Louise est une femme bien sous toutes les coutures. Elle est en couple depuis quelques années avec Paul mais sent leur amour s'essouffler depuis sa rencontre avec Agnès. Louise lutte contre ses émotions qu'elle voudrait taire. Paul la demande en mariage et de l'autre côté Agnès exerce une pression sur elle. Quelle voix écoutera-t-elle ?
View MoreC'était la première fois que je rentrais dans un cabinet de thérapeute. Je ne savais pas à quoi m'attendre: des diplômes partout sur les murs pour montrer qu'il maîtrise son sujet, des plantes pour me relaxer, des Kleenex en cas de pleurs, un joli divan pour m'y allonger.Et le thérapeute lui-même, je ne sais pas pourquoi mais je l'imaginais chauve et avec un ventre bien rebondi. Avant d'entrer, j'avais entendu sa voix. Je ne l'avais pas aimée. Je l'avais trouvée sans chaleur et sans émotion.Aussi froide qu'un gant de toilette placé sur le front pour atténuer la fièvre.
J'aimerais jeter le téléphone dans une poubelle et partir en courant, mais encore une fois, ça prouverait ma lâcheté. Je dois affronter Paul, lui dire que les mots déposés dans la cuisine disaient vrai. Il aura mal. Ça me fera pleurer car dans le fond, je sais qu'il est le perdant de l'histoire. Mon téléphone sonne encore. Pourquoi il insiste? Il n'a toujours pas compris? Je pensais avoir été claire, pourtant. Je le savais attaché mais là, j'ai l'impression d'avoir vécu avec une sangsue. Et si c'était un psychopathe? J'ai peur qu'il me fasse chanter et me parle de suicide à coup de médicaments! Et là, à cette simple pensée, c'est plu
654B. Un code qui peut mener au plaisir comme au pire des tourments. Je ne sais même plus si je veux le composer. Je le fixe, l'air interrogateur et me demande si je ne suis pas en train de faire la pire erreur de ma vie. Je pensais avoir fait une grave erreur en vivant avec Paul pendant 8 ans mais, je me dis qu'on peut toujours innover, que rien n'est figé.Un amour, même prononcé un soir mal éclairé, peut se dire que l'heure de repartir est arrivée.C'est terrible, quand on y pense. Mais pourquoi ce profond sentiment de culpabilité m'approche et m'empêche de respirer? Bon sang, je suis libre! J'
Un coup d'œil à ma montre me prouve qu'il est 8H37. Quelle précision. J'avais au moins ça en commun avec Paul. Ce respect du détail et de la clarté. Il est encore tôt et je me sens bien dans les rues presque désertes. Je crois à une seconde vie, du moins à sa possibilité. J'ai envie d'y croire et de me dire qu'à 38 ans, tout peut se reconstruire. On détruit des maisons pour les rendre plus belles. Moi aussi, j'y ai droit. Je veux rompre avec cette ancienne vie. Je me surprends à découvrir une longue liste de désirs: danser la salsa à moitié nue, boire un chocolat chaud dans une Pyramide Egyptienne, faire l'amour dans les ruines d'un château, Dormir dans un champ de fleurs, me baigner dans un lac suédois glacé...
Intérieurement je bouillonnais. Non, pas de plaisir ni d'amour mais de regrets.J'avais le même regret que l'on ressent après avoir avalé une énorme tarte aux pommes. Sur le moment, c'est doux, c'est frais, c'est bon. Mais après? Que reste-t-il? Je suis désolée d'éprouver des regrets. J'ai couché avec Paul pendant qu'il me faisait l'amour. Il m'a susurré des mots que je ne veux même pas répéter. Des mots tendres mais je ne les veux plus.J'ai senti qu'il avait changé de méthode. Il a tenté d'innover. Il a changé trois fois de position, cherchant sans doute à m'arracher des cris d'excitation. J'ai été incorrecte. J'ai regardé l'horloge au-dessus du canapé et j'ai espéré qu'elle avance plus vite,
Non, je ne m'y attendais pas. J'avais remarqué son regard légèrement perdu. Il me faisait penser à un adolescent qui, après avoir repéré une fille dans la cour de récréation tenait absolument à rentrer chez lui avec son numéro. Je m'attendais à tout sauf à ça ! Quand vais-je enfin cesser mon hypocrisie ? Quand vais-je prendre conscience que Paul et moi, ça fait plus de 8 ans et qu'au bout de tant d'années, on ne peut plus se contenter d'un simple ' Bonjour' matinal ? Et la nuit dernière, je frissonne quand j'y repense. Je crois vraiment avoir senti ses mains caresser ma poitrine. D'une main douce et légère, oui. Mais l'y avais-je invité ? Carole ne me comprend pas. J'ai ce qu'elle n'a pas et qu'elle rêverait d' avoir.
J'ai replié la lettre et j'ai longuement hésité à l'envelopper. Y mettre une enveloppe colorée aurait un peu été comme lui offrir un cadeau avec un joli sourire. Un cadeau, même mal choisi, fait plaisir, apporte un peu de joie parce qu'on se dit toujours que c'est l'intention qui compte, que la personne a pensé à nous.Oui, j'ai pensé à Paul mais cette lettre n'a rien d'un présent. Ma lettre va lui laisser un sale goût d'amertume dans la bouche, comme s'il avait bu la tasse en pleine mer. Il va s'étrangler avec la bouteille de vin. Je vois déjà la scène.
Oublie-moi. Imagine que tu ne m'as jamais rencontrée. Range-moi dans le tiroir de tes souvenirs. Les bons comme les mauvais. Je m'en moque. Ne fais pas le ménage dans notre histoire. Tu n'y trouveras rien d'extraordinaire de toute façon. Vois-moi comme si j'étais un grain de poussière. C'est pas bien méchant mais à quoi sert-il ? Il gâche le paysage.En fait non, pourquoi me rabaisser dans cette mésaventure ? Pourquoi devrais-je encore culpabiliser de te demander d'effacer ce qui nous relie. Tu m'avais dit que nous deux « ce serait à jamais ». Je demeure désormais sourde à cette forme de chantage. Oui, c'est du chantage, Paul. Bon sang, qu'est-ce que tu t'es ima
Ce matin Paul est parti tôt de la maison. Il m'a parlé d'un contrat très urgent à signer. Je l'ai laissé se sauver et une pensée cruelle m'a envahie. C'est gênant mais pendant une fraction de seconde, je me suis mise àsouhaiter qu'il ne revienne pas, qu'il reste des heures bloqué à signer ce fichu bout de papier. Je ne l'ai pas interrogé comme j'aurais pu le faire dans le passé. Je me moquais de savoir si cet appartement à fière allure reviendrait à un rentier ou à un jeune étudiant en histoire de l'art. Je m'en fichais éperdument. C'était comme si ma langue s'était fait la malle pendant la nuit. Comme mes sentiments. J'en frissonne rien qu'à cet aveu. Ça me tranche presque la gorge de me dire que je ne ressens aucun manque, que je me r
Je sais ce que tu vas dire mais crois-moi, j'ai essayé. Et pas qu'une fois. Je me suistimidement regardée à maintes reprises dans la glace avec un air détaché et j'ai prononcé ces trois mots qui ont le don de frapper à la poitrine : « Je te quitte ». Je les ai vraiment dits, je t'assure. Assez fort même, dans l'espoir qu'il les entende et se fasse une raison. A 39 ans, il serait peut-être temps, non ? Il ne peut pas rester à contempler cet amour ronchon qui lui tourne le dos. Même un coup de vent glacial n'a pas le courage de me faire aller vers lui. Lui ai-je trop donné ? Suis-je cet athlète qui, arrivé en bout de course se dit qu'il n'a plus de forces ? Je les ai eus, mes quart d'heures de gloire, mes heures aussi, où je récoltais sa sueur s'échapper d
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