Éléonore
Un hurlement de vent.
Un choc violent.
Je me retrouve projetée au sol, la tête tournoyant sous l’impact. Lorsque je relève les yeux, tout autour de moi n’est que nuit et brouillard.
Andréas a disparu.
Mon cœur se serre.
— Andréas !
Aucune réponse.
Puis, une voix s’élève dans l’obscurité.
— Tu ne devrais pas être ici, sorcière.
Léandre.
Je me relève lentement, mes doigts se refermant sur le pendentif autour de mon cou. Un instinct ancien me murmure que je dois me battre.
Que je dois résister.
— Qu’est-ce que tu veux ?
Son rire est un grondement sinistre.
— Reprendre ce qui m’appartient.
Une ombre glisse autour de moi, sinueuse, menaçante.
— Tu as volé mon frère autrefois.
Il marque une pause, puis murmure :
— Cette fois, je te prendrai à lui.
Une vague de ténèbres s’abat sur moi.
Je n’ai que le temps de lever la main avant qu’elle ne m’engloutisse.
Puis tout devient noir.
Éléonore
Le vide.
Je suis prisonnière d’une obscurité absolue, une nuit sans étoiles, sans fin. Tout mon corps est engourdi, comme si je flottais entre deux mondes, perdue dans une brume impalpable.
Où suis-je ?
Ma respiration est erratique, mon cœur battant à un rythme effréné. Je tends les mains devant moi, cherchant un repère, mais mes doigts ne rencontrent que du néant.
Puis une voix résonne.
— Tu crois pouvoir défier les ombres, sorcière ?
Un frisson glacé me parcourt l’échine.
Léandre.
Il est là, quelque part.
Je ferme les yeux, essayant d’invoquer mon pouvoir, mais une force invisible comprime mon esprit, étouffant toute tentative de magie.
— Qu’est-ce que tu me veux ?
Un ricanement m’entoure, éthéré, presque moqueur.
— Tu es le lien qui le retient ici. Il ne devrait pas exister, et pourtant, grâce à toi, il erre encore.
Je serre les poings.
— Il est revenu parce que je l’ai appelé.
— Non, Éléonore.
Son ton est plus doux, presque… amusé.
— Il est revenu parce qu’il t’appartient.
Mes lèvres s’entrouvrent, mais aucun mot ne sort.
— Ce n’est pas la première fois que tu le rappelles, n’est-ce pas ?
Les ombres bougent autour de moi, formant des images fugaces, des éclats de souvenirs qui ne m’appartiennent pas entièrement.
Je me vois, dans une autre vie, vêtue d’une robe d’un autre temps, les cheveux défaits, les joues baignées de larmes.
Andréas gît à mes pieds, sa peau froide, son regard vide.
Et moi…
Moi, je crie.
Des éclairs de lumière s’élèvent autour de nous, un vent surnaturel secoue ma chevelure.
Je murmure des incantations dans une langue ancienne, et quelque chose de puissant se déchaîne en moi.
Le temps lui-même tremble sous ma douleur.
Puis, tout disparaît.
Je halète, ramenée brusquement au présent.
— Tu comprends, maintenant ?
Léandre s’approche, sa silhouette émergeant des ténèbres. Ses yeux brillent d’une lueur cruelle.
— C’est toi qui l’as condamné.
Un tremblement me secoue.
— Non…
— Si.
Il s’arrête juste devant moi, inclinant la tête comme s’il savourait mon trouble.
— Chaque fois qu’il meurt, tu le rappelles. Encore et encore. Mais à quel prix ?
Je déglutis difficilement.
Un prix…
Quel prix ai-je payé pour le ramener ?
Soudain, un autre souvenir m’explose à l’esprit.
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1673 – Une autre vie, une autre mort
Je suis agenouillée devant un autel, mes mains tremblantes couvertes de sang.
Un cercle de runes brille autour de moi, vibrant sous la lueur des chandelles.
Et au centre…
Andréas.
Son corps sans vie repose sur la pierre, immobile, figé dans la mort.
Je serre les dents, des larmes roulant sur mes joues.
— Reviens-moi…
Ma voix est un murmure suppliant.
Le vent hurle dans la pièce.
Les bougies vacillent.
Et une ombre se dessine derrière moi.
Une silhouette familière.
— Tu veux le ramener, Éléonore ?
Je me retourne lentement, le souffle court.
Léandre se tient là, son regard perçant, un sourire mystérieux aux lèvres.
— Tout a un prix.
Ma gorge se serre.
Je le sais.
Mais je m’en fiche.
Sans hésiter, je tends la main.
— Je suis prête.
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Retour au présent
Un hurlement m’échappe alors que je suis brutalement ramenée à la réalité.
Mon corps tremble, mon esprit vacille.
Léandre me fixe avec un sourire satisfait.
— Tu vois ? Tu l’as toujours fait.
Je recule, horrifiée.
Je ne peux pas… Je ne veux pas croire que j’ai fait cela.
— Non. Tu mens.
— Ai-je vraiment besoin de mentir ?
Il tend la main, et l’ombre autour de nous se dissipe.
Nous ne sommes plus dans ce néant sans fin.
Nous sommes de retour dans le château en ruine.
Et devant moi, allongé sur le sol de pierre…
Andréas.
Son corps est inerte, son souffle à peine perceptible.
Je me précipite vers lui, le cœur tambourinant dans ma poitrine.
— Andréas !
Je touche son visage glacé, cherchant une réponse, une réaction.
Mais ses yeux restent clos.
— Réveille-toi, je t’en prie…
Des larmes coulent sur mes joues.
Et soudain, une main m’attrape violemment par l’épaule.
Léandre me force à le regarder, son sourire cruel toujours présent.
— Es-tu prête à payer encore une fois ?
Je ne réponds pas tout de suite, mon esprit tourbillonnant dans un chaos d’émotions contradictoires.
— Combien de fois es-tu prête à sacrifier quelque chose pour lui ?
Un silence.
Puis, d’une voix tremblante, je murmure :
— Tout ce qu’il faudra.
Il éclate d’un rire sinistre.
— Parfait.
Il lève une main, et l’obscurité m’engloutit à nouveau.
Je n’ai que le temps d’entendre une dernière phrase avant de sombrer.
— Tu es fidèle à toi-même, petite sorcière .
ÉléonoreL’obscurité m’engloutit, me fait chavirer dans un gouffre sans fin. L’air est glacé, lourd d’une présence oppressante. Je lutte pour garder pied, mais mes membres sont engourdis, mon esprit vacille sous la pression d’une force invisible.Puis, tout s’arrête.Un frisson me traverse lorsque j’ouvre les yeux.Je ne suis plus dans les ruines du château.Autour de moi s’étend une vaste salle aux colonnes sculptées, recouvertes de symboles anciens qui semblent vibrer d’une lumière spectrale. Le sol est de marbre noir, lisse et froid sous mes doigts.Un temple.Un autel trône au centre de la pièce, baigné d’une lueur pâle.Et face à moi…Léandre.Drapé dans son manteau d’ombre, il se tient immobile, m’observant avec un amusement cruel.— Bienvenue dans l’entre-monde, Éléonore.Je me redresse lentement, tentant de masquer ma faiblesse.— Qu’as-tu fait ?Son sourire s’agrandit.— Je t’ai offert une opportunité.Il fait un pas vers moi, ses yeux rougeoyants transperçant mon âme.— Tu v
ÉléonoreUn vide oppressant m’envahit alors que les paroles de Léandre résonnent encore dans mon esprit."Elle m’appartient, maintenant."Je sens le poids de cette vérité peser sur moi comme une entrave invisible. Je lève les yeux vers Andréas, cherchant un réconfort dans son regard, mais je n’y trouve que de la douleur… et une pointe de colère.— Éléonore… dis-moi que ce n’est pas vrai.Sa voix tremble, chargée d’émotions contradictoires.Je veux lui dire que tout ira bien.Je veux le rassurer.Mais je ne peux pas.Je sens le lien se refermer sur moi comme des chaînes d’ombre, un serment ancien ravivé par ma propre faiblesse.Léandre s’avance lentement, savourant chaque seconde de notre tourment.— Elle a fait son choix, frère. Un choix qui lui coûte cher, mais elle l’a fait en toute conscience.Je serre les dents.— Tu ne m’as jamais laissé d’autre option.Il rit doucement.— Tu en avais une. Tu pouvais le laisser mourir.Mon souffle se coupe.Non.Jamais.Je regarde Andréas, qui lu
ÉléonoreLe feu crépite dans l’âtre, projetant des ombres mouvantes sur les murs de pierre. Je suis assise sur un fauteuil ancien, le regard perdu dans les flammes, le cœur serré par une douleur que je ne comprends pas entièrement.Des souvenirs que je ne devrais pas avoir s’entrechoquent dans mon esprit, des images fugitives où Léandre occupe une place que je lui ai toujours refusée.Je serre mes bras contre moi, comme pour empêcher ces visions de m’engloutir.Andréas…Je ferme les yeux, cherchant désespérément à me raccrocher à lui, à la certitude de notre amour. Mais même cette certitude vacille sous le poids du passé qui revient me hanter.Derrière moi, je sens la présence de Léandre.Il ne dit rien.Il n’a pas besoin de parler.Il sait que le venin a déjà fait son œuvre.Il attend simplement que je plie sous le poids de mes souvenirs.Mais je refuse.Je ne suis pas sienne.Je ne le serai jamais.— Tu cherches à fuir ce qui est en toi, Éléonore.Sa voix est un murmure, une caresse
ÉléonoreJe referme la porte derrière moi, le souffle court.Le silence de ma chambre est un répit, mais il ne suffit pas à calmer le chaos dans mon esprit.Je me passe une main sur le visage.Il faut que je pense clairement.Il faut que je retrouve mes souvenirs par moi-même, sans l’influence de Léandre.Sans ses murmures venimeux.Je ferme les yeux.J’essaie de me rappeler.Andréas et moi.Notre rencontre.Notre amour.Notre promesse de nous libérer ensemble de cette malédiction.Mais derrière ces images rassurantes, d’autres surgissent.D’autres qui me hantent.Un autre amour.Un autre serment.Une trahison.Un cri déchirant dans la nuit.J’ouvre les yeux en sursaut, le cœur battant à tout rompre.Je recule, heurtant la coiffeuse derrière moi.Le miroir vibre…Et une silhouette apparaît dans la surface argentée.Une femme aux yeux emplis de chagrin.Une femme qui me ressemble.— Qui es-tu ? murmuré-je d’une voix tremblante.La silhouette me fixe, et ses lèvres s’entrouvrent pour pr
Andrea Je me dirige vers sa chambre, chaque pas résonnant dans le silence de la bâtisse.Et lorsque j’ouvre la porte…Je les vois.Éléonore et Léandre.Face à face.Trop proches.Trop intimes.Un frisson glacé me traverse.Son regard.Celui d’Éléonore.Elle est troublée.Elle doute.Mon sang ne fait qu’un tour.— Éléonore !Elle sursaute, se détournant brusquement vers moi.Léandre, lui, ne bouge pas.Un sourire satisfait se dessine sur ses lèvres.— Tu arrives trop tard.Une peur sourde s’empare de moi.Éléonore me regarde…Mais pour la première fois, je ne sais plus ce qu’elle voit en moi.ÉléonoreLe temps s’arrête.Andréas est là, à l’entrée de ma chambre, le regard chargé d’émotions.Je peux presque sentir sa détresse, sa peur… et surtout, sa colère.Il me scrute, ses yeux brûlant d’une intensité qui me transperce.Je veux lui parler, lui dire que rien n’a changé.Que je suis encore moi.Mais les mots meurent sur mes lèvres.Parce qu’au fond, je ne suis plus sûre.Léandre est à
ÉléonoreIl s’approche de moi, lentement, dangereusement.Je devrais reculer.Fuir.Mais je ne bouge pas.Parce que malgré tout…Il y a une part de moi qui le connaît.Qui le reconnaît.Léandre tend la main et effleure ma joue, un contact à peine perceptible.Un frisson me parcourt.— Si je suis un monstre… murmure-t-il, son souffle glacial contre ma peau, … alors que suis-je pour toi ?Je ferme les yeux un instant, bouleversée.Puis, d’une voix tremblante, je murmure la seule réponse qui me vient.— Je ne sais pas.Et c’est peut-être ça, le plus effrayant.La nuit est plus sombre que jamais.Le château semble retenir son souffle, comme s’il savait que l’instant qui vient de s’écouler a tout changé.Je suis figée entre les deux hommes qui incarnent mon passé et mon présent.Léandre, son ombre pesante derrière moi, son regard perçant fouillant le mien.Andréas, affaibli mais toujours debout, ses yeux brûlant d’une douleur que je ne veux pas voir.Je devrais dire quelque chose.Briser c
ÉléonoreLe temps s’étire dans un silence oppressant.Un battement de cœur.Deux .Puis un pas.Un seul.Le mien.Vers Léandre.Je l’entends avant de le voir.Le souffle coupé d’Andréas.Un souffle brisé.Je sens la douleur qui l’étrangle, la souffrance dans chaque fibre de son être.Mais je ne peux pas reculer.Pas maintenant.Pas alors que je suis si proche de comprendre.Léandre ne dit rien.Il ne triomphe pas, ne me presse pas.Il attend.Comme il a toujours attendu.Je me tiens face à lui, les yeux dans les siens.Et pendant un instant, tout disparaît.Le château.Les ombres.Le passé et le présent.Il ne reste que nous deux.Un frisson me parcourt.Léandre lève la main.Doucement.Prudemment.Comme s’il craignait que je m’enfuie.Ses doigts effleurent mon poignet, et une vague de chaleur me traverse, surprenante, déstabilisante.Un feu ancien.Un feu oublié.Mon souffle se bloque.Quelque chose… change en moi.Un souvenir m’envahit brutalement.---Une nuit sans lune.Une silhou
ÉléonoreLorsque je rouvre les yeux, je ne suis plus au château.L’air est différent.Plus ancien.Plus lourd de magie.Je cligne des yeux .Un manoir .Je le reconnais immédiatement.Il est immense, majestueux, mais hanté par des souvenirs oubliés.Léandre se tient près de moi, sa main toujours dans la mienne.Je la retire lentement, troublée.— Où sommes-nous ?Il me regarde avec une intensité brûlante.— Là où tout a commencé.Un frisson me parcourt.Je connais cet endroit.Je l’ai déjà vu dans mes rêves.Non…Dans mes souvenirs.Je tourne sur moi-même, mon cœur battant à tout rompre.Les couloirs .Les portraits aux visages effacés.La grande horloge fêlée qui ne tourne plus.— Tu te souviens ? murmure Léandre.Et soudain, je sais.Ce n’est pas qu’un manoir.C’est notre maison.Notre prison.Notre sanctuaire oublié.Ma respiration se coupe.Et dans ce chaos d’émotions, une certitude me frappe de plein fouet.Je suis revenue.Et cette fois…Je ne suis pas sûre de vouloir repartir.
ÉléonoreLe monde s’est tu. Plus de cris, plus de bataille, plus de peur. Juste le silence paisible d’un matin naissant, baigné d’une lumière douce et dorée. Je laisse mes yeux dériver sur l’horizon, savourant la quiétude après tant d’épreuves.Mais plus que le paysage, c’est lui que je ressens. Son souffle contre ma peau, son cœur battant sous ma paume, sa chaleur qui m’entoure comme un bouclier invincible.Andréas me serre contre lui, son étreinte forte et apaisante. Son menton repose sur le sommet de ma tête, et je ferme les yeux, laissant mon corps se détendre complètement. Plus besoin de lutter. Plus besoin de fuir. Nous sommes là, ensemble, et c’est tout ce qui compte.— Je n’aurais jamais cru connaître un instant comme celui-ci, murmure-t-il contre mes cheveux.Sa voix est rauque, fatiguée, mais remplie d’une tendresse infinie.Je lève la tête vers lui, ancrant mon regard au sien. Il y a tant de choses que je pourrais dire, mais à quoi bon ? Il sait déjà. Il a toujours su.Je t
ÉléonoreL’aube étire ses premiers rayons sur les ruines encore fumantes du champ de bataille. Le silence n’est plus celui de la fin, mais celui d’un commencement. Les survivants se relèvent, se cherchent, se retrouvent. Et moi, je reste là, ancrée dans le regard d’Andréas.Il ne dit rien. Je ne dis rien non plus. Nos âmes parlent pour nous, dans ce langage silencieux que seuls ceux qui ont traversé l’enfer peuvent comprendre. Ses yeux, d’un bleu profond, me transpercent, cherchant en moi quelque chose que je suis enfin prête à lui donner.Lui.Moi.Nous.Il avance d’un pas. Son souffle se mélange au mien. Ses doigts frôlent ma joue, hésitants, comme s’il craignait encore que tout cela ne soit qu’un mirage, une illusion née du combat et de la douleur. Mais je ne suis pas une illusion. Je suis là. Vivante. Prête.Alors, c’est moi qui brise la distance. Mes mains s’accrochent à lui, à cette présence qui a été mon ancre dans la tempête. Il ne recule pas. Il m’accueille, il me retient. Et
ÉléonoreJe sens les battements précipités de mon cœur résonner contre ma cage thoracique. Mon corps tremble sous le poids de l’épuisement, de l’adrénaline retombée, de la douleur qui commence à s’ancrer dans chaque fibre de mon être.Andréas me tient fermement, comme s’il craignait que je disparaisse à mon tour, emportée par les cendres encore tièdes de ce combat. Son souffle est erratique, et lorsqu’il me serre un peu plus contre lui, je ressens toute la tension qui l’a habité, toute l’angoisse qu’il a contenue.— Tu es là, souffle-t-il, comme pour se convaincre. Tu es vivante.Je hoche faiblement la tête contre son épaule, incapable de formuler une réponse. Une vague de chaleur me traverse, non pas de mon pouvoir, mais de lui. Il est ma certitude, mon ancre, celui qui m’a toujours vue telle que je suis, même lorsque je doutais.Mais tandis que mes yeux se perdent dans le ciel, un frisson parcourt mon échine. La nuit est encore lourde, l’air chargé d’un silence pesant. La victoire a
ÉléonoreLe vent hurle autour de nous, emportant avec lui des volutes de poussière et de cendres.Le ciel, chargé de nuages noirs, semble retenir son souffle.Face à moi, Gauvain se tient droit, son corps frémissant d’énergie obscure.Son regard d’acier croise le mien, et je ressens l’ombre qui palpite autour de lui, prête à fondre sur moi à la moindre ouverture.— Tu crois pouvoir me vaincre, Éléonore ? murmure-t-il, un sourire narquois étirant ses lèvres. Tu n’es qu’une enfant jouant avec un feu qui la consumera.Je ne réponds pas.Les mots ne servent plus à rien.Ce combat est la dernière étape.Celle qui décidera du destin des âmes enchaînées à cette malédiction.Celle qui scellera mon propre sort.Les Ombres DéchaînéesGauvain attaque le premier.D’un geste, il invoque un torrent d’ombres qui s’élève autour de lui, déferlant vers moi comme une vague prête à m’engloutir.Je n’ai pas le temps de réfléchir.J’agis.Mon corps bouge avec une rapidité que je ne me connaissais pas, port
ÉléonoreDerrière moi, Andréas retient son souffle.— Ne le sous-estime pas, Éléonore, murmure-t-il.Comme si c’était possible.Je serre les poings, invoquant la magie qui pulse dans mes veines.Si je dois me battre, alors ce sera sans retenue.Je refuse d’être brisée.Pas par lui. Pas par eux.L’Attaque FoudroyanteGauvain ne me laisse pas le temps d’agir.Il tend la main, et une colonne d’ombre fuse vers moi.Je l’évite de justesse en me jetant sur le côté, sentant l’air vibrer sous l’impact.Le sol se crevasse là où j’étais quelques secondes plus tôt.— Pas mal, murmure-t-il. Mais pas suffisant.Il disparaît.Non, il se fond dans l’ombre.Mon cœur bondit.Je me retourne juste à temps pour voir sa silhouette réapparaître derrière moi.Trop tard.Il me frappe de plein fouet, un choc brutal qui m’envoie rouler sur le sol.La douleur explose dans mon corps.Je me redresse en grimaçant, le goût du sang dans ma bouche.Gauvain m’observe, le regard indéchiffrable.— Tu es lente.Je serre
ÉléonoreNous ne faisons que quelques pas avant que la porte du manoir ne s’ouvre brusquement.Ils sont là.Tous les Anciens.Le Conseil.Le poids de leurs regards me cloue sur place.Léandre s’avance le premier, son visage fermé, plus grave que jamais.— Éléonore Valmeray, annonce-t-il d’une voix qui fait frissonner l’air autour de nous.— Nous devons parler.Je n’ai pas le choix.Je le savais déjà.Un jugement sans appelLa salle est glaciale.Les chandeliers projettent des ombres mouvantes sur les murs de pierre, rendant l’atmosphère encore plus oppressante.Je me tiens droite face à eux, Andréas légèrement en retrait, prêt à intervenir à la moindre menace.Léandre me fixe longuement avant de prendre la parole.— Nous avons ressenti ce qui s’est passé.Un murmure parcourt l’assemblée.— Tu as touché à ce qui n’aurait jamais dû être réveillé.Je ne détourne pas le regard.— Je l’ai fait pour comprendre.Un silence.Puis un rire amer s’élève.— Comprendre ? répète une femme aux cheve
AndréasLa lumière nous engloutit, brûlante et aveuglante.Mon instinct me hurle de courir vers Éléonore, de la protéger, mais la force qui émane d’elle est insondable. Le vent se lève dans la salle du sanctuaire, soulevant la poussière et les cendres des siècles passés. Les symboles gravés sur les murs vibrent d’une lueur surnaturelle, pulsant au rythme du cœur d’Éléonore.Et puis, tout s’arrête.Un silence funèbre.Elle est là, debout, ses cheveux flottant comme s’ils étaient portés par une brise invisible. Ses yeux ont changé. Plus brillants, plus intenses. Une aura dorée danse autour d’elle, entrelacée d’ombres mouvantes.Elle a fait son choix.Mais lequel ?— Éléonore…Je tends la main vers elle, mais un frisson me traverse quand elle pose son regard sur moi.Ce n’est plus tout à fait elle.Ou peut-être est-ce elle, enfin complète.L’Architecte esquisse un sourire.— Impressionnant.Sa voix résonne dans la pièce comme un écho lointain, empli de satisfaction et d’attente.Éléonore
Andréas Je me retourne vivement.Et je le vois.Une silhouette se dessine dans le néant, imposante, drapée dans un manteau sombre.L’Architecte.— Tu es un poison pour elle, Andréas.Sa voix résonne dans l’espace vide.Je serre les poings, prêt à attaquer.— Tu ne sais rien de nous.Un rire moqueur vibre autour de moi.— Vraiment ?Le décor change brusquement.Les ombres s’écartent, dévoilant une vaste salle, aux murs de pierre couverts d’inscriptions anciennes.Et au centre…Éléonore est à genoux.Une lumière crépusculaire l’entoure, et devant elle se tient l’apparition de sa mère.Elle pleure.Jamais je ne l’ai vue ainsi.Mon cœur se serre.— Elle se souvient, murmure l’Architecte.— Se souvient de quoi ?Il ne répond pas.Mais je le vois.Le regard d’Éléonore est perdu dans le passé.Et la silhouette de sa mère s’illumine.Les Larmes du PacteÉléonoreLes souvenirs affluent en moi.Je vois une autre époque, un autre temps.Je vois ma mère, jeune et puissante, défiant les sorciers
ÉléonoreJe lève les yeux vers le ciel nocturne. Les étoiles semblent plus ternes, comme si elles aussi avaient ressenti l’impact de notre lutte.— Il va revenir.La voix d’Andréas est rauque, presque un murmure.Je le sais. L’Architecte ne nous laissera pas en paix. Il a perdu une bataille, mais la guerre ne fait que commencer.— Nous devons partir d’ici, dis-je en me redressant.Autour de nous, les ruines du sanctuaire s’effondrent lentement. Les pierres noircies par la magie maléfique s’effritent, emportées par le vent. Ce lieu n’est plus sûr.Andréas hoche la tête et se lève, bien que son équilibre soit incertain. Je passe un bras autour de sa taille pour le soutenir, et ensemble, nous avançons à travers les décombres.Mais à chaque pas, un poids invisible s’alourdit sur ma poitrine.Quelque chose ne va pas.Je le ressens dans l’air, une présence insidieuse qui s’attarde, cachée dans l’ombre.Nous ne sommes pas seuls.L’Éveil des SpectresAndréasChaque muscle de mon corps est en