PAS QUESTION
- S'il te plaît Martin.
- Mais non Marzouk, je n’ai vraiment pas envie de sortir aujourd'hui.
- Tu sais très bien que c'est toujours mieux avec toi.
- Je sais pas de quoi tu parles.
- Allez frère, fais-le pour moi. Fais-le pour ton frère qui ne te demande jamais rien.
- Oh ! La bonne blague !
- Allez frère, s'il te plaît.
- Tu fais chier mec mais bon, j'accepte.
C'est toujours comme ça avec mon ami. Il veut aller en boîte et il faut quelqu'un pour lui tenir la chandelle. Fort malheureusement j'ai toujours le malheur d'être le frère bien aimé à laquelle il pense dans ce genre de situation. Non pas que ça me déplaise, bien au contraire j'adore l'ambiance particulièrement ces nombreuses filles chaudes qui ne demandent qu'à être défoncées. Il n'y a que ça qui me motive à aller en boîte. Le problème c'est que je ne suis pas d'humeur aujourd'hui et mon ami, plus qu'un ami bien sûr un frère, ne semble pas vouloir comprendre cela. Vue son état, j'aurai beau le lui expliquer il n'y comprendra rien pas parce qu'il est idiot mais juste en raison de son excitation qui je crois a déjà atteint son paroxysme. Et oui, mon pote est en mec depuis deux semaines, un miracle je le souligne. Un véritable miracle. Mon ami est la perfection incarnée d'un Don Juan. Rien ne lui résiste, pas même la femme la plus asexuée de Cotonou. Le comble c'est qu'il a beau être aussi assoiffé de sexe, il semble être amoureux comme pour dire que le cœur a ses raisons. Cela me fait bien marrer parce qu'il y a juste six mois, j'aurais donné ma main à couper qu’il ne tomberait jamais amoureux. C'est notre devise à nous. Ne jamais donner son cœur, jamais. L'amour ce n’est pas pour nous. Comment pourrions-nous aimer d'ailleurs ? Avec un passé sentimental comme le nôtre, c'est sans doute mieux la pendaison que de tomber de nouveau amoureux. Enfin c'est ce que j'aurais dit il y a six mois mais par un jour hasardeux, un jour comme les autres mon frère a fait la rencontre d'une fille. Forte de caractère, assez rebelle, tout ce que je déteste mais pas mon frère apparemment et puis comme on le dit plus c'est dur, mieux c'est. Enfin c'est lui qui le dit, pas moi. Alors mon Don Juan tombe amoureux, ridicule. Cela l'est encore plus quand j'apprends qu'il s'est fait recaler. Le Don Juan se fait recaler, trop marrant. Pour moi cela sonne un peu comme Michael Jackson qui se voyait refuser le visa béninois. Cela m'avait surpris alors je l'ai considéré comme une blague mais cela s'est avérée. On en vient donc au fait que depuis six mois, mon frère essaie du mieux qu'il peut de séduire cette charmante jeune fille. Ce ne sont pas mes oignons j'avoue mais je prends tout mon pied à lui chanter cette belle mélodie "fallait pas, fallait pas" Je n'étais pas parti pour tomber amoureux d'une fille mais voir mon frère souffrir autant par amour alors là l'amour et moi c'est route opposée à vie.
Ce soir mon frère est d'humeur à faire la fête, fourrer sa bite dans une bonne chatte pour être précis. Je me laisserais bien tenter aussi si j'en trouvais une mais pour ce faire il faut se mettre bien et c'est justement ce que nous sommes en train de faire. Je me mets donc sur mon 31. Je ne suis particulièrement pas très grand de forme mais j'ai de quoi faire retourner plus d'une tête en soirée. Mon frère il en fait retourner plus d'une tonne. A croire qu'elles ne voient que lui. Bon ça m'arrange pour ce soir vue mon état, je n’aurai pas à me faire remarquer ni me faire désirer. On finit de s'habiller donc, et direction la boîte. Mon ami et moi avons une amitié plutôt fusionnelle alors quand il m'a proposé qu'on vive en colocation j'y ai vue aucun inconvénient pourvu que je ne le surprenne jamais à s'envoyer en l'air dans notre demeure. Faudrait quand même respecter mon intimité et faut l'avouer il le fait bien.
Nous voilà arrivé donc devant la boîte et j’avoue que j’aurais préféré ne pas me retrouver ici. Il suffit d’un regard pour se rendre compte qu’il s’agit d’une boîte fréquentée généralement par ces sales gosses prétentieux qui ne pensent qu’à se bourrer la gueule, ces gosses de riches qui n’ont aucune notion de la peine, la souffrance que c’est de gagner son argent et honnêtement en plus, ces vantards de gosses de riches incapables d’être reconnaissants envers les peines des parents pour leur offrir la vie qu’ils auraient aimé avoir quand ils étaient encore plus jeunes. Ils m’insupportent de trop ces jeunes mais je vais me retenir pour le plaisir de mon frère après tout on se doit bien ça entre amis. Une fois les pieds au sol, on se dirige donc vers l’entrée. Mon frère me revaudra cette soirée j’en suis convaincu à moins qu’on n’y entre plus finalement car nous sommes très tôt stoppés par l’un des vigiles.
Mon frère vient de mentionner le nom de madame Larissa ? La femme du PDG de Yekini Sarl, la plus grande entreprise E-commerce de la sous-région ? On parle de mon pote après tout, il n’y a vraiment pas de quoi être surpris. Le visage que nous lançait le vigile ne me rassurait aucunement. C’est à ce moment que j’entendis mon ami ajouter.
Le vigile finit par nous laisser entrer mais j’avoue qu’à un moment j’ai cru qu’il ne le ferait pas et même si on avait réussi à passer, une question me rongeait et il fallait que j’y vois claire alors je lançai à l’endroit de mon ami :
Ça oui, profiter de la soirée mais bon faut l’avouer aussi la salle était pleine à craquer de filles aussi belles les unes que les autres. Il y en avait de tous les goûts et elles avaient pour la plupart d’entre elles le regard rivé vers l’entrée de la boîte telles des nymphomanes en manque d’une bonne baise brutale et tout aussi agréable. Ça se sentait à des kilomètres qu’elles désiraient une bonne compagnie ces filles. Je peux donc d’ores et déjà dire à dieu l’idée d’une soirée tranquille. Que la soirée soit donc belle !
Je ne pouvais me retenir de rire suite à sa réponse.
Je ne la sentais vraiment pas cette réponse venant de lui, quelque chose me dit que cette soirée me laissera sans doute des souvenirs.
J’orientai donc mon regard en direction de celle qui m’occupera du moins celle dont il veut que je m’occupe pour le reste de la soirée et pour une surprise cela en était vraiment une.
Mon frère est en train de me demander un service mais pas n’importe lequel, flirter avec une fille grosse. L’euphémisme voudrait qu’on parle de fille ronde mais moi je dis les choses telles qu’elles sont. Elle est grosse cette fille, assez grosse pour que je ne veuille même plus la regarder. Je n’ai rien de personnel contre cette fille mais sa forme semble être un massacre au beau spectacle qu’offre la boîte. Une fille avec une forme pareille, ça ne devrait pas sortir de chez soi encore moins pour venir en boîte ! Mais qui a bien eu la malheureuse idée de lui faire croire qu’elle pourrait plaire à quelqu’un ? Qui a bien pu lui donner une telle illusion ? Tout ce dont j’ai envie c’est d’aller lui expliquer combien sa vue m’est insupportable, combien une fille comme elle me ferait perdre mon excitation même au seuil de la jouissance mais non je ne peux pas dire cela et ce parce que mon frère me demande un service. Alors va falloir que je lui mente, mentir sur sa forme si répugnante pour moi. J’arrive pas à croire qu’il existe des mecs qui veuillent niquer ce genre de filles mais bon ce sont pas mes affaires tout ça. Pour le moment je dois juste chercher à lui faire bonne impression et capter son attention.
Il hoche la tête en guise d’approbation. Je ne m’attendais pas à ce qu’il réagisse différemment. Je vais donc devoir le faire ? Je vais devoir aborder cette fille ? Moi ? Martin ? Dîtes moi que je rêve je vous prie. Non je ne suis pas en train de rêver, c’est bien réel tout ça alors pas question de se lamenter.
Je me mis donc en direction, vaille que vaille, du barman. Une fois à la portée des filles je me mis donc à côté de la cousine. Fort heureusement pour moi elle n’était pas occupée d’ailleurs. Je n’avais vraiment rien trouvé comme phrase d’approche alors je me lançai :
Cette fille Kalicha, elle me met vraiment les nerfs à vif et je ne désire qu’une chose en ce moment c’est de lui arracher sa langue de vipère. J’espère n’avoir pas pensé tout haut. Elle semble focaliser sur son scotch donc ça passe, je n’ai pas pensé tout haut.
C’est officiel, cette fille je la déteste par contre la grosse elle n’a fait que sourire à mes tentatives. Timide de nature donc, je vois malheureusement je n’en ai absolument rien à cirer.
Sérieusement, c’est quoi son problème à cette fille ? Rappelez-lui qu’on se connait de nulle part ! Trop agressive en vrai, et dire que mon ami en est amoureux.
J’avoue que ce n’était pas prévu ça mais elle affichait ce sourire narquois aux coins des lèvres et j’avais l’irrésistible envie de lui faire ravaler sa fierté.
Toujours agressive cette fille, je n’en reviens pas.
Elle semblait prise de court mais finit par acquiescer. La soirée s’annonce logue pour moi.
TU TE MEPRENDS
Voilà, j’ai aidé mon ami comme il me l’a demandé, je lui ai trouvé une approche avec sa chère et tendre fille de choix, à présent je peux passer le reste de la soirée tranquille, c’est ce que j’aurais aimé dire mais pas le cas malheureusement car pour avoir des omelettes il faut casser des œufs sauf que moi c’est un plateau d’œufs qu’il me faut casser à présent. Comment suis-je en arrivé là ? Et dire qu’il y a deux heures, je ne voulais que pioncer couché dans mon lit au chaud mais en lieu et place je me dois de faire semblant de séduire cette fille que je ne désire point. Pourquoi m’efforcer donc ? Je vais juste me commander un bon cocktail et passer ma soirée à rigoler des farces aussi ridicules les unes que les autres de mon bon ami pour séduire la charmante Kalicha. C’est à ce moment que le barman s’adresse à moi en ces termes :
Je me retournai pour profiter de la vue comme je le faisais quand j’entendis ;
C’était la « supposée cousine » que j’étais censée séduire qui s’adressait à moi en ces termes. Je l’avais complètement oubliée celle-là et sans regret en plus. Devais-je continuer le jeu ou être honnête ? Le choix pour moi était déjà fait :
Elle venait de me clouer le bec la fille, je ne l’avais pas vu venir celle-là.
J’avais du mal à y croire, vraiment du mal. Ils se désirent réciproquement mais elle prend son pied à faire poiroter mon ami et lui qui se montre super déterminé. Je le confirme, l’amour et moi c’est mort. Je n’aurai pas la force de jouer à ce jeu-là, aucune force. Mais d’un côté je suis frappé par la personnalité de cette fille. Pas au point de dire qu’elle me plaît, loin de là, mais juste qu’elle défie toutes mes prévisions. Et dire que j’avais pensé il y a un instant que c’était Kalicha qui a eu la charmante idée de faire sortir sa cousine un peu trop solitaire. Quelle ironie !
Il me faut un verre d’eau, comment c’est possible qu’elle me sorte des répliques du genre cette fille ? Je la croyais timide moi.
J’ai été honnête envers cette fille, c’est tout à fait l’idée que je m’étais faite de sa personnalité. Toutefois j’ai beau me tromper sur certains points, je suis convaincue que c’est une fille de riche. Un coup d’œil rapide sur sa tenue luxueuse, sa chaussure hors de prix, ses bracelets de trop, son petit sac qui doit sans doute valoir une fortune m’ont vite rassuré sur ma position. Le truc c’est que cette fille de riche m’intrigue. Elle a beau être une fille grosse, avec une forme répugnante pour ma part, sa personnalité me plaît bien. Le genre de fille que je voudrais peut-être pour amie. Des amies filles j’en ai mais pas tout un tas non plus. Je dirai que j’ai beaucoup plus de sexfriends que d’amies véritables parce que pour un mec aussi sentimental que moi, pas question de se laisser comme la dernière fois.
J’en avais un peu marre de cette conversation un peu trop intellectuelle à mon goût. Je ne suis quand même pas venu à une soirée pour me faire casser les couilles. Fallait que je trouve une issue de sortie à cette conversation et elle venait de me l’offrir. Je m’attendais à ce qu’elle soit surprise avec ma réponse soudaine qui venait de prendre une tout autre allure mais qu’elle ne fût ma surprise quand elle me répondit en ces termes :
Je n’aime pas cet air qu’elle affiche, cet air de dominante qui semble lui faire croire qu’elle me mène par le bout du nez. Cela m’irrite et je compte bien le lui faire savoir.
Elle m’irrite celle-là et ce n’est pas pour me déplaire. Je crois que c’est son côté bien intrigant qui me fascine, amicalement bien sûr. Une précision à laquelle je tiens absolument. Donc comme ça elle s’appelle Ashley. Joli prénom mais je ne lui ferai pas le plaisir d’orienter la conversation à sa façon, ça non et puis il me faut à présent voir où Marzouk en est avec sa fameuse Kalicha. Je me dirige donc en leur direction et qu’est-ce que je vois ? Non je crois avoir des troubles de vue, cela ne peut qu’être que ça. Marzouk et Kalicha entrain de s’embrasser et pas des moindres, un baiser langoureux. Je suis plus que surpris. Les choses ont autant évolué dans cette soirée ? Quel épisode ai-je manqué ? ça je ne vais pas tergiverser là-dessus, je compte bien mettre fin à leur petit moment en « amoureux » si je puis me permettre.
Je crois qu’elle ne s’attendait pas à cette réplique, Kalicha. Sa question le montre si bien. Je suis trop irrité à l’idée de m’être fait assez avoir pour cette soirée et je suis particulièrement épuisé alors désolé mon frère mais tu vas devoir te sortir tout seul de la galère dans laquelle je viens de te plonger et je me devais de te rendre la pareille mais contre toute attente, elle s’est calmée. Pas de tapage, pas d’engueulade, pas de prise de tête, que dalle. Non mais c’est quoi cette soirée, il n’y a rien qui vaille comme je l’eusse souhaité. Il y a Ashley qui était venu s’ajouter au groupe et puis elle n’arrêtait pas de me fixer. J’ai beau vouloir l’éviter, son regard se faisait de plus en plus insistant. Je fini donc par lâcher :
Elle vient de me traiter de mauviette Ashley ? Je crois avoir bien entendu, elle m’a traité de mauviette. Non mais elle se prend pour qui cette fille, déjà qu’elle n’a pas une forme pour me plaire mais en plus elle se permet de me traiter de mauviette.
Mon ami ne semblait pas vraiment disposé à partir alors j’ai dû lui forcer la main. Il a fini par accepter et nous voilà donc au dehors avec les filles bien évidemment et comme toujours il y avait mon pote qui ne voulait pas se détacher de sa supposée « bien aimée ».
Je n’attendais pas une réponse de sa part vue que je me dirigeais déjà en direction de la voiture. Faut toujours que quelqu’un me rappel ce putain de passé.