Deborah rentra chez elle vers 18 heures après avoir terminé sa journée et rattrapé son retard du matin. Depuis sa sortie du notaire, elle n’avait presque pas desserré la mâchoire. Elle entra comme une tornade chez elle et crut mourir en voyant Jonathan Carter dans le salon en train de boire un verre avec son père.
– Ah, la voilà, ma petite cachottière ! s’exclama son père.
Son père, un homme qui approchait les 55 ans mais en paraissait facilement 5 de moins, avec des cheveux grisonnants et un début de barbe lié à la crise de la cinquantaine qu’il avait attrapée tardivement, se jeta presque sur elle et la prit dans ses bras. Elle jeta un regard rempli de haine à Dean, qui lui répondit par un grand sourire. Son père la serrait si fort qu’elle crut qu’il allait l’écraser.
– Je suis tellement content pour toi, Jonathan en gendre, j’ai cru que tu allais épouser cette andouille de David, déclara-t-il.
Sa mère arriva à ce moment-là et se jeta dans ses bras. Sa mère, comme son père, ne faisait pas son âge. Elle avait eu 7 enfants mais rien dans sa ligne ne le montrait. Grande, élancée et encore magnifique, elle était la fierté de ses filles qui espéraient vieillir aussi bien qu’elle.
Elle avait envie de hurler.
– Mais pourquoi ne nous as-tu pas dit que tu sortais avec Jonathan? On a été vraiment surpris quand il est venu demander ta main.
– Laquelle ? demanda-t-elle froidement.
Ses parents la regardèrent bizarrement.
– Ne sois pas timide, chérie, viens m’embrasser ! ajouta Jonathan en se levant et en ouvrant ses bras vers elle. Maintenant que tes parents sont au courant !
“Je vais le tuer,” pensa-t-elle tandis qu’il s’approchait d’elle.
Ses parents s’écartèrent pour le laisser prendre la place.
Il lui prit le visage entre ses mains et déposa un baiser sur ses lèvres.
Elle le mordit discrètement, et il recula d’un coup en lui lançant un regard noir. Il se pencha et lui murmura dans un souffle chaud à son oreille :
– Tu me paieras toutes les saletés que tu me fais !
– Et alors les enfants, quand le mariage, que je note ? demanda sa mère, les yeux brillants de bonheur.
– Le 20 janvier, répondit-il en tournant son visage vers elle et en lui faisant un grand sourire.
Deborah sentit les poils se hérisser sur sa peau.
On était le 29 décembre mais...
– Ah oui, c’est du rapide ! fit sa mère, le sourire aux lèvres.
– Tu n’es pas enceinte ? demanda soudain son père en regardant son ventre. À sa tête, il vit qu’il avait raconté une bêtise et rit.
– On sait jamais !
– Bientôt, répondit Jonathan en la prenant par la taille.
Le portable de la jeune fille vibra, elle l’attrapa, c’était David.
Elle vit le regard de Jonathan se poser froidement sur la photo de David qui apparaissait lorsqu’il appelait.
Elle se détacha de son bras et, sans un mot, se dirigea vers sa chambre.
La Confrontation
En montant, elle sentit qu’il la suivait. Elle décrocha quand elle fut suffisamment loin de ses parents.
– Allo, mon chéri ?
Elle rentra dans sa chambre et voulut s’enfermer, mais il posa un pied entre la porte et l’encadrement et entra.
Elle posa son téléphone contre elle pour que David n’entende pas.
– Sors de ma chambre tout de suite !
– Je découvre l’univers de ma promise.
– Dégage !
– Au fait, comme tu es un peu sotte, ton père a dit oui, c’est pour ça qu’il était content, ta mère aussi ravie, ça fait plaisir ! Moi aussi je les aime bien.
– Si je ne veux pas te suivre dans ton projet de mariage, es-tu prêt à les dépouiller pour cette raison ? Parce que tu les aimes bien ?
Il inclina la tête sur le côté et lui offrit un sourire énigmatique.
— C’est différent, ça fait partie des affaires. Il la fixa intensément. Toi seule peux décider si tu veux leur laisser vivre tranquillement ou non.
Elle le regarda avec une lueur de colère dans les yeux.
— T’es vraiment qu’un salaud, en fait.
Jonathan se redressa légèrement, son sourire s’effaçant pour laisser place à un ton plus grave.— Ce genre d’insultes, il va falloir que tu les oublies quand on sera mariés. Il marqua une pause, ses yeux ne la quittant pas. D’ailleurs, j’ai fixé la date au 20 janvier… à moins que tu veuilles qu’on fasse ça plus tôt.Elle soupira en levant les yeux au ciel, puis reprit son téléphone, décidée à couper court à la conversation.— Écoute, chéri, je te rappelle plus tard. J’ai un truc urgent à régler.Jonathan la fixait toujours, son regard perçant ne la quittant pas. Elle raccrocha, sans un mot, mais elle sentait sa présence pesante derrière elle.— C’est aussi quelque chose que tu devras oublier une fois que nous serons mariés, dit-il, d’un ton ferme. Je ne partage pas.Un sourire moqueur étira ses lèvres alors qu’elle s’approchait de lui.— Je n’ai pas vu de clause sur la fidélité dans ce contrat, répliqua-t-elle, provocante.Son sourire s’effaça aussitôt. D’un geste brusque, il lui sais
Deborah serra les dents, ne répondant pas. Elle tenta de passer, mais Dean, dans son éternel jeu de provocation, la saisit par la taille et la plaqua contre lui, un sourire satisfait aux lèvres.— Ah bon, tu me détestes ? dit-il en se moquant d’elle, rapprochant sa joue de ses cheveux. On dirait que tu caches bien ton jeu !Deborah réprima l’envie irrésistible de lui envoyer un coup de tête bien mérité. Mais, avec sa taille imposante, c’est son torse qui aurait pris le choc. Ludovic, amusé, se contenta de sourire.— Eh, j’espère que je serai ton témoin, Jonathan ! lança-t-il, tout excité.— Bien sûr, Ludo ! répondit Jonathan avec un clin d’œil complice.Mais Deborah, incapable de contenir sa rancœur, murmura avec un venin calculé :— En tout cas, tu n’auras pas pleuré ton pauvre père longtemps. Ça fait quoi ? Deux jours que tu l’as enterré ?Jonathan se figea, ses yeux se durcirent, et il murmura entre ses dents serrées :— Petite saleté.Il la lâcha immédiatement, la tristesse envahi
Ce soir-là, le froid s’intensifiait, la neige tombait de plus en plus épaisse, et le chasse-neige n’était toujours pas passé. Deborah, les mains crispées sur le volant, roula prudemment jusqu’à chez sa meilleure amie, Alicia Rocher. À peine arrivée, Alicia la regarda, surprise de la voir si tard. Elle la fit entrer rapidement, l’invitant à s’installer dans son salon.Alicia était une jeune femme d’une beauté naturelle, dotée d’une allure à la fois énergique et chaleureuse. Ses cheveux bruns, denses et très frisés, tombaient en boucles serrées autour de son visage, encadrant son teint clair et lumineux. Ses yeux marron étaient pétillants, pleins de vivacité et d’intelligence, avec une étincelle malicieuse qui trahissait son esprit affûté.Sa meilleure amie était déjà en pyjama polaire, avec la tête d’un ours brodée sur le devant.— Qu’est-ce qui t’arrive ? demanda-t-elle, son regard inquiet la scrutant alors qu’elle remarquait sa pâleur.Deborah s’effondra sur le canapé, les mains trem
Alicia se renversa sur le canapé, vidant son verre d’un coup. Puis elle resservit un autre verre à Deborah sans un mot, ses yeux brillaient d’inquiétude.— Je sais plus quoi te dire, je suis choquée pour toi… Elle marqua une pause avant de secouer la tête. Mais pourquoi tu n’as pas relu le papier avant de signer ?— Parce que je pensais juste aller chercher une part du gâteau, et je suis devenue la fève du gâteau, tu comprends ?Deborah explosa en un rire nerveux, presque hystérique.— Et tu ne peux vraiment pas revenir en arrière ?— Je n’ai pas les moyens de revenir en arrière, Alicia. Elle s’essuya les yeux, les poings serrés. Je suis foutue, je suis totalement désespérée.Elle avala son verre d’une traite, la gorge serrée, puis demanda à son amie de la resservir. Alicia s’exécuta, la fixant du regard.— Ne bois pas trop quand même !Deborah sourit faiblement, sentant l’alcool commencer à embrouiller ses pensées.— T’inquiète pas, je sais comment garder la tête froide.Alicia la re
Elle se laissait emporter par son délire, et elles éclatèrent de rire quand la sonnerie de la porte retentit, interrompant ainsi leur hilarité.— On sonne !s’exclama Alicia.— Oui, j’ai entendu la sonnerie, laisse, il va partir ! On va se réveiller, tu vas voir !Elle ferma les yeux et la sonnerie retentit à nouveau.— Va lui dire que je suis partie !— Mais ta voiture est devant la maison.— Attends, je vais lui dire moi-même !Elle se leva, vacillante, tandis que son amie la regardait, perplexe. Deborah ouvrit la porte, et Jonathan se tenait là, face à elle, visiblement exaspéré. Son visage était rouge, non seulement à cause du froid, mais aussi de la colère qui semblait bouillonner en lui.— Allez, prépare-toi à partir, je te ramène !Deborah se redressa un peu, tentant de reprendre ses esprits.— J’attends mon frère, il va venir me chercher, je lui ai demandé, répliqua-t-elle, en croisant son regard. Elle sentait l’alcool quitter lentement son système, mais il était encore trop t
Deborah baissa les yeux, se sentant encore plus petite.— Annule le contrat alors ! répliqua-t-elle dans un souffle, la voix brisée par la culpabilité et la honte.Il lui ouvrit la porte de sa voiture, elle monta, il fit le tour et s’installa au volant et il lui tapa violemment la cuisse.— Ah, c’est ça, tu vas m’en faire voir de toutes les couleurs pour que j’annule ! Je vais juste te serrer la vis, mais je n’annulerai pas, on verra bien qui craquera le premier !D’un coup, elle baissa la tête et posa une main sur son ventre.— Je suis enceinte de David ! Mon père avait raison quand il m’a posé la question, je pense que c’est pour ça que j’ai encore vomi ce matin.Même avec l’alcool, elle arrivait encore à penser à des solutions pour annuler ce contrat.Il la regarda sans parler et lui regarda le ventre.— Vraiment ?— Vraiment, je sais même pas comment lui annoncer, et maintenant vu comment tu lui as parlé, je vais finir seule à l’élever !Elle devrait peut-être se calmer aussi dans
Elle soupira en anticipant l’humiliation des mois à venir. Elle décida de faire le test malgré tout, sachant déjà la réponse. Effectivement, le résultat était négatif. En sortant, il se tenait contre le mur en face de la porte, tendant la main pour récupérer l’objet, sans prononcer un mot.— Bah félicitations, demain j’appelle tes parents, on se marie samedi ! c'est court mais ca va le faire !Sa condamnation à mort aurait été la seule chose qui aurait pu être pire. Il s’approcha d’elle, jeta le test dans la poubelle des toilettes, la frôla en passant et elle recula immédiatement. Sans même la regarder, il quitta le couloir vers une autre pièce.— Ta chambre ce soir c’est la première au bout du couloir, t’as vu je t’ai laissé celle que mon père t’avait attribuée quand tu venais, je suis agréable, bon samedi soir ce sera la seconde, ma chambre !Elle ne répondit pas et alla se mettre dans ce qu’il appelait le petit salon et se posa sur le canapé d’angle. En mode assis, elle posa sa têt
— Je vais me doucher en premier, et ensuite, ce sera à ton tour. N’essaie même pas de mettre tes idées farfelues à exécution, sinon tu auras droit à une douche froide. Tu saisis ?En guise de réponse, elle lui lança un rot phénoménal qui résonna très certainement jusqu’au salon.Il lui asséna une gifle derrière la tête.— Surtout, ne t’excuse pas !— Je te prépare à notre vie de couple !Elle répliqua tout en fixant le fond de la cuvette. Après s’être redressée, elle tira la chasse d’eau et jeta un rapide coup d’œil à ses vêtements pour constater qu’ils n’étaient pas sales, et décida donc de ne pas prendre de douche. Se dirigeant vers le lavabo, elle se rinça la bouche et remarqua qu’il était toujours derrière elle. Quelle odeur repoussante !— Tu sens tellement mauvais, tu devrais vraiment prendre une douche !— Comment ça ?— Tu pues ! Tu sens mauvais, voilà tout !— À cause de qui ?— À cause de toi et de ton foutu contrat !Répliqua-t-elle en criant.Une femme était derrière elle,
Après ce moment tendu, ils se retrouvèrent dans un silence pesant. Flocon, sentant le malaise, s’assit entre eux, ses yeux ronds allant de l’un à l’autre, ses oreilles soyeuses légèrement inclinées comme s’il tentait de décrypter l’atmosphère. Sa queue, habituellement frétillante, reposait immobile sur le sol, trahissant son incertitude. Deborah fixait le sol, ses doigts crispés autour de la tasse vide, ses jointures blanchissant sous la pression. Chaque inspiration lui semblait lourde, comme si l’air de la cuisine s’était épaissi. Elle se mordilla la lèvre, un geste inconscient, tandis que son esprit s’emballait, oscillant entre la colère et une étrange vulnérabilité qu’elle refusait d’admettre. Le souvenir du baiser de Jonathan, ardent et insistant, lui brûlait encore les lèvres, et elle serra les dents pour chasser cette sensation.Jonathan, de son côté, s’appuya contre le comptoir, ses bras croisés sur son torse nu. Son visage, d’ordinaire si assuré, laissait entrevoir une ombre d
— Je suis juste en face de toi. Regarde-moi.Sa voix claqua doucement dans le silence, une injonction sans colère mais pleine d'attente. Deborah leva les yeux, lentement, comme si son regard pesait une tonne. Il était là, tout près, trop près. Elle sentit son souffle sur sa peau. Un frisson la traversa, aussi imperceptible qu’inattendu.Flocon, qui s’était roulé en boule non loin d’eux, redressa la tête, les oreilles frémissantes. Il s’approcha à pas feutrés, posant son museau contre le genou de Deborah, l'air inquiet.— Alors, tu n’es pas obligée de mentir. Si je ne te plais pas, dis-le.Elle cligna des yeux, la gorge sèche.— Je ne sais pas.— Tu hésites ?Elle secoua légèrement la tête, puis la redressa, le menton plus haut cette fois.— Non… Je me dis qu’au final, tu ressembles beaucoup à John. Ton père.Elle vit son expression changer. Subtilement. Juste un battement de cil un peu plus long, une tension au coin des lèvres. Elle savait que ça piquerait. Et pourtant, elle ne retira
De toute façon, il était plutôt sans filtres. Elle ne répondit pas et but son café d’un trait.— Je vais me doucher ! lui dit-elle en posant sa tasse dans l’évier.Flocon, sentant son départ, trottina derrière elle, mais elle lui fit signe de rester. Le chiot s’assit, la regardant partir avec un air plaintif. Elle prit soin de verrouiller les deux portes à clé.Elle se déshabilla, prit sa douche, se sécha et alla s’habiller dans la chambre. La maison semblait vide, et le silence n’était pas quelque chose qu’elle appréciait. Flocon, qui avait réussi à la suivre discrètement, s’assit au pied du lit, ses yeux suivant ses moindres gestes. Elle refit le lit ; la journée allait être très longue.Elle sortit de la maison et se rendit dans le jardin ; marcher un peu lui fit du bien. Flocon gambadait à ses côtés, reniflant l’herbe et poursuivant une feuille volante. Il ne faisait ni chaud ni froid. Le chiot, plein d’énergie, rapporta un petit bâton qu’il déposa fièrement à ses pieds, espérant
— On a quand même passé des jours ensemble quand tu étais jeune. Tu n’avais aucun avis sur moi ?— Aucun, je te l’ai dit. Tu n’existais pas pour moi !— Je pensais que tu m’évitais car je te plaisais !— Je ne t’évitais pas. Si tu m’avais plu, je ne t’aurais pas évité, crois-moi. Je n’ai jamais évité un homme qui me plaisait.— D’accord, je comprends. Dis-moi, est-ce que tu me trouves attirant physiquement ?— Je ne sais pas, je ne te juge pas vraiment sur ton apparence !— Toi, tu m’attires, Deborah Miller, mais ton caractère un peu moins. On travaillera là-dessus ensemble !Il lui caressa les fesses, et elle crut comprendre le message qu’il essayait de lui faire passer. Flocon, sentant un changement d’humeur, s’assit et les regarda tour à tour, comme s’il attendait une explication.— Tu m’as aussi fait mal, crois-moi, je ne pourrai pas dormir sur le dos ce soir ! Allez, je te laisse dormir.Il déposa un baiser sur sa joue avant de glisser ses lèvres dans son cou. Elle sentit des fri
Dans la nuit, Deborah sursauta. Une main la secouait doucement. Elle ouvrit les yeux, clignant un peu face à la pénombre, et reconnut le visage de Jonathan penché sur elle.À ses pieds, Flocon, petit chiot cocker aux oreilles soyeuses et au pelage crème, battait frénétiquement de la queue. Ses yeux ronds, pleins de lumière, brillaient dans l’obscurité. Il poussa un petit couinement, sautillant d’une patte à l’autre comme s’il sentait qu’il se passait quelque chose d’important.— Il t’est impossible de passer toutes tes nuits ici à dormir, viens ! souffla Jonathan, un demi-sourire aux lèvres.Déborah cligna encore, les yeux mi-clos, la bouche entrouverte, confuse. Elle se redressa lentement, comme tirée de la vase. Flocon trottina joyeusement derrière eux, ses petites pattes martelant le parquet dans un clic-clic discret mais régulier.Elle suivait Jonathan, les sourcils froncés, les bras croisés sous sa poitrine comme pour se protéger du froid... ou de lui. Le chiot la frôla, truffe f
— Taie-toi, Miller ! On a de la compagnie. Merci de ne pas me causer d’embarras.Il la plaqua contre le mur et murmura à son oreille :— Je pourrais recommencer ce qu’il y a eu tout à l’heure !Elle en eut le souffle coupé, un poids au cœur. Parfois, il lui faisait peur, mais cette fois, elle ne ressentait pas seulement de la peur.— Tu as compris ? demanda-t-il.Elle répondit timidement par un petit « oui ».— Je n’ai pas entendu, insista-t-il.— Oui, d’accord, je ne vais pas te mettre dans l’embarras.Il s’écarta d’elle et lui caressa le visage.— Merci, et tant qu’à faire, essaie d’avoir l’air amoureuse !— Ne m’en demande pas trop non plus !— Comment ?Il l’avait recollée contre le mur.— D’accord, mais recule, tu me fais mal ! lui dit-elle.Il recula et la regarda de la tête aux pieds, puis rit.— Ah oui, ton cul qui touche le mur, pardon !Elle eut envie de l’insulter, mais déjà il lui prenait la main pour l’entraîner vers la sortie pour retourner auprès de ses amis.Léa demand
Comme Jonathan lui avait dit, « On n’insulte pas les morts. »— Deborah, qu’est-ce qu’il y a ?Le visage plongé dans l’album photo, elle comprit soudain que les autres étaient revenus.Jonathans’accroupit à côté d’elle et tenta de récupérer l’album photo, mais elle refusait de le lâcher, d’autant plus qu’elle était restée à la page du baiser volé. Il tira plus fort qu’elle, regarda la photo et sembla surpris. Elle n’osa pas lever les yeux vers lui.Elle se releva brusquement, lui prit des mains.— Excuse-moi, dit-elle, j’ai eu un petit coup de blues. Revoir ton père m’a rappelé des souvenirs !Elle avait repris un ton neutre, rangeant l’album à sa place.— Ce n’est pas un problème, déclara Romuald. Il est normal de ressentir de la peine, tu étais proche de lui, c’était presque comme un second père, non ?— Certainement pas ! Pardonnez-moi, je vais juste me rafraîchir le visage un instant !Jonathanla regardait froidement, apparemment, il n’avait plus envie de jouer les copains.La phot
À peine partie, elle se leva et se dirigea vers la grande bibliothèque, cette fameuse bibliothèque qui l’avait toujours fascinée avec tous ses livres. Elle l’ouvrit. C’est sûr que son parrain, là, devait se retourner dans sa tombe, mais bon, c’était quand elle était petite.Elle vit un album photo et l’attrapa, l’ouvrit et tomba sur une photo de la mère de Dean, une femme d’une grande beauté, une brune aux yeux bleus. Elle n’avait pas trop compris leur histoire, mais sa femme l’avait quitté lorsque leur fils était petit ; elle n’avait en fait aucun souvenir de cette femme. Elle tourna la page : il y avait des photos de leur mariage. La mariée avait l’air renfrogné et soudain, elle se demanda si le mariage n’aurait pas été arrangé également. La femme avait l’air tellement triste sur les photos ! Elle continua à tourner les pages, toujours le mariage, toujours le même visage attristé. Ensuite, ce furent des photos de la naissance de leur fils. Elle ne souriait toujours pas. Elle avait à
Deborah était ailleurs, perdue dans un océan de pensées. Flocon, blotti sur ses genoux, ronflait doucement, son pelage chaud un refuge contre la tempête intérieure. Elle avait failli parler, dire ce qui la consumait : son art, ce besoin vital que son père balayait d’un revers de main, un « hobby » indigne de sa lignée. Mais à quoi bon ? Léa, Romuald, Jonathan – ils ne comprendraient pas. Ils voyaient une Deborah sage, celle qui suivait les règles, pas celle qui rêvait en couleurs.— Tu quoi ? demanda Léa, un sourire espiègle.— Rien, murmura Deborah, ravalant ses mots. Laisse tomber.Romuald, intarissable, enchaîna :— T’as entendu ? Diego est de retour ! Il a une boutique d’art en ville. J’y suis passé, il a demandé de tes nouvelles. Il hallucinait qu’on se voie plus !Diego. Le nom claqua comme un coup de fouet. Diego, son premier amour, celui qui lui parlait de Paris, de toiles infinies, de vie sans chaînes. Elle soupira, et Jonathan, sentant son trouble, glissa derrière elle, ses b