Ciel
Lysandra me regarde comme si j’étais une illusion, un mirage qu’elle veut à la fois comprendre et fuir. Son souffle est court, son regard vacille, mais elle ne recule pas davantage.
C’est un progrès.
Je l’observe, laissant le silence s’installer entre nous. Elle doit assimiler. Je pourrais lui en dire plus, lui donner tous les détails… mais ce n’est pas à moi de forcer son esprit à accepter l’inacceptable.
Elle l’a vu. Elle l’a ressenti.
Maintenant, elle doit choisir d’y croire.
— Et si je refuse d’y croire ? murmure-t-elle.
Je croise les bras, la fixant sans ciller.
— Alors ton corps continuera de te rappeler que c’est réel.
Elle tressaille légèrement, et mon regard glisse sur sa main qui se referme sur son poignet, comme si elle pouvait étouffer le feu sous sa peau.
— Ce n’est pas un jeu, Lysandra. Ce n’est pas une coïncidence. Nous avons été détruits une fois. Si nous ne faisons rien, ça recommencera.
Elle redresse le menton, une étincelle de défi dans les yeux.
— Et si je ne veux pas revivre cette histoire ?
Un sourire sans joie étire mes lèvres.
— Tu n’as pas le choix.
Elle fronce les sourcils, contrariée par ma certitude.
— Tu crois vraiment au destin, à ces foutues réincarnations, à une malédiction qui nous force à répéter l’histoire ?
— Oui. Et toi aussi.
Elle ouvre la bouche pour me contredire, mais elle n’a pas d’argument valable.
Parce que son corps trahit déjà son esprit.
---
Elle finit par se laisser tomber sur le canapé de mon bureau, passant une main tremblante dans ses cheveux.
Je la rejoins, restant debout face à elle.
— Si c’est vrai, alors explique-moi. Qui nous a condamnés ? Pourquoi ?
Je prends une grande inspiration.
— Une femme.
Ses yeux s’écarquillent légèrement, et je ressens son instinct de médecin s’activer.
— Qui ?
Je me tends.
— Elle s’appelait Isolde.
Le nom pèse dans l’air comme un poison.
Lysandra le répète doucement, l’air troublé.
— Isolde…
— Elle nous a trahis. Par jalousie. Par obsession.
Je serre les poings. Rien que d’évoquer son souvenir, je ressens encore la rage brûler en moi.
— Elle m’aimait, mais c’est toi que j’ai choisi. Elle ne l’a pas supporté. Alors elle a retourné le monde contre nous. Elle a manipulé les croyances, les superstitions. Elle a fait de nous des monstres aux yeux des autres.
Lysandra ferme les yeux un instant, comme si quelque chose en elle se connectait à cette vérité.
Puis elle rouvre les paupières.
— Et elle ?
Ma mâchoire se serre.
— Elle est toujours là.
Son souffle se coupe.
— Quoi ?
J’acquiesce lentement.
— Elle aussi s’est réincarnée. Et elle nous traque, encore et encore.
Lysandra blêmit.
— Pourquoi ?
Je la fixe, et cette fois, c’est moi qui murmure une vérité insupportable.
— Parce qu’elle veut me posséder… et t’effacer.
Un silence de plomb s’abat sur la pièce.
Puis, enfin, Lysandra comprend.
Ce n’est pas juste une malédiction.
C’est une guerre qui dure depuis des siècles.
Et cette fois, il n’y aura pas d’échappatoire.
Lysandra
Le silence est une chape de plomb qui s’abat sur mes épaules.
Je fixe Ciel, tentant de comprendre l’ampleur de ce qu’il vient de dire.
Elle est toujours là.
Isolde.
Cette femme qui nous a condamnés autrefois, celle qui nous a livrés aux flammes.
Je frissonne.
— Comment est-ce possible ? demandé-je, la gorge serrée.
Ciel ne répond pas immédiatement. Son regard se perd un instant au-delà des vitres du bureau, sur la ville qui scintille sous la nuit.
— Certains êtres sont liés à une obsession plus forte que la mort elle-même. Elle a juré que si elle ne pouvait pas m’avoir, personne ne le pourrait.
Je déglutis.
— Et tu crois qu’elle nous traque encore aujourd’hui ?
Il tourne lentement la tête vers moi, et son expression me fait froid dans le dos.
— Je n’ai pas besoin d’y croire. Je le sais.
Un frisson me traverse.
Tout cela dépasse l’entendement, pourtant mon corps lui, comprend déjà. Depuis que j’ai croisé Ciel, il y a cette chaleur sous ma peau, ce feu qui me consume.
Je n’avais pas voulu l’écouter.
Je n’avais pas voulu voir.
Mais c’est trop tard, maintenant.
Je suis déjà prise dans cet engrenage.
— Elle est où, alors ? soufflé-je.
— Ici.
Je me fige.
— Quoi ?
Il hoche la tête lentement.
— Elle est là, quelque part. J’ignore sous quelle identité, mais elle nous observe, nous attend.
Je secoue la tête, refusant d’accepter l’idée qu’une psychopathe réincarnée puisse me traquer dans l’ombre.
— C’est insensé…
Ciel s’approche, et lorsqu’il parle, sa voix est plus grave, plus douce.
— Elle sait que tu te souviens maintenant, Lysandra. Elle sait que tu commences à m’accepter. Et elle ne laissera pas ça arriver.
Un frisson glacé remonte le long de ma colonne vertébrale.
Tout cela semble irréel.
Mais une part de moi sait que ce n’est pas un mensonge.
Je ressens la menace.
Elle est là, tapie quelque part, prête à frapper.
— Qu’est-ce qu’on fait ? demandé-je dans un souffle.
Ciel esquisse un sourire sans joie.
— On se prépare.
---
Plus tard dans la nuit, après être rentrée chez moi, je reste assise sur mon lit, incapable de trouver le sommeil.
Je repense aux flammes, à ce regard qui me hante.
Et puis…
Une sensation étrange me traverse.
Comme si quelqu’un me regardait.
Je me lève brusquement, mon cœur battant à tout rompre.
Je scrute l’obscurité de ma chambre.
Personne.
Mais au fond de moi, je le sens.
Elle est là.
Elle m’a trouvée.
LysandraMon souffle s’accélère.Je scrute chaque recoin de ma chambre plongée dans l’obscurité, à l’affût du moindre mouvement, du moindre bruit suspect.Mais il n’y a rien.Juste ce silence oppressant, ce vide qui semble sur le point d’exploser.Pourtant, mon instinct hurle qu’elle est là.Quelque part.Je déglutis avec difficulté et me dirige lentement vers la fenêtre. Mon reflet se superpose aux lumières de la ville. Mon cœur cogne contre ma cage thoracique tandis que mes yeux balayent la rue en contrebas.Et c’est là que je la vois.Une silhouette, immobile, sous un lampadaire.Une femme.Elle est trop loin pour que je distingue ses traits, mais quelque chose dans sa posture me glace le sang.Elle ne bouge pas.Elle regarde droit vers ma fenêtre.Vers moi.Un frisson parcourt mon échine et je recule instinctivement. Mon dos heurte la commode et un bruit sourd brise le silence.Quand je lève les yeux à nouveau…Elle a disparu.Je suffoque presque. Mon esprit se bat entre la raison
LysandraMa peau brûle.Je fixe cette marque sombre sur mon poignet, mon cœur battant à tout rompre.Ciel la contemple avec une intensité qui me donne le vertige, comme si cette simple vision confirmait le pire.— Qu’est-ce que ça veut dire ? murmuré-je, la gorge sèche.Il passe une main dans ses cheveux, son expression sombre, et souffle :— C’est un sceau.— Un sceau ?— Une empreinte. Isolde marque toujours ses proies avant de les détruire.Un frisson me traverse.— Et qu’est-ce que ça fait ?Il serre les dents avant de répondre.— Ça ronge ton esprit. Ça sème des doutes, des illusions, des cauchemars… Jusqu’à ce que tu cesses de te battre.Je secoue la tête, refusant d’accepter cette idée.— Je ne vais pas me laisser briser.— Tu n’as pas idée de ce qu’elle est capable de faire, Lysandra.Son regard est grave, mais au lieu de me terrifier, cela me met en colère.— Tu crois que je vais juste me laisser faire ? Que je vais la laisser m’effacer ?Ciel ne répond pas immédiatement.Pui
CielJe fixe la marque qui serpente autour de son poignet.Elle s’étend.Elle s’enracine.Lysandra tremble encore, son souffle court, ses pupilles dilatées par l’horreur de ce qu’elle vient de vivre.Je serre les poings, la rage bouillonnant en moi.— Elle joue avec toi, dis-je d’une voix rauque.Lysandra relève des yeux troublés vers moi.— Ce n’était pas juste un rêve, murmure-t-elle. Je l’ai sentie. Elle était là.Je hoche la tête.— Elle teste son emprise. Elle veut voir combien de temps tu tiendras avant de craquer.Elle secoue la tête, comme pour chasser l’ombre d’Isolde encore ancrée dans son esprit.— Je ne céderai pas.Son courage me frappe. Malgré la peur, malgré la douleur, elle refuse de plier.Mais je sais qu’Isolde est patiente. Elle n’a pas besoin de se précipiter. Elle va s’immiscer dans son esprit, goutte après goutte, jusqu’à ce que Lysandra ne puisse plus distinguer la réalité de l’illusion.Je m’approche et prends doucement son poignet entre mes mains.— On doit ar
Ciel Et pourtant…Je fixe Lysandra, assise en face de moi, les doigts effleurant la marque dorée sur son poignet. Son expression oscille entre la fascination et l’inquiétude.— Tu ressens quelque chose ? demandé-je.Elle hoche lentement la tête.— C’est étrange… Comme si… Elle marque une pause, ses yeux se plissant légèrement. Comme si je pouvais deviner tes émotions.Je tressaille.Ce n’était pas censé arriver aussi vite.Le lien est plus fort que je ne l’avais prévu.— Tu es troublé, dit-elle soudain.Je détourne le regard.— Ce n’est rien.— Ne me mens pas.Je soupire, passant une main sur ma nuque.— Le lien est puissant. Plus puissant que je ne l’avais anticipé. Ça veut dire que…— Que nous sommes connectés bien plus que prévu ?Elle a toujours été rapide à comprendre.— Oui.Elle pince les lèvres, réfléchissant.— Ça veut dire que je peux ressentir ce que tu ressens, c’est ça ?Je hoche la tête.Elle plisse les yeux.— Alors pourquoi j’ai l’impression que tu es en colère ?Je m
CielEt tant qu’elle subsiste, Lysandra ne sera jamais libre.Je passe une main dans mes cheveux, cherchant une solution. Il n’existe qu’un seul moyen de couper un lien aussi profond.— On doit purifier ton corps… et ton âme.Elle relève les yeux vers moi, ses pupilles encore dilatées par la peur.— Comment ?— Par le sang.Elle tressaille légèrement.Je m’accroupis devant elle, prenant ses mains glacées entre les miennes.— Je ne te forcerai à rien, Lysandra. Mais c’est notre seule chance. Tant que ce lien existe, Isolde pourra revenir. Elle te traquera, te hantera, jusqu’à ce que tu sois à nouveau sous son contrôle.Son regard se durcit.— Alors faisons-le.Pas une seconde d’hésitation.Je ressens une pointe de fierté mêlée à de l’appréhension.Elle est plus forte qu’elle ne le croit.Je me lève et me dirige vers un tiroir dissimulé derrière un meuble massif. J’en sors un coffret orné de symboles anciens. Son bois sombre est gravé d’inscriptions en langue oubliée, et lorsqu’on l’ouv
LysandraDepuis le début, je me suis accrochée à l’idée que notre relation était une conséquence de cette malédiction. Que notre connexion était dictée par le destin, par des forces qui nous dépassaient.Mais si ce n’était pas le cas ?Et si Ciel…— Lysandra.Sa voix me ramène brutalement à la réalité.Il s’est rapproché, ses doigts frôlant les miens.Je pourrais fuir, détourner le regard, prétendre que cette tension n’existe pas.Mais je n’en ai pas envie.Alors je fais quelque chose d’insensé.Je me penche légèrement en avant, mon souffle se mêlant au sien.Ciel ne bouge pas. Il attend.Un millimètre.Un battement de cœur.Nos lèvres se frôlent à peine.Et puis, soudain, il capture ma bouche avec une douceur troublante.Un baiser lent, profond, qui efface tout le reste.Ma fatigue, ma peur, la douleur du rituel…Tout disparaît dans cette chaleur brûlante.Je m’accroche à lui, mes doigts se glissant dans ses cheveux alors qu’il m’attire contre lui, sa main s’ancrant dans le creux de
LysandraLa chaleur de son souffle caresse ma peau, et un frisson me parcourt l’échine. Ce n’est pas seulement l’anticipation, ni même le désir brut qui électrise l’air entre nous. C’est cette certitude étrange, viscérale, que ce moment a déjà existé ailleurs, dans une autre vie.Mais cette fois… c’est différent.Je pourrais reculer, briser l’instant avant qu’il ne devienne irréversible. Pourtant, au lieu de cela, je ferme les yeux et me laisse happer par cette attraction insensée.Nos lèvres se touchent encore .Un contact léger, presque irréel, mais suffisant pour réveiller une vague brûlante sous ma peau. Comme si mon âme reconnaissait la sienne. Comme si ce baiser était un sceau venant sceller quelque chose d’ancien, d’inéluctable.Un bruit sourd me fait sursauter, brisant la magie de l’instant.Je recule brusquement, le cœur affolé, le souffle court. Ciel aussi semble désorienté, comme si le simple fait de m’embrasser avait déclenché quelque chose qu’il ne comprenait pas.— Lysan
CielSes mots résonnent en moi comme un écho du passé que je ne peux atteindre. Une boucle. Une trahison. Un destin qui nous condamne à revivre la même fin, encore et encore.Non. C’est impossible.Je sens mon souffle se bloquer, une pression invisible s’abattre sur ma poitrine.— Ce n’est pas vrai, dis-je, plus pour moi que pour elle.Lysandra ne détourne pas les yeux. Son regard est grave, presque suppliant.— Alors explique-moi, Ciel. Explique-moi pourquoi j’ai ressenti la brûlure comme si elle était réelle. Pourquoi, quand nos lèvres se sont touchées, quelque chose en moi s’est brisé… ou réveillé.Je serre les poings.Parce que je l’ai senti aussi.Le contact de sa bouche sur la mienne n’était pas juste un baiser. C’était un portail. Une porte s’ouvrant sur quelque chose d’ancien, d’effrayant. Une douleur qui ne m’appartient pas mais qui m’a transpercé de part en part.Je ferme les yeux un instant, tentant d’ignorer cette sensation qui me ronge de l’intérieur.Mais Lysandra me ram
Lysandra Ciel fronce les sourcils.— Tu crois qu’il pourrait nous en dire plus sur cette… malédiction ?— S’il est aussi doué qu’on le dit, alors oui.Il ne dit rien pendant un moment, mais je devine qu’il est en train de peser chaque option.Puis, enfin, il soupire et acquiesce.— Alors on ira le voir. Ensemble.Et pour la première fois, je sens que nous avançons vers des réponses.Mais au fond de moi, une peur sourde murmure que certaines vérités pourraient être plus terribles encore que l’oubli.CielLe nom d’Ezra résonne encore dans mon esprit alors que je conduis en silence, Lysandra à mes côtés. Elle est tendue, le regard fixé sur la route, perdue dans ses pensées.Je n’arrive pas à détourner les yeux de sa main posée sur sa cuisse. Il suffirait que je tende les doigts pour l’effleurer. Pour la sentir, me raccrocher à elle. Mais je me retiens.Depuis cette nuit où nous avons succombé, quelque chose a changé entre nous. Comme si un verrou avait sauté. Et en même temps… une porte
Lysandra Je prends une inspiration tremblante.— Il y avait du feu. Partout. Et moi… j’étais attachée. J’entendais des cris, des accusations. Et toi, Ciel… tu te débattais. Tu voulais m’atteindre, mais on t’en empêchait.Sa mâchoire se contracte.— Qui nous a séparés ?— Je ne sais pas… Mais je ressens encore la douleur. Comme si les flammes me léchaient la peau à cet instant.Ma voix se brise.Ciel serre les poings, l’ombre d’une rage ancienne dans son regard.— Quelqu’un nous a condamnés, murmure-t-il.Je frissonne.— Ciel… si tout cela est vrai, si nous avons déjà vécu et que nous sommes morts… alors pourquoi sommes-nous revenus ?Il me fixe un long moment avant de lâcher dans un souffle :— Parce que notre histoire n’est pas terminée.Un silence pesant s’installe entre nous.Puis il tend la main et effleure ma joue, comme s’il avait peur que je disparaisse.— On doit comprendre qui nous étions… et surtout, pourquoi on nous a empêchés d’être ensemble.Je hoche lentement la tête.P
LysandraJe pose ma main sur la sienne.— On n’a pas le choix. On ne peut pas juste ignorer tout ça.Il soupire avant de se lever brusquement.— D’accord. Mais on fait ça à ma façon.Je fronce les sourcils.— C’est-à-dire ?Il ne répond pas immédiatement. Il tend la main et effleure mon épaule, là où la douleur a commencé ce soir.— Laisse-moi chercher.Un frisson me parcourt l’échine. Il s’agenouille devant moi, son regard plongé dans le mien, et fait glisser la bretelle de mon haut, dévoilant ma peau.— Dis-moi si ça devient insupportable, murmure-t-il.Je hoche la tête, le cœur battant plus vite qu’il ne devrait.Ses doigts explorent ma peau avec une douceur infinie. Chaque contact est une brûlure, mais pas de douleur cette fois. Plutôt une chaleur, profonde et troublante.Puis, lorsqu’il atteint l’arrière de mon épaule, je tressaille violemment.— Là ! soufflé-je.Il écarte doucement mes cheveux et je le sens se figer.— Lysandra…Son souffle est saccadé.— Quoi ? Qu’est-ce que tu
LysandraLe silence dans la pièce est oppressant.Je sens encore la chaleur des flammes sur ma peau, l’écho de mes propres hurlements résonnant dans ma tête.Je ne suis pas sûre de pouvoir parler sans que ma voix tremble.Mais je dois savoir.— Qui est-elle ? demandai-je d’une voix rauque.La médium me regarde longuement, avant de murmurer :— Elle a pris plusieurs noms à travers les âges. Mais dans cette vie… elle est plus proche que vous ne le croyez.Mon sang se glace.— Vous voulez dire… qu’elle est ici, maintenant ?Ciel serre ma main, et je sens sa tension, sa rage contenue.— Comment la trouver ? demande-t-il d’un ton dur.La médium soupire, puis se lève. Elle se dirige vers un vieux meuble et en sort un morceau de parchemin qu’elle déplie avec précaution.Sur le papier jauni, une série de symboles étranges sont tracés à l’encre noire.— Cette marque, dit-elle en pointant du doigt un symbole au centre.Je me penche pour l’observer.C’est une forme complexe, un entrelacs de cour
LysandraLe froid nocturne s’insinue sous ma peau, mais ce n’est rien comparé au frisson qui me parcourt l’échine.Ciel est là, devant moi, le regard plongé dans le vide.Nous avons vu la même chose.Le feu, la douleur, la peur… et lui, essayant de me sauver.Mais ce qui me terrifie le plus, ce n’est pas la vision.C’est la certitude qui s’ancre en moi.— On doit comprendre, dis-je, brisant le silence oppressant entre nous.Ciel hoche la tête, ses traits tendus par une émotion contenue.— Oui. Et vite.Je prends une inspiration tremblante.— Je connais quelqu’un, murmuré-je. Une femme qui… voit des choses.Il arque un sourcil.— Une voyante ?— Pas exactement. Elle se dit médium, mais elle… elle m’a déjà aidée une fois.Un instant de silence.— Tu lui fais confiance ?Je réfléchis.— Je ne sais pas si c’est une question de confiance, mais elle a un don. Elle pourrait nous donner des réponses.Ciel me scrute, puis acquiesce.— Alors allons la voir.Nous nous arrêtons devant un petit im
Ciel Je lâche un juron et me redresse brusquement, titubant vers la salle de bain. J’ouvre le robinet d’eau glacée et plonge mes mains dedans, espérant éteindre ce brasier invisible.Mais rien n’y fait.Mon reflet dans le miroir me fait peur. Mes yeux sont sombres, hantés. Il y a quelque chose en moi qui se réveille, quelque chose qui n’appartient pas à cette vie.Une image me frappe soudainement.Un bûcher.Des flammes qui lèchent le ciel.Et Lysandra.Je recule violemment, heurtant le mur derrière moi, alors que mon souffle se bloque dans ma gorge.— Putain…Ce n’est pas juste un rêve. Ce n’est pas mon imagination.Je me souviens.Je me souviens d’elle, de sa souffrance, de son regard lorsqu’elle a été consumée par les flammes.Je me souviens de la promesse brisée.Et je sais, avec une certitude glaciale, que si nous ne faisons rien…L’histoire va se répéter.LysandraJe referme la porte derrière moi, les jambes tremblantes, le cœur battant encore à un rythme effréné.Fuir.C’est t
Ciel Elle inspire profondément, comme si elle allait plonger dans une vérité trop lourde à porter.— Cette nuit… c’était plus qu’une simple nuit, pas vrai ?Je serre les mâchoires.— Non, ce n’était pas juste une nuit.Elle passe une main dans ses cheveux, visiblement nerveuse.— Quand on s’est touchés… c’était comme si quelque chose s’était réveillé. Comme si…Elle s’interrompt, secouant la tête.Je pose mes mains sur ses bras, la forçant à me regarder.— Comme si quoi, Lysandra ?— Comme si on avait déjà vécu ça avant, murmure-t-elle.Un frisson glacial me parcourt l’échine.Parce que je ressens exactement la même chose.Mais ce n’est pas possible. Ce genre de chose n’arrive pas.— C’est ridicule, souffle-t-elle en s’éloignant.— Ça ne l’est pas si on y croit tous les deux.Elle croise les bras, sur la défensive.— Et tu crois quoi, toi ?Je l’observe, cette femme qui me hante depuis le premier jour.— Je crois que quoi qu’il nous arrive, on ne pourra plus faire marche arrière.Ell
CielSes mots résonnent en moi comme un écho du passé que je ne peux atteindre. Une boucle. Une trahison. Un destin qui nous condamne à revivre la même fin, encore et encore.Non. C’est impossible.Je sens mon souffle se bloquer, une pression invisible s’abattre sur ma poitrine.— Ce n’est pas vrai, dis-je, plus pour moi que pour elle.Lysandra ne détourne pas les yeux. Son regard est grave, presque suppliant.— Alors explique-moi, Ciel. Explique-moi pourquoi j’ai ressenti la brûlure comme si elle était réelle. Pourquoi, quand nos lèvres se sont touchées, quelque chose en moi s’est brisé… ou réveillé.Je serre les poings.Parce que je l’ai senti aussi.Le contact de sa bouche sur la mienne n’était pas juste un baiser. C’était un portail. Une porte s’ouvrant sur quelque chose d’ancien, d’effrayant. Une douleur qui ne m’appartient pas mais qui m’a transpercé de part en part.Je ferme les yeux un instant, tentant d’ignorer cette sensation qui me ronge de l’intérieur.Mais Lysandra me ram
LysandraLa chaleur de son souffle caresse ma peau, et un frisson me parcourt l’échine. Ce n’est pas seulement l’anticipation, ni même le désir brut qui électrise l’air entre nous. C’est cette certitude étrange, viscérale, que ce moment a déjà existé ailleurs, dans une autre vie.Mais cette fois… c’est différent.Je pourrais reculer, briser l’instant avant qu’il ne devienne irréversible. Pourtant, au lieu de cela, je ferme les yeux et me laisse happer par cette attraction insensée.Nos lèvres se touchent encore .Un contact léger, presque irréel, mais suffisant pour réveiller une vague brûlante sous ma peau. Comme si mon âme reconnaissait la sienne. Comme si ce baiser était un sceau venant sceller quelque chose d’ancien, d’inéluctable.Un bruit sourd me fait sursauter, brisant la magie de l’instant.Je recule brusquement, le cœur affolé, le souffle court. Ciel aussi semble désorienté, comme si le simple fait de m’embrasser avait déclenché quelque chose qu’il ne comprenait pas.— Lysan