AnnaL'ombre du passé s'étend sur moi, un voile lourd qui ne cesse de se tordre et de se densifier. La vision de l’homme, figé dans l’éclat de la lumière, reste gravée dans mon esprit. Chaque trait de son visage, chaque inflexion de son regard semble me rappeler une vie perdue, un amour oublié. J'ai l'impression de le connaître depuis toujours, mais en même temps, il me semble totalement étranger. La guerre, la trahison, et tout ce que j’ai traversé... C’est comme un puzzle dont je n’ai que les pièces éparses.Je sens le poids de l’air qui m’entoure, lourd de l’énergie qui m'envahit. La pièce, cette brume dorée, semble vaciller à chaque respiration que je prends, et je me rends compte que je tiens dans mes mains quelque chose de bien plus grand que ce que j’avais imaginé. Ce n’est pas seulement un pouvoir, c’est un héritage. Un héritage lié à des vies, des siècles, des batailles, des amours perdus.Je suis prête. Les mots s’échappent de ma bouche comme une promesse. Une promesse à moi
AnnaL’air autour de moi semble vibrer avec une intensité nouvelle, comme si le monde entier s’était arrêté pour observer chaque mouvement. Le sol sous mes pieds est froid, mais mes jambes, tremblantes mais déterminées, mènent mes pas avec une clarté que je n'avais jamais ressentie auparavant. Les souvenirs, aussi fragmentés soient-ils, se regroupent dans un ensemble de plus en plus cohérent. Chaque éclat de mémoire s'ajoute à l'ensemble comme une pièce de puzzle, me forçant à accepter une réalité que j’avais longtemps refusée.Je me trouve dans un monde suspendu, un espace entre deux réalités. La pièce où je me tiens n’est plus simplement une illusion – elle est la clé de tout. Et l'homme, celui que je reconnais maintenant comme mon âme sœur, est là, tout proche, attendant que je franchisse la dernière barrière de doute qui nous sépare.Tu n’es pas un rêve, n’est-ce pas ? Ma voix est presque étrangère à mes propres oreilles. L’angoisse et la confusion m’envahissent, mais une détermin
AnnaTout ce que j’ai vu… tout ce que j’ai ressenti pendant toutes ces années… ça n’a pas été en vain ? Ma voix est faible, presque un murmure, mais il capte chaque mot comme s’il attendait cette question. Comme s’il savait que j’avais besoin de cette réponse pour avancer.Il me regarde avec une douceur infinie, et ses yeux brillent d'une compréhension profonde. Le poids de l’âme, des souvenirs partagés et des pertes accumulées, tout cela semble peser sur ses épaules, mais il ne me laisse pas sombrer dans le doute.Non, Anna. Rien n’a été en vain. Sa réponse est claire, ferme. Il déplace une mèche de cheveux de mon visage, son geste lent mais chargé de tendresse. Chaque souffrance, chaque hésitation… tout a conduit à ce moment. Et tout nous a préparés à ce que nous devons faire maintenant.Je hoche la tête, mais je sens la confusion qui m’envahit encore. Comment sommes-nous arrivés ici ? Comment avons-nous fait face à tout ce qui nous a séparés ? Ces questions se bousculent dans mon e
LéoNous arrivons finalement devant l'endroit que je redoutais tant. Une vieille bâtisse, à moitié en ruines, dissimulée dans un recoin oublié de la ville. Il n'y a aucune trace de vie ici, aucun signe d’activité humaine. C’est comme si cet endroit était figé dans le temps, abandonné depuis des siècles. Pourtant, je sais que ce lieu détient la clé de tout ce qui m'est arrivé.Roderick se tourne vers moi, ses yeux scrutant l’horizon, comme s'il attendait un signe, comme si lui aussi était plongé dans une lutte intérieure. Il hésite, puis dépose un baiser léger sur ma main.C’est ici que tout va se jouer. Sa voix est faible, presque une prière, mais il y a quelque chose dans ses paroles qui me glace. C’est la vérité pure, sans fard.Je hoche la tête et avance lentement vers l'entrée. La porte en bois est usée par le temps, mais elle semble toujours tenir, comme si elle nous attendait. Avec un coup de pied, la porte se soulève dans un grincement long et aigu, me faisant frissonner. Nous
LéoJe suis pétrifié. C’est une vérité que je n’ai pas voulu entendre. Mais à cet instant, elle est indéniable. C’est comme si un voile se levait, laissant place à une réalité plus sombre, plus ancienne.Les images cessent soudainement, me laissant dans un calme lourd, une sensation d'épuisement intense. Je regarde autour de moi, ébloui, mais je sais qu’à partir de maintenant, rien ne sera plus jamais pareil.Je ferme le livre, mon souffle court, mes yeux s’emplissant de larmes. Cette révélation m’a changé.Léo s’approche précautionneusement, son regard scrutant mes traits.Tu… tu as réussi, Anna. Il prend une profonde inspiration. Mais la question reste : est-ce vraiment ce que tu voulais ?Je déglutis, mes lèvres sèches. Le poids de sa question m’écrase. J’ai obtenu ce pouvoir, mais à quel prix ?Je ne sais pas. Mes mots sont brisés, mais ils portent la vérité. Je ne sais pas si c’est ce que je voulais. Mais je n’avais pas le choix.L’air est lourd, presque suffocant. Je sens le poi
AnnaJe le regarde, et pour la première fois, je me rends compte qu’il n’est pas simplement un guide ou un mentor. Il est lié à cette histoire, à mon passé, à tout ce qui m’attend. Et il a raison. Chaque choix que je ferai à partir de maintenant changera tout.Je tourne le livre entre mes mains, le regardant sous un nouvel angle, un frisson parcourant ma peau. La malédiction, le pouvoir, tout est désormais entre mes mains. Et je dois l'accepter, même si je ne sais pas où cela me mènera.Je suis seule, face à ce qui semble être un choix. Un carrefour dans ma vie où les routes se séparent, mais où je sais au fond de moi qu’il n’y a pas vraiment de retour. J’ai accepté ce pouvoir, cette force intérieure qui me pousse à avancer sans me retourner. Pourtant, une partie de moi hésite encore, cherchant à comprendre ce que cela signifie réellement.Je me lève, mes jambes un peu tremblantes sous le poids de mes pensées. Le livre est toujours dans mes mains, mais il semble moins lourd maintenant
AnnaLa lumière autour de moi devient de plus en plus intense, mais elle ne me brûle pas. Elle m’enveloppe, me pénètre, me transporte dans un autre espace, un autre temps. J’ai l’impression que tout le poids de l’univers repose sur mes épaules, que je porte la lourde responsabilité de quelque chose de bien plus grand que moi. Pourtant, je ne ressens ni peur ni panique. Juste… un calme absolu. Un calme que je n’ai jamais connu auparavant.Je ferme les yeux, me concentrant sur cette sensation. Je peux sentir les vibrations du cercle à travers mon corps, une énergie profonde et ancienne qui résonne avec mon être intérieur. Tout autour de moi, le monde semble disparaître, et je me retrouve dans un vide suspendu, où seuls la lumière et le pouvoir existent.Anna. La voix de Léo perce le silence. Elle est douce, rassurante, mais aussi empreinte d’une certaine urgence. Je l’entends, mais je ne peux pas lui répondre. C’est comme si ma voix était absorbée par la lumière. Ne t’arrête pas.Je n’a
AnnaL'odeur du vent, cette brise légère qui pénètre mes poumons, me semble différente. Chaque particule d’air autour de moi vibre d’une manière nouvelle, comme si la réalité elle-même était en train de se reconfigurer. C’est subtil, presque imperceptible, mais indéniablement présent. Ce monde que je croyais connaître semble soudainement plus vaste, plus dense, plus vivant. Et moi, je suis à l'intérieur de tout cela, à l’épicentre de ce changement, mais je ne sais pas encore quelle forme il prendra.Je suis encore sous l’emprise de ce pouvoir, cette lumière qui est désormais une extension de moi-même. Elle est partout. Elle est dans mes veines, dans mon esprit, dans chaque fibre de mon être. Je la ressens dans mon souffle, dans mes battements de cœur. Elle ne me brûle plus, elle ne me consume plus. Au contraire, elle me nourrit. Elle me transforme.Léo ne dit rien, mais je sais qu’il m’observe avec une attention particulière. J’imagine qu’il craint ce que je pourrais faire. Lui aussi
AnnaLa pluie tombe doucement sur le monde. Chaque goutte semble porter une part de ce que j’ai vécu, de ce que j’ai dû traverser. Elle effleure la terre, se pose sur les feuilles des arbres, et je la sens, ici, contre ma peau, comme un dernier souvenir de tout ce qui a été. Le vent, lui, murmure des promesses brisées, des mots d’adieu non dits, mais je les accueille. Car c’est tout ce qui reste à la fin : l’écho de ce qui a été, la résonance de ce que l’on a traversé ensemble.Il est là, à mes côtés. Léo. Angel. Les deux hommes qui m’ont redéfinie. L’un par sa douceur, l’autre par sa passion. L’un par son regard de feu, l’autre par ses bras solides, prêts à me soutenir quoi qu’il arrive. Leur présence me fait me sentir complète, comme si le vide en moi, celui que j’ai toujours cherché à combler, était enfin comblé. Parce que, je le sais, ce n’est pas une question de tout avoir, mais de savoir choisir ce que l’on garde."Tu es prête ?" La voix de Léo brise le silence, doux et clair co
AnnaLe silence, enfin.Pas celui qui oppresse, pas celui qui serre la gorge et fait trembler les mains.Non.Celui qui enveloppe, celui qui rassure, celui qui crée un espace entre les battements du cœur et les soubresauts du monde extérieur.Je suis allongée entre eux, dans cette étrange sérénité où le temps semble suspendu, comme si le monde ne pouvait exister au-delà de la chaleur de leurs corps.La lumière du matin filtre à travers la toile fine qui nous abrite, tremblante, timide. Elle s’invite, comme un rayon secret, et danse sur nos peaux. Elle trouve ses chemins dans les creux, sur les courbes, sur les lignes de vie et de combat.Léo est encore plongé dans un sommeil profond, son visage détendu, marqué par les traces des heures passées à lutter contre tout ce qui nous sépare. Ses mains reposent sur mon ventre, doucement, comme un ancrage. Comme un souffle.Il n’a pas bougé. Pas encore.Angel, lui, se tient un peu à l’écart. Il ne dort pas. Ses yeux sont ouverts, mais il ne me
AnnaIls dorment.Ou ils essaient.Moi, je reste au bord.Assise contre la pierre froide.À distance de leurs souffles.Je ne veux pas les réveiller.Parce que cette nuit… ce n’est pas d’eux que j’ai peur.C’est de moi.Je tremble.Pas de froid. De cette tension que je retiens depuis trop longtemps. Ce cri qui n’est jamais sorti. Cette rage, ce chagrin, cette solitude que j’ai recouverte de silence.Alors je me lève.Je marche dans l’obscurité. Pieds nus.Le vent accroche ma peau. Mais c’est bon.Ça me rappelle que je suis encore là.Je m’éloigne. Un peu.Mais pas assez.Car il me suit.Eliel.Toujours lui.Je m’arrête. Il ne dit rien. Je ne dis rien.Puis je craque.« Tu crois que c’est facile ? » ma voix explose sans prévenir.Elle tremble. Elle se brise.Il ne répond pas.Alors je continue. Parce que si je m’arrête, je m’effondre.« Tu crois que j’ai choisi ça ? Que j’ai choisi de porter un pouvoir qui me consume ? Que j’ai demandé à aimer des gens que je vais sûrement tuer sans le
LéoJe la cherche du regard.Même à travers le chaos, même dans ce monde qui s’effondre, je saurais reconnaître sa silhouette.Même brisée. Même changée.Surtout changée.Parce que ce n’est plus la même Anna.Et pourtant, elle est toujours là.Je l’ai vue s’effondrer. Je l’ai vue se relever.Et quand j’ai cru qu’elle ne reviendrait jamais, qu’elle s’était trop éloignée de nous, j’ai compris : c’est à moi de faire le chemin.Alors j’avance.Angel est à mes côtés.Silencieux, comme toujours.On ne se parle pas.Mais on sait pourquoi on est là.AngelJe n’ai jamais cessé de l’aimer.Même quand elle s’est éloignée. Même quand elle a choisi d’être autre chose.Même quand elle m’a oublié, un peu.Ce n’était pas une décision. C’était une évidence. Une fatalité.Elle vit dans chaque battement de mon cœur, même quand il se fend.Et Léo le sait. Je le vois à sa mâchoire serrée, à ses doigts crispés sur son arme.On est deux à aimer la même fille.Mais on n’est pas ennemis.On est les deux phare
ElielSa main dans la mienne. Elle tremble.Et pourtant, c’est elle qui m’a tendu la sienne.Elle, l’éclat brisé.Elle, la fille que le monde regarde comme un danger.Elle, l’ultime espoir.Je la sens prête à fuir, à se retirer au moindre signe. Mais elle reste.Alors je serre doucement ses doigts, comme on attrape une flamme. Sans vouloir l’éteindre.AnnaJe l’ai choisi.Pas comme on choisit un sauveur. Pas comme on choisit un soldat.Je l’ai choisi comme on choisit une vérité : en sachant qu’elle fera mal.Il me regarde. Je ne détourne pas les yeux.« Il faut entrer dans le cercle, Anna. » dit-il.Je hoche la tête.On y entre. Ensemble.Le sol est marqué de symboles anciens. Le vent se lève. Quelque chose s’éveille sous la terre. Quelque chose de très vieux. Très pur. Ou très terrible.Je sens mes os vibrer.Eliel« Le feu va te tester. » je dis.Elle ne bouge pas.« Tu peux encore faire demi-tour. »« Non. »Sa voix est claire. Inflexible.Alors je recule.Elle s’avance.Et la lumi
AnnaMais ce n’est pas le Eliel que j’ai connu. Pas celui qui avait encore l’espoir au bord des lèvres. Son visage est plus dur. Son regard, plus sombre. Il a vu des choses. Et il porte quelque chose en lui. Une douleur vivante.« Pourquoi es-tu là ? » ma voix tremble malgré moi.Il s’approche d’un pas, puis s’arrête.« Parce que le monde va se fendre, Anna. Et que toi seule peux empêcher qu’il s’effondre. »Je déglutis. Chaque mot est une lame.« Tu savais, n’est-ce pas ? Tu savais ce que j’étais. »Il ferme les yeux. Puis, d’une voix basse :« Je savais que tu étais plus que ce qu’on t’avait dit. Mais je ne savais pas que tu étais… l’éclat brisé. »« L’éclat brisé ? »Il me regarde avec une intensité glaciale.« Celle qui a le pouvoir de refaire le monde… ou de le détruire entièrement. »Le silence tombe, plus lourd que jamais.Je sens mon cœur battre dans mes tempes.« Et toi ? Tu viens m’aider ? Ou m’arrêter ? »Un silence. Long. Tranchant.Puis il murmure :« Je ne sais pas encor
AnnaUn cercle de pierres se dessinait dans la clairière, parfaitement symétrique. Au centre, une colonne de lumière bleutée s’élevait du sol, sans source apparente. L’air y vibrait, distordu, chargé d’une magie ancienne et inaltérable. C’était comme si le monde retenait son souffle.Je sentis mes jambes trembler, mais je restai droite. Pas cette fois. Je voulais savoir. Je voulais tout affronter.« Qu’est-ce que c’est ? » soufflai-je, hypnotisée.« Le seuil. » La voix de ma mère était douce mais ferme. « Le lien entre ce qui a été et ce qui peut être. C’est ici que les gardiens veillent. C’est ici que tu sauras. »« Les gardiens ? »Elle me regarda, et pour la première fois, j’y lus de la peur.« Ils ont connu la vérité avant nous. Ils ont vu les erreurs, les sacrifices, les serments trahis. Et maintenant… ils attendent ton choix. »Je reculai d’un pas.« Mon choix ? »« Tu es celle qui brise le cycle, Anna. Mais tu es aussi celle qui peut en créer un nouveau. »Un grondement sourd m
AnnaLe sol sous mes pieds vibre à chaque pas. Une pulsation sourde, presque imperceptible, comme si la terre elle-même réagissait à notre passage. Ma main ne quitte pas celle de ma mère. Je sens sa chaleur, sa force, son énergie fluide, ancrée en moi comme une certitude. Nous avançons en silence, mais nos pensées sont bruyantes.Je sens le poids du monde s'alléger. Non pas parce que le danger a disparu, mais parce que, pour la première fois, j'avance sans fuir. J'avance pour comprendre. Pour choisir. Pour affronter.La forêt s'efface lentement, remplacée par des clairières où la lumière lunaire coule comme du lait sur les feuilles argentées. Puis un sentier, une ouverture dans l’obscurité, bordée de pierres anciennes, couvertes de mousse. L’air change. Il devient plus dense, chargé de souvenirs que je ne reconnais pas mais que mon corps semble connaître. Mon sang palpite d’une mémoire plus vieille que moi.« Nous y sommes presque », souffle ma mère, la voix tremblante d’un pressentim
AnnaEt au fond de moi, je savais que même si les ombres du passé ne disparaîtraient jamais complètement, j'étais prête à affronter quoi que ce soit. Avec ma mère à mes côtés, nous pourrions braver toutes les tempêtes à venir. L'héritage de nos ancêtres continuait de vivre à travers nous, et ensemble, nous étions invincibles.Mais quelles autres ombres se cachaient encore dans les recoins de notre avenir ?Alors que le silence s'étendait autour de nous, je me relevai lentement, encore tremblante d'émotions. La forêt, autrefois assombrie par l'angoisse et le danger, semblait maintenant vibrant d'une nouvelle énergie. Le souffle du vent caressait ma peau, porteur d'un ressenti de renouveau. Mais les luttes passées assombrissaient toujours mes pensées. Que se passerait-il maintenant ? Ma mère se tenait à mes côtés, une aura de sérénité émanant de sa présence. Je pouvais lire dans ses yeux qu'elle ressentait la douleur et la fatigue que je portais dans mon cœur. Mais elle avait aussi une