La voix autoritaire de Jonathan résonna dans la cage d’escalier, un écho grave et tranchant qui semblait vibrer contre les murs froids. Elle sentit ses jambes trembler sous l’effet de cette intonation impérieuse, comme si le son seul avait le pouvoir de la clouer sur place. Elle s’immobilisa instantanément, la mâchoire serrée si fort qu’elle en ressentit une douleur sourde dans les tempes. Une bouffée de frustration monta en elle, chaude et suffocante, comme une vague qui menaçait de la submerger. Ses poings se crispèrent instinctivement, ses ongles s’enfonçant dans ses paumes, tandis qu’elle luttait pour reprendre le contrôle de son souffle, court et irrégulier.
Elle baissa les yeux sur ses bottines, ces maudites bottines dont les talons claquaient à chaque pas, amplifiant le bruit dans cet espace étroit et résonnant. Le son, de plus en plus insupportable, semblait trahir sa présence à chaque mouvement, comme une alarme qu’elle ne pouvait éteindre. Lentement, avec des gestes presque mécaniques, elle se pencha pour les retirer, ses doigts engourdis par le froid et la tension glissant sur le cuir humide. Elle les ôta délicatement, une à une, les posant sur une marche avec un soin exagéré, comme si ce simple acte pouvait la rendre invisible. Le contact glacial du sol sous ses pieds nus la fit frissonner, mais elle serra les dents, refusant de céder à l’inconfort.
Elle entendit alors les pas de Jonathan descendre, lourds et décidés, chaque impact résonnant comme un compte à rebours implacable. Son cœur s’accéléra, et elle se remit en mouvement, longeant les marches glissantes avec une prudence désespérée. Elle collait son corps au mur, sa main effleurant la rambarde humide pour garder l’équilibre, ses doigts crispés autour du métal froid. Il ne manquerait plus que ça, qu’elle tombe, se répétait-elle en boucle, l’idée d’une chute ajoutant une couche d’angoisse à son esprit déjà saturé. Elle jeta un coup d’œil furtif à sa montre, le cadran lumineux révélant l’heure avec une cruauté silencieuse : elle était en retard, désespérément en retard. La panique monta d’un cran, et dans un instant d’inattention, son pied glissa sur une marche traîtresse. Elle tenta de se rattraper, mais son corps bascula en avant, et elle manqua la dernière marche, s’écrasant violemment au sol dans un bruit sourd.
La douleur explosa dans son genou et irradia dans toute sa jambe, un éclair brûlant qui lui arracha un gémissement étouffé. Elle se redressa péniblement, le souffle court, ses mains tremblantes tâtonnant le sol pour retrouver un appui. Elle sentit une chaleur poisseuse sous ses doigts – une éraflure, sans doute – mais elle n’avait pas le temps de vérifier. Relevant les yeux, elle aperçut Jonathan au sommet de l’escalier, sa silhouette imposante se découpant dans la faible lumière. Elle se débattit intérieurement, la colère et la peur se mêlant en un cocktail amer, tandis qu’elle serrait les dents pour ne pas lui donner la satisfaction de l’entendre crier. D’un coup sec, elle dégagea son bras d’une emprise imaginaire, comme si elle pouvait encore sentir ses mains sur elle, et se releva avec une détermination farouche. Elle s’éloigna d’un pas précipité, le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine, refusant de lui adresser un mot, un regard.
Le vent froid la frappa de plein fouet lorsqu’elle poussa la porte du bâtiment, une bourrasque glaciale qui lui coupa le souffle et fit voler ses cheveux en désordre autour de son visage. La neige recommença à tomber, plus dru cette fois, les flocons épais et lourds se mêlant à la brume de ses pensées, brouillant sa vision comme un voile opaque. Elle cligna des yeux pour chasser les cristaux qui se posaient sur ses cils, ses joues déjà rougies par le froid mordant. Chaque pas vers sa voiture était une lutte, ses pieds nus glissant légèrement sur le sol gelé, ses bottines oubliées dans l’escalier derrière elle.
– Tu préviens tes parents ou j’appelle ton père pour m’inviter ? lança Jonathan depuis le seuil, sa voix joyeuse perçant le silence oppressant, presque criarde dans son assurance insolente.– Va chier ! répliqua-t-elle sèchement, les mots jaillissant de sa gorge comme un venin, sans même se retourner. Des larmes brûlantes commencèrent à couler sur ses joues, traçant des sillons chauds dans la peau gelée de son visage. Elle accéléra le pas, trébuchant presque, ses mains tremblantes cherchant à tâtons la poignée de sa petite Twingo bleue. Elle se glissa à l’intérieur en claquant la porte derrière elle, verrouillant immédiatement les portières comme pour ériger une barrière entre elle et le monde extérieur. Elle était terriblement en retard, et cette pensée tournait en boucle dans son esprit, amplifiant son désespoir. Épuisée, elle se laissa tomber contre le volant, son front appuyé sur le plastique froid, son visage noyé dans un flot de larmes qu’elle ne pouvait plus retenir.Elle se se
Deborah rentra chez elle vers 18 heures après avoir terminé sa journée et rattrapé son retard du matin. Depuis sa sortie du notaire, elle n’avait presque pas desserré la mâchoire. Elle entra comme une tornade chez elle et crut mourir en voyant Jonathan Carter dans le salon en train de boire un verre avec son père.– Ah, la voilà, ma petite cachottière ! s’exclama son père.Son père, un homme qui approchait les 55 ans mais en paraissait facilement 5 de moins, avec des cheveux grisonnants et un début de barbe lié à la crise de la cinquantaine qu’il avait attrapée tardivement, se jeta presque sur elle et la prit dans ses bras. Elle jeta un regard rempli de haine à Dean, qui lui répondit par un grand sourire. Son père la serrait si fort qu’elle crut qu’il allait l’écraser.– Je suis tellement content pour toi, Jonathan en gendre, j’ai cru que tu allais épouser cette andouille de David, déclara-t-il.Sa mère arriva à ce moment-là et se jeta dans ses bras. Sa mère, comme son père, ne faisai
Jonathan se redressa légèrement, son sourire s’effaçant pour laisser place à un ton plus grave.— Ce genre d’insultes, il va falloir que tu les oublies quand on sera mariés. Il marqua une pause, ses yeux ne la quittant pas. D’ailleurs, j’ai fixé la date au 20 janvier… à moins que tu veuilles qu’on fasse ça plus tôt.Elle soupira en levant les yeux au ciel, puis reprit son téléphone, décidée à couper court à la conversation.— Écoute, chéri, je te rappelle plus tard. J’ai un truc urgent à régler.Jonathan la fixait toujours, son regard perçant ne la quittant pas. Elle raccrocha, sans un mot, mais elle sentait sa présence pesante derrière elle.— C’est aussi quelque chose que tu devras oublier une fois que nous serons mariés, dit-il, d’un ton ferme. Je ne partage pas.Un sourire moqueur étira ses lèvres alors qu’elle s’approchait de lui.— Je n’ai pas vu de clause sur la fidélité dans ce contrat, répliqua-t-elle, provocante.Son sourire s’effaça aussitôt. D’un geste brusque, il lui sais
Deborah serra les dents, ne répondant pas. Elle tenta de passer, mais Dean, dans son éternel jeu de provocation, la saisit par la taille et la plaqua contre lui, un sourire satisfait aux lèvres.— Ah bon, tu me détestes ? dit-il en se moquant d’elle, rapprochant sa joue de ses cheveux. On dirait que tu caches bien ton jeu !Deborah réprima l’envie irrésistible de lui envoyer un coup de tête bien mérité. Mais, avec sa taille imposante, c’est son torse qui aurait pris le choc. Ludovic, amusé, se contenta de sourire.— Eh, j’espère que je serai ton témoin, Jonathan ! lança-t-il, tout excité.— Bien sûr, Ludo ! répondit Jonathan avec un clin d’œil complice.Mais Deborah, incapable de contenir sa rancœur, murmura avec un venin calculé :— En tout cas, tu n’auras pas pleuré ton pauvre père longtemps. Ça fait quoi ? Deux jours que tu l’as enterré ?Jonathan se figea, ses yeux se durcirent, et il murmura entre ses dents serrées :— Petite saleté.Il la lâcha immédiatement, la tristesse envahi
Ce soir-là, le froid s’intensifiait, la neige tombait de plus en plus épaisse, et le chasse-neige n’était toujours pas passé. Deborah, les mains crispées sur le volant, roula prudemment jusqu’à chez sa meilleure amie, Alicia Rocher. À peine arrivée, Alicia la regarda, surprise de la voir si tard. Elle la fit entrer rapidement, l’invitant à s’installer dans son salon.Alicia était une jeune femme d’une beauté naturelle, dotée d’une allure à la fois énergique et chaleureuse. Ses cheveux bruns, denses et très frisés, tombaient en boucles serrées autour de son visage, encadrant son teint clair et lumineux. Ses yeux marron étaient pétillants, pleins de vivacité et d’intelligence, avec une étincelle malicieuse qui trahissait son esprit affûté.Sa meilleure amie était déjà en pyjama polaire, avec la tête d’un ours brodée sur le devant.— Qu’est-ce qui t’arrive ? demanda-t-elle, son regard inquiet la scrutant alors qu’elle remarquait sa pâleur.Deborah s’effondra sur le canapé, les mains trem
Alicia se renversa sur le canapé, vidant son verre d’un coup. Puis elle resservit un autre verre à Deborah sans un mot, ses yeux brillaient d’inquiétude.— Je sais plus quoi te dire, je suis choquée pour toi… Elle marqua une pause avant de secouer la tête. Mais pourquoi tu n’as pas relu le papier avant de signer ?— Parce que je pensais juste aller chercher une part du gâteau, et je suis devenue la fève du gâteau, tu comprends ?Deborah explosa en un rire nerveux, presque hystérique.— Et tu ne peux vraiment pas revenir en arrière ?— Je n’ai pas les moyens de revenir en arrière, Alicia. Elle s’essuya les yeux, les poings serrés. Je suis foutue, je suis totalement désespérée.Elle avala son verre d’une traite, la gorge serrée, puis demanda à son amie de la resservir. Alicia s’exécuta, la fixant du regard.— Ne bois pas trop quand même !Deborah sourit faiblement, sentant l’alcool commencer à embrouiller ses pensées.— T’inquiète pas, je sais comment garder la tête froide.Alicia la re
Elle se laissait emporter par son délire, et elles éclatèrent de rire quand la sonnerie de la porte retentit, interrompant ainsi leur hilarité.— On sonne !s’exclama Alicia.— Oui, j’ai entendu la sonnerie, laisse, il va partir ! On va se réveiller, tu vas voir !Elle ferma les yeux et la sonnerie retentit à nouveau.— Va lui dire que je suis partie !— Mais ta voiture est devant la maison.— Attends, je vais lui dire moi-même !Elle se leva, vacillante, tandis que son amie la regardait, perplexe. Deborah ouvrit la porte, et Jonathan se tenait là, face à elle, visiblement exaspéré. Son visage était rouge, non seulement à cause du froid, mais aussi de la colère qui semblait bouillonner en lui.— Allez, prépare-toi à partir, je te ramène !Deborah se redressa un peu, tentant de reprendre ses esprits.— J’attends mon frère, il va venir me chercher, je lui ai demandé, répliqua-t-elle, en croisant son regard. Elle sentait l’alcool quitter lentement son système, mais il était encore trop t
Deborah baissa les yeux, se sentant encore plus petite.— Annule le contrat alors ! répliqua-t-elle dans un souffle, la voix brisée par la culpabilité et la honte.Il lui ouvrit la porte de sa voiture, elle monta, il fit le tour et s’installa au volant et il lui tapa violemment la cuisse.— Ah, c’est ça, tu vas m’en faire voir de toutes les couleurs pour que j’annule ! Je vais juste te serrer la vis, mais je n’annulerai pas, on verra bien qui craquera le premier !D’un coup, elle baissa la tête et posa une main sur son ventre.— Je suis enceinte de David ! Mon père avait raison quand il m’a posé la question, je pense que c’est pour ça que j’ai encore vomi ce matin.Même avec l’alcool, elle arrivait encore à penser à des solutions pour annuler ce contrat.Il la regarda sans parler et lui regarda le ventre.— Vraiment ?— Vraiment, je sais même pas comment lui annoncer, et maintenant vu comment tu lui as parlé, je vais finir seule à l’élever !Elle devrait peut-être se calmer aussi dans
Après ce moment tendu, ils se retrouvèrent dans un silence pesant. Flocon, sentant le malaise, s’assit entre eux, ses yeux ronds allant de l’un à l’autre, ses oreilles soyeuses légèrement inclinées comme s’il tentait de décrypter l’atmosphère. Sa queue, habituellement frétillante, reposait immobile sur le sol, trahissant son incertitude. Deborah fixait le sol, ses doigts crispés autour de la tasse vide, ses jointures blanchissant sous la pression. Chaque inspiration lui semblait lourde, comme si l’air de la cuisine s’était épaissi. Elle se mordilla la lèvre, un geste inconscient, tandis que son esprit s’emballait, oscillant entre la colère et une étrange vulnérabilité qu’elle refusait d’admettre. Le souvenir du baiser de Jonathan, ardent et insistant, lui brûlait encore les lèvres, et elle serra les dents pour chasser cette sensation.Jonathan, de son côté, s’appuya contre le comptoir, ses bras croisés sur son torse nu. Son visage, d’ordinaire si assuré, laissait entrevoir une ombre d
— Je suis juste en face de toi. Regarde-moi.Sa voix claqua doucement dans le silence, une injonction sans colère mais pleine d'attente. Deborah leva les yeux, lentement, comme si son regard pesait une tonne. Il était là, tout près, trop près. Elle sentit son souffle sur sa peau. Un frisson la traversa, aussi imperceptible qu’inattendu.Flocon, qui s’était roulé en boule non loin d’eux, redressa la tête, les oreilles frémissantes. Il s’approcha à pas feutrés, posant son museau contre le genou de Deborah, l'air inquiet.— Alors, tu n’es pas obligée de mentir. Si je ne te plais pas, dis-le.Elle cligna des yeux, la gorge sèche.— Je ne sais pas.— Tu hésites ?Elle secoua légèrement la tête, puis la redressa, le menton plus haut cette fois.— Non… Je me dis qu’au final, tu ressembles beaucoup à John. Ton père.Elle vit son expression changer. Subtilement. Juste un battement de cil un peu plus long, une tension au coin des lèvres. Elle savait que ça piquerait. Et pourtant, elle ne retira
De toute façon, il était plutôt sans filtres. Elle ne répondit pas et but son café d’un trait.— Je vais me doucher ! lui dit-elle en posant sa tasse dans l’évier.Flocon, sentant son départ, trottina derrière elle, mais elle lui fit signe de rester. Le chiot s’assit, la regardant partir avec un air plaintif. Elle prit soin de verrouiller les deux portes à clé.Elle se déshabilla, prit sa douche, se sécha et alla s’habiller dans la chambre. La maison semblait vide, et le silence n’était pas quelque chose qu’elle appréciait. Flocon, qui avait réussi à la suivre discrètement, s’assit au pied du lit, ses yeux suivant ses moindres gestes. Elle refit le lit ; la journée allait être très longue.Elle sortit de la maison et se rendit dans le jardin ; marcher un peu lui fit du bien. Flocon gambadait à ses côtés, reniflant l’herbe et poursuivant une feuille volante. Il ne faisait ni chaud ni froid. Le chiot, plein d’énergie, rapporta un petit bâton qu’il déposa fièrement à ses pieds, espérant
— On a quand même passé des jours ensemble quand tu étais jeune. Tu n’avais aucun avis sur moi ?— Aucun, je te l’ai dit. Tu n’existais pas pour moi !— Je pensais que tu m’évitais car je te plaisais !— Je ne t’évitais pas. Si tu m’avais plu, je ne t’aurais pas évité, crois-moi. Je n’ai jamais évité un homme qui me plaisait.— D’accord, je comprends. Dis-moi, est-ce que tu me trouves attirant physiquement ?— Je ne sais pas, je ne te juge pas vraiment sur ton apparence !— Toi, tu m’attires, Deborah Miller, mais ton caractère un peu moins. On travaillera là-dessus ensemble !Il lui caressa les fesses, et elle crut comprendre le message qu’il essayait de lui faire passer. Flocon, sentant un changement d’humeur, s’assit et les regarda tour à tour, comme s’il attendait une explication.— Tu m’as aussi fait mal, crois-moi, je ne pourrai pas dormir sur le dos ce soir ! Allez, je te laisse dormir.Il déposa un baiser sur sa joue avant de glisser ses lèvres dans son cou. Elle sentit des fri
Dans la nuit, Deborah sursauta. Une main la secouait doucement. Elle ouvrit les yeux, clignant un peu face à la pénombre, et reconnut le visage de Jonathan penché sur elle.À ses pieds, Flocon, petit chiot cocker aux oreilles soyeuses et au pelage crème, battait frénétiquement de la queue. Ses yeux ronds, pleins de lumière, brillaient dans l’obscurité. Il poussa un petit couinement, sautillant d’une patte à l’autre comme s’il sentait qu’il se passait quelque chose d’important.— Il t’est impossible de passer toutes tes nuits ici à dormir, viens ! souffla Jonathan, un demi-sourire aux lèvres.Déborah cligna encore, les yeux mi-clos, la bouche entrouverte, confuse. Elle se redressa lentement, comme tirée de la vase. Flocon trottina joyeusement derrière eux, ses petites pattes martelant le parquet dans un clic-clic discret mais régulier.Elle suivait Jonathan, les sourcils froncés, les bras croisés sous sa poitrine comme pour se protéger du froid... ou de lui. Le chiot la frôla, truffe f
— Taie-toi, Miller ! On a de la compagnie. Merci de ne pas me causer d’embarras.Il la plaqua contre le mur et murmura à son oreille :— Je pourrais recommencer ce qu’il y a eu tout à l’heure !Elle en eut le souffle coupé, un poids au cœur. Parfois, il lui faisait peur, mais cette fois, elle ne ressentait pas seulement de la peur.— Tu as compris ? demanda-t-il.Elle répondit timidement par un petit « oui ».— Je n’ai pas entendu, insista-t-il.— Oui, d’accord, je ne vais pas te mettre dans l’embarras.Il s’écarta d’elle et lui caressa le visage.— Merci, et tant qu’à faire, essaie d’avoir l’air amoureuse !— Ne m’en demande pas trop non plus !— Comment ?Il l’avait recollée contre le mur.— D’accord, mais recule, tu me fais mal ! lui dit-elle.Il recula et la regarda de la tête aux pieds, puis rit.— Ah oui, ton cul qui touche le mur, pardon !Elle eut envie de l’insulter, mais déjà il lui prenait la main pour l’entraîner vers la sortie pour retourner auprès de ses amis.Léa demand
Comme Jonathan lui avait dit, « On n’insulte pas les morts. »— Deborah, qu’est-ce qu’il y a ?Le visage plongé dans l’album photo, elle comprit soudain que les autres étaient revenus.Jonathans’accroupit à côté d’elle et tenta de récupérer l’album photo, mais elle refusait de le lâcher, d’autant plus qu’elle était restée à la page du baiser volé. Il tira plus fort qu’elle, regarda la photo et sembla surpris. Elle n’osa pas lever les yeux vers lui.Elle se releva brusquement, lui prit des mains.— Excuse-moi, dit-elle, j’ai eu un petit coup de blues. Revoir ton père m’a rappelé des souvenirs !Elle avait repris un ton neutre, rangeant l’album à sa place.— Ce n’est pas un problème, déclara Romuald. Il est normal de ressentir de la peine, tu étais proche de lui, c’était presque comme un second père, non ?— Certainement pas ! Pardonnez-moi, je vais juste me rafraîchir le visage un instant !Jonathanla regardait froidement, apparemment, il n’avait plus envie de jouer les copains.La phot
À peine partie, elle se leva et se dirigea vers la grande bibliothèque, cette fameuse bibliothèque qui l’avait toujours fascinée avec tous ses livres. Elle l’ouvrit. C’est sûr que son parrain, là, devait se retourner dans sa tombe, mais bon, c’était quand elle était petite.Elle vit un album photo et l’attrapa, l’ouvrit et tomba sur une photo de la mère de Dean, une femme d’une grande beauté, une brune aux yeux bleus. Elle n’avait pas trop compris leur histoire, mais sa femme l’avait quitté lorsque leur fils était petit ; elle n’avait en fait aucun souvenir de cette femme. Elle tourna la page : il y avait des photos de leur mariage. La mariée avait l’air renfrogné et soudain, elle se demanda si le mariage n’aurait pas été arrangé également. La femme avait l’air tellement triste sur les photos ! Elle continua à tourner les pages, toujours le mariage, toujours le même visage attristé. Ensuite, ce furent des photos de la naissance de leur fils. Elle ne souriait toujours pas. Elle avait à
Deborah était ailleurs, perdue dans un océan de pensées. Flocon, blotti sur ses genoux, ronflait doucement, son pelage chaud un refuge contre la tempête intérieure. Elle avait failli parler, dire ce qui la consumait : son art, ce besoin vital que son père balayait d’un revers de main, un « hobby » indigne de sa lignée. Mais à quoi bon ? Léa, Romuald, Jonathan – ils ne comprendraient pas. Ils voyaient une Deborah sage, celle qui suivait les règles, pas celle qui rêvait en couleurs.— Tu quoi ? demanda Léa, un sourire espiègle.— Rien, murmura Deborah, ravalant ses mots. Laisse tomber.Romuald, intarissable, enchaîna :— T’as entendu ? Diego est de retour ! Il a une boutique d’art en ville. J’y suis passé, il a demandé de tes nouvelles. Il hallucinait qu’on se voie plus !Diego. Le nom claqua comme un coup de fouet. Diego, son premier amour, celui qui lui parlait de Paris, de toiles infinies, de vie sans chaînes. Elle soupira, et Jonathan, sentant son trouble, glissa derrière elle, ses b