Cendrillon15 heures arriva rapidement, le temps semblait s’être accéléré. Lorsque son contact entra dans la cuisine, un doute m’envahit immédiatement. L’homme était énorme, aussi large que haut, une véritable montagne russe à lui tout seul. Il avait une démarche imposante, presque brutale, et ses yeux scrutaient la pièce comme s’il cherchait quelque chose, ou pire, quelqu’un.Son visage était dur, avec des traits carrés, et sa présence dégageait une sorte d’autorité silencieuse. Tout en le regardant, je me demandais si c’était vraiment le moment pour ce genre de rencontre. L’adrénaline me monta instantanément.Marlène, sans perdre une seconde, s’avança vers l’homme, un sourire assuré sur les lèvres. Elle lui serra la main dans une poignée qui me parut puissante. Ensuite, elle lui tendit le sac, comme si elle lui confiait quelque chose d’anodin. Mais je savais que c’était bien plus que ça. C’était le début de quelque chose qui allait changer la donne.— Voilà, comme prévu, dit-elle d’
CENDRILLONJe pris une profonde inspiration, me forçant à rester calme, malgré l’angoisse qui montait en moi.— Amelia, reste calme, lui dis-je doucement, bien que j’eusse du mal à masquer l’angoisse dans ma voix. On va s’en sortir, je te le promets.L’homme tapa contre le contreplaqué et cria :— La ferme derrière !Amelia trembla un peu plus en entendant la voix de l’homme à l’intonation sévère.— Qui est-ce ? demandai-je en murmurant.Elle voulut ouvrir la bouche mais commença à convulser. Ses yeux se révulsèrent et son corps se raidit. Paniquée, je la pris dans mes bras, essayant de la maintenir stable.— Amelia, reste avec moi ! criai-je, désespérée.Mais ses convulsions s’intensifièrent. Elle lutta pour respirer, ses mouvements devenant de plus en plus faibles. Je sentis son corps se relâcher, et ses yeux se fermèrent doucement.— Amelia ! hurlai-je, la secouant légèrement, espérant un signe de vie.Mais il n’y avait plus rien. Elle était partie, là, dans mes bras, dans ce camio
EthanNous nous dirigions rapidement vers la sortie, avec l’un des gardes toujours à moitié inerte dans l’ombre. Clavier tremblait sous notre emprise, son regard fuyant, et je lui montrai mon arme, braquée sur lui.— Je vais t’enlever ton bâillon dans la rue, mais un seul bruit et tu es mort. Ok ?Il hocha la tête en signe d’accord. Je lui enlevai le bâillon, tout en gardant mon arme à portée de main.À l’extérieur, la voiture était déjà prête, juste au coin de la rue. Micah, mon frère, nous donna les dernières indications, et nous nous faufilâmes dans les ruelles, hors de vue des caméras, prêts à quitter cet endroit avant que le quartier ne se réveille et ne soit de nouveau sous surveillance.L’heure était venue. On avait tout prévu, mais tout pouvait encore basculer.Nous avancions en silence, chaque pas résonnant dans les ruelles désertes. La tension était palpable, et je pouvais sentir la sueur perler sur mon front.. Clavier marchait devant nous, ses épaules voûtées par la peur. J
ETHANNous nous écartâmes légèrement tandis que le garde du corps du maître chanteur forçait Clavier à se mettre à genoux. Le politicien tremblait de tout son corps, ses yeux agrandis de terreur.Le maître chanteur posa le canon de l’arme contre le front de Clavier.— Tu sais pourquoi tu es là, sale traître.Le silence qui suivit fut glacial, presque irréel. Clavier, paralysé par la peur, ne prononça pas un mot. C’était comme si le poids du monde s’écrasait sur lui, et il savait, au fond de lui, que c’était la fin.Micah brisa le silence d’une voix forte.— Arrête ça ! Nous ne sommes pas là pour être témoins de ton sale boulot.Le maître chanteur tourna lentement la tête vers nous, un sourire tordu s’étirant sur ses lèvres.— Oh, mais je ne vous demande pas d’être témoins. Il tendit l’arme à Micah, son regard brillant de malice. Toi, tu vas faire le travail. Et ça comptera pour une mission. Plus vite les douze missions seront remplies, plus vite tu reverras ton oncle.Micah, sans un m
CendrillonLa forêt qui m’entourait semblait plus vivante que jamais. Le vent sifflait entre les arbres, comme un murmure constant, tandis que la lumière du crépuscule filtrait à travers les branches en une lueur dorée mourante. Le poids de ma course et de la terreur qui me poursuivait faisait battre mon cœur de manière désordonnée, tambourinant contre ma poitrine. Chaque pas semblait étirer l’espace entre moi et le monde extérieur. La mort d’Amelia me hantait toujours, chaque souvenir de sa voix, de son sourire, me transperçant comme une lame.Je devais trouver un abri avant que la nuit ne s’abatte sur moi. La forêt n’offrait aucune protection contre ce qui me traquait. Mes jambes tremblaient sous l’effort, mais la lueur d’une petite maison, apparue au détour d’un sentier sinueux, fut comme une promesse de répit. Les murs de bois étaient vieux, le toit couvert de mousse humide, mais c’était un refuge. Une maison qui semblait figée dans le temps.Mon poing, encore tremblant, frappa do
CENDRILLON— Ouvre cette putain de porte ! hurla une voix rauque de l’autre côté, ses paroles résonnant comme une menace, chaque mot faisant vibrer les murs.Le visage de la femme changea instantanément. Elle reposa calmement sa tasse de thé, puis s’avança vers un coffre en bois placé au pied de son lit. D’un geste sûr, elle en sortit un revolver. L’arme semblait vieille, mais parfaitement entretenue. Ses mains étaient étonnamment fermes, aucun signe de tremblement. Elle avait l’air d’avoir déjà fait face à ce genre de situation auparavant.— Reste derrière moi, dit-elle d’un ton sec et autoritaire, me coupant tout espoir de discuter ou de protester.La porte fut ouverte d’un coup sec. L’homme entra dans la pièce comme un animal enragé, ses yeux fous cherchant frénétiquement. Sa respiration haletante emplissait l’air, son visage déformé par une rage viscérale.— Où est-elle ?! hurla-t-il en scrutant chaque recoin de la pièce.Avant qu’il ne puisse s’approcher de moi, un coup de feu re
CENDRILLONChaque pas que je faisais était un rappel cruel de ma situation. La chaleur rassurante du feu derrière moi s’éloignait, remplacée par le froid mordant de la nuit qui commençait à tomber. Ses bras traînaient lourdement, et je pouvais encore sentir le regard inerte de l’homme dans mon dos, comme s’il continuait à me surveiller, même après sa mort.— Un dernier effort, lança la femme d’une voix sèche alors que nous approchions de la clairière derrière la maison. On va le jeter dans ce trou et oublier qu’il a jamais existé.Je grimaçai, mais je serrai les dents. Ensemble, nous arrivâmes enfin au bord du trou que la femme avait creusé quelques minutes auparavant. Il était sombre et profond, une tombe improvisée prête à recevoir celui qui avait tenté de me traquer. D’un geste sec, elle me fit signe de le pousser.— Fais-le basculer, maintenant.Je pris une profonde inspiration, puis d’un seul coup, je relâchai ses chevilles et le laissai tomber lourdement dans la fosse. Le bruit
EthanOn arrivait à l’entrepôt, le silence pesait lourd entre nous. Micah ne disait rien, mais je voyais bien que ce qu’il avait fait le touchait plus qu’il ne voulait l’admettre. Peu importe ce qu’il dirait, son regard en disait long. On était mal, et je le savais.Tué le compte avait été plus simple car on était un peu en état de légitime defense, alors que là, Micah l'avait abattu comme un chien.Soudain, mon téléphone vibra dans ma poche. Je décrochai et mis directement sur haut-parleur. La voix de Marlène, tremblante de panique, résonna :— Cendre a disparu ! Je la trouve nulle part, elle s’est volatilisée !Mon cœur se serra. Tout allait de mal en pis.La panique monta en moi. Je lançai un regard à Micah, mais il resta figé, comme s’il n’avait pas encore totalement compris la gravité de la situation.— Qu’est-ce que tu veux dire, elle a disparu ? m’écriai-je, le cœur battant à tout rompre.— Je... je suis rentrée dans la cuisine, et elle n’était plus là ! répondit Marlène, sa vo
CENDRILLONOn arriva au bar-hôtel au petit matin, le ciel gris perlant de pluie fine. Les planches sur les fenêtres donnaient à l’endroit un air de bunker, mais c’était toujours debout, toujours à nous. Marie gara la voiture en travers du parking, et on sortit péniblement, comme des soldats rentrant d’une guerre qu’on avait pas vraiment voulue. Ethan boitait, soutenu par Roland. Mica grognait en tenant son épaule, refusant l’aide de quiconque. Moi, je guidai mon père, son bras autour de mes épaules, son poids léger mais pesant sur mon cœur.À l’intérieur, ça sentait encore la bière et le bois, mais y’avait une odeur de cendres aussi, un souvenir de l’incendie qu’on avait éteint avant de partir. On s’effondra tous autour d’une table, un tas de corps cassés mais vivants. Marie sortit une bouteille de whisky de sous le comptoir et servit des verres sans demander, même à mon père, qui trembla en prenant le sien.— À nous, dit-elle, levant son verre. Les emmerdeurs qui survivent.On trinqu
MICAHLes premiers hommes arrivèrent, armes dégainées, et le chaos explosa. Je tirai, visant la tête, et un type s’effondra. Ethan plongea sur un autre, son couteau trouvant une gorge. Cendrillon couvrit son père, tirant maladroitement mais touchant un bras. Le bruit des balles et des cris remplit la cave, et moi, je riais presque – c’était ma guerre, ma putain de danse.Mais y’en avait trop. Un coup me frappa à l’épaule, et je grognai, le sang chaud coulant sous ma veste. Ethan prit une balle dans la jambe, tombant à moitié. Cendrillon cria, et son père la poussa derrière lui, frappant un type avec son bout de métal. On était foutus, mais je voyais pas encore la fin.Et puis, une détonation plus forte éclata dehors, suivie d’un hurlement. Les hommes de Darius hésitèrent, et une silhouette descendit l’escalier, un revolver fumant à la main. Marie. Putain, Marie, avec Roland derrière elle, une carabine dans les mains tremblantes.— Bougez vos culs ! cria-t-elle, abattant un autre type.
MicahLe sous-sol du pub puait la peur et le sang, un mélange qui me rappelait trop de nuits où j’avais dû jouer les bêtes pour survivre. Darius était là, dos au mur, mon flingue collé à sa tempe, son sourire de serpent toujours vissé à sa gueule. Autour de nous, ses hommes gisaient dans leur propre merde – morts pour les chanceux, gémissants pour les autres. Ethan saignait d’une entaille au bras, mais il tenait debout, son couteau dégoulinant dans sa main. Cendrillon, elle, serrait sa bouteille brisée comme une arme, ses yeux brûlant d’une rage que je connaissais bien. On avait gagné cette manche, mais ce connard de Darius avait encore un as dans sa manche, je le sentais.— Parle, ordonna-t-elle, sa voix claquant comme un fouet.Putain, j’étais fier d’elle. Elle tremblait plus, ma princesse. Elle avançait vers lui, et moi, je reculai juste assez pour le garder en joue, laissant Ethan l’attraper par le col pour le tenir en place. Darius ricana, un son qui me donnait envie de lui explo
On débarqua à l’aube, et putain, cette ville puait la pluie et le désespoir. Le ciel était gris, lourd, comme s’il allait nous tomber sur la tronche. Marie nous avait filé une adresse – un entrepôt pourri dans l’est, près des docks. Je garai la bagnole le long d’un mur tagué, à l’abri des curieux, et on sortit dans l’air froid qui vous mordait la gueule. Cendrillon resserra son manteau, Ethan planqua son flingue dans sa ceinture, et moi, je scrutai les environs.— Ça pue la merde, marmonnai-je. Trop calme.— C’est les docks, répondit Ethan, toujours calme comme un moine. C’est toujours mort à cette heure.Je grognai, pas convaincu. Les docks, ouais, mais y’avait un truc qui clochait. Trop de silence, trop d’ombres. L’entrepôt se dressait là, une ruine de ferraille avec des fenêtres explosées qui vous fixaient comme des yeux crevés. La porte grinçait dans le vent, et je vis Cendrillon serrer les poings. Elle avança d’un coup, sans attendre.— Allons-y, dit-elle, et elle fila vers l’entr
CENDRILLONOn passa l’après-midi à préparer nos affaires. Quelques vêtements, des armes que les jumeaux avaient gardées de leur passé, et un plan griffonné sur une serviette en papier. Londres. Darius. Le serpent et la couronne. Chaque mot pesait comme une pierre dans ma poitrine, mais je refusais de flancher. Pas avec Ethan et Mica à mes côtés. Pas avec ce bébé qui me donnait une raison de plus de me battre.Vers le soir, alors qu’on chargeait la voiture, je pris une seconde pour regarder le bar. Notre refuge, notre rêve. Les planches sur les fenêtres lui donnaient l’air d’une forteresse, mais il restait debout. Comme nous.— Prête ? demanda Ethan, sa voix douce derrière moi.— Ouais, murmurai-je. Prête.Mica klaxonna depuis le volant, un sourire sauvage aux lèvres.— Alors bouge, princesse. On a un roi à décapiter.Je montai dans la voiture, le cœur battant, et alors qu’on s’éloignait dans la nuit, je sentis une étrange certitude s’installer. Peu importe ce qui nous attendait, on af
CENDRILLON— Et nous ? demanda Ethan, ses yeux sombres fixés sur elle.— Vous sécurisez cet endroit, répondit-elle. Barricadez les fenêtres, vérifiez les clients. Si les hommes de Valerian veulent jouer, ils viendront ici. C’est votre château, protégez-le.Roland releva enfin la tête, ses mains agrippant sa canne comme s’il puisait sa force dans le bois usé.— Je reste avec vous, murmura-t-il. Si c’est ma faute, je vais pas vous laisser seuls.— T’es sûr que t’es en état ? lâcha Mica, sans filtre. T’as l’air d’un mort qui marche, Roland.— Mica ! sifflai-je, mais il me coupa d’un regard.— Quoi ? C’est vrai. On a besoin de combattants, pas de poids morts.Roland esquissa un sourire triste, presque amer.— T’as raison, petit. Mais j’ai encore un ou deux tours dans mon sac. Laissez-moi une chance de me racheter.Le silence revint, lourd, chargé de tout ce qu’on ne disait pas. Marie écrasa sa cigarette à moitié fumée et se leva.— Reposez-vous ce soir, ordonna-t-elle. Demain, on entre en
Marie et Roland arrivèrent deux heures plus tard, la vieille camionnette de Marie crachant une fumée noire sur le parking. Roland descendit en premier, le visage creusé par la fatigue, une canne dans la main droite. Il avait l’air d’un homme qui portait le poids du monde sur ses épaules. Marie suivit, une cigarette au coin des lèvres, ses cheveux gris en bataille. Elle avait cette allure de guerrière usée mais indomptable qui me fascinait toujours.— Montrez-moi ça, dit-elle en jetant son mégot par terre.Ethan lui tendit la photo et le mot. Elle les examina en silence, ses yeux plissés comme si elle lisait un code invisible. Roland s’assit lourdement sur une chaise, son regard fixé sur la table.— Ça te dit quelque chose ? demanda Mica, croisant les bras.Marie releva la tête, son expression sombre.— Ouais, dit-elle enfin. Ça pue la pègre à plein nez. Ces messages cryptiques, ces vieilles photos… c’est leur façon de dire qu’ils vous ont dans le viseur.— Mais qui ? insistai-je. Mon
Cendrillon— Cendrillon… murmura Ethan, ses doigts effleurant mon épaule.Je ne répondis pas. Mes yeux étaient rivés sur le papier plié que Mica déplia lentement. Quelques mots griffonnés à l’encre noire, d’une écriture tremblante mais lisible : « Les contes finissent mal quand on oublie les dettes. »Un silence glacial s’abattit sur nous. Le bar, pourtant encore bruyant, sembla s’effacer autour de moi. Je sentis une sueur froide couler dans mon dos, et mes jambes vacillèrent. Mica froissa le papier dans son poing, ses jointures blanchissant sous la pression.— C’est quoi cette merde ? grogna-t-il, ses yeux lançant des éclairs.Ethan, plus calme mais tout aussi tendu, ramassa la photo et l’examina de près.— Quelqu’un sait que t’es ici, dit-il doucement. Quelqu’un qui connaît ton passé.— Mon père est mort, articulai-je, la voix tremblante. Et ma belle-mère… Marie l’a vendue à des mafieux après ses aveux. Qui pourrait…Je m’interrompis, incapable de finir ma phrase. Les dettes. Ce mot
CendrillonLe bar-hôtel de Roland bourdonnait comme un essaim d’abeilles en pleine saison. Les rires des clients ricochaient sur les murs en bois, les verres s’entrechoquaient dans un tintement joyeux, et l’odeur de bière fraîche se mêlait à celle des frites tout juste sorties de la friteuse. C’était une soirée comme je les aimais : bruyante, vivante, un chaos organisé où je me sentais enfin chez moi. Un an s’était écoulé depuis ce jour où Ethan et Mica avaient scellé notre union sous les étoiles, un an depuis que j’avais dit oui à deux hommes qui avaient transformé ma vie de cendres en quelque chose de lumineux. Et pourtant, ce soir-là, alors que je servais une pinte à un habitué, une sensation étrange me nouait l’estomac.Je posai la main sur mon ventre, instinctivement. Rien ne se voyait encore – pas de courbe, pas de rondeur – mais je savais. Depuis quelques jours, un pressentiment grandissait en moi, confirmé ce matin par un test discret acheté à la pharmacie du coin. Deux petites