Chapitre 3 – Le Retour tant attendu

Le matin était doux, teinté d’une lumière dorée filtrée à travers les rideaux de la chambre. Elliana se tenait debout près de la fenêtre, son ventre arrondi sous une robe beige légère, un sourire tendre accroché à ses lèvres. Caleb, de l’autre côté de la pièce, refermait une valise, vérifiant pour la quatrième fois s’ils avaient bien tout pris : les vêtements, les cadeaux, les médicaments, les dossiers de grossesse…

— Je vais charger le coffre, dit-il en attrapant les clés.

Elliana hocha la tête et l’observa descendre les marches, les bras chargés. À travers la fenêtre entrouverte, elle pouvait entendre le bruit du coffre qui se refermait, suivi d’un léger craquement du métal.

Au même moment, son téléphone vibra.

Appel vidéo entrant : Papa

Elle décrocha sans hésiter. Le visage buriné de son père apparut à l’écran, un large sourire aux lèvres, une casquette vissée sur le crâne et un fond champêtre derrière lui.

— Ma chérie ! s’exclama-t-il. Vous êtes prêts ?

— Presque, papa, répondit-elle avec tendresse. Caleb est en train de finir de charger les affaires.

Elle descendit l’escalier avec précaution, tenant le téléphone devant elle, puis rejoignit son mari dehors.

— Regarde, dit-elle à Caleb en s’approchant de lui, Papa veut nous montrer quelque chose.

À l’écran, son père retourna la caméra. Une dizaine de poules picoraient dans un petit enclos aménagé.

— C’est… un poulailler ? dit Caleb, amusé.

Elliana recula un peu, marchant sur le trottoir pendant que son père filmait fièrement ses volailles. Elle rit doucement.

— Papa… pourquoi tu élèves des poules ? Tu vas te fatiguer pour rien.

Son père éclata de rire.

— Fatigué ? Allons donc ! C’est pour toi que je fais ça, ma fille. Quand tu rentreras, je vais te préparer un vrai rôti de poulet comme tu les aimais, hein ? Bien doré, bien juteux !

Elliana sentit son cœur se serrer d’émotion. Elle essuya une larme au coin de son œil et sourit à pleines dents.

— Papa, tu vas me faire pleurer…

Soudain, un autre visage apparut à l’écran. C’était Lukas, son frère aîné. Il prit le téléphone de leur père et s’approcha de la caméra.

— Petite sœur ! On vient te chercher avec Matteo et Julian. On vous attendra à l’aire de repos avant la nationale.

— Vous êtes sérieux ? s’étonna-t-elle, ravie.

— Bien sûr ! Tu crois qu’on allait te laisser arriver toute seule avec ton gros bidon ? Tu rigoles !

Elle éclata de rire, secouant la tête, puis leva les yeux quand elle entendit des pas.

C’était Miranda, sa belle-mère, qui approchait d’un pas sec, son sac à la main. Elle s’arrêta net en voyant Elliana sourire au téléphone.

— Qui est-ce ? Encore un homme avec qui tu parles ?

Sans attendre, elle tourna les talons, se dirigea vers Caleb qui refermait le coffre, et le tira par la manche.

— Regarde-la ! Elliana, encore en train de glousser avec un autre ! Et tu la laisses faire ?

Caleb soupira, se redressa.

— Maman, arrête. Elle parle avec son père. Pas un inconnu.

Miranda haussa un sourcil, clairement vexée.

— Tu crois qu’on peut lui faire confiance ? Cette fille… c’est une orpheline, Caleb. Une orpheline sans honneur ni racine !

À ces mots, Elliana venait tout juste de raccrocher l’appel avec un « à tout à l’heure ! » enjoué. Elle revint vers eux, son sourire se fanant lentement en entendant les derniers mots de sa belle-mère.

— Est-ce que Cassie est bientôt prête pour qu’on parte ? demanda-t-elle, gardant une voix douce malgré le pincement au cœur.

Miranda croisa les bras et lança, d’un ton méprisant :

— Quelle honte ! Une fille mariée qui veut retourner dans sa famille. Tu n’es qu’une pauvre orpheline ! Pourquoi voudrais-tu qu’on célèbre quoi que ce soit chez eux ?!

— Je suis enceinte, murmura Elliana, la voix tremblante. Et ce sont mes parents…

Cassie descendit à ce moment-là, un petit sourire moqueur en coin, les bras croisés.

— Oups, j’ai raté un épisode ? demanda-t-elle, feignant l’ignorance.

Mais avant qu’une autre pique ne fusille l’ambiance, Caleb reçut un appel. Il s’écarta pour répondre, le téléphone collé à l’oreille. Quelques secondes plus tard, il revint, les traits illuminés.

— Elliana. Maman. Cassie. J’ai une grande nouvelle.

Ils se tournèrent tous vers lui.

— Je viens de recevoir l’appel officiel : je vais être promu vice-président dans l’entreprise des Voss !

Miranda poussa un cri de joie hystérique, oubliant en un instant toutes ses critiques précédentes.

— Vice-président ! Mon fils ! Ah, mon Dieu ! On a réussi ! On a réussi !

Cassie applaudit doucement, cette fois sans moquerie. Même Elliana, surprise, applaudit avec un large sourire.

Mais Miranda ne tarda pas à tirer Caleb par le bras et l’éloigna à quelques mètres, sous prétexte de vouloir lui parler en privé. Elle lui murmura à l’oreille :

— Caleb, écoute-moi bien. C’est l’occasion de ta vie. Si on passe chez les Voss, on pourrait organiser une petite fête pour célébrer ta promotion. Montrer à tout le monde que tu as réussi.

Caleb fronça les sourcils.

— Mais maman… Elliana veut rentrer voir sa famille. Ils nous attendent. C’est important pour elle.

Miranda serra les dents, puis posa la main sur son épaule.

— Alors choisis, mon fils. Moi… ou elle ?

Caleb resta figé. L’air devint lourd. Le vent s’arrêta.

Mais après un long silence, il revint vers la voiture, droit et décidé.

— Tout le monde monte. On part chez les parents d’Elliana.

Il ouvrit la portière côté passager pour son épouse.

— Tu montes devant, mon amour. Cassie, maman, derrière.

Miranda fit une moue scandalisée, mais obéit sans mot dire, profondément vexée.

Elliana monta dans la voiture, le cœur battant, les mains sur son ventre. Caleb s’assit à ses côtés, posa une main sur la sienne et lui dit doucement :

— Tu rentres à la maison, Ellie.

La voiture démarra, emportant avec elle un passé douloureux… et un avenir rempli d’espoir.