MIDA
J’étais brisée.
Il n’y avait aucun moyen d’y échapper, aucun mot pour décrire ce que je ressentais à ce moment-là. J’étais juste... anéantie, incapable de dire un mot alors que je sentais mon cœur se disloquer en moi. J’avais l’impression qu’une main s’était glissée dans mes entrailles et qu’elle pressait impitoyablement tout ce qu’elle pouvait saisir.
Garian, le gentil, le responsable, bien que mauvais garçon, et prochain en ligne pour devenir Alpha de la meute – en d’autres termes, le loup le plus puissant avec l’apparence d’un dieu grec et un ego plus grand que l’univers – venait de se moquer de moi et de me rejeter si brutalement, et il l’avait fait devant tout le monde. Quel genre d’homme pouvait faire cela à un autre ? À sa compagne ?
— Oh, tu croyais que les choses que nous avions faites dans notre enfance étaient spéciales ? J’avais une longue liste de femmes qualifiées qui tueraient pour être avec moi et qui viendraient grossir la meute. Pourquoi pensais-tu que je me contenterais de toi ?
Garian continua en me jetant un regard dégoûté alors que je le dévisageais avec des yeux remplis de douleur.
Toute ma vie, j’avais anticipé ce jour ; j’avais attendu patiemment, sans même regarder les autres hommes, juste pour pouvoir offrir à Garian le cadeau le plus précieux qu’une femme comme moi puisse offrir à un autre – mon cœur. Et maintenant, j’étais là, mise à l’écart à cause de mon ascendance. Pour lui, tout cela n’était qu’un jeu, je le savais. Il voulait juste voir à quel point il pouvait me briser. J’aurais préféré mourir plutôt que de lui donner la satisfaction de savoir qu’il m’avait blessée plus que quiconque.
— Je dirai aux anciens que j’ai commis une erreur et que je chercherai des compagnes plus... appropriées, dit Garian, me brisant davantage – si c’était possible.
Ma louve hurlait en moi et je me préparais mentalement à affronter les moqueries des autres membres de la meute. Je ressentais une douleur indescriptible, et tout en moi commençait à me faire mal. Le chagrin d’avoir été rejetée par mon compagnon me rattrapait lentement, tandis que le responsable de mon malheur n’avait même pas attendu. Il s’était retourné et était parti tout de suite après m’avoir lancé ces paroles ignobles. Je n’étais pas digne d’un loup comme Garian. Je le savais, et tout le monde le savait aussi. Je n’étais rien à côté de lui.
Les filles comme moi n’avaient rien à faire avec des hommes comme Garian. C’était un dieu du sexe qui marchait, qui respirait, et il n’y avait pas une femme dans l’univers qui ne le désirait pas. Et puis il y avait moi. Personne ne m’avait jamais demandé de sortir avec lui, pas même pour plaisanter au lycée, quand c’était devenu une mode de faire semblant de demander à quelqu’un de sortir avec soi. Garian avait été le seul à se montrer gentil avec moi, me débarrassant des brutes et les faisant fuir, me raccompagnant chez moi et s’assurant que j’étais bien à l’intérieur avant qu’il ne parte. C’est dans cet esprit que nos fiançailles – ou ce que j’avais bêtement considéré comme telles – avaient eu lieu.
Le sorcier de la meute de l’époque nous avait rencontrés dans la rue et nous avait fait une sorte de prophétie. Je n’avais pas compris les mots tels qu’il les avait prononcés, mais depuis, quelque chose en moi s’était éveillé et avait été attiré par Garian. Chaque fois qu’il apparaissait, ma louve ronronnait d’excitation, et je me rendais peu à peu compte que nous étions devenus des compagnons prédestinés. Mais aujourd’hui, le fait était que Garian m’avait rejetée.
Ce fut avec cette pensée en tête que je jetai amèrement mon bouquet par terre et que je me mis à courir. Bien que les invités ne fussent qu’une image floue dans ma vision, je ne pus manquer leurs regards et leurs commentaires acerbes.
Ils riaient, se donnant des coups de coude en disant :
— Elle est faite pour être rejetée. Ses antécédents familiaux en disent long. Les gens comme elle auraient dû être écrasés par des voitures.
— Je ne suis pas désolé pour elle. Je me suis toujours demandé comment et pourquoi Garian se contenterait d’une paria comme elle.
Un paria. Oui, aucun terme ne pouvait mieux me décrire. Mida Fyan, la seule descendante survivante de Rialus, le loup maudit qui avait failli faire disparaître les loups-garous à cause du virus mortel qu’il avait porté toute sa vie. Bien qu’il soit décédé depuis longtemps, les conséquences de son existence pathétique et harassante continuaient de se faire sentir chez ses descendants. Peut-être que Garian n’avait pas tort, peut-être que c’était moi l’égoïste et que je m’en voulais d’avoir envisagé de m’accoupler et de mettre au monde des enfants innocents qui auraient à vivre les mêmes épreuves que moi.
Après avoir passé une trentaine de minutes à courir, j’arrivai épuisée et déshydratée au bord d’une rivière. Je m’assis sur un tronc d’arbre creux recouvert de mousse, et je regardai la mare d’eau cristalline en forme de cœur qui se trouvait devant moi.
D’une voix brisée, je pleurai aussi fort que possible. Je laissai mes sentiments sortir de ma gorge sous forme de sons gutturaux et de cris, et je dus admettre que cela me faisait du bien de faire cette crise toute seule au bord de la rivière.
C’était le genre de douleur qui vous disait que vous aviez épuisé votre énergie de secours et que l’espoir se perdait dans le vide. C’était comme si une partie de moi était déchirée. Les barrières que j’avais passé des années à ériger autour de mon cœur, en me disant que je ne me souciais pas de ce que les autres pensaient de moi, s’étaient effondrées lorsque j’avais enfin appris que tous les hommes – même des inconnus – me trouvaient également répugnante.
Je voulais abandonner, et c’était exactement ce que je fis.
Mais je n’avais pas renoncé à moi-même. La meilleure revanche, disait ma mère était de rassembler les morceaux de sa vie une fois que les autres l’avaient déchiquetée et d’en faire un beau tableau.
Sans cela, je n’aurais pas pu obtenir l’énergie temporaire et renouvelée qui me permit de rejoindre ma petite chambre à l’auberge du centre-ville, où je travaillais comme femme de ménage.
La nuit s’était écoulée dans le flou et je me réveillai avec le chagrin qui pesait lourdement sur ma poitrine. Les rayons du soleil du petit matin passaient à travers les rideaux de dentelle de la chambre, et tout ce que je voulais, c’était tirer l’oreiller sur ma tête et oublier ce qui s’était passé la veille.
Mais c’était impossible, pas quand tout repassait en boucle dans ma tête. Une fois mes yeux ouverts, un rire de dégoût s’échappa de mes lèvres. J’appuyai ma tête contre le bois dur du lit, sentant l’humidité sur mes joues. Pathétique. C’était tout ce que j’étais. Ma poitrine me faisait si mal que j’avais l’impression qu’elle allait éclater sous l’effet de toute la souffrance refoulée à l’intérieur de moi.
Père, le seul homme qui avait jamais montré une once d’amour pour moi, n’était plus là. J’avais envie de pleurer, mais j’avais déjà versé la plupart de mes larmes la veille. De plus, j’avais appris que sangloter ne changeait rien, pas plus que se blottir sous une couverture et se cacher dans son lit toute la journée. Je me devais plus que des larmes, plus que le déni.Mais la fraîcheur de mon chagrin d’amour tournait encore dans mon ventre, et il y avait ce rire de dégoût de soi qui s’échappait de ma bouche lorsque je me douchais. Ma peau était sensible, et le moindre contact provoquait une onde de douleur, comme si on y plantait simultanément un millier d’aiguilles.Je n’allais certainement pas m’en remettre de sitôt, mais j’allais faire un excellent travail pour ravaler ma peine.Alors que je sortais de la pièce après m’être habillée rapidement, je trouvais Jake, mon collègue, les yeux rivés sur l’écran de télévision, les cheveux froissés et la peau sèche, signe évident qu’il ne s’é
L’hôtesse d’accueil nous fit entrer dans le manoir. Dans l’une des pièces, une longue table trônait en son milieu, entourée d’au moins dix chaises. Aucune n’était occupée car tout le monde dans la pièce était debout. Dès que Gemma et moi sommes arrivés et avons pris place, elle ordonna aux autres de faire de même.— Quelle est la situation actuelle de la seizième région ? demanda Gemma.— La situation est en train de dégénérer, dit l’un des membres. Une grande partie des humains demande la libération de Darcy. Nous avons essayé de les convaincre qu’elle est bien coupable, mais en vain. Les familles des défunts veulent que justice soit faite, immédiatement, et avec des preuves.— Quelle preuve, Xavier ? demanda Gemma au membre qui avait pris la parole.Xavier jeta un coup d’œil à ses compagnons avant de répondre.— Ils veulent voir le corps de l’humaine. La Région veut une preuve de sa mort.Un autre ancien de la meute, Damian, que je n’aimais pas beaucoup – bien que je n’aimais aucun
MIDASi je pensais que mes ennuis se terminaient avec le rejet déprimant et humiliant de mon compagnon et les récentes rumeurs de guerre qui couraient dans la ville, je me trompais lourdement.Il était trois heures du matin lorsque je rentrai de mon service de nuit, impatiente de réchauffer les restes de la soupe du dîner et de les manger devant la vieille télévision que j’avais déterrée d’un tas d’ordures la semaine précédente. Mais lorsque j’atteignis l’entrée de ma petite chambre, j’entendis la sonnette d’alarme se déclencher dans ma tête. Ma porte était entrouverte. Le cœur battant contre ma cage thoracique, j’ouvris la porte. Qui voudrait me voler ?Il faisait sombre à l’intérieur, et dès que j’entrai, la porte se referma de force derrière moi. Je me retournai et vis trois hommes corpulents qui se tenaient devant moi. — Que se passe-t-il ? demandai-je. Qu’est-ce que vous voulez ? — Nous avons reçu l’ordre de t’emmener, par tous les moyens nécessaires, dans la région de Haran
— Eh bien, je dois l’être puisque c’est ce que tu m’as fait comprendre hier. Alors, tu as peut-être raison !Je laissai exploser ma rage. — Peut-être devrais-tu ajouter cela à la liste des raisons pour lesquelles tu penses que je ne suis pas assez bien pour toi ! Garian grimaça, visiblement affecté par mes paroles. — Ne fais pas ça, prévint-il.— Faire quoi ? C’est la vérité, n’est-ce pas ? Tu me détestes, mais il fallait que tu le dises clairement devant le monde entier. Je ne sais pas à quel point cela a dû être satisfaisant pour toi, mais je suis contente d’avoir pu te divertir aussi longtemps. Je plissai les yeux. En réponse, il fit un pas vers moi, réduisant la distance qui nous séparait, au point que mon torse se retrouva pressé contre le sien, et malgré mon angoisse émotionnelle, je sentis mon cœur battre la chamade. Le loup de Garian était dans ses yeux, une bête dangereuse qui ne devrait pas faire bouillir mon sang comme elle le faisait.Mais il y avait une douceur dans c
Mais c’était le monde réel. Je devais simplement masquer ma douleur par de l’indifférence, mais je n’allais pas leur faire de faveurs, et je lâchai donc le morceau :— Non, je ne vais pas faire ça. Chapitre 5GARIANLa gravité de la situation pesait lourdement sur moi. Un poids solide tira sur mes épaules et traversa ma conscience comme un éclair. La seule personne capable de nous aider à mettre un terme à cette maladie était la même personne que j’avais publiquement rejetée. Le refus de Mida de le faire était entièrement de ma faute. Je regardai les autres membres du Conseil. Leurs visages étaient plus ou moins choqués et effrayés, déformés par la colère et le dédain. Gemma, qui venait de prendre sa défense, s’approcha d’elle comme s’il s’agissait d’une sale humaine qui aurait pénétré dans le sanctuaire de notre meute. Ses yeux se mirent à briller et son dos se courba vers l’avant. Sa respiration était saccadée et elle luttait pour retrouver son calme. Elle ouvrit la bouche pour d
— Fais mieux ! m’emportai-je avant de me remettre en mouvement avec la meute. C’était peut-être mon travail de la protéger, mais elle ne me facilitait pas la tâche !J’ignorais si nous avions tous commencé à avancer plus lentement ou si elle avait accéléré son rythme. Nous avons commencé à bouger de manière plus fluide et sommes restés ensemble. Il ne fallut pas longtemps pour qu’elle m’énerve à nouveau.Mida n’arrêtait pas de regarder autour d’elle et de froncer les sourcils. Au début, je crus que c’était de la peur, car j’étais sûr qu’elle n’avait jamais été autorisée à quitter sa maison. La plupart d’entre nous avaient toujours eu un rôle à jouer dans leur meute. Puisque Mida n’avait pas de meute, elle n’avait jamais dû aller aussi loin que ces bois ou les dépasser.— Tu vas arrêter ça. On dirait une gamine agitée. Je m’attendais à ce que tu sois une gêne, mais tu dépasses déjà mes attentes, rétoquai-je lorsque je me sentis incapable de supporter une seconde de plus son comportemen
Je commençai à m’éloigner. Elle n’était même pas une compagne digne de ce nom et avait été rejetée pour une bonne raison. De plus, on m’avait ordonné de le faire et je suivais les ordres. Cela n’atténuait pas la culpabilité que je ressentais en la voyant. Elle n’aurait pas dû être affectée si rapidement, et ce simple fait me mettait mal à l’aise. La frustration bouillait en moi, alors j’accélérai mon rythme pour essayer de me concentrer sur autre chose que Mida. Je courus de plus en plus vite jusqu’à ce que mes muscles soient en feu. Je m’arrêtai pour reprendre mon souffle et sentis la tension dans ma poitrine s’atténuer. En regardant autour de moi, j’aperçus un ruisseau tout proche et je m’en approchai pour me désaltérer ; je voulais que la paix qui m’entourait fasse partie de moi.Je n’avais aucune idée du temps que j’avais passé au bord de l’eau. Je regardais les oiseaux descendre en piqué pour attraper de l’eau dans leur bec et j’apercus quelques poissons assez gros. J’étais venu
MIDASi je m’étais considérée comme brisée auparavant, je ne pouvais imaginer ce que je ressentais maintenant. Chaque pas que je faisais dans la forêt de L’Etoile du Nord me donnait l’impression de patauger dans la mélasse. Je sentais que mon corps était faible et mes pensées tournaient en rond dans ma tête, espérant trouver un point d’appui. J’étais terrifiée, immobile, contemplant l’horreur qui m’entourait. Quelque chose de grand et de féroce avait déferlé ici, mettant fin si sauvagement et si rapidement à tant de vies. Je voulais courir aussi vite que possible pour m’enfuir avant qu’elle ne revienne. Je voulais que mes jambes bougent, mais elles refusaient. Je sentis tout mon corps vibrer tandis que la panique parcourait mes veines à la vitesse de l’éclair. Garian posa un regard intense sur moi, et j'aurais pu prendre son aide pour me relever et sa question sur mon état comme de la préoccupation, si je ne le connaissais pas mieux. Le fait que je sois la seule survivante de l’atta
Quelques jours plus tard, sous la lumière du jour déclinant, Mida se tenait en haut des escaliers menant à la maison principale, une petite couronne nichée au sommet de sa tête et sa robe dorée scintillant à chacun de ses mouvements. Je me tenais à côté d’elle, la tête haute, vêtu d’un pantalon et d’une chemise assortis.Tous les membres de la meute de L’Etoile du Nord étaient présents et nous regardaient avec admiration et émerveillement. Petit à petit, nous allions lui redonner sa gloire d’antan, en commençant par renouveler les termes du pacte avec les humains et en terminant par la recherche des sorciers de Saint Creek et leur demander des comptes pour le rôle qu’ils avaient joué. Aujourd’hui marquait le début d’une nouvelle ère, une ère qui, je l’espérais, apporterait beaucoup de prospérité et de changement, ainsi que la paix. Mon cœur se gonfla de fierté et de chaleur lorsque Mida porta une main à sa poitrine et récita les anciens vœux en latin.Une fois qu’elle eut terminé et q
GARIAN— Dernière chance de changer d’avis, dit Mida, les yeux pétillants de malice et d’humour. Une fois que tu auras fait ça, tu seras coincé avec moi pour toujours.Je souris en repoussant son voile. — Je ne peux rien imaginer de mieuxMida haussa un sourcil, une vision dans sa robe de mariée longue avec un décolleté plongeant et des bordures en dentelle. — Tu en es sûr ?J’acquiesçai avant de prendre ses deux mains dans les miennes. — Absolument.Les lèvres de Mida s’ouvrirent en un sourire époustouflant. — Bien, parce que je ressens la même chose.Je portai ses mains à mes lèvres et je déposai un baiser sur chaque articulation. Lorsque j’eus terminé, je glissai son bras dans mon coude et me retournai pour faire face au prêtre. Debout aux abords du cimetière, en présence de la meute de L’Etoile du Nord et sous la lumière de la pleine lune, nous échangeâmes nos vœux. La voix de Mida était sûre et régulière pendant tout ce temps, et elle résonnait dans ma tête. Une fois que nou
Puis elle écarta ses jambes et les remonta à ma taille. Je relâchai ses bras avant de lécher son cou. Lorsque ma bouche s’ouvrit et que j’enfonçai mes dents dans sa peau, Mida siffla. Je fermai les yeux et grognai dans sa peau, l’air entre nous se chargeant et s’alourdissant. Petit à petit, je reculai pour m’essuyer la bouche du revers de la main.La marque d’accouplement sur le cou de Mida brillait contre sa peau.Elle gémit faiblement et m’attira vers elle. Je goûtai le désir sur ses lèvres et passai une main entre nous. Avec un grognement, j’enfonçai un doigt entre ses plis humides, puis un autre. Quand elle commença à bouger et à se frotter contre moi, je la caressai, lentement d’abord, puis de plus en plus fort jusqu’à ce qu’elle se torde et se tortille contre moi.Je mis de côté mes propres besoins au profit des siens.Je voulais prolonger le moment autant que possible.Dès que je reculai pour la regarder, la vague d’émotion dans ma grandit et se déploya. Sa peau luisait de sueu
GARIANJe balayai tous les papiers de mon bureau avant de le regarder tomber sur le sol avec un bruit sec. Je ramassai ensuite la bouteille qui se trouvait sous mon bureau et je me servis une bonne dose de whisky. Après l’avoir avalée, je jetai la bouteille contre le mur et je la regardai se briser en mille morceaux.Pourquoi cela se produisait-il ?Pourquoi Mida voulait-elle me quitter ?Après tout ce que nous avions vécu ensemble, y compris le combat contre une famille avide de vengeance qui avait presque déchiré ma meute en deux et détruit ma mère, je ne pouvais pas croire que c’était ainsi que les choses devaient se dérouler.Ce n’était pas possible.Trop de choses avaient été perdues.Trop de choses avaient été sacrifiées.Et j’avais besoin de Mida à mes côtés pour devenir l’Alpha dont la meute de L’Etoile du Nord avait besoin.Déjà, des rumeurs circulaient sur mes capacités et sur le fait de savoir si j’allais ou non être capable de les diriger dans une période aussi précaire. N
Je n’aimais pas être aussi vulnérable, ni avoir l’impression que mon destin dépendait de Garian et des caprices de sa meute.Parce que ce n’était pas ma meute.Et j’ignorais si les considèrerai un jour comme miens.— Tu veux partir, comprit Garian, une myriade d’émotions dansant sur son visage. Après tout ce que nous avons vécu ensemble et tout ce que nous avons accompli. — Quand on m’a parlé de la prophétie, tout ce que je voulais, c’était prouver ma valeur et aider la meute. Je voulais être considérée comme plus qu’un handicap ou une bombe à retardement. Garian croisa les bras sur sa poitrine. — Et maintenant que tu as accompli cela, tu ne peux pas rester. — Dit comme ça, ça a l’air terrible.Garian se passa une main sur le visage. — Aide-moi à le formuler de manière à ce que je le comprenne, car tout ce que je vois, c’est que tu veux t’enfuir.— Je n’essaie pas de m’enfuir, protestai-je. C’est juste que je ne pense pas pouvoir trouver la paix ici.— L’Etoile du Nord est ta meu
Lorsque je fus assuré que sa dernière demeure n’avait pas été dérangée, j’allumai un feu. Tous les quatre, nous relayâmes auprès de la flamme, de sorte que l’endroit tout entier s’embrasa bientôt dans un flamboiement rouge et orange. Engloutie par les flammes impitoyables, la pièce commença à se remplir de fumée, la puanteur de la décomposition emplissant bientôt l’air.Je conduisis les loups hors de la tombe et dans le cimetière, où nous nous mîmes pour attendre. Peu à peu, les flammes s’intensifièrent et une épaisse fumée noire envahit l’air. En fronçant les sourcils, je croisai les bras sur ma poitrine et attendis.A côté de moi, les autres loups firent de même.Même si brûler la tombe de Rialus n’allait pas ramener ma mère ou réparer les dégâts causés par la quête de vengeance de Ryan et Sirius, cela permettait au moins d’éviter que cela ne se reproduise. En tant que nouveau chef de la meute de L’Etoile du Nord, il était de ma responsabilité de veiller à ce que la malédiction de R
— Si c’est ce que Mida a ressenti pendant tout ce temps, alors elle est assez forte pour être ta Luna, déclara ma mère, et même si son approbation me remplissait joie, elle me rendit prudent. Je savais que ma mère était malade, mais elle n’avait jamais parlé comme ça et avait peut-être ressenti la même peur que moi. — Comment va-t-elle ?La question de ma mère me sortit mes pensées. — Elle reprend des forces au fur et à mesure que nous parlons. J’étais fier de l’annoncer. — J’aurais dû t’écouter quand tu as dit que le Conseil était la pomme pourrie, et j’aurais dû te laisser avec elle. Je suis désolée, mon fils, avoua-t-elle avec des larmes qui dansaient au bord de ses yeux. — Ne t’inquiète pas, mère. Plus rien ne se mettra en travers de mon chemin. Avec ta bénédiction, nous pouvons changer les choses et faire en sorte que cela ne se reproduise plus. — Garian, dit doucement ma mère en me lançant un regard qui me glaça de peur. Je vais te donner plus que cela. dit-elle en me ten
— Je vais bien, je réfléchis. Comment allez-vous, les autres et toi, à la maison ? ajoutai-je, ne voulant pas l’interroger sur les choses que je voulais vraiment savoir. Je n’avais plus aucune idée de ce que nous représentions l’un pour l’autre. Quand il se passait tant de choses autour de nous, nous n’avions pas le temps d’y penser. Maintenant, je ne pensais plus qu’à ça, et c’était plus bouleversant que d’avoir été en prison. — Tout le monde va bien et ils n’arrêtent pas de demander comment tu vas. Le concert a rassemblé beaucoup de monde et de gens de notre espèce, et ils envisagent de créer un événement annuel comme celui que j’ai organisé chaque année, expliqua Garian avec un sourire, mais ses yeux racontaient une autre histoire. Je décidai de lui laisser le temps de me répondre, mais je reviendrais bientôt à la charge s’il ne le faisait pas. — Il y a de quoi être fier. Alors mon sang n’a pas déclenché l’apocalypse des loups-garous ? demandai-je, voulant être sûre.— Non, ce n
Je sentis Garian effleurer mes lèvres. — Mida, je suis désolé. Je t’en prie, reste éveillée.Son air inquiet me fit paniquer. — Garian, je vais bien. Ne t’inquiète pas trop, répondis-je pour le tranquilliser, mais mes paroles bredouillées m’inquiétèrent. Je me sentais étourdie, et rien ne me semblait réel. La douleur que j’avais ressentie avait disparu, et j’avais l’impression d’avoir rêvé. Il ne me restait plus qu’à fermer les yeux et à savourer le bonheur d’être dans ses bras. Cela m’avait toujours rendu plus forte. Une petite sieste serait-elle vraiment si mauvaise ? J’avais juste besoin de quelques minutes...Je me sentis sombrer dans le sommeil le plus paisible que j’avais jamais connu. Mon corps se détendait et me plongeait dans un profond sommeil dont je ne pus profiter qu’un instant avant de sentir mon corps tressaillir et mes yeux s’ouvrir. — Qu’est-ce que c’est que ce bordel ! dis-je avec irritation en levant les yeux vers Garian et Gemma.— Mida, ce n’est pas le moment