Vero et Kate quittèrent l’hôtel Talinjoo avec une énergie bien différente. Vero, en short en jean et débardeur noir, marchait d’un pas décidé, impatiente de s’amuser. Kate, dans une robe fluide bleu marine, était plus réservée, tirant légèrement sur le bras de son amie.— Vero, j’espère que tu ne vas pas encore faire des bêtises ce soir…— Moi ? Jamais ! répondit Vero avec un grand sourire. Ce soir, c’est ta soirée. Fruits de mer à volonté, ambiance de rêve, et si on a de la chance, peut-être un peu d’animation imprévue !— J’ai peur de ce que tu appelles « animation imprévue »…Elles arrivèrent à la marina où une douce brise marine caressait leur peau. La terrasse du restaurant scintillait sous les guirlandes lumineuses et l’odeur des fruits de mer grillés flottait dans l’air. Une serveuse souriante les installa à une table avec vue sur l’océan.— Alors, qu’est-ce qu’on commande ? demanda Vero en attrapant le menu.— Je veux juste un plateau de fruits de mer, murmura Kate, les yeux b
Kate marchait près de la rambarde du ponton vers le yacht, laissant le vent caresser son visage. Elle tentait de retrouver un semblant de sérénité. Mais un bruit étrange la tira de ses pensées.Flop !Elle se retourna brusquement et plissa les yeux vers l’eau sombre. Un homme venait de tomber ! Et pas n’importe lequel…— Dave ?! s’écria-t-elle, éberluée.L’homme émergea en toussant, les cheveux plaqués sur le front.— Bon sang, mais qu’est-ce que tu fais là ?!— J’avais… une entrée plus dramatique prévue, mais il semblerait que ce fichu talon de chaussure en ait décidé autrement, grommela-t-il.Kate pinça l’arête de son nez en secouant la tête.— Tu es tombé dans l’eau. Voilà ce qui arrive quand on espionne les gens dans l’ombre comme un méchant de série B.Dave leva un doigt pour protester, mais il faillit couler de nouveau. Il se rattrapa au bord, tremblant de froid.— Je n’espionnais pas ! J’étais juste… dans le coin.— Ah oui, bien sûr, ironisa Kate. Avec un scaphandre invisible a
La voix d'Arnold Hopkins était tranchante, dépourvue de toute chaleur. Dave se redressa, alerte.— Dave, il faut que tu viennes au Manoir immédiatement.— Maintenant ? Grand-Père, je suis encore au Pays Z. Je ne peux pas rentrer au Pays A.— C’est maintenant ou jamais, coupa le vieil homme d’un ton sec. J’ai pris ma décision. Nous finalisons la succession demain. Sois tu es là, soit j’en fais profiter Andrew.Un frisson parcourut l’échine de Dave. Il serra le téléphone plus fort.— Andrew ? Tu plaisantes ? Grand-Père, tu sais bien que je suis le plus apte à…— Ce n’est pas une question d’aptitude, Dave. C’est une question de présence, de devoir. Un héritier ne se dérobe pas.Dave passa une main nerveuse dans ses cheveux. Il savait que son grand-père ne bluffait jamais. L’homme n’avait jamais toléré la faiblesse ni l’indécision.— J’ai besoin d’au moins quarante-huit heures pour organiser mon départ…— Demain. À la première heure. Sinon, tout revient à Andrew. C’est mon dernier mot.Un
Charles Greatwall était assis derrière son immense bureau en acajou, un cigare fumant entre ses doigts. L’air lourd du bureau était saturé de tension lorsqu’on frappe à la porte.— Patron… on a un problème.La voix de son bras droit, Victor, était tremblante, chose rare chez cet homme au sang-froid légendaire. Charles ferma lentement les yeux avant de répondre, sa voix aussi tranchante qu’une lame de rasoir.— Dis-moi que c’est un problème que tu es déjà en train de régler.— La cargaison… Elle a été interceptée à Londres. Tout a été saisi. Les flics ont tout pris, Patron.Un silence de plomb s’abattit sur la pièce. Charles retira lentement son cigare de sa bouche et l’écrasa d’un geste sec dans un cendrier en cristal. Lorsqu’il parla, sa voix était basse, menaçante.— Tu veux dire que j’ai perdu des centaines de millions ?!— On a un traître, patron. Il n’y a pas d’autre explication.Un bruit sourd retentit. Charles venait d’envoyer voler un presse-papier contre le mur. Son regard s’
Dans la vaste bibliothèque aux murs de chêne du manoir d’Ylias, l’atmosphère était empreinte de gravité. Ylias s’appuye contre son bureau en acajou, son regard fixé sur l’écran du téléphone, attendant que l’appel se connecte. Lorsque la voix de Dave retentit à l’autre bout du fil, Ylias ne perdit pas une seconde.— Dave, il faut qu’on parle. Charles Greatwall commence à perdre du terrain. Deux de ces trafics ont été révélés au grand jour ce matin et ce n’est pas près d’en finir. Nos informateurs nous confirment que plusieurs de ses alliés doutent de lui. Mais il n’en reste pas moins dangereux.— J’ai reçu des échos similaires, répondit Dave, sa voix grave marquant sa prudence. J’ai mis mes équipes sur le coup, et nous avons intercepté des transactions douteuses qui pourraient le compromettre.Ylias esquissa un sourire.— Tu as toujours un temps d’avance… Je veux savoir jusqu’où nous pouvons l’affaiblir sans éveiller ses soupçons.— J’ai un plan, mais il demande une coordination parfai
Les jours qui suivirent passèrent très vite. L’empire des Greatwall, ce mastodonte financier et politique, s'effondrait lentement sous les coups implacables de la justice. Dave et Ylias avaient été plongés dans cette guerre sans merci, où les combines des Greatwall tombaient une par une, comme des dominos frappés par une main invisible. Les entreprises rattachées au groupe se retrouvaient dans la tourmente, accusées de fraude, de trafic, de falsification de documents… Les Greatwall, autrefois intouchables, n’étaient plus que l’ombre d’eux-mêmes, leur réputation ruée dans les tranchées de la honte.Dave savait que le moment était venu. Il allait annoncer à sa famille et à toute la sphère des Greatwall qu’il renonçait à épouser Monica. Le scandale des Greatwall avait éclaté et, avec lui, les espoirs d'une union stratégique s’étaient évaporés. Arnold, son grand-père, sera obligé d’accuser le coup. Il fallait dire que, après les révélations qui secouaient l’empire des Greatwall, tout autr
La limousine noire glissait silencieusement sur le bitume mouillé. À l’intérieur, le cuir blanc des sièges contrastait violemment avec la tension qui régnait. Monica Gratwall, les bras croisés, fulminait. Sa mâchoire crispée et son regard noir traduisaient un mélange de colère et d'incompréhension.— Papa, je veux une explication claire. Immédiatement. Qu’est-ce qui s’est passé là-dedans ? Pourquoi Dave a-t-il perdu son sang-froid comme ça ? Tu l’as provoqué, hein ?!Charles Gratwall, assis droit dans son siège, impeccablement coiffé malgré l’échauffourée, épousseta calmement le revers de sa veste. Sa voix glaciale tranchait dans l’air tendu.— Ce garçon est un imbécile naïf, grogna-t-il.Monica le fixait, les sourcils froncés.— Mais enfin, Dave et moi… tout allait très bien entre nous avant que cette... cette fille débarque de nulle part ! Cette Kate Kitson ! Qu’est-ce qu’elle a de plus, hein ? Elle est banale, sans intérêt, provinciale !— Ce qu’elle a, répondit froidement Charles,
Le jet privé de Dave atterrit sur la piste de l’aéroport international du Pays Z. La chaleur étouffante du tarmac contrastait violemment avec l’atmosphère glaciale qui régnait à l’intérieur de l’appareil. Dave, costume taillé sur mesure, lunettes noires, descendit les marches, le visage fermé. Il était venu pour récupérer Kate. À n’importe quel prix.Greg l’attendait au pied de l’avion, l’air tendu. Dave s’arrêta net en le voyant.— Dis-moi tout, Greg, lâcha-t-il d’un ton tranchant. Maintenant.Greg jeta un coup d’œil à l’équipe qui suivait Dave — analystes, anciens militaires, experts en cybersécurité — puis hocha la tête et guida son patron jusqu’à un 4x4 blindé qui les attendait. À l’intérieur, la climatisation ronronnait faiblement.— Kate a été enlevée cet après-midi, pendant une réunion du Conseil d’Administration de Blacksands, commença Greg, le regard fixé sur la route alors que le véhicule filait vers le QG improvisé de Bluestone. La salle était sécurisée, huit membres du con
Le soleil se couchait doucement sur les jardins de la villa, teignant le ciel d’un rose orangé. Les familles, réunies pour un dîner en extérieur, savouraient les derniers instants d’une journée parfaite. Tandis que les bébés dormaient paisiblement à l’étage, bercés par les soins experts de leurs grands-parents, les jeunes mariés profitaient d’un rare moment de calme.Dave, accoudé à la rambarde de la terrasse, sirotait un jus de citron frais, le regard perdu dans l’horizon. À ses côtés, Greg sirotait un soda glacé, les pieds posés sur une chaise vide.Soudain, Dave tourna la tête vers lui, un sourire malicieux au coin des lèvres.— Tu te souviens du pari qu’on avait fait, il y a un an ? Juste après que j’ai rencontré Kate ?Greg haussa un sourcil, l’air intrigué… puis éclata de rire en recrachant presque sa gorgée.— Comment oublier ça ! J’avais parié que tu finirais par tomber fou amoureux d’elle, et que tu l’épouserais !— Et moi j’avais dit que c’était impossible… répondit Dave, fa
Le grand jour était enfin arrivé.Sous un ciel bleu limpide et une brise douce parfumée de jasmin, la grande villa des Hopkins avait été transformée en un jardin de conte de fées. Guirlandes suspendues entre les arbres, pétales de roses jonchant l’allée, arche florale majestueuse… tout semblait tout droit sorti d’un rêve.Mais comme dans tout rêve parfait, il y avait... quelques imprévus.Evan courait partout avec une cravate de travers.— Quelqu’un a vu les chaussures de Greg ?! Mathias a bavé sur mes fichues notes de discours ! Et Christiana vient de faire pipi sur la robe de Joy. CATASTROPHE !Kate sortit de la chambre, rayonnante dans sa robe ivoire. Elle attrapa Evan par les épaules :— Respire. Tout va bien.— Je vais m’évanouir avant vous !Greg arriva au même moment, torse nu, une chaussette sur la tête au lieu du pied.— Je suis prêt ? Non ? Trop de pression. Dave respire comme Dark Vador dans le dressing. Joy pleure parce qu’elle a marché sur sa traîne. Et Mathias veut un bib
La villa de Kate et Dave bourdonnait d’une effervescence douce et joyeuse. Depuis l’annonce de leur double mariage, les familles Kitson, Hopkins, Jensen et Hanson ne parlaient plus que de ça : le grand jour. Ou plutôt... les deux grands jours réunis en un seul.Car oui, l’amour avait frappé fort et d’un coup : Kate et Dave, les âmes reconnectées après mille tempêtes, allaient dire oui... en même temps que Joy et Greg, les cœurs nouveaux, surpris mais sincèrement liés.La première à fondre en larmes en voyant les robes de mariées alignées sur les portants, ce fut Eva, la maman de Kate et Joy.— Mes bébés vont se marier... et le même jour en plus !— Tu veux que je te dise, maman ? lança Joy en souriant. J’ai toujours su qu’on ferait tout ensemble. Même tomber amoureuse au même moment.— On va vous voler la vedette, ajouta Kate en riant, les yeux fixés sur sa sœur.Pendant ce temps, Greg et Dave, eux, testaient leurs costumes devant un miroir géant.— Je crois que j’ai un air de prince
Le lendemain matin, la nouvelle s'était répandue comme une traînée de poudre. Greg et Joy étaient ensemble. Ou, selon les rumeurs des plus enthousiastes : "ils s'aiment comme des fous et élèvent déjà Mathias ensemble dans une villa pleine de fleurs et de biberons."C'était Henry Hopkins qui avait lancé les festivités. Assis avec Eva Kitson sur un banc au jardin, il tapota son téléphone, lut le message de Greg… et explosa de rire :— Mais alors c’est vrai ?! Ma future belle-fille, c’est la petite Joy ? Ha ! J’aurais dû m’en douter !Eva fronça les sourcils avec un sourire en coin.— Qu’est-ce qui te fait rire, Henry ?— Notre Greg est amoureux de de votre Joy, et moi, je trouve ça parfait ! On devrait faire un arbre généalogique en spirale, tiens, ça ira plus vite !Dans le salon de Kate, Yvan Kitson – toujours très sérieux – était en train de lire le journal quand Dave entra, hilare :— Papa Yvan, tu savais que Joy et Greg sont ensemble ?Yvan leva un sourcil, très calme.— Oui. Et j’
Quelques semaines après le procès, la vie reprenait lentement son cours. Dave et Greg avaient un besoin urgent de tourner la page, de construire quelque chose de nouveau – de solide – pour leurs familles respectives. Et cela passait, d’abord, par un nouveau foyer.Dave tomba amoureux d’un domaine immense situé à flanc de colline, une villa de 2000m² avec un jardin luxuriant, une piscine naturelle, une serre, et même une petite forêt en bordure. Lorsqu’il emmena Kate la visiter, elle n’en revenait pas.— Dave… tu es fou ! C’est gigantesque.— Fou de toi, surtout, répondit-il avec un sourire espiègle. Il nous faut de l’espace pour les triplés. Et pour toi. Je veux que tu te sentes libre ici.Kate avait les larmes aux yeux en découvrant la chambre des bébés, déjà décorée. Son cœur battait à tout rompre.De son côté, Greg avait opté pour une villa plus discrète mais pleine de charme, avec un jardin fleuri, des baies vitrées, une terrasse en bois et une chambre spécialement conçue pour Mat
La nuit était tombée à l’Escala. Les rires s’étaient tus, les berceaux bercés, les familles reparties. Le calme régnait enfin, un calme doux et feutré, comme si le monde entier retenait son souffle pour ne pas déranger ce moment.Dans la chambre principale devenue leur cocon, Dave et Kate étaient enfin seuls. Les triplés dormaient à quelques mètres d’eux, paisibles. Leurs petits soupirs étaient les seuls sons qui brisaient le silence.Kate, encore vêtue d’une robe légère, se tenait debout face à la fenêtre, contemplant le jardin nocturne. Dave, adossé au chambranle de la porte, la regardait en silence. Il n’y avait plus Monica, plus de poison, plus de secrets — juste elle et lui. Et le poids insupportable de toutes ces mois à se désirer sans se retrouver.— Tu comptes rester là toute la nuit ? demanda Kate d’un ton doux mais chargé de sous-entendus.Dave sourit. Ce sourire. Celui qu’elle avait aimé dès le premier jour.— Je n’ose pas m’approcher. Tu es… comme un mirage.Kate se retourn
La nouvelle de la naissance de Mathias Hanson s’était répandue aussi vite qu’un éclair dans un ciel d’été. À peine quelques heures après l’accouchement, la salle de repos de la maternité était remplie de visages rayonnants, curieux, parfois émus jusqu’aux larmes.Greg, blême de fatigue mais souriant jusqu’aux oreilles, tenait son fils dans ses bras avec la maladresse d’un homme qui apprend encore à respirer en même temps que son bébé.— Il est là… souffla-t-il, les yeux brillants, en voyant les premiers invités arriver.La grand-mère de Greg, une dame élégante au regard perçant, entra en tête du petit groupe, suivie des parents de Greg et de sa sœur Johanne. Tous s'arrêtèrent en le voyant.— Greg… mon dieu… c’est ton fils ? souffla sa mère, les larmes aux yeux.— Oui, maman. Je vous présente Mathias.Sa grand-mère, d’ordinaire un roc d’austérité, dut sortir un mouchoir. Son père s’éclaircit bruyamment la gorge pour contenir l’émotion, tandis que Johanne fondait carrément en larmes.—
Le van noir fonça jusqu’à l’hôpital à une vitesse qui aurait fait pâlir un pilote de Formule 1. Dave klaxonnait à chaque virage.— Dave ! Tu vas nous tuer !— T’as crié « elle accouche » ! C’est soit ça, soit tu coupes le cordon toi-même dans le salon, Greg !Ils freinèrent net devant les urgences maternité, Greg sauta hors de la voiture... et se tordit la cheville en atterrissant.— Aïe ! Aïe ! Je suis foutu ! J’arriverai jamais !Dave, hilare, le soutint sous l’épaule.— Allez papounet, debout ! Si t’es pas là pour couper le cordon, c’est moi qui le fais, et je te promets que je le ferai avec les dents.Greg hurla un "NOOONNNNNN", qui fit se retourner toute la salle d’attente.Une infirmière, alertée, accourut.— Vous êtes monsieur Greg ? Vite, suivez-moi, elle est en salle de naissance, vous avez juste le temps d’enfiler la blouse !Greg attrapa la blouse, se trompa de sens, s’emmêla dedans, manqua de tomber sur un brancard, puis… enfin, entra.Monica était pâle, en sueur, exténuée
La douleur frappa Monica comme un éclair dans la colonne. Brutale. Sèche. Elle tomba à genoux sur le sol glacé de sa cellule. Ses cris résonnèrent dans les couloirs bétonnés de l’aile d’isolement.— Aaaahhh… oh mon Dieu… AAHHH !Le gardien accourut, alerté par l’alarme déclenchée dans la cellule.— Elle perd les eaux ! URGENCE MÉDICALE !Monica, haletante, transpirante, hurla :— Appelez Greg ! Je veux Greg ! Appelez-le maintenant !Deux gardes la hissèrent sur une civière, sous le regard figé d’une infirmière carcérale. Monica agrippa l’un d’eux par le col, les yeux fous :— Appelez Greg, je vous en supplie ! Dites-lui que je… que je vais accoucher !Son regard n’avait plus rien de froid ou stratégique. Il n’y avait plus de manipulation. Plus de contrôle. Juste une femme terrifiée par l’inconnu, acculée par la douleur, le ventre en feu, un bébé prêt à naître dans un monde qui la rejetait.— Hôpital central, maternité haute sécurité ! hurla l’un des gardes dans son talkie.— Prévenez