Chapitre 4

Point de vue de Victor

Je ne peux pas croire que cette femme soit si déraisonnable ! Quelle façon de piquer une crise !

Les événements de la nuit dernière se répétaient dans ma tête comme un disque rayé. La demande de divorce d'Aria a été comme un coup de poignard dans mon cœur. Cependant, plus j'y pensais, plus j'étais irrité.

Je me suis assis à mon bureau, l'esprit en proie à la confusion et à la frustration. Prenant une grande gorgée du vin que j'avais devant moi, j'ai décidé de me remettre à la tâche que j'étais en train d'accomplir. Mais je n'arrivais pas à me concentrer. Le visage d'Aria ne cessait d'apparaître dans ma tête, sa voix résonnait dans mes oreilles.

Hier soir, lorsque j'étais rentré d'une course liée à mon travail, ma mère et mon frère étaient déjà partis. J'avais dormi dans la chambre d'amis, ne voulant pas affronter Aria après notre dispute.

Aujourd'hui, tout au long de la journée au bureau, j'ai essayé de me perdre dans les piles de documents et les heures de réunions, mais les mots d'Aria sont restés gravés dans mon esprit. Sa jalousie, son besoin constant d'attention, tout cela me faisait penser qu'elle ne ressemblait pas à la femme que j'avais épousée.

Je me suis souvenu qu'elle avait été assez indépendante et capable, travaillant dans l'entreprise de son père pendant un certain temps. Mais maintenant, elle semble perdue, toujours pleine d'insécurité et de doutes.

Comment est-elle devenue comme ça ? Est-ce parce que nous passons rarement du temps ensemble ? Ou est-ce parce qu'elle a arrêté de travailler après m'avoir épousé ?

Alors que j'étais plongé dans mes pensées, un coup frappé à la porte m'a ramené à la réalité.

« M. Thorne ? Les membres du conseil d'administration vous attendent dans la salle de conférence. » C'était mon assistant Phil.

« Oh, c'est vrai. Merci. J'arrive tout de suite. » J'ai mis de côté ma confusion et je me suis concentré sur la tâche à accomplir.

Après la réunion, j'ai préparé mes affaires et je suis sorti. Maman m'avait appelé pour me demander de venir dîner chez elle.

Je n'ai pas le temps de m'occuper des caprices déraisonnables et des émotions instables de ma femme. Je suis trop occupé, surtout avec cette nouvelle application que nous développons. Et maintenant, ma mère voulait me voir.

En conduisant vers la maison de ma mère, la route familière a déclenché des souvenirs que je pensais avoir enterrés profondément.

Mon mariage avec Aria avait été arrangé, une décision stratégique visant à consolider un partenariat avec l'entreprise de son père. J'avais besoin de dynamiser mon entreprise et les conditions de son père étaient claires.

« Épousez ma fille », m'avait-il dit fermement. Je me souvenais d'avoir été choqué, mais je ne voyais aucune raison de m'y opposer. Aria était belle et semblait intelligente, des qualités qui pouvaient servir mes ambitions.

Au début, je ne l'aimais pas vraiment. Pas personnellement. Mais je respectais ses capacités et ce qu'elle représentait pour mes objectifs commerciaux. J'étais déterminé dans ma poursuite du succès, mes yeux étant fermement fixés sur le statut de milliardaire que je détenais désormais avec fierté.

Tout cela en valait la peine.

Puis, il y a eu cette nuit-là. Je me suis saoulé lors d'une fête, et je me suis réveillé pour me retrouver nu à côté d'Aria. Ma conscience m'a frappé comme un train de marchandises. Comment ai-je pu laisser cela se produire ? Mais le choc ne s'est pas arrêté là.

Il n'a pas fallu longtemps pour que ma boîte aux lettres électronique au travail soit inondée de photos indécentes. Des photos d'Aria et de moi, manifestement prises cette nuit-là. Le message était clair : il faut épouser Aria ou ces photos seront rendues publiques.

Je me souvenais d'avoir confronté Aria par la suite. « Tu me fais chanter ?! » J'étais tellement en colère. Je n'aimais pas qu'on me manipule de quelque manière que ce soit. « Tu savais que je devais t'épouser pour le bien de mon entreprise, de ma carrière. Pourquoi continues-tu à faire ça ? »

Aria avait l'air déconcertée, comme si elle ne savait franchement rien de tout cela. « Je n'ai pas pris ces photos ! » Elle était sur la défensive. « En plus, si ces photos étaient divulguées, moi et ma famille serions ruinés. »

Mais je ne l'ai pas crue. Je savais qu'ils pouvaient trouver un moyen de régler ce problème, de le faire disparaître, grâce à leur argent.

D'un autre côté, ma réputation risquait de tomber à l'eau, tout comme la société que je représentais. Mon entreprise, tout mon travail acharné, pourrait être réduit à néant ! J'étais terrifié.

Je me souvenais d'avoir saisi son téléphone et ouvert les dossiers de photos. Elles étaient là ! C'était une preuve évidente.

« Je... je ne sais pas comment elles sont arrivées là, je le jure ! », a affirmé Aria à l'époque. « En plus, j'étais ivre et je dormais. Il n'y a aucune chance que j'aie pu prendre ces photos ! »

J'étais furieux. Même si j'avais déjà l'intention de l'épouser, elle a dû faire quelque chose comme ça pour s'assurer que je n'avais pas d'échappatoire, et que je ne me repentirais pas.

C'était un sentiment amer. J'avais été trahi par quelqu'un que je connaissais à peine, et maintenant on m'imposait un mariage que je n'avais jamais voulu.

Mais quel choix avais-je ? Je devais protéger mon entreprise, sauver ma réputation. J'ai donc épousé Aria.

Je lui donne beaucoup d'argent et elle n'a pas besoin de travailler. Elle devrait être heureuse. Et elle devrait se considérer comme chanceuse.

En repensant aux quelques années que nous avons passées en tant que mari et femme, je dirais que j'ai rempli mes devoirs de mari, en m'occupant de ses besoins et de ses désirs.

Pourquoi n'est-elle jamais satisfaite ?

J'ai serré le volant, mes jointures devenant blanches alors que je naviguais sur la route sinueuse.

« Pourquoi doit-elle toujours semer la zizanie ? » Je me suis murmuré à moi-même, en pensant à la façon dont Aria semblait toujours causer des ennuis à Shane.

Shane ne se plaignait pourtant jamais. Elle arborait toujours le même sourire compréhensif, balayant les frasques d'Aria comme s'il ne s'agissait que d'un léger désagrément. C'est ce que j'aimais chez elle. Elle était toujours très gracieuse et élégante, complètement différente d'Aria.

Alors que je conduisais, les souvenirs de l'accident m'ont soudain envahi l'esprit. Je croyais que c'était Shane qui m'avait sorti de l'épave. Oui, je l'ai vue porter le collier avec le pendentif en forme de cœur.

Entre conscience et inconscience, mais je me souvenais de l'éclair d'un collier dont le pendentif scintillait dans la lumière du feu. Shane l'a toujours porté depuis. Je lui serais toujours reconnaissant d'avoir sacrifié sa propre sécurité pour moi. Cet accident nous a rapprochés l'un de l'autre.

Lorsque j'ai enfin atteint la maison de ma mère, j'ai vu mon frère Samuel en sortir.

« Je dois partir au travail », a-t-il dit, la voix sèche. Il n'y avait aucune trace de chaleur, aucun signe de l'affection que nous étions censés partager comme des frères.

J'ai forcé un sourire poli. « Voudrais-tu rester pour le dîner, Samuel ? »

Il a jeté un coup d'œil à sa montre hors de prix. « J'ai bien peur de ne pas pouvoir. Il y a une conférence téléphonique avec le siège de Londres dans une heure. »

En observant le dos de mon frère qui se dépêchait de rejoindre la voiture, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à Aria. Son sourire radieux pendant le dîner avec Samuel hier soir me revenait à l'esprit. C'était un contraste saisissant avec l'éternel froncement de sourcils qu'elle arborait en ma présence ces derniers temps.

Elle semblait heureuse, même s'ils ne se voyaient pas souvent. Cette pensée m'a fait plisser les yeux. Qu'est-ce qui les rendait heureux au juste ? Pourquoi agissaient-ils comme s'ils étaient proches ?

Mes yeux se sont rétrécis à mesure que la suspicion s'installait. Mais ce n'est pas grave, me disais-je silencieusement. Elle veut sans doute encore attirer mon attention.

Tout ce que j'avais à faire, c'était de rester tranquille et de lui laisser un peu d'espace, et bientôt, elle me supplierait d'être à nouveau avec moi, comme elle l'a toujours fait.