Je marchais dans une ruelle sombre. Il faisait nuit et il pleuvait. Je ne sentais pas les gouttes mais les entendais tomber sur les pavés. Je resserrais mon manteau autour de moi pour ne pas avoir froid mais je n'arrivais pas à arrêter de frissonner pour autant. Il n'y avait pas de vent et il ne faisait pas vraiment froid. Je tremblais parce que je me sentais suivie. J'accélérais donc le pas et m'interdisais de regarder derrière moi. Je devais me calmer. Je n'étais pas suivie. Tout allait bien.
Soudain j'entendis une semelle claquer derrière moi. Je fus parcourue d'un frisson. J'étais suivie. Il n'y avait pas de doute. Je croyais avoir semé la personne que j'entendais marcher derrière moi mais visiblement elle m'avait suivie dans la ruelle. Que devais-je faire? Devais-je courir? Mes jambes refusaient de bouger. Je ne m'étais pas rendue compte mais je m'étais arrêtée. Si je criais on allait peut être m'entendre...
****
Mon réveil me fit sursauter et je hurlais comme j'avais voulu le faire dans mon cauchemar. J'éteignais mon réveil irritée et tentais de calmer les battements de mon cœur. C'était juste un rêve. Je devais arrêter de me mettre dans de tels états. Je n'avais jamais fait de cauchemars de toute ma vie. Enfin aussi loin que je me souvienne. Il m'arrivait de rêver que j'étais seule dans un lieu sans fin quand j'étais malade mais j'étais aussi rarement malade.
J'avais commencé à faire des cauchemars quand j'avais vu l'annonce du premier meurtre qui avait eu lieu dans ma ville quelques jours auparavant. Je devais arrêter de me stresser à ce point.
Je me dépêchais de me lever afin de ne pas me rendormir et m'habillais avant de descendre dans la cuisine pour prendre mon petit déjeuner. Visiblement j'étais la seule réveillée. Mathieu devait déjà être parti. Je m'assis à table avec mon bol de céréales et commençais à manger. Je m'arrêtais au bout d'une bouchée perturbée. Je n'avais pas l'habitude de ce calme. C'était trop bizarre. Moi qui avait l'habitude de râler quand mes frères faisaient trop de bruit je devais avouer que cela ne me dérangerait pas vraiment.
Je continuais à manger perdue dans mes pensées mais je pris vite mon téléphone pour mettre de la musique. Je ne supportais pas le silence. C'était trop pressant. Je lançais ma playlist du moment et continuais à manger en fredonnant et en bougeant au rythme de la musique.
Mathis finit par descendre les yeux encore mi-clos pas complètement réveillé. Je ris en le voyant arriver.
«Tu n'as pas l'air très réveillé.
-Oh la ferme.»Il traîna les pieds jusqu'au frigo et en sorti du lait puis bu directement de la brique. Je levais les yeux au ciel de bonne humeur.
Au bout de cinq bonnes minutes Mathis avait commencé à reprendre ses esprits. Il alla se chercher un bol et se servit des céréales à son tour. J'avais eu le temps de finir de manger le temps qu'il se réveil alors je me levais et lavais vite mon bol. Je remontais ensuite pour me brosser les dents dans la salle de bain. Cependant je fus irritée quand je me rendis compte que la salle de bain était déjà occupée. Je secouais la porte pour faire comprendre que je voulais entrer.
«Dégage! lança Maxime à travers la porte.
-Maxime! Je veux juste me brosser les dents!-Deux minutes!-Mais tu prends des heures à chaque fois!-J'ai dit deux minutes!»Je tapais du pied exaspérée. J'attendais quelques minutes patiemment mais la porte ne s'ouvrait pas alors je décidais de revenir plus tard. Je me dirigeais donc vers la chambre de Marcus et entrais en faisant exprès de faire le plus de bruit possible. Sa porte qui claque, la lumière qui filtrait à travers la porte ouverte et mes pas lourds ne suffisaient pas pour réveiller le grand dormeur.
Je sautais donc sur son dos pour mettre fin à ses ronflements. Il réagit instantanément ce qui m'emplit de satisfaction.
«Putain!»
Je ris alors qu'il se tortillait pour me faire descendre de son dos. Je finis par tomber sur les fesses à côté du lit et me mis à râler.
«Aïe...»
Marcus me regarda du haut de son lit les cheveux en pagaille.
«Bien fait.»
Je lui lançais un regard noir avant de sortir de sa chambre pour préparer mes affaires de cours. Une fois prête je retournais à la salle de bain et eut la chance de la trouver vide. Je me lavais donc les dents puis attrapais mon sac et redescendais dans la cuisine. Cette dernière était de nouveau animée.
Maxence et Manoé étaient eux aussi réveillés et se disputaient pour savoir qui allait avoir le reste des céréales. Je levais les yeux amusée. Nous devions faire de nouveau les courses. Je voyais limite plus le supermarché que ma propre maison. En même temps les stocks s'épuisaient vite quand il fallait nourrir sept bouches.
Oui sept. Vous ne rêvez pas. Je devais avouer que je me demandais souvent si je ne rêvais pas mais j'avais bel et bien six frères. Oui j'étais la seule fille et en plus de ça j'étais la plus jeune. Je n'avais jamais le temps de m'ennuyer avec eux.
L'aîné était Mathieu. Il avait 24 ans. Ensuite venait Manoé 23 ans. Maxence était le troisième avec 21 ans. Mathis et Maxime quant à eux étaient jumeaux. Ils avaient tous les deux 20 ans quoi que Maxime était plus vieux de trois minutes mais Mathis était un tant soi peu plus mûr. Marcus était le plus jeune parmi les garçons avec 18 ans. Quant a moi j'en avais 17.
Nous vivions tous les sept depuis presque dix sept ans. Nos parents s'aimaient à la folie et pourtant tout s'était écroulé quand ils avaient enfin eu une fille. Notre père avait fuit à l'étranger. Notre mère avait tenté de nous élever seule. Elle avait fait de son mieux. Je l'admirais beaucoup. Je ne me souvenais pas d'elle mais mes frères en parlaient de temps en temps. Elle nous avait vraiment aimés de tout son cœur. Malheureusement elle était décédée d'un cancer alors que je n'avais que quelques mois.
Notre père ne s'était jamais manifesté. Nous le considérions mort aussi mais ne déposions pas de fleures pour lui ai cimetière quand nous allions visiter maman. Les services sociaux avaient voulu nous dispatcher dans des orphelinats et des familles adoptives. Mathieu n'avait que 7 ans à l'époque. Il avait trouvé cela injuste que nous soyons séparés. Nous nous aimions énormément. Nous étions tous très jeunes. Surtout Marcus et moi. Mathieu s'était arrêté de manger durant des jours et on avait fini par avoir le droit de rester ensemble.
Il n'y avait pas assez de place pour nous dans un orphelinat et personne ne voulait adopter sept enfants d'un coup. Nous fûmes donc placés dans une maison où se relayaient des employés des services sociaux. Dès que Mathieu avait eu 18 ans il avait demandé notre garde et l'avait eu. Nous avions assez d'argent grâce à l'aide de l'état et à notre héritage. Nous avons grandis heureux. Nous avons manqué de rien même si il arrivait que nous nous regroupions et pensions à nos parents. Nous nous aimions et c'était le plus important.
Je regardais mes frères manger avec un sourire bienveillant. Ils étaient tout pour moi. Je savais que nous grandissions et qu'ils allaient finir par déménager un par un pour bâtir leur propre famille et cela faisait beaucoup de peine. Mathieu partait très tôt et Manoé partait parfois à l'étranger pendant plusieurs semaines. Malgré tout je savais qu'ils étaient heureux alors je ne disais rien et les encourageais à suivre leurs rêves. De plus je n'étais heureusement pas la seule à m'accrocher tant à eux. Nous avions dit à Mathieu qu'il pouvait se prendre son propre appartement avec sa copine mais il refusait. Nous nous sentions mal mais nous étions heureux qu'il reste. Sa copine était un amour et ils étaient très mignons ensemble mais il restait notre grand frère et ce qui se rapprochait le plus d'un père. Heureusement que sa copine comprenait.
Marcus me lança un regard par dessus son épaule et lança qu'il était presque prêt. Je lui rappelais l'heure et il se dépêcha de finir son bol. Il jeta ce dernier dans l'évier et monta enfiler les premiers vêtements qui lui tombaient sous la main. À présent qu'il avait son permis nous étions de plus en plus souvent en retard. Il se reposait trop sur sa voiture et ne se levait plus en avance. Enfin il ne s'était jamais lève en avance mais à présent il se levait encore plus tard.
«C'est bon!»
Manoé haussa un sourcil en regardant Marcus.
«T'as vu tes cheveux? Tu compte aller en cours comme ça?»
Marcus passa une mains dans ses cheveux en pagaille.
«Bah quoi?»
Manoé secoua la tête et marmonna dans sa barbe.
«Vous me faites honte dans cette famille...
-C'est toi qui nous fait honte! lança Maxence. On te voit torse nu partout! Mes yeux saignent.»Manoé eut un sourire en coin.
«Tu es juste jaloux.
-Moi? Jaloux de quelqu'un qui se prend des potos en pleine rue?-Tu avais dit que tu arrêterait de embêter avec ça!-Dans tes rêves!-J'avais dix ans!-T'en a toujours autant mentalement!»En l'espace d'une seconde Manoé et Maxence étaient debout et se mirent à se battre. Ils ne se battaient pas à mort mais c'en était pas loin. Je soufflais exaspérée. Maxime hurla à Maxence de défoncer Manoé tandis que Mathis se levait pour les séparer. Il finit par y arriver et tout le monde se remit à manger comme si de rien n'était.
«Bon bisous tout le monde! lançais-je.
-Bisous Mal!-Tu fais attention hein?-Écoute en cours et ne te laisse pas déconcentrer par les êtres de type masculin.-Oui je vais faire attention passez une bonne journée!-Bonne journée Mal! dirent-ils en cœur.-Et moi? demanda Marcus.-Tu te fais virer de cours encore une fois et on te bute.-Super la famille...»Sur ce nous sortîmes et nous assîmes dans la voiture de Marcus. Sur le chemin nous nous arrêtâmes devant chez Lucas et ce dernier monta dans la voiture sans attendre.
«Encore en retard... observa Lucas.
-Marcus a mit du temps à manger.-Vous préférez marcher?-Ah nan tout va bien.»Je ris. Lucas était comme mon septième frère. De plus il était plus jeune que moi de deux jours! Je le connaissais depuis la primaire et nous étions restés meilleurs amis depuis. Il venait souvent à la maison tant que même mes vrais frères le considéraient comme un membre d la famille. En soit si quelqu'un nous voyait il n'aurait pas eu de mal à croire que nous étions frère et sœur. Lucas me ressemblait beaucoup étrangement. Nous avions tous les deux des cheveux blonds foncés et des yeux bleus. Tous les deux à la peau plutôt pâle nous avions même des traits proches.
Ainsi Lucas ressemblait beaucoup à mes frères aussi car je leur ressemblait énormément. On ne pouvait pas nier notre lien de sang. La même couleur de cheveux, la même couleur de yeux, les même traits... On aurait dit des jumeaux. En ce qui concernait les vrais jumeaux, Maxime et Mathis, ils se ressemblaient comme deux gouttes d'eau. Personne n'arrivait à les différencier à part nous. C'en était flippant.
Nous arrivâmes pile à temps dans le parking devant le lycée et après avoir remercié Marcus de nous avoir déposés, Lucas et moi courions pour aller en cours. Il venait de sonner et la prof de physique ne supportait pas les retards. Nous devions nous dépêcher.
Lucas était plus grand que moi et courait plus vite mais faisait l'effort de temps en temps de ralentir pour m'attendre. Nous traversâmes les couloirs de plus en plus vides à toute allure et nous allions tellement vite que je n'eus pas le temps de m'arrêter quand quelqu'un arriva par un autre couloir et lui fonçait dedans de plein fouet.
Je fus projetée violemment au sol tandis que la personne que j'avais percuté réussi à rester sur ses jambes. Lucas s'arrêta d'un coup et revint en arrière pour voir si j'allais bien. Il m'aida à me lever et je le rassurais en lui disant que je n'avais rien. Je me concentrais ensuite sur la personne que j'avais percuté. Je ne l'avais encore jamais vue. Un jeune femme de mon âge quoi que beaucoup plus grande. Des cheveux et des yeux sombres ainsi qu'une taille de guêpe. Ses magnifiques boucles brillaient en tombant sur ses épaules.
«Je suis vraiment désolée... Je ne t'avais pas vue.»
L'inconnue me sourit. Son visage jusque là froid devint chaleureux.
«Non c'est moi qui suis désolée. J'espère que tu n'as pas eu trop mal.
-Non tout va bien.-Bon Mal faut y aller.»Je regardais Lucas qui regardait son téléphone inquiet. Nous étions déjà arrivés trop souvent en retard en physique ce n'était pas bon pour notre dossier.
Je me tournais vers l'inconnue.
«Désolée on doit y aller.
-Oui pas de soucis.»Je fis un signe de main et me remis à courir derrière Lucas quoi que plus lentement.
Nous arrivâmes pile avant la deuxième sonnerie et la prof râla mais nous laissa entrer. Je m'assis donc hors d'haleine et sortais mes affaires en silence. Peu après le début du cours quelqu'un toqua à la porte et un surveillant entra suivit par l'inconnue que j'avais percuté.
«Je vous ai apporté la nouvelle élève.
-Oui c'est vrai merci beaucoup.-Je vous le laisse désolé d'avoir dérangé.»Le surveillant sorti et la prof fit signe à la nouvelle élève de s'approcher. Elle avança d'un pas la visage fermé.
«Iris c'est ça?»
L'intéressée hocha la tête.
«Bienvenue j'espère que tu vas te plaire dans le lycée. Tu as de la chance cette classe n'est pas la pire.»
Quelques sourires se dessinèrent sur nos visages. La prof donna des photocopies du cours à l'élève puis désigna la table derrière moi avant de dire:
«Assis toi derrière Malinda.
-Mais madame c'est la place d'Emma normalement.-Ah oui c'est vrai... Mais elle est où d'ailleurs?-On ne sait pas elle est pas venue en cours ce matin.»La prof se tourna de nouveau vers Iris.
«Bon bah tu peux prendre la place d'Emma pour aujourd'hui.»
La nouvelle hocha la tête. Nos regards se croisèrent et sans me lâcher des yeux Iris vint s'asseoir. Je lui souris. Sourire qu'elle me rendit quoi que son sourire était à peine visible.
Le reste du cours se passa dans le calme bien que certains regards étaient lancés vers le nouveau venu. Quand la sonnerie retentit tout le monde se mit à ranger ses affaires prêts à partir loin. Je me levais après avoir fermé mon sac et n'ayant pas vu qu'Iris voulait passer je la bousculais.
«Pardon.»
Elle sourit.
«Ça va devenir une habitude chez toi?»
Je souris à mon tour gênée.
«Promis je vais faire plus attention à l'avenir. Iris c'est ça?»
L'intéressée hocha la tête toujours en souriant.
«Mal?
-Malinda mais mes amis m'appellent Mal.-J'aime bien le surnom Mal.-Merci.»Nous nous sourîmes. Notre échange avait été assez froid et gênant en soit mais le fait qu'elle me sourit rendait tout beaucoup plus détendu. Iris passa enfin à côté de moi et sortit de la classe. Quant à moi je fus rejointe par Lucas puis nous nous dirigeâmes vers le prochain cours ensemble.
En maths l'arrivée de la nouvelle perturba le plan de classe et la prof décida de bouger certaines personnes. Jusque là j'avais été à côté d'un garçon nommé Elias qui était assez sympa et je me retrouvais à côté d'une fille de ma classe à qui je n'avais jamais parlé. Nous étions entrain de corriger les exercices que nous avions à faire quand la fille assise à ma gauche essaya d'attirer mon attention en me poussant avec son coude. Je levais vers elle un regard interrogateur.
«Malinda, je me demandais... Tu sais... Je suis très fane de ton frère. Je trouve qu'il chante super bien. J'écoute son album en boucle tous les jours.»
Je savais déjà ce qu'elle allait demander.
«Est ce que tu pense que tu pourrais... Enfin je ne te force pas mais est ce que tu pourrais lui demander de me faire un autographe?
-Oui, pourquoi pas.-C'est vrai? Merci!»La prof dit à ma voisine d'écouter alors elle se retourna vers le tableau et arrêta de me parler. Malgré tous ses efforts elle n'arrivait cependant pas à effacer son sourire. Je soufflais. Manoé était un chanteur de renommée mondiale. Son groupe composé de quatre personnes faisait souvent des concerts et si ses concerts à l'étranger tombaient en période de vacances, il nous emmenait.
J'étais fière de mon frère qui avait une voix magnifique et qui était fait pour être sur scène. Je devais cependant avouer que sa renommée ne m'aidait pas. À présent presque tout le monde connaissait notre nom de famille. Tout le lycée savait que j'étais la sœur de la super star et on me demandait souvent de demander des autographes à mon frère. Ça encore je m'en fichais. Ce qui m'énervait était que ces personnes m'ignoraient en général dès qu'ils avaient eu ce qu'ils voulaient. Même pas un merci. Je n'étais rien.
J'exagérais un peu. Certaines personnes continuaient à me sourire mais ils arrêtaient vite une fois qu'ils comprenaient que je n'allais pas les présenter à mon frère. Je ne voulais pas l'embêter. Il était trop gentil pour refuser quoi que ce soit à ses fanes mais tout le monde avait besoin de pauses. Même une super star qui adorait ses fanes. J'estimais que Manoé donnait assez. Et puis je voulais avoir mon frère pour moi autant que possible.
À la fin du cours. La fille assise à côté de moi couru annoncer la nouvelle à ses copines qui sourirent excitées. Je les regardais un moment. Je n'avais jamais eu d'amies filles. À force de traîner avec des garçons je n'avais pas vraiment eu l'occasion de me faire des amies féminines. Résultat je ne savais jamais comment me comporter avec elles et préférais les éviter.
Lucas avait fini de ranger ses affaires avant moi. Il vint donc à ma table et ferma ma trousse à ma place.
«T'es lente dis donc.»
Je levais les sourcils faisant mine d'être outrée. Lucas sourit.
«Tu as dit quoi à la meuf à côté de toi? On aurait dit qu'elle allait s'évanouir de bonheur.
-Tu exagère légèrement non?-Un poquito.-Elle voulait un autographe de Manoé.-Je vois. Et par le plus grand des hasards elle n'en voulait pas un de ma part?-Si elle disait justement que tu étais quelqu'un qu'elle admirait encore plus que mon frère.-Bah évidemment.»Nous rîmes. Je me levais et pris mon sac puis suivais Lucas en dehors de la classe. Le temps de la récré nous allâmes nous asseoir sur un banc. Lucas posa ses pieds sur mes genoux comme si de rien n'était. Je le regardais un sourcil haussé.
«Je ne te dérange pas?
-Pas le moins du monde.»Je ris.
«Tant mieux.»
Je marquais une petite pause puis demandais:
«Dis, tu as fait l'activité?»
Lucas me regarda perdu.
«Quelle activité?»
Je ris.
«C'est pas drôle. Tu aurais dû me prévenir qu'il y avait un truc à faire.
-Je l'ai fait. Hier et même avant.-Ah...»Je secouais la tête amusée. Lucas était irrécupérable.
«Du coup c'est une activité de quoi?
-De français.»Il inspira soulagé.
«Ah bah ça va!
-Elle a dit qu'elle ferait passer au moins deux personnes.-Espérons que je ne serais pas un des deux alors.»Évidemment le deuxième à se faire interroger fut Lucas. Je faillis m'étouffer de rire ce qui me valut un regard meurtrier de la part de mon meilleur ami. Contre toute attente il réussit à improviser quelque chose qui tenait la route et la prof ne se rendit pas compte qu'il n'avait même pas lu plus que le premier paragraphe du texte.
Les deux heures finirent par prendre fin et Lucas et moi prenions le train pour aller manger chez lui. Ses parents étaient au travail alors nous avions la maison rien que pour nous tous les mercredi. Nous aurions aussi pu aller chez moi mais il ne restait pas grand chose à manger. Nous fîmes chauffer des pâtes puis les mangions devant la télé. Une fois rassasiés nous fîmes la vaisselle puis sortîmes tous les ingrédients nécessaires pour faire deux pizzas. Nous mîmes dessus toutes sortes de fromages puis la découpâmes une fois qu'elle était prête et mîmes les parts dans différentes boîtes. Nous laissâmes quatre parts pour les parents de Lucas puis prîmes le train de nouveau pour aller à la station de police où travaillait l'aîné de mes frères. Il lui arrivait d'oublier de prendre avec lui le repas que lui préparait sa copine. Nous avions pris l'habitude de lui apporter un petit quelque chose les mercredis pour lui faire plaisir. Les employés nous connaissaient à prése
Mon réveil sonna plus vite que je ne l'aurais voulu. Je sautais cependant sur mes jambes pour être prête le plus vite possible espérant que la salle de bain ne soit pas occupée. Personne ne se levait aussi tôt que moi cependant le temps que je mange et que je prenne le chemin de la salle de bain pour me brosser les dents, ce qui était la dernière étape pour que je sois prête, la salle de bain était toujours occupée. Vivement que la deuxième salle de bain soit réparée. Évidemment ce matin ne fut pas une exception. Le temps que je mange Manoé s'était enfermé dans la salle de bain. Il aurait très bien pu laisser la porte ouverte. On aurait eu la place de se préparer à deux mais il aimait trop m'embêter. Je toquais à la porte exaspérée. «Je t'en supplie Manoé dis moi que tu es presque prêt...-Je suis navré de te dire cela sœurette mais cela fait seulement deux minutes que je suis ici.» Je me dirigeais donc vers la chambre de Marcus et enfonçais la por
Je marchais dans une rue animée en plein après-midi. Je portais une robe légère qui se soulevait à chacun de mes pas. Je souriais aux passants et ces derniers me rendaient mes sourires avec bienveillance. Cependant d'un coup le Soleil se cacha derrière les nuages. Un frisson me parcoura tandis que ma robe légère ne me protégeait plus de la température externe. Les passants ne me souriaient plus quand je passais à côté d'eux. Ils baissaient le regard et leurs yeux ne croisaient même plus les miens. Je me sentais seule. Invisible. Isolée. Je me mis à marcher en baissant le regard à mon tour. Je levais cependant vite mon regard et me retournais car je me sentais épiée. Je balayais la foule du regard et mon cœur se serra. Parmi les têtes baissées une me fixait. Je n'arrivais pas à voir son visage mais il n'y avait pas de doute la personne me regardait. Je me retournais et accélérais
Une fois n'est pas coutume je fus réveillée en sursaut à cause d'un énième cauchemar. C'était toujours la même trame. Moi qui fuis parce que je me sens suivie. Je commençais à avoir l'habitude. Regardons le bon côté. Au moins je n'avais pas besoin de réveil. Cette fois ci je fus réveillée à quatre heures et j'essayais de me rendormir pendant quelques minutes sans résultat. Je finis donc par me lever et descendais à la cuisine me prendre un verre d'eau. Même Mathieu n'était pas encore réveillé alors je décidais de remonter dans ma chambre pour me changer. J'enfilais un jogging et un gros pull et plaçais mes clefs dans ma poche avant de sortir en faisant le moins de bruit possible. Mathieu m'avait dit de ne pas sortir seule mais il était quatre heures du matin un dimanche. Il n'y avait jamais personne dans les rues à cette heure. Je voulais simplement courir un peu à l'air frais pour me changer les idées. Je marchais un peu pour m'éloigner de la maison et atteindre la
Mon réveil sonna une heure plus tard que d'habitude. Je n'avais pas fait de cauchemar ou du moins pas que je me souvienne. Je m'habillais tranquillement avant de descendre manger à la cuisine. La plupart de mes frères étaient déjà partis a présent il ne restait plus que Manoé à la maison. Ce dernier s'était assis dans le canapé avec sa guitare et il chantonnait tout en faisant quelques accords. Je ne reconnus pas la chanson. Je m'approchais sur la pointe des pieds afin de ne pas le déranger. La mélodie qu'il jouait était très douce et agréable. Quoi que il y avait quelque chose de mélancolique et une certaine solitude derrière toute cette beauté. J'aimais regarder Manoé jouer ou chanter. Quand il se laissait emporter par la musique tout changeait. Il était comme parti. Dans un autre monde. Son visage devenait détendu d'un coup et il avait l'air en paix. Pas qu'il soit torturé en règle général mais la musique avait un effet magique sur lui. Il aimait vraiment ça et c'
J e me réveillais en pleine forme et m'habillais en vitesse avant de descendre prendre mon petit déjeuner. Une fois mon assiette lavée je remontais en croisant les doigts pour que la salle de bain ne soit pas verrouillée. Je me figeais prise de court quand la porte s'ouvrit. Une seconde de surprise suffit pour que Maxence se glisse dans la salle de bain sous mon nez et verrouille la porte. «Non! MAXENCE!» Je tapais sur le porte folle de rage. Pour une fois que je pouvais aller dans la salle de bain sans problème. Ils devaient arrêter de verrouiller la porte. Il y avait suffisamment de place pour que je me brosse les dents en paix. «C'est pas fini ce boucan...» Manoé apparut les cheveux en bataille de derrière une porte. «T'entendre crier me réveil tous les matins Mal...» Sur ce il bailla puis redisparut dans son antre pour profiter de ses dernières secondes de repos avant que son réveil ne sonne. «En fait vous voulez to
Je décidais de mettre mon réveil plus tôt de dix minutes histoire d'avoir plus de chances avec la salle de bain. Cette idée se révéla être bonne parce que une fois avoir fini mon petit déjeuner je trouvais bel et bien la salle de bain vide et décidais de m'enfermer dedans pour embêter mes frères. Je n'avais même pas eu le temps de mettre du dentifrice sur ma brosse à dents que quelqu'un tenta d'ouvrir la porte. Je souris satisfaite et disais que c'était occupé. Mon sourire s'élargit encore plus quand j'entendis Manoé crier de l'autre côté de la porte: «Dépêche toi Mal!-Mais oui bien-sûr...» C'était décidé. J'allais prendre touut mon temps. Je me brossais donc les dents en écoutant ma musique et en me balançant au rythme de cette dernière. Je venais de finir mon brossage de dents, j'étais entrain de me rincer la bouche, quand quelqu'un s'acharna de nouveau sur la poignée. «Occupé!-Putain Mal! se plaigna Manoé. Grouille!» Je ris et metta
Les derniers jours avant la soirée passèrent tranquillement. Notre deuxième salle de bain fut enfin finit et cela me permit de ne pas avoir à attendre trois heures pour pouvoir me brosser les dents. Jeudi je réussis à ne rien renverser en TP et vendredi Iris et moi avions assez bien joué au foot. Le professeur nous avait même proposées de rejoindre l'équipe féminine du lycée. J'avais dit que j'allais y réfléchir tout comme Iris. Une fois dans les vestiaires Iris me demanda ce que je comptais faire. «Je pense pas que je vais rejoindre l'équipe. De toute façon c'est la fin de l'année.-Ouais je ne vais pas les rejoindre non plus. Je ne suis pas une grande fane de foot de toute façon.-Tu n'aime pas jouer? lui demandais-je.-Sans plus. Et toi?-J'aime bien. Ça peut être drôle parfois. Enfin je dois avouer qu'avec la classe c'est pas génial. Mais avec mes frères on s'amuse bien.-Vous jouez tous les samedis c'est ça?-Oui. L'après midi parce que ils ne se révei
La personne agenouillée était l'homme de tout à l'heure. Quant à celle qui le surplombait ce n'était autre qu'Iris. Tandis que l'homme s'écroulait à terre elle tourna la tête vers moi et quand nos yeux se croisèrent je me mis à pleurer. Des larmes de frustration. J'étais frustrée que celle en qui j'avais le plus confiance était une toute autre personne et que je ne m'en étais pas rendue compte alors que je l'avais eu sous le nez tout ce temps. J'étais frustrée parce que maintenant toutes les pièces du puzzle se mettaient en place toutes seule. Cette soirée où Iris s'était absentée alors que j'étais bourrée, Théo assassiné dans l'hôpital et maintenant ça... J'aurais dû me douter. Peut-être pas le deviner mais au moins me douter de quelque chose. Mais non. Je n'avais rien vu. J'étais aveugle. Moi qui avais été tant traumatisée par ces meurtres j'avais fréquenté la meurtrière. Toutes ces vérités me frappèrent en plein visage et je les intégrais en l'espace d'une seconde
Théo était mort. Il n'y avait pas de doute à cela. Mathieu et Manoé l'avaient tous les deux vus de leurs propres yeux à l'hôpital. Personne ne s'était attendu à ce que quelqu'un puisse le tuer surtout que personne à part nous ne savait qu'il allait à l'hôpital alors à part des menottes il n'avait pas été placé sous surveillance. Visiblement les menottes avaient eu sa perte. Mathieu et ses collègues étaient débordés et la télé ne parlait que de ça. La mort brutale d'une des stars préférées du pays. Personne ne savait qui il était vraiment. Il n'allait jamais pouvoir se repentir en prison. Il était mort. C'était fini. Personne ne comprenait ce qu'il s'était passé. D'après la police ça aurait été une fane dérangée de Théo qui en l'ayant aperçu dans l'hôpital en avait profité pour le tuer. Mais la question se posait de comment elle avait bien pu faire. Aucune caméra n'avait capturé le moment du meurtre et pourtant la scène de crime était assez brouillonne. Mathieu avait
Dans le train j'étais assise juste à coté d'Iris. Il y avait assez de monde alors on devait se tasser et je sentais sa cuisse frôler la mienne. Il m'arrivait aussi de frôler la cuisse de Lucas dans les transports et je ne ressentais rien c'était juse normal quand on avait pas assez de place de se tasser. Alors pourquoi est-ce que avec Iris mon cœur se mettait à battre plus vite que d'accoutumée? Sentant que j'étais gênée Iris se contenta de faire la conversation tandis que je fixais sa cuisse avec insistance. J'hésitais à me lever plusieurs fois pour mettre fin à cette gêne mais je n'osais pas bouger. J'avais beau ne plus arriver à parler je voulais rester à côté d'Iris encore des heures. Je fus même à moitié déçue quand nous arrivâmes à destination mais l'excitation à l'idée d'être au salon du livre reprit vite le dessus. Je décidais d'oublier pour ne serait ce que quelques heures ce qui allait se passer ce soir et profiter à fond de cette sortie avec ma nouvelle am
Elle m'avait écris une histoire! J'étais aux anges à ce moment précis. Rien n'aurait pu m'effacer mon sourire. J'avais l'impression que même Maxence qui bloquait la salle de bain n'aurait pas pu m'énerver. Iris avait pensé à moi et cela me rendait heureuse. Je ne pus attendre et m'asseyais pour lire la nouvelle. C'est l'histoire d'une fille et de son ombre. Ces dernières sont inséparables. La fille illumine l'espace où qu'elle aille tandis que l'ombre la suit et l'admire en secret. L'ombre ne serait rien sans la fille et il est naturel pour la fille que l'ombre soit à ses côtés même si elle ne l'est pas toujours. Quand il fait sombre la fille s'assoit croyant que personne ne peut la voir. Mais l'ombre est toujours là cachée dans les ténèbres. Elle ne l'a jamais dis à la fille mais c'est dans l'ombre qu'elle la trouve la plus belle. C'est quand elle est libre qu'elle peut entrevoir ses ailes. Un dilemme se pose pour l'ombre. Laisser la fille briller dans l'ombre ou la ret
À midi Lucas nous rejoignit et nous allâmes manger tous les trois dans un fast food. Iris qui venait de manger même pas deux heures avant dévorait son hamburger avec le même appétit que si elle n'avait pas mangé depuis des semaines. Lucas commençait à s'habituer à voir Iris manger tant que cela. Peu de temps après avoir fini de manger nous nous dirigeâmes vers le cinéma afin d'être sûrs d'avoir de bonnes places. Lucas et moi prenions des sièges doubles de temps en temps car c'était plus confortable et cela changeait des sièges habituels. Cependant quand je vis qu'il restaient des sièges doubles je pensais à Iris. J'ignorais pourquoi mais je me voyais assise à ses côtés dans un siège double. Je voulais qu'on se mette à côté mais je ne dis rien. Après tout nous étions impairs et je ne voulais pas non plus que Lucas soit loin de moi. Nous prîmes donc des sièges simples centrés et Iris acheta du pop corn avant d'entrer. Elle me proposa de m'acheter quelque chose mais Luc
Je préparais donc mon sac et avant d'aller chez Iris je fis un détour avec mes frères au cimetière pour rendre visite à notre mère. Sur le chemin nous nous arrêtâmes chez un fleuriste pour choisir un bouquet. C'était le tour de Manoé de choisir le bouquet mais évidemment personne ne se retenait de donner son avis. Le premier bouquet que choisit Nono fut qualifié de maigre par Maxence tandis que le deuxième fut au contraire qualifié de trop par Mathis. Manoé finit par trouver un bouquet qui plaisait à presque tout le monde. Le seul qui trouva quelque chose à dire fut Mathis mais Manoé l'ignora. Après avoir acheté le bouquet nous nous remîmes en route vers me cimetière. L'endroit en lui même me perturbait. J'ignorais ce que je devais en penser. D'un côté je le trouvais calme et rassurant. C'était le seul endroit où je pouvais voir ma mère alors j'aimais bien y aller. Parler à ma mère me soulageait. D'un autre côté l'endroit me donnait la chaire de poule. Tout était propre, bie
Je me réveillais toujours en tenant la main d'Iris dans la mienne. Cette dernière était déjà éveillée et regardait dans le vide. Me sentir remuer la fit tourner les yeux vers moi. Je retirais ma main de la sienne et me tournais sur mon dos. Lucas ronflait encore doucement. «Tu as bien dormi? demandais-je à Iris.-Oui. Et toi?-C'était horrible... Mais ça allait mieux sur la fin. Merci.» Mon regard s'attarda sur la main d'Iris qu'elle avait ramené vers elle. Iris me sourit. Pas son grand sourire habituel mais un petit sourire ampli de douceur. «Plus jamais je vais me coucher alcoolisée.» Iris émit un petit rire. «Alcoolisée? C'est un euphémisme.» Je fis une grimace. «Désolée...-Tu n'as pas à t'excuser. Je t'avais dis de lâcher prise et que je serais là pour toi.-Ça n'a pas gâché ta soirée?-Pas du tout.-Tant mieux. Je voulais simplement... Voir ce que ça faisait de m'en foutre de mes émotions. De perdre le c
Nous mangeâmes les gâteaux tout en discutant avec Iris puis nous descendîmes à la cuisine pour poser les tasses vides et remercier Mathieu pour le goûter. Nous proposâmes de faire la vaisselle mais mes frères nous assurèrent que Maxence allait s'en charger. Après tout il avait perdu au dernier jeu et était chargé de vaisselle. Nous remontâmes donc dans ma chambre et discutâmes de tout et de rien en attendant l'heure de partir. Une fois cette dernière arrivée je proposais à Iris de laisser son sac chez moi et de dormir à la maison pour ne pas déranger sa mère si tôt. Iris ne voulait pas nous déranger mais je lui assurais qu'elle ne dérangeait pas du tout. Nous descendîmes et Mathieu assura aussi à Iris à son tour qu'elle était la bienvenue et que c'était mieux si elle restait dormir pour la même raison que j'avais donné. Marcus avait proposé de nous déposer mais Mathieu et Camille insistèrent pour nous emmener. On souhaitait bonne soirée à mes frères puis nous suivion
Les derniers jours avant la soirée passèrent tranquillement. Notre deuxième salle de bain fut enfin finit et cela me permit de ne pas avoir à attendre trois heures pour pouvoir me brosser les dents. Jeudi je réussis à ne rien renverser en TP et vendredi Iris et moi avions assez bien joué au foot. Le professeur nous avait même proposées de rejoindre l'équipe féminine du lycée. J'avais dit que j'allais y réfléchir tout comme Iris. Une fois dans les vestiaires Iris me demanda ce que je comptais faire. «Je pense pas que je vais rejoindre l'équipe. De toute façon c'est la fin de l'année.-Ouais je ne vais pas les rejoindre non plus. Je ne suis pas une grande fane de foot de toute façon.-Tu n'aime pas jouer? lui demandais-je.-Sans plus. Et toi?-J'aime bien. Ça peut être drôle parfois. Enfin je dois avouer qu'avec la classe c'est pas génial. Mais avec mes frères on s'amuse bien.-Vous jouez tous les samedis c'est ça?-Oui. L'après midi parce que ils ne se révei