Les larmes ne parviennent pas toujours à évacuer notre douleur, et Hélène l'apprend à ses dépens. À la suite de la disparition mystérieuse de son fiancé à quelques jours de leur mariage, la perte brutale de son bébé et sa rééducation après avoir reçu trois balles à l'abdomen, Hélène, ancienne avocate se donne pour objectifs d'oublier son passé et de se reconstruire dans les bras du beau et sulfureux Boris, jeune chirurgien chevronné d'Accra. Toutefois, elle se rendra très vite compte qu'il est difficile d'aimer quand on est sans cesse tiraillé par le poids de ses regrets, de ses hantises, de ses incertitudes mais surtout, de son passé.
view moreL’avenir nous tourmente, le passé nous retient. C’est pour ces raisons que le présent nous échappe.
Gustave Flaubert
Lorsque le malheur frappe à notre porte, nous avons l’impression que jamais plus nous ne serons heureux, jamais plus nous ne ressentirons cette légèreté que nous apportait le bonheur. On commence par s’accrocher, en se disant que ça ira mieux. On a encore cet espoir mais la tristesse l’emporte. Elle gagne la bataille, alors on rend les armes car nos efforts sont vains. On est épuisé, découragé, on se laisse aller. On coule lentement afin de bien sentir la douleur. On observe puis on s’enferme dans cette jalousie malsaine, dans notre malheur. Le temps passe et plus il s’écoule, plus notre plaie s’agrandit. Notre cœur brûle et la seule envie que l’on a c’est de disparaître, mourir et fuir cette souffrance, car vivre dans le malheur ce n’est pas vivre…
À toutes les personnes qui ont du mal à tourner la page sur le passé, qui souffrent en silence et qui, malgré le soutien de leurs proches, s’obstinent à s’agripper à leurs démons. Le passé ne doit en aucun cas vous empêcher d’être heureux. Il est là pour nous reconstruire, nous pousser à grandir, nous aider à faire de meilleurs choix. Ne le laissez pas obscurcir votre vision du monde. Les regrets nous ouvrent les yeux sur la réelle valeur des choses que nous avions, du temps qui nous a été offert, des personnes que nous avons perdues.
Le temps n’efface pas toutes les blessures
Le journal d’Hélène
Nous gardons, enfouis en nous, des blessures qui, chaque jour, bataillent pour revenir à la surface, des trahisons que nous traînons journellement et qui nous retiennent prisonniers de la mélancolie. Je reste intimement persuadée que rien ne s’en va. Aucune trahison ne s’oublie, aucune blessure ne cicatrise. Ma mère me disait souvent que chaque larme que nous versons est comme une marque indélébile, elle ne disparaît pas. En clair, on n’oublie jamais une déloyauté, on l’assume, en priant que le temps nous apporte sa guérison. On essaye désespérément de laisser la douleur derrière nous. Comme une tumeur, elle nous ronge de l’intérieur jusqu’à ce que nous ne soyons plus qu’un corps sans âme. Certains meurent brisés par la douleur, d’autres s’enfoncent dans la sphère fuligineuse de la mélancolie, les plus déficients s’abrutissent à dose immodérée de tranquillisants, de narcotiques, de sédatifs, de drogues, ou d’alcool. Au fond, à chacun sa manière de faire face à l’affliction.
Peut-être, je fais partie de ces 70 % de la société qui s’autoflagelle à outrance ou simplement dans ce processus d’autodestruction, j’espère trouver du réconfort ou un certain dédommagement émotionnel. Certains disent qu’il est essentiel d’avancer aveuglément et de dire « au revoir » à son passé, mais est-ce si simple de sourire chaque jour et faire comme si de rien n’était quand son âme est alourdie ?
En même temps, qui pourrait se vanter d’avoir totalement tiré un trait sur son passé ? Rien ne s’oublie en fin de compte ! Même lorsque nous avons tourné la page sur une période sombre de notre passé. Il suffit d’un mot ou d’une image pour nous faire revivre les émotions qu’on a pu ressentir à cette période. Même lorsqu’elles sont guéries, nous gardons les cicatrices de nos blessures pour le restant de notre vie.
Aussi choquant que cela puisse paraître, je n’abandonne pas le passé, les souvenirs, les blessures. Non ! Je refuse de les laisser prendre le large. Je les retiens, m’y accroche rigoureusement jusqu’à ce qu’ils m’emportent avec eux dans leur déferlement. Malgré les conseils, je ne lâche pas prise, déterminée à les étreindre avec plus de hardiesse.
Jusqu’ici, je n’ai fait que ça, m’accrocher à un amour évanoui, à une enfance regrettable, à une mère schizophrène, violente et écervelée, à des mensonges surabondants. C’est comme l’abrogation de tout sens du discernement. Je ressens le besoin d’abreuver ma soif de haine et de douleur. J’ai plus de facilité à éterniser la mélancolie et m’exempter de toute béatitude. Malgré la petite voix bénigne dans ma tête qui me répète d’être plus heureuse, de vivre, de m’accrocher à des souvenirs joyeux, des pensées positives, d’épouser le monde.
« Hélène, vas-y, accroche-toi, tu peux y arriver ! Ne laisse pas le mal prendre le dessus sur ta magnifique âme, ne laisse pas ton passé la corrompre. Ouvre les yeux et souris. Le monde face à toi a tellement à t’offrir. Toutes ces choses horribles que tu as vécues sont à présent derrière toi. Construis un nouveau monde. »
Prologue
Les flammes grimpent avec furia vers le firmament déchaîné. Il fait froid et il pleut des cordes. Un véhicule ensanglanté est retrouvé dans un ravin, noyé dans une épaisse nuée blanchâtre. Un des secouristes aperçoit le corps inerte d’une jeune femme recouvert de sang, coincé dans la pesante masse de fer. Elle est inconsciente, trois balles lui ont transpercé le ventre. Elle respire encore. Son pouls est lent et son corps frigide et paralysé. Les secouristes s’attellent à retirer la jeune femme du véhicule, affrontant l’orage et la véhémence des flammes diluviennes. Tout s’enchaîne : les cris alarmistes, les pas pressés des secouristes, la tempête, la bourrasque, un violent éclair aveuglant dans le ciel. Soudain, le bruit effroyable d’une explosion vient brimbaler les âmes présentes sur les lieux de l’accident. Le véhicule a succombé à l’effroyable incendie. Une majorité d’hommes ont péri dans l’explosion, mais la jeune femme est transportée par les urgenciers. Une sublime bague de fiançailles est accrochée à son doigt. Son bonheur vient de chavirer et personne ne sait ni qui elle est ni comment elle s’est retrouvée dans ce véhicule, trois balles dans le ventre.
ChapitreVIIJe vous rappelle que la mort ne prend pas rendez-vous, alors donnez rendez-vous à votre vie.Alex Bocat—Pas la peine de t’affoler, c’est ta sœur qui m’a refilé ton adresse sur Facebook. Je lui ai dit que c’était très important. Alors, elle n’a pas hésité. Je peux savoir à quoi tu joues?Hélène garda le silence, prit une profonde inspiration et ferma les yeux. Elle était témoin de l’effondrement d’une partie d’elle-même. Elle comprit ce que c’était la douleur. La grande, la vraie douleur. Ce mal assez meurtrier qui étreint à la fois le passé, le présent et l’avenir, qui ne laisse aucune partie de la vie dans son intégrité, dénature &agr
ChapitreVILa mort nous prend beaucoup mais elle nous donne aussi. Elle nous apprend ce qui est réellement important, par exemple: donner en retour après avoir passé sa vie à recevoir, courir après quelque chose qu’on n’aurait jamais dû laisser partir ou revenir sur ce qui a fait ce que nous sommes.Auteur anonymeÇa faisait une heure qu’Hélène s’était enfermée dans la chambre d’hôpital où reposait Boris. Le silence dans lequel ils étaient immergés était interrompu par les bruits intermittents d’une machine cardiologique. Il était relié à des câbles et des tubes oxygénifères. Son corps immobile, glacé et fade reposait sur des draps de coton. Quelques bandages recouvraient son crâne et
Les deux jeunes femmes s’étaient attablées à la terrasse désinvolte d’un café désert du centre-ville, papotant à l’ombre d’un parasol, derrière des lunettes noires rendues nécessaires par le brûlant soleil d’un après-midi torride. Terminant un frugal déjeuner de crudités, elles se désaltéraient tranquillement. En tenues négligées, l’une comme l’autre semblait prête à quitter les appâts du grand jour, au profit d’un déshabillé de circonstance, pour endurer la soudaine canicule qui suivait la pluie, à l’ombre complice d’une tonnelle. Une goutte de sueur perlait sur l’épaule douce d’Hélène, qui s’agita, comme piquée par une aiguille. Elle tourna son regard vers le jardin bucolique qui jouxtait le café.
Boris se réveilla en sursaut, aveugle dans l’obscurité complète de la pièce et torturé, en cet instant qui sépare mal l’inconscience de la lucidité. Il se leva d’un bond et s’affala lourdement sur le sol. Paniqué parce qu’il peinait à respirer, il saisit violemment les pans de sa chemise en s’efforçant de respirer par la bouche. Il prit de profondes inspirations jusqu’à sentir son cœur reprendre un rythme normal. Quand il se sentit mieux, il se releva péniblement sur des jambes tremblantes. Il se rallongea sur le canapé où il s’était endormi dans ses vêtements de ville. Sa poitrine comprimée était douloureuse, une douleur diffuse qu’il n’aurait pu décrire, tant elle était à la fois évanescente et puissante. La bouteille de whisky à moitié vide, posée sur la table basse installée près du canapé semblait le narguer. Il y jeta un regard haineux avant de la faire basculer d’un coup de pied sec sur le sol où elle se brisa en mille morceaux. Il était d’une humeur exécrable.
En rentrant ce soir-là, il eut l’impression que son corps pesait des tonnes. La fatigue de la journée creusait ses traits et faisait apparaître autour de sa bouche des rides profondes. Il soupira, puis regarda de part et d’autre de son salon. Il n’avait qu’une hâte, revoir Hélène, même si tous deux s’étaient disputés la veille. Mais il l’aimait. C’était plus fort que lui. Il ouvrit la porte de leur chambre et la vit, assise sur le rebord du lit, irrésistible dans sa robe de nuit en soie bleue au décolleté chargé de promesses,ses cheveux crêpelés attachés en chignon, et sa peau si lisse qu’elle accrochait parfaitement la lumière dorée du lustre. La douceur qu’elle dégageait à ce moment-là parvint presque à l’exciter. Il aurait aimé rentrer et s
Allongée dans la baignoire, Hélène se remémorait l’image désolante de sa mère enchaînée, de ses larmes, de ses mots et du déchirement qu’elle a ressenti dans ses entrailles, au moment de l’affronter une dernière fois.La jeune femme était étendue en silence, fixait le plafond. Madame Butterfly de Giacomo Puccini raisonnait dans la pièce et lui apportait pérennité et soulagement. Boris raffolait des musiques d’opéra. Il avait une panoplie de disques dans son tiroir. Il s’amusait à les écouter en dégustant du vin ou du champagne, tout en contemplant la ville, du haut de sa modeste demeure.Hélène sortit de la baignoire, noua une serviette autour de la poitrine et fixa le miroir d’un air nostalgique. Elle se rappelait désormais les nombreuses nuits qu’elle passait so
Elle ne quitta pas sa mère des yeux, pas une fois. La douleurnaviguait en elle. Que pouvait-elle faire, face à ça? L’humiliation: elle y était habituée. Devoir subir les sauts d’humeur impondérables de sa mère, ses crises publiques et les regards parfois goguenards, et parfois souples, des personnes qui avaient le malheur d’assister à une telle indignation.—Pourquoi toi, maman? lâcha-t-elle en pleurant faiblement.—Tenez!Elle renâcla en entendant cette voix féminine mais gutturale. Une femme lui tendait un mouchoir.—Merci beaucoup, madame.C’était la directrice de la clinique psychiatrique d’Accra. C’était une femme quintessenciée, engoncée dans un tailleur rouge assorti à ses lèvres charnues, et décoré
Chapitre VPleurer a toujours été pour moi un moyen de sortir les choses profondément enfouies. Quand je chante, je pleure souvent. Pleurer, c’est ressentir, c’est être humain.Ray CharlesHélène avança dans les couloirs lugubres et inquiétants de la clinique psychiatrique d’Accra, anxieuse et craintive. Plus elle avançait, plus elle se sentait nerveuse. Elle tremblait. Des patients aux regards vides et terreux y vadrouillaient, tristes et silencieux. Zombifiés et terrifiés, tout portait à croire qu’ils étaient psychologiquement brisés. Ils riaient à voix haute, sans parvenir à se maîtriser, gambadant, menottés et maintenus par des infirmières qui ne laissaient transparaître sur leurs visages, rien d’autre que la pitié et
Un cri de terreur résonnant dans toute la maison réveilla Boris au beau milieu de la nuit. Bondissant de son lit, il se précipita hors de sa chambre et accourut dans le salon où il trouva Hélène recroquevillée sur le canapé, mordant nerveusement la manche de sa chemise de nuit.—Hélène! Qu’est-ce qui se passe?La jeune femme ne répondit pas. Ses yeux lunaires semblaient perdus dans ses pensées maussades. Boris la prit dans ses bras et tenta de la réconforter. Ce n’était malheureusement pas la première fois qu’il la voyait dans cet état. Il avait l’habitude de ses crises de panique, de ses hurlements et de son sommeil souvent troublé et agité.—J’ai revu mon bébé… Cet homme… Un cauchemar, oui c’était un cauchemar, dit-el
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