CamilleSon visage est blême.— Lorenzo… c’est pas ce que tu crois…Mais il n’a pas le temps de finir.Lorenzo sort son arme et tire.Une seule balle.Une exécution nette.Sans hésitation.L’homme s’effondre au sol.Je sens l’adrénaline me brûler les veines, mon cœur battre à tout rompre.Je ne devrais pas être surprise.Je savais que Lorenzo était dangereux.Mais le voir agir ainsi, aussi froidement, aussi impitoyablement…Ça change tout.Il range son arme et se tourne vers les autres.— La prochaine fois, il n’y aura pas d’avertissement.Puis, ses yeux se posent sur moi.Et pour la première fois, je me demande si je ne me suis pas engagée dans quelque chose que je ne pourrais plus arrêter.Le bruit du coup de feu résonne encore dans ma tête.L’homme s’est effondré sous mes yeux, une mare de sang s’étalant lentement autour de lui, imprégnant le béton froid de l’entrepôt.Un silence pesant s’est abattu sur la salle.Chaque homme ici sait ce que cela signifie.La trahison se paie au pr
CamilleLorenzo conduit en silence, ses mains fermement agrippées au volant.Les lumières de la ville filent derrière nous, projetant des ombres fugitives sur son visage fermé.Je pourrais parler.Je pourrais poser des questions.Mais je n’en ai pas envie.Pas maintenant.J’ai encore l’odeur du sang dans les narines.J’ai encore l’image de cet homme qui s’effondre, un trou béant dans le crâne, imprimée dans ma rétine.Et surtout, j’ai encore ce frisson glacé dans la colonne vertébrale, ce frisson qui n’a rien à voir avec la peur.C’était la première fois que je voyais un homme mourir sous mes yeux.Mais pas la première fois que je voyais la mort.Et c’est là que je réalise.Ce monde ne m’est pas étranger.Il me ramène à quelque chose de profondément enfoui.Quelque chose que j’ai fui.Et Lorenzo, lui, est en train de le réveiller.— Tu as l’air trop calme.Sa voix brise le silence.Je tourne la tête vers lui.Ses doigts tapotent le volant.Il n’aime pas que je sois impassible.Il veut
CamilleSes doigts glissent lentement sur ma joue, laissant derrière eux une traînée de frissons.Puis il recule légèrement, comme s’il testait ma réaction.Comme s’il voulait voir si je vais le suivre.Et je le fais.Je ne réfléchis plus.Je n’écoute plus la voix rationnelle qui me hurle de partir.Je l’attrape par le col de sa chemise et je l’attire vers moi.Nos lèvres se frôlent, à peine.Un murmure.Un souffle.Mais c’est suffisant pour faire exploser quelque chose entre nous.Lorenzo ne se retient plus.Sa main glisse dans ma nuque, ses doigts s’enroulent dans mes cheveux et, cette fois, il ne me laisse pas respirer.Le baiser est brutal.Brûlant.Il a le goût du danger et du péché.Et je me fiche des conséquences.Je me fiche de ce que cela signifie.Tout ce que je veux, c’est ce moment.Ce moment où tout disparaît sauf lui.---LorenzoQuand elle s’accroche à moi, quand elle répond à mon baiser avec autant d’intensité, je comprends.Elle est foutue.Elle est à moi.Même si ell
CamilleLe moteur gronde sous nous alors que Lorenzo accélère à travers les rues sombres. L’odeur de poudre et de sang flotte encore dans l’air, imprégnant ma peau, mes vêtements, chaque parcelle de mon être.Je devrais avoir peur.Je devrais ressentir quelque chose d’autre que cette montée d’adrénaline.Mais je ne ressens que le vide.Un vide étrange, enivrant.Mes doigts sont crispés sur le Glock encore chaud dans ma main. La sensation du métal froid contre ma peau est à la fois familière et étrangère.Lorenzo jette un coup d’œil vers moi, un sourire en coin sur les lèvres.— Tu vis bien avec ce que tu viens de faire ?Sa voix est calme, presque amusée. Comme s’il testait mes limites.Je lève les yeux vers lui. Je pourrais prétendre. Faire semblant d’être sous le choc, d’être bouleversée.Mais ce serait un mensonge.Alors je choisis la vérité.— C’est plus facile que je ne l’aurais cru.Son sourire s’élargit, mais son regard s’assombrit.— Je sais. C’est ça le problème.Il ne dit ri
LorenzoLe feu crépite doucement dans l’âtre, projetant une lumière vacillante sur les murs de la cabane. Je suis assis sur le vieux canapé en cuir, une bouteille de whisky à moitié vide entre les doigts.De l’autre côté de la pièce, derrière la porte entrouverte, Camille dort.Ou du moins, elle essaie.Je peux entendre sa respiration, légèrement irrégulière, comme si son corps refusait de se détendre malgré la fatigue.Je ferme les yeux et laisse ma tête reposer contre le dossier du canapé.Cette nuit aurait dû être un simple repli stratégique. Une pause avant la prochaine bataille.Mais ce n’est pas juste ça.C’est autre chose.Quelque chose de plus dangereux que n’importe quel ennemi.Je la ressens.Elle est là, dans l’ombre, à quelques mètres de moi, et pourtant, c’est comme si elle était partout autour de moi.Je n’ai jamais eu peur de la mort.Mais cette femme ?Elle pourrait me tuer sans même lever son arme.Elle pourrait me faire tomber sans m’en rendre compte.Et ça, ça me te
CamilleUn sourire en coin étire mes lèvres.— Et moi ? Je suis sous ta protection ou sous ta menace ?Il pose enfin son regard sur moi.— Ça dépend. Tu veux être protégée ou menacée, Camille ?Son ton est calme, trop calme.Mais son regard dit tout le contraire.Il me teste.Il veut voir si je vais reculer.Alors je fais un pas de plus.— Tu me prends pour qui, Lorenzo ? Une gamine effrayée ?Je m’arrête juste devant lui.Nos corps sont proches, trop proches.Il sent le café, la poudre et quelque chose d’indéfinissable, quelque chose qui me trouble plus que je ne l’admets.Ses yeux sombres glissent sur mon visage, puis plus bas, sur ma bouche.Un silence.Pesant.Brûlant.Puis il sourit.Un sourire lent, presque cruel.— Si tu étais une gamine effrayée, tu ne serais pas là.Il se lève et passe à côté de moi, frôlant mon épaule.Un simple contact.Mais il déclenche un frisson électrique sur ma peau.Et je déteste ça.Je déteste qu’il ait cet effet sur moi.— On doit partir.Sa voix es
CamilleNos souffles se mêlent.— N’importe qui aurait réagi comme ça.Un sourire ironique étire mes lèvres.— Alors peut-être que je ne suis pas n’importe qui.Lorenzo me fixe avec intensité.Et je vois ce qui se passe dans son esprit.Il pensait me briser.Me tester.Mais au lieu de ça, c’est lui qui doute maintenant.Un silence pesant s’installe.Puis il fait quelque chose d’inattendu.Il tend la main, effleure ma joue du bout des doigts.Un geste doux, presque irréel dans cet endroit marqué par la mort.Mon souffle se coupe.— Tu es en train de devenir comme moi, Camille.Sa voix est rauque, troublée.Je pose ma main sur la sienne et murmure :— Ou peut-être que j’ai toujours été comme toi.Un frisson le parcourt.Et moi, je sens que je viens de franchir un point de non-retour.---LorenzoElle ne recule pas.Elle ne fuit pas.Putain.Camille me trouble plus qu’elle ne le devrait.J’ai vu des femmes effrayées, d’autres fascinées par la violence.Mais elle…Elle comprend.Et c’est
CamilleL’air est épais, chargé d’une tension palpable alors que je pénètre plus profondément dans l’antre de Lorenzo.La villa est immense, un mélange d’acier, de pierre brute et de verre sombre. Une forteresse moderne, bâtie pour tenir le monde à distance.Je le suis à travers les couloirs silencieux, mes talons résonnant sur le marbre froid.Lorenzo ne dit rien. Il marche devant moi, son dos large, tendu, comme s’il portait un fardeau invisible.J’ai vu la mort ce soir.J’ai vu ce qu’il est capable de faire.Et pourtant, je ne ressens ni peur, ni regret.Juste une étrange fascination.Et cette brûlure.Un feu sous ma peau qui ne cesse de grandir à chaque seconde passée en sa présence.Il pousse une porte et entre dans une pièce. Une bibliothèque, vaste et tamisée.Des étagères hautes recouvrent les murs, pleines de livres anciens, de souvenirs cachés.Un bureau en acajou trône au centre.Lorenzo s’y adosse, croise les bras et me fixe.— Tu sais ce que ça signifie, maintenant ?Je l
LorenzoJe la sens trembler contre moi. Son corps, si proche, m'appelle, mais elle reste là, figée, partagée entre l'envie et la résistance. Chaque fibre de mon être désire la plier à ma volonté, briser la dernière de ses barrières. Pourtant, je ne peux m'empêcher de ressentir cette étrange admiration pour sa lutte. Il y a quelque chose de fascinant dans la manière dont elle résiste, comme si elle cherchait à se protéger de ce qu'elle ne peut pas encore accepter.Je me retiens. Juste un instant, je prends une profonde inspiration, laissant le silence remplir l'espace entre nous. Elle ne parle pas. Elle ne fuit pas, mais elle ne se laisse pas non plus aller. Elle est suspendue dans l’air, entre le monde dans lequel elle était et celui que je lui propose, ce monde sombre, intense, sans retour. Le contraste est frappant, et je me sens à la fois maître et prisonnier de ce jeu.Elle n'est pas comme les autres. Elle ne se laisse pas séduire par la première touche, la première caresse. Non,
CamilleJe suis perdue dans cette danse silencieuse. Lorenzo, toujours aussi proche, toujours aussi insistant. Je ressens son regard sur ma peau, une pression invisible qui me pousse à me dévoiler davantage, à céder à la force de son emprise. Mais je me débats intérieurement, luttant contre le désir qui m’envahit, qui m’électrise, tout en cherchant à préserver ce que j’ai toujours cru être ma liberté.La chaleur de son corps se diffuse lentement, chaque mouvement semble calculé pour me déstabiliser. Et il réussit. Je me sens perdue. Pas dans un sens négatif, non. Mais dans un sens où je me découvre autrement, dans une lumière nouvelle. Ce monde qu’il me propose, je ne sais plus si je le crains ou si je le désire. Tout me semble flou, un mélange de tension et de plaisir qui me paralyse autant qu’il m’attire.— "Tu fuis encore." Sa voix grave me coupe du tourbillon de mes pensées. Il est si près, ses mots glissant contre ma peau comme une caresse. "Tu n’as toujours pas compris que fuir
CamilleLe temps semble suspendu, un silence lourd et palpable entre nous. Lorenzo et moi, nous avons franchi une étape, mais je sens que ce n’est que le début. Je ne suis plus la même. Quelque chose a changé dans l’air, une tension nouvelle, plus perçante, plus profonde. Il y a une sorte de pression qui m’envahit à chaque souffle, comme si tout autour de moi se resserrait, se préparait à exploser.Je le regarde, son regard intense, presque possessif, mais il y a aussi une sorte de tendresse étrange, une profondeur qui me trouble. Il ne me dit rien, mais je le ressens. Il attend quelque chose. Et ce quelque chose, c’est une réponse de ma part, même si je n’arrive pas à définir ce que cela signifie exactement. Je suis là, avec lui, mais une part de moi semble se retirer dans l'ombre, hésitante.— "Tu n’as pas peur?" ma voix brise enfin le silence, douce mais teintée d’incertitude. Je n’ai pas peur de lui. Non, c’est une peur différente, une peur de ce que je suis en train de devenir, d
LorenzoJe la sens encore, cette hésitation dans l’air. Camille est là, juste devant moi, ses yeux brillants de cette lueur incertaine qui a persisté depuis que je l’ai tirée de son monde ordinaire. Et même maintenant, alors que ses lèvres murmurent ces mots de résignation, je sais que quelque part au fond d’elle, la bataille fait rage.Elle se ment encore, je le sais. Pas par malice, mais par peur. La peur de se perdre, la peur de ne plus savoir qui elle est une fois que la porte sera ouverte. Mais elle l’a déjà franchie, cette porte. Elle croit encore pouvoir reculer. Mais chaque mouvement qu’elle fait, chaque geste, chaque mot, me rapproche un peu plus d’elle. Elle appartient à ce monde autant que j’y suis ancré. Je ne lui laisse plus d’option.Je la fixe un instant, cherchant un signe de véritable acceptation dans ses yeux. Elle n’en a pas. Pas encore. Mais je sais que le temps est de mon côté. Elle le comprendra, comme tous ceux avant elle.— "Ne dis pas que tu veux être avec moi
CamilleLe silence entre nous est lourd. Un silence lourd de sens, de décisions non prises, de mots qui devraient être dits mais qui restent coincés dans la gorge. Les lumières de la ville brillent faiblement au loin, comme un écho d’une vie normale, une vie que je ne reconnais plus. Chaque battement de mon cœur semble me rapprocher d’un abîme que je ne peux ni éviter ni fuir.Je ne peux pas m’échapper de ce monde que Lorenzo a créé autour de moi. Ce monde d’ombres et de sang. Ce monde de promesses et de trahisons. Et, pourtant, il me tient, il me possède, et je le sais au fond de moi. Il a raison. Je suis attirée par cette obscurité. Plus que je ne le voudrais.— "Qu’est-ce que tu attends de moi exactement ?" Ma voix, étranglée par l’incertitude, résonne dans la pièce. Je me tourne enfin vers Lorenzo, mes yeux cherchant une réponse dans son regard froid.Lorenzo ne répond pas immédiatement. Il reste là, droit comme un piquet, observant la mer de sentiments contradictoires qui se refl
Camille Il m’a parlé des ténèbres, m’a dit que je finirais par y entrer de plein gré. Et, contre toute attente, quelque part dans un coin de mon esprit, je sais qu’il a raison.— "Pourquoi tu fais ça ?" Ma voix tremble, mais je n’essaie pas de la masquer. "Pourquoi tu veux m’entraîner là-dedans ?"Lorenzo ne bouge pas, ne dit rien, mais je sens son regard peser sur moi, lourd, comme une promesse non dite. Il se contente de fixer l’horizon à travers la fenêtre, comme si tout ce qui se passait entre nous n’était qu’un jeu. Un jeu dangereux. Un jeu que je commence à peine à comprendre.— "Parce que tu le veux aussi." Sa voix, basse et calme, me fait frissonner. "Tu as toujours voulu ça, Camille."Je fronce les sourcils, me levant brusquement, le thé que je tenais dans les mains désormais posé sur la table, oublié. La colère me monte, mais elle est presque timide comparée à l’anxiété qui me ronge.— "Je ne veux pas ça." Je secoue la tête, comme pour me convaincre, mais au fond de moi, je
LorenzoElle m’observe, le regard perdu, mais ses lèvres tremblent légèrement. La tension dans l’air est palpable. Mais je sais que, derrière cette façade de froideur, un feu brûle en elle, un feu qu’elle n’a même pas encore compris. Et ce feu, je vais l’attiser.— "Tu vas m’accompagner là où tu n’as jamais voulu aller." Je continue, mon ton plus bas, plus intime. "Tu vas traverser des lignes que tu pensais infranchissables. Et tu vas découvrir une part de toi que tu n’aurais jamais cru capable de ressentir."Elle se tourne brusquement, comme si elle cherchait une issue, un moyen de fuir. Mais il n'y a pas de fuite. Pas ici. Pas avec moi.— "Tu penses que j’ai peur ?" Elle murmure, presque pour elle-même.Un sourire, un sourire rare, mais satisfait, étire mes lèvres. "Non, je ne crois pas que tu aies peur. Mais tu as peur de toi-même, Camille. Et tu n’as pas encore réalisé à quel point cela peut être dangereux."Ses yeux me lancent une défiance, mais je sais qu’elle est loin de pouvoi
Camille— "Bien," murmure-t-il, comme une promesse, comme une validation. "C'est fait."Un frisson me parcourt la colonne vertébrale. J'ai signé mon propre destin, et il est désormais irrémédiablement lié à lui. Je le regarde, espérant un moment de clarté, un instant où tout cela aura un sens, mais il n'y a rien d'autre que cette étendue d'incertitude qui se déploie devant moi.— "Et maintenant ?" je demande, ma voix se brisant à peine. "Que se passe-t-il maintenant ?"Il ne répond pas immédiatement, prenant une grande inspiration comme pour savourer l’instant, comme si cette scène était exactement celle qu’il attendait. Et il n’a pas tort. C’est tout à fait ce qu’il voulait.Lorenzo s’approche de moi lentement, l’air plus sombre encore, mais l’intensité qui émane de lui me fait frissonner. Il se place juste devant moi, si près que je peux sentir la chaleur de son corps contre le mien, cette chaleur qui n’a rien de réconfortant. Il n’est pas là pour me rassurer. Il est là pour me fair
LorenzoJe savais qu'elle réagirait ainsi. C’est ce qui rend tout cela si fascinant. Camille est une femme de principes, de règles. Elle a grandi dans un monde où la justice, la moralité, étaient des concepts bien définis, presque parfaits. Mais ici, dans ce monde de pouvoir et de manipulation, ces mêmes principes se brisent un à un. Et moi, je suis celui qui les brise.Je la regarde maintenant, figée, ses yeux cherchant une réponse qu’elle ne veut pas entendre. La tension entre nous est presque palpable, chaque respiration, chaque battement de cœur résonne dans la pièce.— "Tu ne peux pas fuir, Camille," je dis d'une voix basse, mes yeux ne la quittant pas. "Pas cette fois."Elle serre les poings, tentant de contenir l’angoisse qui monte en elle. Elle veut savoir si elle a encore du contrôle. Elle se ment à elle-même, pensant que tout est sous sa maîtrise. Mais je connais la vérité. Son corps trahit ses pensées.— "Je n’ai jamais fui." Sa voix est plus tremblante qu'elle ne l’aurait