Retour à la réalité

Je pense que cette journée est juste bizarre car vraiment comment cela est-il possible? D'habitude, il ne se passe rien ou pas grand chose et là j'ai l'impression d'observer ma vie comme s'il s'agissait d'une série.

Je n'arrive pas à me concentrer sur mon cours de français et c'est vraiment pénible car les examens approchent et comme je choisis la section littéraire l'an prochain mes notes doivent être parfaites. Je sens par moment les regards de Romain sur le côté de mon visage et également ceux de Sam et plus loin ceux cuisants de Séréna. J'espère juste que cette peste ne va pas me pourrir la vie même si j'ai de bonnes relations avec la direction grâce à ma famille, je n'aime pas jouer cette carte car j'aime gérer mes problèmes par moi-même.

L'interclasse arrive enfin, respirer de l'air frais calmera peut-être mes nerfs à fleur de peau. Enfin, j'espère.

Je sors de la salle avec Céline, heureusement, Romain et Sam discutent ensemble sans se soucier de ma présence. Jonathan n'est pas encore sorti, ce qui me permet de prendre 2 secondes de répit, je suis contente de son attention mais je n'étais clairement pas préparée à ça aujourd'hui. 

Je l'aperçois sortir de sa classe et il cherche quelqu'un du regard, dès que ses yeux se posent sur moi, un grand sourire apparaît sur son visage, il est vraiment adorable, il n'y a pas à dire.

Il s'approche de moi doucement, et m'attrape la main pour m'emmener à l'endroit de ce matin où il m'a embrassée. J'avoue que je ris nerveusement car vraiment ma vie ressemble à un rêve aujourd'hui. Une fois à l'abris des regards, il me tire contre son corps et je relève le visage pour le regarder. L'intensité de son regard me déstabilise, et en quelques secondes ses lèvres trouvent les miennes, ce n'est pas le même baiser que ce matin, celui-ci est doux et intense, et me fait fondre complètement, et là je sais que je suis foutue. On détache nos lèvres et il appuie son front contre le mien. Il a les yeux fermés, sa respiration est aussi saccadée que la mienne, il en profite pour me dire:

-On doit bientôt retourner en classe, on sort ensemble du collège?

-Oui, avec plaisir, le premier qui sort attend l'autre?

-Stp oui. Je veux pouvoir te dire au revoir correctement. dit-il en me faisant un clin d'oeil .

Ce garçon sera ma perte s'il continue comme ça. On retourne vers nos classes ensembles, main dans la main. Et ce que nous ne savions pas c'est que quelques personnes attendaient pas loin. Heureusement que nous n'étions pas restés longtemps, sinon je serai foutue. Les élèves nous regardent de façon insistante et les filles ont clairement envie de me tuer je crois. 

Jon me lâche la main et retourne avec sa classe et je fais de même. Céline me regarde avec un grand sourire et attend clairement des détails.

Je préfère ne pas me retourner car je sens le regard de Jon dans mon dos, et je sais que je vais rougir si je le surprend. Céline est une vraie pile et trépigne d'impatience pour savoir ce qu'il s'est passé entre Jon et moi. Pourtant, elle a l'habitude de ce genre de choses, elle a plusieurs petits copains donc , je pense qu'elle maîtrise ça mieux que moi. Mon cerveau et mon corps sont encore en train d'assimiler ce qu'il se passe aujourd'hui. Et là Mr Verdun  revient et je suis vraiment contente d'échapper à son interrogatoire ppur le moment, même si je sais que je vais être cuisinée ce soir au téléphone. Je profite de mon répis avec joie.

Je retourne à ma place et Romain est déjà installé, et son regard ne m'inspire rien qui vaille. Pourquoi s'est-il remis à côté de moi si ma présence le dérange? Je m'installe, et j'ouvre le livre à la page où nous en étions. Il me regarde toujours comme si une deuxième avait poussé sur mes épaules et j'essaie de garder mon calme. 

-Pour cette deuxième heure, vous allez travailler avec votre camarade de table, vous allez devoir faire une suite de la pièce avec ce que vous savez des premiers actes, pour ceux qui ont fini de lire la pièce, ce travail consiste à un travail d'imagination et d'expression écrite donc merci de ne pas retranscrire la suite réelle. Intervient Mr Verdun.

Je crois que vraiment aujourd'hui, je suis autant maudite que bénie ce n'est pas possible autrement. Je rêve depuis plus d'un an que Romain me remarque comme plus qu'une amie et voilà que le jour où cela se produit, je viens d'être embrassée par un autre garçon que j'apprécie également. Il faut que j'arrive à me concentrer vraiment.

Je regarde Romain pour la première fois depuis notre retour dans la salle, et je lui demande:

- euhhhhh, Romain, mmhhh, tu veux que je prenne des notes?

Ses yeux se posent sur les miens et ce que je vois me perturbe. J'y vois de la souffrance et cela me déconcentre, pourquoi semble-t-il souffrir?

-Tu vas bien?

-Oui, oui, je viens que tu écrives, ton écriture est plus belle. répond-il tout doucement.

Mes yeux vont sortir de ma tête je crois, je ne m'attendais pas à un compliment. Je hoche la tête pour confirmer, et je prends une feuille et stylo.

-Claire, on peut se voir ce soir après qu'on soit rentré? 

Je relève les yeux et je le regarde pour vérifier que c'est bien lui qui me parle.

-Euhhhhh, oui mais rapidement, tu connais mon père. Je lui dirai, que j'ai oublié un de mes livres et que tu m'as dit de passer récuperer le tien.

-Super, merci. On commence?

- Oui c'est préférable, car il faut que j'assure aux examens, si je veux faire littéraire l'an prochain.

-Alors faisons en sorte que tes rêves deviennent réalité. Murmure-t-il à mon oreille, ce qui déclenche des frissons.

La porte s'ouvre et la secrétaire s'approche de notre professeur, c'est rare que quelqu'un des bureaux rentre dans les classes. Je les vois chercher quelqu'un du regard quand ceux de mon professeur s'arrête sur moi.

-Melle Pausé, rassemblez vos affaires, si vous oubliez quelque chose votre camarade vous les donnera plus tard ou demain. Mme Vivian vient vous récupérer pour que vous partiez avec votre mère.

Je les regarde stoïque car je ne comprends pas ce qui se passe, Romain me serre la main et me dit de prendre simplement mon sac qu'il me ramènera le reste.