---RoxaneLe matin me cueille avec une violence sourde.Je suis encore étourdie par la veille, par la pression brûlante du corps d’Elias contre le mien, par ce baiser qui aurait pu me faire basculer… mais que j’ai refusé d’accorder totalement.Parce que céder, c’est perdre.Et je ne perds jamais.Je me redresse lentement dans mon lit, le regard perdu sur les rayons de soleil qui filtrent à travers mes rideaux. J’inspire profondément, chasse la chaleur qui menace de s’accrocher à ma peau.Elias veut jouer.Très bien.Mais il va apprendre que je suis bien plus coriace qu’il ne l’imagine.Mon téléphone vibre sur la table de nuit.Un message.Alix : Petit-déjeuner au bureau à 8 h. Ne sois pas en retard.Un rire sarcastique m’échappe.Bien sûr qu’elle veut me voir.Après ma victoire d’hier, elle doit être en train de fomenter sa revanche.Et je suis prête.---EliasLorsque j’entre dans la salle de réunion, Roxane est déjà là.Assise à son poste habituel, une tasse de café à la main, elle
RoxaneJe suis une menteuse.Une très bonne menteuse.J’ai appris à sourire quand je veux crier, à garder mon sang-froid quand mon cœur cogne comme un fou dans ma poitrine. J’ai appris à jouer.Et pourtant, face à lui, je vacille.Elias me teste, me pousse à bout, effleure mes limites avec une précision chirurgicale. Il sait exactement où frapper, comment insinuer le doute, comment me troubler.Et je le déteste pour ça.— Tout est en ordre, Roxane ?Sa voix est une caresse empoisonnée, un murmure qui me serre la gorge.Je pourrais répondre oui. Tourner les talons. M’éloigner avant que cette chaleur insupportable ne me consume entièrement.Mais mes jambes refusent de bouger.Je lève les yeux vers lui, plonge dans ses prunelles sombres.Une guerre silencieuse s’y joue.Il attend une réaction.Un aveu.Alors je fais ce que je sais faire de mieux.Je mens.— Évidemment.Il ne bouge pas immédiatement. Son regard fouille le mien, cherchant un signe, une brèche. Puis, lentement, un sourire s
RoxaneIl faut être prêt à tout dans ce monde.Je le savais en intégrant cette entreprise, je le savais en défiant Alix, je le savais en jouant avec Elias.Mais ce que je ressens en franchissant la porte de la salle 12 dépasse toutes mes attentes.Ils sont trois.Trois visages neutres, trois personnes du service RH assises autour d’une table en verre, avec des dossiers ouverts devant elles.L’une d’elles, une femme aux cheveux courts et au tailleur beige impeccablement repassé, m’adresse un sourire poli.— Asseyez-vous, Mademoiselle Lenoir.Mon cœur bat vite. Trop vite. Mais je ne laisse rien paraître.Je m’installe, croisant les jambes avec une lenteur calculée.— On peut m’expliquer ce qui se passe ?Un homme d’âge mûr, crâne légèrement dégarni, joint les mains sur la table.— Des anomalies ont été relevées dans plusieurs de vos dossiers récents. Des erreurs d’affectation, des documents signés en double, et dans certains cas… des données qui ne correspondent pas aux fichiers de réfé
EliasLes coups sont partis.Alix a frappé la première. C’était prévisible. C’était inévitable.Mais Roxane…Elle ne s’effondre pas.Elle se bat.Et c’est exactement ce que j’attendais d’elle.Assis dans mon bureau, j’observe la porte close. Elle va venir. C’est une certitude. Je l’ai laissée avec cette clé USB, un fil tendu entre nous.Quand elle l’utilisera, elle comprendra.Quand elle reviendra, je saurai si elle est prête à aller jusqu’au bout.Trois coups secs résonnent.— Entre.La porte s’ouvre. Roxane franchit le seuil, le regard brûlant.Elle est venue plus vite que prévu.Je referme mon ordinateur et me penche en avant.Elle s’avance, s’arrête devant mon bureau.— C’est quoi, cette clé ?Sa voix est tranchante. Une lame bien affûtée.Je croise les mains sous mon menton.— Je croyais que tu aurais déjà trouvé la réponse.Elle serre les dents.— J’ai vu les fichiers. Des accès aux serveurs, des relevés de connexion… et un dossier entier sur Alix. Tu m’espionnes ?Je souris lég
RoxaneLe jeu n’est pas fini.Je le sens dans chaque battement de mon cœur, dans chaque frisson qui parcourt ma peau alors qu’Alix s’éloigne. Elle ne partira pas sans tenter un dernier coup. Elle n’abandonne jamais.Mais moi non plus.À côté de moi, Elias croise les bras, observant le parking désert d’un air pensif.— Elle va contre-attaquer.Je hoche la tête.— C’est ce que j’espère.Il se tourne vers moi, un éclat de curiosité dans le regard.— Tu as déjà ton prochain mouvement ?— Depuis le début.Il sourit légèrement.— Montre-moi.Je sors mon téléphone, fais défiler les documents que j’ai copiés. Des preuves de détournement de fonds. Des transactions effacées. Des comptes offshore reliés à des entreprises fantômes.Alix n’est pas qu’une manipulatrice.C’est une criminelle.— J’ai de quoi la faire tomber. Officiellement.Elias observe l’écran, son sourire s’étire.— Et officieusement ?Je relève les yeux vers lui.— Je veux qu’elle sache que je peux la détruire. Mais je veux aussi
---RoxaneJe cours.Les talons de mes chaussures claquent sur le sol encore tiède de l’incendie, l’odeur du plastique brûlé s’accroche à mes vêtements, à ma peau. Chaque inspiration me rappelle que nous avons perdu une bataille, mais pas la guerre.Alix croit m’avoir dépassée.Elle se trompe.Je n’ai jamais perdu une guerre de territoire sans me battre jusqu’à la dernière goutte de sueur, jusqu’à la dernière étincelle de rage.Elias est à mes côtés, son souffle court, son regard acéré.— On va où ? demande-t-il entre deux foulées.— Si elle a volé des données, elle doit les transférer. Et pour ça, elle a besoin d’un réseau sécurisé.Je dégaine mon téléphone, tapant à toute vitesse sur l’écran fissuré.Le nom d’un hacker s’affiche. Un allié de longue date. Un homme qui sait tout sur le marché noir numérique.« On a une brèche. Vérifie les canaux clandestins. »Quelques secondes plus tard, la réponse claque.« Trafic suspect. Borne privée. Hôtel Blackwood. Suite 1203. »Je relève la tê
EliasLondres.Les rues humides brillent sous les néons, les taxis filent dans le chaos ordonné de la ville, et moi, je suis là, dans cette voiture banalisée, le regard rivé sur un immeuble à la façade austère.— Elle est bien là-dedans ? demande Roxane, assise à côté de moi.Je serre la mâchoire.— Son vol a atterri il y a trois heures. Elle n’a pas eu le temps d’aller ailleurs.Lucian Blackwood n’est pas du genre à faire attendre ses alliés. Ou ses pions.Roxane tapote nerveusement le tableau de bord.— Et notre plan ?Je lui jette un regard.— On entre. On récupère les fichiers. Et si elle résiste…Je ne finis pas ma phrase.Elle comprend.Roxane me lance un sourire en coin.— Parfait.Elle aime ça. Le risque. L’adrénaline. L’affrontement.Et moi ?Moi, je veux juste en finir.Je sors de la voiture et traverse la rue sans hésiter. Roxane me suit de près.Le bâtiment est sécurisé. Évidemment.Mais j’ai toujours une longueur d’avance.Je glisse une carte falsifiée dans le lecteur de
RoxaneJ’adore les défis. C’est ce qui me fait vibrer, ce qui m’anime. Je ne recule devant rien, et surtout pas devant un poste en or. Assistante du grand Elias Grayson ? Le PDG le plus redouté du milieu, celui qui broie ses employés comme des pions sur un échiquier ? Un homme aussi brillant que glacial, dont la seule présence fait trembler les murs de son empire ? Je le veux.Alors, quand je pousse les portes du gratte-ciel imposant qui abrite Grayson Corporation, un frisson d’excitation me parcourt l’échine. J’ajuste ma veste en cuir sur mon chemisier immaculé, redresse le menton et entre dans le hall de marbre avec l’assurance d’une reine en territoire conquis.— Roxane Belmont, j’ai rendez-vous.La réceptionniste, une blonde tirée à quatre épingles, me jette un regard neutre avant d’annoncer mon arrivée par téléphone. Quelques secondes plus tard, une femme à la silhouette élancée apparaît. Cheveux impeccablement tirés en un chignon strict, tailleur cintré, regard perçant.— Natali
EliasLondres.Les rues humides brillent sous les néons, les taxis filent dans le chaos ordonné de la ville, et moi, je suis là, dans cette voiture banalisée, le regard rivé sur un immeuble à la façade austère.— Elle est bien là-dedans ? demande Roxane, assise à côté de moi.Je serre la mâchoire.— Son vol a atterri il y a trois heures. Elle n’a pas eu le temps d’aller ailleurs.Lucian Blackwood n’est pas du genre à faire attendre ses alliés. Ou ses pions.Roxane tapote nerveusement le tableau de bord.— Et notre plan ?Je lui jette un regard.— On entre. On récupère les fichiers. Et si elle résiste…Je ne finis pas ma phrase.Elle comprend.Roxane me lance un sourire en coin.— Parfait.Elle aime ça. Le risque. L’adrénaline. L’affrontement.Et moi ?Moi, je veux juste en finir.Je sors de la voiture et traverse la rue sans hésiter. Roxane me suit de près.Le bâtiment est sécurisé. Évidemment.Mais j’ai toujours une longueur d’avance.Je glisse une carte falsifiée dans le lecteur de
---RoxaneJe cours.Les talons de mes chaussures claquent sur le sol encore tiède de l’incendie, l’odeur du plastique brûlé s’accroche à mes vêtements, à ma peau. Chaque inspiration me rappelle que nous avons perdu une bataille, mais pas la guerre.Alix croit m’avoir dépassée.Elle se trompe.Je n’ai jamais perdu une guerre de territoire sans me battre jusqu’à la dernière goutte de sueur, jusqu’à la dernière étincelle de rage.Elias est à mes côtés, son souffle court, son regard acéré.— On va où ? demande-t-il entre deux foulées.— Si elle a volé des données, elle doit les transférer. Et pour ça, elle a besoin d’un réseau sécurisé.Je dégaine mon téléphone, tapant à toute vitesse sur l’écran fissuré.Le nom d’un hacker s’affiche. Un allié de longue date. Un homme qui sait tout sur le marché noir numérique.« On a une brèche. Vérifie les canaux clandestins. »Quelques secondes plus tard, la réponse claque.« Trafic suspect. Borne privée. Hôtel Blackwood. Suite 1203. »Je relève la tê
RoxaneLe jeu n’est pas fini.Je le sens dans chaque battement de mon cœur, dans chaque frisson qui parcourt ma peau alors qu’Alix s’éloigne. Elle ne partira pas sans tenter un dernier coup. Elle n’abandonne jamais.Mais moi non plus.À côté de moi, Elias croise les bras, observant le parking désert d’un air pensif.— Elle va contre-attaquer.Je hoche la tête.— C’est ce que j’espère.Il se tourne vers moi, un éclat de curiosité dans le regard.— Tu as déjà ton prochain mouvement ?— Depuis le début.Il sourit légèrement.— Montre-moi.Je sors mon téléphone, fais défiler les documents que j’ai copiés. Des preuves de détournement de fonds. Des transactions effacées. Des comptes offshore reliés à des entreprises fantômes.Alix n’est pas qu’une manipulatrice.C’est une criminelle.— J’ai de quoi la faire tomber. Officiellement.Elias observe l’écran, son sourire s’étire.— Et officieusement ?Je relève les yeux vers lui.— Je veux qu’elle sache que je peux la détruire. Mais je veux aussi
EliasLes coups sont partis.Alix a frappé la première. C’était prévisible. C’était inévitable.Mais Roxane…Elle ne s’effondre pas.Elle se bat.Et c’est exactement ce que j’attendais d’elle.Assis dans mon bureau, j’observe la porte close. Elle va venir. C’est une certitude. Je l’ai laissée avec cette clé USB, un fil tendu entre nous.Quand elle l’utilisera, elle comprendra.Quand elle reviendra, je saurai si elle est prête à aller jusqu’au bout.Trois coups secs résonnent.— Entre.La porte s’ouvre. Roxane franchit le seuil, le regard brûlant.Elle est venue plus vite que prévu.Je referme mon ordinateur et me penche en avant.Elle s’avance, s’arrête devant mon bureau.— C’est quoi, cette clé ?Sa voix est tranchante. Une lame bien affûtée.Je croise les mains sous mon menton.— Je croyais que tu aurais déjà trouvé la réponse.Elle serre les dents.— J’ai vu les fichiers. Des accès aux serveurs, des relevés de connexion… et un dossier entier sur Alix. Tu m’espionnes ?Je souris lég
RoxaneIl faut être prêt à tout dans ce monde.Je le savais en intégrant cette entreprise, je le savais en défiant Alix, je le savais en jouant avec Elias.Mais ce que je ressens en franchissant la porte de la salle 12 dépasse toutes mes attentes.Ils sont trois.Trois visages neutres, trois personnes du service RH assises autour d’une table en verre, avec des dossiers ouverts devant elles.L’une d’elles, une femme aux cheveux courts et au tailleur beige impeccablement repassé, m’adresse un sourire poli.— Asseyez-vous, Mademoiselle Lenoir.Mon cœur bat vite. Trop vite. Mais je ne laisse rien paraître.Je m’installe, croisant les jambes avec une lenteur calculée.— On peut m’expliquer ce qui se passe ?Un homme d’âge mûr, crâne légèrement dégarni, joint les mains sur la table.— Des anomalies ont été relevées dans plusieurs de vos dossiers récents. Des erreurs d’affectation, des documents signés en double, et dans certains cas… des données qui ne correspondent pas aux fichiers de réfé
RoxaneJe suis une menteuse.Une très bonne menteuse.J’ai appris à sourire quand je veux crier, à garder mon sang-froid quand mon cœur cogne comme un fou dans ma poitrine. J’ai appris à jouer.Et pourtant, face à lui, je vacille.Elias me teste, me pousse à bout, effleure mes limites avec une précision chirurgicale. Il sait exactement où frapper, comment insinuer le doute, comment me troubler.Et je le déteste pour ça.— Tout est en ordre, Roxane ?Sa voix est une caresse empoisonnée, un murmure qui me serre la gorge.Je pourrais répondre oui. Tourner les talons. M’éloigner avant que cette chaleur insupportable ne me consume entièrement.Mais mes jambes refusent de bouger.Je lève les yeux vers lui, plonge dans ses prunelles sombres.Une guerre silencieuse s’y joue.Il attend une réaction.Un aveu.Alors je fais ce que je sais faire de mieux.Je mens.— Évidemment.Il ne bouge pas immédiatement. Son regard fouille le mien, cherchant un signe, une brèche. Puis, lentement, un sourire s
---RoxaneLe matin me cueille avec une violence sourde.Je suis encore étourdie par la veille, par la pression brûlante du corps d’Elias contre le mien, par ce baiser qui aurait pu me faire basculer… mais que j’ai refusé d’accorder totalement.Parce que céder, c’est perdre.Et je ne perds jamais.Je me redresse lentement dans mon lit, le regard perdu sur les rayons de soleil qui filtrent à travers mes rideaux. J’inspire profondément, chasse la chaleur qui menace de s’accrocher à ma peau.Elias veut jouer.Très bien.Mais il va apprendre que je suis bien plus coriace qu’il ne l’imagine.Mon téléphone vibre sur la table de nuit.Un message.Alix : Petit-déjeuner au bureau à 8 h. Ne sois pas en retard.Un rire sarcastique m’échappe.Bien sûr qu’elle veut me voir.Après ma victoire d’hier, elle doit être en train de fomenter sa revanche.Et je suis prête.---EliasLorsque j’entre dans la salle de réunion, Roxane est déjà là.Assise à son poste habituel, une tasse de café à la main, elle
---RoxaneLa victoire a un goût amer.Je devrais être euphorique après avoir éclipsé Alix devant l’un de nos plus gros clients. Après avoir démontré, une fois de plus, que je suis la meilleure. Mais une tension sourde pulse dans mes veines, comme un avertissement silencieux.Elias.Il n’a encore rien dit, mais je le connais. Il n’aime pas perdre le contrôle, et en coupant l’herbe sous le pied d’Alix, je l’ai indirectement défié.Et Elias déteste être défié.Je pousse la porte de mon appartement, lâche mon sac sur la table et me sers un verre de vin. La ville s’étend sous mes fenêtres, scintillante et vibrante, mais mon esprit est ailleurs.Il va réagir.La question est : comment ?Et surtout… suis-je prête à l’affronter ?Je porte mon verre à mes lèvres, mais une vibration me fige.Mon téléphone.Un message.Elias : Ouvre la porte.Mon cœur rate un battement.Je tourne la tête vers l’entrée, mon souffle suspendu. Une ombre derrière le verre dépoli.Il est déjà là.J’inspire profondém
RoxaneJe n’ai jamais eu peur du combat.Que ce soit dans une salle de réunion, dans un dossier compliqué ou face à une rivale prête à tout, j’ai toujours su me battre.Mais cette fois-ci, c’est différent.Parce qu’Elias est en jeu.Parce que ce n’est pas seulement mon poste qui est menacé, mais quelque chose de bien plus dangereux. Quelque chose qui me dépasse, qui me consume, qui me détruit lentement.Et parce que cette fois, en face de moi, se tient une ennemie redoutable.Alix.Elle trône toujours à mon bureau, son sourire suffisant plaqué sur son visage parfait, comme si elle savourait déjà sa victoire.Mais elle ne sait pas à qui elle a affaire.Je m’avance lentement, mes talons résonnant sur le parquet de l’open-space. Chaque pas est une déclaration de guerre.Elle lève les yeux vers moi, faussement innocente.— Quelque chose ne va pas, Roxane ?Je me penche légèrement, posant les mains sur le bureau.— Oui. Ton parfum envahit mon espace.Elle rit doucement, croisant les jambes