MICAIl se plongea dans ses recherches avec une efficacité déconcertante, celle qui suscitait toujours en moi une admiration mêlée d’envie. Ses doigts dansaient littéralement sur le clavier, glissant avec une aisance fluide, presque chorégraphique. Chaque touche semblait répondre à une volonté tacite, ouvrant et fermant des fenêtres à une cadence effrénée, comme si l’ordinateur anticipait ses pensées. Des lignes de code complexes se déroulaient à une vitesse vertigineuse, s'affichant sur l'écran en une cascade infinie de chiffres et de lettres que seul lui pouvait déchiffrer. Tout son être semblait synchronisé avec cette machine, opérant en parfaite symbiose, alors qu’il explorait des bases de données, traçait des algorithmes, et faisait apparaître des résultats en un clin d’œil. Chaque nouvelle page était un pas de plus dans une course que seul lui semblait capable de mener à cette vitesse vertigineuse.Pendant qu’il travaillait, absorbé par ses recherches, je sortis discrètement mon
CENDRILLONMarlène déboula dans la cuisine comme un boulet de canon pendant que je nettoyais un verre. Je sursautai, et le verre se brisa dans l’évier avec un bruit sec.Elle tenait un petit sac en papier blanc dans les mains, et son regard, déterminé comme toujours, ne laissait aucune place à l’hésitation.— Bonne nouvelle, les Bad boys sont retenus. Tu vas chez eux, tu fais ta teinture, tu prépares ta valise, et mon contact te prendra à 15 heures précises.Je la regardai, un peu étonnée. Elle semblait si déterminée, si sûre d’elle.— Tu es contente ? me demanda-t-elle soudainement, sans détour, comme si elle savait ce que je pensais.Je laissai échapper un léger sourire, bien que tout cela allait trop vite pour moi.— Oui, tout va vite, mais… oui.Elle acquiesça d’un geste rapide, sans perdre une seconde.— Fonce. Je m’occupe de tout ici. N’oublie pas de préparer ta valise. Tu descends tout, on mettra ça dans un coin du bar. Tout sera prêt au cas où. Prête à fuir et retrouver ta pet
CENDRILLONSans réfléchir, mes pas me dirigèrent vers la chambre d’Ethan. J’avais besoin de quelque chose, une petite étincelle de ce qui était encore là, avant de tout laisser derrière moi. J’ouvris discrètement la porte, veillant à ne pas faire de bruit, et la chaleur qui montait en moi me rappela à quel point tout était encore trop confus. Je me faufilai à l’intérieur, mes sens en alerte, et je m’avançais vers son armoire. Les souvenirs de tout ce qui s’était passé ces derniers jours, les moments volés, les regards échangés, se bousculaient dans ma tête. Je l’ouvris à peine, avec hésitation, attrapant au passage un sac de sport Nike, une sorte de complice silencieux dans cette scène.Je fouillai rapidement dedans, glissant des jeans, des t-shirts, des sous-vêtements. Je revoyais encore Mica, avec son sourire en coin, me donner les sacs à la hâte, et se vanter ensuite auprès de son jumeau, de l’accueil “chaleureux” de la patronne de la boutique de lingeries fines où il avait fait se
CENDRILLONMarlène s’inclina légèrement vers moi, sa voix plus basse, presque intime.— Tu as une chance maintenant. Si tu attends encore, tu pourrais bien regretter de ne pas avoir saisi ce moment. Le temps file, Cendre. On n’a pas de garanties pour plus tard. Si tu restes, tout pourrait changer, et pas dans le sens que tu espères.Je la regardai, incertaine, mais ses mots s’imprimaient dans mon esprit comme des vérités irrévocables. Mon instinct me disait qu’elle avait raison. Si je ne partais pas maintenant, je risquais de perdre ma chance de tout recommencer, de laisser tout ce qui me pesait derrière moi. Peut-être que tout ce que j’avais à faire, c’était de prendre cette décision et d’aller de l’avant.— Tu crois vraiment que c’est la seule option ? demandai-je, la gorge nouée.Elle posa une main sur mon épaule, avec une fermeté qui me fit frissonner.— Ce n’est pas une question de croire, Cendre. C’est la réalité. Tu n’as pas de temps à perdre. Ce qui est fait est fait. Tu vas p
Ethan 😎Jonathan chercha encore, les yeux rivés sur l’écran, ses doigts effleurant le clavier avec une précision redoutable. Il semblait presque détaché, plongé dans son monde de codes et de caméras, mais je voyais bien que Micah n’était pas du tout à l’aise.— Et on fait comment pour l’enlever en plein jour ? demanda Micah, en frappant du poing sur la table, une lueur de frustration dans ses yeux. “Parce que là, ça veut dire qu’on doit le faire avec notre propre voiture. Et la ville est pleine de caméras. On a toutes les chances de nous faire gauler.”Jonathan soupira, visiblement agacé par la question. Il leva les yeux, fixant Micah avec une intensité qui n’échappait pas à personne.— Pour les caméras, je m’en occupe, marmonna-t-il en tapotant rapidement sur son clavier. “Je peux provoquer une panne dans le système général, mais ça ne va pas durer des heures, et il faut qu’on soit parfaitement synchronisés. Pas de place pour l’improvisation.”Micah grogna, se passant une main dans
ETHANLe temps se resserrait, et l’incertitude me rongeait de plus en plus. Il n’y avait plus de place pour les hésitations.Micah se leva, son regard déterminé. Il partit en direction de l’armoire, où le matériel était soigneusement rangé. Il en ressortit plusieurs oreillettes, les jetant sur la table devant nous.— On va rester en contact. Tout le monde avec une oreillette. On doit être connectés en permanence, chaque mouvement doit être synchronisé.Jonathan hocha la tête, ses doigts déjà en train de pianoter sur son ordinateur. Il se contenta d’un simple “Je vous guiderai depuis l’entrepôt”, sans lever les yeux de l’écran. Il semblait déjà absorbé dans la préparation du plan. Tout allait dépendre de lui.Micah, quant à lui, semblait plus tendu que d’habitude, son regard passant d’un objet à l’autre, comme s’il vérifiait chaque détail en pensée. Il vérifia aussi son propre équipement, ajustant son gilet tactique et remplissant ses poches de petites bombes fumigènes et d’autres outi
ETHANNous nous garâmes discrètement à une distance suffisante, juste à temps pour voir Clavier avec sa femme. Les gardes, eux, étaient tout autour, vigilants. Micah se tourna vers moi.— C’est maintenant. Tu te prépares ? demanda-t-il, une pointe d’adrénaline dans la voix.Je hochai la tête, essayant de calmer le tremblement dans mes mains. Nous avions tout prévu, mais les imprévus sont toujours là pour nous rappeler qu’on n’est jamais totalement en contrôle.À ce moment-là, Jonathan parla à travers l’oreillette.— Ils rentrent dans l’immeuble. Deux gardes derrière, merde y'en a un troisième , il se tiens devant. Il y a des caméras, mais je peux les désactiver pendant cinq minutes.— C’est suffisant, répondit Micah. On y va.On se glissa dans l’immeuble. Je jetai un coup d’œil à Micah, qui sortit un masque en tissu noir de sa poche. Sans un mot, je fis de même, le prenant en main et me le plaçant rapidement sur le visage. Le masque moulait parfaitement, dissimulant nos traits avec un
Cendrillon15 heures arriva rapidement, le temps semblait s’être accéléré. Lorsque son contact entra dans la cuisine, un doute m’envahit immédiatement. L’homme était énorme, aussi large que haut, une véritable montagne russe à lui tout seul. Il avait une démarche imposante, presque brutale, et ses yeux scrutaient la pièce comme s’il cherchait quelque chose, ou pire, quelqu’un.Son visage était dur, avec des traits carrés, et sa présence dégageait une sorte d’autorité silencieuse. Tout en le regardant, je me demandais si c’était vraiment le moment pour ce genre de rencontre. L’adrénaline me monta instantanément.Marlène, sans perdre une seconde, s’avança vers l’homme, un sourire assuré sur les lèvres. Elle lui serra la main dans une poignée qui me parut puissante. Ensuite, elle lui tendit le sac, comme si elle lui confiait quelque chose d’anodin. Mais je savais que c’était bien plus que ça. C’était le début de quelque chose qui allait changer la donne.— Voilà, comme prévu, dit-elle d’
CENDRILLONOn arriva au bar-hôtel au petit matin, le ciel gris perlant de pluie fine. Les planches sur les fenêtres donnaient à l’endroit un air de bunker, mais c’était toujours debout, toujours à nous. Marie gara la voiture en travers du parking, et on sortit péniblement, comme des soldats rentrant d’une guerre qu’on avait pas vraiment voulue. Ethan boitait, soutenu par Roland. Mica grognait en tenant son épaule, refusant l’aide de quiconque. Moi, je guidai mon père, son bras autour de mes épaules, son poids léger mais pesant sur mon cœur.À l’intérieur, ça sentait encore la bière et le bois, mais y’avait une odeur de cendres aussi, un souvenir de l’incendie qu’on avait éteint avant de partir. On s’effondra tous autour d’une table, un tas de corps cassés mais vivants. Marie sortit une bouteille de whisky de sous le comptoir et servit des verres sans demander, même à mon père, qui trembla en prenant le sien.— À nous, dit-elle, levant son verre. Les emmerdeurs qui survivent.On trinqu
MICAHLes premiers hommes arrivèrent, armes dégainées, et le chaos explosa. Je tirai, visant la tête, et un type s’effondra. Ethan plongea sur un autre, son couteau trouvant une gorge. Cendrillon couvrit son père, tirant maladroitement mais touchant un bras. Le bruit des balles et des cris remplit la cave, et moi, je riais presque – c’était ma guerre, ma putain de danse.Mais y’en avait trop. Un coup me frappa à l’épaule, et je grognai, le sang chaud coulant sous ma veste. Ethan prit une balle dans la jambe, tombant à moitié. Cendrillon cria, et son père la poussa derrière lui, frappant un type avec son bout de métal. On était foutus, mais je voyais pas encore la fin.Et puis, une détonation plus forte éclata dehors, suivie d’un hurlement. Les hommes de Darius hésitèrent, et une silhouette descendit l’escalier, un revolver fumant à la main. Marie. Putain, Marie, avec Roland derrière elle, une carabine dans les mains tremblantes.— Bougez vos culs ! cria-t-elle, abattant un autre type.
MicahLe sous-sol du pub puait la peur et le sang, un mélange qui me rappelait trop de nuits où j’avais dû jouer les bêtes pour survivre. Darius était là, dos au mur, mon flingue collé à sa tempe, son sourire de serpent toujours vissé à sa gueule. Autour de nous, ses hommes gisaient dans leur propre merde – morts pour les chanceux, gémissants pour les autres. Ethan saignait d’une entaille au bras, mais il tenait debout, son couteau dégoulinant dans sa main. Cendrillon, elle, serrait sa bouteille brisée comme une arme, ses yeux brûlant d’une rage que je connaissais bien. On avait gagné cette manche, mais ce connard de Darius avait encore un as dans sa manche, je le sentais.— Parle, ordonna-t-elle, sa voix claquant comme un fouet.Putain, j’étais fier d’elle. Elle tremblait plus, ma princesse. Elle avançait vers lui, et moi, je reculai juste assez pour le garder en joue, laissant Ethan l’attraper par le col pour le tenir en place. Darius ricana, un son qui me donnait envie de lui explo
On débarqua à l’aube, et putain, cette ville puait la pluie et le désespoir. Le ciel était gris, lourd, comme s’il allait nous tomber sur la tronche. Marie nous avait filé une adresse – un entrepôt pourri dans l’est, près des docks. Je garai la bagnole le long d’un mur tagué, à l’abri des curieux, et on sortit dans l’air froid qui vous mordait la gueule. Cendrillon resserra son manteau, Ethan planqua son flingue dans sa ceinture, et moi, je scrutai les environs.— Ça pue la merde, marmonnai-je. Trop calme.— C’est les docks, répondit Ethan, toujours calme comme un moine. C’est toujours mort à cette heure.Je grognai, pas convaincu. Les docks, ouais, mais y’avait un truc qui clochait. Trop de silence, trop d’ombres. L’entrepôt se dressait là, une ruine de ferraille avec des fenêtres explosées qui vous fixaient comme des yeux crevés. La porte grinçait dans le vent, et je vis Cendrillon serrer les poings. Elle avança d’un coup, sans attendre.— Allons-y, dit-elle, et elle fila vers l’entr
CENDRILLONOn passa l’après-midi à préparer nos affaires. Quelques vêtements, des armes que les jumeaux avaient gardées de leur passé, et un plan griffonné sur une serviette en papier. Londres. Darius. Le serpent et la couronne. Chaque mot pesait comme une pierre dans ma poitrine, mais je refusais de flancher. Pas avec Ethan et Mica à mes côtés. Pas avec ce bébé qui me donnait une raison de plus de me battre.Vers le soir, alors qu’on chargeait la voiture, je pris une seconde pour regarder le bar. Notre refuge, notre rêve. Les planches sur les fenêtres lui donnaient l’air d’une forteresse, mais il restait debout. Comme nous.— Prête ? demanda Ethan, sa voix douce derrière moi.— Ouais, murmurai-je. Prête.Mica klaxonna depuis le volant, un sourire sauvage aux lèvres.— Alors bouge, princesse. On a un roi à décapiter.Je montai dans la voiture, le cœur battant, et alors qu’on s’éloignait dans la nuit, je sentis une étrange certitude s’installer. Peu importe ce qui nous attendait, on af
CENDRILLON— Et nous ? demanda Ethan, ses yeux sombres fixés sur elle.— Vous sécurisez cet endroit, répondit-elle. Barricadez les fenêtres, vérifiez les clients. Si les hommes de Valerian veulent jouer, ils viendront ici. C’est votre château, protégez-le.Roland releva enfin la tête, ses mains agrippant sa canne comme s’il puisait sa force dans le bois usé.— Je reste avec vous, murmura-t-il. Si c’est ma faute, je vais pas vous laisser seuls.— T’es sûr que t’es en état ? lâcha Mica, sans filtre. T’as l’air d’un mort qui marche, Roland.— Mica ! sifflai-je, mais il me coupa d’un regard.— Quoi ? C’est vrai. On a besoin de combattants, pas de poids morts.Roland esquissa un sourire triste, presque amer.— T’as raison, petit. Mais j’ai encore un ou deux tours dans mon sac. Laissez-moi une chance de me racheter.Le silence revint, lourd, chargé de tout ce qu’on ne disait pas. Marie écrasa sa cigarette à moitié fumée et se leva.— Reposez-vous ce soir, ordonna-t-elle. Demain, on entre en
Marie et Roland arrivèrent deux heures plus tard, la vieille camionnette de Marie crachant une fumée noire sur le parking. Roland descendit en premier, le visage creusé par la fatigue, une canne dans la main droite. Il avait l’air d’un homme qui portait le poids du monde sur ses épaules. Marie suivit, une cigarette au coin des lèvres, ses cheveux gris en bataille. Elle avait cette allure de guerrière usée mais indomptable qui me fascinait toujours.— Montrez-moi ça, dit-elle en jetant son mégot par terre.Ethan lui tendit la photo et le mot. Elle les examina en silence, ses yeux plissés comme si elle lisait un code invisible. Roland s’assit lourdement sur une chaise, son regard fixé sur la table.— Ça te dit quelque chose ? demanda Mica, croisant les bras.Marie releva la tête, son expression sombre.— Ouais, dit-elle enfin. Ça pue la pègre à plein nez. Ces messages cryptiques, ces vieilles photos… c’est leur façon de dire qu’ils vous ont dans le viseur.— Mais qui ? insistai-je. Mon
Cendrillon— Cendrillon… murmura Ethan, ses doigts effleurant mon épaule.Je ne répondis pas. Mes yeux étaient rivés sur le papier plié que Mica déplia lentement. Quelques mots griffonnés à l’encre noire, d’une écriture tremblante mais lisible : « Les contes finissent mal quand on oublie les dettes. »Un silence glacial s’abattit sur nous. Le bar, pourtant encore bruyant, sembla s’effacer autour de moi. Je sentis une sueur froide couler dans mon dos, et mes jambes vacillèrent. Mica froissa le papier dans son poing, ses jointures blanchissant sous la pression.— C’est quoi cette merde ? grogna-t-il, ses yeux lançant des éclairs.Ethan, plus calme mais tout aussi tendu, ramassa la photo et l’examina de près.— Quelqu’un sait que t’es ici, dit-il doucement. Quelqu’un qui connaît ton passé.— Mon père est mort, articulai-je, la voix tremblante. Et ma belle-mère… Marie l’a vendue à des mafieux après ses aveux. Qui pourrait…Je m’interrompis, incapable de finir ma phrase. Les dettes. Ce mot
CendrillonLe bar-hôtel de Roland bourdonnait comme un essaim d’abeilles en pleine saison. Les rires des clients ricochaient sur les murs en bois, les verres s’entrechoquaient dans un tintement joyeux, et l’odeur de bière fraîche se mêlait à celle des frites tout juste sorties de la friteuse. C’était une soirée comme je les aimais : bruyante, vivante, un chaos organisé où je me sentais enfin chez moi. Un an s’était écoulé depuis ce jour où Ethan et Mica avaient scellé notre union sous les étoiles, un an depuis que j’avais dit oui à deux hommes qui avaient transformé ma vie de cendres en quelque chose de lumineux. Et pourtant, ce soir-là, alors que je servais une pinte à un habitué, une sensation étrange me nouait l’estomac.Je posai la main sur mon ventre, instinctivement. Rien ne se voyait encore – pas de courbe, pas de rondeur – mais je savais. Depuis quelques jours, un pressentiment grandissait en moi, confirmé ce matin par un test discret acheté à la pharmacie du coin. Deux petites