Devant l’assemblée disparate des étudiants de lettre première année, le vieux maître pérore, pensé-je en un éclair de distanciation par rapport à ma situation présente. Par association d’idées, je me remémore un passage du livre d’Hélène Blavatsky, La doctrine secrète, que je suis en train de lire et sa fameuse formule ésotérique :
« Quand l’élève est prêt, le maître apparaît. »
Je songe in petto : « Dans mon cas ce serait plutôt, quand l’élève est prêt, la maîtresse apparaît. »
Je regarde autour de moi les jeunes filles dans l’amphithéâtre et ma nature un brin fétichiste s’en trouve immédiatement frustrée : aucune classe, aucune recherche, aucun perfectionnisme dans l’attitude.
Où se cache ma maîtresse ? Vais-je la rencontrer ?
La question est donc : ne suis-je pas prêt ?
Depuis mon adolescence, je suis fasciné par les œuvres du peintre Ingres, ses portraits de femme aux ornements si recherchés, les bagues, les robes de velours rouge, tout sent le raffinement, chaque détail de la parure est soigné, pensé jusqu’à l’extrême pour devenir une œuvre d’art vivante. À ce point-là de mes réflexions, je ne sais plus si j’évoque l’œuvre d’art en elle-même ou le modèle. Naturellement cette fascination s’est orientée vers les femmes coquettes qui s’offraient à mes yeux émerveillés, leur lingerie exquise. Mais toutes celles qui me subjuguaient dans ma quête éperdue se sont pour l’instant refusées à moi comme la déesse chasseresse fuyant mes flèches. En attendant cette hypothétique merveille, je vais rejoindre ma copine le temps d’un long week-end à Thionville. Isa avec qui je sors régulièrement est certes féminine mais n’a pas encore la sophistication et la maturité que je recherche de toute mon âme de jeune homme affamé.
« Olivier, vous pouvez redescendre sur terre ! Le cours est fini ! Bon week-end !
— Merci monsieur ! »
Je constate avec effarement que pendant que mon esprit voletait, l’amphithéâtre s’était complètement vidé à l’exception de moi et de mon professeur.
— La rêverie fut agréable ?
— euh… le manque de sommeil sans doute !
— Je comprends, j’ai été étudiant vous savez ! Même si ça remonte à loin maintenant ! »
Dernier cours de la semaine, je vais pouvoir sauter dans le premier train du début d’après-midi. Il n’y aura sans doute personne. Tant mieux je pourrais lire tout à mon aise, étendre mes jambes sur la banquette d’en face, rêvasser en regardant par la fenêtre, me laisser gagner par une douce somnolence : des plaisirs de train désert en somme.
*
**
Arrivé chez moi, je prépare mon sac dans lequel je jette quelques affaires. En avril, il ne fait pas chaud à Thionville. Gare de l’Est, le train est à quai. Je suis arrivé avec un peu d’avance et pour l’instant l’endroit brille par son silence. Je range mon baluchon dans le filet au-dessus de la banquette et m’assois.
« Excusez-moi, c’est bien le train qui va à Thionville ?
Dans l’entrebâillement de la porte se tient une magnifique trentenaire blonde aux cheveux longs. Blond vénitien comme les beautés du peintre Raphaël que j’adore.
— Oui, absolument. Vous allez jusqu’à Thionville ?
— Non, je descends à Châlons-en-Champagne.
Je cache ma déception. Tout d’un coup, je n’ai plus envie d’être seul pour lire.
— C’est vrai, après Châlons-en-Champagne, c’est direct jusqu’à Thionville ! » Je ris un peu bêtement. Devant moi se dresse la Femme.
Elle m’étudie, ce n’est pas la place qui manque dans tout le wagon. Mais, peut-être attendrie par ma timidité, elle prend le parti de s’asseoir dans le compartiment avec moi. Elle a un sac de voyage Hermès en cuir marron qu’elle pose le long de la fenêtre. Elle s’est assise délibérément en face de moi.
Elle porte une mini-jupe de soie brodée noire, un pull avec un décolleté en V plongeant. Mon regard est irrémédiablement attiré par un pendentif en or qui tombe entre ses seins laiteux, lesquels seins sont nichés dans des corbeilles de dentelle noire. Je savoure ces contrastes et ces jeux de lumière entre le blond, le noir et la blancheur à peine hâlée de sa peau. Le train va partir et s’ébranle. il est 13h29 comme prévu. Le parfum qu’elle porte emplit le compartiment d’une fragrance luxuriante. Cette femme me semble inaccessible par tant de beauté et de distinction alors que je suis un étudiant à peine sorti du ventre de sa mère.
Tout en regardant le paysage qui défile, j’examine ma partenaire temporaire de voyage à la dérobée. Elle sort un livre de son sac. Sur la couverture, il me semble discerner un fragment de fesse nue. Elle lève les yeux vers moi :
« Il n’y a vraiment personne dans ce train, n’est-ce pas ?
— Oui, nous sommes absolument tranquilles. »
Je souris, encouragé par un début de connivence.
Sur la tablette entre nous deux, elle pose l’ouvrage debout ce qui a pour effet de mettre la couverture sous mes yeux. Ce n’est pas possible, elle l’a fait volontairement, me dis-je. « Un train d’enfer », c’est le titre du livre. Sur la couverture, je peux admirer une femme de dos à la chevelure longue et brune accoudée au chambranle d’une fenêtre, la croupe magnifique ornée d’un porte-jarretelles noir avec string. J’apprécie la courbe de ses seins nus. Mon intrigante voyageuse lit quelques pages puis cherche un crayon dans son sac. Celui-ci finit entouré par de charmantes lèvres qui le suçotent distraitement, avant qu’il n’entre en action et surligne certains passages avec des traits décidés ou n’orne les pages d’annotations. Ce geste me fait penser à mon ancienne professeur de mathématiques au lycée. Elle aussi avait un charme tendancieux, du moins le pensais-je à l’époque, et avait pour habitude d’arborer des décolletés qui me mettaient en émoi. Plusieurs fois, elle m’avait pris en cours particulier, convaincue qu’elle pourrait vaincre mon inaptitude déclarée face aux espaces vectoriels. Je demande :
« Vous aimez lire ?
— En fait, c’est moi qui ait écrit ce livre. C’est une première épreuve que je corrige avant le bon à tirer.
Elle me regarde, semblant hésiter sur la suite des confidences.
— J’écris de la littérature érotique.
— Oh ! très intéressant !
Curieusement je me sens soulagé d’un poids et instantanément plus à l’aise. Peut-être parce que d’une certaine manière, elle me donne un pouvoir sur elle en me faisant cet aveu qui pourrait l’embarrasser. Alors qu’auparavant je me sentais dominé, qu’elle me semblait inaccessible, je me dis que finalement l’aventure pourrait me sourire, parce qu’elle m’a déjà choisi.
— Et quel est votre nom ?
— C’est très impoli ce que vous me demandez là, dit-elle faussement offusquée, dites moi d’abord le vôtre.
— Olivier, je suis étudiant en première année de Lettres à la Sorbonne.
— Oh très impressionnée ! Me répond-elle avec un sourire en coin, je m’appelle Sonya, Sonya Traumsen.
— J’ai lu un peu de littérature érotique, Anaïs Nin, Sade, Appollinaire…
Je réfléchis fiévreusement. Tel le chevalier en quête de la toison d’or, je veux prolonger cette conversation qui me semble bien partie.
— Je regarde des films érotiques aussi de temps en temps !
— Des films pornos, vous voulez dire ?
Elle éclate de rire. Je me joins à son rire. Elle enchaîne :
— Je crois qu’on peut se tutoyer maintenant. Et qu’as-tu pensé de la couverture ?
— Elle est très euh… visuelle. Il me semble que le titre est évocateur… à plus d’un titre !
Je souris, lui faisant comprendre que j’avais été sensible aux charmes charnus de la photo. Mon regard se déplace vers ses jambes qu’elle a croisées et la courbe de ses hanches. Puis je remonte vers ses yeux qui ont surpris mon petit manège.
— Oui, elle a de belles fesses, si c’est ce que tu veux dire !
— J’aime beaucoup aussi le porte-jarretelles…
J’essaie à travers cette remarque de lui communiquer mes fascinations, mes obsessions en me disant plus ou moins consciemment que, par je ne sais quel enchantement, elle serait en mesure d’exaucer mes désirs.
— Ça tombe bien…
— Vraiment ?
— oui.
Elle agrippe mon regard puis relève un peu sa jupe. De fines jarretelles noires qui fixent des bas s’offrent à mes yeux. Isa, ma copine, n’en porte jamais.
— Oh ! C’est merveilleux !
Elle fait mine de ne pas avoir entendu.
— Tu veux lire quelques pages ?
Elle se penche juste un peu vers moi en me posant cette question et du coup, au spectacle de sa gorge ainsi sous mes yeux proposée, je sens que ses intentions sont franches. Je ne contrôle pas du tout la situation, je suis excité au plus haut point.
— Oui ça me dirait, je suis curieux.
En prenant le livre, je caresse ses ongles manucurés d’un vernis rouge-cassis. Mon côté fétichiste est fortement stimulé. Elle laisse le contact s’établir plus que de raison avec un sourire. Mon cœur tressaute.
Je feuillette quelques pages et m’attarde sur un passage, où l’héroïne dans un train de banlieue prend plaisir à draguer des inconnus jusqu’à se faire baiser. Il me semble que le style est très bon. C’est une sensation étrange d’avoir l’auteur même de ces lignes dévergondées qui me regarde avec un sourire coquin.
Je lève mon nez, sentant que toutes les initiatives seront appréciées à leur juste valeur. Je la détaille, elle avec son chignon flou, ses mèches blondes qui débordent savamment le long de son visage, un air sophistiqué et classe de femme que je n’aurais cru jamais pouvoir intéresser. Je regarde ses escarpins noirs brillants aux talons aiguilles interminables, qui dessinent une cheville tendue. Je n’ai qu’une envie, me saisir de son pied, la déchausser délicatement. Je me lance :
« Tu sais, je suis un expert dans le massage des pieds des femmes inconnues qui ont des talons aiguilles… à n’en plus finir.
— Ah ! Voilà qui est intéressant ! Tu m’invites, alors ? Dit-elle en déchaussant son pied droit. »
Elle s’allonge un peu sur la banquette, bascule son bassin vers l’avant ce qui a pour effet de relever encore plus la jupe et vient poser son pied à côté de moi. Toute sa jambe est sertie d’un bas noir dont je vois l’extrémité aux motifs exquis. Ceci crée une frontière charnelle blanche et capiteuse avec la jupe. Mon cœur et mon sexe font plus que frémir à cette vision de paradis. Bien qu’il n’y ait personne dans le wagon à part nous, je me lève rapidement, je descends la tablette et vais fermer les rideaux du compartiment. Elle apprécie mon geste d’un coup d’œil et je regagne ma place. Même si toute ambiguïté sur la nature de nos intentions réciproques est levée, le moment est tellement inhabituel qu’il en est extrêmement intense. Mes rêves sont en train de se réaliser. Isa me semble bien loin de moi.
J’ourle délicatement son bas, nous nous regardons droit dans les yeux. Au passage, j’apprécie la peau de satin de ses jambes parfaitement lisses. Ses lèvres s’humidifient et son souffle s’accélère. Cela me plaît qu’elle ne fasse pas la statue froide, bien au contraire. Ses yeux brillent. Je finis d’enlever ce léger tissu noir, étoffe de mes songes. Ongles à la parfaite pédicure et vernis, à l’image de sa personne, une perfection. Je prends son pied entre mes mains et la masse en appuyant comme il faut en divers endroits. Elle se détend complètement. C’est un vrai bonheur, une alchimie se crée entre les pressions averties de mes doigts et la plante de son pied. En totale confiance, elle module quelques gémissements de plaisir. Des souffles-cris qui m’excitent et m’encouragent à aller plus loin.
J’étire ses orteils, masse le bol de son pied, sa cheville, elle souffle « C’est que du bonheur. » Ivre d’excitation, je soulève sa jambe et suce ses orteils un à un. C’est tellement bon, tellement sensuel. Puis, mes doigts creusent la chair de son mollet, caressent son genoux, remontent vers sa cuisse. Les rares inhibitions que je pouvais avoir tombent, je suis seulement guidé par la recherche du mouvement et de la volupté avec l’accord visible de… Mais comment s’appelle-t-elle déjà ? Peu importe, nous nous livrons à nos sensations et perdons la tête avec une commune complicité. Arrivé à la jointure des hanches, je rencontre le porte-jarretelles et le tissu d’un string ou d’un tanga. J’aime ce moment-là. Je passe dessous et modèle la chair. Quelle douceur enivrante. Finalement mes doigts dévient naturellement vers l’intérieur de ses cuisses dont elle me livre généreusement le passage. J’écarte la dentelle, je sens sa liqueur qui glisse sous la pulpe de mon majeur et de mon index. Je caresse les lèvres de sa chatte en cercles concentriques, elle monte, impudique le bassin vers moi et mes doigts s’empalent dans sa grotte humide. Le feu monte en moi. Je suis agenouillé devant elle comme un chevalier qui se ferait adouber sauf que ce n’est pas mon épée que je tiens à la main mais sa cuisse que je caresse fiévreusement.
Je retrousse complètement sa jupe et elle se dévêt de son string. Le porte-jarretelles m’apparaît dans toute sa splendeur, je bande comme un fou. Je cherche à l’embrasser mais elle détourne ses lèvres. « Pas de romantisme, pas de tendresse » m’indique-t-elle. Elle me pousse à mon tour, sur la banquette. D’un côté elle me domine, de l’autre elle exauce mes désirs, c’est un cocktail parfait pour moi. Elle pose sa main sur mon entrejambe et la caresse. Ma hampe durcit sous la chaude invitation. Elle défait le bouton de mon jean et sa main se faufile sous mon boxer. Elle me branle. Elle me suce longuement avec application. Ses lèvres vont et viennent le long de ma lance en pleine érection, elle caresse en même temps mon aine. Je gémis. C’en est trop, je l’adosse contre la paroi de la banquette, ses fesses inclinées vers mon pénis, ses mollets sur mes épaules et je la pénètre. Ah ! Divine sensation que de rentrer dans une chatte qui dégouline de cyprine, qui glisse, qui s’émeut sous mon va-et-vient. Le rouge monte à ses joues. Grésillement dans les haut-parleurs, puis :
« Chers passagers, nous arrivons dans quelques minutes en gare de Châlons-en-Champagne. Gare de Châlons-en-Champagne, 5 minutes d’arrêt. Ce train sera sans arrêt jusqu’à Thionville. »
Sonya s’enlace autour de mes hanches « Accélère ! ». Je ne me fais pas prier. Sous mes assauts, je vois ses seins et ses fesses qui tressautent. Elle a un corps magnifique, devant lequel les charmes d’Isa ne peuvent me paraître que bien fades. Le plaisir monte, le train ralentit. Jusqu’à l’arrêt, ce qui excite mon auteure au plus haut point. Elle se défait de mon étreinte et m’indique qu’elle veut que je la prenne en levrette, les mains appuyées sur la fenêtre alors qu’on s’immobilise le long du quai. Elle est folle et j’adore ça. D’autant qu’elle a un cul magnifique. Je l’enfile à nouveau, de rares personnes sont en mesure de surprendre nos ébats. En réalité, nous les observons mais eux ne nous voient pas sur ce quai désert. Un fumeur et une fumeuse au loin font les cents pas et je les fixe tandis que j’ahane entre les demies-lunes de Sonya.
« Baise moi le train ! Olivier ! »
Je sors mon pénis de sa chatte, elle se cambre encore plus. Les fesses s’offrent à moi, adorables. Je mouille mon index et mon majeur de sa cyprine et caresse son anus bien souple. J’appuie le bout de mon gland et m’enfonce. Elle étouffe à peine un cri alors que mon sexe est assez large. Elle pousse de ses bras contre la fenêtre sans attendre pour me sentir jusqu’à la garde. J’empoigne ses hanches, le galop est lancé, ma perceptions s’éclairent de mille comètes de plaisir. L’extase monte comme une flèche et je sens qu’elle aussi est proche de l’orgasme. J’éjacule en même temps que je lâche un cri étouffé, elle ondule, roule des hanches en soufflant et gémissant bruyamment, elle me trait jusqu’au dernier jet, les spasmes agitent nos deux corps. La sueur étoile, constelle ses fesses, son dos. Je parviens à murmurer « Super, super, super… ». Elle se défait de mon emprise, se retourne vers moi, le regard scintillant, rajuste sa juste et me gratifie d’un bisou. Elle regarde sa montre en or, « Vite il faut que je file ! » Elle met son string et ses bas dans son sac Hermès et annote nerveusement la page de garde son livre avant de me le tendre. « Pour Olivier, le 27/04/2012, bien amicalement, Sonya T. » Je souris, elle disparaît dans le couloir et s’élance sur le quai. Il était temps. Le train repart lentement. Je soupire. Isa m’attend1.
1Le Lecteur curieux pourra lire “Train de nuit pour Berlin” de Sonia Traumsen, un ouvrage qui vaut le détour.
À travers la paroi vitrée de mon studio, la chatte m’observe. Depuis quelque temps, elle fait le siège de ma terrasse. C’est une chatte de gouttière tigrée, efflanquée avec une longue queue. Elle reste immobile des heures dans le froid, sans doute à attendre quelques signes chaleureux de ma part.Pourquoi m’a-t-elle choisi?J’ai toujours vécu avec des chats et ils m’ont toujours apprécié, c’est comme si on était connectés.Celle-ci ne demande qu’un foyer. Je regarde la guirlande que je tiens entre les mains et le sapin que je décore. Je pousse un soupir. Après tout, c’est Noël! Cette chatte avec ses beaux yeux verts mérite que je la recueille et puis elle me fera de la compagnie!
La lumière crue de ma lampe de bureau éclaire les pages du manuel de pharmacologie. Je caresse distraitement la tranche des pages en méditant la phrase suivante de Paracelse:«Tout est poison et rien n’est sans poison: seule la dose fait l’absence de poison.»Ce médecin qui traînait aussi une réputation sulfureuse d’alchimiste et d’occultiste avait des aphorismes d’une clarté absolue. Même l’eau peut devenir poison si vous en avalez en trop grande quantité.À travers la cloison qui sépare ma chambre de celle de ma sœur, j’entends une conversation étouffée, dont la vibration basse et pleine de chuchotis me donne à penser que la discussion est intime et peut-être coquine.
Kim est une jolie asiatique, sage-femme, féministe. Son mari est aux petits soins pour elle, il fait les courses, se charge du petit et lui prodigue de merveilleux cunis. Pourtant il manque quelque chose à notre pulpeuse asiatique aux longs cheveux noirs. Pour repeindre la chambre de son fils, elle rencontre Gökan un peintre en bâtiment d’origine turque, au regard noir et à la fougue de bad boy. Leur rencontre improbable fera naître des étincelles et Gökan en fera voir de toutes les couleurs à Kim.** *«Tu prends un café Kim?—Oui avec plaisir, l’
e regarde mon frère. Il est allongé sur le matelas gonflable dans la tente que nous partageons tous les deux, il lit couché sur le ventre comme s’il craignait qu’on surprenne le titre du livre qu’il est en train de dévorer. Plongé dans sa lecture, il ne fait plus attention au monde qui l’environne. Je détaille ses longues jambes musclées par la course, son léger duvet de poils sur l’arrière des cuisses, ses fines chevilles, ses fesses recouvertes par un caleçon de bain, son dos bronzé par le soleil de Mimizan.Finalement, je plonge dans l’ouverture et me roule sur mon matelas. Précipitamment, il cache son livre sous son lit de fortune.«Qu’est-ce que tu me caches?—Rien, ça te
Je soulève les blocs de fonte. Il est indispensable dans cet environnement de semi-pesanteur artificielle de pratiquer des exercices pour garder nos muscles en bonne forme. Je jette un coup d’œil à la glace qui me fait face. De tous les hommes qui s’entraînent, je suis le plus massif. De mon père, je tiens un thorax exceptionnellement puissant qui durant des années a été soumis aux exercices militaires. Dans cette salle étroite du Mulnyon, l’on n’entend guère de conversations, seulement des respirations haletantes entrecoupées de chocs des barres d’haltères sur leurs supports métalliques.Voilà j’ai terminé mes six séries de développés-couchés. Je recouvre d’une serviette mon torse luisant de sueur tandis que je me dirige vers les douches.
ILaval ne se souvenait plus depuis combien de temps il sculptait. L’atelier, à l’image du type de pierre qu’il taillait, était un endroit froid, dédié à l’esprit et à la recherche quasi-maladive de l’artiste. Sur une table étaient posés divers outils qu’il allait utiliser. Dernièrement, une obsession avait pris possession de son esprit: mettre à nu sa femme idéale.Il taillait la pierre, c’était sa page blanche à lui, sauf qu’à l’inverse de l’auteur qui noircit les pages de signes, son labeur consistait à tailler des croupes dans la pierre, à la dépouiller de tout superflu jusqu’à trouver la courbe sensuelle dont il rêvait, et lui insuffler la vie. Ce qu’on ap
«Tu peux nous laisser un instant Magali?»Ma maquilleuse s’éloigne tandis que ma femme s’isole avec moi dans la loge. Ma femme, Monica, me regarde l’air espiègle. Brune, la quarantaine rayonnante, pulpeuse, les deux grossesses n’ont fait que renforcer ses rondeurs féminines. Directrice de rédaction, elle est aimée et respectée de ses collaborateurs et collaboratrices.Je caresse mon alliance et des instants ardents de notre nuit de noce me reviennent en tête. Ses yeux brillants, son bikini noir sur sa peau hâlée, nous dans la mer tropicale et moi qui la pénètre. J’entends le vent dans les feuilles des palmiers.Ce soir, elle a le même regard de braise, de baise. Un regard coquin, cette flamme en elle qui me fait b
Avant le combat, je pratique comme d’habitude mes étirements. J’entends le public de Bercy qui gronde et bave d’excitation devant la violence de ce qu’il voit. Nous sommes les nouveaux gladiateurs. J’imagine la cage en fer, le célèbre octogone, où les combattants de MMA1 s’affrontent avec un maximum de coups autorisés: coups de coude, coups de pied, coups de poing avec des gants très fins, clés de bras et de jambes. Les KO et les blessures sont fréquents.Même si je sors gagnant de cette épreuve, je sais que mon visage en sortira tuméfié, mes côtes auront encaissé douloureusement des impacts, que mes jambes auront durement souffert des coups de mon futur adversaire. Mais je sais aussi que celui qui doit avoir peur ce n’est pas moi. Avec mes deux m&egrav
Avertissement:L’informatique tape sur le système (d’exploitation). Parole de geek1.Je regarde le balai des nuages et du soleil qui jouent à cache-cache dans le ciel quand arrive l’appel, celui qui marque toute une vie comme un cataclysme. En avril, ne te découvre pas d’un fil. Et au bout du fil, j’entends la voix de la femme icône2.«Allô «Ghost buffer et compagnie, dépannage informatique en tout genre»?—Bonjour, ici, Sonia Traumsen, je suis victime d’un fâcheux désagrément, mon ordinateur refuse de lire le CD-ROM sur lequel j’
Avant le combat, je pratique comme d’habitude mes étirements. J’entends le public de Bercy qui gronde et bave d’excitation devant la violence de ce qu’il voit. Nous sommes les nouveaux gladiateurs. J’imagine la cage en fer, le célèbre octogone, où les combattants de MMA1 s’affrontent avec un maximum de coups autorisés: coups de coude, coups de pied, coups de poing avec des gants très fins, clés de bras et de jambes. Les KO et les blessures sont fréquents.Même si je sors gagnant de cette épreuve, je sais que mon visage en sortira tuméfié, mes côtes auront encaissé douloureusement des impacts, que mes jambes auront durement souffert des coups de mon futur adversaire. Mais je sais aussi que celui qui doit avoir peur ce n’est pas moi. Avec mes deux m&egrav
«Tu peux nous laisser un instant Magali?»Ma maquilleuse s’éloigne tandis que ma femme s’isole avec moi dans la loge. Ma femme, Monica, me regarde l’air espiègle. Brune, la quarantaine rayonnante, pulpeuse, les deux grossesses n’ont fait que renforcer ses rondeurs féminines. Directrice de rédaction, elle est aimée et respectée de ses collaborateurs et collaboratrices.Je caresse mon alliance et des instants ardents de notre nuit de noce me reviennent en tête. Ses yeux brillants, son bikini noir sur sa peau hâlée, nous dans la mer tropicale et moi qui la pénètre. J’entends le vent dans les feuilles des palmiers.Ce soir, elle a le même regard de braise, de baise. Un regard coquin, cette flamme en elle qui me fait b
ILaval ne se souvenait plus depuis combien de temps il sculptait. L’atelier, à l’image du type de pierre qu’il taillait, était un endroit froid, dédié à l’esprit et à la recherche quasi-maladive de l’artiste. Sur une table étaient posés divers outils qu’il allait utiliser. Dernièrement, une obsession avait pris possession de son esprit: mettre à nu sa femme idéale.Il taillait la pierre, c’était sa page blanche à lui, sauf qu’à l’inverse de l’auteur qui noircit les pages de signes, son labeur consistait à tailler des croupes dans la pierre, à la dépouiller de tout superflu jusqu’à trouver la courbe sensuelle dont il rêvait, et lui insuffler la vie. Ce qu’on ap
Je soulève les blocs de fonte. Il est indispensable dans cet environnement de semi-pesanteur artificielle de pratiquer des exercices pour garder nos muscles en bonne forme. Je jette un coup d’œil à la glace qui me fait face. De tous les hommes qui s’entraînent, je suis le plus massif. De mon père, je tiens un thorax exceptionnellement puissant qui durant des années a été soumis aux exercices militaires. Dans cette salle étroite du Mulnyon, l’on n’entend guère de conversations, seulement des respirations haletantes entrecoupées de chocs des barres d’haltères sur leurs supports métalliques.Voilà j’ai terminé mes six séries de développés-couchés. Je recouvre d’une serviette mon torse luisant de sueur tandis que je me dirige vers les douches.
e regarde mon frère. Il est allongé sur le matelas gonflable dans la tente que nous partageons tous les deux, il lit couché sur le ventre comme s’il craignait qu’on surprenne le titre du livre qu’il est en train de dévorer. Plongé dans sa lecture, il ne fait plus attention au monde qui l’environne. Je détaille ses longues jambes musclées par la course, son léger duvet de poils sur l’arrière des cuisses, ses fines chevilles, ses fesses recouvertes par un caleçon de bain, son dos bronzé par le soleil de Mimizan.Finalement, je plonge dans l’ouverture et me roule sur mon matelas. Précipitamment, il cache son livre sous son lit de fortune.«Qu’est-ce que tu me caches?—Rien, ça te
Kim est une jolie asiatique, sage-femme, féministe. Son mari est aux petits soins pour elle, il fait les courses, se charge du petit et lui prodigue de merveilleux cunis. Pourtant il manque quelque chose à notre pulpeuse asiatique aux longs cheveux noirs. Pour repeindre la chambre de son fils, elle rencontre Gökan un peintre en bâtiment d’origine turque, au regard noir et à la fougue de bad boy. Leur rencontre improbable fera naître des étincelles et Gökan en fera voir de toutes les couleurs à Kim.** *«Tu prends un café Kim?—Oui avec plaisir, l’
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À travers la paroi vitrée de mon studio, la chatte m’observe. Depuis quelque temps, elle fait le siège de ma terrasse. C’est une chatte de gouttière tigrée, efflanquée avec une longue queue. Elle reste immobile des heures dans le froid, sans doute à attendre quelques signes chaleureux de ma part.Pourquoi m’a-t-elle choisi?J’ai toujours vécu avec des chats et ils m’ont toujours apprécié, c’est comme si on était connectés.Celle-ci ne demande qu’un foyer. Je regarde la guirlande que je tiens entre les mains et le sapin que je décore. Je pousse un soupir. Après tout, c’est Noël! Cette chatte avec ses beaux yeux verts mérite que je la recueille et puis elle me fera de la compagnie!