Chrystal
Le portable en main, j’essaie de trouver mon chemin dans le centre ville. Je tourne ma tête dans plusieurs directions, mais rien n’y fait, je n’ai vraiment aucun sens de l’orientation. Les paroles d’Adélaïde en tête, je réfléchis un court instant. Ce midi, on a beaucoup parlé de mon éventualité de coucher régulièrement avec Raffael, des risques que ça entraine et à l’inverse, des avantages qui font pencher la balance. Elle m’a fait énormément part de ses impressions, de ses relations non-exclusives comme son ressenti envers Raff.
— J’ai rencontré beaucoup de mecs comme lui, m’a-t-elle dit alors qu’on donnait notre plateau au personnel de la cantine. Ils profitent de leur jeunesse pour s’amuser et ils ont le droit, je n’ai jamais dit le contraire !
RaffaelParé de mes écouteurs, je descends de mon train en soulevant ma valise. Je la fais rouler sur le bitume et me faufile entre les personnes qui espèrent désespérément monter dans mon wagon. Je bouscule d’une épaule une personne âgée dans mon passage étroit. Je me tourne pour m’excuse, mais la vieille dame me fusille presque du regard en marmonnant un truc du genre «les jeunes d’aujourd'hui ! Ils ne font jamais attention, ils sont toujours sur leur téléphone avec la musique dans les oreilles !». Je la regarde, pas du tout impressionné, et ne m’excuse finalement pas. Je continue mon chemin en soupirant. On blâme toujours les jeunes pour des conneries, mais jamais les vieux alors que c’est eux qui cassent les couilles. Je n’ai pas de temps à perdre avec cette mamie mais j’e
Raffael Décembre 2018 Durant toute ma vie, j’ai été en retard. Pour tout et n’importe quoi. Cela n’implique pas forcément ma ponctualité lorsque j’allais à l’école, ni mes devoirs que je devais rendre. Ce sont surtout sur les choix que j’ai fait, pas toujours les meilleurs, et que j’ai pris bien trop tardivement. Les décisions que j’ai plus souvent prises sont les plus décevantes, et je fuis par la suite. J’essaie d’oublier la plupart du temps, mais elles sont là, ancrées dans ma mémoire comme pour me prévenir à quel point je suis lâche et indécis. C’est un défaut, un vilain défaut même. Mais c’est moi. Et justement, aujourd’hui, je suis encore en retard, et c’est ma faute. Levé vers six heures trente du matin -une heure trop matinale pour moi- je n’ai pas eu le temps de déjeuner sous les sermons de maman. Je me suis juste douché, peut-être cinq minutes après que ma sœur libère enfin la sa
RaffaelSeptembre 2018 (trois mois plus tôt)On s’est accordé une pause de quelques minutes ce soir, histoire de reprendre au mieux ce que nous avons commencé. J’étais censé boire un peu d’eau pour me dessécher la gorge, faire un tour au petit coin, ou me concentrer sur les paroles de notre nouvelle chanson. Au lieu de ça, j’ai dégainé mon téléphone portable et ouvert l’application Instagram.Je n’aurais jamais dû faire ça.Je me suis laissé distraire par mon fil d’actualité puis je suis tombé sur une photo. Sa photo. J’ai été sur son compte, je me suis perdu dans la contemplation de tous ses clichés. Pourquoi? Je n’en sais rien, par pure curiosité sans doute, mais dès à présent je ne
Chrystal J’hésite à manger avec eux maintenant que j’ai croisé son regard, mais je n’ai nulle part où aller. La honte. Je n’ai jamais eu aussi honte de ma vie depuis que je me suis vautrée dans cette flaque. Bien sûr,il m’est arrivée que ma maladresse me fasse un sale coup, mais jamais à ce point. Il fallait que ça m’arrive aujourd’hui, au moment même où j’apprends une terrible nouvelle. J’ai un mauvais karma, un horrible même, et ce depuis mon dernier cours. Je me suis mal réceptionnée à l’un de mes nombreux sauts, je n’ai pas osé dire à ma professeure de danse que ma cheville me faisait mal alors j’ai continué mes exercices en faisant taire ma souffrance. Ensuite pendant qu’on se changeait dans les vestiaires, Perrine était tout excitée. Elle tenait absolument qu’on rencontre son nouveau prince charmant qui l’attendait impatiemment au restaurant. Pendant le trajet, j’ai reçu un message qui m’a bouleversée. J’ai été dist
RaffaelJe suis réveillé par un corps chaud qui gesticule dans mon dos, ce qui me fait grogner dans mon sommeil. J’ai la tête qui tourne, la langue horriblement sèche, je mets un temps à comprendre quel jour nous sommes mais surtout où est-ce que je suis. J’ouvre un œil avant de le refermer aussitôt dans un gémissement de douleur. Ma tête vient d’exploser. Littéralement. Ce misérable petit rayon de soleil vient de m’assommer, il martèle mon crâne si intensément que je peine à garder les yeux ouverts.C’est aussi douloureux qu’un coup de batte en plein poire. Je n’en ai jamais reçu, encore heureux, mais la sensation dans mon crâne en est presque identique. La douleur s’accentue quand le lit grince. C’est beaucoup trop fort. Ça en est limite assourdissant. Je me
ChrystalJe range péniblement les couverts du lave-vaisselle dans le tiroir, une tâche bien agaçante pour un dimanche après-midi. Je souffle plusieurs fois de mécontentement et dispose rageusement chaque couteau, fourchette et cuillère à sa place. J’ai toujours eu horreur de le faire, que ce soit pour les nettoyer ou les ranger. Je préfère les laisser sécher dans leur coin et me servir dès que j’en ai l’occasion. J’ai souvent cette impression de perdre mon temps, un temps précieux à faire toute autre chose. Etudier pour mon avenir, profiter du présent pour regarder des séries ou plonger dans mes souvenirs passés auprès de ma famille.Seulement je n’échappe pas aux tâches ménagères de la maison. Tout le monde doit y participer, d’autant plus que maman est partie
Raffael Un soupir s’échappe de mes lèvres alors que je pousse la porte d’entrée avec mes pieds. Je la brutalise d’un coup sec et gonfle les joues pour retenir un énorme gros mot. Ce dernier s’entrechoque dans ma tête, il hurle dans mes oreilles, mais se bloque dans mes cordes vocales. Je suis énervé, terriblement. Je viens de passer une journée de merde, si bien que j’ai envie de me recoucher pour oublier, là tout de suite. Je laisse tomber mon sac près du porte-manteau et accroche le mien sur ce dernier. Mon ventre grogne tout comme ma conscience. Il se contracte, tout comme le peu de muscles que je possède, et me fait grincer des dents. C’est douloureux. Vraiment. Je pose une main contre mon estomac alors qu’il continue de grouiller, il râle parce que je n’ai rien avalé depuis hier. Mais ce n’est pas ma faute. Enfin si dans un sens, ou alors c’est cette misérable loi de Murphy qui n’a cessé de me poursuivre toute la sainte journée. P
ChrystalLes cheveux encore trempés de ma précédente douche, je m’active à trouver une tenue adéquate pour la fête de Perrine. Je passe en revue tous les vêtements qui sont suspendus sur les cintres de mon placard. Je décroche une longue robe bleue marine pour l’examiner avant de la remettre à sa place en grimaçant, puis je poursuis ma recherche en essayant d’ignorer la panique qui fait tambouriner mon cœur contre ma cage thoracique. Je n’ai absolument rien à me mettre! Je ne sais même pas comment je suis censée m’habiller à la fête de Perrine, d’autant plus je dois y être dans une heure pour l’aider à tout préparer avec Adélaïde.Je suis dans une mouise pas possible. Avec tout le travail que j’ai eu cette semaine, je n’ai pas eu le temps de m
RaffaelParé de mes écouteurs, je descends de mon train en soulevant ma valise. Je la fais rouler sur le bitume et me faufile entre les personnes qui espèrent désespérément monter dans mon wagon. Je bouscule d’une épaule une personne âgée dans mon passage étroit. Je me tourne pour m’excuse, mais la vieille dame me fusille presque du regard en marmonnant un truc du genre «les jeunes d’aujourd'hui ! Ils ne font jamais attention, ils sont toujours sur leur téléphone avec la musique dans les oreilles !». Je la regarde, pas du tout impressionné, et ne m’excuse finalement pas. Je continue mon chemin en soupirant. On blâme toujours les jeunes pour des conneries, mais jamais les vieux alors que c’est eux qui cassent les couilles. Je n’ai pas de temps à perdre avec cette mamie mais j’e
ChrystalLe portable en main, j’essaie de trouver mon chemin dans le centre ville. Je tourne ma tête dans plusieurs directions, mais rien n’y fait, je n’ai vraiment aucun sens de l’orientation. Les paroles d’Adélaïde en tête, je réfléchis un court instant. Ce midi, on a beaucoup parlé de mon éventualité de coucher régulièrement avec Raffael, des risques que ça entraine et à l’inverse, des avantages qui font pencher la balance. Elle m’a fait énormément part de ses impressions, de ses relations non-exclusives comme son ressenti envers Raff.— J’ai rencontré beaucoup de mecs comme lui, m’a-t-elle dit alors qu’on donnait notre plateau au personnel de la cantine. Ils profitent de leur jeunesse pour s’amuser et ils ont le droit, je n’ai jamais dit le contraire !
ChrystalOctobre 2018Je n’ai toujours pas contacté Raffael depuis dimanche dernier. Dix jours ont passé depuis cette fameuse fête, que j’essaie d’oublier sans que je n’y parvienne. Dix jours ont défilé sans que je ne pense à notre échange torride, si bien que je le revois encore entre mes jambes en train de me faire jouir. Dix jours ont trépassé depuis qu’il m’a fait sa proposition affriolante et je mentirais si je disais que ça ne m’a rien fait, là dans mon bas-ventre.J’ai hésité plusieurs fois. A chaque fois que je pensais à cette nuit, j’étais à deux doigts de l’appeler pour lui demander de rappliquer, mais je ne l’ai pas fait. Une part de moi le voulait inconsciemment, seulement ma raison revenait toujours à la charge pour me ra
RaffaelJe rentre de l'école, le cartable accroché à mon dos. Maman me tient par la main tout en portant Lena dans son autre bras. Je regarde ma petite-sœur qui se love au cou de notre mère, un peu inquiet. Elle a passé une mauvaise journée en maternelle, une fille n'a pas arrêté de l'embêter. J'aurai voulu m'en occuper mais maman a pris la mère de cette petite à part pour s'expliquer avec elle. Je ne sais pas ce qu'elles se sont dites, mais elles avaient toutes les deux les sourcils froncés, comme si elles étaient fâchées. Quand elle a fini de parler avec elle, maman nous a attrapés pour nous installer dans la voiture. Elle a fait attention qu'on était bien attachés sur nos sièges auto puis elle a conduit jusqu'à la maison. Maman ouvre la porte. Elle me tire sur le bras pour me
RaffaelJe nage jusqu’à la surface et inspire soudainement une fois que ma tête sort de l’eau. Je ferme les yeux quand un mec replonge à côté de moi, hilare, et regarde autour de moi. L’eau froide m’a dessaoulé et c’est d’un œil mitigé que je considère toutes ces personnes dans la piscine. Je me pousse vivement pour scanner du regard tout ce qui passe aux alentours mais je ne vois pas où est Chrystal. Je l’appelle en tournant sur moi-même, intrigué. Je suis pourtant persuadé qu’elle a plongé avec moi quand ce con nous a entrainés dans son délire, mais avec tous ces gens ivres aux environs, je ne parviens pas à la trouver.Elle n’est pas déjà remontée, si ?— Chrys ! je hurle à plein poumon en remuant des jambes. Merde, t’es pa
ChrystalLes cheveux encore trempés de ma précédente douche, je m’active à trouver une tenue adéquate pour la fête de Perrine. Je passe en revue tous les vêtements qui sont suspendus sur les cintres de mon placard. Je décroche une longue robe bleue marine pour l’examiner avant de la remettre à sa place en grimaçant, puis je poursuis ma recherche en essayant d’ignorer la panique qui fait tambouriner mon cœur contre ma cage thoracique. Je n’ai absolument rien à me mettre! Je ne sais même pas comment je suis censée m’habiller à la fête de Perrine, d’autant plus je dois y être dans une heure pour l’aider à tout préparer avec Adélaïde.Je suis dans une mouise pas possible. Avec tout le travail que j’ai eu cette semaine, je n’ai pas eu le temps de m
Raffael Un soupir s’échappe de mes lèvres alors que je pousse la porte d’entrée avec mes pieds. Je la brutalise d’un coup sec et gonfle les joues pour retenir un énorme gros mot. Ce dernier s’entrechoque dans ma tête, il hurle dans mes oreilles, mais se bloque dans mes cordes vocales. Je suis énervé, terriblement. Je viens de passer une journée de merde, si bien que j’ai envie de me recoucher pour oublier, là tout de suite. Je laisse tomber mon sac près du porte-manteau et accroche le mien sur ce dernier. Mon ventre grogne tout comme ma conscience. Il se contracte, tout comme le peu de muscles que je possède, et me fait grincer des dents. C’est douloureux. Vraiment. Je pose une main contre mon estomac alors qu’il continue de grouiller, il râle parce que je n’ai rien avalé depuis hier. Mais ce n’est pas ma faute. Enfin si dans un sens, ou alors c’est cette misérable loi de Murphy qui n’a cessé de me poursuivre toute la sainte journée. P
ChrystalJe range péniblement les couverts du lave-vaisselle dans le tiroir, une tâche bien agaçante pour un dimanche après-midi. Je souffle plusieurs fois de mécontentement et dispose rageusement chaque couteau, fourchette et cuillère à sa place. J’ai toujours eu horreur de le faire, que ce soit pour les nettoyer ou les ranger. Je préfère les laisser sécher dans leur coin et me servir dès que j’en ai l’occasion. J’ai souvent cette impression de perdre mon temps, un temps précieux à faire toute autre chose. Etudier pour mon avenir, profiter du présent pour regarder des séries ou plonger dans mes souvenirs passés auprès de ma famille.Seulement je n’échappe pas aux tâches ménagères de la maison. Tout le monde doit y participer, d’autant plus que maman est partie
RaffaelJe suis réveillé par un corps chaud qui gesticule dans mon dos, ce qui me fait grogner dans mon sommeil. J’ai la tête qui tourne, la langue horriblement sèche, je mets un temps à comprendre quel jour nous sommes mais surtout où est-ce que je suis. J’ouvre un œil avant de le refermer aussitôt dans un gémissement de douleur. Ma tête vient d’exploser. Littéralement. Ce misérable petit rayon de soleil vient de m’assommer, il martèle mon crâne si intensément que je peine à garder les yeux ouverts.C’est aussi douloureux qu’un coup de batte en plein poire. Je n’en ai jamais reçu, encore heureux, mais la sensation dans mon crâne en est presque identique. La douleur s’accentue quand le lit grince. C’est beaucoup trop fort. Ça en est limite assourdissant. Je me