CamilleLe matin arrive comme une lente agonie. La lumière pâle du jour filtre à peine à travers les rideaux tirés, mais même la lumière la plus douce ne peut pas effacer la lourdeur de la nuit.Lorenzo est toujours là, allongé à mes côtés, mais il ne dort pas. Ses yeux sont ouverts, fixés sur le plafond, comme s’il cherchait des réponses dans les fissures invisibles du monde. Je ne le dérange pas, bien que je ressente cette étrange tension, ce fossé invisible qui semble s'être installé entre nous, aussi profond que l'océan.Je n'ai jamais voulu qu'il me sauve. Jamais. Mais maintenant, il semble vouloir se sauver lui-même, en me poussant à prendre du recul, à me protéger de lui. Il ne me dit pas de partir, mais je vois dans ses gestes, dans la façon dont il s'éloigne, qu'il essaie de me faire comprendre que je ne peux pas rester dans ce monde sans perdre quelque chose de précieux.Et pourtant, je suis là, à ses côtés, malgré tout. Parce qu’il est tout pour moi.— Tu es trop silencieus
LorenzoLa nuit est tombée lourdement sur la ville, enveloppant chaque coin de rue dans une obscurité presque palpable. Les néons des immeubles voisins semblent déchirer le ciel nocturne, mais à l'intérieur de cet appartement, une ambiance bien différente s'est installée. Le calme. Le silence. Une tranquillité trompeuse qui cache des vérités bien plus sombres.Je suis seul dans la pièce, les poings serrés contre mes hanches. Camille est là, mais elle reste dans l'ombre. Elle m'observe sans un mot, et cela me déstabilise. Elle m'a vu, tel que je suis, dans mes pires moments, et pourtant elle est toujours là. Comment peut-elle supporter cela ?Ce monde de violence, de trahison et de sang, ce monde dans lequel je l’ai plongée, est un abîme. Un abîme où chaque décision, chaque mouvement peut signifier la fin de tout ce que l’on aime.Elle a raison de me questionner, de se demander jusqu’où elle est prête à aller. Mais ce n’est pas la question. La question, c’est jusqu’où je suis prêt à al
LorenzoJe n'ai jamais été du genre à me laisser envahir par l'émotion. Les années passées à naviguer entre la mafia, les coups bas et les trahisons m’ont forgé une carapace. Un mur solide, difficile à franchir. Mais Camille... Camille est différente. Elle m'ébranle à chaque instant, d'une manière que je n'avais jamais cru possible.Elle s'accroche à moi, comme si elle savait que, sous cette façade d'homme impitoyable, il y avait encore une part d’humanité prête à céder. Ses bras autour de mon cou me rappellent la fragilité de ce lien entre nous, celui qui pourrait se briser au moindre faux pas. Mais à cet instant, je me fiche de tout ça. Je veux juste l’avoir près de moi, sentir son souffle contre ma peau, oublier le monde extérieur, même si ce monde m'engloutit.Je la serre contre moi, profondément, comme si cela pouvait effacer toutes les incertitudes, toutes les douleurs.Elle s'écarte légèrement, juste assez pour me regarder dans les yeux, et là, je vois l’ombre d’un doute. Elle
CamilleLe vent glacial fouette mon visage alors que je marche dans les rues désertes. Le bruit des talons contre le pavé résonne dans la nuit, mais chaque pas me semble plus lourd que le précédent. Les images de ce que Lorenzo m’a montré me hantent, me poursuivent comme des spectres. Les noms, les vies brisées, les alliés et les ennemis… Tout cela me tourne dans la tête, un tourbillon qui ne veut pas se calmer.Je m’arrête devant un café 24 heures, le néon de l’enseigne m’éblouissant momentanément. J’hésite un instant, puis entre. Il y a un silence étrange à l’intérieur, comme si tout le monde attendait quelque chose, une vérité ou un accident. Je choisis une table au fond, dans l’ombre. Je me laisse tomber dans la chaise, mon esprit encore troublé par la discussion avec Lorenzo.Je veux partir. Partir loin de lui, loin de ce monde sale qu’il m’a montré. Mais quelque chose en moi me retient. Une corde invisible, une attirance magnétique. J’essaie de me convaincre que c’est la peur qu
LorenzoCamille est entrée dans mon monde sans le savoir. Elle est venue, en me cherchant et en me fuyant tout à la fois. Elle ne voulait pas voir ce que je cache, mais elle a trop de questions, trop de doutes qui la rongeaient. Et maintenant, elle est là, au bout de mes doigts, prête à affronter l’inévitable.Je n’ai pas voulu qu’elle vienne. Je n’ai pas voulu qu’elle soit mêlée à tout ça, qu’elle touche à ce qui m’appartient. Mais c’est trop tard. Elle est déjà trop loin. Son regard, tout à l'heure, m’a trahi. Elle sait qu’elle ne peut pas revenir en arrière.Je la regarde s’approcher, l’air déterminé, mais je vois aussi l’incertitude dans ses yeux. Elle veut comprendre. Elle veut savoir ce que j’ai fait, ce que j’ai traversé. Mais une fois qu’elle saura, il n’y aura pas de retour possible. La vérité brise tout sur son passage.Je me tourne et l’invite à me suivre dans la ruelle sombre. Chaque pas qu’elle fait me rapproche un peu plus de l’ultime vérité. Je ne peux plus reculer. Si
CamilleJe sens mes jambes trembler alors que je me tiens devant lui, le dossier toujours dans mes mains, comme un lourd fardeau que je ne peux plus poser. Les mots qu’il vient de prononcer résonnent dans mon esprit, comme un écho qui ne cesse de grandir. "Un monde où l’amour et la loyauté peuvent être des armes, mais aussi des chaînes."Je n’étais pas prête. Je pensais comprendre, mais ce que je vois ici, ce que je touche, me dépasse. C’est trop, beaucoup trop. Et pourtant, une partie de moi, une petite voix qui refuse d’admettre sa propre faiblesse, me dit que je ne peux pas tourner les talons maintenant. Que je dois savoir, que je dois comprendre. Parce que, d’une manière ou d’une autre, il fait partie de ma vie, et ma vie n’est plus un choix simple. Plus rien ne l’est.Je le regarde, mon cœur battant fort dans ma poitrine, mon esprit perdu entre la peur et une étrange fascination. Il est là, devant moi, et je sais qu’il n’attend rien. Il n’attend pas que je prenne son parti. Il at
LorenzoJe la vois, Camille, les yeux brillants d’une lueur nouvelle. L’indécision, ce voile qui couvrait son regard, a disparu, remplacé par une détermination glacée. Elle veut savoir. Elle veut comprendre. Mais plus que tout, elle veut jouer ce jeu avec moi, sans peur, sans retour en arrière.Elle a franchi la porte. Et je le sais, maintenant, qu’il n’y a plus de place pour les hésitations. Elle est aussi impliquée que moi, et même si elle ne le réalise pas encore, elle va se perdre dans ce tourbillon. Parce qu’ici, il n’y a pas de place pour les innocents. Ce monde, ce n’est pas celui de la clarté. C’est celui des ombres, des compromis et des sacrifices.Je la regarde un instant, son visage imprégné de cette nouvelle résolution, comme un miroir de ce que j’étais autrefois. Le même regard que celui que j’ai porté sur le monde après ma première trahison. Le même regard que celui qui m’a fait gravir les échelons d’un empire de sang et de secrets. Le même regard que celui qui a fait de
CamilleLa salle dans laquelle je me trouve est aussi froide et impersonnelle que le reste de ce monde. Les murs sont recouverts de métal noir, le sol est d'un marbre glacé qui semble ne jamais avoir vu un rayon de soleil. L’atmosphère est lourde, saturée de secrets, et je m’y sens à la fois étrangère et étrangement à ma place.Lorenzo est resté silencieux pendant toute la montée. Ses yeux, perdus dans une pensée qu’il ne partage pas, ne m’ont pas quittée. Pas un mot. Pas un geste. Je me demande ce qui se cache derrière cette expression impassible. Est-il satisfait de m’avoir dans ce monde ? Ou est-ce juste une question de contrôle, comme toujours ?Il s'arrête devant une porte en acier, d'une taille démesurée, qui semble marquer une frontière invisible entre nous et l'inconnu. Il tourne la poignée sans un mot et entre dans la pièce, me faisant signe de le suivre. Un frisson me parcourt l’échine alors que je franchis le seuil.La pièce est encombrée de papiers, de vieux dossiers, d’ob
CamilleJe me réveille dans la pénombre de la pièce, le cœur encore battant à tout rompre. La chaleur du corps de Lorenzo, qui m’a laissée tremblante et épuisée, est désormais absente. Le vide s’installe, lourd et oppressant.Je suis seule. Encore une fois, seule.Mais pas vraiment.Le souvenir de ses mots, de son toucher, reste gravé en moi comme une brûlure. Je suis la proie dans ce jeu de pouvoir qu’il a instauré, et je le sais. Ce n’est pas une simple conquête. C’est bien plus que ça. C’est un enfer silencieux dans lequel je suis entrée volontairement, sans le vouloir, mais surtout sans pouvoir en sortir.Je m’assois lentement sur le bord du lit, le regard fixé sur l’ombre de la fenêtre, les rideaux légers flottant au gré du vent. Tout semble paisible à l’extérieur, mais à l’intérieur de moi, tout est en éruption. Mon corps, mon esprit, mes émotions, tout est un tourbillon d’envie, de haine, et de désir incontrôlable.Je déteste ce que je ressens. Je déteste qu’il ait ce pouvoir s
CamilleLe regard que Lorenzo me lance est celui d’un chasseur prêt à saisir sa proie. Il me dévore de ses yeux sombres, presque hypnotiques. Et moi, je me sens... vulnérable. Incapable de détourner les yeux.Je voudrais fuir. Je voudrais le repousser, me dire que ce n’est qu’une illusion. Mais je sais que c’est plus que ça. Je sais que ce qu’il dit n’est pas simplement un jeu. Il n’est pas là pour me séduire. Non. Il est là pour m’avoir, pour marquer son territoire, pour m’ancrer dans sa vie de manière irrévocable.Je me déteste pour l’admettre, mais une partie de moi a envie de céder. Une partie de moi a envie de me perdre dans cette domination qu’il exerce sur moi.— "Camille." Sa voix, rauque, brise le silence. Il ne me touche pas, mais je sens la pression de sa présence autour de moi, tout près. "Je sais que tu me veux. Tu essaies de lutter contre toi-même, mais tu sais que tu n’as aucune chance."Mes lèvres se serrent. Il lit en moi comme dans un livre ouvert. Je déteste cela. J
LorenzoJe suis tout. Je suis le ciel et l’horizon, la mer et la tempête. Je suis l’homme qui a décidé de briser les chaînes de Camille, de la faire s’incliner, de la pousser à me suivre, peu importe la douleur. J’ai vu la peur dans ses yeux, mais je vois aussi la fascination, cette attraction irrésistible qu’elle ne peut plus fuir. Elle est mienne. Et je ne tolérerai aucune hésitation.Elle croit encore pouvoir résister, mais je sais mieux que quiconque qu’elle est déjà perdue. Camille est une femme de volonté, mais sa volonté se brise lorsque la tentation devient trop forte. Et je suis cette tentation.Elle me défie, elle essaie de poser des questions, de comprendre ce qui nous lie, mais il n’y a pas de réponse. C’est au-delà des mots, des explications rationnelles. C’est un jeu d’ombres et de lumière, un lien que rien ne pourra dénouer.Je la regarde, là, assise en silence, plongée dans ses pensées. Ses yeux brillent d’une lueur qu’elle ne parvient plus à dissimuler. Elle a bien co
CamilleJe n’aurais jamais cru que le corps humain pouvait ressentir une telle chaleur. Pas simplement physique, mais une chaleur qui me brûle de l'intérieur, m'envahit à chaque contact, à chaque souffle qu'il prend. C'est plus qu'une simple attraction. C’est une vague déferlante qui engloutit tout sur son passage. Je suis loin d’être celle que j’étais il y a encore quelques mois, celle qui pouvait se cacher derrière des murs de verre et de raison. Maintenant, il ne reste que des morceaux de moi, brisés et éparpillés.Lorenzo m’a complètement transformée.Je ferme les yeux un instant, me laissant emporter par la sensation de sa peau contre la mienne. Son corps est une promesse. Son odeur, un parfum entêtant qui me rend folle. Mais au fond de moi, je sais que je suis en train de faire une erreur. Un pas de plus dans ce monde qui me fait peur, un monde qui pourrait tout nous prendre. Une fois que l’on y entre, on ne ressort pas indemne. Et pourtant, je suis là, avec lui, prête à me perd
LorenzoJe la sens trembler contre moi. Son corps, si proche, m'appelle, mais elle reste là, figée, partagée entre l'envie et la résistance. Chaque fibre de mon être désire la plier à ma volonté, briser la dernière de ses barrières. Pourtant, je ne peux m'empêcher de ressentir cette étrange admiration pour sa lutte. Il y a quelque chose de fascinant dans la manière dont elle résiste, comme si elle cherchait à se protéger de ce qu'elle ne peut pas encore accepter.Je me retiens. Juste un instant, je prends une profonde inspiration, laissant le silence remplir l'espace entre nous. Elle ne parle pas. Elle ne fuit pas, mais elle ne se laisse pas non plus aller. Elle est suspendue dans l’air, entre le monde dans lequel elle était et celui que je lui propose, ce monde sombre, intense, sans retour. Le contraste est frappant, et je me sens à la fois maître et prisonnier de ce jeu.Elle n'est pas comme les autres. Elle ne se laisse pas séduire par la première touche, la première caresse. Non,
CamilleJe suis perdue dans cette danse silencieuse. Lorenzo, toujours aussi proche, toujours aussi insistant. Je ressens son regard sur ma peau, une pression invisible qui me pousse à me dévoiler davantage, à céder à la force de son emprise. Mais je me débats intérieurement, luttant contre le désir qui m’envahit, qui m’électrise, tout en cherchant à préserver ce que j’ai toujours cru être ma liberté.La chaleur de son corps se diffuse lentement, chaque mouvement semble calculé pour me déstabiliser. Et il réussit. Je me sens perdue. Pas dans un sens négatif, non. Mais dans un sens où je me découvre autrement, dans une lumière nouvelle. Ce monde qu’il me propose, je ne sais plus si je le crains ou si je le désire. Tout me semble flou, un mélange de tension et de plaisir qui me paralyse autant qu’il m’attire.— "Tu fuis encore." Sa voix grave me coupe du tourbillon de mes pensées. Il est si près, ses mots glissant contre ma peau comme une caresse. "Tu n’as toujours pas compris que fuir
CamilleLe temps semble suspendu, un silence lourd et palpable entre nous. Lorenzo et moi, nous avons franchi une étape, mais je sens que ce n’est que le début. Je ne suis plus la même. Quelque chose a changé dans l’air, une tension nouvelle, plus perçante, plus profonde. Il y a une sorte de pression qui m’envahit à chaque souffle, comme si tout autour de moi se resserrait, se préparait à exploser.Je le regarde, son regard intense, presque possessif, mais il y a aussi une sorte de tendresse étrange, une profondeur qui me trouble. Il ne me dit rien, mais je le ressens. Il attend quelque chose. Et ce quelque chose, c’est une réponse de ma part, même si je n’arrive pas à définir ce que cela signifie exactement. Je suis là, avec lui, mais une part de moi semble se retirer dans l'ombre, hésitante.— "Tu n’as pas peur?" ma voix brise enfin le silence, douce mais teintée d’incertitude. Je n’ai pas peur de lui. Non, c’est une peur différente, une peur de ce que je suis en train de devenir, d
LorenzoJe la sens encore, cette hésitation dans l’air. Camille est là, juste devant moi, ses yeux brillants de cette lueur incertaine qui a persisté depuis que je l’ai tirée de son monde ordinaire. Et même maintenant, alors que ses lèvres murmurent ces mots de résignation, je sais que quelque part au fond d’elle, la bataille fait rage.Elle se ment encore, je le sais. Pas par malice, mais par peur. La peur de se perdre, la peur de ne plus savoir qui elle est une fois que la porte sera ouverte. Mais elle l’a déjà franchie, cette porte. Elle croit encore pouvoir reculer. Mais chaque mouvement qu’elle fait, chaque geste, chaque mot, me rapproche un peu plus d’elle. Elle appartient à ce monde autant que j’y suis ancré. Je ne lui laisse plus d’option.Je la fixe un instant, cherchant un signe de véritable acceptation dans ses yeux. Elle n’en a pas. Pas encore. Mais je sais que le temps est de mon côté. Elle le comprendra, comme tous ceux avant elle.— "Ne dis pas que tu veux être avec moi
CamilleLe silence entre nous est lourd. Un silence lourd de sens, de décisions non prises, de mots qui devraient être dits mais qui restent coincés dans la gorge. Les lumières de la ville brillent faiblement au loin, comme un écho d’une vie normale, une vie que je ne reconnais plus. Chaque battement de mon cœur semble me rapprocher d’un abîme que je ne peux ni éviter ni fuir.Je ne peux pas m’échapper de ce monde que Lorenzo a créé autour de moi. Ce monde d’ombres et de sang. Ce monde de promesses et de trahisons. Et, pourtant, il me tient, il me possède, et je le sais au fond de moi. Il a raison. Je suis attirée par cette obscurité. Plus que je ne le voudrais.— "Qu’est-ce que tu attends de moi exactement ?" Ma voix, étranglée par l’incertitude, résonne dans la pièce. Je me tourne enfin vers Lorenzo, mes yeux cherchant une réponse dans son regard froid.Lorenzo ne répond pas immédiatement. Il reste là, droit comme un piquet, observant la mer de sentiments contradictoires qui se refl