Chapitre 0006

Ma mère se fige à entendre ma réponse aussi rapide.

Mon père qui allait s'énerver se fige également.

Auparavant, peu importe ce qui se passe, je n'accepterais pas le divorce.

Avant qu'ils ne retrouvent leurs langues, je continue : « je ne suis pas totalement rétablie. Je n'irai pas demander pardon à Rosaline. Quand l'acte de divorce sera prêt, dites à l'avocat de Lucas de me l'apporter. »

Puis, je me faufile sous la couette.

La couette mouillée est plutôt étouffante, mais c'est plus facile à supporter que mes parents.

Ils me connaissent un minimum, alors même s'ils sont étonnés et ne croient pas que je divorcerais si facilement, ils savent au fond que j'accepte vraiment le divorce.

Alors ils deviennent tout à coup agréables.

« Enfin, tu l'acceptes. Repose-toi bien. On fera venir Marie pour s'occuper de toi. »

Mon père dépose une carte bancaire sur ma table de chevet, « il y a 10 000 euros là-dedans. Tu les dépenseras comme tu le voudras. Dis-moi si ça ne suffit pas. Tu es encore jeune, tu te rétabliras et tu profiteras de ta vie. »

À chaque fois que je cède quelque chose à Rosaline, ils sont aussi gentils envers moi.

Peut-être qu'ils sont contents d'annoncer la nouvelle à Rosaline, ils ne sont pas restés longtemps.

Quand je me suis assurée qu'ils soient bien partis, je pousse un souffle de soulagement.

Je me lève lentement en m'appuyant sur la tête de lit.

Même si le chauffage est allumé, les deux seaux d'eau glacée ne me font pas du bien.

J'aimerais prendre une douche bien chaude rapidement, mais mes conditions physiques me disent d'oublier l'adverbe « rapidement ».

Avant, après la douche, je m'admirais toujours dans le miroir, admirer ma belle peau toute lisse.

Mais maintenant, je n'ose pas jeter un seul regard dans le miroir.

Mon corps est littéralement en lambeaux.

Au domaine Silas...

Lucas desserre sa cravate en se jetant dans le canapé, l'air épuisé.

Rosaline est trop faible. Quand elle est effrayée, elle ne dort pas de la nuit. Alors il passe encore une nuit blanche avec elle. Sa tête lui fait mal.

Au bar, ils avaient bu mais n'avaient pas mangé. Maintenant, son estomac lui fait mal aussi. Il fronce les sourcils, « Joyce, où est la boîte de spasfon ? Donne-moi. »

« Fais une soupe chaude pour me réchauffer l'estomac, j'ai mal. »

D'habitude, dès qu'il rentre, Joyce l'accueille immédiatement et se renseigne sur sa journée jusqu'à ce qu'il ait marre de ses questions.

Mais aujourd'hui, il n'a aucune réponse à sa demande.

Alors il fronce à nouveau les sourcils et son ton devient impatient : « Joyce ? »

Il appelle à nouveau, toujours sans réponse.

La domestique, Sophie, sort de la cuisine.

« Où est ma femme ? Elle n'est pas rentrée ? »

Sophie ne sait pas quoi dire.

Elle est partie depuis trois mois, et c'est maintenant qu'il pose la question ?

En apprenant que Joyce n'est pas rentrée, Lucas se sent un peu fâché.

Elle est sortie de l'hôpital, mais elle n'est pas rentrée ?

Il ne l'a pas calculée pendant trois mois, le temps qu'elle fasse son cinéma. Hier, elle l'a même menacé avec le divorce, mais il ne s'est pas laissé faire. Et elle ne reconnaît toujours pas son tort ?

Sa tête lui fait encore plus mal quand il pense à la scène d'hier, où elle insistait à divorcer avec lui et disait qu'il allait bien avec Rosaline.

N'a-t-elle pas assez fait, comme ça ?

Il n'a pas du tout pris Joyce au sérieux.

Le divorce ?

Comment oserait-elle ? Elle l'aime plus que tout.

Il sort son téléphone pour appeler Joyce, mais la ligne est occupée. Alors il envoie un message, mais ce dernier ne se délivre pas.

Elle... l'a blacklisté ?

Sophie le regarde essayer de contacter Joyce en vain.

Après un moment d'hésitation, elle lui dit, « Madame rentrait toujours même s'il était très tard. Là, elle est partie depuis trois mois sans donner de nouvelle. Monsieur, auriez-vous fait quelque chose qui la blesserait ? Elle vous a peut-être blacklisté pour cette raison. »

Lucas avait caché l'enlèvement de Joyce et Rosaline, peu de gens connaissent l'accident.

« Madame vous aime tellement, vous devriez être plus gentil avec elle. Vous pouvez la consoler, ne la laissez pas désespérer. Les femmes, quand elles sont blessées, partent parfois pour de bon. »

Sophie a toujours vu Joyce attendre après Lucas depuis son premier jour au domaine Silas.

Elle a vraiment pitié pour elle.

Lucas ne répond pas. Il attrape sa veste et sort.

Sophie pense qu'il part la consoler, alors elle dit, « Monsieur, vous allez consoler Madame ? Vous mangeriez dehors ou devrais-je préparer un dîner à la chandelle ? »

Lucas ricane, « la consoler ? »

Avant que Sophie réponde oui, il continue, « je n'ai pas le temps pour ça. »

Elle finira par rentrer un jour.

Quand elle saura que faire une scène n'est pas utile, elle rentrera d'elle même.

......

Je pensais, vu comment mes parents étaient stressés et vu comment Lucas et Rosaline sont amoureux, que je recevrais rapidement l'acte de divorce.

Mais malgré une semaine d'attente, je n'ai rien reçu.

Alors j'ai trouvé un avocat pour me rédiger l'acte de divorce. Puis j'ai débloqué Lucas pour lui l'envoyer, sans oublier de rajouter un message disant que si le divorce peut avoir lieu demain, on peut négocier sur les clauses de séparation de richesse.

Je suis prête à perdre financièrement pour mettre un point final à notre mariage au plus vite.

Lucas, de son côté, réussit enfin à trouver un peu de temps de repos alors qu'il était débordé depuis une semaine. Au moment où il s'assoie sur le canapé, il reçoit les messages de Joyce.

Avant de les ouvrir, il fait un sourire quelque peu fier.

Elle sait enfin demander pardon ?

Mais son visage s'assombrit quand il voit l'acte de divorce parfaitement rédigé.

Elle... est dans l'excès !

Elle pense qu'il ne s'énerverait jamais ?

« Que se passe-t-il, Lucas ? », dit Romain Tessiers, assis à côté de lui. Il tend le cou pour regarder le contenu du message et se fige en voyant qu'il s'agit d'un acte de divorce.

« Rien. », Lucas range son téléphone, l'air fâché.

Cette fois, Joyce a vraiment abusé.

Voyant que Lucas continue à s'enfiler des shots, Romain finit par dire, « Lucas, tu sais, tu pourrais lui montrer un peu d'attention et de respect. Si tu fais ça, elle finira par te demander pardon. »

« Tu connais le cadet des Fousseret ? Celle qui était avec lui était tellement mignonne, elle faisait tout ce qu'il lui demandait. Elle était là pour lui peu importe ce qu'il faisait. Mais il s'en fichait d'elle. Et devine ce qui s'est passé ? Elle s'est mariée il y a peu. »

« Et le cadet des Fousseret, il était en larmes en train de la supplier à son mariage, mais elle ne lui a même pas donné un regard. Alors tu vois, si tu ne donnes pas du tout d'attention à une femme, la situation deviendra incorrigible. »

Les paroles de Romain rappellent celles de Sophie à Lucas.

Il est alors encore plus fâché, et boit encore plus vite.

Avant de faire un blackout, il se dit que Romain a sûrement raison, il faudrait donner un peu d'attention aux femmes.

Il demande donc au chauffeur de l'emmener chez Joyce.

Il a toujours su où elle était, il attendait seulement qu'elle rentre d'elle même.

......

J'ai attention impatiemment la réponse de Lucas après lui avoir envoyé l'acte de divorce.

Mais aucune réponse. Et ça m'énerve.

Je ne veux plus avoir à faire à cette ordure.

Quand je m'apprête à l'appeler, il arrive dans mon appartement, bourré, porté par son ami.

Je suis un peu choquée.

J'ai changé le code de mon cadenas numérique, comment pourraient-ils connaître le mot de passe ?

On est sur le point de divorcer, pourquoi il arrive chez moi, bourré ?

Même si je devais lui parler, que puis-je faire avec lui dans cet état ?

Tout ça m'énerve encore plus. Je n'ai pas envie de le voir chez moi, maintenant, dans cet état.

En plus, quand il partira, je devrai désinfecter tout mon appartement. Allez, encore du repos en moins.

« Joyce, qu'est-ce que tu attends ? Aide-moi ! », dit Greg Pamiers, un des amis de Lucas.

Son regard est insolent, semblant se plaindre de ma réaction lente.

« Je comprends pourquoi il n'a jamais voulu de toi. Tu ne sais même pas t'occuper de lui. »

« Déjà, tu n'as rien de spécial. Mais en plus, tu ne t'occupes même plus de lui. À quoi ça sert que tu restes en vie ? »

Je ne me rappelle pas à quel point je me laissais faire avant, mais ça n'arrivera plus dès maintenant.

« Je reste en vie pour te prendre la tienne. », dis-je d'une voix grave.

Greg se fige, il ne s'attendait pas à cette réponse.

Quelques instants plus tard, il dit, « Joyce, tu sais qui je suis ? Tu oses... »

Je ne laisse pas finir sa phrase, je ricane, « même Jean Pamiers, ton père, doit me vouvoyer. Alors toi, un simple bâtard, pour qui tu te prends ? Qu'est-ce que je n'oserais pas te faire ? »

« Joyce, tu oses... tu... », Greg déteste qu'on l'appelle bâtard.

Il ne s'attendait pas à une réponse pareille de la part d'une personne qu'il n'a jamais estimée. Il bégaie sous l'énervement, « je... je... je suis un bon pote de Lucas ! »

Il pourrait dire à Lucas de me jeter !

Je ricane. Même Lucas ne compte plus pour moi, alors ses potes, encore moins.

Mais en pensant à ma condition physique, je choisis de clore le débat et de leur demander de partir, « vous avez une minute pour partir. Sors ce mec bourré de chez moi, sinon, j'appellerais la police. »

Ma phrase choque non seulement Greg, mais aussi ses autres amis à la porte.

Avant, j'étais plus que gentille envers eux, suppliant qu'ils disent du bien de moi à Lucas.

Ma réaction doit être très choquante pour eux.

« Joyce, tu es folle... »

Greg allait dire quelque chose, mais la personne à côté l'arrête.

« Joyce, ne fais pas attention à ce qu'il dit. Il a trop bu. On t'a ramené Lucas, s'il te plaît, occupe-toi de lui. »

Il part en traînant Greg après sa phrase, me laissant aucune chance de le contredire.

Je fais la moue en regardant Lucas, ivre mort.

J'aimerais appeler la police pour qu'elle l'embarque. Mais, je dois encore négocier le divorce avec lui. S'il se retrouve au commissariat à cause de moi, la négociation deviendrait difficile.

Alors malgré le dégoût, je vais le garder cette nuit. Je ferai un grand ménage quand on aura parlé du divorce, demain.

Je me lève pour partir.

Au même moment, l'homme qui devait être en blackout ouvre soudainement les yeux.