de ce gigantesque œil surmonté d'un arc-en-ciel.Il semblait la fixer tandis qu'elle avançait dans la salle où tous semblaient l'attendre. Parmi eux, Pauline aperçut tout de suitele chef Samuel. On ne pouvait pas ne pas le remarquer avec l
A peine les yeux fermés, Pauline sombra dans un profond sommeil. La chaleur étouffante qui régnait dans la sinistre pièce ne l'empêcha pas de dormir à poing fermés. Sa position inconfortable non plus. Encore moins les chaînes qui liaient ses poignets. Malgré ses circonstances peu adéquates, Pauline roupillait. Elle en oubliait la situation dramatique qu'elle traversait. Elle en oubliait son angoisse. Elle s'oubliait. Elle oubliait tout. Plus rien n'existait. Le sinistre cagibi où elle était enfermée semblait avoir disparu. Pauline s'imaginait être ailleurs. Elle n'était plus couchée à même le sol mais dans un lit. Un grand lit. Un grand lit bien confortable avec des draps soyeux.Ces draps l'enveloppaient. Ils lui effleuraient la peau. Ils la caressaient. Quel délice ! C'était le paradis. Dans son rêve, Pauline frémissait.
Inquiet, le chef visionnaire se demandait si ce n'était pas le cas. Il fallait vérifier. Il se hâta de s'agenouiller près de Pauline. Il posa deux doigts sur sa carotide et attendit. Il ne tarda pas à avoir un poul. Sous la peau de ses doigts, il pouvait sentir les pulsations cardiaques. Ouf ! soupira profondément l'homme de Dieu.Pauline était vivante. Dieu soit loué ! Le chef Samuel était soulagé. Au moins, il n'avait plus de soucis à se faire de ce côté là.En effet, Pauline commença à manifester des signes vitaux. Elle clignait des paupières. Elle gémissait et remuait doucement les lèvres, murmurant des mots imperceptibles.— Quoi ? lui demanda le chef Samuel qui baissa un peu plus la tête vers elle et pencha son oreille plus prêt de sa bouche. Qu'est-ce que tu dis ?
J'avais tout le corps couvert de chair de poule. Saisi par l'horreur des faits que m'a narré Pauline, je ne me suis même pas rendu compte que celle-ci avait arrêté de parler. Depuis quelques minutes, elle s'était interrompue. Encore !Pour moi qui buvais chacun de ses mots, cette nouvelle interruption a été de trop. Mais quand j'ai remarqué l'état de stress dans lequel elle était, j'ai vite ravalé ma frustration.En effet, le simple fait d'évoquer les évènements qu'elle avait vécu dans cette chambre d'hôpital avait paru lui faire revivre son cauchemar. Si vous l'aviez vu à cet instant précis ! On l'aurait cru en transe.Une expression de panique sans nom animait son regard terrifié. En plus, elle avait les mains qui tremblaient. A la voir ainsi, j'en ai été intimement convaincu : ce qu'elle avait vécu ce fameux soir était terrible !Mais...à bien y réfléchir, que lui était-il arrivé exactement ?Au début, moi-même je n'ai pas compris. C'est que Pauli
Chapitre 21« Que le sang de Jésus me couvre, que le sang de Jésus me couvre...» priait Pauline. Elle n'arrêtait pas. Les deux mains jointes l'une dans l'autre, elle ne se lassait pas d'implorer le secours divine. Pauline avait tellement peur. Son cœur battait fort. Dans sa poitrine, il tambourinait à tout rompre. Elle en avait le souffle court. Paralysée, elle ne bougeait plus. Elle ne respirait plus. Les yeux déments, elle fixait le vide.Pauline attendait. Crispée, elle attendait que les évènements s'échaînent, que le pire arrive, que du néant surgisse Sidoine.Mais ce dernier semblait prendre son temps... Il se faisait désirer. Il faisait durer le suspense. Fidèle à lui-même, il prenait un malin plaisir à la tourmenter.« Pauline ! Pauline...mon amour !", continuait-il de l'appeler.A deux doigts de
Le temple de l'église du christianisme céleste était animée en ce milieu de journée. Certes, il n'y avait pas foule. Neamoins, quelques fidèles étaient présents. A sa guise,chacun d'eux s'occupait. Attroupé sous le préau qui donnait accès au lieu de culte, les uns étaient assis en groupe. Dans la cour, les autres se pavanaient. Vêtus de longue robe blanche pour certains et de vêtement ordinaire pour d'autres, ils étaient tous pieds nus.Pauline et Odile ne dérogèrent pas à cette règle. Dès l'entrée, les deux jeunes femmes durent se délester de leur chaussures. — J'espère qu'on ne va pas nous les voler, déclara Pauline en ôtant sa paire de sandales.— Bien-sûr que non, lui promit Odile qui en faisait de même. Il n'y a pas d'inqu