RubisJe sens son souffle brûlant, son regard me transperce, et pourtant, je tiens bon. Jouer la comédie face à Daniel, c'est comme danser au bord du précipice : un faux pas, et tout s'écroule.Sa main effleure ma joue, un geste faussement tendre. Il croit avoir encore un pouvoir sur moi, il pense que je vais céder, vaciller sous son emprise.Mais il ne comprend pas.Je ne suis plus la même.— Tout, répète-t-il d’une voix basse, hypnotique.Je joue mon rôle à la perfection. Une hésitation, un soupir, un regard fuyant.— Et si… je voulais voir de mes propres yeux ? demandé-je d’une voix douce.Daniel esquisse un sourire lent, satisfait. Il sait que je le teste, mais il ne s’en soucie pas. Il aime ça.— Viens avec moi, murmure-t-il. Laisse-moi te montrer ce que je suis prêt à t’offrir.Je devine l’ombre d’un mouvement derrière moi.Prince.Il est tendu, prêt à intervenir.Et il n’est pas seul.Une seconde plus tard, une main agrippe mon poignet et me tire brusquement en arrière.— C’est
Prince La voiture roule en silence, le moteur ronronnant sous le capot. Il est tard, mais il n'y a pas d'heure pour les responsabilités. La présidence me pèse, chaque décision, chaque mouvement, chaque parole a un impact. Les nuits sont longues, et même dans le calme de ma voiture, je ressens la pression de mes devoirs.Ce n'est pas juste le poids d'un titre, mais celui d'une nation qui repose sur mes épaules.La scène à l’entrepôt me revient en tête. Rubis, Daniel, Aziz… Toute cette tension palpable, chaque geste, chaque parole chargée d'une menace invisible. Et moi, à côté, incapable de tout résoudre en un claquement de doigts. C'est ce qui me tue le plus : savoir que, malgré tout ce que je contrôle, il y a des choses qui m'échappent.J'entre dans le quartier où je vis, la silhouette de mon immeuble se dessine dans l'obscurité. Une fois garé, je reste quelques secondes dans la voiture. Mes doigts tapotent contre le volant, la fatigue m'envahissant. Mais il faut avancer. Toujours.J
PrinceL’aube se lève à peine quand je sors du bâtiment gouvernemental. L’air est frais, presque mordant, mais il n’a pas l’effet de réveil que j’espérais. Ma nuit a été inexistante, engloutie par des réunions, des dossiers confidentiels et des stratégies. Pourtant, c’est maintenant que tout commence réellement.L’enquête est lancée. Mes hommes sont déjà en mouvement, infiltrant méthodiquement le cercle de Daniel. Chaque preuve, chaque mouvement suspect sera collecté et utilisé contre lui au moment opportun. Il ne s’agit pas seulement de le destituer : je veux l’écraser.Je sors mon téléphone et compose un numéro. La tonalité résonne quelques secondes avant qu’une voix féminine ne réponde, tendue mais déterminée.— « Où en es-tu ? »Rubis ne perd pas de temps.— « J’ai fait ce que tu m’as demandé. J’ai contacté quelqu’un à l’intérieur. Il m’a donné une première piste. »Je serre le poing, mes pensées déjà en train de s’emboîter comme des pièces d’un puzzle.— « Dis-moi. »— « Daniel a
PrinceLes sirènes hurlent dans la nuit. Un écho de justice qui aurait dû me satisfaire, mais qui ne fait que raviver la rage brûlante dans mes veines. Daniel est là, effondré contre le mur, une main crispée sur son épaule ensanglantée. Son regard oscille entre douleur et mépris, mais il sait. Il sait que cette fois, il ne pourra pas fuir.Je me redresse, mon arme toujours pointée sur lui. Un mouvement brusque de sa part, et je n’hésiterai pas.— « Ça fait quoi, Daniel ? » Ma voix est basse, menaçante. « De sentir le sol se dérober sous tes pieds ? De perdre tout ce que tu as construit dans l’ombre ? »Il esquisse un sourire, un rictus déformé par la douleur.— « Tu crois avoir gagné, Prince ? » Il crache du sang avant d’ajouter d’une voix rauque : « Tu n’as fait que déclencher une guerre. »Je serre les dents. Ce n’est pas une menace vide. Je sais que derrière Daniel, d’autres attendent. Mais ce soir, c’est lui qui tombe.Des bruits de pas résonnent dans l’escalier. Mes hommes arrive
DanielLe flash des appareils photo explose dans mes yeux à chaque pas.Les mains menottées, un agent fédéral à ma droite, un autre à ma gauche, je suis poussé en avant sous le regard impitoyable des journalistes et des caméras braquées sur moi. La presse adore les chutes spectaculaires, et aujourd’hui, je suis leur spectacle.Mon costume, autrefois symbole de puissance et de richesse, est froissé, taché de sang séché là où Prince m’a blessé. Mais ce n’est pas la douleur physique qui me ronge, c’est la rage froide et cuisante qui brûle en moi.Je n’ai jamais été censé finir comme ça.Un juge m’attend au tribunal. Un procureur aux dents longues est prêt à prononcer un réquisitoire sanglant contre moi. Des témoins, des preuves, des alliances brisées… Toute une machinerie mise en place pour m’écraser.Mais je refuse d’être un simple pion qu’on abat sur l’échiquier.Alors que les agents me guident à travers les marches du palais de justice, je relève la tête et fixe les caméras droit dans
PrinceJe suis là, dans la salle d'audience, à regarder Daniel recevoir son verdict. L’ombre de la justice tombe sur lui, et tout semble parfait. Vingt-cinq ans. Une éternité dans ce monde, surtout pour un homme comme lui. Mais je sais mieux que quiconque : Daniel n'est pas le genre à se laisser écraser par une simple condamnation.Je peux presque entendre sa promesse, celle qu’il se fait dans son esprit. Cette promesse qu’il me lancera un jour, à sa sortie, comme une épée de Damoclès au-dessus de ma tête.Je me tourne légèrement vers Rubis, qui est assise juste à côté de moi. Elle ne me regarde pas, ses yeux rivés sur Daniel. Je sais que ce n’est pas la justice qui la concerne, mais lui, toujours lui. Daniel. Et cela me dégoûte. Parce que moi, je veux Rubis. Je l’ai toujours voulu, mais aujourd’hui plus que jamais, cette envie m’obsède.Elle n'est plus qu'une illusion d’indépendance, une illusion qu'elle se ment à elle-même. Elle croit que sa loyauté envers Daniel peut la protéger, q
AzizJe suis dans l’ombre de mon bureau, les papiers devant moi, mais mon esprit n’est pas dans ces dossiers. Non, il erre sur ce procès, ce jugement qui a enfin eu lieu. Daniel… un homme qui pensait que rien ni personne ne pouvait l’abattre. Et voilà où il en est. L’un de moins dans ce jeu. Un obstacle en moins à mon ascension.Je suis patient, toujours. C’est ainsi que je gagne. Daniel est tombé, c’est un fait, et avec lui, son empire. Mais ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est ce qu’il laisse derrière. Rubis. Elle est la seule chose qui m’importe désormais. Parce que je sais ce qu’elle est, je sais ce qu’elle ressent. Et surtout, je sais ce qui l’a poussée à être avec lui.Elle n’a jamais été une loyale complice. Non. Rubis n’a été qu’une femme en quête de vengeance. Une vengeance contre l’homme qu’elle pensait avoir trahi ses rêves, ses désirs. Daniel, avec ses promesses et ses manipulations, n’a jamais été celui qui l’a aimée. Il a été le bourreau, et elle… elle n’était qu’une pi
AzizJe la sens hésiter, cette tension palpable entre nous. Elle le cache bien, mais je la connais trop bien pour ne pas voir les signes. Rubis est à un carrefour, un point de non-retour où ses choix décideront de sa destinée. Elle a cette lueur dans les yeux, cette étincelle qui montre qu’elle sait au fond d’elle-même que son chemin, ce sentier tortueux qu’elle suit, ne peut plus revenir en arrière. Elle est à la croisée des chemins, et c’est moi qui vais la guider.Je me tiens là, devant elle, avec cette assurance froide qui fait ma réputation. Je n’ai pas besoin de mots supplémentaires pour la convaincre. Elle le sait. Elle sait que je suis celui qui détient les clés de ce qu’elle recherche, et au fond d’elle, il y a cette soif de contrôle, de pouvoir, qui l’attire.Il y a un bruit, un léger souffle d’air. Elle tourne la tête, comme si elle voulait échapper à ma vision, mais je suis trop rapide. Mon regard la rattrape, et je peux voir le combat qui se joue dans son esprit. Je pourr
RubisLes jours se suivent et se ressemblent, mais chaque matin semble désormais différent. Le monde autour de moi a changé, tout comme ma perception de ce dernier. L’idée que je porte un enfant, notre enfant, semble m’habiter à chaque instant. Cette pensée douce et bouleversante me poursuit à chaque mouvement, à chaque battement de mon cœur. La vie, celle que je vais offrir à ce petit être, semble fragile et précieuse, comme un fil suspendu dans le vide, mais rempli d’un potentiel immense.Le ventre commence à se voir, à se dessiner lentement, et chaque matin, je pose mes mains dessus, comme une promesse silencieuse à cet enfant. Aziz est plus que présent, plus que jamais. Il veille sur moi comme un protecteur, mais aussi comme un homme qui a trouvé sa place. Ses yeux brillent d’une lueur différente, d’une douceur nouvelle, et je vois dans son regard qu’il est déjà tombé amoureux de ce bébé, avant même qu’il ne soit là.Il n’y a pas un jour où il ne m’adresse un sourire plein de tend
RubisLes mois ont passé en un éclair. Chaque jour passé à ses côtés semble être une éternité, mais une éternité douce et pleine de sens. Aziz et moi avons créé notre propre monde, un monde où l’amour et la complicité sont plus forts que tout le reste. Le chaos qui m’entourait avant semble s’éloigner, comme un lointain souvenir que je tente de ne plus revoir. Nous avons trouvé une certaine paix ensemble, une tranquillité fragile, mais sincère.Aujourd’hui, la maison semble plus lumineuse que jamais. Les rayons du soleil filtrent à travers les rideaux, illuminant chaque coin de la pièce, et je me sens… bien. Plus que bien, en réalité. C’est comme si une énergie nouvelle envahissait chaque cellule de mon corps, une chaleur douce et rassurante qui ne fait qu’augmenter au fil des jours. J’ai l’impression de renaître, de trouver une version de moi que j’avais oubliée.Je suis assise sur le canapé, une tasse de thé fumant entre les mains, mes pensées vagabondant. Aziz est dans la cuisine, s
RubisLe matin se lève lentement, apportant une lumière douce et chaude à travers les rideaux. Je me réveille dans le silence de la maison, mais un silence différent de celui de la veille. Ce matin, il n’y a pas ce malaise, cette lourdeur qui pesait sur mes épaules. Non, aujourd'hui il y a cette chaleur, cette douceur étrange qui m'envahit depuis que Aziz est rentré. Ses bras autour de moi, sa présence constante… Il est là, à chaque instant, et chaque seconde passée avec lui est comme une promesse silencieuse, une promesse de réconfort et de passion.Je me tourne lentement vers lui, le voyant allongé à côté de moi, sa respiration calme. Son visage est serein, comme s’il ne se souciait de rien. Il est si différent de tout ce que j’ai connu, et pourtant, il m’attire d’une manière que je ne peux pas expliquer. Tout ce que j’ai fait, tout ce que j’ai traversé, m’a conduite à lui. C’est comme si, dans ce chaos, dans cette guerre secrète, il était le seul à apporter un peu de clarté.J’effl
RubisIl me regarde longtemps, son regard perçant, comme s’il voulait déchiffrer les mystères de mon âme. Mais il se contente de hocher la tête et se tourne vers la télévision. Peut-être qu’il n’a rien vu, ou peut-être qu’il fait semblant. Je ne le sais pas, et je n’ai pas envie de le savoir.Je me sens à la fois perdue et piégée. Tout ce que je voulais, c’était sauver Prince, mais voilà que je suis en train de me perdre moi-même.Le silence dans la maison est assourdissant. Je suis assise dans le salon, fixant le téléphone posé devant moi. La lumière tamisée de la pièce éclaire faiblement mon visage. Les pensées tournent, vides, en boucle. Chaque bruit semble plus intense que le précédent, chaque mouvement plus lourd. Je n’arrive pas à me débarrasser de cette sensation étrange, ce malaise persistant qui me ronge de l’intérieur.Peu après mon arrivée à la maison, Aziz est allé se coucher, et je suis restée là, seule avec mes pensées. Mon esprit ne peut s’empêcher de ressasser tout ce
RubisLe trajet de retour est une épreuve silencieuse. La route défile devant moi, chaque mètre qui me sépare de chez moi me pèse un peu plus. Le silence dans la voiture est lourd, presque oppressant, et je n’arrive pas à calmer l’agitation qui m’envahit. Tout ce que je viens de faire, ce que je viens de risquer, semble me rattraper, mais il n’y a plus de retour en arrière. Le rituel a eu lieu, la poudre a fait son effet, mais tout ce que je ressens, c’est un vertige de culpabilité et de doute. Ai-je fait le bon choix ? Est-ce que cela suffira pour sauver Prince, ou l’ai-je poussé plus loin encore dans la folie ?Je ferme les yeux un instant, cherchant à trouver un peu de calme, mais c'est impossible. Dans ma tête, tout est un tourbillon. La conversation avec le marabout, l’odeur de la poudre, le moment où j’ai vu Prince manger le repas. C’était comme si le monde s'était suspendu, et maintenant que je suis en route vers la maison, tout reprend son cours, mais pas de la façon dont je l
RubisLa nuit tombe doucement sur la ville, et tout autour de moi, le silence s’épaissit, lourd de promesses non dites. J’ai pris une décision, une décision qui scellera peut-être le destin de Prince. Je dois le voir ce soir. Tout ce que je veux, c’est l’aider. Mais l'angoisse se mêle à la détermination. Je n'ai pas le droit à l'erreur. Si cette poudre ne fonctionne pas, si tout cela échoue, alors je risque de perdre Prince à tout jamais. Ou pire encore, je pourrais le pousser plus loin dans la folie.J’ai fixé le rendez-vous dans son ancienne villa, un lieu où il se sentait chez lui, un lieu où il avait encore un semblant de contrôle. Peut-être qu’en retrouvant cet endroit, il se sentira plus calme, plus apaisé. Peut-être que la présence de cet espace familier l’aidera à accepter ce que je vais faire pour lui. Ce soir, tout doit changer.Je suis dans la voiture, les phares éclairant la route déserte, la ville s’éloignant derrière moi. Je me sens nerveuse, mais en même temps, une part
RubisLa tension dans l’air est palpable, un poids lourd qui pèse sur ma poitrine, alors que je me tiens face à Ladji. Les rues autour de moi sont animées, mais tout semble flou, comme si le monde tournait autour de moi et que j’étais piégée dans une bulle, perdue dans mes pensées. Chaque seconde qui passe me rapproche davantage de la décision que je vais devoir prendre, et je sais que c’est désormais une question de vie ou de mort. Prince… si je n’agis pas maintenant, je vais le perdre.Ladji est un homme que j’ai appris à connaître, un homme qui voit des choses que beaucoup d’autres ne perçoivent pas. Sa sagesse m’a souvent guidée, mais aujourd’hui, je suis venue pour une décision qu’il devra prendre, une décision qui ne pourra pas attendre. Je n’ai pas le temps de discuter des subtilités. Ce que je lui demande est risqué, et je sens son regard scrutateur posé sur moi, pesant chacun de mes mots.Je me tiens face à lui, le regard déterminé, mes mains serrées autour de ma veste, comme
RubisLes nouvelles concernant Daniel tourbillonnent dans mon esprit comme des vagues déchaînées, et plus j’y pense, plus l’angoisse m’envahit. J’ai l’impression que le monde autour de moi se fissure lentement. Ce n’était pas qu’une simple coïncidence : Daniel est devenu fou, et il n’était pas le seul. Ce qu’il a vécu en prison a brisé ce qui restait de sa raison, et je sais qu'il y a une part de cela que j’ai contribué à nourrir.La culpabilité me ronge. J’ai observé Daniel se perdre, l’avoir poussé à bout, et je savais au fond de moi que ce n’était pas un simple accident. Nos actions, nos décisions, tout ce qui s'est passé a mené à ce point. Et maintenant, je me dis que si je n’agis pas rapidement, Prince pourrait aussi sombrer dans cette même folie.Je me rappelle que j'ai arrêté de coucher avec Prince, mais est-ce que cela suffit pour le protéger de ce qui pourrait se produire si je ne fais rien ? L'idée qu'il suive le même chemin que Daniel m'envahit et me glace le sang. Je dois
RubisLe ciel est d'un bleu profond, presque irréel, tandis que je regarde la mer depuis le balcon. Le vent est doux aujourd'hui, et pourtant, une étrange tension flotte dans l'air. Aziz est silencieux, absorbé par ses pensées, mais je sens qu'il attend quelque chose. Il ne dit rien, mais je connais assez bien son regard pour savoir qu'il y a quelque chose qu'il ne m'a pas encore dit.Le téléphone de la table vibre soudainement, me tirant de mes pensées. Je le saisis d'un geste lent, le cœur battant plus fort. C'est un message de mon avocat. Un simple texte, mais une sensation glacée me traverse.« Rubis, il faut que vous veniez au bureau. Une nouvelle inquiétante concernant Daniel. »Un frisson parcourt ma colonne vertébrale, et je me tourne immédiatement vers Aziz. Il a remarqué ma réaction, et il se lève précipitamment, ses yeux fixés sur le téléphone dans mes mains.— Qu’est-ce qu’il y a ? demande-t-il d’une voix calme, mais le ton ne masque pas la tension qui y est cachée.Je lis