Chapitre 8

Point de vue d'Aria

Je suis sortie de l'immeuble de l'entreprise de Victor, incertaine de ce que j'allais faire. En hélant un taxi, je me suis surprise à donner au chauffeur l'adresse de Jessica.

Jessica était ma meilleure amie depuis le lycée, mais notre communication s'était réduite. Depuis que je me suis mariée, elle m'a toujours conseillé d'envisager le divorce, un sentiment qu'elle a exprimé à plusieurs reprises.

Je devrais peut-être suivre son conseil. J'ai été trop têtue, je ne l'ai pas écoutée pendant toutes ces années.

Malgré la désapprobation et la colère de Jessica face à mon soutien indéfectible à Victor, je gardais l'espoir qu'il finirait par me rendre la pareille.

Mon Dieu, j'ai été si stupide.

Je suis restée sur le pas de sa porte, j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai frappé à la porte. Lorsque Jessica a ouvert, elle n'a d'abord rien dit, mais m'a regardée comme si elle avait vu un fantôme.

« Salut. » Je l'ai saluée timidement et j'ai réussi à forcer un sourire.

« Aria ? » Elle m'a laissée entrer, mais elle a tout de suite remarqué mon air mal à l'aise. En fronçant les sourcils, elle a ajouté : « Si tu es ici juste pour te plaindre de Victor et non pour le quitter enfin, alors je pense qu'il vaut mieux que tu retournes auprès de lui. »

J'ai soupiré. C'est exactement ce que j'avais l'habitude de faire. Maintenant, je me rendais compte à quel point Jessica avait été déçue et frustrée par moi.

« Jessica, je... Je suis profondément désolée. Je veux que tu saches que j'ai pris la décision de divorcer. » Malgré mes mots trébuchants, je me suis efforcée de l'exprimer clairement.

Elle est restée silencieuse, ses sourcils n'ont pas changé. « Je suis sérieuse », ai-je poursuivi. « J'ai déjà laissé les papiers du divorce dans son bureau. »

« Je peux rester chez toi quelque temps ? » J'ai continué. « Je n'ai nulle part où aller... Mais si c'est trop demander, je suis tout à fait sous... »

Avant que je n'aie pu terminer, elle m'a coupé la parole. « Tu es sérieuse ? Bien sûr que tu peux rester ! Dieu merci, tu vas enfin quitter cet abruti ! »

« Viens ici, toi », a-t-elle dit en m'enveloppant d'une étreinte serrée. J'ai accepté son étreinte, reconnaissante de la chaleur et du soutien qu'elle m'offrait. Mon cœur battait la chamade d'excitation et de nervosité.

« Attends un peu », a dit Jessica, en me guidant vers le canapé.

À ma grande surprise, elle a sorti deux bières du congélateur. J'ai gloussé : « On fête ça ? »

« Oui, absolument ! Je suis ravie ! »

« Je suis désolée, Jessica, mais je ne peux pas », ai-je dit. Elle s'est arrêtée, stupéfaite et confuse. J'ai donc rapidement expliqué : « Je suis enceinte. »

Sa bouche est restée ouverte, comme si sa mâchoire allait tomber par terre. « Quoi ? Ce salaud t'a traitée si mal et t'a mise enceinte ? »

Je suis restée sans voix, craignant qu'elle ne soit en colère contre moi. Puis elle s'est accroupie et s'est adressée solennellement à mon ventre : « Ne deviens pas comme ton père. » Nous nous sommes regardées dans les yeux et avons éclaté de rire.

Nous nous sommes enfoncées dans les coussins en peluche et avons commencé à discuter. Je sentais que Jessica allait critiquer Victor, mais je ne l'ai pas interrompue parce que je savais qu'elle me défendait.

« Il te faisait tout faire pour lui ! Il t'a traitée comme une bonne. Il ne s'intéresse qu'à son foutu travail. Est-ce qu'il t'a déjà remerciée une seule fois ? Jamais ! » Jessica a croisé les bras sur sa poitrine, sa voix s'est agitée.

« Sans l'aide de ton père, il ne serait encore personne. Et tu es diplômée d'une université prestigieuse. Qui est-il pour te regarder de haut ? »

Les paroles de Jessica m'ont rappelé ma propre valeur. La voir si passionnée me réchauffait le cœur, et j'étais reconnaissant qu'elle soit toujours mon amie. Je lui ai tapoté doucement les mains. « Ne te mets pas en colère. Cela n'en vaut pas la peine. Je ne me soucie vraiment plus de lui. »

Soudain, Jessica s'est redressée, l'air grave. J'ai ressenti un malaise, ne sachant pas ce qui avait changé. Puis elle a hoché la tête et a dit : « C'est bien. Maintenant, tu es complètement Aria Everhart, pas Mme Thorne. »

« Oui, c'est sûr ! Et je n'ai jamais vraiment eu l'impression d'être Mme Thorn pour commencer. » Nous avons ri toutes les deux, et j'ai senti une vague de détente m'envahir.

Soudain, on a frappé fort à la porte, ce qui nous a fait sursauter, et nous avons échangé des regards inquiets.

Jessica, avec une pointe d'inquiétude, a appelé : « Qui est-ce ? »

« C'est moi, Victor », a répondu l'autre personne de l'autre côté, un peu déformée.

Surpris, j'ai chuchoté : « Comment a-t-il trouvé cet endroit ? »

Sentant mon malaise, Jessica m'a rapidement fait signe de me retirer à l'intérieur, en disant : « Va à l'intérieur. Laisse-moi m'occuper de lui. » Comprenant que son intention était de m'écarter de la confrontation imminente, je lui ai obéi et suis entrée dans une pièce voisine.

De ma cachette, j'ai entendu Jessica ouvrir la porte, et la voix pressante et légèrement énervée de Victor s'enquérir de mes allées et venues. La réponse de Jessica était sèche et froide : « Comment le saurais-je ? C'est ta femme. Rentre chez toi et vérifie, d'accord ? »

« Je suis rentré à la maison pour voir, ce n'est pas comme si je ne savais rien. Mais elle n'est pas là ! » Victor semblait exaspéré. « Je suis allé au bureau et j'ai entendu dire qu'elle avait encore causé des problèmes. Où pourrait-elle... »

« Hé, fais attention à ce que tu dis ! » Jessica s'est interposée, sa voix étant maintenant aiguisée par la colère. « Elle n'a jamais été une perturbatrice. Il n'y a rien qui cloche chez Aria, alors c'est peut-être toi. C'est toi qui es à blâmer ! »

Il recommençait à m'accuser injustement. Avec un lourd soupir, j'ai réalisé que je ne pouvais pas continuer à éviter la confrontation. Je ne pouvais pas laisser Jessica s'en charger. Je suis sortie et j'ai fait face à Victor, qui s'est arrêté en me voyant, puis a demandé : « Je savais que tu étais là. Rentre à la maison avec moi maintenant. »

J'ai répondu calmement : « Je te l'ai dit, je veux divorcer. Ce n'est pas une blague. J'ai déjà donné les papiers à Shane, tu peux lui demander. »

L'expression de Victor s'est immédiatement assombrie. « On ne peut pas en parler à la maison ? Ne m'embarrasse pas. »

Étonnamment, j'aurais dû être furieux, mais au lieu de cela, je me suis senti inhabituellement calme. « Tu vois, Victor, tu penses toujours que je t'embarrasse. Pourquoi ne pouvons-nous pas nous laisser aller l'un l'autre ? »

Avec un soupir amer, j'ai ajouté : « Je t'ai vraiment aimé, Victor. Mais je ne pense pas pouvoir m'y accrocher plus longtemps. » Épuisée, j'ai fermé la porte de ma chambre et lui ai fait signe de partir.

Mais il m'a attrapé le bras, me forçant à lui faire face à nouveau. « Tu ne pourras jamais divorcer, Aria ! », a-t-il craché avec colère. « Jamais. Parce que tu es à moi. Seulement à moi ! »