« Et alors ? Cela fait déjà trois ans qu'il partage ta vie, Clara. Notre éblouissante Clara, si rayonnante et magnifique… Difficile à croire qu'en trois ans, il n'ait pas été ému, même une seule fois ! » Esmeralda s’est faite sérieuse, analysant la situation avec un ton presque moqueur. « Souviens-toi comme il te collait au lycée ! »Clara a hoché la tête en signe d'acquiescement, ses pensées tournant en boucle. Esmeralda n'avait pas tort.Les yeux en forme d’amande de Clara pétillaient d'une lueur triste lorsqu'elle s’est tournée vers Esmeralda. « Alors, pourquoi ne m'aime-t-il pas ? »Esmeralda s’est figée, cherchant ses mots. « … Oui. Pourquoi donc ? » Et pourquoi, en effet, Léo ne voyait-il pas en Clara ce qu'il semblait trouver chez cette autre, cette femme si insipide ?Perdue dans ses pensées, Clara observait à travers la fenêtre. Là, sous ses yeux, Léo a accompagné Marie jusqu'à une table. Elle a pris une gorgée de champagne, son étreinte se resserrant autour du verre froid.«
En sortant de l'immeuble, une bruine douce a caressé les joues de Clara. D'un geste gracieux, elle a écarté ses mains, comme pour accueillir les gouttes de pluie dans ses paumes. Clara avait toujours eu un penchant pour les jours pluvieux, dépourvus de tonnerres, des jours apaisants comme celui-ci.Autour d'elle, le monde semblait ralentir. Les passants ne se pressaient pas, savourant ces moments de détente sous le voile gris du ciel. À peine avait-elle franchi le seuil de la cour que la pluie s'est intensifiée, fouettant ses épaules d'une froideur piquante et lui procurant une sensation presque électrique.Levant le visage, Clara s’est laissée envahir par cette ondée fine, laissant l'eau couler librement sur son visage, ses épaules, et le long de son cou. Près de la porte, une flaque s'était formée, scintillante sous la lumière diffuse. Avec une pointe de nostalgie, elle s’est déchaussée et, pieds nus, s'est avancée vers l'eau, ses pas hésitants trahissant une certaine réticence enfan
Mais avant qu’il puisse terminer sa phrase, Clara a appelé doucement : « Bonsoir, Mlle Leroux. »Léo a pivoté sur lui-même, juste à temps pour apercevoir Marie, debout sous l'encadrement de la porte. Elle les observait avec une tranquillité déconcertante.Léo, pris d'une impulsion subite, a décidé de sortir sous la pluie, accompagnant Clara à l'extérieur. Comme par magie, Marie a fait de même, s'aventurant sous l'averse sans protection.Le visage de Léo s’est crispé, son étreinte sur le manche du parapluie se renforçant. Il s’est trouvé un moment perplexe, partagé par l'incertitude.Clara, remarquant son hésitation, a repoussé doucement son parapluie. « Un homme ne peut pas abriter deux femmes sous un même parapluie », a-t-elle murmuré, « et même s'il le pouvait, l'une de nous souffrirait toujours. »Marie, non loin, se tenait trempée, partageant le sort de Clara. Elle cherchait à comprendre qui, dans le cœur de Léo, tenait la place la plus importante.L'expression de Léo se teintait
Dans la nuit tranquille, Christophe a conduit Marie à l'hôpital, où il a pris soin de la faire accompagner par deux gardes du corps dès leur arrivée dans le service. L'atmosphère était tendue, chargée d'une émotion palpable.Au moment de partir, Marie, les larmes aux yeux et la voix tremblante de colère, a lancé à Christophe : « Christophe, espèce de chien ! Pourquoi obéis-tu aveuglément à ton maître ? »Le geste de Christophe, qui s'apprêtait à fermer la porte, s’est figé brièvement. Il a jeté un dernier regard à l'intérieur de la salle, son visage se marquant d'une ombre de tristesse, puis il a claqué la porte. Le bruit sourd a étouffé les cris et les insultes désespérées de Marie. À l'extérieur, sous un ciel d'encre sombre et menaçant, l'air de cette ville était vivifiant et frais après la pluie. Christophe est sorti de l'hôpital et a envoyé rapidement un message à Léo : « Patron, c'est réglé. »Alors qu'il était sur le point de s'éloigner, une camionnette de prison s'est arrêtée
Sur l'iPad surdimensionné, Clara a aperçu des nouvelles la concernant. Le scintillement de l'écran révélait une scène sous la pluie, capturant un moment fugace mais intense.« Devant l'hôtel, Clara est trempée par la pluie et Léo lui tient un parapluie ! Quelle scène romantique ! »« Vous avez ravivé de vieux sentiments ? », s'est inquiété Augustin, avec une note d'ironie dans la voix.Clara a ressenti un mal de tête imminent. « Non, c'est juste une coïncidence. »En disant cela, elle s’est touché le bout du nez, un geste qui trahissait sa gêne, comme un souffle d'hésitation dans l'air lourd.« Ne le fréquente plus trop, compris ? » Augustin a pointé Clara du doigt, son ton était ferme, presque autoritaire.Clara a acquiescé docilement, la tête légèrement baissée.Il a continué avec une voix grave : « Combien de jours reste-t-il avant la fin de toutes les procédures de votre divorce ? »« Ça fait seulement deux ou trois jours », a répondu Clara en faisant la moue, ses yeux trahissant u
Dans l’atmosphère solennelle de la salle de conférence de l’hôpital, Henri était assis face à Raoul, le père de Marie, à Giselle, sa mère dévouée, et à Louis, qui était arrivé en retard, haletant légèrement. L'importance de l'affaire concernant Marie était palpable, donnant à cet assemblage un air de gravité exceptionnelle. Pour la famille Leroux, qui jonglait habituellement avec des emplois du temps surchargés, leur présence unie en ces lieux soulignait la gravité de la situation.Henri, scrutant les visages tendus devant lui, s’est penché légèrement en avant, prêt à aborder le sujet brûlant. « Concernant le diplôme de Mlle Leroux… », a-t-il commencé d'une voix mesurée.À peine avait-il prononcé ces mots que Giselle s'est insurgée, sa voix vibrante de conviction : « Le diplôme de Marie est authentique ! Il n'y a aucune fraude ! » Sa déclaration, ferme et catégorique, a résonné dans la pièce.Henri, le regard embué d'une complexité émotionnelle, a ajouté alors : « Oui, mais il semble
La question était de savoir qui avait publié ces informations.Cela n'a-t-il pas ruiné la carrière de Marie ?« Alors dis-moi, si ce n'est pas toi, c'est qui ? » Giselle, rouge de colère, s’est écriée furieusement.Pour une mère, voir la carrière de sa fille discréditée était pire que mourir. Elle s'en voulait de ne pas avoir protégé Marie. Elle avait toujours pensé que si Marie était lésée, sa vraie fille devait l'être aussi…« Qui sait, ce n'est peut-être pas votre fille qui s'est saoulée un jour et qui a tout déballé. Quoi qu'il en soit… » Clara s'est approchée d'Henri, a pris la lettre anonyme et l’a regardée. « M. Prévôt, je suis juste venue expliquer que je n'ai pas écrit cette lettre. Si vous enquêtez, je coopérerai jusqu'au bout. » Clara ne montrait aucune hésitation.Elle se moquait de la tromperie et prônait l'intégrité depuis toujours.Il était vrai qu'elle détestait Marie, mais jamais, depuis toutes ces années, elle n'avait songé à lui faire du mal. Ce n'est pas qu'elle éta
D'un mouvement vif, Clara a esquivé, et la main de Giselle a frappé l'air avec fureur. Giselle a froncé les sourcils, l'indignation teintant sa voix : « Comment oses-tu esquiver ? »« Mes parents n'ont jamais levé la main sur moi, qui te crois-tu pour le faire ? », a rétorqué Clara, laissant Giselle sans mots.Le regard de Giselle s'est ancré dans celui de Clara, et, submergée par la colère, elle a éclaté : « Si j'avais une fille comme toi, je… » Sa main tremblante pointait Clara.Avec un sourire narquois, Clara a répondu : « Heureusement que je ne suis pas ta fille. »En effet, si Giselle avait été sa mère, elle aurait préféré sauter d'un immeuble plutôt que d'endurer une telle vie !« Hé, toi ! », s'est exclamée Giselle, hors d'elle.Louis, témoin silencieux de cet affrontement, ne pouvait s'empêcher de remarquer une ressemblance frappante, non seulement dans leur apparence mais aussi dans leur caractère bien trempé.Il a dégluti, observant Clara s'éloigner résolument sans se retourn
Clara semblait résolue à empêcher Léo de perturber l’équilibre familial. Elle se tenait entre lui et la porte, comme un rempart silencieux contre tout intrus.« Bonsoir, M. Robert ! » Théo s’est empressé de se redresser, une pointe de sarcasme perçant légèrement son ton habituellement courtois.« Bonsoir… » Léo s’est incliné légèrement, un geste élégant mais empreint d’une profonde tristesse. En même temps, il essuyait délicatement les larmes qui perlaient au coin de ses yeux.Théo, observateur de nature, a perçu immédiatement l’atmosphère étrange entre les deux, ce non-dit pesant qui flottait dans l’air. Son regard s’est attardé un instant sur les yeux rougis de Léo, mais il n’a pas analysé davantage la scène ; il s’en est détourné rapidement pour revenir à la situation présente.« C’est un véritable plaisir de vous recevoir à cette heure tardive, veuillez entrer », a dit Théo, en faisant un geste élégant vers l’intérieur de la maison.L’invitation a semblé aussi inattendue pour Clara
L’homme la fixait intensément, ses yeux débordant d’émotions infinies. Un silence profond s’est installé entre eux, aussi lourd que la nuit.Clara le percevait, comme elle avait toujours perçu les silences entre eux : cet homme n’avait jamais compris ce qu’était véritablement l’amour.Il était l’héritier d’une grande famille, et ses « je suis désolé » successifs n’étaient que des excuses sans cœur, des paroles vides. C’était un processus qu’il accomplissait mécaniquement, sans véritable émotion.« Tu gères ton mariage comme une entreprise, en exigeant tout, mais sans jamais réaliser que le mariage a besoin d’être entretenu avec amour. Le mariage exige de la patience et de la sincérité, alors que la gestion d’une entreprise est une question de stratégie, de recherche de résultats et d’avantages, et que tout ce qui intéresse tes employés, c’est leur salaire. As-tu déjà pensé aux exigences de ta femme ? »Elle a soupiré profondément, sans même remarquer qu’une larme s’échappait discrèteme
Les yeux de Léo se sont embués un instant, comme si des mots restaient bloqués dans sa gorge, et il a tendu la main, hésitant, pour saisir celle de Clara. Clara l’a fixé intensément. Elle a senti la chaleur de son corps envahir l’espace entre eux, et un tremblement discret s’est emparé de son cœur, qui s’est mis à battre la chamade. Ses yeux ont croisé ceux de Léo, et pendant un instant, elle a perçu qu’une lumière tremblotante, proche de la larme, s’y reflétait.Dans la seconde qui a suivi, Léo a ouvert légèrement ses lèvres, sa voix à peine plus qu’un murmure. Il semblait aussi fragile qu’une bouffée de fumée : « Clara, me détestes-tu à ce point ? » Il a posé cette question d'un air presque pathétique, mais au lieu de la rendre plus douce, Clara s’est faite encore plus froide : « Oui, je te déteste. »Léo, les sourcils froncés, a laissé échapper un soupir amer : « Tu veux que je disparaisse de ta vie complètement ? » Un éclat d’autodérision a brillé dans ses yeux sombres, comme une
« Clara, à quelque titre que ce soit, il est impératif que je sois ici aujourd’hui. » Léo a prononcé ces mots avec une raideur évidente, tentant de reprendre contenance après l’émotion qui l’avait saisi.Il savait pertinemment que Clara le détestait, que la famille Gasmi ne lui réservait aucun accueil chaleureux. Cependant, il se devait tout de même d’être présent pour marquer l’anniversaire de Théo, d’une manière ou d’une autre.Christophe, toujours en retrait, a pris la parole en faveur de Léo : « Mlle Gasmi, aujourd’hui est l’anniversaire de votre père. Nous devons absolument être là pour le célébrer. » Clara a lancé un regard glacial à Christophe, un regard qui en disait long sur l’indésirable intrusion de ses paroles. Christophe s’est tu aussitôt. Léo, d’un geste discret, lui a ordonné de poser les cadeaux qu’il portait et de rentrer l’attendre dans la voiture. Christophe a acquiescé sans protester, s’excusant brièvement auprès de Clara avant de s’éloigner.Léo l’a fixée de nouv
Se pourrait-il que Clara ne soit pas la fille biologique de la famille Gasmi ?Les pensées de Jacqueline se sont dissipées aussitôt, comme emportées par un souffle léger. Alors qu’elle se perdait dans ses réflexions, une voix claire et soudaine l’a tirée de son état songeur : « Jacqueline, viens ici ! »Elle s’est aussitôt précipitée : « Qu’est-ce qui ne va pas, mamie ? »Chloé lui a tendu son téléphone portable. Elle a montré du doigt l’image et a demandé : « Qui est-ce ? Vous avez été photographiés par les paparazzis. Est-ce que vous sortez ensemble ? »L’article sur l’écran disait :« Nolan et Jacqueline aperçus dans la même voiture, Nolan a raccompagné Jacqueline chez elle, sont-ils amoureux ? »Jacqueline a rougi, un peu gênée, mais elle s’est hâtée de répondre : « Non, c’est un malentendu. C’est juste qu’après le travail, il a gentiment proposé de m’accompagner chez moi. C’est tout. »Cependant, au fond d’elle-même, elle devait bien admettre que Nolan était effectivement un homme
Le lendemain, l’anniversaire de Théo est arrivé comme prévu. La maison des Gasmi baignait dans une ambiance festive, les décorations chatoyantes étaient soigneusement disposées un peu partout, rappelant aux invités que l’événement n’était autre que l’anniversaire de Théo, mais aussi, par leur éclat, un message clair : ici, on célébrait dans une joie éclatante.Clara, vêtue d’une robe blanche au style sportif, les cheveux relevés avec simplicité, s’affairait dans la cuisine avec Cindy. En plus des membres de la famille Gasmi, plusieurs amis proches de Théo étaient venus présenter leurs vœux, par exemple les parents d’Esmeralda.Dans le salon, Chloé était assise sur le canapé, accompagnée d’Augustin. Dès qu’ils ont aperçu un invité, ils se sont levés simultanément, un sourire de politesse sur les lèvres.Clara, en se dirigeant vers les parents d’Esmeralda pour leur verser un verre d’eau, a repensé à ce que lui avait dit Esmeralda quelques heures plus tôt. Son avion atterrissait à huit he
Clara a laissé échapper un sourire léger, teinté d’une impuissance évidente. L’humour de Théo avait toujours ce don de la faire rire aux éclats. « C’est une bonne idée ! » a approuvé Cindy, le sourire aux lèvres.Clara a levé les yeux, surprise. À ses yeux, Sally avait toujours été une femme mature, posée. Il était donc étrange de la voir se rallier à ce genre de farce.« Vous allez vraiment mettre Léo à la porte avec les cadeaux qu’il a apportés ? » Clara s’est étonnée, son regard exprimant un mélange de surprise et de légers reproches, « je suis vraiment impressionnée alors. » De toute façon, elle les avait déjà prévenus de l’éventuelle présence de Léo à l’anniversaire de son père, et pour ce qui était de leur réaction demain soir, elle avait décidé de les laisser gérer la situation à leur manière.« J’ai une idée », Théo a adopté soudainement un air plus sérieux, l’ombre d’un plan brillant dans ses yeux.Clara et Cindy ont échangé un regard curieux, attendant la suite. Théo a alo
Léo était toujours là, près de sa voiture. Il l’a regardée s’éloigner, sa voiture traversant lentement le paysage. La vitesse à laquelle elle conduisait était telle qu’il n’avait même pas le temps de distinguer les traits de son visage.Son regard s'est posé ensuite sur le bouquet de roses rouges abandonné dans la poubelle. Un sentiment étrange et douloureux s’est éveillé en lui. Il a réalisé avec une pointe de tristesse combien il était difficile de poursuivre quelqu’un, de courir après un amour qui semblait si lointain. Il s’est demandé, dans un élan d’émotion, si, par un étrange retournement du temps, il aurait pu se glisser dans la peau de Clara et observer de près les années qu’elle avait traversées, seule, abandonnée par lui...Adossé contre le flanc de la voiture, il a baissé les yeux, laissant échapper un soupir. Dans ses pensées, l’impuissance et la confusion se mêlaient dans une danse silencieuse de torture.Finalement, il s’est décidé à retourner à sa voiture. Il en a tiré u
« Clara, que faudrait-il pour que tu acceptes les fleurs que je t’offre ? » Léo s’est avancé vers elle, son ton doux, mais une pointe d’impatience dans ses yeux.Le vent effleurait délicatement son visage ce soir-là, et même sa voix semblait se teinter d’une tendresse insoupçonnée, comme portée par la brise nocturne.Clara a secoué lentement la tête, son regard glacial : « Je n’accepterai plus jamais de fleurs de ta part. »Léo, homme intelligent, a immédiatement compris la portée des paroles de Clara. Il ne s’agissait pas seulement d’un rejet des fleurs, mais d’un rejet de lui-même. Dans sa vie, il semblait qu’elle ne pourrait plus jamais l’accepter.Pour certaines âmes, l'amour une seule fois, une seule blessure, suffisaient à tout effacer. Il n’est pas nécessaire de continuer à souffrir.« Mais je veux réessayer... » Léo lui a tendu de nouveau le bouquet de fleurs.Clara a esquissé un léger sourire. Elle a pris les fleurs d’un geste presque mécanique, sans empressement, mais d’une f