AnnaJe me retrouvai à genoux, mes mains appuyées sur le sol, le souffle court, le cœur battant comme un tambour dans ma poitrine. L'homme aux yeux rouges m'observait, son regard fixe et implacable, tel un juge silencieux. Chaque respiration était une douleur, chaque mouvement semblait une tentative désespérée de fuir un destin inévitable.Tu ne peux pas fuir, Anna, dit-il d’une voix basse et mielleuse. C'est dans ta nature de chercher une échappatoire, mais tu sais au fond de toi qu’il n’y en a pas.Je le détestais pour cette affirmation, détestais la certitude qu’il dégageait. Chaque fibre de mon être criait à l’injustice, mais je ne pouvais rien faire. J'étais piégée. Piégée dans ce jeu morbide où il semblait tirer les ficelles de mes moindres actions.Je voulais me lever, fuir, mais mon corps refusait de répondre. Il n’était plus à moi. Il était sous son emprise. Les chaînes invisibles s’étaient resserrées autour de moi, et je ne pouvais les briser. Non, pas encore. Pas avant de c
AnnaLe vent soufflait contre la fenêtre, un souffle lourd et mélancolique qui semblait s’insinuer dans la pièce. Chaque battement de mon cœur résonnait dans le silence, martelant mes pensées avec une insistance insupportable. Je n’étais plus seule avec mes doutes. Non, il était là, dans chaque recoin de la pièce, dans chaque ombre, dans chaque silence. L'homme aux yeux rouges, celui que je croyais avoir écarté de ma vie à jamais. Mais il était revenu, plus présent que jamais, et il savait tout. Il savait exactement comment m'atteindre, comment réveiller en moi des émotions que je croyais mortes.Sa présence m'envahissait, non pas par la force de son corps, mais par l'intensité de son regard, par les souvenirs qu'il ravivait, par la façon dont il se glissait dans mes pensées, m’étouffant sous son emprise invisible. Je n’étais plus qu’une ombre de moi-même, une âme perdue dans la tourmente qu’il avait créée. Il ne m’avait jamais vraiment quittée. Il n’avait fait que se cacher dans les
AnnaLe silence s'étira entre nous, lourd et écrasant. Chaque respiration, chaque battement de cœur semblait résonner dans la pièce comme un écho qui me rappelait la distance entre ce que j’étais et ce que je devenais. Il m’observait, inébranlable, ses yeux rouges plongés dans les miens, comme si tout ce que je pensais, tout ce que je ressentais, lui était transparent. J’étais une énigme qu’il connaissait par cœur, une énigme qu’il n’avait jamais cessé de résoudre.Tu te perds dans tes pensées, Anna, murmura-t-il, brisant finalement le silence qui pesait sur nous. C’est ainsi que tu t’échappes, n'est-ce pas ? Tu te caches derrière tes souvenirs pour ne pas affronter la vérité. Mais tu dois comprendre que tout ce que tu as fuit est ce que tu dois accepter.Je secouai la tête, repoussant ses mots, essayant d’échapper à cette sensation de suffocation qui me prenait à la gorge. Pourquoi revenait-il toujours ? Pourquoi était-il là, à me tourmenter à chaque instant où je pensais être libre,
AnnaL'air était devenu froid, presque glacé. Je n'avais pas remarqué que la température avait chuté, mais je pouvais sentir la morsure du vent qui soufflait à travers les fenêtres entrouvertes, envahissant l'espace avec une sensation d'inconfort glacial. Il n'y avait aucune logique dans cette pièce, rien n'avait de sens. Ce n’était plus un endroit où je pouvais trouver des réponses. C’était un lieu de confusion, un entre-deux où la réalité et le fantasme se confondaient.Pourquoi… pourquoi es-tu revenu, murmurai-je, m'accrochant désespérément à ce fil fragile de logique qui, je le savais, allait bientôt se rompre.Il resta silencieux un moment, mais ses yeux, toujours aussi perçants, ne me lâchaient pas. Je sentais chaque parole qui s’échappait de ses lèvres, aussi infime soit-elle, me frapper comme une vague déchaînée.Parce que tu n’as jamais cessé de m’attendre, Anna. Même dans tes rêves les plus fous, tu savais que nous finirions par nous retrouver. Même lorsque tu essayais de me
AnnaLes jours qui suivirent furent une lente agonie, une oscillation constante entre la fuite et l’acceptation. J’étais prisonnière de mes pensées, tourmentée par l’image de ses yeux rouges, brûlants d’une intensité que je ne pouvais ignorer. Il m’avait laissé un goût amer dans la bouche, un vide que je n’arrivais pas à combler. Chaque fois que je fermais les yeux, son visage revenait hanter mes rêves, me rappelant que je ne pouvais pas fuir.Je me trouvais maintenant dans un endroit qui n’était plus qu’une extension de mon propre esprit, une cellule dans laquelle je m’étais enfermée. La réalité était devenue floue, distordue, comme si j’étais constamment en train de traverser un miroir fissuré. Ce monde, tout ce qui l’entourait, semblait me regarder d’un regard froid et indifférent, me jugeant sans pitié.Mais il y avait quelque chose de différent cette fois. Peut-être était-ce le fait que, contre toute attente, il n’avait pas encore cessé de m’obséder. Pas un jour ne passait sans q
AnnaLe silence après son départ était assourdissant. Mon souffle était saccadé, mon cœur battant encore au rythme de l’affrontement silencieux qui venait de se produire. Il n’avait pas bougé, pas fait un pas de plus vers moi, mais je savais que ce n’était qu’une question de temps. Il était patient. Il savait attendre. Et moi, j’étais la proie dans son piège invisible.Je restai immobile un moment, le regard rivé sur l’ombre qui s’était refermée derrière lui. Mes jambes tremblaient, mes mains crispées sur le tissu de ma robe. La tension qui m’avait habitée s’évaporait lentement, mais l’écho de ses paroles résonnait encore dans mon esprit :"Nous sommes liés par plus que ce que tu veux comprendre."Je serrai les poings, fermant les yeux dans un effort désespéré de chasser cette voix. Il m’avait touchée d’une manière que je ne comprenais pas encore, une manière qui défiait la logique et le bon sens. Mais je ne pouvais pas me laisser submerger. Pas maintenant.Un bruit léger me fit sursa
AnnaLe silence était lourd, presque palpable. Après mon défi, il n’y eut plus qu’un instant suspendu dans l’air, comme si le monde entier retenait son souffle. La pièce autour de nous semblait s’être figée, les murs eux-mêmes retenant leur écho, comme s’ils savaient que ce moment précis allait marquer un tournant.Je sentais son regard sur moi, brûlant, implacable. Ce n’était plus le genre de regard qui m’effrayait, non. Il y avait quelque chose de différent cette fois-ci. Une attente. Comme s’il espérait une réaction, une ouverture… une faiblesse.Je n'étais plus une simple spectatrice dans ce jeu étrange et dangereux. J'étais en train de devenir une actrice, bien malgré moi, et je commençais à entrevoir l'étendue de ce que cela impliquait.— Tu crois vraiment que tu es libre, Anna ?Sa voix déchira le silence, calme et tranchante à la fois. Il ne haussait jamais le ton, mais il n’en avait pas besoin. Le poids de ses mots suffisait à m'enchaîner sur place.Je ne répondis pas immédia
AnnaLe silence qui suivit son départ était presque plus cruel que sa présence. La pièce semblait déformée, distordue par l’intensité du moment que je venais de vivre. J’étais restée là, à genoux, le souffle court, le cœur battant à un rythme effréné. J’avais l’impression que mon corps entier vibrait sous l’impact de ses mots.Mon passé… notre passé.Comment cela pouvait-il être vrai ?Je fermai les yeux, cherchant à calmer le tourment qui m’envahissait. Mais dès que mes paupières se scellaient, des images explosaient dans mon esprit. Des souvenirs que je ne savais pas avoir. Des fragments d’un autre temps. Une nuit étoilée. Une main dans la mienne. Un cri déchirant. Des flammes.Et ses yeux.Toujours ces yeux rouges, perçants, m’observant à travers le temps et l’espace, me réclamant, me possédant déjà avant même que je ne sois consciente de son existence.Je me relevai lentement, mes jambes tremblantes. Mon corps entier semblait vidé de sa force, comme si la simple confrontation avec
AnnaLa pluie tombe doucement sur le monde. Chaque goutte semble porter une part de ce que j’ai vécu, de ce que j’ai dû traverser. Elle effleure la terre, se pose sur les feuilles des arbres, et je la sens, ici, contre ma peau, comme un dernier souvenir de tout ce qui a été. Le vent, lui, murmure des promesses brisées, des mots d’adieu non dits, mais je les accueille. Car c’est tout ce qui reste à la fin : l’écho de ce qui a été, la résonance de ce que l’on a traversé ensemble.Il est là, à mes côtés. Léo. Angel. Les deux hommes qui m’ont redéfinie. L’un par sa douceur, l’autre par sa passion. L’un par son regard de feu, l’autre par ses bras solides, prêts à me soutenir quoi qu’il arrive. Leur présence me fait me sentir complète, comme si le vide en moi, celui que j’ai toujours cherché à combler, était enfin comblé. Parce que, je le sais, ce n’est pas une question de tout avoir, mais de savoir choisir ce que l’on garde."Tu es prête ?" La voix de Léo brise le silence, doux et clair co
AnnaLe silence, enfin.Pas celui qui oppresse, pas celui qui serre la gorge et fait trembler les mains.Non.Celui qui enveloppe, celui qui rassure, celui qui crée un espace entre les battements du cœur et les soubresauts du monde extérieur.Je suis allongée entre eux, dans cette étrange sérénité où le temps semble suspendu, comme si le monde ne pouvait exister au-delà de la chaleur de leurs corps.La lumière du matin filtre à travers la toile fine qui nous abrite, tremblante, timide. Elle s’invite, comme un rayon secret, et danse sur nos peaux. Elle trouve ses chemins dans les creux, sur les courbes, sur les lignes de vie et de combat.Léo est encore plongé dans un sommeil profond, son visage détendu, marqué par les traces des heures passées à lutter contre tout ce qui nous sépare. Ses mains reposent sur mon ventre, doucement, comme un ancrage. Comme un souffle.Il n’a pas bougé. Pas encore.Angel, lui, se tient un peu à l’écart. Il ne dort pas. Ses yeux sont ouverts, mais il ne me
AnnaIls dorment.Ou ils essaient.Moi, je reste au bord.Assise contre la pierre froide.À distance de leurs souffles.Je ne veux pas les réveiller.Parce que cette nuit… ce n’est pas d’eux que j’ai peur.C’est de moi.Je tremble.Pas de froid. De cette tension que je retiens depuis trop longtemps. Ce cri qui n’est jamais sorti. Cette rage, ce chagrin, cette solitude que j’ai recouverte de silence.Alors je me lève.Je marche dans l’obscurité. Pieds nus.Le vent accroche ma peau. Mais c’est bon.Ça me rappelle que je suis encore là.Je m’éloigne. Un peu.Mais pas assez.Car il me suit.Eliel.Toujours lui.Je m’arrête. Il ne dit rien. Je ne dis rien.Puis je craque.« Tu crois que c’est facile ? » ma voix explose sans prévenir.Elle tremble. Elle se brise.Il ne répond pas.Alors je continue. Parce que si je m’arrête, je m’effondre.« Tu crois que j’ai choisi ça ? Que j’ai choisi de porter un pouvoir qui me consume ? Que j’ai demandé à aimer des gens que je vais sûrement tuer sans le
LéoJe la cherche du regard.Même à travers le chaos, même dans ce monde qui s’effondre, je saurais reconnaître sa silhouette.Même brisée. Même changée.Surtout changée.Parce que ce n’est plus la même Anna.Et pourtant, elle est toujours là.Je l’ai vue s’effondrer. Je l’ai vue se relever.Et quand j’ai cru qu’elle ne reviendrait jamais, qu’elle s’était trop éloignée de nous, j’ai compris : c’est à moi de faire le chemin.Alors j’avance.Angel est à mes côtés.Silencieux, comme toujours.On ne se parle pas.Mais on sait pourquoi on est là.AngelJe n’ai jamais cessé de l’aimer.Même quand elle s’est éloignée. Même quand elle a choisi d’être autre chose.Même quand elle m’a oublié, un peu.Ce n’était pas une décision. C’était une évidence. Une fatalité.Elle vit dans chaque battement de mon cœur, même quand il se fend.Et Léo le sait. Je le vois à sa mâchoire serrée, à ses doigts crispés sur son arme.On est deux à aimer la même fille.Mais on n’est pas ennemis.On est les deux phare
ElielSa main dans la mienne. Elle tremble.Et pourtant, c’est elle qui m’a tendu la sienne.Elle, l’éclat brisé.Elle, la fille que le monde regarde comme un danger.Elle, l’ultime espoir.Je la sens prête à fuir, à se retirer au moindre signe. Mais elle reste.Alors je serre doucement ses doigts, comme on attrape une flamme. Sans vouloir l’éteindre.AnnaJe l’ai choisi.Pas comme on choisit un sauveur. Pas comme on choisit un soldat.Je l’ai choisi comme on choisit une vérité : en sachant qu’elle fera mal.Il me regarde. Je ne détourne pas les yeux.« Il faut entrer dans le cercle, Anna. » dit-il.Je hoche la tête.On y entre. Ensemble.Le sol est marqué de symboles anciens. Le vent se lève. Quelque chose s’éveille sous la terre. Quelque chose de très vieux. Très pur. Ou très terrible.Je sens mes os vibrer.Eliel« Le feu va te tester. » je dis.Elle ne bouge pas.« Tu peux encore faire demi-tour. »« Non. »Sa voix est claire. Inflexible.Alors je recule.Elle s’avance.Et la lumi
AnnaMais ce n’est pas le Eliel que j’ai connu. Pas celui qui avait encore l’espoir au bord des lèvres. Son visage est plus dur. Son regard, plus sombre. Il a vu des choses. Et il porte quelque chose en lui. Une douleur vivante.« Pourquoi es-tu là ? » ma voix tremble malgré moi.Il s’approche d’un pas, puis s’arrête.« Parce que le monde va se fendre, Anna. Et que toi seule peux empêcher qu’il s’effondre. »Je déglutis. Chaque mot est une lame.« Tu savais, n’est-ce pas ? Tu savais ce que j’étais. »Il ferme les yeux. Puis, d’une voix basse :« Je savais que tu étais plus que ce qu’on t’avait dit. Mais je ne savais pas que tu étais… l’éclat brisé. »« L’éclat brisé ? »Il me regarde avec une intensité glaciale.« Celle qui a le pouvoir de refaire le monde… ou de le détruire entièrement. »Le silence tombe, plus lourd que jamais.Je sens mon cœur battre dans mes tempes.« Et toi ? Tu viens m’aider ? Ou m’arrêter ? »Un silence. Long. Tranchant.Puis il murmure :« Je ne sais pas encor
AnnaUn cercle de pierres se dessinait dans la clairière, parfaitement symétrique. Au centre, une colonne de lumière bleutée s’élevait du sol, sans source apparente. L’air y vibrait, distordu, chargé d’une magie ancienne et inaltérable. C’était comme si le monde retenait son souffle.Je sentis mes jambes trembler, mais je restai droite. Pas cette fois. Je voulais savoir. Je voulais tout affronter.« Qu’est-ce que c’est ? » soufflai-je, hypnotisée.« Le seuil. » La voix de ma mère était douce mais ferme. « Le lien entre ce qui a été et ce qui peut être. C’est ici que les gardiens veillent. C’est ici que tu sauras. »« Les gardiens ? »Elle me regarda, et pour la première fois, j’y lus de la peur.« Ils ont connu la vérité avant nous. Ils ont vu les erreurs, les sacrifices, les serments trahis. Et maintenant… ils attendent ton choix. »Je reculai d’un pas.« Mon choix ? »« Tu es celle qui brise le cycle, Anna. Mais tu es aussi celle qui peut en créer un nouveau. »Un grondement sourd m
AnnaLe sol sous mes pieds vibre à chaque pas. Une pulsation sourde, presque imperceptible, comme si la terre elle-même réagissait à notre passage. Ma main ne quitte pas celle de ma mère. Je sens sa chaleur, sa force, son énergie fluide, ancrée en moi comme une certitude. Nous avançons en silence, mais nos pensées sont bruyantes.Je sens le poids du monde s'alléger. Non pas parce que le danger a disparu, mais parce que, pour la première fois, j'avance sans fuir. J'avance pour comprendre. Pour choisir. Pour affronter.La forêt s'efface lentement, remplacée par des clairières où la lumière lunaire coule comme du lait sur les feuilles argentées. Puis un sentier, une ouverture dans l’obscurité, bordée de pierres anciennes, couvertes de mousse. L’air change. Il devient plus dense, chargé de souvenirs que je ne reconnais pas mais que mon corps semble connaître. Mon sang palpite d’une mémoire plus vieille que moi.« Nous y sommes presque », souffle ma mère, la voix tremblante d’un pressentim
AnnaEt au fond de moi, je savais que même si les ombres du passé ne disparaîtraient jamais complètement, j'étais prête à affronter quoi que ce soit. Avec ma mère à mes côtés, nous pourrions braver toutes les tempêtes à venir. L'héritage de nos ancêtres continuait de vivre à travers nous, et ensemble, nous étions invincibles.Mais quelles autres ombres se cachaient encore dans les recoins de notre avenir ?Alors que le silence s'étendait autour de nous, je me relevai lentement, encore tremblante d'émotions. La forêt, autrefois assombrie par l'angoisse et le danger, semblait maintenant vibrant d'une nouvelle énergie. Le souffle du vent caressait ma peau, porteur d'un ressenti de renouveau. Mais les luttes passées assombrissaient toujours mes pensées. Que se passerait-il maintenant ? Ma mère se tenait à mes côtés, une aura de sérénité émanant de sa présence. Je pouvais lire dans ses yeux qu'elle ressentait la douleur et la fatigue que je portais dans mon cœur. Mais elle avait aussi une