Camille
Le bruit métallique du marteau du juge résonne encore dans ma tête alors que je sors du tribunal. Une victoire de plus. Je devrais être satisfaite, mais une étrange sensation me serre la poitrine. L’affaire était trop simple, trop prévisible. Défendre des innocents ou des criminels en col blanc n’a plus la même saveur.
Je pousse la porte de mon cabinet, retirant mes talons avec un soupir. Mon assistante, Mélanie, lève les yeux de son écran.
— Tu as un rendez-vous dans dix minutes. Un client très insistant.
— Qui ?
Elle hésite. Je fronce les sourcils. Mélanie sait que je déteste les non-dits.
— Un homme qui ne laisse pas son nom. Mais il a dit que c’était une question de vie ou de mort.
Un frisson me parcourt. Les clients désespérés, j’en ai vu des dizaines. Mais il y a quelque chose dans son regard inquiet qui me met mal à l’aise.
— Fais-le entrer.
Mélanie opine et quitte la pièce. Quelques secondes plus tard, un homme s’avance dans mon bureau. Grand, imposant, un costume sombre parfaitement taillé sur une carrure puissante. Son visage est sculpté comme s’il avait été taillé dans la pierre : mâchoire ciselée, regard sombre et perçant.
Je sens immédiatement que cet homme est un prédateur.
Il s’assoit face à moi, nonchalamment, comme s’il était maître des lieux. Ses doigts jouent avec le bouton de sa veste. Je croise les bras, tentant d’ignorer la chaleur qui s’installe dans la pièce.
— Vous êtes Camille Duret ?
Sa voix est profonde, grave, avec un léger accent italien.
— Qui me le demande ?
Un sourire arrogant étire ses lèvres.
— Lorenzo Valenti.
Son nom claque comme un coup de fouet. Je me fige. Lorenzo Valenti, chef présumé de l’une des organisations criminelles les plus dangereuses de la ville. Accusé de plusieurs meurtres, trafics et extorsions. Aucun avocat ne l’a jamais défendu longtemps. Ils ont tous fini par se retirer.
Je me penche légèrement en avant.
— Vous perdez votre temps. Je ne défends pas les criminels de votre espèce.
— Je vous paye dix fois vos honoraires habituels.
Je souris froidement.
— L’argent ne m’intéresse pas.
Son regard s’assombrit. Il sort un dossier de sa veste et le pose sur mon bureau avec une lenteur calculée.
— Peut-être que ceci vous intéressera plus.
J’ouvre le dossier, les doigts crispés. À l’intérieur, des photos. Moi. En train de sortir de mon appartement, de marcher jusqu’au tribunal, de dîner avec mon frère. Un frisson glacé me traverse l’échine.
— C’est une menace ?
Lorenzo secoue la tête.
— Une précaution. Vous avez besoin de moi autant que j’ai besoin de vous.
Je serre les dents.
— Je ne travaille pas avec la mafia.
Il se lève lentement, s’approche, ses yeux sombres me transperçant.
— Vous ne travaillez pas avec la mafia. Vous travaillez pour moi.
Ma respiration se bloque. Je sais que je devrais refuser. Mais au fond de moi, une alarme s’allume, non pas de peur… mais d’un frisson dangereux d’adrénaline.
Je suis piégée. Et pourtant, quelque chose en moi brûle déjà de savoir jusqu’où ce jeu va nous mener…
Camille
Le silence s’étire dans mon bureau. Oppressant. Pesant. Je me sens comme une proie piégée sous le regard intense de Lorenzo Valenti. Chaque fibre de mon corps me hurle de le faire sortir, de ne pas entrer dans son jeu. Mais ce n’est pas la peur qui me retient. C’est ce frisson indéfinissable, cette tension sourde qui vibre entre nous.
Je referme brutalement le dossier contenant ces photos de moi, le regard rivé sur lui.
— Vous me faites surveiller ?
Il esquisse un sourire, lent, presque amusé.
— Disons que je préfère savoir à qui je confie ma vie.
Je me lève, contournant mon bureau pour lui faire face. Mes bras se croisent sur ma poitrine, une posture de défi, mais il ne recule pas. Il ne recule jamais.
— Vous ne me laissez pas le choix, c’est ça ?
Son regard s’assombrit légèrement, comme s’il pesait chacune de mes réactions.
— Le choix, vous l’avez toujours, Camille. Mais si vous refusez, sachez que d’autres s’occuperont de votre cas.
Une menace déguisée. Je le savais. Mais ce qui me trouble, c’est cette manière qu’il a de prononcer mon prénom, comme s’il me possédait déjà.
Je serre les dents.
— Pourquoi moi ?
Il observe la ligne tendue de ma mâchoire, puis baisse les yeux sur ma tenue – une robe noire ajustée, des escarpins sobres, des bracelets discrets.
— Parce que vous êtes brillante. Parce que vous êtes incorruptible. Parce que vous avez une réputation à défendre.
Il se rapproche d’un pas. Je retiens mon souffle.
— Et parce que vous êtes trop fière pour laisser quelqu’un d’autre réussir là où vous auriez pu exceller.
Un silence. Ses mots résonnent trop juste, et ça m’agace.
— Vous ne me connaissez pas.
Son sourire s’élargit.
— Pas encore.
Il tend la main, glissant une carte sur mon bureau.
— Demain, 20 heures. Un dîner.
Je plisse les yeux.
— Je ne vais pas dîner avec vous.
— Ce n’est pas une invitation. C’est une entrevue professionnelle.
Sa voix est calme, mais je devine l’ordre sous-jacent. Il recule enfin et se dirige vers la porte. Avant de sortir, il se tourne légèrement.
— Vous n’avez pas envie de savoir pourquoi quelqu’un veut me voir en prison… ou pourquoi je vous ai choisie pour m’éviter ça ?
Et il disparaît, me laissant seule avec mes doutes.
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Le lendemain – 20h00
Je ne devrais pas être ici. Je n’aurais jamais dû venir.
Le restaurant où il m’a donné rendez-vous n’a pas de nom sur la façade. Luxe discret, ambiance tamisée. Des hommes en costume surveillent les entrées, et je sens immédiatement que je suis dans un territoire contrôlé.
Un serveur m’accueille avec un sourire poli.
— Mademoiselle Duret, veuillez me suivre.
Je le suis, mon regard glissant sur les clients présents. Des hommes influents, des regards furtifs, des murmures. Je suis la seule femme ici, hormis quelques compagnes silencieuses, parées de bijoux.
Lorenzo est déjà installé à une table isolée près d’une baie vitrée. Il se lève en me voyant approcher. Sa prestance est indéniable, son costume gris anthracite taillé à la perfection, son charisme écrasant.
— Vous êtes venue.
— Apparemment, j’ai un problème avec le mot non.
Je m’assois, posant mon sac près de moi. Il observe mon geste, un sourire en coin.
— Toujours sur vos gardes. C’est bien.
Je prends le menu, mais il l’intercepte et le referme d’un geste lent.
— Je commande pour nous.
Je croise les bras.
— Machiste, en plus d’être un criminel ?
Il rit doucement, et ce son me trouble plus que je ne veux l’admettre.
— Disons que j’aime le contrôle.
Je m’apprête à répliquer, mais le serveur revient déjà avec une bouteille de vin rouge et deux verres. Lorenzo le remercie en italien, puis me regarde.
— Je sais que vous avez des dizaines de questions.
Je m’adosse à ma chaise.
— Une seule, pour commencer. Qui veut vous voir en prison ?
Il fait tourner son verre entre ses doigts, réfléchissant.
— Mes ennemis. Mes associés. La justice. Beaucoup de gens aimeraient me voir tomber, Camille.
— Mais un en particulier a réussi à monter un dossier contre vous.
Ses yeux sombres se plissent légèrement.
— Oui.
Un frisson me parcourt.
— Qui ?
Il se penche lentement, son regard capturant le mien.
— Votre client précédent.
Mon cœur rate un battement.
— Quoi ?
Lorenzo pose un dossier devant moi. Je l’ouvre. Le nom inscrit me glace le sang.
— Victor Lambert.
Je relève la tête, interdite. Victor Lambert était un homme d’affaires que j’avais défendu il y a trois ans dans une affaire de détournement de fonds. Je l’avais sauvé de la prison.
— Je ne comprends pas…
Lorenzo repose son verre.
— Victor Lambert blanchissait de l’argent pour plusieurs organisations criminelles, dont la mienne. Il nous a trahis. Et maintenant, il veut me faire tomber.
Ma gorge se serre.
— Pourquoi ?
— Parce qu’il a passé un accord avec les fédéraux.
Un silence. Le poids de l’information s’abat sur moi.
— Il vous utilise. Il sait que vous avez un passé avec lui. Il espère que vous refuserez de me défendre pour le protéger.
Je sens la sueur perler dans mon dos. Lambert… Je l’avais trouvé charmant, honnête. Mais avais-je été naïve ?
— Vous mentez peut-être.
Lorenzo ne cille pas.
— J’ai les preuves. Et si vous refusez cette affaire… vous deviendrez une cible.
Un long frisson parcourt ma peau. Je veux me lever, partir, fuir cette table et tout ce qu’elle représente. Mais une part de moi sait que c’est déjà trop tard.
J’ai mis les pieds dans un jeu bien plus dangereux que ce que j’avais imaginé.
Et Lorenzo Valenti venait d’en refermer la porte derrière moi.
CamilleLe silence s’étire entre nous, épais, menaçant. Lorenzo Valenti me regarde comme un prédateur jaugeant sa proie. Je devrais fuir, refuser, mettre un terme à cette folie avant qu’il ne soit trop tard. Mais mes doigts crispés sur le dossier devant moi trahissent une vérité bien plus troublante.Je suis piégée.Et une part de moi… brûle déjà de voir jusqu’où ce piège peut m’emmener.Je ferme les yeux une seconde, essayant d’ordonner mes pensées. Victor Lambert. Un homme que j’avais défendu il y a trois ans, persuadée de son innocence. Aujourd’hui, il se retrouve mêlé à un réseau criminel et veut faire tomber Lorenzo. Pourquoi ?Je relève la tête, mes yeux accrochant ceux de Lorenzo.— Quelles preuves avez-vous contre Lambert ?Il sourit, lentement, satisfait de me voir enfin poser les bonnes questions. Il sort un téléphone de sa poche, tape quelque chose sur l’écran, puis le pose face à moi.— Écoutez.J’appuie sur lecture.Un enregistrement démarre."… Je m’en fiche qu’il soit d
CamilleLe silence dans la voiture est plus pesant qu’un ciel d’orage prêt à éclater.Dehors, les gyrophares de la police illuminent mon immeuble de flashes rouges et bleus, peignant l’intérieur du véhicule d’ombres mouvantes. Je vois les agents entrer chez moi, mon estomac se noue. Qu’est-ce qu’ils font là ?Je tourne brusquement la tête vers Lorenzo, le souffle court.— C’est vous qui avez fait ça ?Son regard noir se pose sur moi, calme, insondable.— Non.Une réponse simple, mais je n’y crois pas une seconde.— Alors c’est Lambert ?Il incline légèrement la tête.— C’est une possibilité.Mon cœur bat trop vite. Je sens que quelque chose m’échappe. Je n’ai plus le contrôle. Et ça, c’est insupportable.— Si je descends et que je vais parler aux flics, qu’est-ce qui se passe ?Lorenzo s’adosse lentement contre le siège, un air presque amusé sur le visage.— Trois scénarios.Je me crispe.— Le premier : vous entrez, et ils vous posent simplement des questions. Rien de grave, juste une
CamilleL’eau chaude coule sur ma peau, me brûle presque, mais je ne baisse pas la température. J’ai besoin d’effacer cette nuit, d’éclaircir mon esprit.Ma vie a basculé en quelques heures. Mon appartement est envahi par des flics, je suis coincée dans le repaire d’un homme dont j’ignore tout, et quelqu’un a essayé de me piéger. Mais pourquoi ?Je ferme les yeux et laisse ma tête reposer contre le marbre froid de la douche.Lambert.C’est forcément lui. Il a dû comprendre que je creusais un peu trop dans ses affaires. Mais pourquoi une mise en scène aussi brutale ? Pourquoi tenter de m’impliquer ?Une certitude me serre la gorge.Il veut me faire taire.Et la seule raison pour laquelle je suis encore là, c’est que Lorenzo est intervenu avant.Je serre les poings.Je refuse d’être une victime.J’éteins l’eau et attrape une serviette. Pas de vêtements de rechange. Merde.J’ouvre prudemment la porte et tends la tête dans le couloir.— Vous cherchez quelque chose ?Sa voix me surprend et
CamilleMon souffle est court.Je suis allongée sous lui, mon poignet prisonnier de sa main, son corps à quelques centimètres du mien. Chaque muscle tendu. Chaque nerf à vif.Sa respiration est profonde, maîtrisée. La mienne est plus erratique, et je déteste ça.Il joue. Il me teste.Je refuse d’être un pion sur son échiquier.Mon regard s’accroche au sien. Une seconde, deux… Puis je cesse de lutter.Je détends mon bras, relâche la tension dans mes muscles et l’observe avec un calme calculé.Un sourire amusé étire ses lèvres.— Bonne réaction.Il me libère lentement.Je me redresse, réajuste ma chemise en soie, et me lève du canapé sans un mot.Lorenzo me suit du regard, toujours appuyé contre les coussins, comme un félin satisfait de sa proie.— Vous apprenez vite.— Je n’ai pas le choix, n’est-ce pas ?Son sourire s’élargit.— Non.Il se lève à son tour, et je ressens immédiatement sa présence derrière moi. Il me dépasse de plusieurs centimètres, son aura est écrasante, magnétique.
CamilleJe déglutis, concentrée sur la sensation du métal contre ma paume.— Bien. Maintenant, frappez.Je relève brusquement la tête.— Pardon ?Il pointe un mannequin de cuir suspendu par des chaînes, déjà marqué de nombreuses entailles.— Frappez.Je fixe la cible.Je sais ce qu’il veut. Il veut voir si je suis capable de blesser.Si je suis prête à me transformer.Je serre la mâchoire et avance.D’un geste rapide, j’enfonce la lame dans le torse du mannequin.L’impact me surprend. Le cuir est plus résistant que je ne l’imaginais, mais la lame s’y enfonce malgré tout.Je retire l’arme et me tourne vers Lorenzo.— Satisfaite ? me demande-t-il, son sourire narquois en place.Je fronce les sourcils.— Je ne vois pas l’intérêt de—Il bouge.Trop vite.Je n’ai même pas le temps de réagir qu’il est sur moi, me désarme et me plaque contre la table.— Le problème, Camille, c’est que vous réfléchissez trop.Son souffle est chaud contre ma peau.— Dans ce monde, réfléchir après signifie mour
CamilleLa nuit est longue.Je suis allongée sur ce lit qui n’est pas le mien, dans cette maison qui n’est pas la mienne.Les bruits de la ville me parviennent à travers la fenêtre entrouverte.Et pourtant, ce n’est pas ça qui me tient éveillée.C’est lui.Lorenzo.Sa présence.Son ombre qui plane sur moi, même lorsqu’il n’est pas là.Je me lève et sors dans le couloir silencieux.Sans réfléchir, mes pas me mènent vers la pièce où il se trouve.Lorsque j’ouvre la porte, il est là, torse nu, une cicatrice marquant son épaule. Il ne dort pas non plus.Son regard se pose sur moi, perçant.— Je vous manque déjà ?Je croise les bras, refusant de montrer le trouble qui s’installe en moi.— Je veux en savoir plus.Il se lève lentement, son regard toujours planté dans le mien.— Sur quoi ?Je déglutis.— Sur vous. Sur votre passé.Un silence s’étire entre nous.Puis, contre toute attente, il me fait signe d’entrer.Et moi, au lieu de reculer… je franchis la porte.LorenzoElle est là, debout
CamilleLorenzo me fixe avec cette intensité brûlante, son regard oscillant entre agacement et inquiétude.— Je t’ai dit de rester ici.Je croise les bras, le défiant du regard.— Et moi, je t’ai dit que c’était hors de question.Un muscle tressaille sur sa mâchoire. Il serre son pistolet, puis détourne les yeux vers la fenêtre.— Cet homme n’est pas là par hasard.Sa voix est basse, froide.Je le rejoins, me penchant légèrement pour apercevoir la rue en contrebas. L’inconnu est toujours là. Immobile. Observant.— C’est qui ?Lorenzo ne répond pas tout de suite. Il referme doucement les rideaux avant de pivoter vers moi.— Quelqu’un qui ne devrait pas être là.Une tension électrique emplit la pièce.Puis, avant que je ne réalise ce qu’il fait, il attrape ma main et me tire vers la porte.— On sort d’ici.— Attends—— Camille.** Ne discute pas.**Le ton est tranchant.Mais il y a autre chose.De l’urgence.Et ça, ça m’inquiète.Je le suis sans protester alors qu’il m’entraîne dans le c
LorenzoJe vais chercher une bouteille de whisky et en verse un verre. Après une gorgée, je reprends.— Mon père était un homme de pouvoir. Mais il était aussi un homme faible.Camille reste immobile, attentive.— Il a voulu jouer sur tous les tableaux, conclure des affaires avec la mafia tout en essayant de garder une façade respectable. Ça n’a pas marché.Je fixe mon verre, me perdant dans mes souvenirs.— Un jour, ils sont venus. Pas pour lui. Pour nous. Moi, ma mère, mon frère. Ils voulaient qu’il paie ses dettes.Je ris sans joie.— Sauf qu’il n’a pas payé. Il nous a abandonnés. Il s’est enfui, a laissé ma mère seule face à eux.Camille retient son souffle.— Ils l’ont tuée ? murmure-t-elle.Je lève mon regard vers elle.— Pire. Ils l’ont brisée.Silence.Je bois une nouvelle gorgée avant de continuer.— Elle n’a jamais été la même après ça. Moi non plus.Je repose mon verre avec fracas.— C’est ce jour-là que j’ai compris. Dans ce monde, tu as deux choix : être le prédateur ou l
LorenzoJe la sens trembler contre moi. Son corps, si proche, m'appelle, mais elle reste là, figée, partagée entre l'envie et la résistance. Chaque fibre de mon être désire la plier à ma volonté, briser la dernière de ses barrières. Pourtant, je ne peux m'empêcher de ressentir cette étrange admiration pour sa lutte. Il y a quelque chose de fascinant dans la manière dont elle résiste, comme si elle cherchait à se protéger de ce qu'elle ne peut pas encore accepter.Je me retiens. Juste un instant, je prends une profonde inspiration, laissant le silence remplir l'espace entre nous. Elle ne parle pas. Elle ne fuit pas, mais elle ne se laisse pas non plus aller. Elle est suspendue dans l’air, entre le monde dans lequel elle était et celui que je lui propose, ce monde sombre, intense, sans retour. Le contraste est frappant, et je me sens à la fois maître et prisonnier de ce jeu.Elle n'est pas comme les autres. Elle ne se laisse pas séduire par la première touche, la première caresse. Non,
CamilleJe suis perdue dans cette danse silencieuse. Lorenzo, toujours aussi proche, toujours aussi insistant. Je ressens son regard sur ma peau, une pression invisible qui me pousse à me dévoiler davantage, à céder à la force de son emprise. Mais je me débats intérieurement, luttant contre le désir qui m’envahit, qui m’électrise, tout en cherchant à préserver ce que j’ai toujours cru être ma liberté.La chaleur de son corps se diffuse lentement, chaque mouvement semble calculé pour me déstabiliser. Et il réussit. Je me sens perdue. Pas dans un sens négatif, non. Mais dans un sens où je me découvre autrement, dans une lumière nouvelle. Ce monde qu’il me propose, je ne sais plus si je le crains ou si je le désire. Tout me semble flou, un mélange de tension et de plaisir qui me paralyse autant qu’il m’attire.— "Tu fuis encore." Sa voix grave me coupe du tourbillon de mes pensées. Il est si près, ses mots glissant contre ma peau comme une caresse. "Tu n’as toujours pas compris que fuir
CamilleLe temps semble suspendu, un silence lourd et palpable entre nous. Lorenzo et moi, nous avons franchi une étape, mais je sens que ce n’est que le début. Je ne suis plus la même. Quelque chose a changé dans l’air, une tension nouvelle, plus perçante, plus profonde. Il y a une sorte de pression qui m’envahit à chaque souffle, comme si tout autour de moi se resserrait, se préparait à exploser.Je le regarde, son regard intense, presque possessif, mais il y a aussi une sorte de tendresse étrange, une profondeur qui me trouble. Il ne me dit rien, mais je le ressens. Il attend quelque chose. Et ce quelque chose, c’est une réponse de ma part, même si je n’arrive pas à définir ce que cela signifie exactement. Je suis là, avec lui, mais une part de moi semble se retirer dans l'ombre, hésitante.— "Tu n’as pas peur?" ma voix brise enfin le silence, douce mais teintée d’incertitude. Je n’ai pas peur de lui. Non, c’est une peur différente, une peur de ce que je suis en train de devenir, d
LorenzoJe la sens encore, cette hésitation dans l’air. Camille est là, juste devant moi, ses yeux brillants de cette lueur incertaine qui a persisté depuis que je l’ai tirée de son monde ordinaire. Et même maintenant, alors que ses lèvres murmurent ces mots de résignation, je sais que quelque part au fond d’elle, la bataille fait rage.Elle se ment encore, je le sais. Pas par malice, mais par peur. La peur de se perdre, la peur de ne plus savoir qui elle est une fois que la porte sera ouverte. Mais elle l’a déjà franchie, cette porte. Elle croit encore pouvoir reculer. Mais chaque mouvement qu’elle fait, chaque geste, chaque mot, me rapproche un peu plus d’elle. Elle appartient à ce monde autant que j’y suis ancré. Je ne lui laisse plus d’option.Je la fixe un instant, cherchant un signe de véritable acceptation dans ses yeux. Elle n’en a pas. Pas encore. Mais je sais que le temps est de mon côté. Elle le comprendra, comme tous ceux avant elle.— "Ne dis pas que tu veux être avec moi
CamilleLe silence entre nous est lourd. Un silence lourd de sens, de décisions non prises, de mots qui devraient être dits mais qui restent coincés dans la gorge. Les lumières de la ville brillent faiblement au loin, comme un écho d’une vie normale, une vie que je ne reconnais plus. Chaque battement de mon cœur semble me rapprocher d’un abîme que je ne peux ni éviter ni fuir.Je ne peux pas m’échapper de ce monde que Lorenzo a créé autour de moi. Ce monde d’ombres et de sang. Ce monde de promesses et de trahisons. Et, pourtant, il me tient, il me possède, et je le sais au fond de moi. Il a raison. Je suis attirée par cette obscurité. Plus que je ne le voudrais.— "Qu’est-ce que tu attends de moi exactement ?" Ma voix, étranglée par l’incertitude, résonne dans la pièce. Je me tourne enfin vers Lorenzo, mes yeux cherchant une réponse dans son regard froid.Lorenzo ne répond pas immédiatement. Il reste là, droit comme un piquet, observant la mer de sentiments contradictoires qui se refl
Camille Il m’a parlé des ténèbres, m’a dit que je finirais par y entrer de plein gré. Et, contre toute attente, quelque part dans un coin de mon esprit, je sais qu’il a raison.— "Pourquoi tu fais ça ?" Ma voix tremble, mais je n’essaie pas de la masquer. "Pourquoi tu veux m’entraîner là-dedans ?"Lorenzo ne bouge pas, ne dit rien, mais je sens son regard peser sur moi, lourd, comme une promesse non dite. Il se contente de fixer l’horizon à travers la fenêtre, comme si tout ce qui se passait entre nous n’était qu’un jeu. Un jeu dangereux. Un jeu que je commence à peine à comprendre.— "Parce que tu le veux aussi." Sa voix, basse et calme, me fait frissonner. "Tu as toujours voulu ça, Camille."Je fronce les sourcils, me levant brusquement, le thé que je tenais dans les mains désormais posé sur la table, oublié. La colère me monte, mais elle est presque timide comparée à l’anxiété qui me ronge.— "Je ne veux pas ça." Je secoue la tête, comme pour me convaincre, mais au fond de moi, je
LorenzoElle m’observe, le regard perdu, mais ses lèvres tremblent légèrement. La tension dans l’air est palpable. Mais je sais que, derrière cette façade de froideur, un feu brûle en elle, un feu qu’elle n’a même pas encore compris. Et ce feu, je vais l’attiser.— "Tu vas m’accompagner là où tu n’as jamais voulu aller." Je continue, mon ton plus bas, plus intime. "Tu vas traverser des lignes que tu pensais infranchissables. Et tu vas découvrir une part de toi que tu n’aurais jamais cru capable de ressentir."Elle se tourne brusquement, comme si elle cherchait une issue, un moyen de fuir. Mais il n'y a pas de fuite. Pas ici. Pas avec moi.— "Tu penses que j’ai peur ?" Elle murmure, presque pour elle-même.Un sourire, un sourire rare, mais satisfait, étire mes lèvres. "Non, je ne crois pas que tu aies peur. Mais tu as peur de toi-même, Camille. Et tu n’as pas encore réalisé à quel point cela peut être dangereux."Ses yeux me lancent une défiance, mais je sais qu’elle est loin de pouvoi
Camille— "Bien," murmure-t-il, comme une promesse, comme une validation. "C'est fait."Un frisson me parcourt la colonne vertébrale. J'ai signé mon propre destin, et il est désormais irrémédiablement lié à lui. Je le regarde, espérant un moment de clarté, un instant où tout cela aura un sens, mais il n'y a rien d'autre que cette étendue d'incertitude qui se déploie devant moi.— "Et maintenant ?" je demande, ma voix se brisant à peine. "Que se passe-t-il maintenant ?"Il ne répond pas immédiatement, prenant une grande inspiration comme pour savourer l’instant, comme si cette scène était exactement celle qu’il attendait. Et il n’a pas tort. C’est tout à fait ce qu’il voulait.Lorenzo s’approche de moi lentement, l’air plus sombre encore, mais l’intensité qui émane de lui me fait frissonner. Il se place juste devant moi, si près que je peux sentir la chaleur de son corps contre le mien, cette chaleur qui n’a rien de réconfortant. Il n’est pas là pour me rassurer. Il est là pour me fair
LorenzoJe savais qu'elle réagirait ainsi. C’est ce qui rend tout cela si fascinant. Camille est une femme de principes, de règles. Elle a grandi dans un monde où la justice, la moralité, étaient des concepts bien définis, presque parfaits. Mais ici, dans ce monde de pouvoir et de manipulation, ces mêmes principes se brisent un à un. Et moi, je suis celui qui les brise.Je la regarde maintenant, figée, ses yeux cherchant une réponse qu’elle ne veut pas entendre. La tension entre nous est presque palpable, chaque respiration, chaque battement de cœur résonne dans la pièce.— "Tu ne peux pas fuir, Camille," je dis d'une voix basse, mes yeux ne la quittant pas. "Pas cette fois."Elle serre les poings, tentant de contenir l’angoisse qui monte en elle. Elle veut savoir si elle a encore du contrôle. Elle se ment à elle-même, pensant que tout est sous sa maîtrise. Mais je connais la vérité. Son corps trahit ses pensées.— "Je n’ai jamais fui." Sa voix est plus tremblante qu'elle ne l’aurait