Chapitre 5

Point de vue de Victor

Je me demandais quel était le programme de ma mère cette fois-ci. Avec elle, ce n'était jamais un simple dîner. Il y avait toujours quelque chose de prévu.

J'ai ouvert la porte et j'ai été accueilli par l'odeur chaude et familière des repas préparés à la maison.

« Victor, tu es là ! » La voix de Shane a retenti alors qu'elle entrait dans le couloir, son visage s'illuminant d'un sourire de bienvenue. Derrière elle, j'ai vu maman et tante Felicity me faire signe depuis la salle à manger.

Je n'étais pas vraiment surpris que Shane soit là aussi, car ma mère et elle étaient très proches.

« Hé, Shane », ai-je répondu en forçant un sourire. « Je voulais m'excuser pour ce qui s'est passé à la fête la dernière fois. Aria... »

« Ne t'en fais pas pour ça », a interrompu Shane en agitant la main d'un air dédaigneux. « C'était ma propre négligence. J'aurais dû être plus prudente. »

J'ai soupiré, soulagé par sa compréhension. Shane était toujours comme ça, si indulgente, parlant toujours en bien d'Aria quoi qu'il arrive. C'était quelque chose que j'admirais chez elle, mais cela me faisait aussi me sentir un peu coupable.

« Tu es trop gentille, Shane », ai-je dit en lui tapotant l'épaule.

« Oui, elle l'est vraiment », a ajouté maman en s'approchant de moi et en me serrant rapidement dans ses bras. « Pas comme ta femme », a-t-elle ajouté avec aigreur.

« Tu n'as pas invité sa femme alors ? », a demandé tante Felicity avec curiosité.

« Bien sûr que non. Elle n'est pas la bienvenue chez moi, surtout après ce qu'elle a fait à Shane. Je pense qu'elle l'a vraiment fait exprès. »

« Maman... », ai-je commencé, ne voulant plus en parler.

Elle m'a congédié d'un geste de la main et nous a conduits au salle à manger. Mes yeux se sont écarquillés lorsque j'ai regardé le large éventail de plats sur la table. Le poulet rôti, la purée de pommes de terre, les haricots verts et une douzaine d'autres plats que je n'arrivais même pas à nommer faisaient gronder mon estomac.

« Ça a l'air délicieux ! », me suis-je exclamé. « J'ai faim. »

Nous nous sommes tous assis. J'avais hâte de commencer à savourer ces plats alléchants.

Mais bizarrement, ces plats ne correspondaient pas à mes goûts. Aria avait l'habitude de cuisiner pour moi tout le temps. Je ne l'ai pas su au début, c'est la femme de chambre qui m'a dit.

Mais je n'ai pas trouvé cela bizarre. Elle était ma femme, après tout. C'est ce qu'elle était censée faire. La cuisine d'Aria était toujours délicieuse, je n'y trouvais rien à redire. Pour elle, cuisiner semblait simple, ce n'était pas du tout un problème.

Je me suis soudain souvenu d'une fois où nous nous étions disputées et où elle m'avait dit qu'il lui fallait plus d'une heure pour préparer le dîner ! Je suppose qu'elle exagérait.

Pendant le dîner, maman et tante Felicity ont commencé à complimenter Shane.

« Tu sais, Shane, tu es une fille si gentille », a dit ma mère, les yeux pétillants. « Ce n'est pas étonnant qu'Aria ait toujours été jalouse de toi. »

Tante Felicity a acquiescé. « C'est vrai. Ta gentillesse est une telle menace pour quelqu'un comme Aria. Elle ne sait jamais comment réagir, n'est-ce pas ? »

Shane a souri, ses joues ont rougi. « Je ne sais pas. », a-t-elle murmuré.

Je sentais qu'un mal de tête commençait à se former dans mon crâne. La dernière chose que je voulais entendre était une conversation sur Aria.

« Peut-on ne pas parler d'Aria ce soir ? » ai-je dit, en essayant de garder ma voix calme. « Profitons simplement du repas. »

Ma mère m'a regardé, son expression s'est adoucie. « Bien sûr, Victor. Nous sommes ici pour partager un bon repas en famille. »

J'ai acquiescé, mais je savais qu'elle avait probablement organisé cela pour m'éloigner à nouveau d'Aria et me pousser vers Shane. Elle était toujours derrière moi, voulant que je poursuive Shane à la place, soulignant que je n'avais plus de partenariat avec les parents d'Aria, de toute façon.

Tante Felicity a souri. « Nous ne voulions pas évoquer de mauvais souvenirs. Concentrons-nous sur les bonnes choses. »

Pour être honnête, je ne savais pas vraiment comment gérer ces relations entre femmes. Leurs émotions et leurs dynamiques étaient un labyrinthe dans lequel je me perdais souvent.

« Alors, Shane », ai-je dit en essayant de changer de sujet. « Comment se porte votre entreprise ? »

Elle s'est illuminée et a commencé à parler de son dernier projet.

Mais au bout de quelques minutes, je l'ai laissée de côté. J'étais perdu dans mes pensées, fixant la bougie vacillante sur la table du dîner, mon esprit repassant les mots d'Aria de ce matin.

Le divorce. Elle l'avait dit pendant ce que je supposais être l'une de ses crises de colère habituelles, mais cette fois-ci, son ton était un peu différent. Un frisson m'a parcouru l'échine.

« Victor, tu m'écoutes ? » La voix de ma mère m'a ramené au présent. « Shane t'appelle. »

« Quoi ? » J'ai répondu en me tournant vers Shane et en essayant de me concentrer sur ses paroles. « Désolé, qu'est-ce que c'était ? »

« Je disais simplement », a répété Shane patiemment, « que nous constatons une croissance significative de nos campagnes sur les médias sociaux. Mais assez parlé de cela... Quand allons-nous nous rencontrer pour parler de votre nouvelle application ? J'ai déjà une tonne d'idées marketing pour elle ! »

« Ah oui, c'est vrai. » Je me suis déplacé sur mon siège, mon esprit changeant de vitesse. « Le développement de l'application est en bonne voie. Nous aurons besoin d'une réunion à l'entreprise demain pour passer en revue les dernières étapes de l'intégration. »

« Très bien ! On se voit là-bas ! »

Shane et moi étions totalement absorbés par la discussion de notre nouveau projet, et l'excitation était palpable.

« Ce nouveau logiciel pourrait vraiment changer la donne, Victor », a déclaré Shane, penchée en avant, les yeux brillants d'enthousiasme. « Imagine les possibilités... »

À ce moment-là, mon téléphone a sonné. C'était Aria. Ma femme. À ma grande surprise, j'ai ressenti un frémissement d'impatience.

« Excuse-moi un instant », ai-je dit à Shane, en me levant et en m'éloignant de la table. J'ai répondu à l'appel. Mais les mots qui sont sortis n'étaient pas ceux que j'essayais de dire : « Tu viens t'excuser ? »

Avant que je puisse dire quoi que ce soit d'autre, la voix d'Aria s'est fait entendre, tranchante et inébranlable. « Victor, je ne plaisante pas avec le divorce. Mon avocat est en train de rédiger l'accord de divorce et je veux le signer avec toi demain. »

J'ai été momentanément désemparé. « L'accord ? », ai-je répondu en saisissant mon téléphone, confus.

Ma mère a levé les yeux de son assiette. « C'est Aria ? », a t-elle demandé d'un ton désapprobateur. « Elle devrait venir s'excuser. Je n'arrive pas à croire que quelqu'un soit aussi mal élevé ! C'était tellement embarrassant la façon dont elle s'est comportée lors d'une fête aussi importante et médiatisée. »

« Maman, je t'en prie », ai-je dit en levant la main pour l'éviter. Mais je savais qu'Aria l'avait entendue.

Il y a eu un bref et lourd silence au bout du fil. Puis, sans un mot de plus, Aria a raccroché. Elle m'a vraiment raccroché au nez. C'était la première fois qu'elle faisait ça !

Et qu'est-ce qu'elle vient de dire ? Un accord de divorce ? Est-elle vraiment sérieuse à propos de ce divorce ? Ou est-ce qu'elle essaie juste d'attirer mon attention une fois de plus ?

Honnêtement, j'en ai vraiment marre de ses tours. Ce qu'elle fait est tellement ridicule.