AlexiosLéna dort enfin.Son souffle est calme, régulier, mais son corps est toujours tendu, même dans son sommeil. Son inconscient sait ce que son esprit refuse d’admettre : elle n’est pas en sécurité ici.Pas tant que Lucian est en vie.Je glisse mes doigts dans ses cheveux, appréciant leur douceur contre ma peau. Elle frissonne légèrement, mais ne se réveille pas.Je devrais partir.M’éloigner d’elle avant qu’elle ne se réveille et ne réalise que je suis encore là.Mais je n’y arrive pas.Je suis incapable de détourner le regard.Elle m’attire comme un aimant, me consume comme une fièvre que je ne peux éteindre.Et c’est dangereux.Je me redresse doucement, me détachant de la chaleur de son corps.L’air est glacial lorsque je m’éloigne, comme si la pièce elle-même savait que quelque chose ne va pas.Et puis, je le sens.Lucian.Il est là.Je me retourne d’un bond.Il est debout près de la fenêtre, silencieux, immobile.Son sourire est lent, venimeux.— Touchant.Je ne réponds pas.
LénaSa voix est rauque, chargée d’un poids que je ne comprends pas encore.— Un monstre qui ne peut pas être tué.Le froid s’infiltre dans mes veines.Je devrais être terrifiée.Mais une part de moi, celle qui brûle d’une rage sourde, refuse de plier.— Tout peut être tué.Alexios lève enfin les yeux vers moi.— Pas lui.Son regard est sombre, hanté.— Lucian ne joue pas selon les mêmes règles que nous.Je croise les bras.— Alors il est quoi ?Il hésite, mais je vois son masque se fissurer.— Un Ancien.Le silence tombe, lourd comme un couperet.Je sais ce que ça signifie.Les Anciens ne sont pas seulement des vampires. Ils sont autre chose. Un vestige d’un temps où le sang et la magie s’entremêlaient, où les créatures de la nuit étaient plus proches des dieux que des hommes.— Et toi, Alexios ?Il ne détourne pas les yeux.— Je suis ce qu’il a fait de moi.Un frisson me traverse.— Tu es comme lui ?Il s’approche, son ombre s’étirant jusqu’à moi.— Je suis ce qu’il a voulu que je s
LénaSon expression est grave.Il referme la porte derrière lui, s’avance jusqu’à moi.— Nous devons parler.Je croise les bras.— Enfin décidé à me dire la vérité ?Il ne réagit pas à mon sarcasme.— Lucian ne te lâchera pas.— Je sais.— Non, Léna.Sa main se pose sur mon bras, serrant doucement.— Tu ne sais pas.Je lève le menton, défiant.— Alors dis-moi.Il hésite.Puis, finalement, il lâche :— Il ne veut pas seulement te posséder.Son regard se durcit.— Il veut que tu deviennes comme lui.Un frisson me traverse l’échine.Devenir…Comme lui.— Non.Alexios serre les poings.— Tu n’auras peut-être pas le choix.Je recule d’un pas.— Je refuse.— Alors, il te brisera.Un silence pesant s’installe.Je sens quelque chose d’autre dans sa voix.Une peur qu’il tente de masquer.— Qu’est-ce que tu me caches, Alexios ?Il ferme les yeux un instant.Puis il murmure :— Il m’a fait la même promesse, autrefois.L’air se fige autour de nous.Je le fixe, le cœur battant à tout rompre.— Quo
LénaLe silence du manoir est trompeur.Tout semble figé, immobile, comme si le temps lui-même retenait son souffle.Mais je sais.Lucian est toujours là, quelque part.Je peux encore sentir la brûlure de son regard sur ma peau, comme une marque invisible.Je n’ai pas dormi. Impossible.Mon esprit tourne en boucle.Lucian n’est pas un simple vampire.Cassandra a raison.Il est une entité. Une force.Et il veut mon âme.Je me redresse d’un coup.Il faut que je trouve un moyen de l’arrêter.Si je reste passive, je suis déjà perdue.Je dois comprendre. Je dois savoir.La bibliothèque est plongée dans la pénombre.Cassandra est toujours là, son regard perdu dans les pages d’un vieux grimoire.Elle ne lève même pas les yeux quand je m’approche.— Tu ne dors jamais ?Sa voix est presque moqueuse.— Toi non plus.Je m’assois en face d’elle.— J’ai besoin d’en savoir plus.Elle referme lentement son livre.— Sur Lucian ?— Oui.Elle croise les bras.— Tu ne pourras pas le combattre avec des a
LénaLe silence du manoir n’a jamais été aussi pesant.Cassandra ne me lâche pas du regard.Elle est furieuse.Je le vois à sa mâchoire crispée, à la façon dont ses doigts tremblent légèrement avant qu’elle ne les referme en un poing.— Tu es complètement inconsciente !Sa voix claque, brisant l’atmosphère oppressante qui nous entoure.Je serre les dents.— Je n’avais pas le choix.— Il a joué avec toi.— Je le sais.Elle secoue la tête, exaspérée.— Alors pourquoi tu n’as pas fui ?Je soupire.— Parce que… quelque chose me retient.Cassandra s’approche, son regard perçant.— C’est exactement ce qu’il veut. Te lier. T’attirer dans son monde jusqu’à ce que tu ne puisses plus en sortir.Je détourne les yeux.Elle a raison.Mais c’est déjà trop tard.Je ressens encore la chaleur de sa main sur ma peau.Le frisson glacial de sa présence.Lucian n’est pas simplement un vampire.Il est une force. Une obsession.Et il est en train de m’engloutir.La nuit est longue.Je suis enfermée dans ma
LenaJe déglutis.Je veux lui dire que oui. Lui cracher que je suis encore maître de moi-même, qu’Alexio ne me possède pas, que tout ça n’est qu’une illusion.Mais les illusions ne laissent pas de marques invisibles sur la peau.Je baisse les yeux sur mon poignet.Là où ses doigts m’ont frôlée, la sensation brûle encore.---La journée est une torture.Je sens sa présence partout.Chaque ombre qui s’allonge sur les murs.Chaque courant d’air qui me frôle la nuque.Chaque frisson qui me parcourt sans raison apparente.Je ne peux pas fuir ce qui est en moi.Et lui… lui sait.---La nuit tombe.Je n’ai pas allumé la lumière.Je suis allongée, mais je ne dors pas.Je fixe le plafond, les pensées embrouillées, le corps tendu comme une corde prête à rompre.Et alors que le silence s’épaissit, je le sens.Avant même qu’il ne parle.Avant même que son souffle ne frôle ma peau.Alexio est là.— Tu ne dors pas.Je ferme les yeux.— Je t’attendais.Un silence.Puis un rire, bas, rauque, amusé.—
LénaJe ne devrais pas me réveiller ainsi.Je ne devrais pas sentir sa présence avant même d’ouvrir les yeux, ni deviner la caresse d’un regard invisible effleurant ma peau nue sous les draps.Et pourtant, il est là.Alexio.Assis dans l’ombre, silencieux, immobile.Je le sens.Je le devine.Sa présence est une brûlure qui marque mon être d’une empreinte indélébile.Je prends une inspiration, et la tension m’enlace comme une seconde peau.Tout est différent.Tout a changé.Et il le sait.Je le sais aussi.Mes doigts se crispent sur le tissu du drap, tandis que je me redresse lentement.— Tu es resté.Ma voix est un murmure.Une accusation autant qu’une constatation.Alexio ne répond pas tout de suite.Dans l’obscurité tamisée, son regard luit d’une lueur indéchiffrable.— Je n’aurais pas dû.Ses mots résonnent, lourds de promesses brisées et d’interdits violés.Et pourtant…— Mais tu l’as fait.Un silence.Il ne nie pas.Il ne fuit pas.Il est là, figé dans cette éternité où nous somm
AlexioLa brûlure de ses lèvres hante encore ma peau.Cassandra.Fière.Brisée.Indomptable.Son baiser a été un défi, un ultimatum craché entre ses dents serrées.Mais il est trop tard.Je le sais.Elle aussi.La nuit est lourde.Écrasante.L’air est chargé de promesses qui ne peuvent être tenues, de désirs qui ne peuvent être assouvis.Léna est là, quelque part dans l’ombre, à attendre que je prenne une décision que je ne peux plus retarder.Cassandra se tient devant moi, ses yeux brûlant d’une rage contenue, d’une douleur qu’elle refuse de montrer.— Dis-le.Sa voix claque comme un fouet.Elle exige une vérité qui la détruira.Et moi, je suis incapable de la lui donner.Je pourrais mentir.Je pourrais prétendre qu’elle a encore une place dans mon monde, dans mon cœur.Mais ce serait cruel.Et Cassandra mérite mieux que ça.Alors je ne dis rien.Je laisse le silence parler pour moi.Je la regarde simplement, en espérant qu’elle comprenne ce que je ne peux exprimer.Que tout a changé
AlexioLa nuit est lourde. Chargée d’électricité.Chaque ombre semble nous observer, chaque souffle du vent murmure un avertissement.Léna marche à mes côtés, mais je ressens sa fébrilité. Elle lutte contre le pacte. Contre ce feu dévorant qui pulse entre nous.Et moi aussi.Nous avons quitté Joran sans un mot de plus. Son sourire narquois nous hante encore, ses paroles résonnant dans mon esprit."Un pacte de sang doit être nourri, sinon il vous dévorera."Je n’arrive pas à m’en défaire.Parce que je ressens déjà cette faim.Un besoin primitif, viscéral.Pas seulement de sang.Pas seulement de pouvoir.Mais d’elle.Et c’est ce qui me terrifie le plus.— On doit trouver un endroit sûr, murmure Léna.Je hoche la tête, les mâchoires serrées.Nous avançons dans les ruelles sombres, nos pas silencieux sur les pavés humides. La ville dort, inconsciente de la tempête qui gronde dans nos veines.Léna vacille légèrement.Je la rattrape avant qu’elle ne tombe.Son corps est brûlant sous mes doi
LénaLes flammes des bougies vacillent, projetant des ombres mouvantes sur les murs délabrés du manoir.Tout mon corps tremble sous l’intensité du lien.C’est comme si chaque cellule de mon être s’ouvrait à lui. Comme si je percevais ses pensées, ses émotions, ses désirs avec une acuité terrifiante.Et ce que je ressens en ce moment…C’est vertigineux.Alexio est une tempête sous contrôle, un prédateur aux abois. Il lutte contre lui-même, contre moi, contre cette chose qui nous lie désormais.Joran s’écarte légèrement, nous laissant seuls dans le cercle d’incantation.— Il va falloir que vous alliez au bout du processus.Sa voix est basse, presque amusée.— Ou alors, tout ça n’aura servi à rien.Je l’ignore.Mon regard est rivé sur Alexio.Il est tendu. Son torse se soulève rapidement, ses prunelles sont noires d’un désir qu’il s’efforce de contenir.Et pourtant, je ne ressens aucune peur.Seulement cette attraction dévorante qui pulse entre nous.— Léna… Sa voix est rauque, comme un
AlexioL’air à l’intérieur du manoir est épais, chargé de poussière et d’un silence inquiétant. Les murs sont tapissés de vieilles bibliothèques, les meubles recouverts de draps jaunis. Le temps semble s’être figé ici, comme si aucun souffle de vie n’avait traversé ces pièces depuis des siècles.Joran referme la porte derrière nous.Un verrou claque.Léna sursaute légèrement, et son regard se pose sur moi. Elle attend. Mais moi, je scrute l’homme devant nous. Joran n’a pas changé. Toujours cette même posture décontractée, cette même lueur cynique dans les yeux. Pourtant, quelque chose est différent. Une tension sous-jacente.— Tu es plus imprudent que dans mes souvenirs, Alexio.Il se laisse tomber dans un fauteuil de velours élimé et croise les jambes.— Ramener une humaine ici… c’est suicidaire.Léna serre les poings, mais je l’arrête d’un regard.— J’ai besoin de ton aide.Joran ricane.— Je me doutais bien que tu n’étais pas venu pour le plaisir de revoir un vieil ami.— On nous t
AlexioLa porte explose dans un fracas assourdissant.Une rafale d’air glacial envahit la pièce.Ils sont trois.Trois vampires aux yeux d’un rouge incandescent.Le premier est grand, élancé, un sourire carnassier aux lèvres.Le second est plus massif, son visage marqué par des cicatrices anciennes.Le troisième…Je me fige.Le troisième, je le connais.— Raphaël.Son sourire s’élargit.— Alexio. Ça faisait longtemps.Léna frissonne contre moi.Raphaël…L’un des plus anciens vampires que j’aie jamais connus.Un monstre parmi les monstres.Et il est ici pour elle.— Tu as fait une erreur, Alexio. Son ton est presque affectueux. Tu sais ce que ça signifie, n’est-ce pas ?Je serre les dents.— Laisse-la partir.Raphaël éclate de rire.— Partir ? Oh, mais non. Il s’approche, lentement. Tu l’as réclamée. Nous venons voir si elle en vaut la peine.Je m’interpose immédiatement entre lui et Léna.— Elle n’est pas un jouet.— Non. Mais elle est à toi. Et ça, mon frère, c’est bien pire.Il fait
AlexioJe la contemple, immobile, le goût de son sang encore brûlant sur ma langue.Léna ne bouge pas.Elle ne fuit pas.Elle me regarde comme si rien n’avait changé.Mais tout a changé.Son souffle est plus court, son cœur bat un peu plus vite. Elle est à moi, maintenant. Ce lien, je ne peux plus le briser.Et elle ne le pourra jamais.— Tu ne devrais pas être si calme.Elle passe ses doigts sur la morsure encore fraîche à sa gorge.— Je savais ce que je faisais.Je serre les poings.— Non, Léna. Tu crois comprendre, mais tu es loin du compte.Elle fronce les sourcils, défiante.— Alors explique-moi.Je me lève brusquement, l’obscurité de la pièce me paraissant soudain trop lourde, trop étouffante.— Tu sens ? Je ferme les yeux, inspirant profondément. Ton sang pulse en moi. Je ressens chaque battement de ton cœur comme si c’était le mien. Tu as franchi une limite qu’aucun humain ne devrait franchir.Elle ne détourne pas le regard.— Et qu’est-ce que ça change, Alexio ?Je ricane, am
AlexioLa nuit est tombée depuis longtemps, mais je ne ressens pas la fatigue. Seule la faim demeure.Pas celle du sang.Pas celle qui me déchire habituellement le ventre, celle qui me pousse à traquer, à tuer.Celle-ci est différente. Plus sourde, plus insidieuse.C’est la faim d’elle.De Léna.De sa peau brûlante sous mes doigts.De ses lèvres contre les miennes.De ce qu’elle m’offre sans même s’en rendre compte : une place dans sa lumière.Mais cette lumière, je vais l’éteindre si je la garde près de moi.— Tu ne devrais pas rester ici.Ma voix est rauque, plus dure que je ne l’aurais voulu.Elle ne recule pas.Ses yeux s’accrochent aux miens, brûlants d’une détermination que je connais trop bien.— Et si je décide de rester ?Son souffle effleure ma peau. Une tentation.Un supplice.Je ferme les yeux une seconde.Me battre contre elle, c’est comme tenter de résister à l’appel du sang après des siècles de famine.C’est inutile.C’est douloureux.— Léna…Je tends la main, frôle son
LénaJe ne peux plus bouger.Je le regarde, les yeux écarquillés, incapable d’inspirer, incapable d’accepter ce que je vois.Alexio, couvert de sang, immobile devant moi.Le vampire qu’il vient de tuer gît sur le sol, le corps brisé.Il n’y a plus rien d’humain en lui.Il n’a pas juste combattu.Il l’a détruit.Et maintenant, il se tourne vers moi.Ses prunelles sont encore sombres, sauvages, habitées par cette rage qu’il n’a pas complètement éteinte.Un frisson glacé me traverse.Il tend une main vers moi.— Léna…Ma respiration se bloque.Je devrais fuir.Je devrais m’éloigner de lui.Mais mes jambes ne répondent plus.Je me sens piégée, acculée entre lui et ce monde dont je ne fais pas partie.Et pourtant, quand il fait un pas de plus, quand son regard s’adoucit malgré la violence qui l’habite encore…Je vacille.— Tu as peur de moi.Ce n’est pas une question.C’est une évidence.Une douleur invisible traverse son regard, aussi brève qu’un éclair.Je le vois.Mais je ne peux pas lu
AlexioJe suis à un fil de la rupture.Mon cœur, ma raison, mon désir…Tout se fracasse en elle.Elle ne bouge pas.Elle me défie du regard, refusant de fuir.Mais elle ne comprend pas.Je ne suis pas un homme.Je suis un vampire.Et elle est trop proche de la seule chose qui peut me faire basculer.Je grogne.Je recule, me forçant à mettre de la distance entre nous.Mais elle me suit.Son courage est aussi admirable que suicidaire.— Je ne partirai pas.Son murmure est une promesse.Une menace.Mon souffle s’accélère.Puis, sans prévenir, je disparais dans la nuit.Avant de faire ce que je regretterais à jamais.---LénaIl est parti.Me laissant seule, bouleversée, et avec mille questions brûlant en moi.Mais une seule chose m’obsède :Il lutte pour me protéger.Mais combien de temps avant qu’il ne cède ?LénaL’obscurité l’a englouti.Il a disparu dans la nuit, me laissant seule avec mon souffle court, mes pensées éparpillées et cette brûlure encore présente sur mes lèvres.Alexio.
AlexioSofia.Elle n’aurait pas dû être là.Pas maintenant.Son regard fouille mon âme, cherchant des fissures, des failles où planter ses griffes.Je serre les dents.— Que veux-tu ?Elle cligne lentement des yeux, un air faussement innocent sur le visage.— Moi ? Seulement parler. Après tout, nous avons tant à nous dire…Son regard se pose sur Léna.— Mais peut-être devrions-nous être seuls pour cela ?— Non.Le mot fuse, tranchant.Elle rit, amusée.— Comme tu voudras.Puis elle s’avance encore.Trop près.Elle lève la main.Et avant que je puisse réagir, ses doigts froids effleurent mon visage.Un frisson me parcourt.— Tu es toujours aussi beau… murmure-t-elle.Je repousse sa main violemment.— Ne joue pas à ça avec moi, Sofia.Son sourire s’élargit.— Comme tu es devenu sérieux…Mais ses yeux brillent d’autre chose.D’un savoir qu’elle ne partage pas encore.Puis, sans prévenir, elle murmure :— Tu crois que tu peux la protéger ?Mon corps se tend.Sofia penche légèrement la têt