La lumière dorée du crépuscule se faufile à travers les immenses baies vitrées du manoir Moretti, jetant des reflets ambrés sur le marbre immaculé du sol. Aurora Moretti, assise sur une chaise en velours près de la coiffeuse, observe son reflet avec une pointe de frustration. Le miroir lui renvoie l’image d’une femme qui semble avoir tout ce qu’elle pourrait désirer : beauté, intelligence, héritage, mais qui se sent emprisonnée dans une cage dorée.
Vêtue d’une robe en soie noire, sobre mais élégante, elle incarne parfaitement l’héritière d’une dynastie puissante et crainte. Ses longs cheveux bruns tombent en vagues soyeuses autour de ses épaules, encadrant un visage aux traits fins mais déterminés. Ses yeux, d’un brun profond, sont souvent comparés à ceux de son père, Enzo Moretti : intelligents, perçants, intransigeants. Chaque regard qu’elle porte est empreint d’une froideur calculatrice, mais ce soir, ses yeux trahissent une lutte intérieure qui devient de plus en plus difficile à ignorer.
Aurora est née dans le luxe et la violence. Fille unique d’Enzo Moretti, elle a grandi dans un monde où la loyauté se paye en sang et où les alliances ne se tissent pas avec des promesses, mais avec des contrats et des cadavres. Dès son plus jeune âge, elle a été introduite à l’ombre de l’empire familial : elle a vu son père étendre son pouvoir en éliminant impitoyablement ses ennemis, en manipulant les faiblesses humaines comme des pions sur un échiquier. Aurora n’a jamais été naïve. Contrairement aux autres femmes de son milieu, qui se contentaient de jouer le rôle de filles et de mères parfaites, elle a toujours refusé d’être un simple pion dans ce jeu macabre.
Au fil des années, elle a appris à comprendre les affaires familiales, à analyser les jeux de pouvoir, à anticiper les coups de ses ennemis et même ceux de ses alliés. Elle a forgé sa réputation dans un monde dominé par les hommes, n’hésitant pas à utiliser son esprit acéré et son charisme pour obtenir ce qu’elle voulait, tout en restant dans l’ombre de son père.
Cependant, ce soir, malgré son savoir et son tempérament de feu, Aurora se sent démunie. La pression qui pèse sur elle devient trop lourde à supporter.
Son mariage avec Marcello De Luca a été arrangé depuis des mois. Une alliance stratégique entre les Moretti et les De Luca, deux des familles les plus puissantes du crime organisé en Italie. En unissant ces deux empires, le père d’Aurora et celui de Marcello entendent renforcer leur mainmise sur tout le territoire, éliminant toute menace extérieure, consolidant ainsi leur pouvoir face aux autres mafias, aux autorités et à toute forme de rébellion. C’est une décision qui dépasse largement les désirs personnels d’Aurora, une décision dictée par des intérêts familiaux, économiques, et politiques. Elle est la pièce maîtresse de cet échiquier, une récompense précieuse pour un mariage qu’elle n’a pas choisi.
Mais ce qui la tourmente le plus, c’est qu’elle n’a jamais eu son mot à dire. Ce mariage est le fruit d’une tradition qui pèse sur ses épaules comme une épée de Damoclès. En tant que fille de l’un des parrains les plus influents d’Italie, Aurora est condamnée à se soumettre aux désirs et aux attentes de son père, et la question du mariage n’échappe pas à cette règle. Sa vie n’est plus un choix personnel, mais un acte politique.
Aurora fronce les sourcils, un soupir s’échappant de ses lèvres. Elle aurait aimé avoir la liberté de choisir son destin, de suivre son propre cœur, mais son père n’a jamais permis ce genre de faiblesse. La famille avant tout, telle est la règle qu’Enzo Moretti lui a inculquée. Et si elle se rebelle, c’est tout l’empire familial qui pourrait en pâtir. Elle l’a vu de ses propres yeux : des ennemis de la famille ont été éliminés pour bien moins que cela. Elle sait que son père ne tolérerait aucune désobéissance. Et Marcello ? Bien qu’il soit l’homme choisi pour la marier, il n’est pas pour elle un époux désirable, mais un instrument, une clé pour sceller l’alliance entre les deux familles. Marcello est un homme que son père approuve : respectueux, efficace, mais froid et distant. Ce mariage n’a rien d’un conte de fées ; il est le résultat de calculs implacables.
À travers son reflet dans le miroir, Aurora se voit une dernière fois comme une jeune femme libre, avant que la réalité de la situation ne vienne la frapper. Elle se redresse, attrapant un peigne et passant une main nerveuse dans ses cheveux. Ce mariage est une promesse qu’elle n’a jamais faite, une prison dans laquelle elle s’enferme elle-même sans pouvoir s’échapper. Mais peut-être qu’il est encore temps de trouver une issue.
Un coup sec sur la porte la tire de ses pensées. Avant même qu’elle n’ait le temps de réagir, Enzo Moretti entre dans la pièce sans préavis.
Imposant, avec l’aura d’un homme dont chaque pas semble résonner d’une autorité absolue, il se tient dans l’encadrement de la porte. Vêtu d’un costume trois-pièces noir impeccable, il dégage une présence glaciale, presque royale. À cinquante-sept ans, Enzo est l’un des hommes les plus redoutés du pays. Son regard acéré, semblable à une lame, a fait plier des hommes d’affaires, des politiques, et des criminels de haut rang. Tout en lui inspire la crainte, mais aussi un respect qui frôle l’adulation.
— « Il est l’heure de discuter. »
Sa voix est calme, mais son ton porte un poids que peu oseraient défier. Aurora, cependant, refuse de baisser les yeux. Elle sait ce qui l’attend, mais cette fois, elle n’est pas disposée à se soumettre sans réagir.
— « Je n’ai rien à dire que tu ne saches déjà. »
Un silence lourd s’installe entre eux. Enzo se place devant elle, croisant les bras sur sa poitrine, analysant chaque inflexion de son visage. Il la scrute comme un vieux prédateur observant sa proie, cherchant à déceler le moindre signe de faiblesse. Mais Aurora, aussi fière que son père, reste implacable. Elle se redresse, son regard plein de défi.
— « Tu es ma fille. Et une Moretti ne se marie pas par amour. Elle se marie pour la famille. »
Les mots d’Enzo frappent comme des coups de poing, glacés et sans appel. Aurora serre les poings sous la table, sentant la colère monter en elle. Son père ne lui accorde jamais la possibilité de choisir son propre destin. Elle n’a jamais eu ce luxe. Mais ce mariage, cette union avec Marcello De Luca, elle ne peut tout simplement pas l’accepter.
— « Mais pourquoi lui ? Pourquoi Marcello ? »
Aurora connaît la réponse avant même de poser la question, mais elle a besoin de l’entendre de ses lèvres. Si elle pouvait seulement espérer que son père lui donnerait une autre raison, une raison qui ne soit pas aussi glacée et calculatrice. Mais elle sait déjà que ses espoirs sont vains.
— « Parce qu’il est puissant. Parce qu’il est respecté. Parce que notre alliance avec les De Luca garantira que personne n’osera jamais défier notre empire. »
Enzo fait une pause, pesant chaque mot. Puis, avec une froideur qui n’a d’égal que son autorité, il poursuit.
— « Et parce que je l’ai décidé. »
Aurora sent un frisson glacé courir le long de son échine. Cette phrase, cette manière de dire les choses, elle l’a toujours connue. Son père ne laisse jamais de place à la discussion. Son autorité est absolue. Et face à lui, la rébellion n’est qu’un luxe dangereux.
Aurora, pourtant, ne se contente pas d’accepter son sort. Il y a quelque chose dans cette promesse de mariage qui la révolte. Un sentiment de dégoût vis-à-vis de la manière dont son père manœuvre les vies des autres, comme si tout n’était qu’un simple échange de biens.
— « Si tu veux une alliance avec Marcello, il existe d’autres moyens. Pourquoi me sacrifier ? »
Elle sait que la question sonne désespérée, mais elle doit la poser. Pourquoi elle, pourquoi la sacrifice d’un avenir qu’elle n’a pas choisi ? Ses mots ont un effet immédiat. Un éclair de colère traverse les traits d’Enzo. Il se rapproche du bureau, posant une main dessus avec une telle violence que la lampe en cristal vacille sous l’impact.
— « Sacrifice ? » répète-t-il, sa voix brisée par la rage. « Tu parles comme si je t’envoyais à l’abattoir. Je t’offre une place de reine, Aurora. Tu ne seras pas une épouse soumise. Tu seras la femme du futur chef des De Luca. Tu règneras à ses côtés. »
Les yeux d’Enzo brillent d’une lueur fiévreuse, comme si l’idée d’un mariage entre ses deux empires était la clé de l’immortalité, de la pérennité de son pouvoir. Il parle de cette position comme s’il offrait à sa fille le plus grand des honneurs, mais Aurora le perçoit autrement : une confinement déguisé en privilège.
Elle soutient son regard, refusant de céder à la peur, refusant de laisser sa fierté se briser. Pourtant, au fond d’elle, une voix s’élève, pleine de doute et de frustration.
— « Tu es sûr que ce n’est pas plutôt une condamnation à perpétuité ? »
Un silence s’installe alors, lourd, dense, comme un lourd nuage suspendu au-dessus d’eux. Aurora sait qu’elle a franchi une ligne. Elle sait qu’elle joue avec le feu, mais elle doit essayer. Elle doit remettre en question ce qui semble inébranlable, ce qui semble être son destin.
Enzo, toujours aussi implacable, la fixe un instant de plus, son regard comme une lame de rasoir, mais il ne répond pas immédiatement. Il la laisse s’enfoncer dans ses pensées, savourant la scène de domination silencieuse qu’il a créée. Puis, avec un léger sourire en coin, il se détourne et marche vers la porte.
— « Tu finiras par comprendre. »
La porte se ferme derrière lui avec un bruit sourd, mais le poids de ses paroles reste dans l’air, lourd, presque suffocant. Aurora reste là, figée, les poings toujours serrés, son esprit en proie à un tourbillon de pensées contradictoires. Elle sait que son père a raison sur un point : il a toujours le dernier mot. Mais ce soir, elle se jure intérieurement que la guerre n’est pas finie.
La porte s’ouvre à nouveau, et Marcello De Luca entre dans la pièce, immédiatement en imposant sa présence. L’atmosphère semble se charger d’une tension palpable, comme si l’air autour d’eux s’alourdissait d’un poids invisible.Marcello, avec sa grande silhouette élancée mais musclée, dégage une aura menaçante qui n’est pas altérée par son sourire soigneusement contrôlé. Ses cheveux châtains, impeccablement coiffés, et sa barbe taillée avec une précision chirurgicale, ne sont que les détails extérieurs qui cachent la véritable nature de cet homme. Son costume d’une élégance rare, d’un prix que peu pourraient se permettre, est une seconde peau pour lui. Mais au-delà des apparences, c’est la peur qu’il inspire qui fait sa véritable puissance. Il ne se contente pas de posséder un empire financier ; il régit par l’intimidation, par le contrôle, et par un regard qui fait plier ceux qui croisent son chemin.Aurora, qui a vécu toute sa vie avec l’ombre de ce genre d’hommes, ne peut s’empêche
Le manoir Moretti, vaste et silencieux, semble presque se refermer sur Aurora alors qu’elle se tortille dans son lit. Les murs, froids et impassibles, se dressent autour d’elle comme des spectres. Il n’y a rien de réconfortant dans cette immense chambre décorée de meubles en bois sombre et de tapis persans coûteux. Chaque objet semble imposer sa propre règle, tout comme son père. Rien ne lui échappe dans ce monde, pas même les pensées de sa propre fille.Aurora essaie de fermer les yeux, mais les images persistent. Le regard pénétrant de Marcello à leur rencontre, cette froideur glacée dans ses yeux, et le sourire énigmatique qu’il lui avait offert. Ce sourire qui n’était en rien un geste de bienvenue, mais un avertissement. Il n’est pas celui qu’il semble être, se dit-elle, tout en repoussant l’idée d’être liée à un homme aussi dangereux.Puis, le regard de son père. Enzo Moretti, l’homme qui l’a toujours façonnée à son image. Cette autorité inébranlable qu’il impose sur tout et tous
Aurora quitte le bureau de son père, son cœur lourd et écrasé sous le poids de l’échec. Elle aurait voulu qu'il la comprenne, qu'il l'écoute enfin, mais Enzo n’a jamais eu l’intention de la laisser choisir. Chaque mot qu’il a prononcé résonne dans sa tête comme un coup de poignard : « Tu es une Moretti. Tu n’as nulle part où aller. » Ces paroles glaciales tournent en boucle, marquant son esprit de leur cruauté. Elle a essayé de lui parler, d’ouvrir une brèche, mais il est resté inflexible, un mur de marbre.Les échos de cette conversation se mêlent à ses pensées alors qu’elle traverse les couloirs du manoir, son esprit en proie à une agitation désespérée. Elle se sent comme un oiseau en cage, piégée dans une vie qu’elle n’a jamais choisie. Il y a ce mariage, ce fardeau qu’on veut lui imposer, et il y a cette prison invisible qu’on lui a dressée depuis sa naissance. Marcello, cet homme qu’elle ne connaît même pas vraiment, ce nom qu’elle déteste déjà, tout cela lui apparaît comme un ca
Aurora quitte le bureau de son père, son cœur lourd et écrasé sous le poids de l’échec. Elle aurait voulu qu'il la comprenne, qu'il l'écoute enfin, mais Enzo n’a jamais eu l’intention de la laisser choisir. Chaque mot qu’il a prononcé résonne dans sa tête comme un coup de poignard : « Tu es une Moretti. Tu n’as nulle part où aller. » Ces paroles glaciales tournent en boucle, marquant son esprit de leur cruauté. Elle a essayé de lui parler, d’ouvrir une brèche, mais il est resté inflexible, un mur de marbre.Les échos de cette conversation se mêlent à ses pensées alors qu’elle traverse les couloirs du manoir, son esprit en proie à une agitation désespérée. Elle se sent comme un oiseau en cage, piégée dans une vie qu’elle n’a jamais choisie. Il y a ce mariage, ce fardeau qu’on veut lui imposer, et il y a cette prison invisible qu’on lui a dressée depuis sa naissance. Marcello, cet homme qu’elle ne connaît même pas vraiment, ce nom qu’elle déteste déjà, tout cela lui apparaît comme un ca
Le manoir Moretti, vaste et silencieux, semble presque se refermer sur Aurora alors qu’elle se tortille dans son lit. Les murs, froids et impassibles, se dressent autour d’elle comme des spectres. Il n’y a rien de réconfortant dans cette immense chambre décorée de meubles en bois sombre et de tapis persans coûteux. Chaque objet semble imposer sa propre règle, tout comme son père. Rien ne lui échappe dans ce monde, pas même les pensées de sa propre fille.Aurora essaie de fermer les yeux, mais les images persistent. Le regard pénétrant de Marcello à leur rencontre, cette froideur glacée dans ses yeux, et le sourire énigmatique qu’il lui avait offert. Ce sourire qui n’était en rien un geste de bienvenue, mais un avertissement. Il n’est pas celui qu’il semble être, se dit-elle, tout en repoussant l’idée d’être liée à un homme aussi dangereux.Puis, le regard de son père. Enzo Moretti, l’homme qui l’a toujours façonnée à son image. Cette autorité inébranlable qu’il impose sur tout et tous
La porte s’ouvre à nouveau, et Marcello De Luca entre dans la pièce, immédiatement en imposant sa présence. L’atmosphère semble se charger d’une tension palpable, comme si l’air autour d’eux s’alourdissait d’un poids invisible.Marcello, avec sa grande silhouette élancée mais musclée, dégage une aura menaçante qui n’est pas altérée par son sourire soigneusement contrôlé. Ses cheveux châtains, impeccablement coiffés, et sa barbe taillée avec une précision chirurgicale, ne sont que les détails extérieurs qui cachent la véritable nature de cet homme. Son costume d’une élégance rare, d’un prix que peu pourraient se permettre, est une seconde peau pour lui. Mais au-delà des apparences, c’est la peur qu’il inspire qui fait sa véritable puissance. Il ne se contente pas de posséder un empire financier ; il régit par l’intimidation, par le contrôle, et par un regard qui fait plier ceux qui croisent son chemin.Aurora, qui a vécu toute sa vie avec l’ombre de ce genre d’hommes, ne peut s’empêche
La lumière dorée du crépuscule se faufile à travers les immenses baies vitrées du manoir Moretti, jetant des reflets ambrés sur le marbre immaculé du sol. Aurora Moretti, assise sur une chaise en velours près de la coiffeuse, observe son reflet avec une pointe de frustration. Le miroir lui renvoie l’image d’une femme qui semble avoir tout ce qu’elle pourrait désirer : beauté, intelligence, héritage, mais qui se sent emprisonnée dans une cage dorée.Vêtue d’une robe en soie noire, sobre mais élégante, elle incarne parfaitement l’héritière d’une dynastie puissante et crainte. Ses longs cheveux bruns tombent en vagues soyeuses autour de ses épaules, encadrant un visage aux traits fins mais déterminés. Ses yeux, d’un brun profond, sont souvent comparés à ceux de son père, Enzo Moretti : intelligents, perçants, intransigeants. Chaque regard qu’elle porte est empreint d’une froideur calculatrice, mais ce soir, ses yeux trahissent une lutte intérieure qui devient de plus en plus difficile à