EdenMon cœur tambourine.Trop fort. Trop vite.Ma main tremble à peine lorsqu’elle frôle celle d’Aleksandr.Il ne dit rien. Ne bouge pas.Mais ses yeux…Ses yeux m’avalent toute entière.Un piège.Un piège dans lequel je suis en train de plonger.— C’est toi qui viens à moi, Eden.Je serre la mâchoire.Je refuse de lui donner ce pouvoir.— Ne confonds pas prudence et soumission, Aleksandr.Il esquisse un sourire.Lent. Carnassier.— Oh, vraiment ?Son ton est moqueur.Ses doigts se referment autour des miens.Un frisson court sur ma peau.Non. Hors de question.Je recule.Il m’attrape aussitôt par la taille et me plaque contre lui.Mon souffle s’étrangle.Son torse dur contre ma poitrine.Son odeur trop enivrante.— Tu ne peux pas reculer maintenant.Oh, si.J’ai encore une échappatoire.Je joue ma dernière carte.Je me cambre, frôlant son cou de mes lèvres.Aleksandr se fige.Un souffle rauque s’échappe de sa gorge.Je souris.C’est moi qui contrôle maintenant.— Tu vois ? Je peux a
EdenLe bruit du réveil est une agression.Je grogne, enfouissant mon visage dans l’oreiller. J’ai mal partout. Un mal diffus, un rappel de la nuit dernière.Je m’étire, et c’est pire encore.Je devrais être en colère. Vraiment.Et pourtant…Je me redresse lentement, sentant encore sa présence dans les draps. L’odeur d’Aleksandr.Mais il n’est plus là.La chambre est vide.Je serre les dents.Évidemment.Cet homme disparaît toujours au matin.Un frisson me traverse.Parce que cette fois…Quelque chose est différent.Je quitte le lit, enroulant un drap autour de moi. La pièce est immense, luxueuse, intimidante. À son image.Sur la table de nuit, un petit carton noir.Je le saisis.Quelques mots tracés à l’encre sombre :Ne bouge pas. Attends-moi.Ma main se crispe.Il rêve.Je ne suis pas une femme qu’on enferme.Je me dirige vers la salle de bain, bien décidée à retrouver ma liberté.Mais à peine ai-je ouvert la porte que quelque chose me frappe de plein fouet.Pas une main.Un presse
EdenL’air sent le sang et la poudre.J’ai encore l’adrénaline au ventre, le cœur qui bat trop vite.Mais Aleksandr, lui…Il est calme.Trop calme.Il relâche son arme, glisse un regard vers le corps effondré, puis revient vers moi.— On s’en va.Son ton ne permet aucune discussion.Je devrais protester.Je devrais courir.Mais mes jambes ne bougent pas.Aleksandr m’attrape par le bras.Son contact est chaud, brûlant même.Il me traîne hors de la pièce, traversant le couloir sans un regard en arrière.Je jette un dernier coup d’œil au cadavre.Et un frisson me traverse.Pas de peur.D’autre chose.Excitation ? Non…Ou peut-être que si.Qu’est-ce qui m’arrive ?---AleksandrL’immeuble est déjà sécurisé.Mes hommes sont en place.Ils savent quoi faire.Je n’ai pas besoin d’ordonner.Eden suit sans lutter.Elle a compris.Ou plutôt, elle commence à comprendre.Dans la voiture, elle reste silencieuse.Je la sens tendue, mais pas terrifiée.Elle réfléchit.Elle s’adapte.Intéressant.— Ce
EdenJ’ai lancé le jeu.Et je sais qu’il ne refusera pas d’y jouer.Ses yeux d’acier me sondent, cherchant peut-être une faille, un mensonge, une hésitation. Mais je ne lui offre rien.Il me veut en proie au doute, au trouble, au désir incontrôlé.Alors je fais exactement l’inverse.Je pivote lentement, détachant mon regard du sien comme s’il ne m’intéressait pas plus qu’un tableau accroché à ces murs froids.J’avance, explore la pièce.Son bureau est un monstre de bois sombre, poli par les ans. Derrière, une bibliothèque, des reliures épaisses, des objets dont la valeur doit être inestimable.Un monde qu’il maîtrise.Mais il y a toujours une faille, même dans les empires les plus imposants.— J’espère que tu ne comptes pas me faire la visite guidée, Aleksandr.Il ne répond pas.J’entends juste son pas lent derrière moi.Il attend.Il me laisse croire que j’ai la main.Mais je sais très bien que dans un jeu où l’un des joueurs contrôle le plateau, la liberté n’est qu’une illusion.Je
EdenL’air brûle autour de nous.Sa présence me prisonniera si je ne fais pas un mouvement maintenant.Mais suis-je encore capable de fuir ?Mon cœur bat trop fort.Je ressens chaque seconde, chaque millimètre qui nous sépare.Aleksandr ne me touche pas.Il ne bouge même pas.Mais il est là.Sa présence me consume.Je devrais parler, briser ce silence insupportable.Mais je n’en ai pas la force.Ma respiration s’accélère.— Tu trembles.Sa voix est un murmure.Un murmure qui m’arrache un frisson.Merde.— Je ne tremble pas.— Si.Je recule d’un pas, mais il ne me laisse pas fuir.— Eden.Juste mon nom.Mais dit comme ça, c’est une invitation et un piège à la fois.Je lève les yeux vers lui.Erreur.Son regard est un incendie.Il sait.Il sait exactement ce qui se passe en moi.Il sait que je suis à deux doigts de céder.Alors je fais le seul truc que je peux faire pour ne pas sombrer immédiatement.Je riposte.— Tu te crois toujours maître du jeu, hein ?Je le défie.Je me force à esq
EdenIl ne bouge pas.Et pourtant, j’ai l’impression qu’il m’absorbe tout entière.Sa présence est un poison qui s’insinue sous ma peau, dans mon sang, dans ma tête. Plus il me regarde avec cet air sûr de lui, plus mon cœur s’emballe, plus mon corps trahit des frissons que je tente désespérément d’étouffer.Il sait ce qu’il fait.Et moi, je suis en train de perdre pied.Mais je refuse de reculer.Alors je joue.Je fais glisser mes doigts sur sa chemise, sur le tissu qui cache la peau brûlante de son torse. Je pourrais simplement m’écarter, reprendre le contrôle, couper court à cette tension étouffante.Mais je n’en ai pas envie.— Tu penses m’avoir ? murmuré-je, effleurant à peine le col de sa chemise du bout des ongles.Il ne bronche pas.— Je t’ai déjà, Eden.Il ne sourit même pas.Il n’y a aucune arrogance dans sa voix.Aucune provocation.Juste un constat froid.Comme une vérité évidente.Son regard s’accroche au mien, brûlant, insondable.— Mais je vais te laisser croire que tu p
EdenPerdue.Je suis perdue entre ce que je ressens et ce que je refuse d’admettre.Sa main dans mes cheveux m’immobilise, son souffle contre ma peau me brûle.J’ai perdu.Ou peut-être que je n’ai jamais eu une chance de gagner.Mais je refuse de me l’avouer.Je refuse de me soumettre.Il veut croire que tout est joué ?Alors je vais lui prouver le contraire.D’un mouvement vif, je pose mes mains sur son torse et je le repousse légèrement. Je n’ai pas la force de le faire reculer complètement, mais ce contact est une déclaration :Je n’abandonne pas.— Tu crois que c’est si facile ? je murmure.Un sourire imperceptible flotte sur ses lèvres.— Facile ? Non. Prévisible ? Oui.Mon regard s’assombrit.Je ne supporte pas qu’il me pense prévisible.Alors, sans réfléchir, je bascule la tête en avant et mords doucement sa mâchoire.Juste assez pour le provoquer.Son corps se tend instantanément.Et là, je sais.Je viens d’enflammer quelque chose d’irréversible.AleksandrElle ne sait pas ce
EdenLe silence est un poison lent. Il s’insinue dans les murs, rampe sous la peau, s’étire dans le vide.Aleksandr n’est plus là.Je devrais me sentir soulagée. Respirer enfin. Sauf que chaque minute qui passe sans lui laisse une empreinte plus lourde que sa présence. Chaque instant dans cet appartement vide est un abîme qui me dévore un peu plus.Je tourne en rond dans cette suite luxueuse où il m’a enfermée. Tout est calme. Trop calme. Je devrais savourer cette tranquillité, me révolter contre cette promesse de liberté que je n’ai jamais eue. Mais ce vide... ce silence... Ce n’est pas la liberté. C’est une absence imposée. Une absence qu’il a laissée comme une empreinte indélébile sur mon âme. Je n’arrive pas à me débarrasser de ce poids. Il pèse sur mes épaules, dans mes pensées, dans ma poitrine. Il est partout.Je m’arrête près de la grande baie vitrée. Dehors, la ville s’étend, vibrante, bruyante. Une promesse d’évasion. Je pourrais sortir, m’échapper. La liberté semble à porté
EdenLa nuit s’est enfoncée dans mes veines.Épaisse. Lourde. Poisseuse.Je suis allongée sur lui, son souffle râpeux effleurant ma gorge, ses bras serrés autour de moi comme si l’univers entier pouvait s’effondrer et qu’il ne lâcherait toujours pas.Ses doigts s’accrochent à ma peau, griffant presque, tentant de m'ancrer à lui, de me clouer à sa chair.Mais le monde ne nous appartient plus.Il s’effrite.Il s’effondre.Il saigne.Et nous avec.Aleksandr gémit dans son sommeil agité.Un son brut.Déchiré.Arraché de ses entrailles comme une bête blessée.Je glisse mes doigts tremblants sur son front trempé de sueur, caresse ses cheveux collés, tente d’apaiser les secousses incontrôlables qui traversent son corps massif.Rien n'y fait.Il se bat.Contre des ennemis que je ne peux pas voir.Contre des démons que je ne peux pas tuer.Je le vois.Je le sens.La peur.Pas pour lui.Pour moi.Pour nous.Pour tout ce qu’on pourrait perdre en une seconde.---Un cri étouffé déchire le peu de
EdenLe matin s'étire comme une lame lente sur nos corps enchevêtrés.Je suis réveillée par son souffle contre ma gorge, par le poids de sa jambe jetée sur les miennes, par la chaleur brute de sa présence. Il ne dort pas. Je le sens dans la tension de ses muscles, dans la cadence nerveuse de sa respiration. Aleksandr ne dort jamais vraiment. Pas quand il pense que je peux lui échapper.Je reste là, immobile, écoutant son cœur battre contre mon flanc. Chaque battement est un coup de marteau. Chaque respiration un serment silencieux.Mais le monde n’attend pas.Un coup à la porte. Trois frappes sèches, sans appel.Aleksandr se redresse aussitôt, son regard fauve, sauvage, prêt à tuer. Il se penche, attrape son arme posée sous l’oreiller, et son corps se place devant le mien dans un geste pur, instinctif : me protéger. Moi, avant lui. Toujours.Voix de Roman derrière la porte. — Chef. Ils sont là.Aleksandr serre la mâchoire. Ses yeux croisent les miens.Aleksandr — Reste ici.Eden — Non
EdenLe jour s’effrite sans éclat. La maison est devenue un tombeau silencieux, imprégné de la chaleur de son corps et de l’odeur de sa peau contre la mienne.Je reste allongée quelques secondes. Ou quelques heures. Le temps a perdu tout sens. Ma peau garde encore l’empreinte de ses mains, comme une cicatrice brûlante que je chérirai jusqu’à mon dernier souffle.Quand Aleksandr finit par se lever, c’est sans bruit. Il ramasse son pantalon, sa chemise arrachée, et se rhabille avec une lenteur presque douloureuse. Ses gestes sont précis, mécaniques, comme ceux d’un soldat avant la bataille.Je le regarde s’éloigner de moi et chaque centimètre qui nous sépare me fait l’effet d’une érosion. Un morceau de moi s’arrache.Eden— Reste encore.Ma voix est rauque, éraillée par le sommeil et l’amour. Elle claque dans l’air comme une prière.Il s’arrête. De dos. Ses épaules se contractent.Puis il se tourne, lentement. Ses yeux accrochent les miens, et tout ce que je lis dedans me coupe le souff
EdenNous avons enterré les corps dans le silence. Sans mots, sans prières. Juste de la terre retournée à la hâte, et le poids de ce qu’ils représentaient : une promesse de violence. Une déclaration de guerre.Chaque pelletée me déchirait les bras. Pas à cause de la douleur physique, non. Mais parce que j'avais l’impression de m’enterrer moi-même, centimètre par centimètre. Mon innocence. Ma paix. Mon illusion de pouvoir encore choisir une vie tranquille.Le jour s’est levé sans lumière.Le ciel est d’un gris sourd, dense comme la cendre, comme s’il savait ce qui s’est joué cette nuit. Comme s’il pleurait ce que nous venons de perdre : la paix illusoire, le répit, ce mince fil d’air qu’on appelait « avenir ».Mais je ne veux plus penser à eux. Ni à ceux qui viendront. Je ne veux plus penser à la fuite, aux pièges, au sang.Je veux lui.Aleksandr est resté debout devant la fenêtre. Les mains croisées dans le dos. La nuque tendue. Le dos droit comme un commandant devant un champ de bata
EdenJe ne dors pas. Pas vraiment. Il y a dans l’air quelque chose de trop tranchant pour le sommeil. Le feu crépite dans l’âtre, timide. Il éclaire les murs de pierre d’une lueur vacillante, projetant des ombres instables, comme des souvenirs en fuite. L’obscurité danse. Le silence est presque parfait. Mais il n’est pas doux. Il est tendu. Suspendu. C’est le silence de l’attente. Le genre de calme que seuls les fous peuvent appeler paix.Aleksandr dort à moitié. Son bras m’entoure, possessif, protecteur. Son souffle chaud s’épanche dans mon cou. Pourtant, même endormi, son corps est prêt. Je le sens. Chaque muscle en alerte, chaque battement de cœur comme un écho du danger. Il est né pour survivre. Et pour tuer, si besoin.Mon bras blessé pulse doucement. La douleur est là, constante, comme une voix basse qui ne cesse de murmurer. Je ferme les yeux. Inspire. Expire. Essaie de m’accrocher à cette chaleur contre moi. À cette bulle de sécurité factice.Mais il y a quelque chose. Quelque
EdenL’air vibre autour de moi, saturé du bruit des pales, du hurlement des moteurs, et de l’écho des coups de feu qui résonnent toujours, plus lointains. Ma poitrine se soulève, haletante. Je m’accroche à lui. Sa présence, son corps contre le mien, est la seule chose qui m’empêche de sombrer dans l’abîme. Je suis blessée. Pas seulement physiquement, mais profondément. Cette violence, ce chaos, tout est si... réel. Et pourtant, dans ses bras, je ne veux plus rien ressentir d’autre que la chaleur de sa peau contre la mienne.Je ne ressens plus mon bras. Juste des fourmillements insupportables, comme si la chair elle-même refusait d’accepter la blessure. La douleur est là, mais elle ne prend pas le dessus. Ce n’est pas grave. Pas tant qu'il est là. Tant qu'il me tient, je peux tenir.Je lève les yeux vers lui. Sa mâchoire est crispée, ses lèvres serrées. Il est pâle, les veines de son cou saillantes, battant dans un rythme qui ne me dit rien de bon. Mais il garde les yeux fixés sur le v
AleksandrLe sang bat à mes tempes, résonne contre mes tympans comme un tambour de guerre. La ville, ses bruits, ses hurlements, ses coups de feu… tout s’éloigne. Il n’y a plus qu’elle. Cette silhouette qui fend la foule, qui court vers moi avec une force que je croyais éteinte depuis longtemps. Eden.Je ne peux pas bouger. J’ai les bras en feu, le flanc en sang. J’ai reçu un éclat, peut-être plus. Mais ce n’est pas ça qui m’empêche d’avancer. C’est la peur. La terreur sourde que quelque chose la touche avant que je puisse la serrer contre moi.AleksandrCours. Continue. Je suis là.Elle est magnifique. Même au milieu du chaos, même dans cette nuit où tout pourrait s’arrêter, elle est lumière. Et je me rends compte que j’ai été idiot de croire que je pouvais la protéger en m’éloignant. Elle est ma seule protection contre l’ombre. Elle est mon feu.Je tends la main vers elle, une seconde trop tard.Le coup de feu claque.Je hurle.Aleksandr– Non !Mon cœur explose dans ma poitrine. Je
Eden Le bruit de mes pas résonne comme un appel à l’aide dans la ruelle sombre. Chaque mouvement semble amplifier le sentiment d’urgence qui bombarde mon esprit. Je suis à la recherche d’une issue, d’un abri, ou peut-être même d’un signe qui me dirait que tout ira bien. Mais dans cette cacophonie urbaine, chaque son semble une résonance de danger. Je tourne à gauche et me faufile dans une ruelle étroite, pressant mon dos contre le mur froid. Ma respiration est rapide, presque incontrôlable. Je scrute l’horizon, tentant d’attraper un aperçu de ce que je fuies. Les images des visages menaçants, de leurs intentions sombres, hantent chaque coin de mon esprit. Je me rappelle de l’adieu d’Aleksandr, de son regard déterminé, et de la promesse qu'il m’a faite. Chaque image me pousse à avancer. EdenJe dois le retrouver. Je dois savoir s’il va bien.Peu importe combien il est difficile de croire en une lumière au bout de ce tunnel, je refuse de laisser la peur m’écraser. Je me glisse der
Eden & AleksandrEdenJe sens la tension avant même d’ouvrir les yeux.Pas celle du monde encore endormi. Pas celle du calme du matin. Non.C’est une tension qui serre la gorge. Qui s’insinue sous la peau.Une menace sourde. Invisible.Je garde les yeux fermés. Je retiens mon souffle.Et j’écoute.Le silence est trop… chargé.Comme si l’air lui-même retenait sa respiration.Et puis je le sens. Le souffle d’Aleksandr, chaud contre ma nuque.Régulier. Présent.Mais son corps ne bouge pas. Il est figé. Comme moi.EdenQuelque chose ne va pas.Je rouvre les yeux. Lentement. Chaque battement de cœur résonne dans mes tempes.La pièce est baignée d’une lumière pâle. Trop pâle.La fenêtre entrouverte laisse passer un vent qui n’existait pas la veille.Et ce frisson. Ce frisson qui grimpe le long de mon dos.EdenJe le sens.Je le ressens.Quelque chose approche.Aleksandr— Ne bouge pas.Sa voix est si basse que j’aurais pu la croire rêvée. Mais non.Elle est réelle. Grave. Râpeuse.Et elle m