Je pénètre dans la maison juste derrière eux et comme à l’extérieur, la même agitation règne : papi sécurise à nouveau les volets, mamie renforce les portes, et moi ? Je me sens impuissante sur le moment, ils commencent même à me transmettre leur sentiment de panique et d’angoisse. Alors je m’assois simplement et les observe : ils ont l’habitude, ce n’est pas la première fois qu’ils font tout ça, car tout est exécuté presque mécaniquement, mais aussi très rapidement… une fois que la maison est complètement cloîtrée, plus personne ne peut rentrer ni en sortir. ( Quelques heures plus tard : ) Le repas a été silencieux, stressant et assez rapide lui aussi, je pense que mes grands-parents ont préféré malgré eux écourter ce moment , cette soirée, mais aussi cette journée, ou plutôt, cette nuit de pleine lune. Je crois bien que le plus terrifiant dans tout ça c’est de ne pas pouvoir regarder vers l’extérieur, de ne pas savoir, ne pas pouvoir voir ! Moi, ça me ronge, je n’aime pas ce
Je suis sous le choc, il a bondi jusqu’ici en un simple clignement de cil, il s’est retrouvé là sans même passer par la porte, ni même devoir escalader la façade… Je suis figée, mon corps, mon esprit, mon souffle, tout se bloque face à lui, enfin, jusqu’à ce qu’il fasse un pas vers moi, ce qui fait qu’instinctivement je recule d’un pas moi aussi, puis de deux, et jusqu’à ce que mon dos se plaque contre l’un des murs du grenier. — Mira… Son chuchotement me transperce quand il me fait face à nouveau et que mon prénom s’échappe du bout de ses lèvres…Quand mon regard remonte droit sur le sien et que j’ose enfin le fixer, ce que j’y vois me percute immédiatement : la couleur de ses yeux a changé, ils ne sont plus dorés ou ambrés, ils sont rouges, rougis de toutes parts… — Kalyus, tu ? Les pulsations que m’envoie mon cœur se font plus rapides et brutales, son regard pénètre le mien et il me capture et m’enferme à l’intérieur, je ne peux plus rien faire, je suis totalement bloquée fac
Dans la seconde qui suit, je suis saisie brusquement et plaquée contre son torse, sa chaleur m’enveloppe immédiatement, il enlace fermement ses bras forts et musclés autour de moi et se précipite sans attendre vers la fenêtre : il plonge dans le vide sans même réfléchir… Mon cœur reste suspendu dans l’air, jusqu’à ce que ses pieds touchent et s’enfoncent sans un bruit dans le sol, à ce moment-là je prends conscience que Kalyus est en train de me kidnapper, il m’emporte dans son territoire avec lui pour faire de moi sa “compagne” et moi, je suis totalement figée dans ses bras, je ne réagis même pas. Sans un mot, il s’élance droit devant lui et fonce dans une course folle jusqu’au nord, je suis écrasée par la pression de l’air tellement qu’il court à vive allure , c’est hallucinant voir même impossible de courir aussi vite, très rapidement nous arrivons dans la forêt qui borde son territoire. Il ralentit à mesure que nous approchons et dès que nous pénétrons à l’intérieur, des cris
Mais je crois que je ne me trompe pas , parce qu’il incline la tête comme si il m’avait comprise cette fois encore , puis il recule de deux pas et se remet à renifler de nouveau tout autour de moi… Il s’agite juste après en me tournant autour tout en relâchant de petits grognements qu’il tente de contenir sans réellement y arriver, le constat est brutal pour moi : Ce loup lutte contre lui-même, contre ce qu’il est, contre ce besoin viscéral de me mordre. Je me perd un bref instant dans mes pensées, car je le ressens dans ma chaire et au plus profond de moi que cette chose en lui est incontrôlable et qu’il a vraiment de plus en plus de mal à la contrôler… Quand soudain… Il bondit sur moi sans même que je ne l’anticipe , il me plaque au sol assez brutalement mais sans me mordre juste assez fermement pour que mon dos touche le sol. Je tente immédiatement de me débattre mais ça ne sert à rien car mes bras sont coincés sous son poids, il m’immobilise complètement et me domine entièreme
Mais cette fille, enfin cette chose qui est mi-humaine/mi-loup : Ezélya, ne bouge pas, elle ne l’écoute pas, à la place son regard reste planté sur le mien, elle me fixe et quelque chose en elle semble trembler je le vois tout de suite je ressens cette tension brutale, puissante… qui l’envahit et la submerge comme un orage qui gronde au fond de sa poitrine et de sa gorge.Elle fait tout d’abord un pas vers moi puis un autre, Kalyus ne bouge pas il la fixe du regard, Et moi, je suis toujours là allongée au sol à moitié redressée et toujours tremblante, mais surtout encore secouée par tout ce qu’il vient de se passer et par tout ce que je suis entrain de comprendre. La fille s’approche tout en me reniflant à distance, les narines grandes ouvertes mais aussi son regard noir qui me transperce, son visage se tord quand son nez frémit encore et qu’elle avance un peu plus dans ma direction.Elle est beaucoup trop proche à mon goût maintenant…Un réflexe me pousse à reculer d’un simple petit
Je cours , je fonce du plus vite que je peux ! Je zigzague même entre les arbres à en perdre l’équilibre pour me laisser une chance , je fais tout mon possible pour qu’elle ne me rattrape pas, mais c’est trop tard… Elle est beaucoup trop rapide , en tout cas, elle l’est beaucoup plus que moi. Une douleur vive me transperce subitement l’épaule quand une masse me percute de plein fouet… Je hurle en me faisant éjecter violemment dans les airs et je m’écrase brutalement quelques mètres plus loin en traînant mon corps sur le sol rocailleux, ma tête cogne quelque chose à ce moment-là et une brûlure vive me prend en plein dans le crâne , je sais alors que ma tête vient de s’ouvrir parce que du sang coule sur mon visage et que je n’arrive plus à respirer correctement. Tout se brouille autour de moi… Je ferme les yeux une petite seconde , et quand ils s’ouvre à nouveau elle est là, juste en face a mon visage ! Pas Ezélya, non, pas vraiment… c’est son loup cette fois à qui je dois
Je ne sais pas trop combien de temps s’est écoulé depuis que j’ai perdu connaissance : une heure ou même peut-être deux… ou peut-être plus, à vrai dire je n’en sais rien du tout… Mais quand j’ouvre enfin les yeux, une sensation étrange me transperce immédiatement : douce, presque chaude. Mon regard se baisse instinctivement et tombe directement sur lui (Kalyus), il est là, étendu torse nu et vêtu d’un simple petit short, juste à côté de moi et il semble endormi, son visage a l’air calme, détendu, presque paisible aussi. Je reste là un instant à le regarder, à écouter ce silence étrange et lourd qui m’entoure, à me perdre dans sa respiration chaude encore pendant quelques secondes… Puis, instinctivement, je tourne doucement la tête et découvre la pièce dans laquelle je me trouve. Je suis dans un grand lit, qui est lui-même dans une chambre encore plus grande, et au fond de la pièce, il y a cette baie vitrée : elle couvre presque tout un mur, et elle donne sur le cœur de la forêt.
Je ne saurais pas comment l’expliquer, mais j’ai l’impression que tout mon corps bouillonne, que la plaie que j’ai dans le cou vibre à son simple contact… Peut-être que c’est à cause de ça? Que c’est à cause de cette morsure que je ressens toutes ces drôles de sensations pour lui…Kalyus ne bouge toujours pas, mais son souffle se fait plus lourd, plus chaud, et enfin ses lèvres s’ouvrent quand il chuchote au coin des miennes. — Therénia ak solvi’ma… tua essenza mi divora… — (Ton odeur m’obsède… comme jamais rien ne m’a obsédé jusqu’à présent...) Sa voix est grave, basse, chargée d’une tension étrange, et à ce moment-là mon cœur fait un bond dans ma poitrine , et sans trop y réfléchir je lui répond. — Mais Kalyus, qu’est-ce qu’elle a de si particulier mon odeur ? Il se fige. Ses yeux rouges s’écarquillent légèrement, un souffle se bloque dans sa gorge quand il me regarde d’un air totalement choqué… Il relève un sourcil et me sourit ensuite en secouant doucement la tête tout
Je n’ai pas le temps de réellement réagir, que le sol gronde à nouveau, mais beaucoup plus fort cette fois-ci, d’une vibration beaucoup plus profonde, mais aussi plus violente à ressentir que la précédente…Un frisson me traverse le corps tout entier, il est brutal, presque instinctif, parce que mon corps sait avant moi que quelque chose ne va pas, et que ce qui va suivre va forcément nous mettre en danger, je le sais, je le ressens au plus profond de mon être, alors par réflexe, je recule d’un pas, Mado me serre la main et recule elle aussi, Loan grogne, et Kalyus commence à montrer les crocs.Et puis, plus rien, tout se stoppe un très court instant, il ne reste alors plus que nos regards inquiets et nos souffles coupés qui attendent avec appréhension que tout reprenne, et c’est exactement ce qui se produit… Un bruit sourd déchire rapidement le silence, et un énorme craquement sec se fait entendre juste après, un peu comme si la terre s’ouvrait en deux !Et puis, un autre, et encore
Je m’engouffre enfin dans la grotte, mon souffle est court, mes jambes lourdes, et mes poumons sont encore en feu après le violent étranglement qu’Ézelya m’a infligé juste avant… L’obscurité m’enveloppe aussitôt, l’atmosphère de l’endroit est froide, humide et presque étouffante, mais je continue, j’avance quand même, je pose l’une de mes mains contre la paroi rugueuse pour me guider, et je pose l’autre contre ma poitrine, là où mon cœur cogne avec une force brutale.Chaque pas résonne bruyamment autour de moi, un peu comme d’un écho venu d’un ailleurs… L’air ici est chargé, il est dense, et ça me laisse la sensation étrange que la grotte respire, ou je ne sais pas, mais c’est bizarre, c’est probablement peut-être moi qui commence à divaguer.Clairement, je progresse à l’aveugle et à tâtons pendant quelques très longues minutes, qui paraissent d’ailleurs durer une éternité, mais j’avance jusqu’à ce que j’aperçoive enfin une faible lueur, elle est diffuse, et elle émane du fin fond de
La Luna s’avance d’un pas lent vers nous tout en sentant l’air, ses yeux rose clair sont fixés sur moi : Ils sont magnifiques et je suis vraiment étonnée de ne pas m’en être rendu compte la première fois où je l’ai vue, puis elle se stoppe à une petite distance de nous, et elle respire à nouveau mon odeur, mais beaucoup plus profondément cette fois-là, un peu comme si elle tentait de savoir à qui elle avait vraiment affaire… Et c’est là que d’autres loups, qui sont visiblement de la même meute qu’elle, la rejoignent.Très rapidement, ils se regroupent tous derrière elle, et je ne sais pas si cette Luna pourra réellement faire quelque chose pour moi, ou bien si sa visite va marquer le début d’une nouvelle attaque… Mais tout ce que j’espère à ce moment précis, c’est que Kalyus ou Loan aient eux aussi entendu le hurlement d’Ézelya et qu’ils soient déjà en route pour me porter secours, car si ce n’est pas le cas, il me reste encore moins de chance de survie qu’à mon départ…Ils sont beauc
À l’entente de ce bruit, je me fige instantanément, mon cœur s’emballe quand mes yeux passent de droite à gauche en étudiant rapidement la situation… J’ai l’air seule, mais il est clair que je ne le suis pas, parce que le bruit suivant qui se fait entendre : un léger froissement dans les feuillages juste sur ma droite, est suivi d’un long souffle étouffé et presque inaudible, qui me fait frissonner et comprendre que quelqu’un est bien là avec moi.Et puis un autre, plus bruyant, plus présent, c’est même un gros grognement qui retentit comme si j’avais quelqu’un juste à ma gauche… Et encore un, mais cette fois plus bas, comme d’un murmure derrière moi, comme d’un souffle discret glissé d’entre les arbres…Mon cœur bat plus fort, mon corps se tend sous la panique qui commence à m’envahir, mais je ne me laisse pas submerger, quelqu’un joue avec moi, et ce quelqu’un veut que j’aie peur ! Et il est clair que je ne lui donnerai pas cette satisfaction… Alors, je reprends mon chemin, je conti
Et bien sûr encore une fois, ma réponse, mais aussi mon choix n’a pas l’air de plaire à Monsieur l’alpha et à son bêta, qui tentent de foncer juste derrière moi pour me stopper, mais qui sont retenus par Mado qui les stoppe dans leurs élans avant qu’ils ne me retiennent.— NON ! Laissez-la progresser seule!Elle hurle sur eux d’une voix assez sèche, puis secoue la tête tout en fronçant les sourcils… Et même si elle est âgée et pas très grande, elle prend une posture intimidante en se positionnant en plein dans le passage.— Je suis certaine que Mira sait ce qu’elle fait.Kalyus grogne, il secoue la tête, ses sens s’agitent à mesure que je m’éloigne de lui, il tente alors de forcer le passage, mais Mado ne se laisse pas faire, et avec son petit corps faible et vieilli elle lui fait barrage encore une fois.— Il serait peut-être temps que tu contrôles correctement ton Lycan, Kalyus !Sa voix est sèche et presque accusatrice.— Elle est la réincarnation de Dhelesys, elle détient la flamm
Je sais d’avance que les risques sont énormes, et qu’ils vont sûrement être réticents, mais nous n’avons tout simplement pas le choix, alors, je commence par Kalyus, qui sera probablement plus compliqué à amadouer que Loan.Je me tourne vers lui lentement et lui fais face, je pose mes yeux sur lui en tentant de capturer son regard comme il le fait si souvent avec le mien, et puis j’attrape ensuite lentement sa main tout en laissant glisser le bout de mes doigts sur ma peau bouillante, et juste après avoir entrelacé d’un geste doux mes doigts autour des siens, je me mets à le fixer droit dans les yeux tout en lui lançant un petit sourire en coin…Il relève un sourcil, mais très rapidement il se perd lui aussi dans mon regard, et c’est à ce moment-là, à l’instant précis où nos deux âmes rentrent en contact et se connectent l’une à l’autre que j’ose lui demander avec une pointe d’appréhension dans la voix :— Il faut que vous m’ameniez jusqu’à cette grotte, il est très important que je v
En continuant à fixer ce parchemin avec insistance, je me dis tout de suite que Mado va devoir nous donner quelques explications, alors je secoue la tête à nouveau, puis je relève mon visage vers elle et je pose ma main sur son avant-bras. Mes doigts sont légèrement tremblants quand mon regard recherche le sien, et quand elle se met à me fixer elle aussi, j’ai presque l’impression qu’elle est tout aussi confuse que nous, alors j’appréhende finalement ce qu’elle va dire, un peu comme si j’avais subitement peur de la réponse qu’elle pourrait nous donner. Mais je lui demande quand même : — Explique-nous s’il te plaît, qu’est-ce que ça veut dire, Mado ? Qu’est-ce que je suis censée faire ? Je ne suis pas sûre de comprendre. Elle m’observe pendant de longues secondes sans rien dire, et puis ses yeux farfouillent dans les miens, un peu comme si elle cherchait les mots justes, ou peut-être même le courage de les prononcer. Elle finit par relâcher un petit soupir, et serre les lèvre
•La prophétie des trois lunes : Suite —> 🌑🌕🔴Je relève les yeux un court et bref instant sur Kalyus, puis je tourne légèrement la tête vers Loan et enfin sur Mado, et tous me fixent avec insistance mais aussi avec une certaine fascination dans le regard… Je ne cherche même pas à réfléchir un peu plus, je retourne immédiatement à ma lecture, complètement absorbée moi aussi par le parchemin de Dhelesys.* Mais comme un sacrifice en vaut un autre et que toutes formes de magie ont un prix… En contrepartie, la Déesse de la Nature a sorti de leurs tombes des êtres mi-bête, mi-homme… : Les chartrux, qui sont de redoutables chasseurs nés dans le seul but de les exterminer.Comme Prometheus, ils portent en eux la rage du prédateur, l’instinct sauvage du loup, mais aussi des dons surnaturels similaires à ceux des sorcières : Ils possèdent la flamme et le souffle d’une ancienne magie noire, ils sont les sentinelles oubliées, les gardiens de l’équilibre fragile de la nature.Eux seuls auront l
Kalyus s’approche tout de suite lui aussi, probablement attiré comme moi et comme Loan… Il passe sa main au-dessus du parchemin et frôle les signes du bout de ses doigts, et ce qui est encore plus étrange dans tout ça, c’est que le papier semble réagir sous son simple contact.Mado hoche lentement la tête.— Ce que vous avez sous les yeux, ce n’est pas n’importe quel parchemin, vous avez devant vous le texte originel… Celui de la prophétie des trois lunes, et c’est Dhelesys elle-même qui l’a écrit de ses propres mains, juste avant que l’heure de sa mort ne sonne !La voix de Mado résonne dans tout mon corps, et un énorme frisson glacial me parcourt presque entièrement, il me fige même sur place.— Lis, Mira ! Tu portes le même sang qu’elle, tu comprendras mieux que moi.Mon souffle se coupe, je recule d’un pas et secoue la tête… Mais ? Comment veut-elle que je lise ce vieux morceau de papier, quand il n’y a que des symboles et des dessins complètement incompréhensibles qui me sautent