Soudain, son téléphone vibra dans sa poche, brisant le silence lourd qui l’entourait. Il hésita une seconde, puis sortit l’appareil. Il regarda l’écran. C’était sa mère. Madeleine. Il serra les dents. Le cœur serré, il refusa de répondre. Il savait ce qu’elle voulait. Elle voulait s’excuser, lui demander pardon, essayer de le retenir. Mais il n’avait pas la force de l’écouter. Pas maintenant. Pas après ce qu’il venait de vivre.Il laissa son téléphone vibrer dans sa main pendant quelques secondes avant de le ranger dans sa poche sans un mot. Ses doigts tremblaient, mais il n’y prêta pas attention. Il continua de marcher, sans se soucier du temps qui passait, sans se soucier de rien d’autre que de ce vide immense qui occupait toute son âme.Le quartier était calme, presque irréel. Les grandes façades des immeubles se reflétaient dans les rares fenêtres allumées, comme des miroirs géants, mais il n’y avait pas d’écho. Pas de vie. Il se sentait encore plus perdu dans ce silence, dans cet
Il était 7h30 du matin, et le soleil se levait lentement sur la ville. La lumière pénétrait par les rideaux légèrement ouverts, laissant un éclat pâle dans la chambre de Viel. Dans l’ombre de ses murs gris, l’odeur d’un café fraîchement préparé flottait, mais rien ne semblait vraiment briser le silence pesant. Viel, les yeux à peine ouverts, regarda le plafond blanc, se remémorant la routine qui se répéterait encore aujourd’hui. Il n’y avait rien de nouveau sous le ciel ; il était, comme d’habitude, seul.Viel avait 24 ans. Il vivait seul dans un petit appartement au dernier étage d’un immeuble qui commençait à prendre de l’âge. Chaque matin, après avoir fait un rapide petit déjeuner, il se rendait dans la salle de bain pour effectuer son rituel. Ce n’était pas juste une routine de toilette, mais une préparation minutieuse. D’un geste automatique, il se débarrassait de ses vêtements et se regardait dans le miroir, les yeux se perdant sur son reflet. Un corps fin, avec une taille marqu
La nuit s’était installée depuis un moment, enveloppant la ville d’un calme profond, presque oppressant. Viel avait passé le reste de sa soirée à se noyer dans ses pensées, une routine qu’il connaissait bien. Une fois son dîner fini, il se leva lentement, comme si chaque geste nécessitait un effort supplémentaire. Son esprit tourbillonnait encore autour des directives données par Marc, mais plus profondément, il y avait cette autre question, cette douleur persistante qui le suivait partout : Pourquoi suis-je ainsi ?Il se rendit dans la salle de bain, éteignant les lumières du salon derrière lui. En entrant dans la pièce froide, il laissa échapper un long soupir. Il ferma la porte derrière lui, s’assurant qu’il serait seul, qu’il ne serait dérangé par rien ni personne. Dans le silence de la salle de bain, il s’approcha du miroir, les yeux fuyants, comme s’il redoutait ce qu’il allait voir.Il se déshabilla, ses gestes lents et précautionneux, comme un automate, en partie détaché de s
Il se leva précipitamment, n’ayant même pas pris le temps de préparer un petit-déjeuner. Ses pensées étaient en désordre, mais une chose était certaine : il devait arriver à l’heure à Elsia Bank. C’était un impératif. Travailler, se concentrer sur ce qu’il savait faire, c’était ce qui lui permettait de tenir. Il n’avait pas le droit de faillir, pas dans ce domaine. Son esprit, encore marqué par la veille, s’accrocha à cette pensée.Il enfila son manteau et ses chaussures sans un regard dans le miroir. Il avait encore du mal à affronter l’image qui lui était renvoyée, à affronter le visage du Viel qui ne parvenait jamais à se sentir à sa place. Il sortit rapidement de chez lui, attrapant son sac en passant. Le taxi était déjà là, garé devant son immeuble. Il monta sans un mot, murmura à peine un salut au chauffeur, et se laissa emporter dans les rues encore désertes de la ville.La route jusqu’à la banque parut interminable, mais ses pensées se concentrèrent sur les instructions de Mar
La matinée passa à une vitesse vertigineuse. Viel était concentré, son esprit absorbé par le projet qu’il devait présenter à la réunion de l’après-midi. Chaque chiffre, chaque détail de son travail, il les avait méticuleusement révisés. C’était dans ces moments-là qu’il se sentait vraiment compétent, hors de toute comparaison. Mais il savait aussi qu’à l’issue de cette présentation, il devrait revenir à sa réalité, à la froideur de son quotidien. Le regard des autres, l’intimité qu’il s’efforçait de maintenir à distance.Alors que l’heure de la réunion approchait, Viel se leva de son bureau et attrapa son dossier. Hubert, déjà prêt, se tourna vers lui, un sourire confiant sur les lèvres.« T’es prêt ? » lui demanda-t-il, d’un ton léger, mais avec cette pointe de curiosité dans les yeux.Viel hocha la tête, un sourire fin apparaissant sur son visage. Il n’était pas vraiment sûr d’être prêt. Mais il n’avait pas le choix. Il devait l’être. C’était un moment important pour lui, et il ne v
Viel et Hubert se dirigèrent vers le restaurant à proximité, un endroit tranquille qu’ils fréquentaient souvent pour leurs déjeuners. Le soleil de midi réchauffait l’air, et la ville semblait vibrer au rythme de la journée. Viel se sentit un instant détendu, loin des pressions du travail. Il était rare qu’il prenne le temps de souffler, mais aujourd’hui, il se laissait porter par le moment.« Alors, t’as prévu quelque chose pour les vacances ? » demanda Hubert en prenant place à une table près de la fenêtre. Son regard s’éclaira d’enthousiasme à l’idée des quelques jours de congé à venir.Viel haussait légèrement les épaules en signe de réflexion. Il n’était pas du genre à s’encombrer de projets, et encore moins lorsqu’il savait que ses vacances se limiteraient probablement à de longues journées passées chez lui, seul avec ses pensées.« Non, pas vraiment, » répondit-il, un peu distrait. « Je vais probablement rester à la maison, profiter de quelques jours de tranquillité. » Il y avai
En rentrant chez lui ce soir-là, Viel se sentait un peu vidé. La journée avait été longue, et bien qu’il fût satisfait du projet qu’il avait présenté, il n’arrivait pas à se débarrasser du poids qui pesait sur lui. Alors qu’il fermait la porte de son appartement et déposait son sac, son téléphone vibra dans sa poche. Il sortit l’appareil et vit le nom de sa mère s’afficher sur l’écran. Un soupir échappa à ses lèvres.Il n’était pas étonné de recevoir un appel de sa mère. Celle-ci avait toujours été présente dans sa vie, même si la distance entre eux s’était accrue au fil des années. Elle vivait dans une ville un peu plus éloignée, avec son mari, et les visites devenaient de plus en plus rares. Les conversations téléphoniques, elles, étaient plutôt fréquentes. Mais ce soir-là, il sentait que quelque chose n’allait pas. Il répondit au téléphone, tentant de dissimuler sa fatigue dans sa voix.— Allô, maman ?La voix de sa mère, tremblante, se fit entendre de l’autre côté du fil.— Viel,
La vérité était qu’il se sentait prisonnier de son propre corps. Tout ce qu’il voyait dans le miroir lui rappelait sa différence. Ce mélange de traits masculins et féminins, cette poitrine légère, ses hanches trop larges pour correspondre à l’image d’un homme « viril », et ce petit pénis qui ne correspondait pas à l’idée qu’il se faisait de la masculinité. À chaque regard dans le miroir, il se sentait plus seul. Plus éloigné de tout ce qu’il aurait voulu être. Plus éloigné de la vie qu’il aurait souhaitée.L’opération, l’idée de pouvoir tout effacer, tout remettre en ordre pour se fondre dans la norme… Cela aurait été tellement plus simple. Mais ses parents avaient choisi de ne pas le faire, de ne pas lui offrir cette possibilité. Il avait toujours cru que c’était à cause de la peur. Peur qu’il souffre, peur de ce que cette intervention aurait pu signifier pour lui. Mais à quoi servait la peur, maintenant ? Pourquoi l’avaient-ils laissé se débrouiller avec une identité partagée, une c
Soudain, son téléphone vibra dans sa poche, brisant le silence lourd qui l’entourait. Il hésita une seconde, puis sortit l’appareil. Il regarda l’écran. C’était sa mère. Madeleine. Il serra les dents. Le cœur serré, il refusa de répondre. Il savait ce qu’elle voulait. Elle voulait s’excuser, lui demander pardon, essayer de le retenir. Mais il n’avait pas la force de l’écouter. Pas maintenant. Pas après ce qu’il venait de vivre.Il laissa son téléphone vibrer dans sa main pendant quelques secondes avant de le ranger dans sa poche sans un mot. Ses doigts tremblaient, mais il n’y prêta pas attention. Il continua de marcher, sans se soucier du temps qui passait, sans se soucier de rien d’autre que de ce vide immense qui occupait toute son âme.Le quartier était calme, presque irréel. Les grandes façades des immeubles se reflétaient dans les rares fenêtres allumées, comme des miroirs géants, mais il n’y avait pas d’écho. Pas de vie. Il se sentait encore plus perdu dans ce silence, dans cet
Le lendemain matin, Viel n’avait pas dormi. Les émotions de la veille tournaient encore dans sa tête, et il n’arrivait pas à échapper à cette douleur lancinante qui le rongeait. Il se leva tôt, ses pensées aussi sombres que l’air autour de lui. Il n’avait même pas pris le temps de se préparer correctement. Habillé à la hâte, il se dirigea vers la cuisine pour un café rapide. Mais chaque geste, chaque mouvement, était lourd, comme si son corps ne lui obéissait plus après avoir déposer de l’argent sur la table et se dit qu’il était le moment d’y aller.Ses parents, eux, étaient encore dans le salon, les yeux rouges d’avoir pleuré toute la nuit, mais aucune parole ne sortait de leurs bouches. Ils savaient qu’il allait partir. Il l’avait déjà annoncé la veille, dans cette explosion de colère. Ils avaient compris, même sans le dire.Mathias et Elsa, ses petits frères, étaient assis à l’écart, les yeux gonflés de larmes. Ils n’étaient que des enfants, mais ils avaient compris la violence de
Après quelques instants de jeux et de bavardages, les deux enfants se lancèrent dans une autre course effrénée, cette fois-ci avec leur frère aîné qui ne pouvait s’empêcher de se joindre à eux. Viel se laissa emporter, oubliant l’inquiétude qui l’avait envahi juste avant. Il se sentait à sa place, comme s’il retrouvait une part de lui qu’il avait longtemps négligée. Mais ce moment de bonheur, aussi simple et éphémère soit-il, n’était pas exempt de ses propres démons. Lorsqu’il aperçut leur mère, Madeleine, à l’intérieur de la maison, un léger nœud se forma dans son estomac. Les retrouvailles avec ses parents étaient toujours un mélange de réconfort et de tension.Il prit une profonde inspiration avant d’avancer vers la porte d’entrée. L’odeur familière du bois vieilli et du savon maison envahit ses narines dès qu’il franchit le seuil de la maison. Madeleine, qui préparait le dîner dans la cuisine, se tourna en entendant le bruit de la porte. Son regard s’éclaira dès qu’elle aperçut Vi
La vérité était qu’il se sentait prisonnier de son propre corps. Tout ce qu’il voyait dans le miroir lui rappelait sa différence. Ce mélange de traits masculins et féminins, cette poitrine légère, ses hanches trop larges pour correspondre à l’image d’un homme « viril », et ce petit pénis qui ne correspondait pas à l’idée qu’il se faisait de la masculinité. À chaque regard dans le miroir, il se sentait plus seul. Plus éloigné de tout ce qu’il aurait voulu être. Plus éloigné de la vie qu’il aurait souhaitée.L’opération, l’idée de pouvoir tout effacer, tout remettre en ordre pour se fondre dans la norme… Cela aurait été tellement plus simple. Mais ses parents avaient choisi de ne pas le faire, de ne pas lui offrir cette possibilité. Il avait toujours cru que c’était à cause de la peur. Peur qu’il souffre, peur de ce que cette intervention aurait pu signifier pour lui. Mais à quoi servait la peur, maintenant ? Pourquoi l’avaient-ils laissé se débrouiller avec une identité partagée, une c
En rentrant chez lui ce soir-là, Viel se sentait un peu vidé. La journée avait été longue, et bien qu’il fût satisfait du projet qu’il avait présenté, il n’arrivait pas à se débarrasser du poids qui pesait sur lui. Alors qu’il fermait la porte de son appartement et déposait son sac, son téléphone vibra dans sa poche. Il sortit l’appareil et vit le nom de sa mère s’afficher sur l’écran. Un soupir échappa à ses lèvres.Il n’était pas étonné de recevoir un appel de sa mère. Celle-ci avait toujours été présente dans sa vie, même si la distance entre eux s’était accrue au fil des années. Elle vivait dans une ville un peu plus éloignée, avec son mari, et les visites devenaient de plus en plus rares. Les conversations téléphoniques, elles, étaient plutôt fréquentes. Mais ce soir-là, il sentait que quelque chose n’allait pas. Il répondit au téléphone, tentant de dissimuler sa fatigue dans sa voix.— Allô, maman ?La voix de sa mère, tremblante, se fit entendre de l’autre côté du fil.— Viel,
Viel et Hubert se dirigèrent vers le restaurant à proximité, un endroit tranquille qu’ils fréquentaient souvent pour leurs déjeuners. Le soleil de midi réchauffait l’air, et la ville semblait vibrer au rythme de la journée. Viel se sentit un instant détendu, loin des pressions du travail. Il était rare qu’il prenne le temps de souffler, mais aujourd’hui, il se laissait porter par le moment.« Alors, t’as prévu quelque chose pour les vacances ? » demanda Hubert en prenant place à une table près de la fenêtre. Son regard s’éclaira d’enthousiasme à l’idée des quelques jours de congé à venir.Viel haussait légèrement les épaules en signe de réflexion. Il n’était pas du genre à s’encombrer de projets, et encore moins lorsqu’il savait que ses vacances se limiteraient probablement à de longues journées passées chez lui, seul avec ses pensées.« Non, pas vraiment, » répondit-il, un peu distrait. « Je vais probablement rester à la maison, profiter de quelques jours de tranquillité. » Il y avai
La matinée passa à une vitesse vertigineuse. Viel était concentré, son esprit absorbé par le projet qu’il devait présenter à la réunion de l’après-midi. Chaque chiffre, chaque détail de son travail, il les avait méticuleusement révisés. C’était dans ces moments-là qu’il se sentait vraiment compétent, hors de toute comparaison. Mais il savait aussi qu’à l’issue de cette présentation, il devrait revenir à sa réalité, à la froideur de son quotidien. Le regard des autres, l’intimité qu’il s’efforçait de maintenir à distance.Alors que l’heure de la réunion approchait, Viel se leva de son bureau et attrapa son dossier. Hubert, déjà prêt, se tourna vers lui, un sourire confiant sur les lèvres.« T’es prêt ? » lui demanda-t-il, d’un ton léger, mais avec cette pointe de curiosité dans les yeux.Viel hocha la tête, un sourire fin apparaissant sur son visage. Il n’était pas vraiment sûr d’être prêt. Mais il n’avait pas le choix. Il devait l’être. C’était un moment important pour lui, et il ne v
Il se leva précipitamment, n’ayant même pas pris le temps de préparer un petit-déjeuner. Ses pensées étaient en désordre, mais une chose était certaine : il devait arriver à l’heure à Elsia Bank. C’était un impératif. Travailler, se concentrer sur ce qu’il savait faire, c’était ce qui lui permettait de tenir. Il n’avait pas le droit de faillir, pas dans ce domaine. Son esprit, encore marqué par la veille, s’accrocha à cette pensée.Il enfila son manteau et ses chaussures sans un regard dans le miroir. Il avait encore du mal à affronter l’image qui lui était renvoyée, à affronter le visage du Viel qui ne parvenait jamais à se sentir à sa place. Il sortit rapidement de chez lui, attrapant son sac en passant. Le taxi était déjà là, garé devant son immeuble. Il monta sans un mot, murmura à peine un salut au chauffeur, et se laissa emporter dans les rues encore désertes de la ville.La route jusqu’à la banque parut interminable, mais ses pensées se concentrèrent sur les instructions de Mar
La nuit s’était installée depuis un moment, enveloppant la ville d’un calme profond, presque oppressant. Viel avait passé le reste de sa soirée à se noyer dans ses pensées, une routine qu’il connaissait bien. Une fois son dîner fini, il se leva lentement, comme si chaque geste nécessitait un effort supplémentaire. Son esprit tourbillonnait encore autour des directives données par Marc, mais plus profondément, il y avait cette autre question, cette douleur persistante qui le suivait partout : Pourquoi suis-je ainsi ?Il se rendit dans la salle de bain, éteignant les lumières du salon derrière lui. En entrant dans la pièce froide, il laissa échapper un long soupir. Il ferma la porte derrière lui, s’assurant qu’il serait seul, qu’il ne serait dérangé par rien ni personne. Dans le silence de la salle de bain, il s’approcha du miroir, les yeux fuyants, comme s’il redoutait ce qu’il allait voir.Il se déshabilla, ses gestes lents et précautionneux, comme un automate, en partie détaché de s