LéaJe fixe mon téléphone, les doigts encore crispés autour. Mon cœur cogne contre ma poitrine, trop vite, trop fort. Pourquoi maintenant ? Pourquoi après tout ce silence ?Je n’arrive pas à y croire. Maxime, avec ses mots trop beaux, trop calculés. Il veut qu’on parle ? Qu’il me prouve qu’il a changé ?Un rire amer m’échappe. Combien de fois ai-je entendu ce genre de promesses ? Combien de fois ai-je voulu y croire, pour finir brisée ?Je serre les dents et jette mon téléphone sur la table basse. Il me trouble. Il me bouleverse. Et ça m’énerve.Je devrais l’ignorer, lui raccrocher au nez la prochaine fois qu’il appelle. Mais au fond, une question me ronge. Est-ce qu’il est sincère ? Ou est-ce qu’il joue juste encore une fois ?Je me connais. Je sais ce que je ressens encore pour lui. Et c’est ça, le pire danger.Je me lève d’un bond et commence à faire les cent pas dans mon salon. L’air me semble trop lourd, la pièce trop étroite. Mon regard se pose sur la fenêtre, et instinctivement
Maxime19h. Café Montmartre.Je suis là dix minutes en avance, incapable d’attendre plus longtemps. L’endroit est discret, un peu à l’écart, parfait pour une conversation sans regards indiscrets. Je choisis une table au fond, loin des fenêtres, et commande un café noir.Mes doigts tapotent nerveusement contre la porcelaine de la tasse. Mon regard ne cesse de dériver vers la porte. Chaque silhouette qui passe me fait tressaillir.Puis, elle entre.Léa.Elle porte un manteau beige ceinturé à la taille, ses cheveux lâchés tombant en cascade sur ses épaules. Son regard balaye la pièce avant de se poser sur moi. Une seconde d’hésitation. Puis, lentement, elle s’avance.Mon cœur cogne contre ma cage thoracique.— Salut, dit-elle en s’asseyant en face de moi, retirant son manteau avec une lenteur mesurée.— Salut.Son regard est fermé, méfiant. Mais elle est là. Et c’est déjà énorme.Un serveur vient prendre sa commande. Un thé. Léa ne boit jamais de café après 18h. Je le sais.Le silence s’
LéaLe froid s’insinue dans mes os. Pas à cause de la température, mais à cause de ce que je viens de voir. Camille, perchée sur la pointe des pieds, accrochée à Maxime comme si elle lui appartenait encore. Et lui, immobile, trop lent à la repousser.Une brève seconde, mon cœur se fige. Puis il s’emballe, cognant si fort contre ma cage thoracique que j’en ai le vertige. Je devrais partir. Fuir. Ça serait plus simple. Mais mes pieds restent cloués au sol. Une chaleur acide me monte aux joues, une mélancolie enragée me noue la gorge. Qu’est-ce que j’espérais, au juste ? Que Maxime soit sincère ? Qu’il ait vraiment changé ?Camille rit doucement, glissant ses doigts le long du bras de Maxime. Je me rends compte que je serre les poings. Un éclair déchire mes pensées : je me moque de ce qu’ils ont pu partager avant moi. Ce qui me tue, c’est qu’il ne l’ait pas immédiatement repoussée.— Léa… murmure-t-il enfin.Son regard trouve le mien. Troublé. Coupable. Il fait un pas vers moi, mais je r
LéaLe vent s'engouffre dans les branches, soulevant une brise fraîche qui fait frissonner ma peau. La lumière du crépuscule dessine des ombres mouvantes sur le sol, et un frisson me parcourt l'échine. Face à moi, Maxime attend. Son regard fouille le mien, cherchant une réponse, un signe, n'importe quoi qui lui donnerait une chance de rattraper cette erreur.Mais est-ce seulement possible ?Je me sens déchirée, coincée entre l'envie d'y croire et la peur d'être une fois encore celle qui souffrira. Mon silence s'étire, créant un vide entre nous, un gouffre que nous avons nous-mêmes creusé au fil du temps, des malentendus, des blessures que nous nous sommes infligées sans même le vouloir.Maxime fait un pas en avant, prudent, et murmure :— Léa, je t'en supplie. Je ne peux pas te perdre comme ça.Sa voix tremble. Il n'a jamais été du genre à supplier. Mais ce n'est pas une question d'orgueil cette fois-ci. Il a peur. Il sait que tout se joue maintenant.Je déglutis difficilement, mes pe
LéaLe film continue de jouer, mais je ne vois plus les images à l’écran. Chaque seconde est un mélange d’excitation et de nervosité, un suffocant jeu d’équilibre entre le passé et le présent. La chaleur de Maxime à mes côtés me réconforte, mais elle ravive aussi des souvenirs enfouis.Lorsque je sens sa main s’enrouler doucement autour de la mienne, un frisson parcourt mon échine. C’est un geste simple, mais chargé de promesses. Je tourne mon regard vers lui, et il me sourit, un sourire doux, sur lequel se lit une détermination nouvelle, une envie de bâtir quelque chose de vrai.La lueur dans ses yeux m’incite à bousculer mes appréhensions. Je lève la main et caresse son visage, du bout des doigts, traçant la ligne de sa mâchoire. Il ferme un instant les yeux, comme si ce contact le transportait ailleurs. Je m’approche un peu plus, mon cœur battant la chamade, mes pensées s’embrouillant.— Maxime… je…Il n’attend pas ma fin de phrase. Il se penche vers moi, et nos lèvres se rencontre
LéaJe sens le désir monter en moi, inondant chaque pensée de chaleur. Mes mains trouvent finalement le chemin vers son dos, glissant sous son t-shirt, explorant la chaleur de sa peau. Je frémis au contact, mon corps réagissant instinctivement à sa présence. Maxime se redresse à nouveau, son regard se plissant de désir. Un instant, je redoute de perdre ce moment, mais l’instant d'après, il s’approche, saisissant mes hanches avec une fermeté tendre.— Tu es magnifique, souffle-t-il, son regard parcourant mon corps avec adoration.Ses mots sont doux, mais cela ne fait qu’attiser le feu qui brûle en moi. J'attrape le bas de son t-shirt et le tire avec assurance, jusqu'à ce qu'il lève les bras, se dégageant de son vêtement. Je me retrouve face à un torse musclé, parfaitement dessiné. Mon cœur s’emballe, une vague de désir m’envahit.Sans le quitter des yeux, je me lève et me rapproche de lui, mes mains caressant son torse. J’explore chaque muscle, chaque courbe, et il se laisse faire, se
LéaNos corps sont en symbiose, embrassés par un désir effréné. Et alors que je me laisse emporter par la magie du moment, une voix intérieure me murmure que ce matin est le début d'une nouvelle aventure, pleine de passion, d'intimité, et de promesses inexplorées.Notre danse délicate se finit alors que Maxime m'attire à nouveau dans ses bras, et je n'aspire qu'à une chose : savourer chaque seconde de ce réveil enivrant, comme si le monde extérieur n’existait plus. Avec un sourire. Je sais que ce matin, nous ne ferons pas que nous réveiller. Nous allons nous redécouvrir, encore et encore, avec la passion comme seule boussole.Dans l'atmosphère chargée de désir et de tendresse, le rythme de nos battements de cœur résonne dans la chambre. J’ai presque oublié le monde extérieur lorsque, soudain, un coup ferme résonne contre la porte. L’instant d’après, cette sérénité est brusquement interrompue. Mon cœur s’emballe, non pas à cause de la surprise, mais à cause du pressentiment que cela p
LéaLa porte reste ouverte entre nous trois, et l'air est devenu lourd, chargé d'une tension que je ne parviens pas à dissiper. Je sens mon cœur s’alourdir, comme si chaque battement était un écho d'une réalité qui ne m'appartient pas. Ce que je croyais être un matin parfait vient de se briser en mille éclats, et l'incertitude m'envahit, me paralyse.Maxime, toujours figé derrière moi, semble être plongé dans un tourbillon d'émotions contradictoires. La confusion sur son visage est évidente, mais ce n’est pas la confusion qui me terrifie. C’est la possibilité qu’il ait un passé que je ne connais pas, un passé qu’il a choisi de taire. Et maintenant, tout ce silence me hurle qu’il y a bien plus entre nous que je n'aurais jamais imaginé.Je jette un dernier coup d'œil à la femme qui se tient devant nous. Son regard est honnête, presque implorant, et cela me touche d’une manière que je n’aurais pas anticipée. Elle est là, brisée mais déterminée, comme si elle portait le poids d’une vérité
LéaLe jardin était redevenu silencieux.Comme s’il reprenait son souffle après tant de cœurs battants, de mots chuchotés et de souvenirs réveillés.Camille était partie.Son ombre s’était effacée lentement dans le halo doré de la nuit, et son sourire tremblant restait encore dans l’air, comme une dernière note tenue.Elle m’avait serrée fort. Pas pour me dire adieu, non. Pour dire qu’elle comprenait. Qu’elle me rendait ma place.Qu’elle m’aimait.Mon père aussi.Il avait le regard un peu perdu, comme s’il cherchait la petite fille que j’étais encore quelques instants plus tôt. Il ne m’avait pas parlé — il n’en avait pas besoin. Ses bras autour de moi avaient suffi.Et j’avais senti son front contre mes cheveux, son souffle sur ma tempe, ce soupir qu’il n’avait pas retenu.Puis Maxime avait tout doucement éteint les guirlandes.Une à une, les lumières avaient cligné, vacillé, puis rendu l’âme, comme des lucioles fatiguées.Il avait soufflé les bougies sans bruit, ramassé les verres, l
MaximeJe l’ai regardée s’éloigner vers la salle de bains, ses hanches ondulant avec cette aisance que j’avais vu revenir peu à peu, depuis qu’on était ici.Elle se reconstruisait.Et moi, je me reconstruisais avec elle.Quand j’ai entendu l’eau commencer à couler, longtemps, sans précipitation, j’ai pris mon téléphone.Deux appels. Pas plus.Mais deux essentiels.Son père.Et Camille.Je ne leur ai pas expliqué. Il n’y avait pas besoin.J’ai juste dit que j’avais besoin d’eux ce soir. Que c’était important. Que ça devait être simple. Vrai. Doux.Comme elle.Camille a eu mille réactions en une seconde.Elle a d’abord cru à une mauvaise nouvelle. Puis à une fête surprise. Puis à une demande en mariage.Et elle m’a balancé dans la même phrase : « T’as intérêt à pas faire ça à l’arrache, Maxime, je te jure. »Je lui ai dit de me faire confiance.Son père, lui, a été d’un calme qui m’a traversé comme un souffle.« Dis-moi l’heure. »Rien d’autre.Je crois qu’il savait.Ce type sent tout.
LéaLe matin est tombé sur la maison comme un voile de soie.Je me suis réveillée avant lui.Ou plutôt : je me suis laissée réveiller par la lumière.Elle entrait à flots, douce et dorée, comme si elle savait que c’était notre premier matin ici. Qu’il ne fallait rien brusquer. Rien forcer.Tout était encore en suspens.Des cartons posés contre les murs, des vêtements sans place, des objets silencieux sur les étagères vides.Mais dans le lit, ce matin-là, il y avait nous.Je suis restée allongée un moment, à l’écouter respirer derrière moi.Son torse effleurait mon dos.Son bras, en travers de mes hanches, me gardait là, ancrée.Ce n’était pas une étreinte possessive.Plutôt un fil invisible.Un attachement muet.J’avais envie de bouger, de me retourner. De le regarder dormir.Et puis non.Je voulais juste être là, dans cette lenteur neuve.Dans ce presque rien.Il y avait une paix dans ce lit qu’on avait déplacé la veille au soir, à la hâte, au milieu des rires fatigués et des draps f
LéaLe carton glisse entre mes doigts.Il n’est pas lourd. Pas vraiment. Mais mes bras tremblent un peu.Ce n’est pas la fatigue.C’est autre chose. Une onde invisible qui parcourt mon corps, entre la peur et l’excitation.Je suis debout au seuil de la maison.Notre maison.Maxime ouvre la porte devant moi, avec ce geste calme et précis qu’il a toujours eu, comme s’il savait exactement ce qu’il faisait — alors que je vois bien dans ses yeux qu’il est aussi bouleversé que moi.Le bois craque légèrement sous nos pas.L’air est un peu plus frais à l’intérieur. Et il y a cette odeur particulière — mélange de peinture, de poussière fine et de promesses.Il pose la main sur le chambranle, puis se tourne vers moi.« Bienvenue chez toi. »Je ne réponds pas.Je ne peux pas.Je regarde autour de moi, les murs nus, les fenêtres immenses, les éclats de lumière qui se posent déjà au sol comme des présences.C’est réel.Et irréel.Je pose le carton dans l’entrée.Et j’avance.---MaximeElle marche
LéaLa nuit avançait.À petits pas feutrés, comme si elle avait peur de troubler l’équilibre fragile qui s’était instauré entre nous.Je croyais que les émotions s’étaient déjà toutes exprimées.Que le cœur avait tout dit.Mais Maxime gardait encore quelque chose.Je le sentais dans sa respiration.Dans cette tension infime, nichée au creux de son silence.Il m’avait parlé d’amour.Il avait posé ses mains sur mon ventre, sur ce petit être à venir.Et moi, je m’étais laissée envelopper.Pas tout à fait rassurée.Mais un peu plus vivante.Et pourtant…Il y avait autre chose.Un éclat au fond de ses yeux.Une hésitation qui n’avait rien à voir avec le doute.Plutôt cette forme d’appréhension qu’on ressent juste avant de faire un pas important.Un saut.Il s’est redressé légèrement, sans me lâcher du regard.Comme s’il se préparait à me confier une vérité encore plus fragile.Et j’ai su.Qu’on allait franchir une autre frontière.« Il y a encore une chose que je dois te dire… »Sa voix ét
LéaIl était presque vingt-trois heures.La nuit avait recouvert la ville d’un silence dense, ponctué de quelques sirènes lointaines et du clapotis discret de la pluie contre les vitres.J’étais dans mon lit, mais pas vraiment là. Mon corps reposait, figé, alors que mon esprit flottait quelque part entre le regret, l’attente et la fatigue.Je ne pleurais plus.Je ne pensais plus pleurer.Mais chaque battement de cœur était une tension muette, un fil tendu à craquer.Je croyais qu’il ne viendrait pas.Je croyais que c’était fini.Qu’il n’y avait plus rien à dire.Et pourtant… quelque chose en moi résistait.Pas l’espoir — non. Plus ça.Mais un instinct, peut-être. Une mémoire.Et puis, la sonnette.Un son net, étrangement doux dans cette nuit suspendue.Mon cœur a cessé de battre pendant une seconde.Puis il est reparti, en désordre.Je suis restée figée.Quelques secondes à peine.Mais assez pour sentir ce qu’un simple « ding » pouvait réveiller.La peur. L’élan. La colère. Le manque.
LéaLe soir est tombé sans que je m’en aperçoive.Je suis restée longtemps dehors, après le départ de Clara.Assise sur ce banc, les mains dans les poches, le regard perdu entre les branches nues d’un arbre et les fenêtres allumées des appartements.Je ne savais pas encore quoi faire de ce moment.Ce qu’il représentait.Cette paix silencieuse qu’elle m’avait offerte. Ce renoncement sans violence.Comme un cadeau involontaire.Ou un adieu muet.J’étais rentrée lentement. Les jambes lourdes, le cœur en apnée.L’appartement était resté tel que je l’avais laissé : vide, tiède, immobile.Et cette fois, ce n’était pas seulement le silence…C’était l’absence.---Je me suis glissée dans le lit sans allumer la lumière.Je voulais rester dans l’ombre, là où mes pensées pouvaient flotter sans être jugées.Je crois que c’est là que j’ai pleuré.Pas bruyamment. Pas comme dans les films.Mais ces larmes muettes, longues, chaudes, qui coulent sans même secouer les épaules.Celles qui lavent ce qu’o
LéaJe suis restée seule, assise sur le canapé, longtemps après son départ.Le silence s’était refermé comme une chape sur la pièce. Trop dense. Trop lourd. Trop vrai.Tout semblait suspendu. Comme si le temps lui-même retenait son souffle.Il n’y avait plus de cris, plus de battements furieux, plus d’illusions. Seulement cette vérité brute qui tenait encore dans l’air, comme un résidu amer sur la langue.J’ai posé une main sur mon ventre, par réflexe.Comme pour me rappeler ce que je portais.Comme pour lui dire, à ce petit être à peine perceptible : Je suis là. Je tiens. Je ne bouge pas. Même si tout autour vacille.Je ne savais pas si j’étais soulagée ou anéantie.C’était sans doute un mélange des deux.Un étrange vertige entre lucidité et douleur.Il avait été honnête. Brutalement honnête. Et ça faisait mal.Mais j’en avais besoin. Parce qu’il fallait ça, cette clarté, même tranchante.Je ne voulais plus être celle à qui l’on cache. Celle à qui l’on ment pour “la protéger”.J’étai
LéaEt je ne voulais pas qu’elle nous rattrape plus tard, comme un poison lent. Je ne voulais pas faire semblant. Plus maintenant. J’avais trop vécu dans les demi-mots, les silences chargés, les zones grises. J’avais trop laissé les autres écrire les lignes de ma vie.Alors je me suis reculée. Juste assez pour qu’il comprenne que ce que j’allais dire comptait. Que ce n’était pas un caprice. Que c’était important. Inévitable.« Et Clara ? »Il a figé.Un battement de paupières. Un silence dense. J’ai senti quelque chose se tendre sous sa peau, comme un fil qui menace de rompre.Je l’ai regardé droit dans les yeux. Sans colère. Sans hargne. Juste avec cette force calme qu’on apprend quand on n’a plus rien à perdre. Quand on a déjà tout perdu une fois.« Elle est aussi enceinte de toi. Qu’est-ce que tu comptes faire ? »---MaximeJ’aurais voulu qu’elle ne le sache pas. Mais bien sûr qu’elle savait.Léa a toujours su voir au-delà des mots. Au-delà des silences. Elle sent les failles, mê