RoxaneL’air nocturne est chargé d’électricité.Je traverse la ville comme une ombre, Elias sur mes talons.Mon cœur bat fort, mais ce n’est pas la peur.C’est l’anticipation.Romanov.Un nom qui fait trembler les plus puissants, qui réduit des empires en poussière.Mais moi, il ne m’effraie pas.Il m’intrigue.Il m’excite.Parce que si Gabriel veut que je joue dans la cour des grands, alors je vais m’assurer d’y entrer avec fracas.— Tu comptes faire quoi, exactement ? grogne Elias à mes côtés.— Le trouver.Il s’arrête net, me force à faire face.— T’es folle. Tu crois que tu peux juste débarquer et lui serrer la main ?Je souris.— Non. Mais je peux trouver une brèche.Il ferme les yeux, exaspéré.— Ce mec est un fantôme, Roxane. Si Gabriel lui-même n’a pas réussi à le coincer, qu’est-ce que tu penses pouvoir faire en une nuit ?Je pose un doigt sur sa poitrine et le pousse légèrement.— Ce que personne ne tente. Je vais chercher là où il ne s’attend pas.Il me fusille du regard, m
RoxaneLe nom claque dans l’air, brutal, sans équivoque.Je répète doucement :— Dmitri Orlov.L’homme face à nous hoche la tête, l’ombre d’un sourire aux lèvres.— Vous le trouvez, vous le faites disparaître, et Romanov vous ouvrira sa porte.Je sens Elias se raidir à côté de moi. Il n’a pas besoin de parler pour que je devine ce qui se passe dans sa tête.Je viens d’accepter un marché dont on ne revient pas.L’homme nous observe quelques instants, puis se lève, ajustant les revers de sa veste.— Vous avez trois jours. Après ça, l’offre expirera.Il nous jette un dernier regard avant de disparaître par une porte dérobée.Le silence qui suit est écrasant.Puis, lentement, je tourne la tête vers Elias.Il me fixe, les mâchoires serrées.— Tu comptes vraiment le faire ? demande-t-il enfin, la voix basse, tendue.Je soutiens son regard sans ciller.— Je compte obtenir ce que je veux.Il ferme brièvement les yeux, exaspéré.— Ce n’est pas un jeu, Roxane.Je souris, provocante.— Tout est
EliasL’air est lourd, chargé d’humidité et de tension. L’entrepôt sent le métal et la rouille, une odeur de bois moisi s’accroche aux murs, et pourtant, tout ce que je ressens, c’est la présence oppressante d’Orlov devant nous.Son regard nous scrute, comme s’il tentait d’évaluer nos pensées, de deviner si nous sommes prêts à l’abattre sur-le-champ ou à écouter ce qu’il a à dire.— Romanov n’est pas l’homme que vous croyez.Ses mots flottent dans l’air, et je sens Roxane se tendre à mes côtés.Moi, je reste immobile.Je sais déjà que Romanov est un monstre. Un homme sans pitié, sans scrupules. Mais ce que je ne sais pas, c’est pourquoi Orlov est encore en vie. Pourquoi il a fui, pourquoi Romanov le veut mort.— Tu crois qu’on va te croire sur parole ? dis-je, la voix basse.Orlov secoue la tête.— Vous pouvez me tuer maintenant, mais alors, vous ne saurez jamais la vérité.Roxane avance d’un pas, provocante.— Et si la vérité ne nous intéresse pas ?Il esquisse un sourire amer.— Tou
RoxaneL’adrénaline pulse encore dans mes veines quand nous entrons dans l’appartement d’Elias. L’air y est plus frais qu’à l’extérieur, mais il ne dissipe en rien la tension électrique qui nous enveloppe.Il claque la porte derrière nous, jette sa veste sur le canapé et passe une main sur son visage, pensif.— Dis-moi que tu ne penses pas réellement à écouter ce type., lâche-t-il enfin.Je m’approche lentement, mon regard accroché au sien.— Je pense que Romanov nous manipule depuis le début.Il serre la mâchoire.— Et tu penses qu’Orlov, lui, est un saint ? Qu’il dit la vérité ?Je croise les bras, soutenant son regard sans ciller.— Je pense que si on le tue, on n’aura jamais de réponse. Et moi, j’en veux.Il se fige, puis détourne le regard, exaspéré.— Putain, Roxane…— Quoi ?!Je m’approche encore, envahissant son espace. Il ne recule pas.— On sait que Romanov est un monstre. Mais ce qu’on ne sait pas, c’est si nous sommes aussi stupides que lui, à le suivre aveuglément., dis-j
EliasL’adrénaline s’épuise lentement, laissant place à une fatigue brutale. Le moteur vrombit dans la nuit, et Orlov conduit comme un démon, évitant les patrouilles de police qui quadrillent la ville.Je jette un regard à Roxane.Elle est assise à l’arrière, le visage tourné vers la vitre, mais je vois ses doigts crispés sur sa cuisse.Elle essaie de masquer la tension, mais je la connais trop bien.— Tout va bien ?, murmuré-je.Elle ne répond pas tout de suite.Puis, lentement, elle tourne la tête vers moi.— Je suis en vie. C’est déjà ça, non ?Sa voix est calme, mais il y a quelque chose de cassé sous la surface.J’attrape sa main, l’empêche de trembler.— On s’en sortira., dis-je, comme une promesse.Orlov ricane devant.— Toujours aussi optimiste, Moretti.— Toujours aussi chiant, Orlov.Il éclate de rire et enfonce l’accélérateur.---RoxaneL’entrepôt est un trou à rats.De la rouille, des murs tagués, des caisses poussiéreuses. L’odeur de l’huile et du métal règne en maître.
RoxaneLe vacarme des balles m’assourdit, chaque détonation résonne comme un coup de tonnerre dans mes oreilles. L’odeur de poudre emplit mes narines tandis que je me plaque contre une caisse en bois éclatée sous l’impact des tirs. Mon souffle est court, mon cœur bat à un rythme effréné, mais je garde mon sang-froid.Elias est accroupi de l’autre côté, rechargeant son arme avec une précision mécanique. Son regard se lève vers moi, et dans ses yeux brille une lueur féroce. Il vit pour ça.— On ne peut pas rester coincés ici., dis-je entre deux tirs.Elias esquisse un sourire en coin, essuyant rapidement une goutte de sueur sur son front.— Je sais. On va leur montrer pourquoi ils ont fait une erreur en nous sous-estimant.Je repère un homme en train d’essayer de contourner notre position et tire sans hésitation. Il s’effondre, et je sens une vague d’adrénaline me traverser. Un de moins.Derrière nous, Orlov jure entre ses dents.— Bordel, Romanov a vraiment sorti l’artillerie lourde. I
---RoxaneL’odeur du sang et de la poudre flotte encore dans l’air alors que je reste immobile, le regard fixé sur Romanov. Son corps gît à mes pieds, une mare de sang s’élargissant sous lui. Ma poitrine se soulève rapidement, mon cœur martelant mes côtes. Je devrais ressentir de la satisfaction. Après tout, c’est terminé.Mais l’adrénaline refuse de redescendre.Je tourne la tête vers Elias. Il est adossé au mur, la main pressée contre son épaule blessée. Son visage est pâle, mais son regard est aussi perçant que d’habitude. Il me fixe avec une intensité qui me serre la gorge.— Belle entrée., lâche-t-il, un sourire en coin.Je croise les bras, masquant mon inquiétude sous un air faussement désinvolte.— Si j’avais su que tu allais te jeter dans la gueule du loup, j’aurais pris mon temps.Son sourire s’élargit légèrement, mais je vois bien qu’il lutte contre la douleur.— Il fallait bien que quelqu’un s’occupe de ce salopard., dit-il en jetant un regard méprisant à Romanov.Un bruit
---RoxaneLa nuit est tombée, enveloppant la ville dans un manteau de ténèbres. À travers la vitre de la voiture, les lumières des lampadaires défilent comme des spectres silencieux. Mon corps est tendu, mon esprit incapable de se calmer malgré la victoire que nous venons d’arracher à Romanov.Elias est assis à mes côtés, sa blessure fraîchement recousue, le visage fermé. Orlov conduit sans un mot, son expression étrangement pensive.Je devrais me sentir soulagée.Romanov est mort.Mais ce n’est pas la fin.— Où tu veux qu’on te dépose ? demande Orlov en me jetant un coup d’œil furtif dans le rétroviseur.Je cligne des yeux, ramenée brutalement à la réalité.— Chez moi.— Tu es sûre ?Je hoche la tête. Je veux rentrer. Je veux me poser, ne serait-ce qu’un instant, avant de devoir affronter ce qui va suivre.— Et toi, Elias ?Il reste silencieux un moment, puis finit par lâcher :— Je vais avec elle.Je tourne la tête vers lui, surprise.— Tu devrais te reposer.— Je me reposerai plus
RoxaneIl faut être prêt à tout dans ce monde.Je le savais en intégrant cette entreprise, je le savais en défiant Alix, je le savais en jouant avec Elias.Mais ce que je ressens en franchissant la porte de la salle 12 dépasse toutes mes attentes.Ils sont trois.Trois visages neutres, trois personnes du service RH assises autour d’une table en verre, avec des dossiers ouverts devant elles.L’une d’elles, une femme aux cheveux courts et au tailleur beige impeccablement repassé, m’adresse un sourire poli.— Asseyez-vous, Mademoiselle Lenoir.Mon cœur bat vite. Trop vite. Mais je ne laisse rien paraître.Je m’installe, croisant les jambes avec une lenteur calculée.— On peut m’expliquer ce qui se passe ?Un homme d’âge mûr, crâne légèrement dégarni, joint les mains sur la table.— Des anomalies ont été relevées dans plusieurs de vos dossiers récents. Des erreurs d’affectation, des documents signés en double, et dans certains cas… des données qui ne correspondent pas aux fichiers de réfé
RoxaneJe suis une menteuse.Une très bonne menteuse.J’ai appris à sourire quand je veux crier, à garder mon sang-froid quand mon cœur cogne comme un fou dans ma poitrine. J’ai appris à jouer.Et pourtant, face à lui, je vacille.Elias me teste, me pousse à bout, effleure mes limites avec une précision chirurgicale. Il sait exactement où frapper, comment insinuer le doute, comment me troubler.Et je le déteste pour ça.— Tout est en ordre, Roxane ?Sa voix est une caresse empoisonnée, un murmure qui me serre la gorge.Je pourrais répondre oui. Tourner les talons. M’éloigner avant que cette chaleur insupportable ne me consume entièrement.Mais mes jambes refusent de bouger.Je lève les yeux vers lui, plonge dans ses prunelles sombres.Une guerre silencieuse s’y joue.Il attend une réaction.Un aveu.Alors je fais ce que je sais faire de mieux.Je mens.— Évidemment.Il ne bouge pas immédiatement. Son regard fouille le mien, cherchant un signe, une brèche. Puis, lentement, un sourire s
---RoxaneLe matin me cueille avec une violence sourde.Je suis encore étourdie par la veille, par la pression brûlante du corps d’Elias contre le mien, par ce baiser qui aurait pu me faire basculer… mais que j’ai refusé d’accorder totalement.Parce que céder, c’est perdre.Et je ne perds jamais.Je me redresse lentement dans mon lit, le regard perdu sur les rayons de soleil qui filtrent à travers mes rideaux. J’inspire profondément, chasse la chaleur qui menace de s’accrocher à ma peau.Elias veut jouer.Très bien.Mais il va apprendre que je suis bien plus coriace qu’il ne l’imagine.Mon téléphone vibre sur la table de nuit.Un message.Alix : Petit-déjeuner au bureau à 8 h. Ne sois pas en retard.Un rire sarcastique m’échappe.Bien sûr qu’elle veut me voir.Après ma victoire d’hier, elle doit être en train de fomenter sa revanche.Et je suis prête.---EliasLorsque j’entre dans la salle de réunion, Roxane est déjà là.Assise à son poste habituel, une tasse de café à la main, elle
---RoxaneLa victoire a un goût amer.Je devrais être euphorique après avoir éclipsé Alix devant l’un de nos plus gros clients. Après avoir démontré, une fois de plus, que je suis la meilleure. Mais une tension sourde pulse dans mes veines, comme un avertissement silencieux.Elias.Il n’a encore rien dit, mais je le connais. Il n’aime pas perdre le contrôle, et en coupant l’herbe sous le pied d’Alix, je l’ai indirectement défié.Et Elias déteste être défié.Je pousse la porte de mon appartement, lâche mon sac sur la table et me sers un verre de vin. La ville s’étend sous mes fenêtres, scintillante et vibrante, mais mon esprit est ailleurs.Il va réagir.La question est : comment ?Et surtout… suis-je prête à l’affronter ?Je porte mon verre à mes lèvres, mais une vibration me fige.Mon téléphone.Un message.Elias : Ouvre la porte.Mon cœur rate un battement.Je tourne la tête vers l’entrée, mon souffle suspendu. Une ombre derrière le verre dépoli.Il est déjà là.J’inspire profondém
RoxaneJe n’ai jamais eu peur du combat.Que ce soit dans une salle de réunion, dans un dossier compliqué ou face à une rivale prête à tout, j’ai toujours su me battre.Mais cette fois-ci, c’est différent.Parce qu’Elias est en jeu.Parce que ce n’est pas seulement mon poste qui est menacé, mais quelque chose de bien plus dangereux. Quelque chose qui me dépasse, qui me consume, qui me détruit lentement.Et parce que cette fois, en face de moi, se tient une ennemie redoutable.Alix.Elle trône toujours à mon bureau, son sourire suffisant plaqué sur son visage parfait, comme si elle savourait déjà sa victoire.Mais elle ne sait pas à qui elle a affaire.Je m’avance lentement, mes talons résonnant sur le parquet de l’open-space. Chaque pas est une déclaration de guerre.Elle lève les yeux vers moi, faussement innocente.— Quelque chose ne va pas, Roxane ?Je me penche légèrement, posant les mains sur le bureau.— Oui. Ton parfum envahit mon espace.Elle rit doucement, croisant les jambes
RoxaneJe devrais partir.Après ce qu’il s’est passé cette nuit, après ce que j’ai entendu ce matin, je devrais simplement rassembler mes affaires et m’éclipser sans un mot. Faire comme si rien de tout cela n’avait d’importance. Comme si Elias Moreau ne m’avait pas déjà contaminée jusqu’au plus profond de mes os.Mais je reste là.Assise sur le bord du lit, mes doigts crispés sur le drap, mes pensées en vrac.Elias se tient devant moi, torse nu, une tasse de café à la main, comme si tout était normal. Comme si nous n’étions pas au bord d’un précipice.— Tu comptes rester silencieuse encore longtemps ?Je relève la tête. Son regard est posé sur moi, intense, scrutateur.— Que veux-tu que je dise ?Il sourit. Lentement. Comme si tout cela l’amusait.— D’habitude, tu trouves toujours quelque chose à dire.Je serre la mâchoire. Il n’a pas tort.Je devrais avoir une réplique mordante, une manière de reprendre le contrôle. Mais tout mon corps se souvient encore de la nuit dernière.De ses m
RoxaneLe monde bascule.Ses lèvres s’écrasent sur les miennes avec une brutalité qui me coupe le souffle, qui me fait chavirer. Ses mains s’accrochent à mes hanches, m’attirent contre lui avec une force qui ne laisse aucune place au doute. Il ne me demande pas la permission. Il prend.Et je le laisse faire.Je devrais résister. Je devrais me dégager, lui dire d’arrêter.Mais mes bras s’enroulent autour de sa nuque, mes doigts glissent dans ses cheveux, et je me perds dans cet instant, incapable de lutter contre ce feu qui nous consume.Son corps brûle contre le mien, et chaque frisson qui me traverse me rappelle une vérité cruelle : je n’ai jamais ressenti ça avec personne.— Tu es à moi.Sa voix est rauque, un souffle contre ma peau.Je ne réponds pas.Parce qu’il a raison.Je suis à lui.Et je le déteste pour ça.---EliasElle tremble entre mes bras, ses ongles s’enfoncent dans ma peau, et je ressens tout.Sa peur.Son désir.Son besoin.Roxane a toujours prétendu être insaisissab
RoxaneJe hais Elias.Et je hais encore plus le fait que mes lèvres brûlent toujours du contact des siennes.Assise dans cette voiture luxueuse, le silence entre nous est étouffant. Je croise les bras, fixe la route qui défile à travers la vitre. Chaque seconde qui passe alimente ma rage, ma frustration.J’aurais dû rester avec Lucas.J’aurais dû claquer la porte au nez d’Elias.Mais non.J’ai fait exactement ce qu’il voulait.Je suis montée dans cette voiture comme une idiote, comme une femme incapable de résister à la tentation destructrice qu’il incarne.Il est là, assis à côté de moi, parfaitement calme. Comme s’il savait déjà qu’il avait gagné.— Tu ne dis rien ?Ma voix tranche dans l’air, acérée.Il tourne légèrement la tête vers moi, ses yeux sombres et perçants.— Qu’est-ce que tu veux que je dise ?— Je ne sais pas… Peut-être une excuse ? Un semblant de remords pour m’avoir traînée ici comme un putain de trophée ?Il rit doucement. Ce rire m’électrise, me fout encore plus en
EliasJe n’ai pas dormi.Pas une seule putain de minute.L’image de Roxane avec lui me hante.Elle pense qu’elle peut me quitter comme ça ? Me tourner le dos et disparaître dans les bras de Lucas comme si je n’avais jamais existé ?Non.Je refuse.Je suis là, dans mon bureau, une cigarette éteinte entre les doigts. Je la fais tourner lentement, le regard perdu sur la ville qui s’étend derrière la vitre.Il est six heures du matin et je suis encore là.Adrien entre sans frapper, son regard fatigué trahissant qu’il n’a pas dormi non plus.— Tu es au courant ?Je tourne lentement la tête vers lui.— Dis-moi.Il pose son téléphone sur mon bureau.Une photo s’affiche.Roxane.Avec Lucas.Ensemble, sortant de chez lui.Une gifle en pleine figure.Je serre les poings.Adrien hésite avant de parler.— On dit que Lucas l’a convaincue de partir pour de bon.J’éclate de rire, un rire froid, sans joie.— Vraiment ?Adrien me fixe, méfiant.Il sait ce que ce rire signifie.— Elias…Je me lève d’un