Élias
Je reste là, debout, observant Graziella, les yeux rivés sur elle. Le contrat est désormais signé, et l’instant qui suit est suspendu, comme un souffle retenu dans l’air. Elle semble figée, le stylo encore dans la main, comme si la décision qu’elle vient de prendre ne parvenait pas tout à fait à se manifester dans son esprit. Je pourrais me satisfaire de ce moment. Le poids de son choix repose entièrement sur elle, mais j’ai besoin de plus. J’ai besoin de savoir si elle mesure vraiment ce qu’elle a fait.
Je n’ai jamais été du genre à m’attarder sur les faiblesses des autres, mais Graziella… elle m’intrigue. J’ai observé sa lutte intérieure, la façon dont elle s’accrochait encore à une illusion de liberté, comme si un choix plus noble s’offrait à elle. Elle savait, comme moi, que c’était une illusion. Tout ceci ne faisait que retarder l’inévitable. Le pouvoir que je détiens sur elle ne vient pas d’un simple contrat. Non, ce pouvoir réside dans l’emprise que j’ai sur son âme, sur ses désirs, sur ses peurs.
Elle me regarde enfin, ses yeux cherchant quelque chose. Un signe de ma part, peut-être. Un mot qui pourrait lui accorder la validation qu’elle recherche. Mais elle ne trouve rien. Je suis comme le roc auquel elle s’est accrochée sans le savoir. L’indifférence que je déploie autour de moi est plus forte que n’importe quelle douceur, plus tranchante que n’importe quelle menace.
— Bien, je dis, mes lèvres se tendant légèrement en un rictus froid. Vous avez pris votre place.
Elle tremble légèrement, juste assez pour que je le remarque, mais elle garde la tête haute. Elle sait que l’étape suivante est celle où tout commence. Il n’y a pas de retour possible. Pas après cette signature. Mais une part de moi attend qu’elle montre plus de résistance, qu’elle s’affronte à cette vérité. C’est ce que j’ai aimé chez elle depuis le début : sa capacité à se battre, même contre ses propres désirs. Mais, en même temps, je sais qu’il y a un prix à payer pour chaque rebellion. Et c’est moi qui fixe ce prix.
Je m’approche lentement, mes pas résonnant dans le silence de la pièce, et je me penche légèrement vers elle, juste assez pour qu’elle sente ma présence, ma domination. Elle inspire profondément, mais ses yeux ne fuient pas. Cela, c’est bon. Une partie d’elle accepte ce que je suis sur le point de lui offrir. L’autre, bien qu’embrumée par l’incertitude, sait que cela n’aura pas d’importance à la fin. C’est déjà trop tard.
— Regardez-moi, Graziella. Je laisse ma voix s’étendre, devenant plus profonde, plus grave. Vous m’avez fait une promesse. Vous m’avez donné votre parole. Vous m’appartenez maintenant.
Il y a un frémissement dans ses yeux. Elle semble chercher une échappatoire, une manière de contester ce que je viens de dire, mais elle sait qu’il n’y en a pas. Les mots que je prononce ne sont pas une simple déclaration. Ce sont des vérités qu’elle n’a pas encore complètement intégrées, mais qui l’étouffent déjà, sans qu’elle s’en rende compte.
— Et maintenant, vous allez m’obéir. Chaque action que vous ferez, chaque geste, chaque pensée, tout doit m’appartenir.
Elle déglutit, mais son regard reste fixé sur le mien, brûlant de cette lutte intérieure. Je vois le feu dans ses yeux, celui d’une personne qui ne se laisse jamais dominer sans un combat. Mais cette fois, elle est fatiguée. Épuisée par les épreuves, par les dilemmes, par ses propres désirs contradictoires. Et moi, je suis celui qui va la guider, ou peut-être plus exactement, celui qui va l’amener à se perdre complètement.
Je m’écarte un peu, la laissant respirer, mais chaque geste que je fais, chaque mouvement que je fais, revient à un seul et même point : elle m’appartient. Elle le sait désormais. La question n’est plus de savoir si elle peut me résister, mais combien de temps elle tiendra avant de céder complètement. Je n’ai jamais aimé les compromis, et ce qu’elle a fait aujourd’hui, c’est précisément ce qu’il fallait : elle a accepté de ne plus être elle-même. Elle a décidé de se perdre en moi.
Un frisson traverse ma colonne vertébrale en pensant à ce qui nous attend, et je me permets une brève pensée de satisfaction. Graziella est mienne maintenant. Mais la route ne fait que commencer.
Je la regarde un instant plus longtemps, analysant les changements subtils sur son visage, les battements effrayés de son cœur, la tension qui se relâche lentement à chaque seconde. Elle ne veut pas l’admettre, mais au fond d’elle, elle sait qu’elle a fait le seul choix qui comptait. Et dans cette acceptation silencieuse, il y a une forme de liberté. La sienne. Celle de vivre selon mes règles. De me suivre dans un abîme dont elle ne reviendra plus.
— Vous êtes à moi, Graziella, je répète, comme une promesse douce-amère. Mais dans cette phrase, il y a aussi un avertissement. Un avertissement pour nous deux. Parce qu’aucun des deux n’en sortira indemne.
Elle se relève lentement, le regard plus déterminé qu’auparavant, mais je la connais mieux que quiconque. Elle est perdue. Comme moi, elle est déjà tombée. Et c'est moi qui ai créé cette chute. Ce n’est pas la fin
de l’histoire. C’est le début.
ÉliasIl y a des moments, dans une vie, où tout change. Des instants suspendus où l’on sent que la direction d’un chemin bascule, et qu’il n’y a plus de retour possible. Graziella vient de me le montrer. Sa décision, cette signature, n’a pas seulement marqué un point de non-retour pour elle. Elle a aussi laissé une empreinte indélébile sur moi. Car, même si j’ai orchestré chaque mouvement, chaque mot, chaque regard pour la conduire ici, je me rends compte qu’une partie de moi n’était pas prête pour ce qu’il vient de se passer.Je la regarde maintenant, de l’autre côté de la pièce, son visage fermé, mais ses yeux trahissent quelque chose. Un tourment. Une peur. Et, au fond, une acceptation silencieuse. Elle a signé. Mais elle n’a pas signé par facilité. Non, elle a signé parce qu’elle a été poussée dans une situation où son choix était le seul qui pouvait exister. Elle savait que je la guiderais. Elle savait que je ne lui laisserais aucune autre option.Mais ce qu’elle ignore, ce qu’el
GraziellaParis. 5 h 12.Je suis déjà debout. Ou plutôt, je ne me suis pas vraiment couchée. Juste un moment, contre le mur froid, les jambes tendues, le dos noué de fatigue. Le sommeil, je l’ai troqué contre des pliés et des pirouettes. Je n’ai pas le luxe du repos.Dans la pièce exiguë que je partage encore avec ma mère, le silence est pesant. Le parquet grince sous mes pointes élimées, et chaque craquement semble hurler dans le noir. Je serre les dents. Une ampoule éclate sous l’effort. Mon sang colle à la toile de mes chaussons. J’ai mal. Mais la douleur est la seule chose qui me prouve que je suis encore en vie.Il fait froid, ici. Toujours. Le chauffage est en panne depuis trois semaines, mais on n’a pas de quoi le faire réparer. Ma mère dit que ça forge le caractère. Moi, je dis que ça casse les os. Mais elle n’écoute plus mes remarques. Elle coud en silence, tard le soir, des robes qu’elle ne pourra jamais porter. Et moi, je danse. Comme si ma vie dépendait de chaque arabesque
GraziellaJe regarde la carte une fois de plus, comme un test. Un piège. Un billet vers l’enfer, un autre vers le sommet. Le nom d'Élias De Marens inscrit en lettres noires, aussi lisses et froides que l'immobilier de luxe qu’il semble posséder. Je devrais la jeter, ignorer ce qu'elle représente, oublier tout cela. Mais mon cœur s’emballe à chaque fois que mes yeux glissent dessus. Un mystère, un pari, un rêve brisé… je ne sais pas encore.Je la tiens dans ma main, mes doigts tremblants. Elle n’a pas de logo, pas de référence, juste une promesse, cette simple phrase qui m’hypnotise : « Appelez-moi si vous voulez vraiment briller. » Ça semble si simple, mais je sais que tout dans cette phrase est chargé d'implications.Je ferme les yeux un instant, le bruit de la ville gronde à travers la fenêtre. L'Opéra, la scène… tout ce que j’ai toujours voulu. Mais à quel prix ? Et suis-je prête à payer ce prix ?Un bruit dans l’encadrement de la porte. Ma mère. Le regard fatigué, mais bienveillan
GraziellaJe reste là, figée. Le regard d’Élias m’enserre, une prise invisible, plus forte que mes muscles. Ses mots flottent dans l’air, lourds, inéluctables. Corps, âme et danse. Je les répète dans ma tête, comme un écho qui ne cesse de grandir. C’est une offre, une promesse, mais aussi un piège. J’ai l’impression d’être prise dans une toile d’araignée invisible, chaque mouvement me rapprochant davantage du centre. Et pourtant, je ne peux m’empêcher de frémir à l’idée de ce que cela pourrait signifier.Je n’arrive pas à détacher mes yeux des siens. Il n’a pas besoin de dire un mot de plus. Tout est là, dans l’intensité de son regard, dans le silence de la pièce, dans la chaleur qui semble se dégager de sa présence. Je pourrais lui appartenir. Tout ce que je veux, tout ce dont j’ai rêvé, à portée de main. Mais à quel prix ? Quelque chose en moi se révolte à cette pensée, un cri intérieur qui me hurle de reculer, de fuir. Mais je sais que c’est déjà trop tard.Il n’a pas besoin de me
GraziellaLes heures qui suivent sont un tourbillon d’émotions contradictoires. Je tente de me concentrer sur autre chose, mais chaque moment me ramène à lui. À Élias. À ce qu’il m’a offert. Ou plutôt, à ce qu’il m’a imposé. Mon esprit ne cesse de tourner autour de ce choix, comme une spirale sans fin. La peur, l’excitation, le doute, tout se mêle dans une danse chaotique. Il y a une partie de moi qui veut tout abandonner, fuir ce monde qui me dépasse. Mais il y a aussi cette part de moi, cachée, presque inconsciente, qui m’appelle à l’avancer, à plonger dans l’inconnu. À le rejoindre.Je passe la nuit à me retourner dans mon lit, les yeux grands ouverts dans l’obscurité. Le silence autour de moi est lourd, oppressant, presque un rappel que le monde qui m’entoure est bien plus petit que ce que je suis en train de contempler. Le rêve, le succès, la reconnaissance — tout cela semble si proche, à portée de main. Mais la peur de tout perdre me ronge. Je sais que je ne pourrai pas revenir
GraziellaLe son de la porte qui se ferme derrière moi résonne comme un dernier écho, une marque indélébile dans mon esprit. L’air de la pièce semble plus lourd, plus chargé d’une énergie électrique. Je n’avais pas imaginé que revenir ici me donnerait une telle sensation. Je pensais que le choix serait simple, que j’aurais la force de m’y rendre et de suivre la promesse d’Élias, mais la réalité est bien plus complexe que je ne l'avais imaginé.Il est là, dans l'ombre, m’attendant. Ses yeux brillent d'une lueur que je connais bien, celle qui me rappelle que, désormais, tout est sous contrôle. Pas le mien, mais le sien. Et cela me trouble plus que je ne voudrais l’admettre. Je lève les yeux vers lui, et il ne fait rien, ne dit rien. Il se contente de me fixer, comme une statue immobile, une figure de pouvoir. Un maître, un prédateur.— Vous êtes là, dit-il simplement, sa voix basse, sans fioritures. L’instant que vous avez choisi. La ligne entre le passé et l’avenir vient de s’effacer.
GraziellaJe m'assois à la table, le contrat posé devant moi comme un test de ma propre volonté. La lumière froide de la pièce semble se concentrer sur ce document, le rendant encore plus imposant, presque menaçant. Je prends une respiration profonde, mes mains effleurent le papier sans le toucher. Je sais ce que ce contrat représente, mais je ne peux m'empêcher de l'examiner encore un peu, comme si je pouvais en lire les intentions cachées, les clauses non écrites. Mais je ne trouve rien d'autre que des mots, des phrases, une promesse. Une promesse enivrante, un piège bien ficelé.Élias reste debout, immobile, à une distance qui me permet de sentir sa présence sans qu'il envahisse mon espace personnel. Il n’a pas bougé, mais je sais qu’il observe chacun de mes gestes. Chaque hésitation. Chaque seconde de doute. Ce contrat, c'est plus qu'un simple morceau de papier ; c'est le point de non-retour. C’est ce que je suis sur le point d’accepter, ce que je suis prête à accepter, malgré mes
ÉliasIl y a des moments, dans une vie, où tout change. Des instants suspendus où l’on sent que la direction d’un chemin bascule, et qu’il n’y a plus de retour possible. Graziella vient de me le montrer. Sa décision, cette signature, n’a pas seulement marqué un point de non-retour pour elle. Elle a aussi laissé une empreinte indélébile sur moi. Car, même si j’ai orchestré chaque mouvement, chaque mot, chaque regard pour la conduire ici, je me rends compte qu’une partie de moi n’était pas prête pour ce qu’il vient de se passer.Je la regarde maintenant, de l’autre côté de la pièce, son visage fermé, mais ses yeux trahissent quelque chose. Un tourment. Une peur. Et, au fond, une acceptation silencieuse. Elle a signé. Mais elle n’a pas signé par facilité. Non, elle a signé parce qu’elle a été poussée dans une situation où son choix était le seul qui pouvait exister. Elle savait que je la guiderais. Elle savait que je ne lui laisserais aucune autre option.Mais ce qu’elle ignore, ce qu’el
ÉliasJe reste là, debout, observant Graziella, les yeux rivés sur elle. Le contrat est désormais signé, et l’instant qui suit est suspendu, comme un souffle retenu dans l’air. Elle semble figée, le stylo encore dans la main, comme si la décision qu’elle vient de prendre ne parvenait pas tout à fait à se manifester dans son esprit. Je pourrais me satisfaire de ce moment. Le poids de son choix repose entièrement sur elle, mais j’ai besoin de plus. J’ai besoin de savoir si elle mesure vraiment ce qu’elle a fait.Je n’ai jamais été du genre à m’attarder sur les faiblesses des autres, mais Graziella… elle m’intrigue. J’ai observé sa lutte intérieure, la façon dont elle s’accrochait encore à une illusion de liberté, comme si un choix plus noble s’offrait à elle. Elle savait, comme moi, que c’était une illusion. Tout ceci ne faisait que retarder l’inévitable. Le pouvoir que je détiens sur elle ne vient pas d’un simple contrat. Non, ce pouvoir réside dans l’emprise que j’ai sur son âme, sur
GraziellaJe m'assois à la table, le contrat posé devant moi comme un test de ma propre volonté. La lumière froide de la pièce semble se concentrer sur ce document, le rendant encore plus imposant, presque menaçant. Je prends une respiration profonde, mes mains effleurent le papier sans le toucher. Je sais ce que ce contrat représente, mais je ne peux m'empêcher de l'examiner encore un peu, comme si je pouvais en lire les intentions cachées, les clauses non écrites. Mais je ne trouve rien d'autre que des mots, des phrases, une promesse. Une promesse enivrante, un piège bien ficelé.Élias reste debout, immobile, à une distance qui me permet de sentir sa présence sans qu'il envahisse mon espace personnel. Il n’a pas bougé, mais je sais qu’il observe chacun de mes gestes. Chaque hésitation. Chaque seconde de doute. Ce contrat, c'est plus qu'un simple morceau de papier ; c'est le point de non-retour. C’est ce que je suis sur le point d’accepter, ce que je suis prête à accepter, malgré mes
GraziellaLe son de la porte qui se ferme derrière moi résonne comme un dernier écho, une marque indélébile dans mon esprit. L’air de la pièce semble plus lourd, plus chargé d’une énergie électrique. Je n’avais pas imaginé que revenir ici me donnerait une telle sensation. Je pensais que le choix serait simple, que j’aurais la force de m’y rendre et de suivre la promesse d’Élias, mais la réalité est bien plus complexe que je ne l'avais imaginé.Il est là, dans l'ombre, m’attendant. Ses yeux brillent d'une lueur que je connais bien, celle qui me rappelle que, désormais, tout est sous contrôle. Pas le mien, mais le sien. Et cela me trouble plus que je ne voudrais l’admettre. Je lève les yeux vers lui, et il ne fait rien, ne dit rien. Il se contente de me fixer, comme une statue immobile, une figure de pouvoir. Un maître, un prédateur.— Vous êtes là, dit-il simplement, sa voix basse, sans fioritures. L’instant que vous avez choisi. La ligne entre le passé et l’avenir vient de s’effacer.
GraziellaLes heures qui suivent sont un tourbillon d’émotions contradictoires. Je tente de me concentrer sur autre chose, mais chaque moment me ramène à lui. À Élias. À ce qu’il m’a offert. Ou plutôt, à ce qu’il m’a imposé. Mon esprit ne cesse de tourner autour de ce choix, comme une spirale sans fin. La peur, l’excitation, le doute, tout se mêle dans une danse chaotique. Il y a une partie de moi qui veut tout abandonner, fuir ce monde qui me dépasse. Mais il y a aussi cette part de moi, cachée, presque inconsciente, qui m’appelle à l’avancer, à plonger dans l’inconnu. À le rejoindre.Je passe la nuit à me retourner dans mon lit, les yeux grands ouverts dans l’obscurité. Le silence autour de moi est lourd, oppressant, presque un rappel que le monde qui m’entoure est bien plus petit que ce que je suis en train de contempler. Le rêve, le succès, la reconnaissance — tout cela semble si proche, à portée de main. Mais la peur de tout perdre me ronge. Je sais que je ne pourrai pas revenir
GraziellaJe reste là, figée. Le regard d’Élias m’enserre, une prise invisible, plus forte que mes muscles. Ses mots flottent dans l’air, lourds, inéluctables. Corps, âme et danse. Je les répète dans ma tête, comme un écho qui ne cesse de grandir. C’est une offre, une promesse, mais aussi un piège. J’ai l’impression d’être prise dans une toile d’araignée invisible, chaque mouvement me rapprochant davantage du centre. Et pourtant, je ne peux m’empêcher de frémir à l’idée de ce que cela pourrait signifier.Je n’arrive pas à détacher mes yeux des siens. Il n’a pas besoin de dire un mot de plus. Tout est là, dans l’intensité de son regard, dans le silence de la pièce, dans la chaleur qui semble se dégager de sa présence. Je pourrais lui appartenir. Tout ce que je veux, tout ce dont j’ai rêvé, à portée de main. Mais à quel prix ? Quelque chose en moi se révolte à cette pensée, un cri intérieur qui me hurle de reculer, de fuir. Mais je sais que c’est déjà trop tard.Il n’a pas besoin de me
GraziellaJe regarde la carte une fois de plus, comme un test. Un piège. Un billet vers l’enfer, un autre vers le sommet. Le nom d'Élias De Marens inscrit en lettres noires, aussi lisses et froides que l'immobilier de luxe qu’il semble posséder. Je devrais la jeter, ignorer ce qu'elle représente, oublier tout cela. Mais mon cœur s’emballe à chaque fois que mes yeux glissent dessus. Un mystère, un pari, un rêve brisé… je ne sais pas encore.Je la tiens dans ma main, mes doigts tremblants. Elle n’a pas de logo, pas de référence, juste une promesse, cette simple phrase qui m’hypnotise : « Appelez-moi si vous voulez vraiment briller. » Ça semble si simple, mais je sais que tout dans cette phrase est chargé d'implications.Je ferme les yeux un instant, le bruit de la ville gronde à travers la fenêtre. L'Opéra, la scène… tout ce que j’ai toujours voulu. Mais à quel prix ? Et suis-je prête à payer ce prix ?Un bruit dans l’encadrement de la porte. Ma mère. Le regard fatigué, mais bienveillan
GraziellaParis. 5 h 12.Je suis déjà debout. Ou plutôt, je ne me suis pas vraiment couchée. Juste un moment, contre le mur froid, les jambes tendues, le dos noué de fatigue. Le sommeil, je l’ai troqué contre des pliés et des pirouettes. Je n’ai pas le luxe du repos.Dans la pièce exiguë que je partage encore avec ma mère, le silence est pesant. Le parquet grince sous mes pointes élimées, et chaque craquement semble hurler dans le noir. Je serre les dents. Une ampoule éclate sous l’effort. Mon sang colle à la toile de mes chaussons. J’ai mal. Mais la douleur est la seule chose qui me prouve que je suis encore en vie.Il fait froid, ici. Toujours. Le chauffage est en panne depuis trois semaines, mais on n’a pas de quoi le faire réparer. Ma mère dit que ça forge le caractère. Moi, je dis que ça casse les os. Mais elle n’écoute plus mes remarques. Elle coud en silence, tard le soir, des robes qu’elle ne pourra jamais porter. Et moi, je danse. Comme si ma vie dépendait de chaque arabesque