Intense 1
Deux inconnus dans un ascenseur en panne, entre deux étages d'un hôtel anonyme. Lui, les mains encore marquées par un récent accident. Elle, les lèvres teintées du rouge à lèvres qu'elle vient d'effacer nerveusement.
Pas de noms. Pas d'histoires.
Seulement l'espace exigu qui rétrécit à chaque expiration. L'électricité statique qui fait crépiter la laine. Un regard accroché à un poignet, une veine qui bat sous la peau fine. La chaleur devient palpable, suffocante.
La première parole est un juron étouffé. Le premier contact n'est pas une main, mais un souffle contre une tempe. L'étreinte qui suit est une affaire de survie, une tentative désespérée de prouver qu'ils sont encore vivants face à l'étreinte de fer qui les emprisonne. C'est brutal, urgent, sans fioriture. Le cuir de sa ceinture laisse une marque sur sa hanche. L'agrafe de son collier lui griffe la nuque.
Dans l'obscurité intermittente des lampes de secours, ils se dévorent. Chaque baiser est une question sans réponse, chaque morsure une ponctuation. Ils extirpent l'un de l'autre des gémissements qu'ils ne se connaissaient pas, des peurs qu'ils n'avouaient pas. Ils sont à la fois le remède et le poison, l'oxygène et la privation.
Quand les lumières se rallument et que l'ascenseur repart avec un grondement sourd, ils se séparent comme on se scarifie. Aucune promesse. Juste l'odeur de l'autre sur la peau, indélébile.
Elle sort à son étage, il descend au rez-de-chaussée. Leurs vies respectives les attendent, inchangées en apparence. Mais quelque chose a cédé. Quelque chose a brûlé. Et chacun, dans son silence, porte désormais la mémoire brûlante de cette chute libre partagée, de cet instant parfaitement égoïste et absolu où ils n'ont été que chair, pulsion et vérité crue.