Le début du cauchemar

Je finis de fermer mon sac et je sors avec la secrétaire, je sens les regards de mes camarades plein d'interrogations et je vois la tristesse dans celui de Mr Verdun. Je me demande ce qui se passe, maman ne viendrait pas me chercher pour rien, surtout en plein milieu de ma dernière de cours. Ma tête est pleine de questions et je sens mon anxiété monter considérablement.

On rentre dans le bâtiment principal et je vois ma mère qui m'attend. 

-Mme Pausé, dit Mme Vivian, vous pouvez partir avec Claire, je vous ferai parvenir les papiers par mail afin de ne pas perdre de temps, comme le registre est signé, ce n'est plus que des formalités.

-Merci, répond ma mère d'une voix que je ne reconnais pas, ce qui m'inquiète un peu plus.

Je pars avec ma mère, une fois hors de l'enceinte du collège, je vois mon père au volant de la voiture. Je suis surprise car je pensais qu'elle était venue seule. Nous entrons dans la voiture et papa démarre.

-Que se passe-t-il pour que vous veniez me chercher au beau milieu de mon dernier cours, vous m'inquiétez.

-Ma puce, papa ne va pas bien et nous devons l'emmener à l'hôpital, vu ce qu'il se passe à la maison, les médecins ont demandé à ce que tu nous accompagnes.

-Papa? qu'est ce qui ne va pas? 

-J'ai peur de vous faire du mal ma chérie, aujourd'hui je n'arrivais pas à me calmer et j'ai failli taper maman si ton frère n'était pas arrivé. Il a appelé son ami d'enfance qui travaille à l'hôpital et elle nous a donné le numéro du service psychiatrie qui peut m'aider. Comme tu es celle qui souffre le plus de cette situation avec ta mère, les médecins veulent voir comment tu vas par rapport à tout ça.

-Ils vont te garder?

-Oui, c'est mieux pour le moment, pour que maman et toi soyez en sécurité.

-D'accord. Je ne reconnais pas ma voix, elle est chevrotante et à peine audible. Je savais que la situation était compliquée mais je n'imaginais pas que c'était à ce point, j'ai bientôt 15 ans et je sais que parfois les évennements dépassent mes connaissances mais j'avoue que je pensais plus que mes parents auraient fait un breack, pas que papa était malade.

Maintenant, que nous avons mis au clair la situation, j'envoie rapidement un message à Jon pour le prévenir de mon absence et à Céline pour qu'elle sache que ce n'est pas si grave que ça.

J'envoie un message également à Romain, car il doit s'inquiéter et étant donné qu'il me récupère mes affaires, je lui dois bien ça.

Je suis dans un état second pendant que nous roulons en direction de l'hôpital psychiatrique de Lyon, c'est bizarre de se dire qu'on ne rentrera pas avec papa ce soir. Je suis contente que mon frère est vu ce qui se passe et qu'il ait été là pour aider maman et papa. Papa prend la chose plutôt bien je trouve, sachant qu'il accepte qu'on l'aide. Notre famille ne va pas peut-être pas si mal au fond, on a juste besoin d'être là les uns pour les autres.

D'un coup, maman se racle la gorge pour nous parler,

-Claire, avant que l'on arrive à l'hôpital, ton père et moi, devons te parler d'autre chose.

J'avoue que je panique un peu au son de la voix de maman, que se passe-t-il encore?

-Oui dites-moi.

-Eh bien, tu sais que nous sommes une famille très croyante et pratiquante;

-Oui, c'est dur de ne pas le savoir.

-Voilà, cela te concerne directement, on aurait dû t'en parler avant mais on avait peur de ta réaction.

-Maman, tu me fais peur.

-Ne t'inquiète pas ce n'est rien de grave. Tu es la seule de nos enfants à être née à La Réunion comme tu le sais, du coup ton lien avec nos familles est plus fort que celui de tes frères et soeurs. Depuis que tu es petite, tu es différente d'eux, tu l'as toujours été, tu es plus intuitive, plus sensible et surtout tu sais des choses avant qu'elles ne se produisent. C'est pour ça que dans un sens, nous sommes contents qu'il ne faille pas te forcer pour aller à l'église.

Tu as souvent entendu les prêtres que nous contoyons, dire que tu es bénie de Dieu et que tu rayonnes. Ils disent cela car nous leur avons parler de ce qui t'est arrivée lors de la mort du père Charles, qu'il est venu te dire au revoir à l'heure de son décès et de ta réaction lorsque l'hôpital nous a appelé pour nous le signaler.

Les prêtres et nous aussi, pensons que tu as des dons, tu peux parler aux défunts et les aider, tu vois également certains évennements qui peuvent se produire.

Surtout ne t'en fais pas, ce n'est pas mauvais, c'est juste qu'il vaut mieux que tu en parles le moins possible, car tes dons sont convoitées et que des personnes mal intentionnées pourraient vouloir que tu les utilises pour faire le mal.

Jusqu'à maintenant, ton papa et moi, avons tout fait pour te protéger du mieux qu'on pouvait mais malheureusement, tu deviens de plus en plus forte et la puberté déclenche de nouvelles capacités qui maintenant ne peuvent plus rester cachées. C'est pour cela que depuis plusieurs années, je tombe malade plus facilement et que papa ne maîtrise plus ses excès de colère. Le mal essaie de t'atteindre pour que tu le rejoignes et il nous affaiblit pour que nous ne puissions plus te guider vers la lumière. Tes frères et soeurs savent que tu es différente et t'aident du mieux qu'ils peuvent, mais aujourd'hui il est temps que tu apprennes à te protéger.

Je reste sans voix, je savais que j'étais différente de ma famille mais avoir des dons, je ne l'aurai pas imaginé, je pensais qu'il s'agissait simplement de petites choses ici et là , pas que cela aurait un impact si grand sur ma vie et mes proches.

-Ma puce, tu vas bien?

-Je ne sais pas.

-Claire, dit papa, on en reparlera mais prends le comme un cadeau, pas comme une punition. Quand j'irai mieux, je t'expliquerai plus de choses.

-D'accord. 

Mon esprit est embrouillé de plus en plus, mais qu'est ce que c'est que cette journée? Puis-je avoir 5 minutes de répit?