LucienLa lumière bleutée de mon téléphone éclaire mon visage tandis que je lis le message reçu à l’aube.Un avertissement anonyme.Je repose lentement mon verre de whisky et me redresse dans mon fauteuil.Quelqu’un a fouillé dans mes affaires.Mon premier réflexe est de penser à Gabriel. Il est rusé, il sait comment infiltrer mes réseaux.Mais non.Ce n’est pas son style.Lui, il attaque de face.Cette fois, c’est différent.Il y a une subtilité, une touche de défi qui me rappelle une seule personne.Cassandra.Un sourire effleure mes lèvres.Elle commence à jouer sérieusement.Parfait.J’appuie sur un bouton de mon bureau et une sonnerie retentit. Quelques secondes plus tard, la porte s’ouvre et un homme entre. Grand, massif, le regard impassible.— Surveille Cassandra. Discrètement.Il hoche la tête sans poser de questions et disparaît.Si elle pense pouvoir me renverser si facilement, elle sous-estime l’adversaire qu’elle a en face d’elle.Ce jeu vient de devenir encore plus intér
CassandraLe véhicule s’arrête brusquement devant un immeuble sobre mais imposant.Je reconnais immédiatement l’endroit.— Tu veux me montrer quoi, Gabriel ?Il coupe le moteur et se tourne vers moi.— Descends et tu verras.Avec une patience mesurée, je sors et le suis à l’intérieur.L’ascenseur nous mène au dernier étage.Lorsque les portes s’ouvrent, je découvre un loft immense, baigné de lumières tamisées. L’endroit est un mélange subtil de modernité et de classicisme.Je m’avance lentement, observant les lieux.— C’est chez toi ?— Non. Il s’appuie contre un meuble et croise les bras. C’est là où tu pourrais finir si tu continues sur ta lancée.Je fronce les sourcils.— Je ne vois pas où tu veux en venir.Il sort un dossier de sa veste et le pose sur la table en verre.— Ceci est une liste des hommes qui voudront ta tête si Lucien tombe.Je laisse échapper un rire ironique.— Tu me sous-estimes.— Et toi, tu sous-estimes l’envergure du réseau que Lucien contrôle. Il s’approche le
CassandraLa voiture file dans la nuit, les lumières de la ville se reflétant sur le pare-brise comme des éclats d’or et d’argent. Je serre le volant un peu plus fort. Le marché que je viens de conclure change la donne. Il m’offre un avantage, mais au prix d’une dette dont j’ignore encore la nature.J’ai appris à ne faire confiance à personne. Pourtant, ce soir, je joue avec le feu en demandant l’aide d’un autre homme dans cette guerre silencieuse.Gabriel. Lucien. Raphaël.Et maintenant, Dante.Il n’a jamais fait partie de l’équation. Jusqu’à maintenant.Un frisson me parcourt l’échine. Non pas de peur, mais d’excitation.J’aime ce jeu dangereux.Mais qui en sortira vainqueur ?---LucienLe silence de mon bureau est trompeur. Il cache l’agitation qui bouillonne en moi.Cassandra pense être libre.Elle croit pouvoir manipuler les règles à sa guise.Mais elle oublie une chose essentielle : j’ai toujours un coup d’avance.— Elle bouge, murmure l’un de mes hommes.Je lève les yeux de mo
CassandraJe m’assois sur le bord du lit, serrant un peu plus mon peignoir contre moi.— Et toi, tu crois que tu peux encore me dicter mes choix ?Un silence pesant. Puis, sa voix se fait plus basse, plus tranchante.— Non. Mais je suis prêt à faire ce qu’il faut pour que tu comprennes une chose : tu ne peux pas m’échapper.Je ferme les yeux un instant, inspirant profondément.— Bonne nuit, Lucien.Je raccroche avant qu’il ne réponde et laisse tomber mon téléphone sur la table de chevet.Un soupir m’échappe.Ils croient tous pouvoir me contrôler.Mais ce soir, une certitude germe en moi.Il est temps de leur prouver le contraire.Et pour cela, je vais devoir frapper en premier.La ville s’étend sous mes pieds, un labyrinthe scintillant d’ambition et de secrets. Depuis la terrasse de mon penthouse, je laisse le vent nocturne caresser ma peau, tentant de chasser les pensées qui tourbillonnent dans mon esprit.Lucien, Gabriel, Raphaël… Ils veulent tous m’enfermer dans leur jeu.Mais ils
CassandraLe manoir Donovan se dresse devant moi, imposant et silencieux. Dante m’attend dans son bureau privé, un verre de cognac à la main.— Prête pour ton premier mouvement ? demande-t-il en me tendant un dossier.Je l’ouvre et découvre des documents détaillant des transactions confidentielles.Lucien.Gabriel.Raphaël.Des secrets qu’ils ne veulent pas voir exposés.Je lève les yeux vers Dante, une lueur déterminée dans mon regard.— C’est du poison.Il sourit.— C’est du pouvoir.Je referme le dossier avec un claquement sec.— Et si je décide de ne pas l’utiliser ?Dante s’appuie contre son fauteuil, observant ma réaction avec intérêt.— Alors tu resteras leur proie.Je me lève, serrant le dossier contre moi.— Non. Je deviendrai leur reine.RaphaëlLes toiles s’empilent dans mon atelier, témoins silencieux de mon obsession.Cassandra.Elle s’insinue dans mon esprit, dans mes rêves, dans mes veines.J’attrape mon téléphone et compose son numéro.Messagerie.Un sourire amer tord
Cassandra.Fidèle à elle-même, elle est venue.Je me retourne lentement.Elle porte une robe noire fendue sur le côté, révélant juste assez pour affoler l’imagination.— Tu es venue.Elle s’arrête à quelques mètres, bras croisés, un sourire énigmatique aux lèvres.— Tu m’as demandé.Je fais un pas vers elle, observant chaque nuance de son expression.— Et toi, tu as accepté.Un silence suspendu.Je peux sentir la tension entre nous, aussi épaisse que la nuit elle-même.Elle le sait.Je le sais.— Pourquoi moi, Lucien ? demande-t-elle, sa voix douce mais acérée.Je hausse un sourcil.— Pourquoi cette question, Cassandra ?Elle inspire profondément, comme si elle cherchait à reprendre le contrôle de quelque chose.— Tu ne veux pas me posséder. Tu veux me dompter.Je souris lentement.— C’est ce que tu crois ?Elle fait un pas en avant, réduisant l’espace entre nous.— N’est-ce pas ce que tu veux ?Je pose mon verre sur la rambarde et effleure une mèche de ses cheveux.— Non.Elle fronce
RaphaëlLa nuit est avancée quand elle franchit enfin la porte de mon atelier.Elle a ce regard, celui qu’elle porte quand elle est troublée, quand trop de choses se bousculent en elle.— Enfin prête à affronter la seule personne qui ne cherche pas à te posséder ? je murmure, sans lever les yeux de ma toile.Elle s’arrête, observe la peinture inachevée.— C’est moi ?Je hoche la tête.Elle s’approche lentement, ses doigts effleurant le bord de la toile.— Pourquoi suis-je toujours au milieu des flammes, Raphaël ?Je pose mon pinceau, essuie mes mains sur mon jean et la regarde enfin.— Parce que tu es née pour embraser le monde.Un silence.Elle ferme les yeux une seconde, et quand elle les rouvre, ils brûlent d’une intensité nouvelle.— Alors pourquoi suis-je épuisée de me battre ?Je m’approche, effleurant sa joue du bout des doigts.— Parce que tu crois que c’est un combat. Mais en réalité, c’est une danse.Elle tressaille sous mon contact, mais ne recule pas.— Et qui est mon part
CassandraIl y a des instants où tout bascule.Des moments où l’on se tient au bord du précipice, hésitant entre se jeter dans le vide ou reculer à la dernière seconde.Ce soir, je sens que je suis à ce point de rupture.Mais reculer n’a jamais fait partie de mes options.Je pose mon verre sur la rambarde du balcon et inspire profondément l’air nocturne.Le téléphone posé à côté vibre doucement.Trois noms.Trois messages.Trois hommes qui s’attendent à une réponse.Lucien : "Je sais ce que tu ressens. Arrête de lutter."Gabriel : "Ne joue pas un jeu que tu ne maîtrises pas encore."Raphaël : "Quand viendras-tu voir ce que j’ai préparé pour toi ?"Un frisson parcourt ma colonne vertébrale.Ils croient me comprendre.Ils croient pouvoir me dicter la marche à suivre.Ils ignorent que la reine avance toujours plusieurs coups en avance.Je récupère mon téléphone et envoie un message.Un seul.À l’un d’entre eux.Puis je récupère mes clés et quitte mon appartement, prête à faire tomber les
CassandraJe suis là, dans ses bras, mon corps encore brûlant des flammes de ce que nous venons de partager. Mon cœur bat encore la chamade, et chaque respiration que je prends semble chargée de ce qu’il m’a donné. De ce qu’il m’a arraché. J’ai toujours cru que je pouvais contrôler ma vie, que je pouvais choisir, que je pouvais fuir quand ça devenait trop intense. Mais lui, Raphaël, il m’a prouvé qu’il n’y a rien que je puisse faire pour empêcher ce qui s’éveille en moi. Ce désir brûlant, cette passion dévorante.Je me recule légèrement, me redressant dans le lit, observant son visage. Ses yeux, encore noyés de cette intensité que nous avons partagée, me regardent avec cette familiarité douce et pleine de promesses. Je veux l’éviter, fuir ce qui semble pourtant inéluctable, mais chaque parcelle de mon être me crie que je suis bien là où je devrais être. Avec lui. Pas seulement pour le moment, mais pour plus.Je caresse sa joue, mes doigts traçant les contours de son visage avec une do
RaphaëlJe la regarde, debout près de la fenêtre, les rayons du soleil effleurant sa peau. Elle semble presque irréelle, comme si le monde autour d’elle s’était suspendu, comme si tout prenait sens dès qu’elle était là, dans ma vie. Cassandra... Elle a ce don, sans même le savoir, de transformer chaque instant en quelque chose d’intense, d’important. Et pourtant, aujourd’hui, elle semble différente. Elle est calme, mais d’une manière que je n’ai jamais vue. Il y a une sorte de paix en elle, une décision qu’elle a prise sans retour possible.Je me permets de la regarder un peu plus longtemps, absorbé par la beauté de ce moment, par la simplicité de sa présence. Puis je la vois se tourner vers moi, son regard croisant le mien. Ses yeux sont pleins de promesses, mais aussi d'une fragilité que je ressens au plus profond de moi.« Bien dormi ? » J'essaie de briser le silence, de lui offrir une ouverture, quelque chose pour qu'elle se sente à l'aise. Sa réponse est une légère esquisse de so
CassandraLe vent souffle doucement à travers les rideaux ouverts, apportant avec lui un parfum de printemps qui flotte dans l’air. Il est presque tard, et le soleil se couche lentement, parant la pièce d’une lumière dorée. Mais dans mon esprit, il fait plus sombre qu’il ne l’a jamais été. J’ai repoussé ce moment trop longtemps, tenté de fuir cette vérité que je savais au fond de moi. Le temps m’a apporté une clarté nouvelle, mais aussi une décision lourde, une décision qui pèse sur mon cœur.Je regarde Raphaël. Il est là, à quelques pas de moi, attendant patiemment que je trouve les mots qui, je le sais, changeront tout. Il n’a pas cherché à me convaincre. Il m’a laissée choisir, et je l’ai observé, espérant trouver une raison de m’échapper de ce lien invisible qui m’attire pourtant vers lui. Mais chaque jour passé à ses côtés, chaque instant partagé, m’a convaincue que c’était lui. Lui qui m’avait donnée une autre chance. Lui qui, malgré tout, n’avait jamais cessé de croire en nous.
CassandraLe jour s’étire dans une lenteur que je peine à supporter. Mon esprit est encore agité par la dernière conversation avec Lucien, un écho de ses mots résonnant dans mon esprit. La souffrance de le voir partir, d’être celle qui a décidé de tout laisser derrière, me pèse comme un fardeau. Mais ce n’est pas le poids de la décision qui m’accable, c’est l’incertitude qui m’attend. Est-ce que j’ai fait le bon choix ? Est-ce que je pourrais vivre avec cette décision ?Je ferme les yeux, la chaleur du soleil effleurant ma peau, mais à l’intérieur, il y a une tempête. Une part de moi veut crier, briser tout ce que j’ai construit pour me libérer de cette douleur. Mais une autre part, plus calme, me dit de continuer, de ne pas regarder en arrière.Un bruit derrière moi me fait sursauter. Je me retourne, et je trouve Raphaël, debout dans l’encadrement de la porte, son regard posé sur moi avec une intensité que je ne peux ignorer.« Tout va bien ? » Sa voix est douce, mais il y a une inqu
CassandraJe suis frappée par la force de ses paroles. Un frisson me parcourt, mais je garde les yeux baissés, cherchant à rassembler mes pensées. C’est trop. Il me pousse dans mes retranchements, me forçant à faire un choix. Mais quel choix ?« Et si je te dis que je n’ai plus envie de choisir ? » La question m’échappe avant que je ne puisse la retenir. « Que je n’ai plus envie de jouer à ce jeu ? »Raphaël ne répond pas tout de suite. Il se tient là, silencieux, comme s’il pesait chaque mot avant de parler. Et puis, il s’avance un peu plus près, et cette fois, ses mains encadrent doucement mon visage, forçant mes yeux à se poser sur lui.« Alors fais-le pour toi. » Ses mots sont un souffle, presque une prière. « Ne choisis pas pour lui. Choisis pour toi. Parce que tu le mérites. »Les larmes montent sans que je puisse les retenir. Elles ne sont pas seulement de tristesse. Il y a de la colère, de la frustration, de l’impuissance. Et au milieu de tout cela, un désir inavoué. Un désir
CassandraJe me tourne brusquement. Raphaël. Sa silhouette se découpe dans l’encadrement de la porte, son regard perçant. Il me fixe intensément, presque à la manière d’un spectateur, comme si chaque émotion qui me traverse était une scène qu’il observait avec une curiosité non dissimulée.« Pourquoi es-tu là ? » Ma voix est plus froide que je ne le voudrais, mais je ne peux m’empêcher de le regarder, d’analyser son visage, ses traits, toujours aussi fascinants, mais aussi tellement complexes.« Parce que je sais que tu souffres. » Il s’avance lentement, chaque pas résonnant comme un défi. « Et parce que tu ne veux pas l’admettre. »« Je n’ai rien à te dire. »« C’est pour ça que tu me dis tout. » Il sourit légèrement, un sourire entendu. Il connaît bien mes mécanismes de défense, il sait que je lutte, que je me cache derrière des murs d’acier pour ne pas laisser mes émotions se déverser. Mais je n’ai pas envie de jouer à ce jeu. Pas ce soir.« Il est trop tard, Raphaël. »« Peut-être
CassandraLe vent souffle fort, comme si la ville elle-même voulait m’emporter, me tester, m’éprouver encore. Je n’ai pas l’habitude de cette solitude, pas après toutes les années passées à naviguer entre des hommes, des désirs, des ambitions. Mais aujourd’hui, ce vide est devenu un allié. Un vide que j’ai créé, un espace que j’ai ouvert pour moi seule. L’indépendance est un fardeau et une bénédiction, et pourtant, je m’y sens étonnamment bien.Je marche, presque sans but, mes pensées flottant entre ce que je suis devenue et ce que je pourrais encore être. Les décisions que j’ai prises se bousculent dans ma tête, se superposent à ce que j’ai ressenti avant. Il y a encore des échos de Gabriel dans mon esprit, des morceaux de Raphaël qui m’appellent, mais je les ignore. Je dois garder le cap, avancer, ne pas me laisser emporter par les vagues du passé.Mais, au détour d’une rue, je le vois. Lucien. Le visage marqué par les batailles, une lueur de colère froide dans ses yeux, mais aussi
CassandraJe me tais, le silence s’étire, et même à travers l'écran, je peux sentir son souffle lourd. Il sait ce que je veux dire, il le comprend, et, à ma grande surprise, je n'ai pas peur. Ni de la solitude, ni de l'avenir incertain. Parce que je sais que, même si cela me déchire, je choisis enfin de me libérer.« Je comprends, Cassandra. Je ne veux pas te forcer à choisir, mais sache que je serai là. Si jamais tu changes d'avis… »« Je n’ai pas à changer d’avis. C’est juste que je dois me retrouver d’abord. »J’entends la tristesse dans sa voix, mais aussi une forme de respect. Il sait que ce n’est pas la fin, même si c’est difficile.Je raccroche et laisse un dernier regard sur la fenêtre, l’obscurité de la nuit enveloppant ma silhouette. Une décision lourde, mais pleine de sens. J’ai choisi de ne pas me perdre dans une relation où je serais l’ombre de ce que je suis, à côté de l’autre. Ce ne sera pas Raphaël, ni Gabriel, ni un autre. Ce sera moi. Et c’est ainsi que je veux avanc
CassandraLes heures s’étirent après l’appel de Raphaël, mais une étrange sensation m'envahit. La paix n'est pas totale, mais elle est là, persistante, comme une lumière qui commence à percer les nuages sombres. Pourtant, mon esprit reste agité, les échos de ce passé, aussi douloureux soient-ils, résonnent encore en moi. Je sais que le chemin vers la guérison sera long, mais je ne peux plus attendre. Je ne veux plus.Je me lève du canapé, secouant les ténèbres de ma tête. Mes jambes se dirigent presque par instinct vers mon bureau, où des piles de papiers s’accumulent depuis trop longtemps. J'ai l’impression de fuir, de chercher à occuper mon esprit pour ne pas sombrer dans la mélancolie qui m’enveloppe. Mon regard se fixe sur le premier dossier que je prends, un projet sur lequel j'avais commencé à travailler avant que tout ne déraille. C'est une tâche simple, mais qui me demandait d’être présente, de me concentrer. Ce qui est exactement ce dont j'ai besoin.Je me plonge dans les chi