RubisJ’ai peur. J’ai peur de ces sentiments qui naissent en moi, de cette dépendance croissante, de cette peur irrationnelle de le perdre. Et, plus que tout, j’ai peur de la vérité qui se cache derrière tout ça. Est-ce vraiment de l’amour ? Ou est-ce juste un besoin de me sentir aimée, d’être protégée, de ne pas être seule dans ce monde ?Mais non. Ce n’est pas seulement ça. C’est plus que ça. Il m’attire d’une manière que je ne comprends pas, qu’il ne comprend pas. J’ai envie de le détester, de le haïr pour ce qu’il me fait, mais je n’y arrive pas. Parce qu’au fond, je ne peux pas nier ce que je ressens. Je l’aime. De plus en plus chaque jour. Mais cette vérité me fait peur, me paralyse.Aimer quelqu’un, c’est perdre une partie de soi, c’est se laisser vulnérable. Et je ne sais pas si je peux me permettre d’être vulnérable avec lui. Pas avec lui. Pas avec quelqu’un comme lui.Je me relève brusquement, mes pensées devenant trop oppressantes. Je me sens piégée dans ce tourbillon, une
Rubis Il baisse les yeux, ses traits se durcissant. Il semble lutter intérieurement, comme s’il était pris dans un tourbillon de ses propres émotions. Puis, d’un ton ferme et froid, il répond :Non.Je recule sous l'impact de ses mots, comme si un poids lourd venait de s'abattre sur mes épaules. La déception me transperce. C’est comme un coup de poignard. Je n’ai jamais cru que ça me ferait si mal.Pourquoi ? Ma voix tremble malgré moi. Pourquoi tu me rejettes encore ?Il garde son silence un instant, m’observant de loin. Puis il soupire, comme s’il était fatigué de toute cette histoire, comme si tout ça n’avait plus de sens pour lui.Parce que je ne suis pas ce que tu penses, Rubis. Il me regarde, mais ses yeux sont vides, froids. Tu mérites plus que ça.Un silence lourd s’installe entre nous, brisé seulement par le bruit lointain de la circulation. Je me sens noyée, perdue dans cette mer de confusion.Mais je ne veux rien d’autre que toi, Prince.Je tente une dernière fois, la voix
RubisAziz me fixe, son regard perçant cherchant une réponse dans mes yeux. Il a cette intensité, ce feu intérieur qui ne demande qu'à exploser. Mais il ne sait pas. Il ne comprend pas ce qui me ronge."Tu es ailleurs, Rubis." Sa voix est calme, mais il y a une pointe d'agacement sous-jacente. "Explique-moi. Qu'est-ce qui te hante autant ?"Je détourne les yeux, incapable de soutenir son regard. Comment lui dire ? Comment lui expliquer que la rage qui brûle en moi n'a rien à voir avec lui ? Que ce n'est pas un simple caprice de femme égarée, mais un besoin viscéral, un devoir que je me suis imposé ?"Ce n'est pas important, Aziz."Il fronce les sourcils. "Ne me mens pas. Tu es consumée par quelque chose. Et je veux savoir."Un silence pesant s'installe. Je prends une profonde inspiration, sentant mon cœur battre furieusement contre ma poitrine. Il mérite une explication. Mais jusqu'où puis-je aller ?"C'est Daniel," je finis par avouer, ma voix à peine un souffle. "Je dois me venger d
AzizRubis me fixe, le regard dur, comme si elle pesait chacune de ses paroles avant de parler. Elle sait que je ne vais pas lâcher l’affaire. Elle sait que je veux comprendre, que je veux être impliqué. Mais je vois aussi son hésitation, ce besoin presque viscéral de tout gérer seule."Parle-moi, Rubis. Dis-moi ce que tu comptes faire."Elle croise les bras, s’appuyant contre le mur, et je vois ses doigts crispés sur sa peau. Elle est tendue, sur le fil du rasoir."Prince s’occupe de tout," dit-elle enfin. "Il est en train de rassembler des preuves contre Daniel. Des documents, des enregistrements, des témoignages. Tout ce qu’il faut pour le faire tomber."Je fronce les sourcils. "Et ça te suffit ? Tu crois vraiment que la justice va faire son travail ?"Elle lâche un rire amer. "Je ne compte pas seulement sur la justice. Mais si je peux l’anéantir légalement avant de passer à des méthodes plus… radicales, alors je le ferai."Je m’approche lentement d’elle, cherchant à capter son reg
AzizL’atmosphère est surchargée d’une tension palpable, comme un orage imminent. Nous venons de discuter des plans de Rubis, la gravité de la situation s’ancrant de plus en plus dans la réalité. Chaque mot que nous avons échangé résonne en moi, créant une cacophonie d’inquiétudes et de désirs. Mais en la regardant, je sens que quelque chose de plus intense est en train de naître entre nous. Je la perçois comme une fleur prête à éclore, tiraillée entre le besoin de protection et l'appel de la passion."Tu sais," commence Rubis, un mélange d’hésitation et de détermination dans la voix, "parfois, il est important de se laisser aller un peu." Ses prunelles caramel captent la lumière, reflétant une fragilité inattendue.Je m’avance lentement, réduisant la distance entre nous, mon cœur battant la chamade. "Et si je te disais que je suis prêt à tout ? À tout supporter, s’il le faut, si cela peut t’aider ?" Mes mots portent un poids, imbu de la sincérité de mes sentiments.Un léger sourire f
RubisLa chaleur de son corps contre le mien me retient entre rêve et réalité. Son souffle lent effleure ma peau, et l’odeur boisée de son parfum m’enveloppe encore. Dans cet instant suspendu, je pourrais presque oublier le poids de la vengeance, les ombres qui rôdent et l’urgence de mon plan.Mais la réalité me rattrape toujours.J’ouvre lentement les yeux, la lumière pâle du matin filtrant à travers les rideaux. Aziz est déjà réveillé. Je le sens avant même de le voir. Son regard brûlant glisse sur mon visage, patient, attentif.Je bouge légèrement, et son bras resserre son étreinte autour de ma taille, comme s’il refusait de me laisser partir."Tu ne dors jamais vraiment, hein ?" murmuré-je, la voix encore voilée par le sommeil.Un léger sourire étire ses lèvres. "Pas quand tu es là."Je lève un sourcil, amusée malgré moi. "C’est censé être flatteur ?""Peut-être." Son ton devient plus grave, plus sérieux. "Ou peut-être que j’ai juste peur que tout ça disparaisse trop vite."Je dét
Prince Elle se retourne brusquement, croisant les bras sur sa poitrine. "Non."Je fronce les sourcils. "Rubis—""Aziz, écoute-moi," coupe-t-elle, sa voix plus tranchante qu’une lame. "Je t’ai déjà impliqué plus que je ne l’aurais voulu. Si tu viens, tu risques d’être exposé."Je serre les mâchoires. "Et toi, alors ? Tu ne risques rien, peut-être ?"Un sourire amer tord ses lèvres. "La différence, c’est que moi, je suis prête à tout perdre."Son regard est un défi. Un avertissement.Mais je ne recule pas."Je m’en fiche de ce que tu es prête à perdre, Rubis. Je ne vais pas rester là à te regarder te jeter dans la gueule du loup."Elle soupire, passant une main sur son visage comme si elle luttait contre une frustration grandissante."Aziz…"Je prends son visage entre mes mains, la forçant à me regarder."Tu n’as plus à faire ça seule," murmuré-je.Son souffle se suspend, ses yeux s’accrochant aux miens.Un instant, j’ai l’impression qu’elle va céder.Mais au lieu de ça, elle ferme les
RubisJe sens son souffle brûlant, son regard me transperce, et pourtant, je tiens bon. Jouer la comédie face à Daniel, c'est comme danser au bord du précipice : un faux pas, et tout s'écroule.Sa main effleure ma joue, un geste faussement tendre. Il croit avoir encore un pouvoir sur moi, il pense que je vais céder, vaciller sous son emprise.Mais il ne comprend pas.Je ne suis plus la même.— Tout, répète-t-il d’une voix basse, hypnotique.Je joue mon rôle à la perfection. Une hésitation, un soupir, un regard fuyant.— Et si… je voulais voir de mes propres yeux ? demandé-je d’une voix douce.Daniel esquisse un sourire lent, satisfait. Il sait que je le teste, mais il ne s’en soucie pas. Il aime ça.— Viens avec moi, murmure-t-il. Laisse-moi te montrer ce que je suis prêt à t’offrir.Je devine l’ombre d’un mouvement derrière moi.Prince.Il est tendu, prêt à intervenir.Et il n’est pas seul.Une seconde plus tard, une main agrippe mon poignet et me tire brusquement en arrière.— C’est
RubisLes jours se suivent et se ressemblent, mais chaque matin semble désormais différent. Le monde autour de moi a changé, tout comme ma perception de ce dernier. L’idée que je porte un enfant, notre enfant, semble m’habiter à chaque instant. Cette pensée douce et bouleversante me poursuit à chaque mouvement, à chaque battement de mon cœur. La vie, celle que je vais offrir à ce petit être, semble fragile et précieuse, comme un fil suspendu dans le vide, mais rempli d’un potentiel immense.Le ventre commence à se voir, à se dessiner lentement, et chaque matin, je pose mes mains dessus, comme une promesse silencieuse à cet enfant. Aziz est plus que présent, plus que jamais. Il veille sur moi comme un protecteur, mais aussi comme un homme qui a trouvé sa place. Ses yeux brillent d’une lueur différente, d’une douceur nouvelle, et je vois dans son regard qu’il est déjà tombé amoureux de ce bébé, avant même qu’il ne soit là.Il n’y a pas un jour où il ne m’adresse un sourire plein de tend
RubisLes mois ont passé en un éclair. Chaque jour passé à ses côtés semble être une éternité, mais une éternité douce et pleine de sens. Aziz et moi avons créé notre propre monde, un monde où l’amour et la complicité sont plus forts que tout le reste. Le chaos qui m’entourait avant semble s’éloigner, comme un lointain souvenir que je tente de ne plus revoir. Nous avons trouvé une certaine paix ensemble, une tranquillité fragile, mais sincère.Aujourd’hui, la maison semble plus lumineuse que jamais. Les rayons du soleil filtrent à travers les rideaux, illuminant chaque coin de la pièce, et je me sens… bien. Plus que bien, en réalité. C’est comme si une énergie nouvelle envahissait chaque cellule de mon corps, une chaleur douce et rassurante qui ne fait qu’augmenter au fil des jours. J’ai l’impression de renaître, de trouver une version de moi que j’avais oubliée.Je suis assise sur le canapé, une tasse de thé fumant entre les mains, mes pensées vagabondant. Aziz est dans la cuisine, s
RubisLe matin se lève lentement, apportant une lumière douce et chaude à travers les rideaux. Je me réveille dans le silence de la maison, mais un silence différent de celui de la veille. Ce matin, il n’y a pas ce malaise, cette lourdeur qui pesait sur mes épaules. Non, aujourd'hui il y a cette chaleur, cette douceur étrange qui m'envahit depuis que Aziz est rentré. Ses bras autour de moi, sa présence constante… Il est là, à chaque instant, et chaque seconde passée avec lui est comme une promesse silencieuse, une promesse de réconfort et de passion.Je me tourne lentement vers lui, le voyant allongé à côté de moi, sa respiration calme. Son visage est serein, comme s’il ne se souciait de rien. Il est si différent de tout ce que j’ai connu, et pourtant, il m’attire d’une manière que je ne peux pas expliquer. Tout ce que j’ai fait, tout ce que j’ai traversé, m’a conduite à lui. C’est comme si, dans ce chaos, dans cette guerre secrète, il était le seul à apporter un peu de clarté.J’effl
RubisIl me regarde longtemps, son regard perçant, comme s’il voulait déchiffrer les mystères de mon âme. Mais il se contente de hocher la tête et se tourne vers la télévision. Peut-être qu’il n’a rien vu, ou peut-être qu’il fait semblant. Je ne le sais pas, et je n’ai pas envie de le savoir.Je me sens à la fois perdue et piégée. Tout ce que je voulais, c’était sauver Prince, mais voilà que je suis en train de me perdre moi-même.Le silence dans la maison est assourdissant. Je suis assise dans le salon, fixant le téléphone posé devant moi. La lumière tamisée de la pièce éclaire faiblement mon visage. Les pensées tournent, vides, en boucle. Chaque bruit semble plus intense que le précédent, chaque mouvement plus lourd. Je n’arrive pas à me débarrasser de cette sensation étrange, ce malaise persistant qui me ronge de l’intérieur.Peu après mon arrivée à la maison, Aziz est allé se coucher, et je suis restée là, seule avec mes pensées. Mon esprit ne peut s’empêcher de ressasser tout ce
RubisLe trajet de retour est une épreuve silencieuse. La route défile devant moi, chaque mètre qui me sépare de chez moi me pèse un peu plus. Le silence dans la voiture est lourd, presque oppressant, et je n’arrive pas à calmer l’agitation qui m’envahit. Tout ce que je viens de faire, ce que je viens de risquer, semble me rattraper, mais il n’y a plus de retour en arrière. Le rituel a eu lieu, la poudre a fait son effet, mais tout ce que je ressens, c’est un vertige de culpabilité et de doute. Ai-je fait le bon choix ? Est-ce que cela suffira pour sauver Prince, ou l’ai-je poussé plus loin encore dans la folie ?Je ferme les yeux un instant, cherchant à trouver un peu de calme, mais c'est impossible. Dans ma tête, tout est un tourbillon. La conversation avec le marabout, l’odeur de la poudre, le moment où j’ai vu Prince manger le repas. C’était comme si le monde s'était suspendu, et maintenant que je suis en route vers la maison, tout reprend son cours, mais pas de la façon dont je l
RubisLa nuit tombe doucement sur la ville, et tout autour de moi, le silence s’épaissit, lourd de promesses non dites. J’ai pris une décision, une décision qui scellera peut-être le destin de Prince. Je dois le voir ce soir. Tout ce que je veux, c’est l’aider. Mais l'angoisse se mêle à la détermination. Je n'ai pas le droit à l'erreur. Si cette poudre ne fonctionne pas, si tout cela échoue, alors je risque de perdre Prince à tout jamais. Ou pire encore, je pourrais le pousser plus loin dans la folie.J’ai fixé le rendez-vous dans son ancienne villa, un lieu où il se sentait chez lui, un lieu où il avait encore un semblant de contrôle. Peut-être qu’en retrouvant cet endroit, il se sentira plus calme, plus apaisé. Peut-être que la présence de cet espace familier l’aidera à accepter ce que je vais faire pour lui. Ce soir, tout doit changer.Je suis dans la voiture, les phares éclairant la route déserte, la ville s’éloignant derrière moi. Je me sens nerveuse, mais en même temps, une part
RubisLa tension dans l’air est palpable, un poids lourd qui pèse sur ma poitrine, alors que je me tiens face à Ladji. Les rues autour de moi sont animées, mais tout semble flou, comme si le monde tournait autour de moi et que j’étais piégée dans une bulle, perdue dans mes pensées. Chaque seconde qui passe me rapproche davantage de la décision que je vais devoir prendre, et je sais que c’est désormais une question de vie ou de mort. Prince… si je n’agis pas maintenant, je vais le perdre.Ladji est un homme que j’ai appris à connaître, un homme qui voit des choses que beaucoup d’autres ne perçoivent pas. Sa sagesse m’a souvent guidée, mais aujourd’hui, je suis venue pour une décision qu’il devra prendre, une décision qui ne pourra pas attendre. Je n’ai pas le temps de discuter des subtilités. Ce que je lui demande est risqué, et je sens son regard scrutateur posé sur moi, pesant chacun de mes mots.Je me tiens face à lui, le regard déterminé, mes mains serrées autour de ma veste, comme
RubisLes nouvelles concernant Daniel tourbillonnent dans mon esprit comme des vagues déchaînées, et plus j’y pense, plus l’angoisse m’envahit. J’ai l’impression que le monde autour de moi se fissure lentement. Ce n’était pas qu’une simple coïncidence : Daniel est devenu fou, et il n’était pas le seul. Ce qu’il a vécu en prison a brisé ce qui restait de sa raison, et je sais qu'il y a une part de cela que j’ai contribué à nourrir.La culpabilité me ronge. J’ai observé Daniel se perdre, l’avoir poussé à bout, et je savais au fond de moi que ce n’était pas un simple accident. Nos actions, nos décisions, tout ce qui s'est passé a mené à ce point. Et maintenant, je me dis que si je n’agis pas rapidement, Prince pourrait aussi sombrer dans cette même folie.Je me rappelle que j'ai arrêté de coucher avec Prince, mais est-ce que cela suffit pour le protéger de ce qui pourrait se produire si je ne fais rien ? L'idée qu'il suive le même chemin que Daniel m'envahit et me glace le sang. Je dois
RubisLe ciel est d'un bleu profond, presque irréel, tandis que je regarde la mer depuis le balcon. Le vent est doux aujourd'hui, et pourtant, une étrange tension flotte dans l'air. Aziz est silencieux, absorbé par ses pensées, mais je sens qu'il attend quelque chose. Il ne dit rien, mais je connais assez bien son regard pour savoir qu'il y a quelque chose qu'il ne m'a pas encore dit.Le téléphone de la table vibre soudainement, me tirant de mes pensées. Je le saisis d'un geste lent, le cœur battant plus fort. C'est un message de mon avocat. Un simple texte, mais une sensation glacée me traverse.« Rubis, il faut que vous veniez au bureau. Une nouvelle inquiétante concernant Daniel. »Un frisson parcourt ma colonne vertébrale, et je me tourne immédiatement vers Aziz. Il a remarqué ma réaction, et il se lève précipitamment, ses yeux fixés sur le téléphone dans mes mains.— Qu’est-ce qu’il y a ? demande-t-il d’une voix calme, mais le ton ne masque pas la tension qui y est cachée.Je lis