Elle se détourna et sortit de la salle à pas précipités, son souffle court. Dans le couloir, elle s’appuya contre le mur froid, ferma les yeux et inspira profondément.
Elle entendit alors des pas rapides approcher.
— Sofia ?
Elle ouvrit les yeux pour voir une femme aux cheveux blonds relevés en un chignon soigné s’arrêter juste devant elle, l’inquiétude peinte sur son visage.
C’était Camille, son amie et collègue, une femme douce et perspicace qui la connaissait mieux que quiconque.
— Qu’est-ce qui se passe ? Tu es toute pâle, murmura Camille en posant une main sur son bras.
Sofia détourna le regard, cherchant ses mots.
— C’est… juste un souvenir qui est revenu, souffla-t-elle, la gorge nouée.
Camille fronça les sourcils, mais elle n’insista pas tout de suite.
— Viens, on va dans la salle des profs. Tu as besoin d’un moment.
Sofia hocha lentement la tête, sachant que, pour la première fois depuis des années, elle ne pourrait peut-être pas fuir ce passé qui la hantait.
Camille entraîna doucement Sofia vers la salle des professeurs, l’éloignant du couloir animé où les éclats de voix d’enfants résonnaient. En entrant dans la pièce paisible, Sofia laissa échapper un soupir tremblant et s’affala sur une chaise.
Camille la fixa un instant, puis alla préparer un café sans rien dire. Elle savait que Sofia parlerait quand elle serait prête.
Le silence entre elles n’était pas pesant, mais rempli de cette compréhension mutuelle qu’offrent les vraies amitiés. Sofia fixa ses mains jointes, se battant avec elle-même. Devait-elle en parler ?
Le bruit de la tasse déposée devant elle la tira de ses pensées.
— Bois, ordonna doucement Camille. Ça ne guérira pas tout, mais ça aidera un peu.
Sofia esquissa un faible sourire et prit une gorgée, sentant la chaleur du liquide la réconforter légèrement.
— C’est la date, murmura-t-elle finalement.
Camille fronça légèrement les sourcils.
— La date ?
— 17 février. Le jour où ma mère est morte.
Un silence s’installa. Camille savait que Sofia avait perdu sa mère il y a plusieurs années, mais elle n’avait jamais évoqué les circonstances.
— Je suis désolée, répondit-elle sincèrement.
Sofia secoua la tête.
— Ce n’est pas seulement ça. C’est la dernière chose qu’elle m’a dite… la dernière façon dont elle m’a regardée.
Elle serra la tasse entre ses doigts, comme pour s’accrocher à quelque chose de tangible.
Le silence était lourd dans la salle des professeurs. Sofia baissa la tête, ses doigts crispés autour de sa tasse de café. Elle sentait le regard de Camille sur elle, mais elle n’osait pas relever les yeux.
— Sofia… libère-toi s'il te plaît. Je ne voudrais pas les enfants te voient dans cet état.
Sofia ferma les paupières, comme si cela pouvait atténuer la douleur du souvenir. Son cœur battait violemment dans sa poitrine, sa gorge était serrée.
— Tu le sais déjà, pas vrai ?
Camille laissa échapper un soupir et s’installa en face d’elle.
— Je l’ai deviné, avoua-t-elle doucement. Pas tout de suite, mais avec le temps…
Sofia sentit un frisson lui parcourir l’échine. Pendant des années, elle avait tenté d’effacer cette nuit de sa mémoire, de la dissimuler sous des couches de travail, de responsabilités, et surtout sous l’amour inconditionnel qu’elle portait à ses enfants.
Mais Camille, avec son regard perçant et son cœur compatissant, avait vu au-delà du masque.
— Tu as vendu ton corps pour payer le traitement de ta mère, n’est-ce pas ?
Ces mots résonnèrent dans la pièce comme un coup de tonnerre.
Sofia sentit ses yeux s’embuer, mais elle ne pleura pas. Pas cette fois.
— Oui, souffla-t-elle.
Un silence s’installa entre elles. Un silence lourd de douleur, de regrets et de souvenirs qu’elle aurait voulu effacer.
Elle inspira profondément, sentant ses mains trembler.
— Ce soir-là… j’étais désespérée. Ma mère était à l’hôpital, et les médecins refusaient de continuer son traitement tant que je ne payais pas une partie des frais. Je n’avais plus de solution.
Elle se mordit la lèvre, luttant contre les larmes qui menaçaient de couler.
— Alors j’ai fait ce qu’il fallait.
Camille l’écoutait avec une attention silencieuse, son expression empreinte de douleur pour elle.
— Je me suis rendue dans un endroit où les hommes riches obtiennent tout ce qu’ils veulent… et j’ai accepté une offre.
Sofia passa une main tremblante sur son visage.
— J’ai passé la nuit avec un inconnu. Je ne me souviens même pas de son visage, juste de son parfum… de la sensation de tout abandonner en moi pour survivre.
Camille posa doucement sa main sur la sienne.
— Et c’est ce soir-là que tu es tombée enceinte…
Sofia hocha lentement la tête.
— Oui. J’ai eu Liam et son frère ce jour-là.
Un rire amer lui échappa.
— Je suis partie de cet hôtel avec l’argent nécessaire pour payer l’hôpital… et quelques semaines plus tard, j’ai découvert que j’étais enceinte.
Elle inspira profondément, essayant de contenir l’émotion qui menaçait de l’écraser.
— J’ai tout donné pour sauver ma mère. Mais au final, ça n’a pas suffi. Elle est morte quelques semaines après… et elle est partie en colère contre moi.
Camille serra un peu plus fort sa main, comme pour lui transmettre un peu de force.
— Pourquoi crois-tu qu’elle était en colère ? demanda-t-elle doucement.
Sofia laissa échapper un rire triste.
— Parce qu’elle savait.
Elle releva les yeux vers Camille, et une larme solitaire glissa sur sa joue.
— Elle savait ce que j’avais fait. Elle l’a deviné… et elle ne l’a jamais accepté.
Un silence pesant s’installa à nouveau. Camille la regarda longuement, puis elle se leva et contourna la table pour prendre Sofia dans ses bras.
Sofia resta raide un instant, puis elle s’effondra contre son amie, laissant les sanglots qu’elle retenait depuis trop longtemps éclater.
— Tu as fait ce que tu devais faire, murmura Camille en la serrant contre elle. Personne n’a le droit de te juger.
Sofia hoqueta doucement, cachant son visage contre son épaule.
— Mais je me juge moi-même, Camille…
— Alors arrête. Parce que grâce à cette nuit, tu as eu tes fils. Et tu es une mère incroyable.
Sofia trembla dans les bras de son amie, sentant une chaleur réconfortante l’envelopper.
Pendant toutes ces années, elle avait porté ce fardeau seule. Mais aujourd’hui, elle n’était plus seule.
Et peut-être… juste peut-être… qu’elle pourrait enfin apprendre à se pardonner.
La cantine bourdonnait d’activités. Les élèves riaient, discutaient à voix haute et se précipitaient vers les distributeurs de nourriture. Au milieu du vacarme, Liam et Noah étaient assis à leur table habituelle, un peu à l’écart, savourant leur déjeuner en échangeant des réflexions sur la matinée de cours.— Les exercices de maths sont beaucoup trop simples, soupira Noah en piquant distraitement son morceau de pain avec sa fourchette.— Peut-être qu’on devrait demander un programme avancé, proposa Liam.Noah haussa un sourcil en tournant la tête vers son frère.— Toi, tu veux juste plus de défis.Liam esquissa un sourire, mais son amusement s’effaça rapidement lorsqu’il vit deux silhouettes familières approcher.Jules et Victor Dubois.Les jumeaux Dubois étaient leur parfaite opposition. Là où Liam et Noah excellaient en classe, Jules et Victor se complaisaient dans la provocation. Ils les enviaient ouvertement, non seulement pour leurs résultats scolaires, mais aussi pour leur aisan
Elle arriva devant la salle de surveillance, où elle savait que l’équipe pédagogique se réunissait en cas de problème. Elle hésita à peine une seconde avant de pousser la porte.Ce qu’elle vit lui coupa le souffle.Liam et Noah étaient assis, raides sur leurs chaises, le regard fixé sur leurs genoux. Face à eux, derrière son large bureau en bois massif, le proviseur observait la scène d’un air grave.— Madame Morel, entrez, je vous en prie, l’accueillit-il d’un ton neutre.Elle s’avança immédiatement, son regard passant de ses fils au proviseur.— Que s’est-il passé ? demanda-t-elle, tentant de maîtriser l’inquiétude qui transperçait sa voix.Le proviseur croisa les mains sur la table et la regarda droit dans les yeux.— Vos fils ont été impliqués dans une altercation à la cantine.Sofia se tourna immédiatement vers Liam et Noah.— C’est vrai ?Liam ne répondit pas tout de suite, se contentant de hocher la tête avec une retenue calme. Noah, en revanche, affichait une expression fermée
Sofia termina sa vaisselle et prit une grande inspiration avant de rejoindre le salon.Mais à peine eut-elle franchi le seuil de la cuisine qu’elle s’arrêta net.Un choc lui traversa le cœur.Là, juste devant elle, Liam et Noah étaient à genoux.Leurs petits visages, d’habitude pleins de malice et d’assurance, étaient graves et sincères.Leurs mains jointes en signe de supplication, ils la regardaient avec une expression à la fois coupable et désespérée.— Maman, on est désolés… murmura Noah.Sofia resta figée, incapable de réagir.— On n’aurait pas dû se battre… mais ils ont dit des choses méchantes sur toi… sur nous… continua Liam, sa voix tremblante.Noah baissa les yeux, ses petits poings serrés sur son pantalon.— Je voulais juste te protéger… souffla-t-il, la gorge nouée.Sofia sentit une vague d’émotion monter en elle, un mélange d’amour, de tendresse et de chagrin.Ses fils… ses précieux bébés…Ils pensaient l’avoir déçue.Ils croyaient devoir quémander son pardon.Elle porta
Pendant ce temps, dans la chambre voisine, Noah tentait de s’endormir.Mais quelque chose le tracassait.Il se tourna et se retourna dans son lit, incapable de trouver le sommeil.Finalement, il se leva.— Où tu vas ? chuchota Liam, les yeux mi-clos.— J’ai soif, répondit Noah à voix basse.Liam fronça les sourcils.— Maman ne veut pas qu’on sorte après le coucher.— Je vais juste boire un verre d’eau, insista Noah avant de sortir discrètement de la chambre.Le couloir était plongé dans l’obscurité, mais il connaissait le chemin par cœur.Il avançait prudemment vers la cuisine quand il passa devant la chambre de sa mère.Il s’arrêta net.Des sanglots.Il sentit son cœur se serrer.Intrigué, il s’approcha de la porte et colla son oreille contre le bois.Il pouvait entendre sa mère parler, mais sa voix était étouffée par ses pleurs.Noah fronça les sourcils.Pourquoi pleurait-elle ?Il se recula lentement et retourna en courant dans sa chambre.— Liam ! Réveille-toi !Liam ouvrit un œil
Le soleil du matin perçait à travers les rideaux de la vaste chambre conjugale, illuminant l’élégant décor aux tons sobres. L’odeur persistante d’alcool flottait encore dans l’air.Allongé sur le dos, Adrian Lancaster dormait profondément, son souffle régulier trahissant l’épuisement causé par sa nuit de débauche. Son bras musclé était négligemment posé sur le drap en satin, tandis que son visage, d’ordinaire si imposant, semblait plus vulnérable dans l’abandon du sommeil.À ses côtés, sa femme, toujours impeccable, était déjà réveillée. Elle était assise sur le bord du lit, ses longs cheveux parfaitement brossés tombant sur ses épaules. Son regard, chargé de mépris, parcourait le visage de son mari endormi.Elle l’observa un instant, notant les cernes sous ses yeux et l’odeur de whisky qui émanait de lui.Un rire amer lui échappa.— Pathétique, murmura-t-elle en le voyant remuer légèrement dans son sommeil.Elle n’attendait plus rien de lui depuis longtemps.Le téléphone d’Adrian vib
Le siège de Lancaster Industries trônait au cœur du quartier financier, une tour de verre et d’acier à l’architecture avant-gardiste. Son logo doré, sobre et imposant, était visible à des kilomètres, témoignage de la puissance de cette dynastie familiale.À l’intérieur, le hall respirait le luxe et l’efficacité. Le sol en marbre reflétait les lumières tamisées, tandis que des œuvres d’art modernes ornaient les murs. Une fontaine minimaliste coulait en silence, ajoutant une touche d’apaisement au milieu de l’effervescence des employés en costumes impeccables.Adrian Lancaster descendit de sa voiture, une Aston Martin noire, ajustant distraitement sa veste. La soirée de la veille lui pesait encore, mais il ne laissait rien transparaître. Ses lunettes de soleil masquaient ses cernes, et son pas restait aussi assuré que d’habitude.Un autre véhicule de luxe, une Porsche gris anthracite, se gara non loin. Son petit frère, Elias Lancaster, en descendit avec élégance, vêtu d’un costume parfa
Le soleil matinal baignait l’école d’une lumière douce, mais Sofia n’avait ni le cœur ni l’esprit à savourer cette quiétude. Elle avançait dans les couloirs d’un pas mécanique, comme si chaque pas la pesait un peu plus. Son regard était terne, et son sourire habituel, celui qu’elle offrait toujours aux élèves et collègues, avait disparu.Elle poussa la porte de la salle des professeurs et s’affala sur une chaise, le dos légèrement voûté, fixant la table devant elle sans la voir réellement. Son esprit était ailleurs, coincé dans les événements de la veille.Les éclats de voix dans la cour de récréation, les poings serrés de Noah, le regard paniqué de Liam tentant de retenir son frère avant qu’il ne se jette sur un autre enfant… Puis la confrontation avec la directrice, les regards désapprobateurs des autres parents. Tout ça à cause d’un mot. Un mot qui avait ravivé une plaie béante."Orphelins."Noah et Liam n’avaient jamais connu leur père. Elle leur avait raconté des histoires, évité
Les jumeaux étaient seuls à la maison, comme ils l’avaient souhaité. Les deux enfants, malgré leur jeune âge, avaient des idées bien précises, et aujourd’hui, leur décision était prise : ils allaient comprendre un peu plus sur leur mère et les mystères qui entouraient leur vie.Noah se leva d'un bond et se dirigea vers le meuble à livres dans le salon. Ses doigts effleurèrent les couvertures poussiéreuses, fouillant, recherchant, mais ne trouvant rien qui puisse répondre à leurs questions. Aucune photo de leur père, aucun souvenir visible. À chaque étage de la bibliothèque, il se disait que peut-être, quelque part, il trouverait un indice, une clé qui ouvrirait les portes du passé de leur mère. Mais tout ce qu'il découvrit, ce furent des romans, des cahiers oubliés et des papiers égarés. Rien qui ne leur explique pourquoi ils n’avaient jamais vu leur père, ou pourquoi leur grand-mère n'était jamais mentionnée.— "Maman cache sûrement ces histoires loin de nous," dit Noah, en émettant
Après la conversation tendue, l’atmosphère dans la maison familiale s’adoucit progressivement. Victoria, avec son instinct maternel, s’assura que le dîner soit chaleureux et détendu.La table était dressée avec soin, ornée de bougies élégantes et de couverts en argent. Le repas, préparé par le chef de la famille, embaumait la pièce d’un parfum délicieux.— Ça fait longtemps qu’on n’a pas eu un dîner en famille comme ça, commenta Elias en servant du vin à sa mère.— Il était temps, répondit Victoria avec un sourire. Malgré vos emplois du temps chargés, c’est important de se retrouver.William, plus détendu qu’au début de la soirée, acquiesça en tranchant un morceau de viande.— Vous passez tellement de temps à gérer vos affaires que vous oubliez parfois que vous avez une famille.Adrian, qui était resté silencieux après la discussion précédente, leva les yeux vers son père.— On ne l’oublie pas. C’est juste que… certaines choses prennent plus de place que d’autres.— Il faut juste savo
Adrian et Elias quittèrent le siège de Lancaster Logistics après une journée de travail intense. L’accord avec l’entreprise chinoise venait d’être signé, et l’interview d’Adrian avait déjà fait le tour des écrans de télévision. Mais malgré cette réussite professionnelle éclatante, l’aîné des Lancaster restait silencieux, son regard braqué sur la route alors qu’il conduisait sa voiture en direction du domaine familial. Elias, assis à ses côtés, capta immédiatement son humeur.— Tu es encore en train de ressasser quelque chose, hein ? fit-il en décrochant légèrement sa cravate.Adrian ne répondit pas tout de suite, ses mains fermement accrochées au volant. Il n’aimait pas parler de ce qu’il ressentait, mais Elias avait ce don particulier pour deviner ce qui le tracassait.— On vient de sceller un contrat important. Tout s’est passé comme prévu. Pourquoi j’aurais quelque chose à ressasser ? rétorqua-t-il finalement, sans quitter la route des yeux.Elias roula des yeux.— Parce que je te
Ils restèrent tous les deux silencieux, leurs regards figés sur l’écran. L’homme à la télévision, le PDG de Lancaster Logistics, parlait d'une nouvelle stratégie de l'entreprise, mais pour Liam et Noah, tout semblait suspendu dans l’air, comme un secret partagé entre les images et leurs esprits.— "Pourquoi est-ce que ces messieurs nous ressemblent autant ?" murmura Noah, son cœur battant plus fort. Il se tourna vers Liam, les yeux remplis d’une peur sourde. "Est-ce que c'est… notre père ?"Le temps sembla suspendu. Un frisson parcourut Liam, le serrant au plus profond de son être. Il se sentait envahi par un mélange d’espoir, de confusion, et de doute. Est-ce que cela pouvait être vrai ? Était-ce vraiment possible ? Son regard se perdit un instant dans l’obscurité du salon avant de revenir se fixer sur l’écran. Cet homme… il y avait quelque chose de trop familier dans ses gestes, dans sa voix. C'était comme s’il l'avait toujours connu, même sans l’avoir jamais rencontré.— "Tu penses
Les jumeaux étaient seuls à la maison, comme ils l’avaient souhaité. Les deux enfants, malgré leur jeune âge, avaient des idées bien précises, et aujourd’hui, leur décision était prise : ils allaient comprendre un peu plus sur leur mère et les mystères qui entouraient leur vie.Noah se leva d'un bond et se dirigea vers le meuble à livres dans le salon. Ses doigts effleurèrent les couvertures poussiéreuses, fouillant, recherchant, mais ne trouvant rien qui puisse répondre à leurs questions. Aucune photo de leur père, aucun souvenir visible. À chaque étage de la bibliothèque, il se disait que peut-être, quelque part, il trouverait un indice, une clé qui ouvrirait les portes du passé de leur mère. Mais tout ce qu'il découvrit, ce furent des romans, des cahiers oubliés et des papiers égarés. Rien qui ne leur explique pourquoi ils n’avaient jamais vu leur père, ou pourquoi leur grand-mère n'était jamais mentionnée.— "Maman cache sûrement ces histoires loin de nous," dit Noah, en émettant
Le soleil matinal baignait l’école d’une lumière douce, mais Sofia n’avait ni le cœur ni l’esprit à savourer cette quiétude. Elle avançait dans les couloirs d’un pas mécanique, comme si chaque pas la pesait un peu plus. Son regard était terne, et son sourire habituel, celui qu’elle offrait toujours aux élèves et collègues, avait disparu.Elle poussa la porte de la salle des professeurs et s’affala sur une chaise, le dos légèrement voûté, fixant la table devant elle sans la voir réellement. Son esprit était ailleurs, coincé dans les événements de la veille.Les éclats de voix dans la cour de récréation, les poings serrés de Noah, le regard paniqué de Liam tentant de retenir son frère avant qu’il ne se jette sur un autre enfant… Puis la confrontation avec la directrice, les regards désapprobateurs des autres parents. Tout ça à cause d’un mot. Un mot qui avait ravivé une plaie béante."Orphelins."Noah et Liam n’avaient jamais connu leur père. Elle leur avait raconté des histoires, évité
Le siège de Lancaster Industries trônait au cœur du quartier financier, une tour de verre et d’acier à l’architecture avant-gardiste. Son logo doré, sobre et imposant, était visible à des kilomètres, témoignage de la puissance de cette dynastie familiale.À l’intérieur, le hall respirait le luxe et l’efficacité. Le sol en marbre reflétait les lumières tamisées, tandis que des œuvres d’art modernes ornaient les murs. Une fontaine minimaliste coulait en silence, ajoutant une touche d’apaisement au milieu de l’effervescence des employés en costumes impeccables.Adrian Lancaster descendit de sa voiture, une Aston Martin noire, ajustant distraitement sa veste. La soirée de la veille lui pesait encore, mais il ne laissait rien transparaître. Ses lunettes de soleil masquaient ses cernes, et son pas restait aussi assuré que d’habitude.Un autre véhicule de luxe, une Porsche gris anthracite, se gara non loin. Son petit frère, Elias Lancaster, en descendit avec élégance, vêtu d’un costume parfa
Le soleil du matin perçait à travers les rideaux de la vaste chambre conjugale, illuminant l’élégant décor aux tons sobres. L’odeur persistante d’alcool flottait encore dans l’air.Allongé sur le dos, Adrian Lancaster dormait profondément, son souffle régulier trahissant l’épuisement causé par sa nuit de débauche. Son bras musclé était négligemment posé sur le drap en satin, tandis que son visage, d’ordinaire si imposant, semblait plus vulnérable dans l’abandon du sommeil.À ses côtés, sa femme, toujours impeccable, était déjà réveillée. Elle était assise sur le bord du lit, ses longs cheveux parfaitement brossés tombant sur ses épaules. Son regard, chargé de mépris, parcourait le visage de son mari endormi.Elle l’observa un instant, notant les cernes sous ses yeux et l’odeur de whisky qui émanait de lui.Un rire amer lui échappa.— Pathétique, murmura-t-elle en le voyant remuer légèrement dans son sommeil.Elle n’attendait plus rien de lui depuis longtemps.Le téléphone d’Adrian vib
Pendant ce temps, dans la chambre voisine, Noah tentait de s’endormir.Mais quelque chose le tracassait.Il se tourna et se retourna dans son lit, incapable de trouver le sommeil.Finalement, il se leva.— Où tu vas ? chuchota Liam, les yeux mi-clos.— J’ai soif, répondit Noah à voix basse.Liam fronça les sourcils.— Maman ne veut pas qu’on sorte après le coucher.— Je vais juste boire un verre d’eau, insista Noah avant de sortir discrètement de la chambre.Le couloir était plongé dans l’obscurité, mais il connaissait le chemin par cœur.Il avançait prudemment vers la cuisine quand il passa devant la chambre de sa mère.Il s’arrêta net.Des sanglots.Il sentit son cœur se serrer.Intrigué, il s’approcha de la porte et colla son oreille contre le bois.Il pouvait entendre sa mère parler, mais sa voix était étouffée par ses pleurs.Noah fronça les sourcils.Pourquoi pleurait-elle ?Il se recula lentement et retourna en courant dans sa chambre.— Liam ! Réveille-toi !Liam ouvrit un œil
Sofia termina sa vaisselle et prit une grande inspiration avant de rejoindre le salon.Mais à peine eut-elle franchi le seuil de la cuisine qu’elle s’arrêta net.Un choc lui traversa le cœur.Là, juste devant elle, Liam et Noah étaient à genoux.Leurs petits visages, d’habitude pleins de malice et d’assurance, étaient graves et sincères.Leurs mains jointes en signe de supplication, ils la regardaient avec une expression à la fois coupable et désespérée.— Maman, on est désolés… murmura Noah.Sofia resta figée, incapable de réagir.— On n’aurait pas dû se battre… mais ils ont dit des choses méchantes sur toi… sur nous… continua Liam, sa voix tremblante.Noah baissa les yeux, ses petits poings serrés sur son pantalon.— Je voulais juste te protéger… souffla-t-il, la gorge nouée.Sofia sentit une vague d’émotion monter en elle, un mélange d’amour, de tendresse et de chagrin.Ses fils… ses précieux bébés…Ils pensaient l’avoir déçue.Ils croyaient devoir quémander son pardon.Elle porta