LysandraLa chaleur de son souffle caresse ma peau, et un frisson me parcourt l’échine. Ce n’est pas seulement l’anticipation, ni même le désir brut qui électrise l’air entre nous. C’est cette certitude étrange, viscérale, que ce moment a déjà existé ailleurs, dans une autre vie.Mais cette fois… c’est différent.Je pourrais reculer, briser l’instant avant qu’il ne devienne irréversible. Pourtant, au lieu de cela, je ferme les yeux et me laisse happer par cette attraction insensée.Nos lèvres se touchent encore .Un contact léger, presque irréel, mais suffisant pour réveiller une vague brûlante sous ma peau. Comme si mon âme reconnaissait la sienne. Comme si ce baiser était un sceau venant sceller quelque chose d’ancien, d’inéluctable.Un bruit sourd me fait sursauter, brisant la magie de l’instant.Je recule brusquement, le cœur affolé, le souffle court. Ciel aussi semble désorienté, comme si le simple fait de m’embrasser avait déclenché quelque chose qu’il ne comprenait pas.— Lysan
CielSes mots résonnent en moi comme un écho du passé que je ne peux atteindre. Une boucle. Une trahison. Un destin qui nous condamne à revivre la même fin, encore et encore.Non. C’est impossible.Je sens mon souffle se bloquer, une pression invisible s’abattre sur ma poitrine.— Ce n’est pas vrai, dis-je, plus pour moi que pour elle.Lysandra ne détourne pas les yeux. Son regard est grave, presque suppliant.— Alors explique-moi, Ciel. Explique-moi pourquoi j’ai ressenti la brûlure comme si elle était réelle. Pourquoi, quand nos lèvres se sont touchées, quelque chose en moi s’est brisé… ou réveillé.Je serre les poings.Parce que je l’ai senti aussi.Le contact de sa bouche sur la mienne n’était pas juste un baiser. C’était un portail. Une porte s’ouvrant sur quelque chose d’ancien, d’effrayant. Une douleur qui ne m’appartient pas mais qui m’a transpercé de part en part.Je ferme les yeux un instant, tentant d’ignorer cette sensation qui me ronge de l’intérieur.Mais Lysandra me ram
Ciel Elle inspire profondément, comme si elle allait plonger dans une vérité trop lourde à porter.— Cette nuit… c’était plus qu’une simple nuit, pas vrai ?Je serre les mâchoires.— Non, ce n’était pas juste une nuit.Elle passe une main dans ses cheveux, visiblement nerveuse.— Quand on s’est touchés… c’était comme si quelque chose s’était réveillé. Comme si…Elle s’interrompt, secouant la tête.Je pose mes mains sur ses bras, la forçant à me regarder.— Comme si quoi, Lysandra ?— Comme si on avait déjà vécu ça avant, murmure-t-elle.Un frisson glacial me parcourt l’échine.Parce que je ressens exactement la même chose.Mais ce n’est pas possible. Ce genre de chose n’arrive pas.— C’est ridicule, souffle-t-elle en s’éloignant.— Ça ne l’est pas si on y croit tous les deux.Elle croise les bras, sur la défensive.— Et tu crois quoi, toi ?Je l’observe, cette femme qui me hante depuis le premier jour.— Je crois que quoi qu’il nous arrive, on ne pourra plus faire marche arrière.Ell
Ciel Je lâche un juron et me redresse brusquement, titubant vers la salle de bain. J’ouvre le robinet d’eau glacée et plonge mes mains dedans, espérant éteindre ce brasier invisible.Mais rien n’y fait.Mon reflet dans le miroir me fait peur. Mes yeux sont sombres, hantés. Il y a quelque chose en moi qui se réveille, quelque chose qui n’appartient pas à cette vie.Une image me frappe soudainement.Un bûcher.Des flammes qui lèchent le ciel.Et Lysandra.Je recule violemment, heurtant le mur derrière moi, alors que mon souffle se bloque dans ma gorge.— Putain…Ce n’est pas juste un rêve. Ce n’est pas mon imagination.Je me souviens.Je me souviens d’elle, de sa souffrance, de son regard lorsqu’elle a été consumée par les flammes.Je me souviens de la promesse brisée.Et je sais, avec une certitude glaciale, que si nous ne faisons rien…L’histoire va se répéter.LysandraJe referme la porte derrière moi, les jambes tremblantes, le cœur battant encore à un rythme effréné.Fuir.C’est t
LysandraLe froid nocturne s’insinue sous ma peau, mais ce n’est rien comparé au frisson qui me parcourt l’échine.Ciel est là, devant moi, le regard plongé dans le vide.Nous avons vu la même chose.Le feu, la douleur, la peur… et lui, essayant de me sauver.Mais ce qui me terrifie le plus, ce n’est pas la vision.C’est la certitude qui s’ancre en moi.— On doit comprendre, dis-je, brisant le silence oppressant entre nous.Ciel hoche la tête, ses traits tendus par une émotion contenue.— Oui. Et vite.Je prends une inspiration tremblante.— Je connais quelqu’un, murmuré-je. Une femme qui… voit des choses.Il arque un sourcil.— Une voyante ?— Pas exactement. Elle se dit médium, mais elle… elle m’a déjà aidée une fois.Un instant de silence.— Tu lui fais confiance ?Je réfléchis.— Je ne sais pas si c’est une question de confiance, mais elle a un don. Elle pourrait nous donner des réponses.Ciel me scrute, puis acquiesce.— Alors allons la voir.Nous nous arrêtons devant un petit im
LysandraLe silence dans la pièce est oppressant.Je sens encore la chaleur des flammes sur ma peau, l’écho de mes propres hurlements résonnant dans ma tête.Je ne suis pas sûre de pouvoir parler sans que ma voix tremble.Mais je dois savoir.— Qui est-elle ? demandai-je d’une voix rauque.La médium me regarde longuement, avant de murmurer :— Elle a pris plusieurs noms à travers les âges. Mais dans cette vie… elle est plus proche que vous ne le croyez.Mon sang se glace.— Vous voulez dire… qu’elle est ici, maintenant ?Ciel serre ma main, et je sens sa tension, sa rage contenue.— Comment la trouver ? demande-t-il d’un ton dur.La médium soupire, puis se lève. Elle se dirige vers un vieux meuble et en sort un morceau de parchemin qu’elle déplie avec précaution.Sur le papier jauni, une série de symboles étranges sont tracés à l’encre noire.— Cette marque, dit-elle en pointant du doigt un symbole au centre.Je me penche pour l’observer.C’est une forme complexe, un entrelacs de cour
LysandraJe pose ma main sur la sienne.— On n’a pas le choix. On ne peut pas juste ignorer tout ça.Il soupire avant de se lever brusquement.— D’accord. Mais on fait ça à ma façon.Je fronce les sourcils.— C’est-à-dire ?Il ne répond pas immédiatement. Il tend la main et effleure mon épaule, là où la douleur a commencé ce soir.— Laisse-moi chercher.Un frisson me parcourt l’échine. Il s’agenouille devant moi, son regard plongé dans le mien, et fait glisser la bretelle de mon haut, dévoilant ma peau.— Dis-moi si ça devient insupportable, murmure-t-il.Je hoche la tête, le cœur battant plus vite qu’il ne devrait.Ses doigts explorent ma peau avec une douceur infinie. Chaque contact est une brûlure, mais pas de douleur cette fois. Plutôt une chaleur, profonde et troublante.Puis, lorsqu’il atteint l’arrière de mon épaule, je tressaille violemment.— Là ! soufflé-je.Il écarte doucement mes cheveux et je le sens se figer.— Lysandra…Son souffle est saccadé.— Quoi ? Qu’est-ce que tu
Lysandra Je prends une inspiration tremblante.— Il y avait du feu. Partout. Et moi… j’étais attachée. J’entendais des cris, des accusations. Et toi, Ciel… tu te débattais. Tu voulais m’atteindre, mais on t’en empêchait.Sa mâchoire se contracte.— Qui nous a séparés ?— Je ne sais pas… Mais je ressens encore la douleur. Comme si les flammes me léchaient la peau à cet instant.Ma voix se brise.Ciel serre les poings, l’ombre d’une rage ancienne dans son regard.— Quelqu’un nous a condamnés, murmure-t-il.Je frissonne.— Ciel… si tout cela est vrai, si nous avons déjà vécu et que nous sommes morts… alors pourquoi sommes-nous revenus ?Il me fixe un long moment avant de lâcher dans un souffle :— Parce que notre histoire n’est pas terminée.Un silence pesant s’installe entre nous.Puis il tend la main et effleure ma joue, comme s’il avait peur que je disparaisse.— On doit comprendre qui nous étions… et surtout, pourquoi on nous a empêchés d’être ensemble.Je hoche lentement la tête.P
LysandraLa salle est silencieuse, l’air lourd de tension. Une seule bougie vacille sur l'autel improvisé, projetant des ombres dansantes contre les murs de la pièce. Chaque mouvement, chaque souffle me semble amplifier la gravité de ce moment. Ciel est là, devant moi, aussi déterminé que moi à briser ce qui nous lie. Mais il y a une part de moi qui craint la vérité.Je ne devrais pas. Je l’ai voulu, cherché, espéré. Mais à mesure que nous avançons, je sens un poids plus lourd sur mes épaules, une pression invisible qui m’empêche de respirer.— Tu es prête ? La voix de Ciel résonne dans l’obscurité, brisant mes pensées.Je hoche lentement la tête, mes yeux ne quittant pas son visage. Il y a cette lueur d'incertitude dans ses yeux, mais aussi cette résolution que je reconnais.— Oui, je suis prête. Faisons-le.Ciel s’approche de l’autel, sa main effleurant les objets disposés sur la table. Les symboles du rituel sont gravés sur le sol autour de nous, et je sais que ce que nous allons f
Lysandra — Je… je sais, soupiré-je, baissant les yeux. Mais rester inactifs, c’est le laisser gagner. Il joue avec nos peurs, avec nos doutes, Ciel. C’est de cela qu’il tire sa force.Ciel se rapproche, prenant doucement mon visage entre ses mains. Son regard se fait plus doux, mais je vois la détermination qui brûle en lui.— Ce n’est pas de la peur qui me paralyse, Lysandra. C’est l’amour.Je cligne des yeux, surprise par ses mots. Il pose son front contre le mien, fermant les yeux un instant.— L’amour est la seule chose qui me donne encore une raison de me battre. Mais je ne peux pas perdre ce que j’ai de plus précieux. Pas encore.Il me serre contre lui, et je sens cette chaleur, cette intensité, presque insoutenable. L’amour qui brille en lui, dans chacun de ses gestes, dans chaque mot. Mais ce même amour est aussi une prison, un fardeau qu’il porte comme une chaîne invisible.— Alors, comment briser cette chaîne ? demandé-je dans un souffle, mes lèvres frôlant les siennes.Il
Ciel — Je l’ignore, dis-je enfin, la voix plus rauque que je ne l’aurais voulu. Mais on ne peut pas prendre ça à la légère.Lysandra hoche la tête, mais je vois son poing se serrer sur sa cuisse.— Si c’est lui… s’il est vraiment là…Elle ne termine pas sa phrase, mais je sais ce qu’elle veut dire."S’il est revenu, alors il voudra finir ce qu’il a commencé."Un frisson me parcourt.Je gare la voiture devant son immeuble et coupe le moteur. L’obscurité de la nuit semble plus oppressante que d’habitude. Une tension sourde flotte dans l’air, comme si quelque chose nous guettait dans l’ombre.— On devrait rester ensemble ce soir, dis-je en posant ma main sur son bras.Elle tourne son visage vers moi, et dans ses yeux, je vois la peur qu’elle tente de cacher.— D’accord.Nous entrons dans l’appartement, et dès que la porte se referme derrière nous, je sens son corps se tendre.— Il y a quelque chose d’étrange…Je fronce les sourcils et scrute la pièce. Tout semble en ordre, mais une sens
Lysandra — Si c’est la seule façon de te protéger, alors je le ferai.Je frémis sous la certitude brute dans sa voix.— Ce n’est pas qu’un simple rituel, Ciel. Ce n’est pas juste un sort de protection.— Je sais.Il caresse ma joue, et dans son regard, je lis une promesse.— Tu me fais confiance ?Je hoche la tête.— Oui.— Alors faisons-le.Je retiens mon souffle.— Tu es sûr ?Il ne détourne pas les yeux.— Je suis sûr de toi.Une chaleur diffuse envahit ma poitrine.Je pose ma main sur la sienne, et à cet instant, je sais.— D’accord.Un sourire fugace éclaire son visage avant qu’il ne capture mes lèvres dans un baiser lent, possessif.Notre destin est scellé.Quoi qu’il arrive, nous ne pourrons plus faire marche arrière.CielLa pièce est éclairée par la lueur vacillante des bougies. L’air est lourd, chargé d’encens et d’une énergie qui fait frissonner ma peau. Lysandra est assise en face de moi, le regard ancré dans le mien. Son visage est impassible, mais je vois la tension dan
CielMadame Ortega nous observe un moment, puis prend une profonde inspiration.— Dans votre vie passée… Il vous voulait.Je sens Ciel se raidir à mes côtés.— Vous voulez dire… qu’il l’aimait ?Madame Ortega secoue la tête.— Non. Ce n’était pas de l’amour. C’était une obsession. Il considérait Lysandra comme sienne.Mon cœur se serre.— Il m’a tuée, n’est-ce pas ?Elle ferme brièvement les yeux avant de murmurer :— Oui. Et il n’a jamais accepté votre perte.Le silence s’abat dans la pièce.Je jette un regard à Ciel, dont les poings sont si serrés que ses jointures blanchissent.— Et maintenant ? demande-t-il d’une voix rauque.Madame Ortega repose ma main avec délicatesse.— Il veut vous ramener à lui.Je sens la terre vaciller sous mes pieds.— Il veut me posséder… encore ?Elle me regarde avec gravité.— Il n’a jamais cessé d’essayer. Et cette marque… c’est la preuve qu’il est de retour.Le silence s’installe, lourd, pesant. La révélation de Madame Ortega s’infiltre en moi comme
Lysandra Je le fixe, cherchant à comprendre, mais il détourne le regard, lointain.— J’ai entendu une voix, murmure-t-il. Une voix que je connais. Une voix qui me hante.Je resserre mes bras autour de moi, sentant la tension émaner de lui.— Qui était-ce ?Il inspire profondément avant de me regarder droit dans les yeux.— Toi.Le choc me fige sur place.— Moi ?— Oui. Mais ce n’était pas… toi, ici et maintenant. C’était toi dans une autre vie. Et tu souffrais.Un frisson glacé remonte le long de mon échine.Je ne sais pas pourquoi, mais ses mots résonnent en moi avec une évidence terrifiante.— Je t’ai entendue, continue-t-il, la voix rauque. Tu m’appelais… comme si j’étais la dernière chose que tu voulais voir avant de mourir.Sa main tremble légèrement quand il la passe sur son visage.— Je crois que je t’ai perdue, Lysandra. Dans une autre vie.Une vague de panique me serre la poitrine.— Et si ça recommence… ? souffle-t-il, comme si l’idée même était insupportable.Je prends son
LysandraL’air est encore chargé de chaleur et de tension quand je rouvre les yeux. Ciel est allongé à mes côtés, son souffle calme, sa main posée sur ma hanche comme s’il craignait que je disparaisse. Son corps est une source de chaleur rassurante contre le mien, mais mon esprit, lui, est loin d’être en paix.La malédiction… Nos vies passées… Notre destin brisé…Je serre les draps entre mes doigts. Nous avons succombé à ce lien qui nous attire inexorablement, mais à quel prix ?— Tu réfléchis trop, murmure Ciel, sa voix encore ensommeillée.Je sursaute légèrement, et il resserre son étreinte autour de ma taille.— Tu m’espionnes en dormant maintenant ? soufflé-je, tentant d’alléger l’atmosphère.Il esquisse un sourire, mais son regard est trop perçant.— Tu es tendue.Je soupire.— Comment ne pas l’être ? Je ressens toujours cette brûlure en moi. Comme si quelque chose essayait de se réveiller, ou pire… de nous consumer.Son expression s’assombrit. Il se redresse légèrement, me força
Ciel Chaque contact m’enflamme un peu plus, un véhicule pour libérer un feu qui a toujours couvé en moi.Ses mains glissent dans mes cheveux, me tirant doucement vers elle, et je peux sentir la chaleur de son corps, un appel irrésistible. Alors que je l’embrasse, la passion s'intensifie — un mélange d’ardeur et de tendresse devenu presque hypnotique. Mes doigts se faufilent sous son haut, effleurant sa peau douce, la découvrant avec une délicatesse qui contraste avec l’urgence de nos baisers.Lysandra frissonne sous mes caresses, et je réprime un grognement de satisfaction. Chaque réaction, chaque mouvement témoigne de son désir partagé, et je me perds dans cette danse intime. Nos corps se cherchent, se découvrent, chaque fragment de peau en contact provoquant des étincelles qui illuminent l’obscurité de la pièce.Je lâche prise sur la pudeur et la prudence qui nous ont souvent entravés. Petit à petit, nous nous débarrassons des dernières barrières, révélant nos vulnérabilités et no
Ciel Je passe une main dans ses cheveux, effleurant sa joue du bout des doigts.— Je ne peux pas vivre sans toi.— Mais si être ensemble nous condamne…Je capture ses lèvres avant qu’elle ne termine sa phrase. Un baiser fiévreux, désespéré, comme si j’essayais d’ancrer en elle la seule vérité qui compte : je refuse de la perdre.Elle me rend mon baiser avec la même ardeur, ses doigts s’accrochant à ma nuque, son corps se pressant contre le mien.Quand nous nous séparons, essoufflés, je pose mon front contre le sien.— Nous trouverons une solution, je murmure.Elle ferme les yeux, et un soupir tremblant s’échappe de ses lèvres.— Promets-moi, Ciel. Promets-moi que, quoi qu’il arrive, nous nous battrons.Je prends son visage entre mes mains, ancrant mon regard au sien.— Je te le promets.Et dans cet instant suspendu, je me fais une promesse silencieuse :Je défierai le destin s’il le faut.Mais je ne la laisserai pas partir.LysandraJe fixe le plafond, incapable de trouver le sommeil