Trois ans avant l’arrivée d’Evalina à Réturis...L’alarme stridente retentit dans le village tout entier. Je saisis le sac à mes pieds et y fourre les quelques fruits que j’ai pu voler, puis je m’empresse de quitter ce village avant qu’il ne soit trop tard. En moins de temps qu’il en faut pour le dire, je me retrouve à la limite du village, prêt à fuir. Cela fait presque un an que c’est mon quotidien. Voler, entendre l’alarme, fuir. Chaque jour, j’explore un nouvel endroit. Et chaque jour, des attaques de trénones éclatent un peu partout. Elles n’ont jamais été aussi fréquentes qu’en ce moment. Je me demande encore pourquoi je persiste à vouloir continuer ainsi. Pourquoi je me bats. Peut-être qu’au fond, j’espère me réveiller le matin par les cris de ma sœur faisant un cauchemar. Comme avant. Mais chaque matin, je me réveille seul. Ma sœur n’est plus là. Je n’ai plus personne. Je ne sais pas où je vais.Je me retourne une dernièr
Née en 1999, E.J. Swan a vu le jour en région parisienne. D’abord une grande férue de lecture (inspirée par le talent de son auteure préférée ; Tahereh Mafi), elle se questionne sur l’envers du décor des livres qu’elle dévore, faisant ainsi naître sa passion pour l’écriture. Intéressée depuis toujours par la psychologie des méchants et l’évolution des personnages dans les films, les séries et les romans, elle décide–à l’âge de 14 ans–d’associer cet intérêt à ses écrits sur la plateforme W*****d. Surnaturels est son premier roman et s’inscrit en premier lieu dans l’univers de la fantasy, puis dans celui de la dark fantasy. Passionnée par l’idée que rien n’est tout blanc ni tout noir, elle aime retourner le cerveau de ses lecteurs dans le but de dépeindre la complexité de l’être humain et de faire passer des messages–et peut-être aussi parce qu’elle est sadique. Un peu. Surprise par l’engouement que prend son histoire, e
—Tu te sens mieux ? me demande Isaac, le menton posé sur mon crâne, une main caressant mes cheveux d’un geste réconfortant.Je me recule, embarrassée lorsque je constate l’état de son tee-shirt. Je me mords la lèvre et articule:—Désolée pour... pour ton tee-shirt.Isaac esquisse un sourire en coin.—Des tee-shirts, ce n’est pas ce qui manque, me répond-il, quelque peu amusé par ma remarque. Tu n’as pas répondu à ma question.Je fronce les sourcils, avant de me remémorer ladite interrogation. Est-ce que je me sens mieux? Je n’ai pas envie de lui mentir.—Non, articulé-je, la gorge serrée.Non, je ne me sens pas mieux. Tout ce que je veux, c’est partir immédiatement pour aller retrouver Tessia. Et lorsque ma conscience me rappelle que je ne peux pas y aller, cela ne fait que nourrir un peu plus ma frustration. Je n’ai aucune idée de l’endroit où elle se trouve. Ce serait comme chercher une aiguille dans
—Ne baisse jamais ta garde ! C’est l’une des choses les plus importantes ! Allez, recommence.Je soupire une énième fois et me remets en position, les poings en avant, mais pas trop. Mes pieds sont fermement ancrés dans le sol. Je suis prête. Edden balance un coup de poing au niveau de mon visage, que j’évite sans grande difficulté. J’en profite pour lui en asséner un dans le ventre, mais il reprend aussitôt sa position initiale et pare mon attaque. J’en balance un deuxième en direction de son visage, mais il en profite pour lever son genou vers mon abdomen. Le coup n’est pas fort, mais cela me coupe tout de même la respiration quelques secondes. Je baisse la tête, honteuse. J’ai encore oublié de revenir à la position initiale.—Pense à tes poings. Garde tes coudes aussi près que possible de ton corps. Tu dois toujours penser à protéger ton visage. Recommence, m’ordonne une fois de plus Edden, sans se départir de son calme.Je ne sais pas comment il fai
—Qu’est-ce qu’ils font ?—Aucune idée, me répond Isaac, haussant les épaules.—Tu es là depuis tout à l’heure et tu n’en as aucune idée ?Il hoche la tête.—Ils n’ont pas voulu me laisser rentrer, je sais simplement qu’ils discutent. Comme toi, je ne suis pas un Surnaturel, ils m’ont donc mis à l’écart. Mais ça ne me dérange pas. Les discussions interminables, ce n’est pas mon truc.J’esquisse un sourire amusé et reporte mon attention sur la porte rouge, attendant vainement qu’elle coulisse et que quelqu’un nous fasse signe d’entrer. Mais toujours rien. Je soupire et laisse mon regard dériver sur le paysage que j’aperçois à travers le mur en verre. Le ciel est tout aussi bleu que les jours précédents. Le soleil de l’après-midi darde ses rayons chauds sur l’herbe tendre et fait ressortir l’éclat des fleurs décorant ce parterre ensoleillé.La salle d’attente du Siège est l’une de mes salles préférées dans ce château. La pi
Des murmures, encore et encore, à n’en plus finir. Je suis incapable de distinguer la moindre conversation… De quoi parlent-ils ? Je n’en ai aucune idée. Les Surnaturels, Ombelline et la reine sont enfermés dans l’infirmerie depuis un moment. Je suis la seule qui n’a pas été autorisée à y entrer. La reine m’en a interdit l’accès. Elle a même posté des gardes devant la porte coulissante, ces derniers me narguant sous leur armure noire. Je suis terriblement inquiète pour Isaac. Et Apolline... Pourquoi s’est-elle suicidée? Cela fait maintenant une bonne heure que je tends l’oreille, sans résultat. Ma patience à des limites.Plus tôt, la reine nous a finalement rejoints dans la salle d’attente, alertée par les pleurs de Sean. Et lorsque ses yeux bleus se sont posés sur le corps sans vie de sa fille, elle n’a pas eu l’air aussi choquée qu’elle aurait dû l’être. Comme si elle s’y attendait. Elle a tout simplement donné l’ordre à ses soldats de rapatrier le corps d’Apolline et
Une sombre pièce. Un berceau poussiéreux, vieilli par les années. Une atmosphère lugubre, bien pire qu’une petite ruelle sombre un soir de pleine lune. C’est de nouveau le paysage sur lequel mes yeux s’ouvrent. Je me lève, mais étrangement, je me sens plus faible que d’habitude. Je scrute attentivement le reste de la pièce. Je sais que je ne suis pas seule. Elle est là. Je la sens. Je ne saurais l’expliquer. Je sais seulement que je me sens plus forte. Et bien, aussi. Oui, le pire c’est que je me sens bien.—Tu m’as impressionnée, Evalina. Je ne pensais pas que tu irais au bout de ce que j’avais prévu.Mélodie. Cette dernière sort de l’ombre d’un recoin de la pièce. Ses talons claquent et résonnent sur le sol froid, à mesure qu’elle se rapproche de moi. Tout comme les autres fois, elle est habillée de manière très royale, très princière. Elle porte une longue robe noire, à ras le coup, avec par endroits de la fine dentelle lui recouvrant partiellement les mains. Sa
—Elle se réveille !Mes paupières s’ouvrent sur une petite silhouette masculine aux grands yeux noisette, assise sur le bord de mon lit. Je m’attendais à être à l’infirmerie, mais je suis dans ma chambre. Je repousse une mèche de mes cheveux qui me tombe dans les yeux et me redresse sur les coudes.—Je savais qu’elle se réveillerait ! Evalina est plus forte que la poudre qui fait dormir!—Poudre de pavot, Ethan. C’est de la poudre de pavot.Mon regard se pose sur l’individu qui vient de prendre la parole. Je suis surprise de voir Maximilien. Il replace correctement ses lunettes sur son nez et me sourit. Bastian, quant à lui, est avachi sur le fauteuil rouge dans le coin de la pièce, avec Edden sur l’accoudoir. Zéphyr est aux côtés d’Ethan et l’incite à descendre du lit afin de me laisser toute la place dont j’ai besoin. Angie, lui, est près de la porte d’entrée, juste à côté du fauteuil où sont installés le Séducteur et le Fidèle.
Trois ans avant l’arrivée d’Evalina à Réturis...L’alarme stridente retentit dans le village tout entier. Je saisis le sac à mes pieds et y fourre les quelques fruits que j’ai pu voler, puis je m’empresse de quitter ce village avant qu’il ne soit trop tard. En moins de temps qu’il en faut pour le dire, je me retrouve à la limite du village, prêt à fuir. Cela fait presque un an que c’est mon quotidien. Voler, entendre l’alarme, fuir. Chaque jour, j’explore un nouvel endroit. Et chaque jour, des attaques de trénones éclatent un peu partout. Elles n’ont jamais été aussi fréquentes qu’en ce moment. Je me demande encore pourquoi je persiste à vouloir continuer ainsi. Pourquoi je me bats. Peut-être qu’au fond, j’espère me réveiller le matin par les cris de ma sœur faisant un cauchemar. Comme avant. Mais chaque matin, je me réveille seul. Ma sœur n’est plus là. Je n’ai plus personne. Je ne sais pas où je vais.Je me retourne une dernièr
Le choc me coupe les voies respiratoires. Je me laisse glisser au sol, lorsqu’une main aux longs ongles manucurés de rouge me saisit par le cou et m’arrache le poignard que je gardais précieusement contre moi.—Oh, voyons Evalina ! Un poignard ? Tu ne sais même pas t’en servir, s’esclaffe-t-elle avant de le jeter par terre. Je t’aurais bien fait une petite démonstration, mais je viens de me souvenir que j’avais quelque chose d’encore plus drôle à te montrer!Je déglutis difficilement, la main de Mélodie enserrant toujours fermement mon cou.—Tu n’es pas forcée de faire ça, Mélodie, la dissuadé-je. Tu peux encore revenir en arrière. Tu peux tout arranger, il suffit de le vouloir ! Quelque part, ton humanité doit toujours subsister !Mélodie desserre son emprise autour de mon cou.—Tu veux la voir, mon humanité cachée ? chuchote-t-elle. La voici !Elle enfonce brutalement sa propre main dans mes entrailles. Littéralement.
—Je savais qu’on n’aurait pas dû te faire confiance ! s’écrie Sean en dégainant aussi sec un poignard.Il le lance violemment en direction de Mélodie. Cette dernière l’évite. L’arme vient se figer dans la porte du Siège, qui s’ouvre automatiquement sur un Zéphyr aux yeux exorbités par le choc de la scène se présentant à lui. Il accourt aux côtés de la reine, peinant à se faire une petite place entre Apolline et Cassie. Ces dernières refusent catégoriquement de s’éloigner du corps de leur mère. L’Aimant parvient à prendre le pouls de Candélaria, deux doigts posés sur son cou.—Je ne sens rien, déclare-t-il. Je suis désolé.—Non ! Elle ne peut pas être morte comme ça ! sanglote Cassie, passant sa main autour de la taille de sa mère pour la serrer dans ses bras. Elle... elle est plus forte que ça !—C’est ta faute ! hurle Apolline.Elle se lève, chancelle, mais recouvre bien vite ses esprits et se jette sur Mélodie. Dagues en main
La surprise est telle que je ne fais presque plus attention au sang qui s’écoule de mes blessures, jusqu’à ce que d’affreuses brûlures viennent se rajouter à la douleur actuellement présente dans mon corps. Le sang d’une Gémone ne doit pas être très compatible avec l’absinthe.—Alors, je vous ai manqué ? s’exclame Mélodie.Angie se précipite sur elle et la plaque contre le mur le plus proche. Il la tient par la gorge, mais il n’ose pas forcer. Il sait que cela aura des répercussions sur Isaac.—Je ne m’attendais pas à un tel accueil, déclare-t-elle.—Et à quoi t’attendais-tu, exactement ? Tu pensais que je te remercierais gentiment d’avoir sauvé nos vies ? réplique-t-il sèchement.Mélodie ne répond pas. Au lieu de cela, elle pointe du doigt la main que porte Angie à son cou et susurre:—C’est fou à quel point la colère peut te faire perdre pied. Tu ne réalises même pas que ta «petite miss» est en train
—Comment ça, elle s’est enfuie ? s’exclame Apolline.—Tu as besoin que je te donne une définition nette et précise du verbe «enfuir» ? réplique le Leader.—Angie ! s’écrie Sean. Si tu pouvais t’abstenir de tes remarques cinglantes envers ma sœur, je t’en serais reconnaissant. Tu sais pertinemment ce qu’elle veut dire par là. Elle...—Je suis assez grande pour me défendre toute seule !—Je n’ai jamais insinué le contraire!—Tu es sûr ? C’est pourtant l’impression que tu m’as donnée !—Apolline, ça suffit ! s’emporte Angie. Inutile d’en faire toute une histoire.La Talentueuse lève la tête pour fusiller le Leader du regard.—C’est toi qui as ouvert les hostilités !—Les amis, ce n’est vraiment pas le moment de se dis...—Zéphyr, ne m’interromps pas! s’énerve Apolline, se retournant brusquement vers lui.—Ça ne te pertur
Je ne sais pas si c’est une bonne idée. Mon instinct me dit clairement que non. Mais je ne peux plus reculer. La vibration est trop forte. Il m’appelle. Je le sais. Je le sens. Il est derrière cette porte. Je la fais coulisser sur le côté et pénètre à l’intérieur de la pièce. C’est une chambre toute simple, qui ressemble fortement à la mienne. La seule différence, c’est qu’il y a un bureau. Et c’est justement ici que je sens son appel s’intensifier. Je me positionne face au meuble, observant avec attention les quelques objets reposant dessus. Un pot à crayons pratiquement vide et des feuilles vierges dispersées un peu partout. Je m’accroupis pour faire face aux deux seuls tiroirs, les fixant chacun leur tour pour me décider à en ouvrir un. La vibration s’est arrêtée, ce qui signifie qu’il est ici, dans l’un des deux. J’ouvre le premier et je soupire de frustration lorsque je constate que ce n’est pas le bon. Je m’apprête à le refermer, lorsqu’une petite forme noire attire mon attention
—Isaac ?Je me fige de la tête aux pieds. Je reconnais cette voix. Et Isaac aussi. La voix de ma sœur a instantanément réussi à faire pencher la balance. Ses yeux s’éclaircissent de nouveau. J’étais tellement accaparé par la catastrophe qui menaçait d’éclater que je n’ai pas fait attention aux nouvelles arrivantes. La sœur d’Evalina a conduit la mienne jusqu’à nous. Je suis troublé de la revoir, debout et en pleine possession de ses moyens. Lorsque je l’ai récupérée des griffes de Kierân, elle était endormie. Et Isaac, dans le coma. C’est donc la première fois qu’ils se revoient.—Par Réturis, c’est vraiment toi ? s’exclame Eva, avançant d’une démarche hésitante jusqu’à lui. Je reconnais tes yeux.Elle n’aurait sûrement pas dit la même chose si elle l’avait vu quelques secondes plus tôt, avant qu’elle n’intervienne. Désormais, c’est comme si le comportement agressif d’Isaac n’avait jamais existé. Il est de nouveau lui-même. Et il regarde ma sœur exactem
—Tu penses que c’est celui-ci ?—Non, j’en suis sûre, déclaré-je, relevant mes yeux sur Zéphyr.Ce dernier observe avec attention l’objet que je tiens maintenant dans mes mains. C’est un joli bracelet en argent, tout simple, orné d’un œil ouvert. C’est celui que m’avait offert Mehdi, le petit ami de Mélodie. Il m’avait avoué qu’il avait laissé Mélodie le choisir parce qu’elle était celle qui connaissait le mieux mes goûts. Et quoi de mieux qu’un cadeau empoisonné.Le soir de mon anniversaire, elle savait ce qui allait m’arriver. Elle savait que je souffrirai quand mon pouvoir prendrait définitivement possession de moi. C’est même à elle que je me suis confiée lorsque j’ai constaté qu’il y avait vraiment quelque chose qui clochait chez moi. Le fait que je casse ma brosse à cheveux rien qu’en l’empoignant, ou encore quand je défonçais le mur de ma chambre simplement en ouvrant la porte de mon armoire. Elle s’est arrangée pour gagner ma confiance au fil de
—Tu ne vas pas entrer, c’est ça ?Angie ne me répond pas. Il reste planté devant la porte de l’infirmerie que je maintiens entrouverte. Nous n’avons pas perdu un seul instant avant de nous y précipiter, mais arrivés devant, il s’est subitement arrêté.—Je vais attendre ici, finit-il par me répondre, croisant les bras sur son torse.—Tu vas attendre quoi ? Tu sais déjà qu’elle est réveillée.—Attendre que tu reviennes me dire si elle est en état de discuter avec moi.—Comment ça ? demandé-je, fronçant les sourcils d’incompréhension.—Tu comprendras quand tu la verras. Parce qu’à mon avis, elle ne le sera pas, soupire-t-il, me faisant signe de la main de rentrer sans lui.Je soupire, mais décide finalement de pousser la porte de l’infirmerie et d’y entrer seule. À peine ai-je posé un pied dans la pièce que des éclats de voix me parviennent. Il me semble percevoir des pleurs et je reconnais d’emblée la vo