Raffael
Décembre 2018
Durant toute ma vie, j’ai été en retard. Pour tout et n’importe quoi. Cela n’implique pas forcément ma ponctualité lorsque j’allais à l’école, ni mes devoirs que je devais rendre. Ce sont surtout sur les choix que j’ai fait, pas toujours les meilleurs, et que j’ai pris bien trop tardivement. Les décisions que j’ai plus souvent prises sont les plus décevantes, et je fuis par la suite. J’essaie d’oublier la plupart du temps, mais elles sont là, ancrées dans ma mémoire comme pour me prévenir à quel point je suis lâche et indécis.
C’est un défaut, un vilain défaut même. Mais c’est moi.
Et justement, aujourd’hui, je suis encore en retard, et c’est ma faute.
Levé vers six heures trente du matin -une heure trop matinale pour moi- je n’ai pas eu le temps de déjeuner sous les sermons de maman. Je me suis juste douché, peut-être cinq minutes après que ma sœur libère enfin la salle de bain, j’ai réussi à boucler ma valise quelques minutes après, en fourrant des habits que j’avais laissés la veille sur mon bureau.
Je les ai aidées par la suite à transporter les bagages jusqu’à la petite citadine rouge de ma mère, et comme d’habitude, Helena en a fait trop, emportant un sac en plus :
— Il n’y a plus de place dans le coffre ! je m’écrie, tant bien que mal alors que ma petite-sœur ramène son sac de transport.
— Et alors ? réplique-t-elle en fronçant les sourcils, si tu fais comme le tetris, tu arriveras bien à tout caler, non ?
— Lena, il y a ma valise, la tienne, ta vanity, et un gros sac rempli de je-ne-sais-pas-quoi que j’ai du mettre sur la banquette arrière, et tu veux que je mette ton sac de transport en plus ? Maman n’a pas acheté un gros 4x4 comme papa ! Tu le mettras entre tes deux jambes comme moi.
— Pour ta gouverne, frérot, « le sac rempli de je-ne-sais-pas-quoi », me reprend-t-elle en mimant les guillemets avec ses doigts, est toute ma panoplie de littérature ! Ma raison d’être ! Ce que, bien sûr, tu ne peux pas comprendre !
Je lève les yeux au ciel, agacé par son attitude. Ce n’est pas comme si on devait partir depuis une bonne demi-heure, et qu’à cause de moi, on est à la bourre pour notre avion. L’aéroport se trouve exactement à Bruxelles, soit plus de deux cents kilomètres de chez moi, il est sept heures, notre avion décolle à dix heures précises, et Helena trouve encore un prétexte pour me faire chier.
Heureusement que ma mère passe par là, en fermant la porte de la maison derrière elle :
— Lena, arrête d’embêter ton frère. Tu porteras ton sac entre tes jambes, un point et c’est tout. Bon on y va, sinon vous allez vraiment rater votre avion !
Helena m’adresse un regard noir avant de monter à l’arrière de la voiture, je grimpe à mon tour au côté passager pendant que maman fait gronder le moteur. C’est ainsi que durant la route, je me suis insolé dans ma bulle en m’armant de mes écouteurs, et je me suis laissé bercer par ce flot de paroles dès l’instant où j’ai fermé les yeux.
Elles me font penser aux miennes.
Loin, je pars mais je ne sais plus ce que je suis,
Tu es là, si présente dans mes pensées,
Ailleurs, je m'en vais mais je ne sais plus qui je suis,
Un leurre, un magnifique, voilà ce que tu es.
Je me réveille en sursaut lorsque ma mère m’oblige à sortir de mon sommeil, et je me rends compte que nous sommes enfin arrivés à l’aéroport. Et aussi que nous sommes toujours en retard. Je me dépêche de sortir de la voiture, et de nouveau, j’aide à retirer nos bagages. On se met à courir sur le parking pour atteindre le bâtiment, et sous le regard froid de la réceptionniste, j’enregistre mes affaires avant l’embarcation. Je ne dis rien tandis qu’elle tape sur son clavier mais étrangement, ses yeux noirs me font songer à ce que j’ai déjà perçu quelques jours auparavant. Un éclat de déception, rempli de reproches, et surtout ce désespoir qui me broie le cœur. Je peine à croiser son regard maintenant que mes pensées s’entrechoquent avec la réalité, alors je baisse les yeux quand elle me tend ma carte d’embarquement et crie au suivant.
Dans mon coin, en attendant ma sœur et ma mère, je repense à ce que je crois avoir vu, mais au bout du compte, j’ai peut-être halluciné. J’essaie d’effacer cette vision de ma tête, ce n’est jamais bon de ressasser. De confondre le passé et le présent.
Je me ressaisis lorsque ma sœur a enregistré ses bagages, et ensemble, on s’est remis à courir pour atteindre au moins la zone détaxée. Quand on la gagne, on est presque soulagé.
Presque.
— Bon, je vous laisse ici les enfants, nous dit maman avant de prendre ma sœur dans ses bras.
Je vois les larmes qu’elle tente de cacher alors qu’elle enlace Lena. Les au revoir lui ont toujours fendu le cœur, mais là c’est la première fois qu’on passe Noël sans elle, en douze ans de temps. Ses cheveux blonds sont tirés en une queue de cheval, c’est ce genre de coiffure qu’elle fait quand elle n’a pas le cœur de s’apprêter. « A la va vite », comme elle dit si souvent, le sourire aux lèvres mais crispé. Et pourtant, je l’ai vue de maintes et maintes fois, cette coiffure, surtout lorsque maman se sentait malheureuse.
C’est donc impuissant que je la regarde murmurer à l’oreille de ma sœur, ses yeux verts embués de tristesse. Helena hoche la tête, sans rien dire, mais son dos est secoué de tremblement. Elles se séparent à contrecœur, puis maman me tend les bras, je saisis cette occasion pour la consoler :
— Hé, ce ne sont que deux semaines, je lui dis alors qu’elle referme ses bras autour de mon cou.
— C’est déjà trop, Raffael, tu le sais. A chaque fois que je vous laisse là-bas, c’est un déchirement, me répond-t-elle avec un demi sourire. S’il te plait, fais-en sorte de ne pas te disputer avec ton père. C’est Noël, l’esprit de famille.
— Je vais essayer.
— Promets-le-moi.
Je soupire en percevant son regard improbateur. Elle me connait, elle sait comment je suis.
— Je te le promets.
Je sais d’avance que je ne vais pas tenir cette promesse. Elle me tapote l’épaule et m’embrasse sur la joue avant de me lâcher :
— Allez, je ne vous retiens plus, passez de bonnes vacances, les enfants.
Elle se retourne après nous avoir fait un dernier signe de la main, puis s’en va. On la regarde partir quelques secondes avant de se hâter une nouvelle fois, jusqu’aux portiques de sécurité. On les passe sans problème, non sans récolter quelques réprimandes : il ne faut pas courir dans un aéroport.
— Désolée, Monsieur ! s’exclame Helena en lui faisant son plus beau sourire, mais à cause de mon frère, nous sommes très en retard ! Notre avion décolle pour dix heures, vous savez !
Je lui adresse un sourire maladroit quand l’agent de sécurité m’observe, il n’est pas rempli de reproches comme la réceptionniste, mais de compassion. J’ai eu le sentiment qu’il me comprenait, que ses yeux me disaient « moi aussi j’ai une sœur, elle est chiante mais je l’aime ». Il attrape son talkie-walkie et signale que deux jeunes gens ne vont pas tarder à embarquer, puis il nous sourit :
— Les hôtesses vont vous attendre.
Helena le remercie avant de prendre ma main pour me tirer jusqu’à elle, on marche à vive allure pour rattraper notre salle puis notre avion. Lorsqu’on monte enfin dedans et qu’on s’installe sur nos places réservées, je souffle un bon coup, de soulagement.
— Putain, c’était chaud ! commente-t-elle, presque époumonée. C’est ta faute, tout ça !
« Je sais », pensé-je, mais je ne réponds pas.
Je l’ai peut-être fait exprès de nous mettre en retard. Un peu de mauvaise volonté et hop, obligé de rester en France, mais non. Le corps est là, mais l’esprit est autre part.
Ailleurs, je pars mais j'ai laissé une moitié,
Que je ne suis plus sûr de retrouver.
RaffaelSeptembre 2018 (trois mois plus tôt)On s’est accordé une pause de quelques minutes ce soir, histoire de reprendre au mieux ce que nous avons commencé. J’étais censé boire un peu d’eau pour me dessécher la gorge, faire un tour au petit coin, ou me concentrer sur les paroles de notre nouvelle chanson. Au lieu de ça, j’ai dégainé mon téléphone portable et ouvert l’application Instagram.Je n’aurais jamais dû faire ça.Je me suis laissé distraire par mon fil d’actualité puis je suis tombé sur une photo. Sa photo. J’ai été sur son compte, je me suis perdu dans la contemplation de tous ses clichés. Pourquoi? Je n’en sais rien, par pure curiosité sans doute, mais dès à présent je ne
Chrystal J’hésite à manger avec eux maintenant que j’ai croisé son regard, mais je n’ai nulle part où aller. La honte. Je n’ai jamais eu aussi honte de ma vie depuis que je me suis vautrée dans cette flaque. Bien sûr,il m’est arrivée que ma maladresse me fasse un sale coup, mais jamais à ce point. Il fallait que ça m’arrive aujourd’hui, au moment même où j’apprends une terrible nouvelle. J’ai un mauvais karma, un horrible même, et ce depuis mon dernier cours. Je me suis mal réceptionnée à l’un de mes nombreux sauts, je n’ai pas osé dire à ma professeure de danse que ma cheville me faisait mal alors j’ai continué mes exercices en faisant taire ma souffrance. Ensuite pendant qu’on se changeait dans les vestiaires, Perrine était tout excitée. Elle tenait absolument qu’on rencontre son nouveau prince charmant qui l’attendait impatiemment au restaurant. Pendant le trajet, j’ai reçu un message qui m’a bouleversée. J’ai été dist
RaffaelJe suis réveillé par un corps chaud qui gesticule dans mon dos, ce qui me fait grogner dans mon sommeil. J’ai la tête qui tourne, la langue horriblement sèche, je mets un temps à comprendre quel jour nous sommes mais surtout où est-ce que je suis. J’ouvre un œil avant de le refermer aussitôt dans un gémissement de douleur. Ma tête vient d’exploser. Littéralement. Ce misérable petit rayon de soleil vient de m’assommer, il martèle mon crâne si intensément que je peine à garder les yeux ouverts.C’est aussi douloureux qu’un coup de batte en plein poire. Je n’en ai jamais reçu, encore heureux, mais la sensation dans mon crâne en est presque identique. La douleur s’accentue quand le lit grince. C’est beaucoup trop fort. Ça en est limite assourdissant. Je me
ChrystalJe range péniblement les couverts du lave-vaisselle dans le tiroir, une tâche bien agaçante pour un dimanche après-midi. Je souffle plusieurs fois de mécontentement et dispose rageusement chaque couteau, fourchette et cuillère à sa place. J’ai toujours eu horreur de le faire, que ce soit pour les nettoyer ou les ranger. Je préfère les laisser sécher dans leur coin et me servir dès que j’en ai l’occasion. J’ai souvent cette impression de perdre mon temps, un temps précieux à faire toute autre chose. Etudier pour mon avenir, profiter du présent pour regarder des séries ou plonger dans mes souvenirs passés auprès de ma famille.Seulement je n’échappe pas aux tâches ménagères de la maison. Tout le monde doit y participer, d’autant plus que maman est partie
Raffael Un soupir s’échappe de mes lèvres alors que je pousse la porte d’entrée avec mes pieds. Je la brutalise d’un coup sec et gonfle les joues pour retenir un énorme gros mot. Ce dernier s’entrechoque dans ma tête, il hurle dans mes oreilles, mais se bloque dans mes cordes vocales. Je suis énervé, terriblement. Je viens de passer une journée de merde, si bien que j’ai envie de me recoucher pour oublier, là tout de suite. Je laisse tomber mon sac près du porte-manteau et accroche le mien sur ce dernier. Mon ventre grogne tout comme ma conscience. Il se contracte, tout comme le peu de muscles que je possède, et me fait grincer des dents. C’est douloureux. Vraiment. Je pose une main contre mon estomac alors qu’il continue de grouiller, il râle parce que je n’ai rien avalé depuis hier. Mais ce n’est pas ma faute. Enfin si dans un sens, ou alors c’est cette misérable loi de Murphy qui n’a cessé de me poursuivre toute la sainte journée. P
ChrystalLes cheveux encore trempés de ma précédente douche, je m’active à trouver une tenue adéquate pour la fête de Perrine. Je passe en revue tous les vêtements qui sont suspendus sur les cintres de mon placard. Je décroche une longue robe bleue marine pour l’examiner avant de la remettre à sa place en grimaçant, puis je poursuis ma recherche en essayant d’ignorer la panique qui fait tambouriner mon cœur contre ma cage thoracique. Je n’ai absolument rien à me mettre! Je ne sais même pas comment je suis censée m’habiller à la fête de Perrine, d’autant plus je dois y être dans une heure pour l’aider à tout préparer avec Adélaïde.Je suis dans une mouise pas possible. Avec tout le travail que j’ai eu cette semaine, je n’ai pas eu le temps de m
RaffaelJe nage jusqu’à la surface et inspire soudainement une fois que ma tête sort de l’eau. Je ferme les yeux quand un mec replonge à côté de moi, hilare, et regarde autour de moi. L’eau froide m’a dessaoulé et c’est d’un œil mitigé que je considère toutes ces personnes dans la piscine. Je me pousse vivement pour scanner du regard tout ce qui passe aux alentours mais je ne vois pas où est Chrystal. Je l’appelle en tournant sur moi-même, intrigué. Je suis pourtant persuadé qu’elle a plongé avec moi quand ce con nous a entrainés dans son délire, mais avec tous ces gens ivres aux environs, je ne parviens pas à la trouver.Elle n’est pas déjà remontée, si ?— Chrys ! je hurle à plein poumon en remuant des jambes. Merde, t’es pa
RaffaelJe rentre de l'école, le cartable accroché à mon dos. Maman me tient par la main tout en portant Lena dans son autre bras. Je regarde ma petite-sœur qui se love au cou de notre mère, un peu inquiet. Elle a passé une mauvaise journée en maternelle, une fille n'a pas arrêté de l'embêter. J'aurai voulu m'en occuper mais maman a pris la mère de cette petite à part pour s'expliquer avec elle. Je ne sais pas ce qu'elles se sont dites, mais elles avaient toutes les deux les sourcils froncés, comme si elles étaient fâchées. Quand elle a fini de parler avec elle, maman nous a attrapés pour nous installer dans la voiture. Elle a fait attention qu'on était bien attachés sur nos sièges auto puis elle a conduit jusqu'à la maison. Maman ouvre la porte. Elle me tire sur le bras pour me
RaffaelParé de mes écouteurs, je descends de mon train en soulevant ma valise. Je la fais rouler sur le bitume et me faufile entre les personnes qui espèrent désespérément monter dans mon wagon. Je bouscule d’une épaule une personne âgée dans mon passage étroit. Je me tourne pour m’excuse, mais la vieille dame me fusille presque du regard en marmonnant un truc du genre «les jeunes d’aujourd'hui ! Ils ne font jamais attention, ils sont toujours sur leur téléphone avec la musique dans les oreilles !». Je la regarde, pas du tout impressionné, et ne m’excuse finalement pas. Je continue mon chemin en soupirant. On blâme toujours les jeunes pour des conneries, mais jamais les vieux alors que c’est eux qui cassent les couilles. Je n’ai pas de temps à perdre avec cette mamie mais j’e
ChrystalLe portable en main, j’essaie de trouver mon chemin dans le centre ville. Je tourne ma tête dans plusieurs directions, mais rien n’y fait, je n’ai vraiment aucun sens de l’orientation. Les paroles d’Adélaïde en tête, je réfléchis un court instant. Ce midi, on a beaucoup parlé de mon éventualité de coucher régulièrement avec Raffael, des risques que ça entraine et à l’inverse, des avantages qui font pencher la balance. Elle m’a fait énormément part de ses impressions, de ses relations non-exclusives comme son ressenti envers Raff.— J’ai rencontré beaucoup de mecs comme lui, m’a-t-elle dit alors qu’on donnait notre plateau au personnel de la cantine. Ils profitent de leur jeunesse pour s’amuser et ils ont le droit, je n’ai jamais dit le contraire !
ChrystalOctobre 2018Je n’ai toujours pas contacté Raffael depuis dimanche dernier. Dix jours ont passé depuis cette fameuse fête, que j’essaie d’oublier sans que je n’y parvienne. Dix jours ont défilé sans que je ne pense à notre échange torride, si bien que je le revois encore entre mes jambes en train de me faire jouir. Dix jours ont trépassé depuis qu’il m’a fait sa proposition affriolante et je mentirais si je disais que ça ne m’a rien fait, là dans mon bas-ventre.J’ai hésité plusieurs fois. A chaque fois que je pensais à cette nuit, j’étais à deux doigts de l’appeler pour lui demander de rappliquer, mais je ne l’ai pas fait. Une part de moi le voulait inconsciemment, seulement ma raison revenait toujours à la charge pour me ra
RaffaelJe rentre de l'école, le cartable accroché à mon dos. Maman me tient par la main tout en portant Lena dans son autre bras. Je regarde ma petite-sœur qui se love au cou de notre mère, un peu inquiet. Elle a passé une mauvaise journée en maternelle, une fille n'a pas arrêté de l'embêter. J'aurai voulu m'en occuper mais maman a pris la mère de cette petite à part pour s'expliquer avec elle. Je ne sais pas ce qu'elles se sont dites, mais elles avaient toutes les deux les sourcils froncés, comme si elles étaient fâchées. Quand elle a fini de parler avec elle, maman nous a attrapés pour nous installer dans la voiture. Elle a fait attention qu'on était bien attachés sur nos sièges auto puis elle a conduit jusqu'à la maison. Maman ouvre la porte. Elle me tire sur le bras pour me
RaffaelJe nage jusqu’à la surface et inspire soudainement une fois que ma tête sort de l’eau. Je ferme les yeux quand un mec replonge à côté de moi, hilare, et regarde autour de moi. L’eau froide m’a dessaoulé et c’est d’un œil mitigé que je considère toutes ces personnes dans la piscine. Je me pousse vivement pour scanner du regard tout ce qui passe aux alentours mais je ne vois pas où est Chrystal. Je l’appelle en tournant sur moi-même, intrigué. Je suis pourtant persuadé qu’elle a plongé avec moi quand ce con nous a entrainés dans son délire, mais avec tous ces gens ivres aux environs, je ne parviens pas à la trouver.Elle n’est pas déjà remontée, si ?— Chrys ! je hurle à plein poumon en remuant des jambes. Merde, t’es pa
ChrystalLes cheveux encore trempés de ma précédente douche, je m’active à trouver une tenue adéquate pour la fête de Perrine. Je passe en revue tous les vêtements qui sont suspendus sur les cintres de mon placard. Je décroche une longue robe bleue marine pour l’examiner avant de la remettre à sa place en grimaçant, puis je poursuis ma recherche en essayant d’ignorer la panique qui fait tambouriner mon cœur contre ma cage thoracique. Je n’ai absolument rien à me mettre! Je ne sais même pas comment je suis censée m’habiller à la fête de Perrine, d’autant plus je dois y être dans une heure pour l’aider à tout préparer avec Adélaïde.Je suis dans une mouise pas possible. Avec tout le travail que j’ai eu cette semaine, je n’ai pas eu le temps de m
Raffael Un soupir s’échappe de mes lèvres alors que je pousse la porte d’entrée avec mes pieds. Je la brutalise d’un coup sec et gonfle les joues pour retenir un énorme gros mot. Ce dernier s’entrechoque dans ma tête, il hurle dans mes oreilles, mais se bloque dans mes cordes vocales. Je suis énervé, terriblement. Je viens de passer une journée de merde, si bien que j’ai envie de me recoucher pour oublier, là tout de suite. Je laisse tomber mon sac près du porte-manteau et accroche le mien sur ce dernier. Mon ventre grogne tout comme ma conscience. Il se contracte, tout comme le peu de muscles que je possède, et me fait grincer des dents. C’est douloureux. Vraiment. Je pose une main contre mon estomac alors qu’il continue de grouiller, il râle parce que je n’ai rien avalé depuis hier. Mais ce n’est pas ma faute. Enfin si dans un sens, ou alors c’est cette misérable loi de Murphy qui n’a cessé de me poursuivre toute la sainte journée. P
ChrystalJe range péniblement les couverts du lave-vaisselle dans le tiroir, une tâche bien agaçante pour un dimanche après-midi. Je souffle plusieurs fois de mécontentement et dispose rageusement chaque couteau, fourchette et cuillère à sa place. J’ai toujours eu horreur de le faire, que ce soit pour les nettoyer ou les ranger. Je préfère les laisser sécher dans leur coin et me servir dès que j’en ai l’occasion. J’ai souvent cette impression de perdre mon temps, un temps précieux à faire toute autre chose. Etudier pour mon avenir, profiter du présent pour regarder des séries ou plonger dans mes souvenirs passés auprès de ma famille.Seulement je n’échappe pas aux tâches ménagères de la maison. Tout le monde doit y participer, d’autant plus que maman est partie
RaffaelJe suis réveillé par un corps chaud qui gesticule dans mon dos, ce qui me fait grogner dans mon sommeil. J’ai la tête qui tourne, la langue horriblement sèche, je mets un temps à comprendre quel jour nous sommes mais surtout où est-ce que je suis. J’ouvre un œil avant de le refermer aussitôt dans un gémissement de douleur. Ma tête vient d’exploser. Littéralement. Ce misérable petit rayon de soleil vient de m’assommer, il martèle mon crâne si intensément que je peine à garder les yeux ouverts.C’est aussi douloureux qu’un coup de batte en plein poire. Je n’en ai jamais reçu, encore heureux, mais la sensation dans mon crâne en est presque identique. La douleur s’accentue quand le lit grince. C’est beaucoup trop fort. Ça en est limite assourdissant. Je me