RoxaneJe n’ai jamais cru aux contes de fées.Je ne suis pas la princesse qui attend d’être sauvée.Mais à cet instant, en sentant la chaleur de la main d’Elias dans la mienne, je réalise une chose :Ce n’est pas un conte.C’est une guerre.Et nous sommes en train de choisir nos camps.Je serre ses doigts entre les miens.— Si je tombe, tu tombes avec moi, Roxane.Sa voix résonne encore dans ma tête.Alors je le regarde droit dans les yeux.— On ne tombera pas.Il ne répond rien. Son regard est insondable, sombre comme une tempête prête à éclater.Mais il ne me repousse pas.Il ne lâche pas ma main.C’est suffisant.Pour l’instant.La porte s’ouvre brusquement, brisant l’instant.Andrew entre, visiblement nerveux.— Elias, les enquêteurs sont en bas. Ils veulent te voir. Tout de suite.Je sens Elias se raidir.C’est trop tôt.Bien trop tôt.Je me tourne vers lui.— Laisse-moi gérer.Il secoue la tête.— C’est mon problème, Roxane. Je dois y faire face.Je pose une main sur son bras.—
RoxaneJe devrais être habituée aux coups bas.Je devrais être capable de rire face à cette tentative ridicule de me discréditer.Mais non.Parce qu’Elias doute.Parce qu’il me regarde avec cette hésitation dans les yeux, cette ombre qui ne devrait pas être là.Et ça me ronge.Je prends une profonde inspiration.— Elias, regarde-moi.Il ne bouge pas.Son regard est fixé sur la photo.Je pose mes mains sur le bureau, mes doigts crispés sur le bois verni.— Tu me connais. Tu sais que je ne suis pas une menteuse.Il relève lentement la tête.Ses traits sont fermés, presque impénétrables.— Je sais que tu es douée pour jouer.Ses mots me percutent de plein fouet.Il y a encore quelques semaines, j’aurais souri à cette remarque. J’aurais même trouvé ça flatteur.Mais aujourd’hui, ça me blesse.— Tu crois que je te manipule ?— Je crois… Il s’interrompt. Je crois que quelqu’un veut me faire croire ça.Un soupir de soulagement m’échappe.Il doute, oui.Mais il ne veut pas y croire.C’est déj
RoxaneJe le regarde, le cœur tambourinant dans ma poitrine.Elias ne parle pas.Il ne bouge pas.Il se contente de me fixer avec cette intensité glaciale qui me donne envie de hurler.— Tu crois vraiment que je t’ai menti ?Sa mâchoire se serre.Il passe une main dans ses cheveux, agacé.— Je veux juste comprendre, Roxane.— Comprendre quoi ? Je lève les bras, furieuse. Que quelqu’un essaie de me faire passer pour une traîtresse ? Que tu es prêt à gober toutes les conneries qu’on t’envoie ?Je vois son regard s’assombrir.— Tu es en train de me reprocher d’avoir des doutes ?— Je te reproche de ne pas me faire confiance !Silence.Brutal.Froid.Il y a quelque chose dans son regard qui me met mal à l’aise.Comme si…Comme si quelque chose en lui était en train de céder.— Je veux juste la vérité, Roxane.Ma gorge se serre.— Je te l’ai donnée.Mais est-ce suffisant ?Je n’en sais rien.Et ça me terrifie.---EliasJe suis en colère.Pas seulement contre elle.Contre moi-même.Contre
RoxaneL’angoisse me ronge.J’observe Elias, qui fixe son téléphone sans répondre.Maud.Elle a envoyé un message. Je le sais rien qu’à la façon dont son visage s’assombrit.Il prend une grande inspiration et verrouille son écran, puis lève les yeux vers moi.— Ne la laisse pas te perturber.Facile à dire.Je croise les bras et le fixe.— Qu’est-ce qu’elle veut ?Il serre la mâchoire.— Je n’en sais rien, mais peu importe.— Elias…— Je ne vais pas tomber dans son jeu.Peut-être.Ou peut-être que c’est déjà trop tard.Je le vois dans ses yeux : une ombre s’est glissée en lui, un doute, minuscule mais tenace.Et c’est exactement ce que Maud voulait.---EliasJe ne veux pas y prêter attention.Je refuse de lui donner ce pouvoir.Mais les mots de Maud tournent en boucle dans mon esprit :"Tu crois vraiment la connaître ?"Ça ne signifie rien.C’est juste une provocation, une tentative de semer le chaos.Et pourtant, cette idée s’insinue en moi comme un poison.Je m’approche de Roxane et
RoxaneJe m’étais préparée à cette confrontation.Mais maintenant que je me tiens devant Elias, face à son regard glacé, une tension sourde me traverse.Je prends une inspiration, tentant d’ignorer la sensation oppressante qui me serre la poitrine.— Alors accroche-toi bien, Elias. Parce que tu n’es pas prêt pour ça.Son expression se durcit.— Je veux savoir.Je ris, un rire sans joie.— Tu crois vraiment être prêt ?Son regard ne vacille pas.— Je le suis.Je serre les poings. Je n’ai plus le choix.— Très bien.Je me dirige vers la table basse, attrape un verre et le remplis du whisky posé là.— Ce que Maud t’a montré, ce n’est que la surface. Une partie de l’histoire. Et comme toujours, elle veut t’empoisonner avec.Je bois une gorgée.Mon passé n’a rien de glorieux.Je m’assieds sur l’accoudoir du canapé, croise les jambes et relève la tête vers Elias.— Cet homme sur la photo s’appelle Grant Calloway.Son regard s’assombrit.Il connaît ce nom.Tout le monde le connaît.Grant Cal
---RoxaneJe marche vite. Trop vite.Mes talons claquent contre l’asphalte, trahissant la tempête en moi.Elias est un abruti. Un inconscient. Un foutu problème que je n’arrive pas à résoudre.Pourquoi s’obstine-t-il à me protéger ?Pourquoi faut-il qu’il plonge dans cette histoire alors que je fais tout pour le tenir à l’écart ?Je n’aurais jamais dû m’attacher.Il est censé être un simple patron. Un homme de pouvoir comme un autre.Mais ce n’est pas le cas.Il est différent.Il me voit comme personne ne l’a jamais fait.Et ça me terrifie.Je m’arrête au coin d’une rue, cherchant mon souffle.Les lumières de la ville s’étirent autour de moi, vibrantes et menaçantes à la fois.Je ferme les yeux.Respire, Roxane.Ne te laisse pas emporter.J’entends une vibration dans mon sac. Mon téléphone.Un message.Numéro inconnu : Tu crois pouvoir m’échapper ? Mauvaise idée.Le sang se fige dans mes veines.Calloway.Il est là.Je me retourne brusquement.Un frisson me parcourt l’échine.Rien.P
EliasJe reste là, debout, à regarder Roxane s’éloigner.Elle a cette façon de fuir qui me rend fou.Ce n’est pas juste une question de fierté ou d’indépendance.C’est la peur.Une peur profonde, ancrée en elle, qui l’empêche de laisser quiconque s’approcher trop près.Et putain, je veux être celui qui brise cette barrière.Je prends une inspiration, passe une main sur mon visage.— Tu crois sérieusement que je vais partir comme ça ?Elle s’arrête, de dos.Ses épaules sont raides, crispées.— Elias, tu ne comprends pas.Je m’avance.— Alors explique-moi.Silence.Elle ne bouge pas.Je continue :— Dis-moi ce que Calloway t’a dit. Dis-moi pourquoi tu crois que tu dois affronter ça seule.Elle secoue la tête, exaspérée.— Parce que c’est mon problème !Je me rapproche, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus qu’un souffle entre nous.— Faux. C’est notre problème, maintenant.Elle lève les yeux vers moi, et dans l’éclat de ses prunelles, je vois un mélange de colère, de peur et de quelque chose d’
RoxaneJe cours.Le cœur en feu, l’adrénaline hurlante dans mes veines.Les balles fusent derrière moi, ricochent contre les caisses métalliques. L’air sent la poudre et le sang. Lorenzo et ses hommes couvrent notre fuite, mais Elias ne ralentit pas. Il me pousse en avant, ses doigts serrés autour de mon poignet.— Plus vite, Roxane !La porte du fond est à quelques mètres. Une issue. Un espoir.Puis une ombre se dresse devant nous.Un homme massif, armé d’un fusil.Elias réagit avant moi.Une balle en pleine tête.L’homme s’effondre, mais derrière lui, d’autres surgissent.J’ai juste le temps d’attraper l’arme à ma ceinture avant que l’un d’eux ne fonce sur moi.Son poing s’écrase contre ma mâchoire.La douleur explose.Mais je ne tombe pas.Je me redresse, crache un peu de sang, et riposte.Mon genou percute son entrejambe. Il grogne, vacille.Je l’achève d’un coup de crosse en pleine tempe.Il s’effondre.Derrière moi, Elias se bat comme un démon.Froid, rapide, létal.Il tire, fra
RoxaneL’adrénaline pulse encore dans mes veines quand nous entrons dans l’appartement d’Elias. L’air y est plus frais qu’à l’extérieur, mais il ne dissipe en rien la tension électrique qui nous enveloppe.Il claque la porte derrière nous, jette sa veste sur le canapé et passe une main sur son visage, pensif.— Dis-moi que tu ne penses pas réellement à écouter ce type., lâche-t-il enfin.Je m’approche lentement, mon regard accroché au sien.— Je pense que Romanov nous manipule depuis le début.Il serre la mâchoire.— Et tu penses qu’Orlov, lui, est un saint ? Qu’il dit la vérité ?Je croise les bras, soutenant son regard sans ciller.— Je pense que si on le tue, on n’aura jamais de réponse. Et moi, j’en veux.Il se fige, puis détourne le regard, exaspéré.— Putain, Roxane…— Quoi ?!Je m’approche encore, envahissant son espace. Il ne recule pas.— On sait que Romanov est un monstre. Mais ce qu’on ne sait pas, c’est si nous sommes aussi stupides que lui, à le suivre aveuglément., dis-j
EliasL’air est lourd, chargé d’humidité et de tension. L’entrepôt sent le métal et la rouille, une odeur de bois moisi s’accroche aux murs, et pourtant, tout ce que je ressens, c’est la présence oppressante d’Orlov devant nous.Son regard nous scrute, comme s’il tentait d’évaluer nos pensées, de deviner si nous sommes prêts à l’abattre sur-le-champ ou à écouter ce qu’il a à dire.— Romanov n’est pas l’homme que vous croyez.Ses mots flottent dans l’air, et je sens Roxane se tendre à mes côtés.Moi, je reste immobile.Je sais déjà que Romanov est un monstre. Un homme sans pitié, sans scrupules. Mais ce que je ne sais pas, c’est pourquoi Orlov est encore en vie. Pourquoi il a fui, pourquoi Romanov le veut mort.— Tu crois qu’on va te croire sur parole ? dis-je, la voix basse.Orlov secoue la tête.— Vous pouvez me tuer maintenant, mais alors, vous ne saurez jamais la vérité.Roxane avance d’un pas, provocante.— Et si la vérité ne nous intéresse pas ?Il esquisse un sourire amer.— Tou
RoxaneLe nom claque dans l’air, brutal, sans équivoque.Je répète doucement :— Dmitri Orlov.L’homme face à nous hoche la tête, l’ombre d’un sourire aux lèvres.— Vous le trouvez, vous le faites disparaître, et Romanov vous ouvrira sa porte.Je sens Elias se raidir à côté de moi. Il n’a pas besoin de parler pour que je devine ce qui se passe dans sa tête.Je viens d’accepter un marché dont on ne revient pas.L’homme nous observe quelques instants, puis se lève, ajustant les revers de sa veste.— Vous avez trois jours. Après ça, l’offre expirera.Il nous jette un dernier regard avant de disparaître par une porte dérobée.Le silence qui suit est écrasant.Puis, lentement, je tourne la tête vers Elias.Il me fixe, les mâchoires serrées.— Tu comptes vraiment le faire ? demande-t-il enfin, la voix basse, tendue.Je soutiens son regard sans ciller.— Je compte obtenir ce que je veux.Il ferme brièvement les yeux, exaspéré.— Ce n’est pas un jeu, Roxane.Je souris, provocante.— Tout est
RoxaneL’air nocturne est chargé d’électricité.Je traverse la ville comme une ombre, Elias sur mes talons.Mon cœur bat fort, mais ce n’est pas la peur.C’est l’anticipation.Romanov.Un nom qui fait trembler les plus puissants, qui réduit des empires en poussière.Mais moi, il ne m’effraie pas.Il m’intrigue.Il m’excite.Parce que si Gabriel veut que je joue dans la cour des grands, alors je vais m’assurer d’y entrer avec fracas.— Tu comptes faire quoi, exactement ? grogne Elias à mes côtés.— Le trouver.Il s’arrête net, me force à faire face.— T’es folle. Tu crois que tu peux juste débarquer et lui serrer la main ?Je souris.— Non. Mais je peux trouver une brèche.Il ferme les yeux, exaspéré.— Ce mec est un fantôme, Roxane. Si Gabriel lui-même n’a pas réussi à le coincer, qu’est-ce que tu penses pouvoir faire en une nuit ?Je pose un doigt sur sa poitrine et le pousse légèrement.— Ce que personne ne tente. Je vais chercher là où il ne s’attend pas.Il me fusille du regard, m
RoxaneLe vent de la nuit s’engouffre dans mes cheveux, fouettant ma peau d’une morsure glaciale.Je n’ai pas encore ouvert le dossier que Gabriel m’a remis.Il repose sur la table basse de mon appartement, menaçant, comme une bombe à retardement.Elias est là, appuyé contre le mur, les bras croisés, son regard braqué sur moi.Il attend que je parle.Mais je garde le silence.Parce que si je commence à formuler mes pensées à voix haute, alors il faudra que je reconnaisse ce que j’essaie d’ignorer :Que je suis terrifiée.Pas par la mission.Pas par l’ennemi invisible qui se rapproche.Mais par ce que ça signifie.Si j’accepte ce rôle, je ne serai plus seulement une pièce du jeu.Je deviendrai un joueur à part entière.Et dans ce monde, les joueurs ne survivent pas longtemps.— Tu comptes rester plantée là toute la nuit ?La voix d’Elias est tranchante.Je serre les dents et me détourne.— Je réfléchis.— Ça, je vois bien.Son ton est acéré, et je sais qu’il est à deux doigts d’explose
RoxaneJe m’étais toujours crue maligne.Assez futée pour m’en sortir sans m’attacher, assez habile pour survivre dans cet univers où la loyauté est un luxe et la confiance une faiblesse.Et pourtant, me voilà ici, dans une pièce où le simple poids d’un regard peut condamner une vie.Gabriel Moretti s’appuie contre le dossier de son siège, son regard pesant sur Elias et moi comme une lame suspendue au-dessus de nos têtes.Derrière lui, ses hommes de main restent impassibles, mais je les sens en alerte.Un faux pas, une phrase mal interprétée, et cette conversation pourrait s’achever dans une mare de sang.Elias, lui, ne cille pas.Il se penche légèrement en avant, comme s’il contrôlait la pièce malgré notre position délicate.— On sait que Calloway n’était pas le vrai problème, commence-t-il d’un ton posé. Sa mort n’a fait que soulever un nid de serpents. Et maintenant, ces serpents sont en train de sortir de l’ombre.Gabriel hoche la tête lentement, mais son regard est froid.— Vous
RoxaneLe matin n’a pas encore chassé la nuit lorsque j’ouvre les yeux.La lumière de la ville filtre à travers les rideaux mal tirés, projetant des ombres mouvantes sur le plafond.Je me tourne lentement, et mes doigts effleurent la peau brûlante d’Elias.Il dort à moitié, le souffle régulier, mais son corps reste tendu, comme s’il était prêt à se réveiller au moindre bruit suspect.Je l’observe un instant.Même dans son sommeil, il semble en guerre.Ses paupières tressaillent, sa mâchoire est crispée, et je me demande à quoi ressemblent ses cauchemars.J’ai envie de le toucher, de le ramener ici, loin de ce monde où la violence dicte chaque décision.Mais je ne peux pas.Pas quand moi-même, je me noie dans cette spirale.Je me redresse en silence, enroulant le drap autour de moi, et je quitte la chambre à pas feutrés.Dans le salon plongé dans la pénombre, la ville s’étend sous mes yeux.Les lumières des gratte-ciels brillent comme des constellations artificielles, indifférentes à c
EliasLe silence après un coup de feu est toujours le plus bruyant.Le corps de Calloway s’effondre. Son sourire tordu s’efface dans une mare de sang.Je garde mon arme levée, encore quelques secondes, par pur réflexe. Mon souffle est calme, maîtrisé, mais je sens l’adrénaline me mordre la nuque.Derrière moi, Roxane bouge. Un froissement de tissu, un pas hésitant. Je la sens avant même qu’elle ne pose une main sur mon bras.— C’est fini.Elle murmure, comme si elle devait s’en convaincre elle-même.J’abaisse enfin mon arme.— Oui.Mais je sais qu’un combat ne s’arrête jamais vraiment.Lorenzo arrive derrière nous, haletant, l’arme encore fumante.— Il avait prévu le coup. Il voulait nous attirer ici.Je hoche la tête. C’était évident.Roxane fronce les sourcils.— Pourquoi ? Il savait qu’il ne pouvait pas gagner.— Parce qu’il voulait nous ralentir, dis-je en regardant les documents éparpillés sur le bureau de Calloway.Des dossiers ouverts, des notes griffonnées à la hâte.Je prends
RoxaneJe cours.Le cœur en feu, l’adrénaline hurlante dans mes veines.Les balles fusent derrière moi, ricochent contre les caisses métalliques. L’air sent la poudre et le sang. Lorenzo et ses hommes couvrent notre fuite, mais Elias ne ralentit pas. Il me pousse en avant, ses doigts serrés autour de mon poignet.— Plus vite, Roxane !La porte du fond est à quelques mètres. Une issue. Un espoir.Puis une ombre se dresse devant nous.Un homme massif, armé d’un fusil.Elias réagit avant moi.Une balle en pleine tête.L’homme s’effondre, mais derrière lui, d’autres surgissent.J’ai juste le temps d’attraper l’arme à ma ceinture avant que l’un d’eux ne fonce sur moi.Son poing s’écrase contre ma mâchoire.La douleur explose.Mais je ne tombe pas.Je me redresse, crache un peu de sang, et riposte.Mon genou percute son entrejambe. Il grogne, vacille.Je l’achève d’un coup de crosse en pleine tempe.Il s’effondre.Derrière moi, Elias se bat comme un démon.Froid, rapide, létal.Il tire, fra